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08 janv. 2020, 22:11
 Table Gryffondor  Ça s'en va et ça revient  CdC 
JANVIER 2045
@Ruby Everheart
RPG+



Arya n'avait certainement pas la tête à manger. Tout Poudlard s'était attablé pour déjeuner, elle comprise, mais elle ne savait pas très bien ce qu'elle faisait là. Loin de lui faire envie, les nombreux mets présents sur la table lui donnaient envie de vomir. Elle pourrait presque entendre sa mère lui répéter qu'elle devait manger, que c'était important, que son corps en avait besoin. Pourtant, Arya ne reconnaissait plus son corps. Voilà déjà plusieurs semaines que le bal d'Halloween était passé ; elle aurait dû oublier l'évènement, le ranger dans un coin de sa tête pour ne plus en entendre parler. Elle savait qu'elle devait le faire, pour son bien. Pour que les cauchemars cessent. Mais elle n'y parvenait pas. Elle était complètement impuissante face au regard de cet élève qui lui avait asséné ces coups dans l'estomac, cet élève sur lequel elle avait eu la bêtise de sauter dessus. Elle ne pouvait s'en vouloir qu'à elle-même. C'était elle seule qui avait pris la décision de ne pas rester en sécurité dans l'ombre, c'était son propre corps qui s'était approché discrètement de lui et qui avait commencé la bagarre.

Cependant elle ne parvenait pas à s'en remettre aussi bien que les autres. Autour d'elle, les élèves semblaient avoir oublié ce qu'il s'était passé, comme si cette catastrophe était devenue sujet tabou. Mais Arya avait besoin qu'on en parle. Elle avait besoin de ne plus de sentir seule par rapport à cette nuit-là. Était-elle donc la seule qui y pensait encore jour et nuit ? Même dans ses rêves, elle ne trouvait pas de répit. Elle ne dormait donc plus beaucoup depuis plus d'un mois, et des cernes avaient élu domicile sous ses yeux fatigués. Autant dire qu'elle commençait mal l'année. Il était difficile de faire pire en termes de résolution, la seule chose qu'elle souhaitait étant de trouver un peu de repos. Mais ses démons ne la ménageaient pas.

Elle aurait pu rivaliser avec Nick Quasi-Sans-Tête ; elle ressemblait à un fantôme, au milieu de la table des Gryffondors. Elle ne bougeait pas, se contentant d'observer la table sans dire un mot. Contrairement aux autres, les vacances ne lui avaient rien fait oublier. Entendre ses sœurs parler de cette soirée avait été une torture. Elle aurait mille fois préféré qu'elles ne fussent pas au courant, à vrai dire.

La Gryffondor inspira un grand coup, le temps de quitter ses pensées, et tendit une main légèrement tremblante vers une tarte à la mélasse qui ne la dégoûtait pas trop. Mais alors qu'elle allait en prendre une part, sa main flancha et la tarte entière s'écrasa sur la table, répandant toute la mélasse sur la table. Les élèves alentours tournèrent furtivement la tête vers elle, et elle tenta de ne pas y prêter attention. Elle murmura simplement dans un souffle agacé que certainement personne n'avait entendu :

- Ça va, j'ai pas fait exprès...

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

11 janv. 2020, 22:21
 Table Gryffondor  Ça s'en va et ça revient  CdC 
Ruby n'avait pas participé au bal d'Halloween, qui s'était déroulé il y avait deux mois déjà. Un bal ! Cela aurait dû lui plaire, pourtant ! La petite se débrouillait bien lorsqu'il s'agissait d'aligner des pas en cadence, elle connaissait la valse et tout un tas de danses de salon, qui ne lui étaient utiles qu'à de rares occasions.

Mais la fillette ne s'était pas sentie assez "légitime" pour y prendre part. Elle se rabaissait toujours au statut de Nouvelle, et se fondre dans une masse d'Anciens ne lui plaisait pas. Trop intrusif.
Alors Ruby avait laissé tomber l'idée, et le bal avait débuté sans elle. Dans une bonne ambiance, au début, d'après les retours que la jeune Everheart avait eus autour d'elle. Puis les évènements s'étaient enchaînés, jusqu'au plus dramatique, et les faits avaient marqué l'enfant. Elle aurait pu y être. Elle aurait pu faire partie de ces victimes. Elle aurait pu se retrouver cible d'un sort, jeté volontairement ou non. Tout était arrivé au cours de cette soirée.

Everheart avait entendu dire qu'une élève avait été agressée. Non, torturée, et par une autre élève en plus. Une troisième s'était faite rouer de coups dans la bagarre. Plusieurs blessés, beaucoup. Dont un professeur, le même que la fillette avait rencontré avant l'incident. Dix jours plus tôt, en fait... Il s'agissait de monsieur Penwyn, et Ruby avait été touchée intérieurement quand elle avait appris la nouvelle. Parce qu'elle lui avait parlé, qu'il avait été si gentil avec elle, et qu'elle ne concevait pas comment un homme aussi fort et robuste s'était fait atteindre. La petite espérait qu'il se remettrait rapidement.
Quant aux dégâts... Dégâts matériels, oui, mais aussi psychologiques. Qui était présent dans la salle ce soir là ? Qui aurait pu imaginer à quel point ce bal enfantin allait perturber, secouer chacun des participants, et plus encore ?

"Là-bas, ça aurait pu être moi..."

Ruby se sentait mal, elle avait froid. Et elle se retrouvait là, assise à la table des Lions, un plat qu'elle avait à peine touché devant elle. Pas faim. Deux mois plus tard, oui, elle y repensait. La tête troublée, alors qu'elle n'avait même pas assisté aux tragiques évènements. Des frissons lui parcouraient le corps, lui tordaient le ventre.
Et alors qu'elle pensait déjà à remonter, à se rapprocher du feu brûlant dans le Salon des Gryffondor, un son mat la ramena brusquement dans la Grande Salle. Il provenait de la fille assise en face d'elle,
Ruby la connaissait de vue, pour l'avoir croisée en Salle Commune. Comment s'appelait-elle, déjà ? Ery...?
Arya.

Pour l'instant, sa main reposait dans une assiette de tarte à la mélasse, du moins ce qu'il en restait. Son bras avait visiblement lâché, provoquant le fracas. La blondinette s'aperçut qu'elle-même avait été aspergée par les éclats de nourriture. Gluants, écœurants, pourtant la petite refoula son dégoût. Ses doigts fins attrapèrent le mélange poisseux pour le retirer, mais les jolies boucles portaient toujours la trace du plat collant. Ruby fit la moue un instant, secoua la tête avant de reporter son attention vers Arya. Elle souffla quelques mots à l'intention de ceux qui grognaient, mais Everheart n'en comprit pas le contenu. Etait-ce la raison de sa faiblesse soudaine ? Peut-être.

Mais alors que les Autres détournaient le regard, occupant leurs pupilles avec un nouveau jouet visuel, Ruby laissa traîner le sien sur le visage de la brune. D'une détresse et d'une pâleur infinies.


Hé... Ça ne va pas ?

Elle s'était retenue juste à temps de dire « Ça va ? ». Parce que, non, ça n'allait pas. Et Ruby n'était pas de celles qui prononçaient des mots faux pour adoucir la réalité.

these violent delights have violent ends

12 janv. 2020, 22:07
 Table Gryffondor  Ça s'en va et ça revient  CdC 
Sa maladresse en avait dérangé plus d'un. Arya leur jeta un regard noir chargé de haine. Certes, il y avait maintenant de la tarte partout, mais ce n'était rien comparé à ce à quoi elle était en train de penser. Les élèves étaient-ils donc tous aussi immatures pour grogner ainsi devant une chose comme celle-ci, alors qu'il y avait bien pire dans la vie ?

Peu importait, mais à présent, elle n'avait plus du tout la moindre envie de manger. En fait, elle avait même très envie de sortir de table et de retourner dans son dortoir jusqu'à son prochain cours. Mais elle savait que ce faisant, tout le monde la verrait se lever et elle ne souhaitait pas attirer l'attention plus que ça. Elle baissa la tête, pinça les lèvres et resta donc immobile, attendant que les élèves autour d'elle reportent leur attention sur autre chose.

Non loin d'elle, quelqu'un demanda à quelqu'un d'autre si ça n'allait pas. Arya ne releva pas la tête, persuadée qu'on ne lui parlait pas. Si les gens ne s'occupaient déjà plus d'elle, tant mieux. Cependant, alors qu'elle guettait la réponse de du deuxième interlocuteur, seule le silence répondit à la question. Arya risqua un coup d'œil en face d'elle et découvrit que c'était en réalité à elle qu'on parlait. Il s'agissait d'une fille aux longs cheveux châtains ondulés. Elle croisa ses yeux et se noya dans un océan de bleu.

Son visage lui disait quelque chose. Elle l'avait déjà vu, elle en était certaine. Mais elle avait toujours cette manie de ne pas retenir les visages qu'elle voyait au quotidien. C'était une Gryffondor, pour sûr, peut-être l'avait-elle croisé dans la salle commune. Soudain, la lumière se fit. Elle l'avait déjà vu à la Cérémonie de Répartition des premières années, en Septembre ! Elle releva complètement la tête, enfin certaine de l'identité de son interlocutrice. Inutile de tenter de se souvenir de son nom, elle était certaine qu'elle ne l'avait pas retenu.

Qu'est-ce qu'elle avait demandé, déjà ? Et pourquoi lui adressait-elle la parole ? Elles ne se connaissaient pas. La Gryffondor fronça les sourcils une demie seconde, réfléchissant. Elle lui avait demandé si ça n'allait pas, voilà. Certainement parce qu'elle avait fait tomber la tarte. Elle aussi en avait reçu sur elle. Peut-être voulait-elle en rajouter une couche et lui exprimer sa colère ? Pourtant, le ton qu'elle avait employé ne prédisait rien de tel. Au contraire, il incitait à la confidence, et Arya se demanda une nouvelle fois quelles étaient ses intentions.

- Non, non ça ne va pas, grommela-t-elle en croisant les bras et en détournant le regard.

Les mots étaient sortis tous seuls, comme par magie. Sauf que personne n'avait utilisé sa baguette. Elle reporta son attention sur la première année. Elle n'avait pas l'air de vouloir se moquer d'elle.

Arya était agacée et nageait dans une mauvaise humeur, mais elle se força à souffler pour que ses prochaines paroles ne soient pas percées par l'irritation. Elle n'avait rien demandé, après tout.

- Dis... T'étais au bal, toi ?

C'était certes direct, mais parfaitement du genre d'Arya, d'aller droit au but. Le regard qu'elle adressa à la fille ne contenait plus une once de colère, seulement de la curiosité et un mal-être dissimulé.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

21 janv. 2020, 09:46
 Table Gryffondor  Ça s'en va et ça revient  CdC 
Excuse-moi pour ce retard...

Elle avait employé un ton doux en s'adressant à Arya. Il s'agissait de la mettre en confiance, sans aucune arrière-pensée hypocrite. Ce n'était pas le genre de Ruby. Une attitude plus directe aurait sûrement brusqué Arya, qui se serait braquée peut-être. Elles ne se connaissaient presque pas, enfin ! Qu'aurait bien pu pousser la brune à se confier à elle, mis à part le poids de son tourment ?

Les chuchotements autour des deux Gryffones avaient repris, mais impossible de discerner si certains étaient moqueurs envers la brune. Ruby fut soudain prise de colère en voyant les regards furtifs de quelques voisins de table, agitée par l'envie folle de défendre sa camarade. A nouveau, il vint à l'esprit de la fillette que cela aurait pu lui arriver - ne s'était-elle pas écroulée à la table voisine, le lendemain de la rentrée ?
Chacun avait ses moments de faiblesse, et la petite s'était trouvée là pour le Moment d'Arya. Alors pas question d'entendre ne serait-ce qu'un seul commentaire désagréable, de la part des Autres qui les entouraient.

Mais au fond... L'autre Gryffone portait un poids, et était-ce vraiment à Ruby de l'en soulager ? Le doute s'empara de l'enfant, l'espace d'une seconde. Une seconde durant laquelle la brune leva les yeux, les plantant dans les siens.
Et quand leurs regards se rencontrèrent, Everheart eut la conviction que son choix de lui adresser la parole était le bon. Elle avait bien fait, c'était tout ce qui comptait.

Tandis que l'autre fille se dérobait, la nuque de la petite se courba, si bien que ses yeux restèrent fixés sur les bouts de mélasse gluants qui faisaient tache sur le bois fripé. Elle attendait patiemment qu'Arya parle, et cette dernière le fit en grognant un peu. Son hypothèse devenait certitude : quelque chose la troublait. Mais quoi ?

Ruby fut bien surprise quand la brune aborda ensuite le sujet du bal d'Halloween. Elle mit même un certain temps avant d'émettre sa réponse. Avait-elle lu dans ses pensées, au point de deviner que les évènements la tourmentaient aussi ? Aussitôt, Everheart se reprit, son idée était bien trop saugrenue.


Non, j'étais pas là mais...

Elle soupira doucement, expirant toutes ses incertitudes au visage de l'Autre.

Mais ça m'a touchée, tu sais. J'ai entendu des choses, vraies ou fausses... J'ai fait... Elle hésita. ... des cauchemars... Alors que non, j'y étais pas, mais c'est comme si j'avais vécu les évènements. C'est difficile de te le décrire.

Et à mesure que Ruby parlait, ses mains s'agitaient en même temps pour appuyer ses dires, se refermant parfois ou se crispant un instant. Elle revivait ses souvenirs, l'angoisse de la situation, et son regard devait avoir disparu dans les tréfonds de sa mémoire.

Je... J'ai paniqué les jours d'après, j'avoue, parce que je pensais que Poudlard était sûr. Je voulais de la tranquillité, pas du désordre.

Et ses yeux criaient à la brune : "Est-ce que c'est ça que tu ressens, aussi ? Dis-moi ?"

Et toi, t'y étais dans toute cette agitation ?

Brusquement, Ruby prit conscience qu'elle avait bien plus parlé qu'Arya. Ce n'était pas normal, parce que sa camarade en avait davantage sur le cœur. Après sa tirade, la Rouge et Or se tut, laissant place au Silence et aux explications d'Arya.

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21 janv. 2020, 21:29
 Table Gryffondor  Ça s'en va et ça revient  CdC 
Pas de soucis ;)

La plupart des élèves s'étaient détournés d'elle, mais certains la regardaient encore comme si elle venait de tuer quelqu'un. La fillette fit comme si elle ne s'en rendait pas compte et inspira profondément pour ne pas y penser. Avant elle n'aurait pas hésité à se lever et dire aux élèves alentours leurs quatre vérités, au risque qu'on la prenne pour une folle. Mais à présent elle était fatiguée, ne voulait pas s'embêter avec des choses aussi futiles. Sa flamme intérieure se serait-elle éteinte ? Non. Elle dormait simplement, affaiblie. Un jour, elle reprendrait de sa vigueur d'antan et rebrûlerait en elle.

La première année en face d'elle parut surprise qu'elle abordât le sujet du bal. Tout le monde l'avait donc déjà oublié, enfouit au fond d'un placard à souvenirs ? Tout le monde s'était donc passé le mot ? Était-elle donc la seule à le ruminer sans fin ?

Elle l'écouta attentivement quand elle se décida à se confier à elle. Arya en fut étonnée qu'elle lui parle si vite. Surtout de quelque chose d'aussi personnel et intime. À son expression faciale, elle devina que ce n'était pas quelque chose d'anodin pour elle. Cet évènement l'avait touché, alors qu'elle n'y était même pas... Arya n'avait pas mesuré l'impact aussi important. Elle savait que tout le monde l'avait vécu et ressenti différemment, mais elle devait avouer que jamais elle ne se serait demandé comment se sentaient ceux qui ne l'avaient pas vécu. Ses sœurs avaient l'air d'aller pour le mien, du moins à propos du bal, alors elle ne s'était pas posé la question.

Arya aurait aimé la comprendre, mais elle n'y parvenait que partiellement. Elle savait que cela faisait d'être hanté par un évènement où l'on n'était même pas présent ; elle s'imaginait le dernier soupir de son père tant de fois depuis sa mort.

Elle hocha la tête, respectueuse.

- Ouais. Moi aussi j'en fais des cauchemars.

Elle regretta immédiatement ses paroles. Quasiment personne n'était au courant qu'elle revivait le bal chaque nuit. Seulement deux de ses sœurs et Emy, qui l'avaient surprise se réveiller en criant. Si elle était déjà sujette aux mauvais rêves auparavant, c'était pire depuis le 31 octobre.

Le regard de son interlocutrice l'informa avant même qu'elle ne formule sa question qu'elle désirait connaître son vécu à elle aussi. Après hésitation, elle se lança, vérifiant que personne ne les écoutait autour d'elles.

- Ouais, j'y étais. Et j'ai fait un truc complètement débile. Du coup je me suis retrouvée chez les blessés. Rien de grave, mais... mais cet éclair blanc ne me quitte pas depuis.

Elle ne parlait au sens propre bien sûr. Le sortilège de découpe qui avait failli atteindre ses yeux lui revenait par images effrayantes. La Gryffondor en face d'elle n'allait certainement rien comprendre à ce qu'elle disait. Mais c'était elle qui l'avait abordé, après tout. Arya était incapable d'en dire plus.

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~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

25 janv. 2020, 18:43
 Table Gryffondor  Ça s'en va et ça revient  CdC 
Mots en gras pour la CdC

Depuis qu'elle avait baissé la tête, Ruby devait avouer qu'elle n'avait pas prêté grande attention à l'attitude d'Arya. Les yeux rivés sur les nervures en bois de la table, elle était ailleurs, là où elle n'aurait jamais voulu être. Everheart se débattait pour s'arracher ces affreux souvenirs. S'extirper de ce piège dans lequel elle était tombée naïvement. La Gryffondor se l'était elle-même tendu... Elle voyait les images plus clairement maintenant, et chaque seconde qui passait la rapprochait d'une réalité qu'elle n'avait jamais connue.
Enfin si, peut-être. Elle ne savait pas, elle était perdue, mais elle avait Vu.

Sa main remonta le long de ses mèches, en attrapa une pour l'enrouler autour de son index, comme elle le faisait bien souvent. Un signe de stress, sûrement indétectable par l'autre Lionne. Elle voulait se calmer, faire taire le battement accéléré de son organe vital.
Mais son doigt se figea soudainement lorsque la voix lui confia avoir des rêves sombres."Elle aussi, alors ?" Elle rejeta sa crinière en arrière, l'attention fixée sur son interlocutrice, et releva la tête. Son estomac pouvait crier, elle s'en moquait.
Une attention mêlée de tension, d'ailleurs. Qu'allait-elle lui révéler ? Ruby avait besoin de connaître sa version, de démêler le vrai du faux.
Elle cacha soigneusement sa déception quand sa camarade lui livra d'énigmatiques paroles, qui ne voulaient rien dire pour Ruby. Puis Arya se tut.

"C'est tout ?"

La brune avait parlé d'un éclair blanc. Ruby n'avait rien vu de tel dans les images colorées qui défilaient en son être. On aurait plutôt qualifié celles-ci de feu d'artifice - et pitié, faites qu'il s'éteigne. Elle ne saisissait pas, et la Gryffone n'avait pas l'air décidée à en dévoiler plus que cela. Mais à voir son visage assombri, impossible de lui demander davantage.

La solution à cette blessure, selon la Rouge et Or, c'était la parole. Le fait d'exprimer au grand jour ses émotions, son ressenti, la faisait immédiatement aller bien. L'apaisement, le seul outil qui leur restait pour que leur esprit guérisse. Du baume au cœur.


Hé, tu sais, ça va mieux après quand on parle des choses qui font mal.

Ruby le savait, elle n'essayait pas seulement de convaincre Arya, mais aussi elle-même. De se prouver que c'était terminé - mais comment y croire quand le passé la rattrapait ?
La fillette murmura :


Là, tout va bien, c'est fini...

Everheart ne trouva rien d'autre à dire, mais elle espérait qu'Arya comprenne le message, dans toute sa simplicité. Elle ne voulait pas en faire trop, même si le mal était immense. Depuis ce trente-et-un octobre, il ravageait leurs nuits, et plus encore.

Elle avait besoin de se confier, finalement. Quel sacrilège d'abîmer ainsi la vie tranquille de deux fillettes. Les voilà maintenant qui échangent sur leur mal-être commun.

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26 janv. 2020, 18:33
 Table Gryffondor  Ça s'en va et ça revient  CdC 
Arya observa son interlocutrice jouer avec ses cheveux, ne sachant quoi faire. Elle savait qu'elles avaient toutes deux besoin de se confier, mais elles se connaissaient à peine. Comment faisait-on pour parler de choses aussi intimes à une inconnue, surtout dans ce lieu où tant de gens pouvaient les entendre ? Pourtant, il suffisait d'un regard à la première année pour qu'Arya sache qu'elle pouvait lui annoncer toutes les bêtises du monde, elle la comprendrait. Alors pourquoi n'allait-elle pas plus loin ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à en dire plus ? Pourquoi les mots ne voulaient pas se formuler dans sa bouche, pourquoi ses cordes vocales n'agissaient pas ?

Arya continuait de la fixer dans les yeux, cherchant un moyen de contourner la barrière des mots. Ce qu'elle ressentait ne pouvait être soumis à une langue, à une grammaire, à une conjugaison. C'était bien plus profond. Elle tenta donc de communiquer avec ses yeux. Elle se remémora le soir du bal avec difficulté et raconta son histoire à travers son regard. La peur qu'elle avait ressenti, la douleur aussi. Elle ne se souvenait même pas pourquoi elle y était allée.

Tout du long, elle joua nerveusement avec ses doigts sous la table. Elle luttait pour ne pas partir en courant retourner dans son dortoir. Dans cette salle immense, au milieu de tous ces gens, elle ne se sentait pas bien. C'était trop grand, trop rempli, trop tout. Elle se sentait minuscule, faible, impuissante, et détestait cette sensation plus que tout au monde. Elle aurait voulu réussir à relever la tête, à réussir à toiser chaque élève du regard, comme avant. Mais ce jour-là, elle n'y parvenait pas.

Les mots de son interlocutrice qui, elle, avait une bouche qui fonctionnait, s'introduisirent dans son esprit, semant la zizanie à l'intérieur. Parler, elle voulait bien. Mais elle ne connaissait pas de mot assez fort. Elle réfléchit à toute vitesse, cherchant ce qu'elle pouvait raconter de plus. Des précisions. Oui, voilà ce qu'elle devait dire. Elle devait préciser. Elle fouilla dans ses souvenirs, se remémorant ce qu'il s'était passé avant que tout devienne flou.

- Quand les élèves déguisés en mangemort sont entrés, ils ont commencé leur petit manège et tout... et... je voulais pas rester à rien faire dans mon coin, alors je suis... j'ai sauté sur l'un d'eux. Je voulais le mettre à terre, hors d'état de nuire, mais... j'étais trop petite par rapport à lui, alors évidemment, il a pris le dessus, et il m'a pas loupé...

Elle se demanda s'il fallait qu'elle s'arrête là. L'explication suffirait certainement pour que son interlocutrice comprenne ce qui lui était arrivé, et elle se mordit les lèvres, en proie au dilemme. Elle pouvait le faire, elle en était capable, elle le savait. Il fallait juste qu'elle trouve le courage de le formuler.

- Il était en colère, alors il a pris sa baguette et m'a lancé un sortilège de découpe. Il visait mes yeux, mais comme j'ai bougé, il m'a juste frôlé la joue.

Elle s'arrêta là, le regard perdu dans le vide, en proie à ses souvenirs. Elle se força à respirer lentement pour ralentir les battements de son cœur.

Au bout d'un moment, elle se replongea dans les yeux de la première année, et demanda :

- Au fait, tu t'appelles comment ?

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~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

02 févr. 2020, 17:45
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Arya semblait en proie à un véritable dilemme : elle voulait parler, mais elle ne pouvait pas. Là s'arrêtait l'observation de Ruby, qui ne pouvait pas la comprendre davantage. Everheart en déduisait une fois de plus la raison : elle n'avait pas assisté au bal, et cette absence faisait toute la différence. Oui, voilà pourquoi la blondinette arrivait à se livrer si facilement : il lui était plus simple d'exposer à voix haute quelques images imaginées de toutes pièces, quoique inspirées de la réalité, contrairement à son interlocutrice qui avait Vu l'horreur de la situation.

La petite fille ne savait plus quoi faire pour combler le silence qui s'était installé après ses propres paroles, qui se voulaient réconfortantes. Et un profond sentiment d'inutilité vint frapper Ruby de plein fouet. Ce sentiment ne fissurait que rarement son amour-propre, l'atteinte en devenait donc plus forte encore. Un poids sur sa poitrine lui semblait maintenant faire son apparition, devant l'attente insupportable de la réponse d'Arya. Progressivement, cette dernière commença son récit, et Ruby fut impressionnée par sa volonté qu'elle n'avait jusque là pas soupçonnée.

Et l'étonnement de la Rouge et Or s'accentua lorsque sa camarade lui raconta comment elle avait voulu lutter contre ces Méchants. Elle avait fait preuve d'un sacré courage, admirable même. Et Everheart tenta de se mettre à la place de la combattante qui se tenait devant elle, au moment des évènements. La bagarre, ce n'était pas pour Ruby. Non pas qu'elle se sentait pacifiste, mais elle avait beau imaginer, la conclusion restait la même : jamais la fillette n'aurait eu sa témérité.
Elle ne voulait pas se représenter de telles circonstances. Et si ces évènements devaient arriver, ils arriveraient. Ruby ne pouvait rien contre le destin, et quand d'autres peinaient à l'admettre, cette notion était parfaitement ancrée en elle. Si ces évènements devaient arriver, elle improviserait, même face au danger.

Et tandis que ces réflexions l'assaillaient en silence, Ruby se rendit compte que la Lionne, qui méritait bien son nom, reprenait la parole. Et elle prenait lentement conscience des mots prononcés par Arya. Que dire, alors, devant ces actes infâmes qui lui donnaient la nausée ? Que dire pour calmer Arya, qui lui paraissait abîmée comme jamais ? Elle ne pouvait pas se contenter d'un simple « Désolée... ». Désolée pour elle, bien sûr que Ruby l'était ! Mais l'étendue du mot était bien trop faible pour apaiser la Rouge.
Everheart ressentit brusquement ce même dilemme qui avait désorienté Arya : elle ne savait pas quoi dire. Elle voulait, mais les mots ne passaient pas. Alors elle l'exprima.


Arya... Tu t'appelles bien Arya, hein ? J'aimerais bien trouver les bons mots pour nous guérir toutes les deux, même si je ne ressens pas tout à fait la même chose que toi. Mais on surmonte déjà ça ensemble, tu vois ?

"Enfin j'espère", pensa la fillette, presque inconnue aux yeux de l'Autre.

Oh, et moi c'est Ruby, termina celle-ci dans un demi-sourire.

Le vif du sujet avait été abordé, et aucun retour en arrière ne semblait possible. Mais Ruby n'en souhaitait pas un. Au contraire, il fallait avancer, et laisser tous ces mauvais souvenirs loin derrière, comme elle le faisait quand le Néfaste s'introduisait dans sa vie.
Elle avait réussi à intégrer mentalement cette pensée, doucement, mais Arya y était-elle arrivée ? Il lui semblait que la Grande Salle se transformait en Salle de Bal, avec tout ce bruit ambiant qui menaçait son crâne de la migraine.

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04 févr. 2020, 22:16
 Table Gryffondor  Ça s'en va et ça revient  CdC 
Arya caressait sa peau sous son œil gauche, là où le sortilège de découpe l'avait frôlé. Elle avait parfaitement cicatrisé, il ne restait aucune trace. Pourtant, chaque fois que la fillette portait la main à son visage, elle s'attendait à trouver une cicatrice. Mais sa peau était aussi lisse que s'il ne s'était rien passé. Pourquoi, si son corps avait oublié, sa mémoire n'était pas capable de prendre exemple sur lui ? Elle avait l'impression, chaque fois que quelqu'un la regardait, qu'il fixait cette cicatrice invisible. Mais elle était la seule à la sentir gravée en elle. Elle n'existait plus. Elle n'était réelle que dans son esprit. Elle devait se résoudre à la reléguer au second plan de sa vie, le plan des souvenirs. Ce n'était que son imagination puérile qui la tourmentait, or elle n'était plus une enfant. Elle se devait de reprendre le contrôle de ses émotions qu'elle peinait à maîtriser.

Cependant elle ne parvenait pas à se résoudre à retirer sa main de son visage. Geste anodin pour la plupart des élèves autour d'elles.

Quand son interlocutrice reprit la parole, sa main se figea sur sa joue. Elle l'écouta attentivement, et hocha la tête en signe de compréhension. Elle-même se savait complètement incapable de réussir à fournir des mots réconfortants à quelqu'un dans le besoin. Les mots semblaient si futiles dans ces cas-là. On avait inventé toute sorte de mots pour exprimer les sentiments, pourtant aucun ne parvenait jamais à décrire dans l'exactitude une réelle émotion. On disait qu'on était amoureux lorsqu'une centaine de sentiments nous poussait à les réunir en un seul mot, et on se disait désolé lorsque notre corps entier nous poussait vers l'empathie. Les mots étaient superflus, et ne visaient qu'à faire comprendre à un autre les milliers de pensées qui pouvaient nous traverser. Mais si les mots étaient si invraisemblables, à quoi bon en faire usage ?

- C'est vrai, approuva-t-elle avec un sourire.

Elle poussa un long soupir comme elle savait si bien le faire. Elle n'avait pas envie de continuer à se plaindre comme le ferait une enfant. Elle était une Gryffondor, que diable ! Elle pouvait très bien réserver ses démons intérieurs pour la nuit où, dans les dortoirs, elle s'empêcherait de dormir pour ne pas revivre la scène du bal.

Elle se força donc à étirer ses lèvres en une sorte de sourire qui devait plus se rapprocher de la grimace qu'autre chose.

- Enchantée Ruby. Désolée, j'ai une mémoire affreuse des prénoms, je m'excuse d'avance si j'oublie le tien.

Elle ponctua sa phrase d'un petit rire étouffé dans le but de détendre l'atmosphère. Allez, Arya, encore un petit effort pour balayer la morosité...

- Dire qu'il y a encore la famine dans le monde mais que moi je gaspille une pauvre tarte qui n'a rien demandé, constate-elle avec un nouveau sourire.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

09 févr. 2020, 22:28
 Table Gryffondor  Ça s'en va et ça revient  CdC 
Contre toute attente, le sujet du bal semblait s'éloigner, et Ruby devait avouer qu'elle en était soulagée. Et puis elle n'avait plus faim, les faits relatés par Arya avaient suffi à lui couper l'appétit. Rien ne la retenait plus ici, mis à part sa camarade Rouge, et elle rêvait désormais de franchir les portes de la Grande Salle. Se réfugier quelque part, être partout, sauf ici. Tout, sauf être assise sur ce pauvre banc qui n'avait pas demandé à supporter le poids de leur confidences.
Ruby devait aussi reconnaître que suivre son propre conseil lui avait été bénéfique. Mais Arya lui semblait toujours agressée par de violents souvenirs. Alors que cette dernière parlait, le regard d'Everheart était revenu se poser sur la Gryffone. Sa main était tout proche de son œil et... Est-ce qu'elle pleurait ? Oh non, non, il ne fallait pas pleurer ! Ruby ne savait jamais comment réagir face à une personne en larmes. Elle-même s'autorisait rarement à pleurer, et peinait à admettre qu'elle se sentait mieux après. Jamais elle n'aurait laissé couler des larmes ainsi, en public ! Son image ne devait renvoyer aucune faille.
Fallait-il la réconforter, alors, et comment ? Chacun avait ses préférences en la matière, certains détestaient qu'on les touche, comme d'autres aimaient les belles paroles. Une intuition venue de nulle part souffla à la blondinette qu'un banal contact ferait sûrement frémir Arya. Et Ruby avait déjà beaucoup parlé, tenté de rassurer son interlocutrice... Elle craignait maintenant d'en faire trop. Alors elle ne bougea pas, elle ne tenta rien. Et la vague d'inutilité fit son retour dans le cœur de Ruby, l'oppressant un peu plus de son écume néfaste. Elle devait paraître bien incapable. Ah, elle avait tant besoin de ce paraître, et Dieu ! qu'elle le détestait tout autant qu'elle le chérissait.

Étonnamment, Arya vint à son secours en approuvant ses dires, jetés à l'improviste. Son sourire s'accentua en voyant que sa camarade la comprenait : visiblement, Ruby avait su illustrer ce que toutes deux ressentaient. Elle remarqua alors qu'aucun sillon ne mouillait ses joues, et fronça les sourcils. Que faisait-elle alors, si elle ne pleurait pas ? La brune ne lui laissa pas le temps de se questionner davantage, interrompant le fil de ses pensées par un soupir. Etait-elle lasse, elle aussi ? En tout cas, la confidence sur sa mémoire arracha à la petite fille un sourire sincère. Everheart haussa les épaules gentiment, lui signifiant que sa remarque ne la blessait pas. De son côté, elle n'était pas prête d'oublier ni son nom, ni cette matinée.
De nouveau, Arya s'adressa à la blondinette sur un ton léger, pour les décrisper toutes les deux. Ruby lui demanda alors doucement :


Tu as... besoin d'autre chose ?

Fine proposition que Ruby lui faisait là : parlait-elle des tartes ? de soutien moral ? d'un besoin d'évasion, comme la petite en avait eu envie plus tôt ? À la Lionne d'interpréter son offre comme elle le souhaitait.

these violent delights have violent ends