Difficile de ne pas s’émerveiller dans chaque recoin de ce château, Prunille passait son temps avec un sourire béat sur le visage. Elle ne s’exclamait qu’avec des « Oh ! » ou « Ouah ! » ou encore « Extraordinaire ! ». Il faut dire qu’elle n’avait pas l’habitude de fréquenter autant la magie, son enfance ayant été dans le monde Moldu et elle n’a côtoyée la Magie que de loin. Seulement à partir du moment où ses « pouvoirs » se sont déclarés et quand le voisin, Thomas, a pu lui dire qu’elle était une sorcière. Mais elle n’a pas grandi avec des baguettes à tricot qui bougent toute seule ou encore de la vaisselle qui se nettoient au-dessus d’un lavabo sans personne physique pour les manipuler. D’ailleurs, elles avaient toujours de grands yeux ronds dès qu’elle allait chez Thomas et ses sœurs étaient aussi excitées qu’elle. Poudlard, c’était comme se retrouver chez son voisin tous les jours et toutes les nuits, mais en cent fois mieux. Elle qui pensait que l’absence de sa famille serait intolérable, elle arrivait à faire face grâce à tout l’émerveillement quotidien qu’elle ressentait ici. Et quand elle n’était pas en cours pour en apprendre toujours plus, elle déambulait dans les couloirs – là où elle était autorisée – pour se familiariser à cette école. Perdue dans ses pensées, Prunille s’arrêta lorsqu’elle remarqua qu’une porte était entrouverte et qu’elle n’était jamais rentrée dans cette salle. Elle chercha un panneau ou une règle quelque part qui lui interdisait l’accès, mais voyant qu’elle avait tous les droits, elle poussa celle-ci doucement. Le grincement qui retentit lui provoqua une grimace, alors qu’il y avait dans cette salle un garçon assis plus loin. Elle étira un sourire, toujours prête à se montrer amicale envers n’importe qui sans regarder quel blason la personne porte. Il n’avait pas l’air de faire un devoir, puisque les mouvements effectués sur son parchemin lui paraissaient trop ample pour être de l’écriture. Sans savoir qu’elle allait peut-être le déranger, la jeune rousse s’approche de lui. Elle jeta quelques regards autour d’elle, la salle étant finalement moins intéressant que le jeune garçon avec qui elle pourrait discuter. Prunille ayant à cœur d’échanger avec les élèves ici pour ne pas passer pour une sorcière trop ignare du monde magique. « Salut… » souffla-t-elle, avant de s’arrêter juste à côté pour mirer le dessin qu’il était en train de faire. « Ouah, tu dessines bien ! » Elle se pencha par-dessus on épaule, envahissant son espace sans y prendre garde. « C’est quoi que tu dessines exactement ? » Puis elle ajouta bien rapidement, sans lui laisser le temps de répondre : « Moi c’est Prunille ! Je peux rester avec toi ? »

Prunille était le genre de jeune fille que l’on pouvait à la fois apprécier et détester par son agacement. Non pas qu’elle le faisait volontairement, elle était juste envahissante, bavarde et manquait parfois de patience. Bien évidemment, lorsqu’on lui faisait la remarque, elle se vexait pas et disparaissait aussitôt. Mais elle ne prenait pas conscience qu’elle perpétuait les mêmes erreurs et n’appliquait pas les conseils qu’on lui donnait. La fougue de la jeunesse, il était difficile de contrôler des enfants de onze ans surtout quand il était aussi enjouée que l’était Prunille. Elle ne s’attendait pas automatiquement à ce qu’on la repousse, car elle n’était pas méchante et voulait juste se trouver des amis, faire connaissance avec tout le monde ici. Elle en oubliait juste quelques convenances… Ses lèvres s’étirèrent davantage quand le jeune homme lui répondit : « Merci pour les dessins...Et je dessine simplement les trophées que j'ai sous les yeux comme tu peux le voir. Moi c'est Alexei enchanté Prunille » commença-t-il tout en ajoutant : « Et euh...oui si tu veux tu peux mais je doute que ce soit très intéressant pour toi ». La jeune fille balaya d’un geste de main sa dernière phrase, prenant une chaise pour s’asseoir un peu plus loin. « J’aime bien regarder les gens dessiner. J’adore tout ce qui touche à l’art en fait. Mon papa est ébéniste, j’adore le regarder faire des dessins des futurs meubles qu’il va fabriquer. » Elle lui offrit un sourire, posant une joue sur une main alors qu’elle visait de ses mirettes la feuille d’Alexei. « Je connaissais pas cette salle, il y a beaucoup de trophées. C’est fou ! J’ai hâte de voir un match de Quidditch, j’en ai jamais vu avant en plus. Des gens qui volent sur un balai, c’est comme dans les histoires de Sorcières qu’on entendait à l’école pour Halloween. Sauf que là, c’est du sport ! Et c’est pas une histoire, c’est du vrai ! » lança-t-elle d’un ton enjoué, les yeux pétillants en imaginant déjà assister à un match. « Tu fais du Quidditch toi ? » fit-elle en redressant légèrement la tête et le buste de sa chaise. S’il dessinait les trophées, c’est peut-être parce qu’il y en avait un avec son nom ? Aussitôt cette pensée fit sa place dans son esprit que la rouquine se leva pour aller observer les noms sur chaque trophée, cherchant le prénom d’Alexei quelque part.

« Non je ne joue pas le Quidditch c'est pas trop mon truc Mais si tu aimes tu vas être servie avec les matchs de l'année. Et puis tu pourrais peut être intégrer l'équipe de ta maison aussi ». Prunille eut un sourire. Elle aimerait beaucoup faire du Quidditch, parce que c’est la découverture pour elle et que ça a l’air fantastique. Mais vu comment s’est déroulé son premier cours de Vol, nul doute qu’elle ne possédait pas l’âme d’une future joueuse. « Non… Je ne pense pas que ce soit un sport pour moi. J’ai même pas réussi à faire lever mon balai quand j’ai dit debout. Et quand il a fallu décoller, bah j’ai pas réussi non plus. » Elle soupira, un petit air boudeur sur le visage. Elle était vraiment déçue de ne pas avoir réussi, ça semblait pourtant enfantin. Mais elle avait peut-être manquée de conviction ou de confiance, l’un n’allant pas sans l’autre dans ce type de discipline. « C’est pas grave, je regarderai les matchs. Ça sera la première fois que j’en vois un en plus… » Ajouta-t-elle avec un sourire, alors qu’il était concentré sur son dessin avec un feutre noir entre les doigts. Elle se retourna pour continuer à observer les trophées, avant de revenir sur Alexei quand il lui demanda ce qu’elle aimait d’autres. « J’adore le Quidditch, parce que c’est nouveau et que ça a l’air extraordinaire. J’adore la magie en général, en fait… je découvre tout ! Je connaissais rien, mon papa et ma maman sont pas des sorciers. » Elle n’avait pas honte de ce qu’elle était, en même temps, Prunille n’avait pas conscience qu’il y avait de réels différences et que certains sorciers pouvaient en porter une importance. A ses yeux, elle était une sorcière et se sentait chanceuse. « Tu veux que je te dise tout ce que j’aime ? Parce que ça peut être long. » Elle eut un rire, reprenant place sur un siège pour éviter de marcher partout dans la salle.

Alexei semblait attentif et réellement intéressé par ce qu’elle disait, où il était simplement poli et bon comédien. Quelque soit la situation et le rôle qu’avait le garçon, Prunille se sentait bien à cet instant précis. Elle discutait avec quelqu’un de ce qu’elle était, même si elle le faisait dès que l’occasion se présentait : « J’aime être une sorcière ! Je pensais pas qu’il y avait autant de choses… je ne pourrais pas tout expliquer, parce que je ne connais pas tout et que y’a pleins de choses que je ne comprends pas encore. Mais j’aime être ici. » Elle eut un mouvement des épaules, baissant le regard sur la table en bois devant elle et retraça du bout de ses doigts les sillons. « Et toi ? Tu es un sorcier ou tu es comme moi ? » Prunille n’avait pas encore toutes les connaissances et à ses yeux, c’était soit tu avais deux parents sorciers, soit tu avais deux parents moldus. Il n’y avait pas de juste milieu, parce qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer un enfant issus de deux parents au statut de sang différent. Cela risquait de changer en la présence d’Alexei.

RP terminé