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02 août 2019, 17:41
2 mai 44  OS 
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Aodren Bristyle
Serpentard
5ème année, 16 ans




Lundi 2 mai, 10h40
Grande Salle - Poudlard
3ème année



« T'es idiot de pas être venu ! dit Aodren en jetant des regards fébriles à l'autre jeune homme près de lui. C'était sensas' ! Et même si j'aime pas l'avouer, Peterson s'est vraiment bien défendue. Elle est vraiment pas agréable, mais sur le terrain ça doit être une super adversaire à affronter ! »

Le Serpentard agite ses mains devant lui pour appuyer ses propos, l'esprit rempli des images du match de la veille qu'il est allé voir pour soutenir son ami Jace, Gryffondor de son état. Il cesse de parler lorsqu'ils arrivent à proximité des escaliers menant au hall. Ils avalent les marches deux à deux ; ils sont en retard.

« Je m'demande si elle voudrait jouer avec moi, juste comme ça, continue Aodren, un sourire aux lèvres. Ce serait un bon jeu. » Les deux jeunes hommes empruntent le couloir menant au hall, leurs pas s'allongent. « Enfin, c'est une peste d'après Jace. Elle le porte bien d'ailleurs, c'est pas comme si elle donnait envie qu'on vienne lui parler. J'sais pas toi, mais moi ce genre de personne ça ne me donne pas du tout env... Putain, mais il se passe quoi ici ?! »

L'éclat d'Aodren résonne dans le couloir qu'ils viennent de quitter.

« Tais-toi ! » ordonne son ami en lui attrapant le bras.

L’ambiance dans le hall est électrique et leur noue l’estomac. A quelques mètres d’eux, derrière les corps figés de quelques étudiants, ils aperçoivent sans mal le visage blafard d’un petit garçon gisant au sol.

oOo


Aelle


Lundi 2 mai, 10h50
Grande Salle - Poudlard
3ème année


Mon esprit est arraché à son cocon de connaissance. Je me lève sans trop en avoir conscience, rangeant mes affaires à coup de gestes fébriles. Les Autres sont agités ; je ne comprends pas pourquoi. Je sais seulement que l'on doit se lever et se rendre dans la Grande Salle. Mais je n'en ai aucune envie, moi. Je veux continuer à écouter le cours, apprendre, ignorer les Autres, ne pas lever les yeux de ma prise de note effrénée.
J'étais plongé si profondément dans le savoir qui me nourrissait que j'en ai encore l'esprit tout endormi. C'est une sensation qui m'exalte habituellement, mais aujourd'hui elle me garde avec tant de force entre ses griffes que je peine à comprendre l'excitation qui règne autour de moi.

Je quitte la salle de classe avec tous les Autres, une moue déchirant mon visage. Je me fais bousculer, frôler, toucher. Ma main entoure ma baguette et mon cœur, lui, bat à toute allure dans le secret de ma poitrine. J'ai l'impression que la suite des événements ne me plaira guère.
Dans le couloir, la frénésie est plus grande encore. Je me laisse entraîner par la masse, secouée par une telle envie de disparaître que je ne suis même pas capable de le faire.

Nous prenons la direction de la Grande Salle. Il y a des grands, des petits, des professeurs autour de moi. Des têtes qui défilent, des voix qui crient, des corps qui poussent. Parmi tant de visages, je me demande comment je suis capable de tomber sur le sien. Pourtant, mes yeux s'écarquillent lorsqu'ils frôlent la face d'Aodren ; ma bouche s'ouvre dans un cri que je n'ai pas le temps de lancer. Aodren se rue vers moi, accompagné d'un grand mec blond. Il pousse tout le monde, distribue des regards noirs, des mots que je n'entends pas et peu à peu s'approche de moi.

Quand je remarque son air blafard, mon cœur s'échoue dans mon estomac.
Aodren n'est pas un menteur. Il ne ressent pas à moitié. Il a beau être ce qu'il est, je sais qu'il ne peut cacher la vérité. Et celle qui s'inscrit sur son visage n'est pas belle à voir.
*Moche*
Ouais. Il est moche son air effrayé. Merlin, pourquoi est-ce qu'il me fait si peur, alors ? Je n’ai pas le temps d’émettre la moindre hypothèse que mon grand frère se rue sur moi. Sa main s’enroule autour de mon bras et la force avec laquelle il me ramène contre lui me coupe le souffle.

« Viens Aelle, » dit-il sans un regard pour moi, m’entraînant dans le flot des Autres ébahis.

Perdue malgré moi, je me laisse faire pendant quelques mètres avant que sa poigne me fasse suffisamment mal pour me réveiller. Je me tords le cou pour apercevoir son visage, mais ce que j’y vois ne m’aide en rien : le jeune homme *l’homme* garde son regard braqué devant lui, ses yeux vert ressortant étrangement sur sa face blafarde. Il a vraiment une sale tronche ; il est même livide.

« Lâche-moi, » lancé-je d’une voix sans appel.

Le regard qu’il me lance me fige de l’intérieur. Je déglutis péniblement, supportant difficilement la noirceur de cette oeillade-là. Pour m’occuper, je me tourne vers son blond d’ami — que je ne connais pas —, mais les sourcils de ce dernier sont si froncés qu’il est plus effrayant encore que mon frère.

« C’est pas le moment, Bristyle, » qu’il me fait cet inconnu éberlué en nous dépassant pour nous dégager la route pleine d’Autres.

Aodren me tire toujours et moi je n’y comprends rien.

« Je m’en fous du moment, braillé-je, décidant de ne pas garder mon calme. Lâche-moi, merde ! »

Je tire sur mon bras et soudainement Aodren tire de l’autre coté. Je me retrouve tout contre lui, le visage dans sa robe. Je fronce le bout de mon nez.

« On va dans la Grande Salle, ok ? Tais-toi, c’est…. Tais-toi s’te plait et… »

A court de mot, le regard d’Aodren en devient tout larmoyant. Je baisse les yeux, terriblement gênée et déconcertée. En plus de ne pas être un menteur, Aodren est jamais à court de mots. C’est peut-être cette constatation qui me force à opiner du bec, les lèvres serrées : il se passe vraiment quelque chose.

L’effet est immédiat ; Ao’ me lâche et me pousse en direction des grands escaliers. Je me mets en marche le coeur battant trop fort. J’aimerai que mon frère m’explique mais je crois que j’ai peur de le voir pleurer. *Merlin, tout sauf ça*, supplié-je.
Je regarde autour de moi, courant à moitié pour suivre l’idiot qui sert d’ami à mon frère. Je remarque peu à peu des têtes toutes aussi blafardes que celles des deux Serpentards, des regards révulsés, des larmes qui coulent. Mais ce qui fait battre mon coeur un peu plus vite, ce sont les mots que j’entends. « … Mort… », entends-je en passant près d’un groupe de Grands figés, « … revenu à Poudlard… » m’informe une autre voix, « … Dai Hong X… », dit cette Poufsouffle au visage rond.

Nous arrivons dans le hall et Aodren me tire à lui pour que je me remette en marche. Pas le temps d’entendre ce qui m’a déjà noué l’estomac.

« Y s’passe quoi ? » demandé-je à Aodren.

« Plus tard, » me jette ce dernier en pénétrant dans la Grande Salle.

Je le suis et, comme s’il savait que je n’allais pas aimer, mon corps se fige de lui-même entre les deux portes. Mon regard plonge dans la salle et intègre instantanément une masse d’informations : étrangers, trop d’adultes, tables ont changé de place, ambiance de merde, agitation, chinois, chinois, chinois ; plus d’un chinois, seul nombre que j’accepte à Poudlard et qui correspond à la vieille flippante qui a débarqué en mars.

Mes yeux s’écarquillent en tombant sur Chu-Jung Xue et ses deux acolytes.

Ma tête dit non, mais mes lèvres ne bougent pas. La panique m'enserre la gorge lorsque je me retourne sur Ao' et que je saisis un pan de sa robe ; il ne me regarde même pas, ses yeux flippés se posent partout sauf sur moi.

« J'veux pas y'aller, soufflé-je. Ao', je veux pas y aller ! »

Je geins, je secoue Aodren. Quand il baisse enfin ses yeux sur moi, je m'attendais à tout sauf à y voir cette colère froide qui me foudroie presqu'autant que la vision de Chu-Jung.

« C'est pas l'moment ! qu'il m'assène, alors ferme-la un peu. »

Bouche bée, je ne peux rien faire d'autre qu'avancer lorsqu'il me pousse en avant. Sa main s'agrippe à mon épaule et sert autant à me guider qu'à m'empêcher de m'en aller.
Je l'aurais fait si j'avais pu.
*Chu-Jung*. Merlin, tout mais pas lui. Mais il est bien là avec sa face sérieuse, c'est bien lui. C'est bien Qiong, c'est bien Mei. Mon cœur s'affole dans ma poitrine et ma vision se floute. Je me laisse faire par Aodren qui finit par m'asseoir d'office sur un banc.

Perdue, je regarde autour de moi. Sur ma droite sont rassemblés les professeurs, la directrice et une troupe d'inconnus qui ont une tête d'étranger. Mon regard passe sur eux sans s'y arrêter ; je suis incapable d'observer quoi que ce soit, mes yeux se baladent d'un bout à l'autre de la salle. J'essaie de ne pas trop penser.
Près de moi, mon frère et son ami son silencieux. Et blafard. Comme moi. Ils observent froidement autour d'eux. Je me penche sur Aodren. « Il s'est passé quoi ? » je chuchote furieusement, car à leur tête je suis persuadée qu'il s'est passé quelque chose.

Ao' me lance un regard de biais. Toute colère a désertée son visage.

« Plus tard, » baragouine-t-il d'une voix sourde.

Sourcils froncés, je me demande ce qui peut bien le déstabiliser ainsi, lui le gamin qui sourit trop. La voix de Loewy m'empêche de me questionner d'avantage. Je tourne la tête vers elle. Comme toujours, elle préside avec prestance.

oOo


Lundi 2 mai 2044, quelques temps après la Transformation de Poudlard
Parc
3ème année


Le silence ne me fait pas du bien. Il coule autour de moi, me noue la gorge et me fait trop penser. Je ressasse, je pense, je me souviens. Mon coeur se serre dans ma poitrine et je suis incapable de l’empêcher de s’agiter furieusement. Comme s’il savait déjà que plus rien ne serait vraiment pareil. Comme s’il savait qu’il ne pouvait plus battre de la même façon maintenant. Et le silence me déchire l’âme ; je n’ai pourtant pas l’intention de m’en aller d’ici. Rien qu’à cette idée, mon estomac se contracte. Je veux rester le dos collé contre la pierre chaude du château, les yeux dans le vague, le bras de cette inconnue collé à moi.

« On fait quoi ? » chuchote la voix de l’Inconnue.

Je ne tourne pas la tête vers elle. Elle ne s’adresse pas à moi et de toute façon je suis bien trop perdue pour dire quoi que ce soit. Mon regard fixe la lointaine rive du lac — qui ne ressemble d’ailleurs plus à un lac. Les eaux sont encore agitées, mais elles tendent à se calmer. Je regarde dans cette direction pour ne pas voir les immenses arbres qui nous font de l’ombre. Je les devine tout de même à l’orée de mon regard, mais si je me concentre suffisamment je peux oublier qu’ils existent. Je peux cesser de sentir l’ombre qui me protège du soleil faiblard d’Ecosse et je peux même ignorer le balancement lointain et paresseux des feuilles. Si je me concentre assez, je pourrais même être heureuse, j’en suis persuadée. J’essaie même de l’être : je passe un moment avec mon frère, ses Autres d’amis pourraient même être faciles à oublier, et la magie qui frétille autour de nous est assez exceptionnelle pour m’occuper quelque peu l’esprit. C’est facile d’être heureux, alors pourquoi ai-je l’impression d’être au bord d’un précipice ? Si tout est rassemblé pour que je sois bien, pourquoi ai-je envie de vomir ? Pourquoi ai-je envie de me mettre à pleurer dans la seconde pour évacuer toute la tension qui rend mes épaules douloureuses ? Sans prévenir, ma gorge se noue ; la traite. Je déglutis difficilement et seule la voix du grand blond de tout à l’heure — apparemment, il s’appelle Yann ; c’est un prénom idiot — empêche les larmes d’atteindre mes yeux.

« On fait rien, qu’il dit. Y’a rien à faire. »

Sa voix est toute recroquevillée. Abandonnant ma rive, je me penche sur la gauche pour apercevoir son visage fin et blafard ; il ne regarde pas le paysage dévasté, lui. Non, il a la tête baissée sur ses chaussures et ses mains serrées autour de ses genoux. Il a l’air d’un tout petit enfant apeuré, il a pourtant l’âge de mon frère.
Mon frère.
Je me penche davantage. Il est à la gauche de Yann, avachi dans les bras sombres de Quétrilla. Ses yeux sont fermés, mais je devine les traces des larmes sur ses joues. Je mâchonne ma lèvre ; pourquoi est-il comme cela ? pourquoi ne me dit-il rien ? pourquoi a-t-il pleuré ? pourquoi ? Même moi, je n’ai pas pleuré et je suis la plus jeune. Cela signifie que je suis courageuse ? Je n’ai pas pleuré du tout quand j’ai lancé mon Incendio et que j’ai aidé à protéger le château, je n’ai même pas pleuré quand j’ai appris que l’hôpital de Maman pouvait être attaqué, même quand j’ai compris que le Chemin de Traverse où travaille Papa pouvait subir le même sort. Je n’ai pleuré à aucun moment. Alors pourquoi tous ces Grands ont des têtes d’enterrement ? Même Jace, tout près de moi sur ma droite, ne dit rien alors que d’habitude il a toujours une bêtise plus grosse que lui à proférer.

Je lève la tête sur l’arbre. Il est immense. J’ai peur qu’il tombe, un jour, et ne détruise le château. J’ai peur de me promener, un jour, et de tomber dans les eaux du lac. J’ai également peur que le piaf qui vit tout là-haut décide, un jour, que je serais un bon morceau à grignoter. J’ai peur d’aller dans le château, aujourd’hui, et de me retrouver face à Chu-Jung. J’ai peur d’avoir fait tous mes devoirs de ces derniers jours pour rien : et si les cours sont annulés ? et si les professeurs nous disent que les devoirs ne sont plus nécessaires ? Alors j’aurais travaillé pour rien — je déteste travailler pour rien. J’ai peur qu’Ao’ reste comme ça pour toujours, avec son air larmoyant et son teint blafard, j’ai peur qu’il ne veuille plus du tout me parler.
J’ai peur de tout un tas de chose.
Pourtant, je me sens entièrement vide. Comme si j’étais incapable de ressentir, de comprendre, d’avoir mal et réellement peur. Je sais que Poudlard a été attaqué. Je sais que le Ministère est tombé. Je sais que Sainte-Mangouste doit se protéger d’un grave danger. Je sais qu’on nous a protégé de ce même danger ; on en veut à nos vies, on en veut au château. Mais, par Merlin, je suis incapable d’y songer. Les devoirs, c’est réel. Le danger l’est moins.

Je culpabilise tout de même de m’inquiéter de mes devoirs lorsque je vois la tronche d’Aodren. Lui, il a vu quelque chose qui lui fait comprendre que le danger est réel.
« Vous avez tout vu, c’est ça ? » a fait Quétrilla à Ao’ et Yann lorsqu’elle nous a retrouvé avec Jace et l’Inconnue à la fin de la Transformation de Poudlard.
Incapables de parler, les deux garçons se sont contentés d’acquiescer et Ao’ a commencer à chialer. Pas comme un grand, le regard fixe et les yeux rouges. Non, comme un enfant : en sanglots.
« Vu quoi ? » j’ai demandé. Mais personne ne m’a rien dit. Il n’y a eu guère que Quétrilla pour me glisser un « Plus tard » préoccupé avant de nous emmener, moi et tous les autres, loin de la foule.

C’est dément. Et je ne comprends rien.
Ça a l’air d’être une grosse blague. Comme si tous les directeurs allaient se réunir et nous dire : on vous a bien eu ! Et vous nous avez cru ? Mais moi, je ne suis pas crédule. Non, non, il doit bien y avoir une raison. Personne ne ferait ça. Renverser un gouvernement, s’emparer du Ministère. Puis ça veut dire quoi, exactement ? Comment on peut s’emparer d’un lieu ? Et un conseil des sorciers, ça m’a l’air pas trop mal je pense. Peut-être que les adultes ont exagéré, peut-être que nous n’avons pas été attaqués. Peut-être ont-il paniqué trop vite.

Un soupir m’arrache à mes pensées. Jace se redresse, passe une main dans sa folle chevelure et fait quelques pas pour se placer devant nous. Personne d’autre ne réagit. Aodren fait son chialeur, Quétrilla regarde dans le vide, Yann est blafard et l’Inconnue a toujours son bras collé au mien.

« On y est pas vrai ? » demande Jace.

C’est débile de demander ça. Mais je ne dis rien, je le regarde sans bouger. Les Autres aussi. Je désespère que quelqu’un soit capable de faire autre chose que respirer lorsqu’enfin une réponse arrive.

« Il fallait s’y attendre. » C’est Quétrilla. Elle tient Aodren dans ses bras, mais elle observe désormais Jace d’un regard sombre qui n’est pas seulement dû à la couleur de ses prunelles.

« Ouais, c’est sûr, marmonne l’Inconnue, mais c’est pas croyable… »

Comment ça, c’est sûr ? C’est sûr qu’il fallait s’y attendre ? Mais je ne m’attendais à rien du tout, moi !

« Les choses vont changer, désormais, continue Quétrilla. J’crois que ce sera vraiment plus comme avant. »

Je n’ose pas ouvrir la bouche pour dire que je n’ai pas compris. Je n’ose pas poser de question, car aucun d’eux ne m’a répondu depuis qu’Ao’ est venu me trouver dans ce couloir. Je ne veux pas parler, car j’ai peur de comprendre que le danger est vraiment Là. Je crois que je préfère songer qu’ils sont tous fous.
Carrément dingues.
Le gouvernement n’est pas tombé. Il a seulement changé. Les gens ont peur du changement. C’est pour ça qu’ils paniquent tous ; même les chinois paniquent, même les autres directeurs paniquent. Ils sont tous aveuglés par ce qu’ils ont toujours connu et ils n’acceptent pas de voir que le changement n’est peut-être pas si mauvais que ça.
J’essaie d’oublier que le Ministère a été attaqué.
Que des gens sont morts.
Que Sainte-Mangouste a dû se cacher.
Que Poudlard a dû se Transformer.
C’est facile d’oublier ces choses-là. Bien plus que de croire en des événements qui paraissent improbables.

« Ça va aller, » dit Jace alors que ça se voit qu'il pense tout le contraire. Il porte un masque sérieux que je ne l’ai jamais vu revêtir. Il nous regarde tous. Même moi. « Ça sert à rien de paniquer maintenant, on verra bien demain avec la Une de la Gazette… »

Quand il se tait, le silence devient étouffant. L’Inconnue gigote à côté de moi.

« On devrait p’t-être envoyer un courrier à nos famille ? » demande-t-elle faiblement.

Les Autres acquiescent.
Moi, je me tourne vers Ao’ qui ne dit rien et il n’y a que le froid qui m'accueille. Je pense à Papa et Maman, à Zak', Nar' et 'Naël qui sont Dehors. Un froid immense m’engourdit les doigts et me donnerait envie de pleurer si je n’étais pas si détachée de moi même. Ce n’est peut-être pas une grosse farce, en fait. 

- Fin -