Ce début de semaine-ci, Maddie avait peiné à se remettre dans le bain de l'école. Elle ne pouvait s'empêcher de refaire le film de sa journée de dimanche. Le premier jour en plus de deux ans où elle avait eu des ennuis à Poudlard. C'était même la première fois de sa vie qu'elle avait rencontré des problèmes dans sa scolarité. Jamais auparavant elle n'avait été sermonnée et envoyée dans le bureau d'un professeur. C'était désormais chose faite et Maddie ressentait en cela un profond sentiment d'injustice. Elle n'avait strictement rien fait pour se retrouver dans cette situation en dehors du fait d'être simplement au mauvais endroit, au mauvais moment. C'était Elfie qui l'avait fait tomber dans le lac. Jamais l'idée de se baigner dans l'eau gelée ne lui serait venue à l'esprit. C'était encore Elfie qui s'était montrée odieuse avec sa propre préfète. Maddie, elle, n'avait pas eu un mot plus haut que l'autre et n'avait fait qu'exposer la vérité. Amaryllis ne l'avait apparemment pas cru. La petite blonde l'avait très mal vécue même si sa bonne éducation l'avait faite accepter la sanction sans broncher.

Depuis, elle avait prit la ferme décision de ne plus jamais adresser la parole à Elfie et s'y tiendrait sans problème. Cependant, elle ne pouvait pas en faire de même en ce qui concernait Amaryllis. Déjà, elle avait en sa possession sa cape puis, elle ressentait le réel besoin de s'expliquer avec la préfète. Cela la peinait que sa camarade puisse la croire complice de tels actes et elle souhaitait également comprendre pourquoi la jeune fille n'avait pas cru en sa bonne foi. Elle espérait qu'après cela, elle parviendrait à tourner la page sur cet événement.

Lasse de tourner cela en boucle dans sa tête, elle eut le déclic lorsqu'elle croisa Amaryllis en classe de Métamorphose ce mercredi-là. Elle était désormais bien décidée à provoquer cette discussion aujourd'hui-même. Une fois la classe terminée, elle alla prendre son repas en quatrième vitesse et se rendit au pas de course dans son dortoir afin de récupérer le vêtement de la préfète. Elle pressait son allure pour ne pas laisser l'opportunité à la Gryffondor de quitter la grande salle. Malheureusement, quand elle revint, Amaryllis n'était plus là. Maddie ne reporta cependant pas son objectif au lendemain et se mit immédiatement en quête de la jeune fille.

"Excuse-moi, t'aurais pas vu Amaryllis ?" demanda-t-elle au premier Gryffondor qu'elle aperçu. La réponse ne l'avança absolument pas. Loin de se décourager, la petite blonde réitéra jusqu'à obtenir une piste. Elle gravit les étages et continua à demander aux personnes qu'elle croisait s'ils n'avaient pas vu la préfète, ne s'attardant pas à entrer dans les détails quand on lui demandait la raison de sa recherche. Polie, elle ne les ignorait pas mais jugeait qu'un simple "Faut que je lui parle" faisait l'affaire. Une fois arrivée au troisième étage, quelqu'un lui indiqua qu'il lui semblait l'avoir vu entrer dans la salle des trophées.

"Oh super, merci !" répondit la Poufsouffle avec enthousiasme. Cependant, plus la porte de la pièce en question approchait, plus le rythme de ses pas ralentissait. Elle commençait à stresser légèrement et se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir dire à Amaryllis. Elle n'avait néanmoins aucune envie de renoncer et après une longue expiration, tourna la poignée de la porte.

"Salut Amaryllis" dit-elle d'une voix qu'elle voulait assurée.

La Gryffondor était bien là et Maddie avança dans sa direction pour lui tendre dés que possible le vêtement qu'elle avait gardé en main.

"Je voulais te rendre ta cape. Je l'ai fait nettoyer." enchaîna-t-elle. Elle ne savait désormais plus comment poursuivre. Elle se mordit l'intérieur de la joue puis vint à la conclusion à laquelle elle venait toujours dans des situations délicates : elle ne savait pas mettre les formes et tourner autour du pot. Elle mit donc directement les pieds dans le plat et lâcha sa demande :

J'aimerais bien qu'on reparle de ce qui s'est passé dimanche si tu veux bien..."

@Amaryllis Lidwine

La salle des trophées était une salle peu visitée par Amaryllis. Jamais elle n’avait eu la curiosité d’observer les nombreuses décorations décernées aux élèves présents ou passés, mais aujourd’hui, un certain intérêt s’éveilla suite à une discussion entendue lors du repas. Deux élèves de Gryffondor avaient précisé leur rêve d’avoir leur nom gravé sur un trophée. La blonde ne comprenait pas ce souhait. A quoi bon recevoir une récompense reposant dans une armoire ? Ils seraient félicités quelques heures, puis un nouveau sujet de discussion s’installerait. Puis, plus tard, lorsqu’ils quitteraient le collège et que de nouveaux élèves découvriraient leur nom, ils trouveraient cela chouette, mais n’auraient même pas la curiosité de connaître leur visage. Alors, ils ne deviendraient qu’un nom gravé sur une récompense. Selon Amaryllis, le véritable succès était celui qui persistait, bien des années plus tard et non celui que l’on ressortait à certains repas de Noël pour impressionner une cousine éloignée.
Ainsi, elle avait décidé de se rendre dans cette salle pour tâcher de comprendre ce désir bien souvent poussé par la vantardise.

Désormais devant les vitrines, Amaryllis observa attentivement les trophées et les noms. Elle en reconnut certains, mais ne s’attardait jamais très longtemps sur eux. Elles étaient belles ses récompenses. Elles brillaient. La blonde pensa soudainement qu’il fallait une grande patience pour tout dépoussiérer. Elle aurait si peur de les casser à cause de sa maladresse. Bon nombre de choses s’étaient retrouvées à la poubelle après ses passages dans la boutique d’Antiquité de ses parents. Visiblement, la délicatesse gagnée après tant d’années de danse classique ne garantissait pas l’adresse.

Perdue dans ses souvenirs, un élan de nostalgie prit possession d’Amaryllis. Elle ne foulerait plus jamais cet endroit qu’elle avait tant côtoyé plus jeune. Après ces terribles événements ayant bouleversé le monde sorcier, ses parents avaient dû vendre leur bien par peur d’être découverts par des moldus. Ainsi, ils avaient pris la décision d’emménager chez les grands-parents paternels de la petite blonde, en attendant de trouver une maison dans un village sorcier. Bien qu’elle tâchait de ne pas y penser, ces derniers temps s’étaient révélés durs pour Amaryllis.

Soudain, une voix interpella la blondinette, la faisant sursauter. Désormais tournée vers son interlocutrice, elle reconnut Maddie, ainsi que sa propre cape. La Gryffonne l’observa un instant avant d’attraper le vêtement et de sourire à sa camarade. Celle-ci avait pris le temps de nettoyer la cape. Amaryllis ouvrit la bouche pour remercier la Poufsouffle, mais fut coupée par sa prise de parole.

Reparler de dimanche ? Pourquoi donc ? La Gryffonne pensait que cet événement était oublié désormais, qu’elle n’aurait plus à revenir dessus. Malheureusement, Maddie semblait en avoir décidé autrement, alors Amaryllis se vit obligée de lui répondre.



Je m'excuse pour ce retard.

L'estomac de Maddie, tout comme son cerveau, faisait des nœuds. Elle ne savait pas de quoi serait faite la suite. Elle ignorait qu'elle allait être la réaction d'Amaryllis même si l'attitude extrêmement calme et maîtrisée dont elle avait fait preuve face au comportement d'Elfie ce fameux dimanche l'avait bluffé. Elle espérait ne pas être la goutte d'eau qui ferait déborder le vase. La réponse de la préfète déterminerait donc la suite. La Poufsouffle était donc suspendue à ses lèvres et attendait le feu vert pour poursuivre bien que ce qui suivrait n'était pas encore bien clair dans sa tête. Elle ne savait pas vraiment comment formuler les choses pour faire comprendre à Amaryllis ce qu'elle avait ressenti lorsqu'il lui a été demandé de se rendre dans le bureau d'un professeur.

La préfète parla et fut immédiatement à l'écoute. L'attitude parfaite pour son statut. Maddie pensa que la première étape s'était déroulée avec succès. Il lui restait désormais à faire le plus dur. Elle espérait qu'une fois sa question posée, elle pourrait tourner la page sur cette mésaventure. Pas en ce qui concernait Elfie, bien sûr. Elle, elle était cataloguée comme personne à fuir et lui accorder son pardon ne sera pas chose aisée alors que la petite blonde n'a pourtant rien de rancunière en temps normal. Elfie était cependant allée trop loin dans l'irrespect. Bref, Maddie réfléchissait à la formulation de sa question puis se lança. Malgré le ton qu'elle gardait calme, une certaine blessure pouvait se ressentir dans sa voix.

"Hum... et bien, j'aurais voulu comprendre pourquoi tu m'as fait convoquer dans le bureau du professeur comme Elfie. Tu ne m'as pas cru quand je t'ai dit que je n'étais pas allée dans l'eau de mon plein gré ? Il y a quelque chose dans mon attitude qui t'a déplu ?" Maddie avait le sentiment de ne rien avoir à se reprocher, mais sa récente perte de confiance en elle ainsi que son absence d'arrogance faisait qu'elle se remettait en cause malgré le sentiment d'injustice qu'elle ressentait.