Je frémis ; mon cœur s'emballe. Je ne peux pas sentir Zikomo sur mon épaule, mais
sa seule parole est suffisante pour faire de lui l'une de ces présences écrasantes. Sauf que lui, ne m'étouffe pas.

Je sens sa détresse avant même qu'il se mette à geindre ; quand ses paroles frappent mes oreilles, je m'assois sur mon lit. Je tords le cou pour le voir trembler et enfouir son museau dans sa queue. La crainte serre ma gorge, son malheur me rend mal à l'aise.

« On sait pas ! dis-je brutalement à défaut de savoir être douce. Elle est p't-être pas morte ! »

Ma voix s'étrangle, je reste silencieuse. *Elle est p't-être morte... *. Et alors ? *J'la connais pas, final'ment*. Cette pensée est suffisamment dérangeante, sans que je ne sache pourquoi, pour que je la repousse au fond de moi.

Lentement, je me penche pour prendre le masque de bois dans mes mains, prenant un air faussement songeur destiné à calmer l'Être bleu.

« Reprends-toi, » soufflé-je. L'angoisse fait prendre à ma voix un ton agacé. « Elle t'a dit quoi, la dernière fois qu'tu l'as vu ? »

Ma jambe s’agite furieusement sous moi ; *pourquoi moi ?*.  Je jette un regard à Zikomo : *pourquoi lui ?*.

« Et puis c'est quoi un messager des rêves ? » je demande, tiraillée entre la curiosité et l’angoisse qui fait battre mon cœur.

« Euh... Non, croassé-je d'une voix hésitante. Poudlard, c'est pas une école interdite. C’est juste une école. Et Poufsouffle, ça fait partie d'Poudlard. »

Une fois encore, mes pensées sont bien trop folles pour que je puisse réellement me laisser aller à l'exaltation de la découverte d’une autre culture. Mon esprit ne veut se détourner : *deux semaines*. C'est un temps infiniment long.

Je me penche et pose mes coudes sur mes genoux. J'enfouis mon menton et ma bouche dans mes mains ; j'ai chaud. Je regarde à peine Zikomo quand il parle, je n'ai conscience ni du temps qui passe ni de toutes choses n'étant pas moi ou lui.

« Ce... Grand maître. Faudrait p’t-être lui d'mander, non ? » Je suis hésitante. Je n'ai pas la moindre idée de la manière dont procéder. *Et si j'suis en danger ?*

« Uagadou, c'est quand même loin… »

Soudain, une pensée évidente me frappe. Je me lève brutalement :

« T'facon si Nyakane t'a envoyé à moi c'est sur'ment pas pour que tu repartes là bas. Puis si ‘y avait un vrai danger c'est pas à moi qu'elle t'aurait envoyé, tu sais. »

C’est d’une évidence telle qu’un sourire timide s’affiche sur mes lèvres.

« ‘Y a peut-être pas d’danger, » conclus-je sans trop y croire. Puis d’une petite voix je rajoute : « T’as pas d’message pour moi, alors ? »