Je m'excuse pour le retard, mauvaise gestion de planning

Le seau se posa plus ou moins délicatement sur le banc alors que le chiffon rejoignait la main de la fautive. George pinça des lèvres, ils n'étaient pas rendus si elle ne mettait pas un peu de vigueur à l'ouvrage. Ils étaient à l'extrémité de la table longue de plusieurs mètres. Il y avait le plateau et les bancs à nettoyer ainsi que le sol à vérifier. Le blond retint un soupir alors qu'il se tenait dans le dos de la brune et se contenta de l'observer pendant qu'elle même regardait la table fixement. Il jeta un coup d’œil à sa montre - cadeau fraternel pour ses 14 ans. 20h33. Courage, tu n'as qu'à surveiller se dit-il. Mais c'était sans compter la réflexion que lui lança la première année l'instant suivant. Cela lui tira un sourire:

- "Si tu devais le faire avec la magie, ça ne serait plus une punition. Débrouille toi autrement, et ne compte sur personne pour obtenir de l'aide." Il n'avait été ni moqueur, ni méchant ou mesquin dans sa voix. Le plus neutre et véridique possible. Rien qui ne pourrait justifier une pique de la gamine ou son refus de se mettre, enfin, à la tâche. Un elfe passa derrière lui alors qu'il s'affairait à nettoyer le banc voisin. Il ne l'avait pas bousculé mais avait sentit sa cape remuer. La créature commença à s'excuser platement et mille fois et le préfet dû lui assurer que ce n'était rien, qu'il n'y avait pas à s'excuser. Surveillant toujours sa camarade du coin de l’œil, il incita l’elfe à se remettre au travail non sans lui avoir fait promettre de ne rien s'infliger pour une cape frôlée.

- Pfft.. Tu sers à rien..

La réponse du préfet ne l'avait clairement pas satisfaite : voilà qu'elle devait passer la nuit à récurer une table interminable !

- On est dans une école de magie, quoi !

Elle avait décidé d'adopter une autre stratégie : celle de faire des commentaires pessimistes à voix haute toutes les.. Dès qu'il y en avait un qui lui traversait l'esprit, quoi ! Il suffisait de faire durer le nettoyage le plus possible afin d'offrir une migraine à ce Gryffondor.. Ou bien laver vite fait mal fait cette table afin de pouvoir prétendre qu'elle ne savait pas comment nettoyer une table ! "T'es un génie !". A ses pensées, Hestia trempa le torchon avec la plus petite délicatesse au monde avant de le retirer tout aussi rudement, avec l'espoir qu'une goutte, voire dix, atteigne l'adolescent au passage.

Le regard déjà noir de la brunette réussit à s'assombrir lorsqu'il se posa sur l'elfe qui avait frôlé la cape de son tortionnaire.. Frôlé et il avait le droit à des excuses, de l'attention ! Elle devait laver une table sale de trente-six kilomètres de long sans jamais avoir fait l'expérience auparavant et elle était ignorée par tous les elfes alors que, son préfet.. Ce préfet, plutôt. Ce n'était pas le sien : elle n'était pas à Gryffondor. Ce préfet avait droit à de la reconnaissance alors qu'il ne faisait rien !

Lorsque l'elfe disparut, le regard assassin de la jeune fille se reporta sur le blondinet avant qu'elle ne se concentre sur sa tâche : cette table. Cette maudite table trop rouge. Elle jeta le chiffon sur la table, tout aussi peu délicatement que lorsqu'elle l'avait mouillé, puis ronchonna en recevant quelques gouttes sur le bras.

- Même les torchons commencent ! C'est pas possible !

Sur ces mots, elle poussa un long soupir exaspéré avant de se décider à frotter cette table le plus vite et le moins efficacement possible.

George choisit de ne pas relever la remarque de la première année. Ou plutôt les remarques. Puisqu'elle semblait prête à en faire un nouveau sport. Quelques unes tirèrent des sourires au cinquième année blond qui surveillait juste qu'elle fasse ce qu'on lui demandait. Sauf qu'après quelques minutes où Hestia le faisait correctement, celle-ci sembla plutôt décider se bâcler le travail. Il tenta d'éviter les éclaboussures qu'elle produisit sans réelle succès. Mais il n'en avait pas grand chose à faire. Dès la fin de la séance de surveillance, il se lancerait un simple recurvite et personne n'y verrait rien. Attendre semblait une bonne option, puisque la fillette y mettrait certainement toute sa bonne volonté pour recommencer s'il le faisait dès maintenant.

La première année frottait la table, et pas dans le but de la nettoyer. George se demanda quand la prévenir que si c'était mal fait, elle le ferait jusqu'à ce que ça soit propre. Le but n'était pas que les elfes aient à repasser derrière elle. Il attendit un peu en se disant qu'il commençait à avoir un côté machiavélique. Lui. Rien n'allait plus:

- "Tu sais, si tu continues comme ça, tu seras bonne pour recommencer. Le principe c'est que ça soit propre, pas aussi sale qu'au démarrage..." Voilà, c'était dit. Il n'avait plus qu'à espérer qu'elle entende bien le message. Il n'avait pas spécialement envie de faire un rapport à leur Directeur de Maison.

Encore une fois désolé pour le retard... Mais il y avait cette histoire de labyrinthe à gérer

- Le principe c'est que ça soit propre, pas aussi sale qu'au démarrage...

Il le faisait exprès ?

« Il le fait exprès, oui. »

Déjà qu'elle avait pris le temps de se lever à huit heures et de rester après le dîner, après tout le monde, pour laver cette maudite table.. Si, en plus, le préfet commençait à lui dire qu'elle devait refaire toute cette table !

Exaspérée, elle poussa le plus long soupir que son souffle lui permettait de faire - même s'il était clairement volontairement allongé - avant de s'asseoir lourdement sur le banc, l'air abattu :

- Mais j'ai jamais lavé une table ! Je sais pas comment on fait !

Et c'était vrai. Ce préfet sadique pouvait dire ce qu'il voulait, il ne savait rien de la jeune fille et les expériences qu'elle avait vécues ! Elle ne savait pas comment laver une table et ne pouvait donc pas se charger d'une table de trente-six kilomètres !

« Bim ! T'es immunisée contre le lavage de table à vie, maintenant ! »

Malgré la pseudo-fête que faisait son esprit, Hestia garda tout de même son air abattu en posant lourdement le torchon sur la table et en levant honteusement des yeux de chien battu.

- Je suis désolée..

Il fallait essayer de toucher la corde sensible de ce préfet ! Certes, elle avait peu de chance de s'en sortir après avoir râlé toute la retenue mais, de toute façon, personne ne pourrait la regarder faire sa victime.. A l'exception du préfet et des elfes.. Mais ils n'allaient pas le dire à toute la salle commune, quand même ?

George observa la petite fille soupirer et laver la table, enfin, presque. Heureusement qu'il n'avait jamais fait ça dans la brasserie de son père. Sinon, sorcier ou pas, cadet ou pas, il en aurait pris une soufflante. C'est qu'une table propre, c'était juste indispensable pour que le client ait l'impression qu'on ne se fiche pas de lui.

Alors que cette pensée effleurait son esprit, la brune passai tant bien que mal le milieu de la table, poussant un énième soupir qu'il trouvait exagérément long avant de s'asseoir, ou plutôt de se laisser tomber, sur le banc, se plaignant de son manque de savoir faire. Et ça, juste avant de lever vers lui un regard éploré. Essayait-elle de le sensibiliser à sa cause? Sans doute. Mais pour ne pas lui donner une raison de râler supplémentaire il dit platement, sans pour autant faire de démonstration, il ne fallait pas abuser non plus de sa générosité. C'est qu'il avait appris avec le temps tout de même.

- "Rien de bien compliqué. Tu prends la lavette, tu trempes dans le seau, tu essores, tu frottes la table pour effacer les tâches. Tu récupères les miettes dans ta main. Et tu recommences. " Et il ajouta d'un air désabusé:

- "Je suis certain que même les plus rétrogrades des nés-sorciers savent comment faire." Bien entendu, il ne savait rien du statut de sang de la première année, ni de son éducation. Mais il ne fallait pas pousser non plus. Les jeunes gens de Poudlard, même ceux dont l'éducation était encore très aristocratique, savaient faire preuve de bon sens. Hestia Andrew ne devait pas faire exception. Alors il ajouta d'un ton sans appel:

- "Maintenant tu t'y remets et bien."

« Je sais que tu en meurs d'envie mais évite de lui mettre la tête dans le seau, c'est une très mauvaise idée. »

Mais il n'avait rien à faire du fait qu'elle soit totalement inexpérimentée au lavage de tables et lui faisait un tutoriel à l'oral, en reprenant des éléments totalement évidents !

« Au pire, continue de passer pour une simple victime et peut-être qu'il aura pitié.. ? »

Elle poussa un énième soupir - qu'elle prit soin d'éviter d'exagérer - puis se saisit de la "lavette", la trempa dans le seau, l'essora, frotta la table..

« Nan, en faite, c'est trop ennuyeux. »

Enfin, ils étaient du même avis !

Elle recommença à bâcler le travail.. Avant de se ressaisir :

« Il va encore saouler. »

Elle se décida alors à récurer lentement un bout de la table - il fallait être minutieux pour combler les désirs de ce très cher préfet - avant de, finalement, faire une petite pause et prendre sa plus belle voix de victime :

- J'en aurai vraiment pour toute la nuit à ce rythme.. Je vais pas y arriver seule.

Elle s'assît lourdement sur le long banc dans l'espoir d'appuyer ses dires puis combla son action d'un soupir, comme si elle n'avait pas encore assez soupiré pour toute une vie.

Décidément la jeune Gryffondor semblait vouloir utiliser indéfiniment la même ritournelle dans l'unique but d'échapper à la punition. Mais ce quelle ne savait pas c'est que sous ses airs dégingandé et un peu benêt, George était loin d'être né de la dernière pluie. Ce n'était clairement pas la première fois que je blond devait surveiller une punition avec un ou des élèves récalcitrant(s). Alors ce n'est pas l'attitude plaintive de la jeune lionne qui allait le faire flancher. C'était même entrain de l'agacer de manière très sérieuse. Et un George agacé peut donner des effets très inattendu. Là où beaucoup pensent qu'il pourrait laisser tomber, il s'accroche.

- "Nous sommes d'accord. A ce rythme tu en as pour la nuit." Commença le préfet. Il ne fallait pas lui enlever la vérité. Mais la suite n'allait pas plaire à la fillette. Ça il le savait aussi. Il laissa planer quelques secondes avant de poursuivre.

- "Mais si tu n'as pas fini avant le couvre feu, tu te lèveras demain matin pour reprendre. Er si tu n'as toujours pas fini, à chacune de tes pauses on reviendra. Et ne compte pas sur les Gryffondor pour manger proprement sur les portions déjà nettoyées. Nos camarades sont bourrés de qualités, mais manger proprement n'est pas donné à tous." Nouvelle pause pour bien lui faire sentir quil ne lâchera pas.

- "Maintenant la balle est dans ton camp..."

- A ce rythme tu en as pour la nuit.

Oh, miracle ! Cette tête de mule était-elle enfin décidée à l'aider ?

Cependant, le reste de sa réponse l'effraya plus que ne la conforta : elle continuerait demain ?!

- Mais-..

Le préfet la coupa en lui exposant ses exactes craintes : allait devoir recommencer tout de zéro à chaque fois !

- M- Mais..

Mais il ne pouvait pas ! .. Il..

- Je..

L'effroi qui avait pulvérisé son cœur commença à déteindre sur ses yeux, les emplissant de futures larmes.

Elle allait rester coincée ici pour toute sa vie, condamnée à laver la table de Gryffondor jusqu'à la fin de ses jours !

« .. Sauf si tu te dépêches.. »

Mais cette table était bien trop grande !

Paniquée à l'idée de ne plus jamais voir de temps libre, la Gryffondor s'attela à la tâche, ayant conscience qu'elle avait déjà perdu un temps fou et prit soin de faire du mieux qu'elle pouvait tout en étant la plus rapide possible.. Ce qui ne donnait pas un résultat très fameux.

« Repasse un peu ici, aussi. »

- Mais je vais jamais y arriver !, paniqua-t-elle en regardant désespérément la longueur de la table.

C'était vraiment mort pour aujourd'hui, vu le temps qu'elle avait perdu !

« .. Tu n'avais qu'à t'y mettre plus vite.. »

Et c'était lui qui disait ça ?!

Elle continua tout de même à essayer d'être le plus efficace possible, malgré la triste vérité qui s'était emparée d'elle.. Si le préfet voyait qu'elle s'investissait, peut-être qu'il lui accorderait une faveur ?

Les paroles du jeune homme eurent - enfin - l'effet escompté, laissant la fillette tout simplement sans voix. Qui l'eut cru au début de cette punition? Pas George. Jessica avait toujours eut quelque chose à dire pour se plaindre évidemment. Alors quand il la vit tenter de parler puis se mettre au travail, la panique qu'il perçut dans la voix de la brune n'a pas ému le blond. Non elle leur avait fait perdre assez de temps à tous les deux alors il ne céderait pas à tout ça. Quand bien même sa panique était sincère. Alors il l'observait faire pour ne l'interrompre qu'un peu avant le couvre-feu, pour qu'elle puisse rejoindre à temps l'antre des rouges et ors.

- "C'est fini pour ce soir. Tu recommenceras demain mais en attendant file en salle commune tu en as juste le temps." En théorie il aurait dû faire de même. Au moins pour s'assurer qu'elle rentre bien. Mais le préfet était sûr qu la première année n'allait pas prendre le risque d'une autre retenue. Alors il préféra prendre le chemin de l'infirmerie où son ami l'attendait depuis longtemps. Car le lendemain serait encore une longue journée entre la gestion de ce qu'il appelait la "crise asiatique", ses devoirs, ses rondes et cette fameuse retenue à surveiller. Il quitta alors la Grande Salle après le départ de la fillette en espérant qu'ils n'auraient pas à revenir le surlendemain... ou les autres jours.

Fin du RP pour moi. Merci