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16 mai 2019, 23:56
Nid de serpent - Ch.14 vu par la table Poufsouffle
Encore un peu sous le choc Jeffrey peine à revenir à l'instant présent, ses pensées toujours tournées vers la mort du doyen. L'attention du garçon est finalement attirée par les deux tigres, qui s'allongent sur le sol. Le Poufsouffle se détendit un peu, prenant cela pour un signe d'apaisement et se surprit même à contempler un instant les animaux, qu'il trouvait fascinant. Le jeune anglais reporta son attention vers Miss Loewy et son "invitée" et il fut marqué par la façon dont Dai Hong Dao parvenait aisément à donner le change face à la directrice de Poudlard. Pour Jeffrey il n'existait pas femme plus intimidante que Miss Loewy et il n'aurait jamais imaginé qu'il puisse exister quelqu'un pouvant s'inviter dans le château et venir titiller la fierté de la directrice sans en subir les conséquences immédiatement. De toute évidence cette sorcière était puissante et tout aussi impressionnante que Miss Loewy.

De là où il était, et malgré le silence qui régnait dans la Grande Salle, Jeffrey dut tendre l'oreille pour entendre les mots de Dai. Ainsi, elle allait rôder dans le château ? La perspective de la croiser, affublée de ses deux créatures, dans les couloirs n'avait rien de réjouissante. Cette femme n'inspirait pas la sympathie. "Elle dort jamais ? Ca doit être une façon d'parler." se dit Jeffrey en la voyant s'éloigner de la table des professeurs, pour se rapprocher de la position du batteur des Frelons. Juste avant d'arriver vers lui, Dai Hong Dao marqua un temps d'arrêt pour se retourner vers la directrice de Poudlard.

Ce qu'elle dit ensuite donna des frissons au jeune Poufsouffle. Il ne savait rien de ces fameuses Sept Lignées mais tout le reste de la tirade n'avait rien de rassurant. Du haut de ses douze ans Jeffrey ne comprenait encore pas grand chose aux enjeux du "monde qui les attend dehors", le monde des adultes. Mais malgré tout il ne pouvait pas ignorer que l'heure était grave et le garçon avait peur. Il n'était clairement pas un Gryffondor à l'esprit audacieux et aventurier, la perspective de voir son petit monde confortable bousculé le paniquait un peu et le garçon sentait ses entrailles se nouer. Mais une chose était certaine, si ses amis, sa famille étaient menacés il tenterait de s'y opposer par tous les moyens à sa disposition, aussi insignifiants soient ils.

Fin du RP pour Jeff

19 mai 2019, 18:06
Nid de serpent - Ch.14 vu par la table Poufsouffle
Kristen Lowey semblait connaître ces personnes, ce qui rassura un peu Lili. Cependant, la fillette était tout de même encore trop sous le choc pour pouvoir parler et bouger. Elle ne porta plus attention aux invités et semblait même détachée de ce qui se passait. En fait, Lili ne voulait plus essayer de comprendre, elle ne savait pas du tout ce qui se passait. En même temps, étant en première année, c'était un peu normal. Mais les plus vieux semblaient être plutôt intéressés. La jeune Poufsouffle avait hâte d'avoir leur âge afin de savoir plus. Les personnes qui savaient que son père était sorcier auraient pu croire qu'il l'aurait tenue au courant. En plus, il travaillait au ministère de la magie. Cependant, il ne disait rien du tout à sa fille et Lili était très frustrée. Peut-être aussi qu'il ne savait pas. Néanmoins, il ne lui parlait pas de magie tout court lorsqu'elle était petite.

Pourquoi je ne suis pas née dans une famille que de sorciers? J'aurais été beaucoup plus informée. Maman, pourquoi n'es-tu pas une sorcière? Pourquoi? En même temps, si tu avais su avant de te marier que papa était un sorcier, tu ne l'aurais jamais épousé. Donc c'est peut-être mieux comme cela, finalement, pensa Lili. Elle ne savait plus trop quoi penser de tout ce qui se passait dans sa vie. En plus, ce qui se passait ce soir-là dans la Grande salle la faisait réfléchir.

En plus, le fait que Dai reste au château pendant quelque temps ne rassura pas plus Lili.

- Je résiderais parmi vous le temps qu'il faudra. Inutile de me trouver une chambre. Je ne dors jamais.

- Bien...  Je vous ferai donc visiter les lieux.

Elle ne dort jamais? Comment cela est-ce possible? Elle est vraiment une sorcière. Enfin, tous les sorciers dorment, mais elle, elle est vraiment étrange. En plus, Miss Loewy a accepté! En même temps, elle n'avait pas trop le choix. Notre directrice la protège ou ça se passe comment? C'est quoi leur lien? Enfin, c'est sûr qu'elles se sont déjà rencontrées mais où et comment? Peut-être que la madame peur de se faire exécuter elle aussi? C'est tout un mystère ça...

- L'attaque que vous avez subie il y a un an et demi n'était qu'un avant-goût de leur force. Il ne m'appartient pas de juger vos mœurs, mais vous faites une erreur en pensant que les enfants placés sous votre protection ne doivent pas connaître la vérité. Le monde qui les attend dehors sera bientôt plus sombre que la plus longue des nuits d'hiver. Les sept lignées avancent doucement leurs pions dans l'obscurité. Bientôt. Bientôt, chacun d'entre nous devra leur faire face. Chacun devra choisir son camp : résister ou céder

- L'attaque? Quelle attaque?

Mais que se passait-il? Lili en avait assez entendu. Elle se déconcentra sur son dessert, mais elle avait tout de même peur. Xe quoi Dai Hong Dao parlait-elle? La fillette devait absolument en parler avec l'un de ses camarades plus vieux. Mais le problème était qu'elle n'en connaissait pas énormément... Bon, elle se débrouillera en temps et lieux. Pour le moment, Lili remarqua qu'elle tremblait énormément en prenant sa fourchette. La fillette essaya de se contrôler et de fixer son assiette afin de ne pas croiser le regard de quelqu'un. Elle ne voulait pas être encore plus apeurée. La brunette n'avait pas besoin de cela. En fait, Lili se sentait extrêmement vulnérable vu son âge et son manque d'expérience en magie. Elle avait peur. Oui, c'était la vérité, même si elle ne voulait pas l'admettre. 

Fin du RP pour moi! Merci beaucoup, c'était super cool!

Baisse de présence pour un temps indéterminé
~ Je suis joignable par hibou + je touillerai et répondrai aux messages importants ~

23 mai 2019, 17:27
Nid de serpent - Ch.14 vu par la table Poufsouffle
Maddie n’avait plus peur à présent, la visite ne semblait pas être une menace finalement. Elle n’écoutait même plus à présent et pensait surtout au dessert qui lui faisait envie depuis le début du repas et dont elle mourrait d’envie de se saisir à cet instant même.  Seulement un violent orage éclata d’un coup dans le ciel magique, chose peu courante qui rappela à Maddie ô combien cette soirée n’avait rien de normale et qu’il ne fallait pas qu’elle relâche son attention.

Après un sursaut qui fit renaître la crainte en elle, Maddie tenta d’écouter à nouveau la conversation mais Dai Hong Dao parlait trop bas pour qu’elle comprenne quoi que ce soit mais cela ne dura pas. D’une voix forte, elle demanda à la directrice de lui donner sa réponse. Maddie instinctivement pensa « Dites oui ! » sans même savoir pourquoi ni ce que cette réponse représenterait. 

Miss Loewy donna à sa façon cette même réponse et s’en suivit un énorme gong qui fit bondir à nouveau la petite blonde. Dai Hong Dao balaya ensuite l’assistance du regard, lorsqu’il passa vers la deuxième année cette dernière ressenti un frisson dans tout son corps. La chair de poule ne la quitta du moment où la sorcière annonça qu’elle allait séjourner parmi eux jusqu’au moment  où elle commençait à se diriger vers la sortie de la pièce mais ce n’était rien comparé à ce qu’elle ressentie quand la sorcière reprit la parole.

Maddie était terrorisée par les mots qui sortaient de sa bouche. Terrorisée du peu qu’elle comprenait et par toutes les choses mentionnées dont elle ne connaissait pas l’existence. *C’est qui les sept lignées ?* se demanda-t-elle en observant les visages d’élèves autour d’elle au cas où quelqu’un oserait donner une explication à tout cela. Rien ne fut prononcé bien sûr. *On va devoir se battre c’est ça qu’elle veut nous dire ?*. Tout cela la dépassait. Elle n’avait jamais pensé que le monde pouvait être dangereux à ce point. Du moins pas au point que ça vie puisse être en danger et encore moins ici. Un tas d’interrogations se bousculaient dans sa tête. Elle avait envie de quitter cette pièce et la lourdeur de l’atmosphère qui y régnait. Elle voulait se retrouver dans sa salle commune avec ses amis. Elle voulait parler de tout cela avec eux et surtout retrouver un peu de chaleur. Au final, elle espérait simplement se sentir à nouveau en sécurité.

Fin du rp pour Maddie. Merci beaucoup!

~7ème année RP~
Préfète-en-Chef - Remplaçante des Hel's Angels - Membre du club de Bavboules.
Code couleur : 3d85c6

21 juin 2019, 20:10
Nid de serpent - Ch.14 vu par la table Poufsouffle
Vendredi soir, enfin. La semaine de cours lui avait semblé durer une éternité. Il s'en plaignait encore à ses amis tout en dînant quand un objet étrange lévita dans la Grande Salle, s'approchant, semblait-il de sa propre volonté, de la table où se tenait les professeurs. A bien y réfléchir, ça ressemblait à un heurtoir en or massif. Mais pouvait-on trouver objet plus incongru au milieu d'une allée, sans porte aucune. Rey donna un coup de coude à Eliott et lui désigna le heurtoir.

- Tu le vois toi aussi ? J'suis pas fou ? lui demanda-t-il en baissant instinctivement le ton.

Mais de tout évidence, il n'avait pas perdu la tête puisqu'un silence général s'installa progressivement, preuve que tout le monde voyait la même chose que lui. Le heurtoir s'immobilisa en face de la directrice. Comme par hasard. Qu'avait-elle encore bien pu inventer ? Il n'eut pas le loisir d'en discuter avec Eliott. Deux coup assourdissant l'obligèrent à se couvrir les oreilles pour protéger ses tympans de ce son qui fit trembler son corps tout entier tandis que son cœur, surpris, battait la chamade. 

Il garda ainsi ses mains collées contre ses oreilles de peur de subir un nouvel assaut quand bien même le silence était revenu, et n'entendit pas ce que la directrice clama. Il fut uniquement surpris de voir les élèves se lever et une marée de baguettes se pointer en direction du heurtoir. Bizarre. Ses amis venaient de faire la même chose. De toute évidence, il avait manqué une information cruciale. Il lâcha sa tête pour se saisir machinalement de sa baguette et la brandir sans trop savoir pourquoi. Si quelque chose apparaissait, il n'était pas bien sûr que des élèves pourraient faire la différence. Même nombreux.

" Entrez..."

Sérieusement ? Elle était vraiment obligée de dire ça ? Elle ne pouvait pas tout simplement dire "C'est occupé pour le moment" ? Certains pensaient surement que la directrice savait ce qu'elle faisait et qu'elle ne laisserait pas quoique ce soit arrivé à ses élèves. Rey n'était pas de cet avis. Cette femme ne dégageait que froideur et mépris. Elle se fichait bien d'eux, seul son propre intérêt et sa curiosité morbide n'avait d'importance, il en était convaincue. La preuve, elle mettait en danger tous les élèves de son école sans sourciller. Et il fallait en plus l'aider ? Le rouquin baissa sa baguette et se rassit. Pas question d'être un mouton. 

Le heurtoir se brisa et s'écrasa au sol dans un grand fracas. Le jeune sorcier se crispa. Cela n'augurait rien de bon. 

" DAI HONG DAO, DEUXIÈME-NÉE DES TROIS CALAMITÉS, EST PORTEUSE DE NOUVELLES POUR KRISTEN LOEWY " déclama une statue de pierre semblant sortir de nulle part.

Eh bah voyons, une calamité. Manquait plus que ça. Annoncée par un caillou qui parle en plus. Rey ne pensait même plus à avoir peur tant il était agacé par la situation. Lorsque deux sortes de tigres blancs à deux queue surgirent du néant, l'idée qu'ils pourraient le dévorer en une fraction de secondes ne lui effleura même pas l'esprit. Il était hors d'attente de toute façon, du moins pour le moment. Néanmoins, il ne put rester de marbre lorsque, derrière une femme qui ne lui inspirait aucune confiance et avait une allure aussi sombre que les ténèbres, il vit Qiong. Était-il en train de rêver ?

Il n'en était rien, mais il aurait préféré. Car Qiong avait perdu sa lumière. Il observa la fillette au visage lacéré par des larmes qui jaillirent à la seconde où la grande dame la toucha. Était-ce à cause d'elle ? Lui avait-elle fait du mal ? La menaçait-elle ? Mais les questions qui avaient surgit instantanément dans sa tête, faisant monter la colère en lui furent souffler comme la flamme d'une bougie. Par la voix de Qiong. Par ses mots douloureux. Le doyen, son grand-père avait été assassiné. La douleur de la petite chinoise fut aussi la sienne et il se força à lutter contre son impérieuse envie d'aller l'enlacer et de la consoler. Elle, si forte, semblait plus vulnérable que jamais. Mais Rey savait, non seulement qu'il ne pouvait pas approcher mais également qu'il restait un éternel inconnu pour elle, il ne lui serait d'aucun réconfort.

Le rouquin garda ses yeux fixés sur la chinoise qui venait de raviver la tendresse qu'il avait enfouis au  fond de lui lors de son départ, se désintéressant de l'échange entre leur directrice et la femme mystérieuse. Il n'en garda pas moins les oreilles ouvertes et nota précieusement les informations qu'il glana. Sa conclusion finale fut que, si personne dans cette salle ne semblait savoir à qui et à quoi ils avaient à faire, Kristen Loewy, elle, n'avait pas l'air plus surprise que ça et souhaitait même s'éloigner de leurs oreilles indiscrètes pour fomenter ses petits plans en secret. Mais Dai Hong Dao ne l'entendait pas de cette manière. Un sentiment de satisfaction féroce l'empoigna tandis que l'asiatique dévoilait les secrets de cette femme qui se prétendait être leur directrice mais qui n'était pas moins une étrangère que l'intruse du jour. Ainsi elle avait la baguette de sureau, et une vraie... nature à découvrir.

Il fut forcé de détacher son regard de la chinoise lorsque celle-ci se volatilisa comme si elle n'avait été qu'un mirage, laissant encore une fois un trou béant dans sa poitrine. Ignorant la douleur, il observa alors ses amis, puis l'ensemble des poufsouffles pour finir par tenter de capter le regard de son frère. En vain. Tous étaient trop concentrés soit sur la directrice, soit sur l'étrangère, soit sur les deux créatures à ses pieds. Curiosité, peur, colère se mêlaient sur les visages de l'assemblée d'élèves. Mais finalement l'étrangère passa aux messes basses et ce fut la fin des révélations jusqu'à ce qu'elle annonce son installation à Poudlard et qu'elle quitte la Grande Salle. Comme un unique souffle, les conversations enflèrent d'un seul coup. Mais Rey, lui, n'avait pas envie de parler. Il n'avait d'ailleurs plus faim. Après un temps qu'il jugea raisonnable pour être certain de ne pas croiser la route de l'intruse flippante, il s'excusa auprès de ses amis et fila dans son dortoir. Il avait un horrible mal de ventre.

17 sept. 2019, 19:44
Nid de serpent - Ch.14 vu par la table Poufsouffle
Blanches. Deux silhouettes ; blanches. Bestiales. Dangereuses. Mes yeux avides brillent un peu devant cette puissance, et pourtant mon cœur se serre. S’approchant, les silhouettes se dévoilent dans toute leur splendeur. *Tigres* je comprends enfin. Tigres blancs, armés de sabres en guise de dents. Mon regard se plonge dans la contemplation de leur yeux, et je secoue légèrement la tête. « Magnifiques... » Un jour, j’aurais des Dents comme ça. Que ce soient les miennes ou celles d’un Fantastique, c’est pareil ; ce sera à moi. Des Dents aussi miroitantes et majestueuses. Avec, tout est possible. Griffer un peu les limites de l’Accessible pour entrevoir l’Invisible. Oui, un jour, j’aurais des Dents comme ça : une prolongation de l’être, dangereuse. Ma baguette pourrait servir de Dent. Si je Composais un peu plus avec elle : comme Maman et son piano. Jouer les notes de ma magie en harmonie avec ma Moitié. Même si la destruction est plus belle que l’harmonie, la destruction est harmonieuse alors que l’harmonie n’est pas *pas toujours* destructrice. « Tathya, Santhi ! » Le tranchant des noms. Donner un nom à ces Dents me semble inimaginable — c’est tellement hors-norme, gigantesque, qu’aucun mot ne peut y apposer sa marque —, pourtant il y en a. Des noms presque à la hauteur des Dents. Aussi tranchants et aiguisés.

Le Pied apparait en premier — nu. Nu d’une nudité impressionnante à Poudlard. Ici, les pieds sont toujours entravés par des épaisseurs de chaussettes et de chaussures : bottines, sandales, bottes, baskets. La nudité des pieds n’existe pas. Il n’y a que moi qui prend grand plaisir à ôter mes bottines pour narguer les autres pieds en me baladant dans le château, sentant la froideur de la pierre sous la plante de mes pieds impétueux. À peine le Pied apparait-il que je l’aime donc. J’ai en adoration la liberté des pieds. C’est tellement plus agréable. Et le florilège de noirceur qui jaillit sous la plante de ce Pied-là confirme ma certitude absolue : un Pied libre d’être nu peut faire bien plus que sentir le sol. Surtout un Pied chinois, comme celui-ci. Chinois, ou quelque chose du genre. Asiatique. *Saleté d’puissance asiatique*. Je me sens plus pâle qu’une ombre face à tous ces étrangers. Même avec ma Magie plus puissante désormais, même avec ma baguette qui se fusionne lentement avec moi. Les imbécilités qu’on apprend par ici me semblent terriblement dérisoires par rapport aux Immensités que créent les chinois. Nos sorts inutiles, nos gestuelles affligeantes, nos formules dissonantes. Comme un rappel de notre impuissance. Je travaille pour devenir plus puissante que Moi, plus puissante que ces étrangers, plus puissante que Loewy. J’étudie, encore et encore. Les bouquins déversent leur Savoir dans ma tête, et j’assimile tout ce que je peux. Mais je reste si Minuscule, rien que devant ce Pied.
*C’Pied*.
Ce Pied Royal.
Puis ce second Pied Royal.

Je baisse brièvement les yeux jusqu’à mes pieds. Les bottines qui les ornent me font pitié. M’en débarrasser, tout de suite. Ma baguette toujours collée à ma main, je ramène mon premier pied sur ma cuisse pour défaire rapidement ma première bottine. Me tortillant, j’enlève la seconde. Pieds nus, libres, je savoure un peu plus le contact du sol de pierre. Il m’est familier. Ses aspérités sont tellement douces.

Après les Pieds, c’est le reste du corps qui débarque soudainement. Tout aussi Royal que le reste. *J...*. Foule de Noirceur. Envahissant toutes les parcelles de la peau, les tatouages sont comme une toile d’araignée géante qui recouvre cette Femme. Cette Femme plus oppressante encore que Loewy-et-son-regard-dur. Cette Femme et... *Par tous les Sangs !*. Ma bouche devient sèche, mes lèvres s’entrouvre. Ma langue sort à peine d’entre les croissants de chaire. *Est-ce-que-c’est-Qiong-ça-?*. La chinoise, son Profil, celui que je suis incapable d’oublier. Aujourd’hui elle me semble incomplète. Un puzzle avec une pièce manquante, une grande Pièce, un trou en plein milieu. Tous mes regards, mon attention insistante, se heurtent sur son dos. Je sais ce qui manque : la Rouge et Or n’est pas à ses côtés. L’Éblouissante.

Les Sanglots de Qiong me heurtent en pleine face.
*Elle pleure ?*
Mes pensées s’envolent.
*Pourquoi elle pleure ?*
Une Aveugle en larmes, c’est horrible à entendre. Comment elle peut chialer si elle ne peut pas voir ? Illogique. Incompréhensible. Étrange.

Sa voix tord mon cœur, et mon estomac part avec. Biao. Xixia. Sans doute le vieillard qui était là avec elle. Un de ceux qui a participé à la Terrible Exclusion d’Aelle. *J’aurais pu la connaitre plus tôt ; Merlin alors*. Je m’en fous de ce vieillard. Je m’en fiche totalement. En fait, je le déteste un peu. Il n’y a que les sanglots de Qiong qui me font mal au ventre, et sa voix qui se perd dans mes pensées affolées. L’Aveugle pleure, et elle me donne envie de pleurer moi aussi. Mes yeux piquent et j’ai envie de me gifler. Je ne chiale pas avec Qiong parce que je n’ai rien à voir avec Qiong. Ce n’est qu’une Aveugle fascinante. Que je bouffe du regard. Qui, aujourd’hui, ne semble pas là pour faire Exploser sa magie sous mes yeux. Juste ici pour déverser la vérité de la mort de Xixia. *Tout l’monde meurt un jour*, que j’ai envie de lui dire. Tout le monde. T’as pas à pleurer pour l’assassinat de ton grand-père, moi j’ai pas pleuré devant le corps de Maman. Je suis juste morte avec elle. Abandonnant une partie de moi. Elle, l’Aveugle-Reine, n’a même pas dû assister à cette mort. Pourquoi tout le monde se met-il à chuchoter, soudainement ? En quoi la mort de ce vieillard est-elle importante ? Juste une mort de plus. Juste une autre. Mais pour moi, ça n’a aucune importance. Les seules morts importantes sont celles de Maman, et de Mamie. Et, dans celles à venir... aucune. Je n’ai pas peur de ma mort, tant que j’ai appris suffisamment de choses avant pour m’Élever loin. Ce n’est qu’une porte de plus. Les morts à venir n’ont pas d’importance, tout comme celle de ce vieux.

Minuscule au milieu des Autres, je tourne la tête à droite et à gauche pour trouver Aelle. À l’autre bout de la table, je l’aperçois enfin. Entourée d’Autres. Je vois sa baguette qui tremble dans sa main. Son visage m’est caché. *Qu’est c’que j’fous là ?*. J’aurais dû être à côté d’elle, pourquoi est-ce que je suis allée manger toute seule ? Aujourd’hui, surtout aujourd’hui, je devrais être là-bas. À côté d’Elle. *Merlin*. Stupide, je suis stupide.
Et mon cœur ne cesse de se tordre, rendant ma tentative de pensée de manière cohérente impossible.

« Pas ça... » murmuré-je quand Loewy propose à Qiong se venir s’asseoir avec nous. Je ne sais pas pourquoi, mais pas ça. Pas là. Pas tout de suite. Je ne veux pas la voir se faire engloutir au milieu des Autres. À la place, ses mots me heurtent les tympans et je la vois se faire engloutir par la Faille. *Non !*.

Les deux Femmes s’entretiennent et je ne peux détacher mon regard de la Faille invisible, là où Qiong a disparu. Je n’entends pas leurs mots, pas leurs échanges. Je loupe sans doute beaucoup d’occasions d’en apprendre plus sur Loewy. Ça n’a pas d’importance. Les derniers mots, la menace, l’avertissement, n’ont pas plus d’importance. Il n’y a que Qiong qui est importante. Qiong et les battements trop rapides de mon cœur.

Mon visage se tord de rage.
Je ne comprends pas.
Je ne comprends rien.
Pourquoi Qiong est-elle venue, aujourd’hui ? Elle n’avait pas besoin d’annoncer la nouvelle en personne. Pourquoi est-elle venue, si ce n’est pour distiller de l’espoir ou de la rage dans nos cœurs ? Pour faire remonter des souvenirs ? Pourquoi est-elle venue, si c’est pour repartir ? Pourquoi ? Pourquoi ne nous montre-t-elle pas quelque chose, pourquoi s’en va-t-elle ?
J’aurais voulu qu’elle ne vienne pas.
Que ce repas se déroule comme tous les autres, avec mon livre et mon désintérêt pour les aliments. Elles ont tout gâché.

FIN, pour Thalia

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]