Un hululement annonciateur perça parmi les discutions et le chahut des élèves. Moment que la petite Delphillia n’appréciait plus vraiment depuis quelques temps et tout particulièrement depuis cette rentrée. Elle savait bien que son père ne pourrait plus lui envoyer de lettres et quant à sa mère, elle n’attendait plus de nouvelles de se part. Elle l’ignorait visiblement ne daignant même pas mettre un petit mot à la fin des lettres de son père qui pourtant signait pour deux.

Elle soupira bruyamment en baissant les yeux. C’était assez dur pour elle de voir les autres recevoir des lettres et les lire joyeusement malgré le contexte qui n’était pas des plus simples pour le monde sorcier. Aliénor baissa les yeux sur la table avant de sentir du mouvement autour d’elle. Elle ne voulait pas vraiment plomber l’ambiance alors elle se taisait. Elle plaça sa main sous son menton puis son regard balaya les tables et tomba sur celle de Serpentard ou comme toutes les autres maisons, les gens étaient plutôt heureux recevant leurs lettres. Son regard s’accrocha à un hibou qui ressemblait à Buho. Celui-ci lâcha un paquet au-dessus d’un blondinet. Aliénor ne put s’empêcher de ressentir de la jalousie pour ce garçon. Son visage ce déforma alors qu’elle fixait le garçon certainement trop indiscrètement et trop fixement. Aliénor se leva pour sortir de la grande salle. Mais au lieu de faire le voyage normal, sans vraiment s’en rendre compte, elle passa par la table des Serpents. Toujours en fixant le blond, certains la dévisageaient étrangement alors qu’elle passait entre le mur et la table de Serpentard. Mais elle n’y accordait pas vraiment d’importance, la seule chose qui la dirigeait, c’était ce garçon qui avait ce hibou si semblable à celui de son père mais qui lui, avait reçu une lettre. Alors qu’elle arrivait à sa hauteur, elle détacha ses yeux de lui et sans vraiment concerter sa raison et son cerveau elle lâcha avec un ton monocorde :

-Il y en a qui ont de la chance…

Ça sonnait presque comme du dégout de la part de la fillette qui avait tant besoin d’avoir des nouvelles de sa famille si loin d’elle. Elle qui avait dû rester à Poudlard tout l’été, qui ne savait pas s’ils pourraient revenir en Angleterre et qui se questionnait tant sur son ressentiment vis-à-vis de sa mère.

Elle continua tout de même son chemin alors que certains regards se faisaient plus colériques autour d’elle. Elle regarda certains des visages avant d’hausser les sourcils en dénigrant totalement l’importance de ses minots. Son attitude était plus que déplacée, mais son cœur était réduit en miette par cette arrivée de courrier quotidienne. Arrivée à laquelle elle n’était jamais conviée. Cette blessure elle ne voulait pas la montrer au monde. Alors elle s’emmurait dans une enveloppe hautaine et coléreuse. De toute façon elle suivait sa nouvelle loi, celle de sa pièce et celle de faire comme bon il lui plaisait, elle n’avait plus personne au-dessus. Ses professeurs pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient, c’était comme si elle n’avait plus de parents et donc plus son autorité suprême. Libre comme l’air et triste comme la pluie.

Alors qu’elle continuait en direction de la sortie pour calmer un peu ce sentiment de jalousie et de nostalgie qui montait en elle, elle fut arrêtée dans sa marche par une voix inconnue mais un visage qui ne le lui était plus. Le garçon qui lui avait volé Buho et son courrier. Voilà le raccourcit que venait de faire son cerveau d’adolescente en perdition. Ses yeux se plantèrent dans ceux du garçon alors qu’elle arrêtait de marcher visiblement excédée de devoir faire attendre le néant qui l’attendait au dehors. Il n’avait rien fait, rien du tout, en soi il n’y était pour rien, c’était juste l’humeur, le moment et le manque qui faisait agir Aliénor ainsi. Elle essayait de ne rien laisser transparaitre, mais pour qui la connaissait, il lirait déception et colère dans son regard. Déception de ne plus pouvoir recevoir de lettres de son père et colère que sa mère l’écarte toujours et encore de sa vie. Mais pour quelqu’un qui ne la connaissait pas, elle devait juste avoir l’air mal lunée.

-Laisse-moi tranquille, j’ai pas le temps. Va lire ton courrier et ne me dérange pas.

Elle ne faisait aucun effort pour se ressaisir, aucun. Mais elle ne voulait pas vraiment parler à quelqu’un maintenant et surtout expliquer qu’elle était juste totalement jalouse de l’amour que ce garçon avait pu recevoir par ce courrier et qu’elle ne recevra pas. On a beau faire le dur à dire que l’amour c’est niais, au fond on a toujours besoin de ce soutien parental qui lui faisait carrément défaut.

Son regard analysa le garçon en glissant le long de son corps avec une lenteur assez gênante mais totalement maitrisée par la fillette. Pourquoi diable ce tenait-il devant elle ? Elle fronça les sourcils alors que ses yeux revenaient vers le visage du garçon avant de se lever au ciel dans un soupire. Son comportement n’avait rien d’amical, et après on disait que les Poufsouffle étaient des gentils ? Quel doux portrait elle peignait des Poufsouffle pour ce Serpentard… Mais peu importe, ce n’était ni le moment, ni le jour visiblement pour venir lui demander le pourquoi du comment de ses réactions qu’elle-même déplorait.

-Si c’est tout…

Elle recommença à marcher essayant de garder la tête haute malgré toutes les questions qu’elles se posaient depuis cet été. Comment ils allaient là-bas en Espagne, comment était la maison, qu’es ce qu’il allait se passer ensuite ?
En fait, elle voulait simplement fuir avant d’exploser et s’il continuait, c’est son interlocuteur qui allait se prendre cette explosion en pleine face. Et une Aliénor qui explose ce n’est pas beau à voir, elle n’aimait pas cette partie d’elle-même qui pourtant grandissait au moins aussi vite qu’elle si ce n’est plus.

Sa voix dégageait un peu trop de timidité à son goût ou pour la situation mais il ne le faisait pas exprès, il avait toujours été comme cela et il était incapable de le contrôler. Mais ce n'était surement pas ce qui allait faire changer d'avis sa camarade, surtout qu'elle ne semblait pas prête à arrêter de le regarder bizarrement. Elle le regarda fixement des pieds à la tête sans qu'Alexei ne comprenne ce qu'elle cherchait à voir ou à comprendre chez lui. Bon d'accord elle n'avait vraiment pas l'air bien. Il ne savait pas ce qu'il se passait mais il avait côtoyé suffisamment de gens pour savoir qu'il y avait autre chose qui se cachait derrière son apparence de colère, même s'il ne savait pas quoi. Elle avait visiblement hâte de partir. Mais et puis zut pour une fois il avait envie de comprendre ! Il en avait assez d'être celui qu'on pouvait utiliser comme on voulait et partir sans rien dire et il ne comptait pas se laisser faire cette fois. Il avait besoin de comprendre, de savoir pourquoi elle l'avait choisit lui, s'il y avait vraiment quelque chose chez lui, quelque chose qui n'allait pas comme on le lui avait tout le temps expliqué. Il emboîta le pas à la Poufsouffle.

La fillette poussa un profond soupire en passant une main dans ses cheveux. Elle était visiblement tombée sur la personne la plus têtue de Poudlard. Exactement ce qu’elle voulait éviter. Elle ralentit la cadence afin de le laisser venir à son niveau. Il ne manquerait plus qu’il se foule une cheville et qu’elle soit encore prise pour une fille violente envers les plus jeunes. Ça avait déjà été le cas avec Ethan cette année et elle ne voulait pas non plus qu’on la prenne pour une méchante. Elle ne l’était pas, ce n’était juste pas le bon moment.

Elle jeta un regard en diagonale au garçon avant de lever les yeux au ciel. Elle n’allait pas s’en débarrasser si aisément visiblement. Il était de toute façon hors de question qu’elle reconnaisse sa jalousie donc elle allait lui servir quelque chose de bidon, mais vu sa capacité de mensonge, ce n’était pas gagné.

-C’est juste…

La fin de sa phrase s’évanouit dans sa gorge. « Juste » ? Comme si c’était si simple. Mais rien n’était simple, elle voulait revoir ses parents, sa mère lui manquait mais elle lui en voulait et tout ce bordel au Royaume uni qui empêche ses parents de revenir. Il n’y a rien de simple dans ce monde. C’est un monde d’adulte et Aliénor s’y enfonce. Elle qui ne voulait pas devenir comme ça, elle y était en plein dedans.
Elle s’arrêta net alors qu’ils n’étaient plus très loin de la sortie.

-Tu comprendrais pas de toute façon… T’es trop…

Sa conscience lui cria d’arrêter là. Ce n’était pas vraiment le moment d’insulter les autres. Et même si la fillette avait une tendance à juger rapidement les autres, elle avait appris à ne pas forcément s’arrêter à ce jugement. Elle laissa donc sa phrase ainsi en tournant la tête vers la grande porte de bois massif qui la séparait de la liberté. Tout ça à cause d’un fichu hibou. Il ne pouvait pas ressembler à un autre hibou aussi lui ? Non il était obligé de lui rappeler que Buho ne viendrait plus et basta. Aliénor laissa échapper un grognement ravalant les quelques larmes qui voulaient s’évader de ce corps. Hors de question de montrer de la faiblesse, pas face à lui, pas face au monde.

Elle se redressa avalant sa salive qui était légèrement acide et toisa le garçon. Pourquoi diable avait-il tant besoin de savoir pourquoi elle se comportait ainsi. Il y avait bien plus étrange qu’elle dans ce château et on les laissait vivre. Alors pourquoi elle, le jour où ça ne va pas on vient la faire chier. Il aurait pu venir la voir n’importe quel jour, mais aujourd’hui elle est fragile et instable, elle est blessée et elle risque de se laisser transporter par sa colère bien trop facilement.

Elle leva les yeux au ciel en soupirant. Elle était visiblement en train de perdre son temps, mais elle l’avait bien cherché non ? Oui, certainement. A sa place elle aurait une réaction du même genre, ou pas, elle n’en savait rien et elle n’avait pas vraiment envie de réfléchir à ça.

-T’as rien fais.

Sa voix claqua autour d’eux malgré que les discussions des autres produisent un brouhaha les protégeant d’un scandale de trop qui alimenterait un peu trop les potins de l’école. Elle se passerait bien de ce genre de rumeurs alors s’il pouvait la laisser rapidement.

-Et oui ça va, si t’as envie de taper la discut’ à quelqu’un choisi quelqu’un d’autre. Et si tu veux vraiment tout savoir, tu ne comprendrais pas parce que tu ne me connais pas, t’es trop naïf et certainement trop crétin comme cette fille de ta maison.

Mettre tout le monde dans le panier, voilà qu’elle se mettait à faire ce qu’elle détestait. En fait elle ne savait absolument pas ce qu’elle disait, elle ne le connaissait pas non plus, du jugement purement hâtif. Le type de jugement qu’elle faisait souvent et qui la plus part du temps étaient totalement faux et vraiment à côté de la plaque.
Il est vrai qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer quelques Serpentards qui l’avait énervé au plus au point et ce de manière totalement légitime. Aujourd’hui, elle avait juste affaire à un lourd. Mais les deux filles de cette maison qu’elle avait pu voir étaient juste… Horribles.

Mais bon, il n’était jamais agréable de se faire juger par une réputation erronée de sa maison. Il risquait de le prendre mal, de moins, Aliénor l’aurait mal pris. Rien de ce qu’elle faisait en ce moment n’était réfléchi ou même représentatif du naturel de la fillette. Elle sentait bien qu’elle devait se calmer, mais tout ici l’en empêchait.
Les voix de ses camarades s’élevant avec plus ou moins de force dans la salle, les regards qui se portaient sur le duo debout devant la porte, quelques ricanements ou gloussements qu’elle pouvait percevoir et deux Gryffondor en train de faire joujou avec un souafle ce qui rythmait de manière cacophonique le doux capharnaüm autour d’elle.

Elle secoua la tête en fronçant les sourcils essayant de faire abstraction de ce qu’il pouvait se dérouler autour d’elle. Mais maintenant même la tête blonde de ce Serpentard rimait avec énervement.

-T’es satisfait de tout savoir ? Voilà c’est cadeau.

Un faux sourire barra son visage alors que ses yeux exprimaient vraiment l’absence de sentiments que lui apportait cette discussion. Elle était aussi chaleureuse qu’une pierre tombale et dégageait autant de sentiments qu’une porte de prison. Vraiment quand elle était dans ses mauvais jours il n’y avait rien à faire, il fallait mieux la laisser tranquille.

Aliénor soupira exaspérée par ce qu’elle avait en face d’elle. Son pieds tapait un air inconnu sur le sol qui au vu du rythme aurait pu s’apparenter à du métal moldu. Du moins quelque chose qui traduisait son besoin d’aller exploser quelque part. Il n’avait vraiment rien fait, c’était juste son hibou qui ressemblait trop à celui du père d’Aliénor. C’est juste qu’en ce hibou elle voyait cette incapacité de ses parents à faire quoi que ce soit pour que tout s’arrange, pour que Claire sorte de son mutisme, pour que l’enquête de la police moldue avance, pour qu’ils puissent revenir à Bristol et que la vie d’Aliénor reprenne son cours normal.

Elle arqua simplement un sourcil à la remarque de son camarade. Il cachait donc un semblant de caractère ? Aliénor n’en avait rien à faire de sa réputation ou de celle de sa maison. Il pouvait bien penser ce qu’il pouvait, ça lui ferait une belle jambe. Sauf si un jour il devient joueur de Quiddtch, à ce moment-là, elle se ferait un joyeux plaisir de le démonter à coups de cognards. Mais elle avait autre chose là de suite maintenant. Elle devait aller dans le parc, ou à la volière pourquoi pas, pour aller calmer cette boule de colère qui grandissait, sentiment accentué par sa condition de femme qui lui rappelait chaque mois au combien elle pouvait être encore plus chiante que ce qu’elle l’était. Elle leva simplement les sourcils avant de voir le garçon faire demi-tour.

Elle laissa échapper un « Enfin » avant de se retourner à son tour et de marcher vers la sortie la tête haute. Elle ne se sentait pas le moins du monde rabaissée. Non ce sentiment ne pouvait être provoqué uniquement par les personnes qui comptaient pour elle qui étaient peu nombreuses au château. Et même si sa colère était clairement visible, elle n’était absolument pas attristée ou blessée par les mots du garçon.

De toute façon, Aliénor et les relations avec les humains ce n’est pas trop ça. Ni avec les bestioles d’ailleurs, elle est très bien sans tous ses tas de choses autour d’elle. Une idée germa dans son esprit. Voler. Voilà qui lui faisait toujours du bien, elle partit donc en direction du terrain d’entrainement pour se défouler et par la même occasion s’imaginer défoncer la jolie petite gueule d’ange de ce Serpentard collant et à demi-caractère. Elle l’avait cherché en soi, être mauvaise n’est pas dans les habitudes de la fillette, mais il y a des jours comme ça, où il vaut mieux s’abstenir de communiquer avec elle. Ce qui est plus rare que ce que l’on peut penser. Finalement, ce garçon aura eu l’honneur de rencontrer une Aléinor peu connue du monde. Une chance… Ou pas.

Fin du RP pour moi! Merci à toi!

Terminé pour moi aussi, merci à toi !