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15 juin 2019, 00:49
Descente aux Enfers  solo   RPG+ 
11 mai 2044

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Les voix se mélangeaient tout autour d’Alice. Tous les mots s’entremêlaient, plongeaient la Grande Salle dans une cacophonie détestable. Comment faisaient-ils pour continuer à parler, rire, s’amuser ? Comment parvenaient-ils a mettre de côté le mal qui s’abattait sur eux ? Était-elle la seule à subir ce qui leur arrivait ? Etait-elle la seule à comprendre ce que tout ce qui arrivait signifiait ? La chute d'un gouvernement voulait dire beaucoup de chose, Alice le savait, Alice l'avait apprit. La chute d'un gouvernement, et surtout, le renversement. Une prise de fonction qui s'imposait au monde sorcier. Dallan Blackwave avait été élu, pas cette Ursula Parkinson. Cela voulait dire beaucoup.

Comme d'habitude, le petit déjeuné était opulent. Les fourchettes et les couteaux claquaient contre les bols et les assiettes. Alice, elle, demeurait silencieuse. Sur ses cuisses, ses mains dansaient frénétiquement. Comme chaque matin depuis le début du mois, elle guettait l'arriver des hiboux postaux. Mais chaque matin, Alice ne recevait rien. Elle observait alors le vol des rapaces sans jamais voir celui de son père. C'était terrible de ne pas savoir ce qui se passait. Il était le mieux placé pour lui parler de la situation mais, surtout, il était le seul à pouvoir lui dire qu'il allait bien. C'était tout ce qu'Alice attendait, que son père lui assure qu'il était en sécurité. Un mot de sa part, un seul suffirait. Elle voulait savoir, seulement savoir. Elle en avait besoin.

Les premiers hiboux firent leur entrée dans la salle. Encore une fois, beaucoup étaient dans un état déplorable. Les plus chanceux étaient seulement ébouriffés, mais d'autres présentaient des signes alarmants de maltraitance évidente. C'était comme ci à chaque fois, ils étaient attaqués. Le courrier était sûrement contrôlé, cela ne faisait pas de doute.
Soudain, une petite chouette rousse vint se poser devant Alice. La petite fille sursauta, surprise de voir un oiseau inconnu se présenter à elle. Ses plumes étaient toutes ébouriffées, et certaines semblaient avoir été arrachées. Cette vision fit froncer les sourcils à la Serpentard. Comment pouvait-on blesser un animal de la sorte ? Ce nouveau gouvernement ne lui plaisait pas du tout.
La petite chouette portait une lettre légèrement froissé. Était-ce pour elle ? Pourquoi est-ce que son père lui envoyait une lettre avec un hibou autre que le sien ? Mais oui, bien sûr : pour passer incognito. Au moins, il allait bien, c'était le plus important !
Alice décrocha soigneusement la lettre de la chouette qui prit aussitôt son envol. Les doigts d'Alice tremblait un peu, et l'excitation n'y était pas pour rien. Combien de lettre avait-elle envoyée à son père avant qu'il ne daigne lui répondre ? Enfin, enfin, elle allait retrouver son père, même si il ne s'agissait que de ses mots.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

15 juin 2019, 00:51
Descente aux Enfers  solo   RPG+ 
Le cœur d'Alice rata un battement. Ce n'était pas l'écriture de son père. Non. Ce n'était pas elle. Les yeux d’Alice glissèrent jusqu’aux pas de page. Oncle Kenneth. Pourquoi étaient-ce le meilleur ami de son père qui lui envoyait un hibou ? Il s’était passé quelque chose de grave, c’était certain. Oncle Kenneth était Auror et avait été le binôme de son père jusqu’à ce qu’il soit promu au rang de chef. Si c’était lui qui donnait des nouvelles ... cela n’était pas bon signe.

Ma chère Alice,

Tu dois te demander ce qui m’amène à t’écrire. Je ne vais pas te le cacher, ce que tu t’apprêtes à lire risque bien de te faire du mal, beaucoup de mal. Aussi, assieds toi s’il te plaît.

La semaine dernière, le 2 mai, il s’est passé quelque chose au Ministère de la Magie. De méchantes personnes ont décidé que le gouvernement devait changer, que le Ministre de la Magie Blackwave devait laisser sa place. Il n’a pas eu d’autre choix que de rendre les armes car sa famille était en danger. Nous avons dû l'imiter car les enfants des employés du Ministère étaient menacés, Ursula Parkinson avait annoncé que Poudlard était infiltré. Ton père n’a pas hésité un instant à donner sa baguette aux envahisseurs, pour vous protéger toi et tes frères. Je ne te dirai pas tout sur cet événement car une petite fille de ton âge n’a pas besoin de tout savoir...

Les yeux d'Alice se brouillait de larme. Elle n'aimait pas ce qu'elle lisait. Elle avait peur, peur de ce qu'elle s'apprêtait à lire.

...Dallan Blackwave et tout ceux qui lui étaient trop fidèles ont été enfermés à Azkaban, et ton père en fait parti. Je suis vraiment désolé Alice...

Le papier glissa entre ses doigts tremblants. Non, non, c'était impossible. Alice se mit à relire cette horrible phrase une fois, deux fois, dix fois.
Enfermé à Azkaban.
A Azkaban.
Ce n'était pas possible. Pas lui ! Pas lui qui avait contribué à remplir cette prison ! Il n'y avait que les criminels qui y étaient, et son père n'en était pas un ! Dorian Sangblanc était un héros, sa place n'était pas dans cet horrible endroit ! Non... c'était impossible.
Alice avait envie de crier, mais rien ne venait à sa gorge, rien. Ni un mot, ni un son, rien. Seule la douleur était là, une douleur qui la consumait toute entière. Ses doigts tremblants se crispaient sur le papier pour le retenir. Oncle Kenneth allait dire quelque chose, Oncle Kenneth allait lui dire qu'il a fait quelque chose pour sauver son père. Oui, c'était certain !

...Si j’avais pu, je l’en aurais empêché, je l’aurais forcé à prêter allégeance à Ursula Parkinson et à ses Sangs-Purs. Mais ton père est bon, beaucoup trop bon pour son propre bien. Je ne sais pas ce qu’il va advenir de lui dans sa cellule, mais je suis certain qu’il gardera la tête haute et conservera son intégrité. Ton père est fort, tu le sais aussi bien que moi...

Non, il ne pouvait pas dire ça. Il ne pouvait pas se résoudre à le laisser croupir dans une cellule au milieu des mages noirs et des méchants, il ne pouvait pas ! *Va le sauver !* criait elle en songe. *Fais quelque chose, sauves mon papa !*
Une main vain se poser sur l'épaule d'Alice, une main aux longs doigts. Elle la dégagea sèchement et se remit à sa lecture, avide d'en savoir plus.

...Il m’a fait promettre de m’occuper de toi à partir de maintenant. Il ne veut pas que tu retournes chez ta mère qu’il suspecte d’être passé à l’ennemi, pour l’heure je n’ai pas encore pu vérifier si c’est vraiment le cas. A la fin de l’année scolaire, tu viendras vivre chez Imogen et moi. Tu y seras en sécurité et pourra continuer à vivre sans te préoccuper de ta mère. Nous libérerons ton père tôt ou tard, ne t’inquiètes pas pour lui : il s’en sort toujours...

« - Alice ? Il faut...
- LAISSES MOI !

Sa voix avait jailli d'entre ses lèvres comme la lave du sommet d'un volcan. Elle était forte, violente, d'une telle sauvagerie. Les yeux d'Alice ruisselaient de larme qu'elle ne cherchait pas à retenir. Tout bouillonnait en elle, la colère, l'inquiétude, la déception, la haine, la peur, tout se muait en un seul et même corps : sa voix.

...Je n’ai pas de nouvelles de tes frères et je préfère que cela reste ainsi. Les avis trop tranchés de Thomas pourraient déjà l’avoir amené à se rapprocher du nouveau gouvernement. Nous devons nous tenir éloigné de ces gens Alice. Ils sont dangereux, très...

- Arrêtes !

La lettre lui échappa des doigts. Non. Meven venait de lui arracher. Le regard meurtrier d'Alice se porta immédiatement sur lui, toujours présent dans son dos. Lui aussi la regardait, les yeux grands, l'inquiétude maculait son visage. Les épaules de la fillette retombèrent aussitôt, comme cette rage qui s’apprêtait à éclater à nouveau. Tout autour d'Alice, il n'y avait plus ce brouhaha qui régnait avant. Les tables s'étaient vidées, et quelques élèves marchaient en direction de la sortie. Dans le dos de Meven, quelques uns passaient en observant les deux Serpentard avec des airs curieux. Meven, lui, demeurait statique, la lettre d'Oncle Kenneth entre ses doigts, ses yeux verts braqués sur Alice.

- ...Ils ont enfermés mon père à Azkaban... »

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

16 août 2019, 22:16
Descente aux Enfers  solo   RPG+ 
A présent qu’elle avait prononcé ces mots, cette nouvelle lui devenait vérité. Elle ne pouvait pas faire comme si cette lettre n’avait jamais existé, comme si le hibou de Kenneth ne s’était jamais posé devant elle. Tout ce qui venait de se passer était réel, et cette réalité meurtrissait Alice.
De ses yeux s’écoulaient de grosses larmes qu’elle aurait retenu si elle en avait été capable. Mais à ce moment précis, Alice en était incapable. Ce masque qu’elle forgeait jour après jour se brisait en un millier de morceaux, sans qu’elle ne cherche à le garder. Elle ne pouvait pas faire semblant, elle ne pouvait plus. Ce qui venait de s’abattre sur elle était trop puissant, trop douloureux.
Chancelante, incertaine, Alice se releva. La main de Meven se saisi de la frêle épaule de la fillette. Il parlait, Alice n’entendait pas. Ce n’était pas important de toutes façons, plus rien ne l’était, et plus rien ne le serait jamais si son père restait enfermé.

Alice jetait des regards autour d’elle, cherchait désespérément un professeur, et surtout, miss Loewy. Il fallait la prévenir, lui dire que son père était enfermé. C’était avec les autres directeurs et directrices des écoles du monde entier qu’elle irait le chercher. Elle avait la baguette de sureau, elle pouvait le sauver ! Elle en était capable, Alice le savait. Alice le désirait plus que tout autre chose.

«⁃ Je... je veux voir miss Loewy.

Sa voix n’était qu’un murmure, un souffle, une plainte.

- Je veux voir miss Loewy, répéta Alice avec plus de force, puisant son énergie dans ses espoirs. Je veux voir miss Loewy. Elle… elle va demander aux autres directeurs de l’aider. Ils vont aller libérer mon père, et le ministre. Il faut que je la prévienne !
- Alice …
- Ils y arriveront !

Meven avait dégluti, secoué par le spectacle affligeant que lui offrait Alice. Mais elle s’en moquait. De toutes façons, il n’était pas vraiment là, la lettre entre ses doigts n’avait plus aucune once importance, les regards qui se posaient sur eux devenaient insignifiants. La seule chose qui importait, c’était la libération de son père.

- Je suis désolé pour ton père, dit Meven, calme mais affecté.
- Il n’est pas mort, ne parle pas comme si il était mort. Lâches moi, je dois prévenir miss Loewy!
- Elle ne fera rien, ce n’est pas son combat.

*Pas son combat ?* Alice releva ses yeux mouillés sur Meven, interdite.

- Pas son combat ? Répéta elle, la voix brisée. Pas son combat ? Mon père a passé sa vie à protéger la Grande-Bretagne ! Sa vie ! Ils ne peuvent pas le laisser enfermer ! Il n’est pas n’importe qui ! »

Elle criait, hurlait sa douleur, sa colère, son mépris, sa peur. Immédiatement, Meven vint enserrer Alice dans ses bras. Elle se débattait en pleurant, appelait miss Loewy entre deux sanglots. Mais personne ne venait. Personne.
Bientôt, elle n’appela plus, laissa son corps mourir dans les bras de Meven. Elle pleurait, pleurait, pleurait. Elle pleurait pour ce père qu’on lui arrachait.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
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16 août 2019, 23:53
Descente aux Enfers  solo   RPG+ 
Elle n’avait cessé de pleuré, attirant sur eux de nombreux regardes, certains moqueurs, d’autres peinés. Meven la gardait contre lui, accueillait son immense peine comme l’aurait fait un véritable ami. Un frère. Il l’enserrait comme on enserrait une dragonne prête à s’envoler. En réalité, il la gardait près de lui pour qu’elle ne s’effondre pas. Ses jambes ne la soutenaient plus, elle faiblissait a vue d’oeil.

« - Ils n’ont pas tous été enfermé, murmura Meven. Tout le Ministère n’a pas été jeté à Azakaban, c’est certain. Il y aura toujours des gens pour se battre.

Alice ne répondit pas, elle en était incapable. Tout ce qu’elle voulait, c’était sombrer dans un sommeil éternel pour ne plus sentir son coeur qui serrait dans sa poitrine. Elle ne voulait plus rien ressentir, elle voulait mourir. Se soustraire à ça, retourner dans le temps et arracher son père au Ministère. Le sauver.
Seulement ne jamais vivre ça.
Petit à petit, Meven se penchait pour asseoir Alice. Son petit corps tremblait, secoué par sa respiration saccadée. Le sorcier finit par s’accroupir en face d’elle, cherchant son regard du sien. Elle ne le regardait pas, fixait ses genoux en essayant vainement de se calmer.
Finalement, Meven vint encadré le visage d’Alice de ses deux grandes mains, forçant cette dernière à le regarder.

- Il faut te reprendre. Je sais que ça fait mal mais…
- Non, tu ne sais pas. Tu ne sais pas du tout. »

Meven, redevenu silencieux, observait Alice. Ses yeux étaient bas, gonflés et larmoyants, son visage encadré par sa longue chevelure blanche, sa peau plus pâle que jamais. Elle aurait été effrayante pour n’importe qui, mais pas pour Meven. Lui restait là, et resterait là pour elle.

Alice se moquait qu’il soit là, ou non. Cela ne changeait rien à ses problèmes.
Ses problèmes.
Ce n’était pas les siens, mais ceux de son père. C’était lui qui était enfermé, pas elle. C’était lui qui dormait dans un endroit terrible, pas elle. C’était lui qui était seul, pas elle. Lui qui était entouré de criminel. Lui qui dormait dans la crasse. Lui qui ne mangeait pas à sa faim. Lui qui souffrait en silence.
C’était lui qui devait porter le fardeau qu’était sa loyauté. Pas elle.

Lentement, Alice se releva, forçant alors Meven à s’écarter d’elle. Sans conviction, elle s’éloigna, ignorant les regards qui se posaient sur elle. Elle ne parvenait pas à s’en préoccuper, elle n’arrivait pas à s’intéresser à eux. Elle se fichait des élèves.
Elle se fichait de tout.

Meven l’appelait, elle l’entendait, mais ne se retournait pas. La salle commune, il fallait qu’elle l’atteigne.
Il fallait qu’elle oublie.
Il fallait qu’elle meurt un peu plus.

• FIN DU RP •

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