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16 mars 2020, 23:04
La chute des astres  Solo   RPG++ 
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12 MARS 2045


Elle avait l'air si silencieuse. Si calme. La quiétude incarnée, chaque jour. Mais son esprit était si bruyant. Si affolé. Pendant longtemps, elle chercha la cause de cette agitation cachée.
Le fantôme de son père se promenait près d'elle, où qu'elle soit. C'était lui qui l’accompagnait quand elle était seule. Lui qui agitait ses cheveux lorsqu'elle sortait. Lui qui qui lui murmurait des paroles incompréhensibles dans son sommeil. Lui qu'elle apercevait dans les reflets. Lui qu'elle était persuadée d'avoir vu au détour d'un couloir.

The ship is slowly sinking
They think I'm crazy but they don't know the feeling


Arya vivait comme en parallèle des autres, en compagnie de ce fantôme invisible, seulement présent dans sa tête. Parfois, elle parlait même toute seule pendant un moment, persuadée qu'il était là à l'écoutait, puis elle se rendait compte qu'il n'était pas là et qu'elle discutait dans le vide.

They're all around me,
Circling like vultures
They wanna break me


Elle ne voulait pas voir la vérité et nageait dans son déni, certaine que tout allait s'arranger. Certaine qu'elle haïssait son géniteur. Pourtant plus le temps passait, plus son absence se faisait ressentir. Et plus son chagrin prenait de la place.

I cannot stop this sickness taking over
It takes control and drags me into nowhere


À force de fréquenter son fantôme imaginaire, elle se métamorphosait elle-même en fantôme. Silhouette qui parcourait les couloirs de Poudlard, âme perdue permis d'autres entre les murs de pierre.

Devant une fenêtre, Arya observait le manteau blanc de l'hiver persister, malgré le printemps qui ne tarderait pas à arriver. De la buée se déposa sur la vitre tandis qu'elle écoutait les paroles muettes chanter dans ses oreilles.

« Te souviens-tu, Arya, lorsque nous avons essayé de faire de la luge tous les deux, il y a trois ans ? »

« – Oui » répondit-elle en souriant à ce souvenir.

« Il n'avait pas beaucoup neigé, mais tu tenais à essayer. Ta mère disait que nous allions nous blesser, mais nous y sommes quand même allés. Je me suis assis derrière toi sur la luge, même si elle était trop petite. La descente n'a pas été... »

Un élève, en passant dans le couloir, fit tomber ses affaires sur le sol et la chute de sa baguette résonna entre les pierres froides. Arya détacha un instant son regard de la fenêtre pour regarder l'élève ramasser sa baguette. Et soudain plus rien. Lorsqu'elle se concentra de nouveau sur le paysage, elle se rendit compte qu'elle n'entendait plus rien. Plus aucun murmure dans ses oreilles. La fillette écarquilla les yeux, jeta un regard affolé autour d'elle.

« – Papa ? Papa, t'es où ? »

Des élèves aux alentours se tournèrent dans sa direction, froncèrent les sourcils. La rouge et or quitta le rebord de la fenêtre et tourna sur elle-même, à la recherche du fantôme qui la suivait depuis tant de temps et qui avait soudainement disparu. Complètement déboussolée, elle se mit à parcourir le couloir, de plus en plus vite, en criant :

« – Papa ! »

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Non, elle ne voulait pas le perdre, pas encore une fois.

« – Papa, reviens ! »

Il ne pouvait pas disparaître, elle avait encore besoin de lui. Il n'avait pas le droit.

I need your help, I can't fight this forever


Elle courrait à présent. Elle se heurtait des élèves, régulièrement, qui l'insultaient dans son dos, alors qu'elle partait déjà en sens inverse. Les larmes coulaient à flot sur ses joues, mais rien ne l'importait plus que de trouver son père, ou tout du moins, son fantôme. Elle criait son nom, désespérée, la voix éraillée. Elle emprunta les escaliers sans s'en rendre vraiment compte, se laissa guider par ses derniers, le regard toujours autant affolé. Elle ne se rendait pas compte des regards posés sur elle et continua de courir dès qu'elle arriva à un étage.

« – Papa ! » hurla-t-elle une dernière fois.

« – Arya ? »

La Gryffondor se retourna. Madison se tenait devant elle, les yeux écarquillés, toujours aussi grande. En s'arrêtant de courir, Arya s'aperçut qu'elle était essoufflée.

« – Papa... Il est parti... » gémit-elle d'une voix suppliante.

Elle éclata en sanglots, les bras ballants au milieu du couloir. Madison jeta un regard autour d'elle, toujours aussi surprise, ne sachant comment réagir. Les deux sœurs n'avaient jamais eu de lien particulier. Avant, Madison charriait toujours sa petite sœur, puis elles se sont, en quelque sorte, réconciliées pendant les vacances de Noël. Ou tout du moins, elles ont enterré la hache de guerre. Jamais elles n'avaient eu à faire face à une situation comme celle-ci. Finalement, après quelques secondes d'hésitation, la Serdaigle s'approcha d'un pas et l'entoura de ses bras, d'un geste maladroit.

You make everything okay
You take all of the pain away


Arya accueillit cette étreinte avec reconnaissance. Ses larmes vinrent tremper l'uniforme de sa grande sœur. Elles restèrent ainsi tout le temps que la rouge et or fut secouée par ses pleurs. Madison vint caresser son crâne avec douceur, comme elle avait vu Alison faire avec elle, un jour.

« – Je l'ai encore perdu, souffla-t-elle.

Je sais. »

Arya leva la tête, les yeux rouges et bouffis. Madison n'avait pas le visage doux d'Alison, et elle ne faisait aucun effort pour qu'il l'eût. Mais la lueur de compréhension dans ses yeux bleus, si différents des siens, la toucha au plus profond d'elle.

« – Allez, viens... Ne restons pas ici. »

La Gryffondor se laissa guider, et reconnu la salle des trophées. Madison referma la porte derrière elles et l'invita d'un signe à s'asseoir par terre, en face d'une étagère. Ses sanglots s'étaient calmés mais ses joues étaient encore noyées de larmes. Un trou dans son cœur l'indiquait que le fantôme n'était toujours pas revenu.


When I become my worst enemy
Save me if I become
My demons



Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

09 avr. 2020, 09:56
La chute des astres  Solo   RPG++ 
« Dead people receive more flowers than the living ones because regret is stronger than gratitud »


Madison assise à sa gauche, Arya fixa les étagères en face d'elle pendant un long moment. Sa sœur ne la pressait pas, ne disait rien, lui laissait le temps qu'il lui fallait. La rouge et or n'était plus secouée de sanglots, mais s'obligea à respirer lentement pour se calmer.

Lorsqu'elle tourna enfin la tête, elle se rendit compte que la Serdaigle l'observait. Arya se sentit soudainement ridicule, minuscule, honteuse. Elle détourna le regard, renifla, ramena ses jambes contre sa poitrine.

« Désolée... »

Madison hocha la tête, toujours sans laisser transparaître une quelconque émotion. La Gryffondor se demanda comment elle faisait pour rester aussi maîtresse d'elle-même, alors qu'elle devait certainement se poser des centaines de questions à cet instant.

« Ça t'arrive souvent ? »

C'était tout Madison, ça. Pas du tout du genre à réconforter, à se concentrer sur les sentiments, mais plutôt sur les faits. Ce comportement la changeait tellement par rapport à Alison, qui faisait toujours énormément attention à elle lorsqu'elle était dans ce genre d'état. Madison était bien moins protectrice, et surtout, elle et Arya n'étaient pas aussi proches.

« Je sais pas. »

Madison plissa les yeux, toujours en la regardant. Arya avala la salive en se soumettant à cet interrogatoire. Elle avait conscience d'avoir un problème, dans sa tête. Quelque chose, depuis la mort de leur père, qui la rongeait de l'intérieur.

« Tu avais... l'impression de voir pa... de le voir, n'est-ce pas ? »

Arya nota, dans un coin de sa tête, qu'elle refusait de parler de manière directe de leur père. Elle savait que Madison avait elle aussi énormément souffert. Elle l'avait entendu pleurer chaque nuit pendant toute la fin de l'été. Pleurait-elle encore aujourd'hui ? Elle avait parlé de cauchemar, à Noël...

« C'est pas vraiment que je le vois... C'est juste... Une sensation. Un murmure. Un souffle. Une présence. Il est pas vraiment là, mais il me parle, dans ma tête. »

C'était la première fois qu'elle en parlait. Lili avait peut-être deviné ce qui lui arrivait, au lac, plusieurs mois auparavant, et Emy savait qu'elle rêvait de lui, la nuit, mais personne ne savait. C'était son secret, la chose avec laquelle elle se levait le matin et se couchait le soir.

« Ça peut arriver, des hallucinations, pendant un deuil. »

Madison lâcha sa bombe ainsi, sur le ton de la conversation, comme si elle parlait de la pluie et du beau temps. À ces mots, Arya leva brutalement la tête vers elle, les yeux furieux. Elle lui en voulait de le dire à haute voix. De rendre la chose réelle. De poser des propos aussi insensibles, aussi scientifiques, aussi vrais. Jamais Alison ne se serait permis de dire cela ainsi.

« Ne me regarde pas comme ça. Il vaut mieux que tu saches ça plutôt que de rester dans ton délire de fantôme. C'est bon pour personne cette histoire, surtout pas pour toi. »

La fillette baissa les yeux sur ses mains. Elle ignorait si elle voulait vraiment se débarrasser de ces "hallucinations".

« Madison... Je sais que tu vas pas aimer ce que je vais dire, mais je sais pas si... Je sais pas si j'aime papa ou si je le déteste. »

Sa sœur se raidit, et tourna vers elle un regard foudroyant, dans lequel brillait des larmes de rage.

« Comment peux-tu oser dire ça ? T'étais sa préférée !

Parce que tu trouves que j'étais toujours sa préférée lorsqu'il me faisait comprendre que j'aurai dû être à Serdaigle ? »

Silence. Madison fronça les sourcils, sembla en proie à un dilemme intérieur. Arya devina qu'elle était deux doigts de craquer. Pourtant elle continua :

« Quand j'ai compris ça, j'ai juré de le détester, parce que la seule personne que je voulais rendre fière m'avait déçu. Parce qu'il était censé m'aimer lorsque toi tu me haïssait. Parce que tout mon monde tournait autour de lui. Et qu'il a tout gâché juste parce que j'étais rouge plutôt que bleue. »

Les larmes qui dansaient dans les yeux de Madison refusaient de couler. Son expression changea un peu, et toute trace de colère ne fut vite plus qu'un souvenir.

« Quand il est parti j'ai eu l'impression de perdre la tête. Est-ce que je devais continuer de le détester, même dans la mort ? Ou est-ce que je devrais lui pardonner ? Ce serait tellement hypocrite, non ? »

Madison la fixait la bouche ouverte, découvrant la torture que sa petite sœur s'infligeait chaque jour.

« Je sais pas quoi penser, ajouta-t-elle en sanglotant. Tu crois que je deviens folle ? »

Madison resta silencieuse, ferma les yeux et passa un bras autour d'elle, avant de poser sa tête sur la sienne. Arya se blottit dans son étreinte, et respira son odeur inconnue. Les seules bras dans lesquelles elle se réfugiait avant étaient ceux d'Alison, ceux de son père. Est-ce que Madison pourrait les remplacer ?

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

02 mai 2020, 00:08
La chute des astres  Solo   RPG++ 
Be soft, but not weak



Dans les bras de sa grande sœur, Arya réfléchit un moment. Elle avait besoin de parler, elle qui ne parlait plus. Elle avait besoin de se confier, elle qui n'avait plus personne à qui offrir ses sentiments. Elle avait seulement besoin qu'une personne, une seule, qui sache tout. Alors, après quelques secondes d'hésitation, elle lâcha sa propre bombe:

« Madison... On a affronté nos Epouvantards en Défense contre les forces du mal, le mois dernier. C'est papa mon Epouvantard. »

Madison retira ses bras et la fixa de nouveau, les yeux écarquillés. Elle ouvrit la bouche, la referma, la rouvrit. Puis, enfin, sa langue se délia.

« Attends.... quoi ? Mais.... comment c'est possible ? »

Arya s'humecta les lèvres, cherchant les mots qui pourraient décrire ce qu'elle avait vu ce jour-là. Mais comment pouvait-on dire que l'on avait peur de son propre père ? Comment pouvait-on expliquer que sa pire crainte, ce qui la tétanisait plus que tout au monde, était un fantôme lui murmurant des horreurs à l'oreille ?

« Il... il disait qu'il aurait voulu que je meure avec... avec lui, hoqueta la fillette en essayant désespérément de retenir ses larmes. »

Madison semblait perdue, comme si elle s'imaginait la scène dans sa tête. Comme si elle essayait, elle aussi, de savoir ce que ça ferait d'avoir son géniteur qui déclarait quelque chose comme ça.

« Tu... tu crois qu'il dirait ça si... s'il était là ? »

Madison secoua la tête, sidérée par ce que disait sa petite sœur. Arya voyait bien qu'elle cherchait, elle aussi, quoi répondre. Elle baissa les yeux un instant, et la Gryffondor attendit. Elle attendit ses paroles rassurantes, comme Alison l'aurait fait. Elle attendit qu'elle la contredise. C'était tout ce dont elle avait besoin, que quelqu'un lui dise que c'était faux, que son père ne voudrait jamais ça, que son esprit avait remodelé l'image qu'elle avait de lui.

« Arya. Je sais que te dire d'oublier ces paroles serait stupide, si c'est ta pire crainte, tu n'y peux rien. Simplement, garde bien en tête que... papa ne dirait jamais ça. Il ne savait pas forcément le montrer, mais il t'aimait, il nous aimait toutes. Il était simplement... maladroit. Et un brin égoïste, je te l'accorde. »

Arya fut touchée par ses paroles, car elles respiraient la sincérité. Car jamais, au grand jamais, elle n'avait vu Madison avouer que leur père n'était pas parfait. Elle fut un peu rassurée, juste un peu. Elle avait juste besoin que quelqu'un qui l'avait connu autant qu'elle la réconforte à ce sujet.

Madison lui ébourra les cheveux, geste habituellement réservé à Alison. Arya la laissa faire. La Serdaigle soupira, puis jeta un coup d’œil autour d'elle, à tous les trophées présents dans la salle. Elle se leva, et Arya leva les yeux pour regarder ce qu'elle faisait, sans un mot.

Madison s'approcha d'une étagère, et Arya finit par se lever pour la suivre. Sa sœur fixait un trophée, à travers la vitrine, un en particulier. Arya suivit son regard et lut le nom gravé dessus : « Logan Nightshade ».

« Papa a un trophée ici ? s'exclama-t-elle. »

En vérité, elle n'aurait pas dû être surprise. Après tout, son père avait donné toute sa vie au Quidditch, il était marchant de balais. Il avait forcément joué ici dans sa jeunesse. Madison ne disait rien, mais la Gryffondor n'eut aucun mal à discerner les larmes qui dansaient dans ses yeux. Un voile les recouvrait, un voile de sel et de tristesse. Elle devait certainement voir le trophée tout flou.

« Il jouait à quel poste ? »

« Batteur et attrapeur. Il a été remplaçant, la plupart du temps. Sauf à ce match-là, où il a fait merveille. Où il a eu ce trophée. »

Arya imagina son père sur un balai, une batte à la main, ou en train d'attraper un viffet. La vision était à la fois réconfortante et triste.

« Je viens ici quasiment tous les jours, murmura Madison. Juste pour pouvoir voir son nom gravé ici. Juste pour vérifier qu'il a bien été là

 Je voudrais tellement être aussi douée que lui. »

Madison détacha son regard du trophée et le posa sur elle. Avec un léger sourire, elle déclara :

« Je t'ai vu au dernier match. Si t'as pas assuré lors de ton premier, le deuxième était franchement pas mal. Enfin, c'est pas que je m'y connaisse en Quidditch, hein... »

Un sourire vint naître sur les lèvres de la Gryffondor. Habituellement, Madison aurait fait un commentaire désobligeant pour lui signifier que les Ailes d'Airain étaient les meilleurs. Elle la remercia intérieurement de ne pas gâcher cet instant.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

08 mai 2020, 18:02
La chute des astres  Solo   RPG++ 
Die with memories, not dreams



Madison entoura Arya de son bras gauche, et appuya sa tête contre la sienne, un léger sourire sur les lèvres, comme réconciliée avec ses souvenirs. Arya, elle continua de fixer le trophée gravé au nom de son père, perdue dans ses pensées. Quel élève avait-il été, à l'époque ? Plutôt studieux, ou turbulent ? Avait-il beaucoup d'amis ? Se plaisait-il à Poudlard ? Était-il populaire ? Aimait-il ses professeurs ? Est-ce qu'il grimpait aux parcs dans le parc, tout comme elle ?

Elle en était là dans ses réflexions lorsqu'elle se rendit compte que Madison venait de lui poser une question. Elle la regardait et leva un de ses sourcils parfaitement dessinés, attendant sa réponse.

« Heu, pardon... Qu'est-ce que t'as dit ? »

« Je t'ai demandé quelle filière tu comptais choisir pour l'année prochaine. »

La fillette fut surprise par un tel changement de sujet. Mais, avec du recul, il était logique que cette question soit posée à un moment ou un autre. Madison et elle n'avaient jamais été aussi proches. En fait, elles ne s'étaient jamais autant parlé, de toute leur vie. Il était naturel qu'elles abordent tous les sujets, sans exception, afin de se découvrir l'une et l'autre. C'était tout de même incroyable de constater que, parmi toutes ses sœurs, Madison était celle avec qui elle avait la différence d'âge la moindre, et c'était également celle qu'elle connaissait le moins.

La Gryffondor s'humecta les lèvres, prit le temps de réfléchir à ce qu'elle s'apprêtait à dire. Finalement, elle déballa la vérité. :

« Je sais pas.

Comment ça, tu ne sais pas ? »

Le froncement de sourcils de Madison confirma ses doutes. Chez les Nightshade, il n'avait jamais été question de s'interroger sur son orientation, son but dans la vie. C'est comme si on leur avait donné un rôle, à la naissance, qu'elles avaient toujours respecté sans se poser de question. Arya aussi aurait pu être ainsi. Dans sa vie, elle avait toujours aimé le Quidditch, la logique la poussait à choisir Sports et soin. Pourtant, depuis la mort de son père, elle ne savait plus très bien. En fait, même avant, elle ne savait déjà pas très bien. Elle était destinée à suivre le même chemin que son géniteur, elle le savait. Mais elle tentait sans fin de s'écarter de ce chemin, même si elle savait qu'il lui correspondait. Juste pour la forme. Parce qu'elle ne voulait pas s'avouer qu'elle ressemblait à son père.

Mais ça, jamais elle ne le dirait à voix haute. Même pas à Madison. Ni à Alison. À personne.

« Je sais pas, c'est tout.

Mais... Pourquoi ? T'aimes le Quidditch, non ? Prends Sport et soins et voilà, emballé c'est pesé ! »

Arya secoua négativement la tête en se détachant de sa sœur. Non, ce n'était pas aussi facile. Mais comment lui faire comprendre sans trop lui révéler ce qu'il se passait dans sa tête ?

« En fait, je me demande si je devrais pas plutôt m'orienter vers Pratique et Ouverture...

Pratique et ouverture ? Mais... ça ne te ferait que trois heures de vol par semaine ! Comment veux-tu pouvoir obtenir une place dans une grande école de Quidditch, après, si tu ne prends pas la filière qui correspond ? »

Pour Madison, c'était simple comme bonjour. Depuis toujours, elle savait qu'elle prendrait la filière Sciences, c'était comme gravé dans sa chair, comme dans son sang. Savoir qu'il était possible d'hésiter ce serait-ce qu'une seule seconde devait la surprendre.

« La filière Sports et soin demande d'être doué en potions.

Et alors ?

–  Alors tu ne veux surtout pas connaître ma moyenne en potions.

C'est juste pour ça ? »

Arya soupira une nouvelle fois. Madison savait qu'elle n'était pas une lumière en potions, mais ça n'allait pas être de la tarte de lui expliquer à quel point elle était vraiment mauvaise dans la matière qui, pour elle, était toute sa vie.

« Madison, je suis vraiment un boulet en potions. Je n'arrive à rien ; ni à respecter les temps requis, ni à ajouter les ingrédients quand il le faut. Je ne comprends rien aux cours quand je les écoute, et je ne prends même pas la peine de faire mes devoirs ! »

Madison cligne des yeux, comme si elle venait de la gifler. Elle n'avait certainement jamais mesuré à quel point sa petite sœur était nulle dans la matière où elle était le plus douée.

« Ça devrait pas t'étonner, tu t'es toujours moqué de mon manque de talent en potions. 

Mais... c'était juste pour rire, enfin... Je veux dire, je ne l'ai jamais vraiment pensé, je cherchais juste à... à te blesser. »

Madison sembla se rendre compte de ses mots, et fuit son regard.

« Désolée.

Pas grave, c'était vrai de toute façon. »

Un silence gêné s'installa entre les deux sœurs. Elles semblaient à nouveau séparées d'un gouffre sans fin, et évitaient toutes les deux leur regard. C'était comme si leur passé commun les empêchait de réussir à se réconcilier tout à fait. Finalement, Madison leva enfin les yeux et franchit la distance qui les séparait. Elle posa sa main sur l'épaule menue d'Arya, et soupira.

« Ne te torture pas avec ça. Choisis la filière Sports et soin, c'est ce qui te rendra heureuse. Je t'aiderai pour les potions, t'inquiètes pas. »

La Gryffondor leva enfin les yeux vers elle, et esquissa un sourire.

« T'as peut-être raison. Merci. »

Elle jeta un dernier regard au trophée de son père. Elle avait l'impression qu'il les regardait, en cet instant, et qu'il souriait. Qu'il souriait parce qu'il voyait enfin ses filles enterrer la hache de guerre et s'entraider. Peut-être aurait-il aimé voir ça de son vivant.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

01 juin 2020, 23:01
La chute des astres  Solo   RPG++ 
Inside every personn you know, there is a personn you don't know



Voilà déjà un moment qu'elles étaient là, toutes les deux. Les deux sœurs qui ne se connaissaient pas, et qui apprenaient à se connaître. Malgré tout, Arya ne voulait pas quitter cette pièce, quitter sa sœur et revenir à la vie normale comme si de rien n'était. Elle redoutait la fin de leur conversation aussi intime qu'inattendue. Elle voulait rester ici, dans ce lieu hors du temps, hors de tout. Rester ici pour toujours et ne plus jamais souffrir.

Madison passa son bras par-dessus celui de sa petite sœur, certainement guidée par un instinct protecteur qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant. Arya se blottit contre elle, heureuse qu'elle remplace Alison lorsqu'elle n'était pas là. Elle avait beau essayer de se persuader qu'elle était parfaitement capable de se débrouiller toute seule, elle devait avouer qu'elle avait tout de même toujours besoin d'une personne sur laquelle se reposer près d'elle.

« Arya... qu'est-ce que tu portes à la hanche ? demanda Madison en s'écartant d'elle. »

La Gryffondor baissa la tête et repoussa sa cape pour révéler la ceinture qu'elle portait toujours, à laquelle était attaché le carnet et le stylo qu'elle ne quittait jamais.

« Je peux savoir pourquoi tu traînes ça sur toi ?»

Pendant un instant, Arya eut peur que Madison redevienne comme avant. Elle avait adopté le visage qu'elle avait lorsqu'elle s'apprêtait à l'insulter, les sourcils froncés, les lèvres serrées, avec ce pli sur le front.

Elle devait cependant répondre. Madison ne se contenterai pas qu'elle lui dise qu'elle ne voulait pas en parler, et elle flairerait le mensonge si elle décidait de mentir. Elle opta donc pour la vérité, mais s'autorisa à prendre deux longues inspirations avant.

« C'est au cas où j'arriverai pas à parler.

Peux-tu être plus explicite ?»

Elle détacha son carnet de sa ceinture et feuilleta le carnet devant elle pour lui montrer rapidement les conversations qu'elle avait mené dessus sans pour qu'elle puisse autant les lire. Les pages qui se tournèrent firent voler les cheveux de la blonde. Cette dernière fronça encore plus les sourcils. Arya se demanda si elle pouvait les voir si elle levait les yeux.

« Il y a... dans certaines situations, avec certaines personnes... il se peut que... parfois, je... j'arrive juste pas à... à parler. »

Elle bafouillait, effrayée de la réaction de sa sœur. Elle allait certainement se moquer d'elle. Lui prouver que ce n'était pas logique. Que ce n'était pas possible. Qu'on ne pouvait pas perdre ainsi la capacité de parler, que c'était ridicule. Pourtant, elle déclara seulement :

« Je ne comprends pas.

Moi non plus ! Depuis Noël, parfois, j'ai juste... un blocage. Dans les situations où je ne suis pas à l'aise, ou même seulement parce qu'il y aura des personnes dans la même pièce que moi, je vais pas réussir à prononcer un seul mot. C'est comme si... si mes cordes vocales se mettaient sur « pause » et que mes lèvres se collaient.

Depuis Noël ? Qu'est-ce qu'il y a eu de particulier à Noël ?

J'suis pas sûre, mais... la première fois que ça m'est arrivé, c'était après un cauchemar, quand je me suis réveillée, Alison essayait de me calmer, elle m'a demandé si j'allais bien, et là... j'ignore pourquoi, j'ai pas réussi à lui répondre. Au début j'ai cru que c'était juste passager, que c'était une conséquence du cauchemar, mais... mais ça passe pas.

Avec Alison ? Mais... tu as toujours été à l'aise avec Alison, non ? Vous avez toujours été si proches ! »

Arya baissa les yeux, fuyant le regard de Madison. Celle-ci croisa les bras sur sa poitrine.

« Qu'est-ce que tu me caches ?

Rien. C'est juste que... Alison n'a rien fait, d'accord ? C'est moi le problème.

Je n'allais pas rejeter la faute sur Alison. Continue.

En fait, pendant les vacances d'été, Alison m'a fait promettre de faire attention à moi. Et je sais pas qu'est-ce qui s'est passé, mais cette promesse est rentrée dans ma tête comme une obligation et j'ai été comme... obsédée par elle. Alors, après le bal, j'ai réussi à me persuader qu'elle allait me détester de ne pas avoir respecté ma promesse, qu'elle allait penser que je n'avais aucune parole, qu'elle allait commencer à me tourner le dos et à me traiter de sauvage comme tout le monde, et... »

Madison l'interrompit en posant sa main sur l'épaule de sa benjamine. Ses sourcils avaient enfin retrouvé une forme naturelle, et son regard était voilé par la tristesse.

« Tu me prends pour une folle, c'est ça ? murmura la fillette, une boule dans la gorge.

Non, Arya. Je crois seulement que tu t'imposes beaucoup trop de choses là-dedans pour une petite fille de ton âge, répondit-elle avec douceur en tapotant son front.

J'ai que quatre ans de moins que toi, c'est pas beaucoup je te signale, rétorqua-t-elle, désireuse de ne pas être prise pour une gamine.

Peu importe. Alors si j'ai bien compris, chaque fois que tu vois Alison, tu prends peur ?

J'irai pas jusqu'à dire que j'ai peur, mais... c'est un peu ça, oui. Je crois que je me suis imaginé une Alison complètement différente à travers mes cauchemars, et j'arrive plus à la voir comme avant.

Je vois. Et pour ne rien arranger, tu la vois à peine. Elle n'est jamais à la maison, on a déjà eu de la chance de la voir à Noël. »

Arya acquiesça, puis prit le temps de calmer son cœur. Jamais elle ne s'était autant confiée à quelqu'un. La personne qui en savait le plus sur elle était Lili, bien sûr, mais si elle savait qu'elle était hantée par son père et qu'elle était parfois mutique, par contre, elle ne savait rien à propos d'Alison. Elle confiait tous ses secrets à Madison, et avait en même temps l’effrayante sensation de s'en remettre entièrement à elle. Mais elle devait avouer qu'elle se sentait mieux maintenant qu'elle partageait le poids de ses démons.

Mais du coup... pendant les cours, comment tu fais ? Si un professeur t'interroge, ou bien si tu dois t'exercer à un sort, tu dois bien prononcer la formule, non ?

Pour lancer des sorts, c'est plus facile. Le temps de concentration que ça demande me permet d'oublier ce qu'il y a autour de moi et de dire la formule sans rencontrer beaucoup de difficultés. Même si parfois je dois m'y reprendre plusieurs fois. Et sinon, en cours, j'ai plus l'habitude de dormir que d'écouter. Quand un prof m'interroge, il ne s'étonne pas que je ne dise rien car il pense que je connais pas la réponse. Alors il passe à quelqu'un d'autre.

Je croyais que tu avais de bons résultats...

Pas vraiment, en fait. Ma moyenne est beaucoup moins élevée que l'année dernière. J'ai d'autres préoccupations.

Je comprends, mais Arya, c'est important de s'impliquer en classe et de travailler, pour s'assurer un avenir, et...

Oh, alors là, je t'arrête tout de suite, pas besoin de continuer ton laïus de Serdaigle, merci, l'interrompit Arya en retrouvant le sourire. Tu l'as dit toi-même, je suis jeune, j'ai le temps. »

Madison ne put s'empêcher de sourire et ébouriffa les cheveux de sa sœur.

Très bien. Essaie quand même de faire de ton mieux. Peut-être qu'en te concentrant sur ton travail, tu oublieras tes autres soucis ? C'est comme ça que ça marche pour moi. »

Arya haussa les épaules, heureuse de voir la discussion dériver sur un sujet plus léger.

Essaie de pas trop t'en faire quand même, hein ? Et, ne me promet rien surtout !

Promis. Enfin, non du coup, pas promis, se rattrapa-t-elle en voyant le visage de sa sœur. »

Elles sourirent toutes les deux, et Arya raccrocha son carnet à sa ceinture. Au moins, elle parvenait à lui parler, à Madison.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

07 juin 2020, 00:01
La chute des astres  Solo   RPG++ 
She knows who she is. She just forgot for a while.



« Dis, je pense à quelque chose... déclara Madison en se caressant le menton.

Quoi donc ? s'enquit Arya.

Ça me vient comme ça, je ne sais pas si ça t'aidera... Mais peut-être qu'au moins ça t'empêchera d'avoir la sensation de subir ton étrange mutisme les bras ballants.

Crache le morceau. »

La Serdaigle fit quelques pas, et Arya eut presque l'impression de voir les rouages de ses neurones fumer tant son regard vide montrait à quel point elle semblait réfléchir à toute vitesse. En la regardant, la Gryffondor comprit soudain pourquoi le choixpeau ne l'avait pas envoyé dans la même maison que ses sœurs, finalement. Elle doutait d'être capable des mêmes capacités mentales que ses sœurs, en fin de compte, malgré ses efforts pour leur ressembler.

« Tu vas certainement penser que ça ne sert à rien, puisque tu as déjà ton carnet. Surtout que tout le monde ne te comprendra pas, mais... si on est en public par exemple, ça peut toujours être pratique...

Raccourcie ton blabla et viens-en au fait s'il te plaît.

Sandy avait une meilleure amie en école primaire. Je ne la connaissais pas très bien, mais je sais qu'elle était non-entendante. Ou malentendante, bref, là n'est pas la question. Ce qui nous importe, c'est qu'elles communiquaient en langue des signes. Sandy a pris des cours pendant trois ans pour communiquer avec son amie. Je suis quasiment sûre qu'elle signe couramment. »

Sandy était une autre de leurs sœurs, la dernière qui étudiait encore à Poudlard, en septième année, elle aussi à Serdaigle. Elle n'avait qu'un an d'écart avec Madison, était en filière Spéciale et se préparait à une carrière d'historienne. Arya n'avait jamais été très proche d'elle, mais elle avait toujours remarqué que Sandy était plus du genre à écouter en silence qu'à parler ou intervenir dans les conversations. Elle n'était même pas étonnée d'apprendre qu'elle savait signer.

Madison se tourna vers elle et posa son regard bleu orageux sur sa cadette.

« Elle pourrait t'apprendre la langue des signes. Qu'en dis-tu ?

J'en dis que ça ne servirait à rien. Personne ne me comprendrait pour autant. Tu en connais beaucoup toi, des gens qui savent signer ?

Peut-être, mais réfléchis. Imagine que nous sommes à la maison, avec tout le monde. Y compris Alison. Seras-tu capable de parler ? »

Arya secoua la tête en soupirant. Elle savait où elle voulait en venir, bien sûr, mais le fait de n'avoir jamais eu beaucoup de contact avec Sandy la refroidissait quelque peu. Elle n'avait pas envie qu'une quasi-inconnue lui apprenne une langue.

« Tu pourrais alors signer et Sandy traduirait à haute voix. Ce sera toujours plus pratique que d'écrire sur ton carnet et le faire passer à tout le monde un à un. »

D'autant plus que dans une famille aussi nombreuse que la leur, communiquer par écrit demanderait beaucoup trop de temps. Il lui faudrait carrément un tableau pour y parvenir. Mais elle n'avait pas non plus l'habitude de beaucoup s'exprimer en famille...

« Si ça peut te rassurer, continua Madison, je demanderai à Sandy de me l'apprendre à moi aussi. Comme ça, je pourrai également communiquer avec toi si ton mutisme refait surface. Et j'ai toujours eu très envie d'apprendre la langue des signes.

Mais... comment peux-tu savoir que Sandy acceptera ? Je veux dire... on se connaît à peine. »

Madison semble surprise un instant, comme si elle venait de se souvenir que sa cadette n'avait jamais été très proche du reste de la famille, toujours seule dans son coin. Sandy et Madison étaient toujours ensemble, très fusionnelles, certainement grâce à leur différence d'âge minime.

« Bien sûr qu'elle acceptera. Je lui en parlerai. Et si elle dit non, je l'embêterai jusqu'à ce qu'elle dise oui. »

Arya esquissa un sourire devant l'excitation évidente de sa sœur. Madison prit ça pour un oui et sourit à son tour.

« Très bien. J'irai te voir lorsque je lui en aurai parlé. Où est-ce que je peux te trouver, en temps normal ?

Heu... dans le parc.

Le parc ? Avec ces températures ? Pourquoi je ne suis pas surprise ? »

Arya sourit de plus belle. Avant Poudlard, elle devait toujours batailler pour qu'on la laisse sortir dans le jardin en hiver. Pourtant, c'était toujours là qu'elle se sentait le mieux.

« Je vais faire des recherches sur ton mutisme. Ça ressemble un peu à de l'anxiété sociale, faudrait que je creuse cette piste.

Je ne suis pas ton rat de laboratoire, hein.

Mais non voyons Arya... Je veux vraiment t'aider tu sais. »

Les deux sœurs gardèrent le silence un moment, puis Madison s'approcha de la sortie.

« Il serait temps de sortir d'ici, tu ne crois pas ?

Peut-être. Je crois que je vais aller au parc, ça me fera du bien.

Couvre-toi bien, ça caille dehors. Ah, et une dernière chose... N'oublie pas, dans une semaine c'est mon anniversaire. »

Arya fit mine de déjà la savoir, même si elle n'aurait jamais su si elle ne lui avait pas dit. Comme ses sœurs oubliaient souvent son propre anniversaire, jamais elle n'avait pris la peine de retenir la date des leurs, à part celui d'Alison. Elle se promit d'essayer de lui préparer un petit quelque chose. Madison allait avoir 17 ans... elle serait donc majeure, déjà.

« Je peux te demander quelque chose, moi aussi ?

Je t'écoute.

Appelle-moi Ary, pas Arya. S'il te plaît. »

Madison, la main sur la poignée de la porte, la fixa pendant de longues secondes, le visage indéchiffrable. La Gryffondor retint son souffle, puis la Serdaigle finit par acquiescer, avant de la saluer et de s'engouffrer dans le couloir.

Arya ne tarda pas à faire de même, et se dirigea directement vers le parc. Elle avait oublié son écharpe, et le froid mordit la peau de son cou sans ménagement. Mais elle n'y fit pas attention et respira l'air frais de l’Écosse en savourant chaque inspiration. Jamais elle n'aurait cru que Madison pouvait être aussi agréable. En fait, si on lui avait dit qu'elle aurait une conversation aussi intime avec elle un an auparavant, elle ne l'aurait jamais cru.

RPG Terminé

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046