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15 mars 2020, 20:53
Échec à la reine  PV 
RUBY, 11 ans
28 octobre 2044 16h09
Table des Gryffondor, Grande Salle, Poudlard


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•••

« Échec et mat ! »

*Argh*. Je crois avoir parlé un peu trop fort. C'est presque un cri de joie qui vient de s'extraire de ma gorge ; mais comment aurai-je pu le retenir ? Les Autres n'auront rien d'autre à contempler que ma joie, si leurs faces se tournent vers moi.

Ma reine se pose en H7, coincée entre mon pouce et mon index. Je la dépose délicatement, ce qui marque comme prévu la fin de la partie. Et puis j'attends, j'attends la réaction de mon adversaire. *Alors, t'en dis quoi d'ça ?*. Même si l'esprit de compétition est présent entre nous deux, c'est plutôt l'amusement qui domine, alors je souris pour adoucir la déception de mon partenaire.
Assise sur mon banc, je plante mes iris dans les siens. La mine légèrement dépitée, je sens qu'il a terriblement envie de baisser les yeux, pour comprendre l'issue du match. Comprendre comment nous en sommes arrivés à ce résultat, qui m'emplit désormais de joie. Je connais la réponse, moi, mais je ne la lui soufflerai pas. Il soutient cependant mon regard. Et mon esprit lance un *J'l'aime bien* dans mon être.
Une partie imprévue, qui a commencé au moment où j'ai sorti mon plateau d'échecs sur la table, pour en astiquer les pièces. C'est un jeu moldu, je n'ai encore jamais testé la version sorcière. Avant Poudlard, j'y jouais souvent avec ma sœur cadette : c'était l'une des seules choses qu'elle acceptait de faire en ma compagnie. Puisqu'y jouer ne demande pas d'être particulièrement loquace, cela arrangeait bien Amy, en froid avec moi. Mais quand l'une gagnait la partie en silence, l'autre la terminait souvent dans des larmes amères.
Lui s'est arrêté, interpellé par l'immobilité plus qu'inhabituelle des pièces et m'a dit « Tu joues ? ». Mon regard pétillant a suffi à le faire asseoir, et me voilà à le battre. *Est-c'qu'il regrette ?* s'interroge mon esprit une seconde.

Il faut dire qu'il y a cru jusqu'au bout *et moi aussi*. Je me mords la lèvre inférieure inconsciemment, tant je réalise l'inattendu que m'aura fait vivre cette partie. Remplie à ras bord de rebondissements, de doutes et d'une profusion de stratégies. Et c'est cela que j'aime dans les échecs : élaborer une réflexion dont on n'est jamais sûr de son aboutissement.

« Waouh, on dirait bien que t'as gagné alors. »

Mais il ne paraît pas fâché contre moi, simplement content d'avoir partagé ce petit moment en ma compagnie. Ces instants me sont rares, ces derniers temps, alors je savoure celui-là en douceur.
Par réflexe, je passe ma main sur mon front pour m'éponger un peu, mais mes pores sont tout secs ; tant mieux. Un mal de tête commence tout de même à poindre au niveau de mes tempes. Je tente de l'oublier en me focalisant sur mon partenaire. Celui-ci ouvre la bouche, ne me laissant pas le temps de lui demander ce qu'il fera ensuite. *Ca s'rait bien de r'faire une partie*, mais...

« J'dois filer, à une prochaine Everheart ! »

Je lui adresse un signe de la main alors qu'il s'éloigne, un sourire accroché à nos deux visages. Alors qu'il a déjà passé les portes de la Grande Salle, mon regard reste vague à l'endroit de sa disparition dans l'ombre. *J'fais quoi, maintenant ?*. Mes pupilles reviennent se fixer sur le plateau, et je m'aperçois que ma reine est couchée à l'horizontale en H7. Dans son empressement à filer, il a dû faire bouger le jeu et la pièce serait tombée. Alors que ma main fond en piqué pour la relever, je m'aperçois qu'une présence vient de me rejoindre. Ou bien ne m'en étais-je pas rendue compte plus tôt ; j'étais si concentrée sur notre partie que plus rien autour de moi n'existait réellement.

Avec étonnement, je découvre une petite blonde — d'un blond à me rendre jalouse — en train de me fixer. Dans un sursaut de recul, je ne lui adresse qu'un simple « Oui ? » presque craché : après tout, elle vient d'éclater la bulle d'Apaisement bordée de victoire qui m'entourait depuis un moment.

these violent delights have violent ends

17 mars 2020, 13:51
Échec à la reine  PV 
Un week-end d'octobre. Dans quelques jours, ce serait Halloween. À Poudlard, cette tradition était prise bien plus au sérieux que dans le famille de Jodie : tout le château était décoré à cette occasion, et un banquet accompagnait le jour tant attendu. Des citrouilles flottaient dans les airs, illuminées de bougies, certains personnages présents dans les tableaux se déguisaient, et il arrivait même qu'armures comme fantômes se prêtent à des chants lugubres. Mais quoi qu'il en soit, Halloween n'était pas une excuse pour que les études s'arrêtent à Poudlard, et les professeurs continuaient leur programme normalement, sans surprise.

Jodie se trouvait ainsi assise à une table de la Grande Salle, travaillant sur un devoir de Potions qu'elle devait rendre pour le prochain cours. Elle n'aimait pas forcément l'ambiance de la bibliothèque, trop studieuse, où elle ne se rendait que si elle devait faire des recherches précises, ou alors répondant à une soudaine motivation. De même, elle trouvait parfois pesant de rester confinée dans sa Salle Commune. Il lui fallait changer d'environnement. C'était ainsi qu'elle s'était retrouvée assise à la table des Gryffondor, ne se sentant pas forcément obligée de s'asseoir parmi les sien, à rédiger un devoir qu'elle trouvait – encore une fois – d'une facilité étonnante.

Alors qu'elle finissait de décrire les propriétés du bézoard, elle laissa son attention se faire happer par deux élèves à sa gauche, un garçon et une fille, qui se prêtaient à un jeu pour le moins étrange. Sans aucun doute s'agissait-il d'un jeu d'échecs, mais il avait la particularité d'être... immobile. Jodie haussa discrètement les sourcils. Elle comprit rapidement qu'il s'agissait d'une version moldue ; si elle savait que les moldus pratiquaient également ce jeu, elle n'en avait jamais vu un de ses propres yeux, et n'y avait même jamais joué – qu'il s'agisse de la version sorcière comme de la version moldue. Pourquoi donc jouer à une version moldue quand on pouvait trouver dans n'importe quelle Salle Commune une version sorcière ? Elle continua son devoir, sans être pour autant capable de totalement décrocher son attention de la partie en cours, et suivit ainsi son évolution.

Alors que la tension montait, la partie se stoppa sur un « Échec et mat ! » remplit de joie de la part de la jeune fille. Jodie laissa sa plume suspendue en l'air, contemplant la reine fièrement dressée sur l'échiquier, et la subtile déception de l'annonce encore fraîche de la défaite de son partenaire. Elle ne dit mot et regarda le dénouement jusqu'à la fin, la reine déstabilisée par un geste brusque venant s'étaler sur le plateau de jeu, et le jeune garçon partir. Il ne restait plus que la grande gagnante face à ses pions. Ne prenant pas conscience de la façon peut-être un peu insistante avec laquelle elle fixait la scène, elle releva brusquement la tête vers le visage qui venait de l'interpeller.

« Oui... Euh, oui. »

Jodie sembla reprendre ses esprits durant une brève seconde, avant de reprendre.

« Je n'avais jamais vu un jeu d'échecs version moldu. Enfin, en vrai. Et encore moins une partie. Pourquoi est-ce que tu ne joues pas sur une version sorcière, alors qu'on en trouve partout dans Poudlard ? »
Dernière modification par Jodie Sadovski le 22 avr. 2020, 21:28, modifié 2 fois.

Première année RP (2044-2045)

09 avr. 2020, 10:25
Échec à la reine  PV 
Affreusement désolée pour le retard...

Je la fixe, les yeux rivés sur les paroles qu'elle s'apprête à prononcer. J'espère qu'elle a une bonne raison d'intervenir ainsi dans ma vie. Je me redresse — sûrement le poids de la victoire qui m'avait fait courber l'échine — m'appuyant ainsi sur mon coude replié, ma main gauche épousant la forme de ma mâchoire. Je tente de m'occuper avec n'importe qui, à défaut de n'importe quoi, baladant mon regard dans tous les coins de la pièce. J'aperçois des connaissances à différentes tables, comme rassemblées ici pour me rappeler quelques morceaux distincts de mon passé. *Avec elle, un souvenir !*. Leurs noms filaient dans ma mémoire, comme des oiseaux qu'on ne retient pas enfermés dans leurs cages. *Et lui, j'l'ai croisé !*. Mais personne ne croise mon regard, lancé dans une quête désespérée de soutien. Condamné à écouter un bavardage auquel il voudrait bien échapper. Non, mes yeux n'ont personne sur qui s'appuyer, et je regrette de ne pas avoir su déjà tisser des liens forts entre moi et un Autre, qui deviendrait Proche. *Elle, c'est une Autre !* s'indigne mon esprit. Mais je le fais taire, je suis si contradictoire. Je n'ai pas envie de lui parler, c'est tout ce que je sais.

Ma seule consolation réside dans l'amusement que me procure ma concentration, sur tous, sauf elle, en un sens. Elle balbutie deux ou trois pensées, et mon attention se pose enfin sur ses mots. Je lui souris, un bref instant, étirant seulement les commissures de mes lèvres. À elle de se dévoiler en premier.

Mais mes yeux se froncent imperceptiblement lorsqu'elle pose sa question. *Au moins, elle me parle d'échecs*, je soupire de soulagement, car un agacement aurait été de trop.

« Parce que ! »

Une excuse délicieusement haïssable. Celle qu'on ressort lorsqu'on n'a plus de savoir, en tentant désespérément de combler un vide, une case de sagesse. Je crois bien que ma voix aiguë, chantante, donne l'occasion à cette Autre de déjà me détester.
Mais la malice qui brille dans mes yeux ne laisse pas transparaître de l'ignorance, et la Fille peut aisément deviner que je ne m'arrêterai pas là dans mon explication — ce que je fais. D'une voix plus sérieuse, et assurée, je reprends.

« J'y ai jamais joué. Ce sont les pièces qui ont besoin d'nous pour bouger. Moi j'la trouve brutale, en plus. »

*La version sorcière*, complète mon esprit en silence.
Voilà. Maître de moi-même, j'attends qu'elle me réponde quelque chose, peu importe le contenu de son discours. Elle, une toute gentille, *une Autre qui vient m'déranger !*. Non, c'est faux, prétexte douteux à ma sensation de victoire écourtée. Je passe sûrement mes nerfs sur cette Fille qui n'a rien demandé, et qui pourtant m'en demande trop.

Au fond de ma réalité, je suis dans une improvisation totale, à l'opposé parfait de ma partie d'échecs finement réfléchie.

these violent delights have violent ends

17 avr. 2020, 20:53
Échec à la reine  PV 
Jodie baissa de nouveau ses yeux sur le jeu tristement inerte. Elle était certes habituée au monde figé des moldus, mais le trouvait justement trop immobile. Elle lui préférait sans hésitation celui des sorciers dans lequel elle avait toujours baigné, où les objets semblaient vivants et avoir une âme. Qu'elle pouvait trouver mornes les journaux moldus aux images gelées.

« Parce que ! »

Elle releva brièvement ses yeux vers la jeune fille avant de les rediriger vers le plateau, plus surprise par le ton de sa voix que par sa réponse en elle-même. Elle avait noté son regard brillant et son attitude volontairement malicieuse, mais n'y avait pas porté plus d'attention que cela. Ça ne l'avait pas froissée.

« J'y ai jamais joué. Ce sont les pièces qui ont besoin d'nous pour bouger. Moi j'la trouve brutale, en plus. »

La tirant cette fois plus longuement de sa contemplation, Jodie observa avec attention la jeune fille. Ce sont les pièces qui ont besoin de nous pour bouger. Les échecs lui apparaissaient bien plus comme une question de stratégie que comme une question visant à savoir qui bougerait les pions. Certes, leur version sorcière pouvait sembler brutale, mais une partie d'échecs représentait une bataille, si ce n'est une guerre, entre deux adversaires. Il n'y avait donc rien de surprenant dans le fait que les pièces agissent comme tel et souhaitent anéantir leur ennemi.

Jodie finit par se redresser complètement, sa plume encore dans sa main, et pencha sa tête en fixant toujours les deux yeux bleus qui lui faisaient face. Une goutte d'encre tomba sur son parchemin, sans qu'elle ne s'en aperçoive. Elle répondit alors simplement, traduisant ce qui lui paraissait être une évidence.

« Enfin, sans quelqu'un pour leur indiquer où aller, les pièces sur la version sorcière ne vont nulle part non plus. Elles se prennent juste elles aussi au jeu. »

Que le jeu soit sorcier ou pas, il y avait toujours un cerveau derrière pour choisir où se dirigeraient les pions. Qu'importe donc la façon dont ils bougeaient, puisqu'ils ne faisaient que répondre à des ordres : ce n'était pas le geste qui comptait, mais bien la réflexion derrière. Jodie pensait ainsi qu'il s'agissait plutôt d'une chance pour les pièces d'avoir cette liberté d'agir, d'autant plus que sans elles, il n'y avait pas de partie d'échecs ; il était donc légitime qu'elles puissent participer au jeu.

« Après tout, elles se battent contre un ennemi. Ce n'est donc pas si étonnant qu'elles se montrent si féroces, rajouta-t-elle en contemplant la reine couchée sur le plateau. »

Elle laissa ses yeux dériver sur les quelques derniers vaillants combattants encore debout, un sourire en coin apparaissant sur son visage, moins destiné à son interlocutrice qu'à la situation.

« Et puis, s'il n'y avait personne derrière pour leur dire d'aller sur la case d'un pion adverse, elles ne le feraient pas. Si ça te paraît brutal, c'est uniquement parce qu'on le leur ordonne, finit-elle en plantant définitivement ses yeux dans ceux de la jeune fille. »

Le jeu d'échecs version sorcier n'était que la représentation explicite de ce qui se passait réellement au cœur d'une partie, mais que la version moldue occultait.

Première année RP (2044-2045)

30 avr. 2020, 11:39
Échec à la reine  PV 
La trace d'une moue flotte sur mes lèvres. Finalement, je crois que l'euphorie de ma victoire commence lentement à retomber. Dommage, la sensation était grisante.

Mes bonnes manières se rappellent à moi, et je décide d'enfin cesser de tourner ma tête, de fixer mon regard fuyant sur la Fille. De toute façon, ce ne sera qu'une Apparence, *non ?*. Même en étant planté dans les yeux de l'Autre, il peut très bien se perdre dans les méandres du vague, *n'est-ce pas ?*. Je l'espère. Mais alors que je me décide à ignorer la Fille, elle m'interloque soudain. Elle me répond, longuement surtout, chose à laquelle je ne m'attendais pas. Je pensais que mon attitude suffirait à la décourager d'une quelconque conversation, qu'elle marmonnerait quelques mots avant de s'en aller, mais non. Dans un coin de ma tête, je note cependant que mon comportement est à revoir dans ce genre de situation, l'aspect dissuasif n'ayant visiblement pas fonctionné. Pour aujourd'hui, je me contenterai de lui parler *brièvement, je me l'promets*.
C'est le week-end, je n'ai pas cours, et personne ne m'attend pour aller quelque part. Alors autant rester ici.

Calmement, elle prend le temps de continuer la conversation avec moi. *Oh*. Je plisse les yeux, rien qu'un fragment d'instant, réellement intriguée. Un sourire, un vrai se dessine au coin de mes lèvres. Inconsciemment, je dois reconnaître qu'elle a enfin toute mon attention. Débattre, ou simplement échanger des points de vue, suscite en moi une inévitable sensation de curiosité et d'envie. À vrai dire, je n'en ai pas souvent l'occasion à Primrose Hill : des parents de plus en plus absents — lorsque ce n'est pas moi qui m'absente — et une sœur pratiquement mutique en ma présence. Sans parler de mon entourage amical, presque inexistant. Je crois que c'est pour cela que j'accepte de supporter sa présence
Je la laisse terminer son argumentation, pendue à ses lèvres. J'ai hâte de lui exposer la mienne, mon palpitant s'agite et moi je trouve ça distrayant. Un peu hors du quotidien, *hors du commun*. Je sais que je trouverai à redire au moindre de ses mots, *j'suis pas inquiète* je me répète. Et puis je n'ai rien à perdre, pas cette fois ; ce n'est pas une partie.

« Mh. Je préfère les contrôler, tout d'même. Elles sont inertes, elles ont b'soin d'un guide. »

Je lui balance les mots qui me viennent, sans me soucier réellement de leur profondeur. S'ils ne répondent pas totalement à sa riposte, tant pis, je ne ferai qu'esquiver *adroitement j'espère* sa contre-attaque.
Encore une fois, à propos de son deuxième argument, mon avis différait étrangement du sien. Je persiste. Chacune de ses phrases me surprend intérieurement, mais mon visage reste neutre et déterminé. C'est ainsi que j'ai appris à Être.

« Pour moi, les échecs n'ont pas à être féroces, c'est pour ça que j'préfère de loin son côté stratégique : il est calme. Tu vois ? » j'ajoute, posément.

La Fille me paraît plus déterminée que moi à imposer son point de vue. Contre toute attente, je prends plaisir à m'amuser ainsi.

« Justement ! Je préfère les déplacer moi-même en silence que les voir devenir brutales parce qu'on leur ordonne. »

*Donc je préfère la version moldue*. Je finis ma réponse sur ces mots, en attendant qu'elle réplique — ou non. Mais il me reste une information à dénicher, coincée quelque part dans ma mémoire.

« Au fait, je n't'ai jamais vue. C'est quoi ton nom ? »

these violent delights have violent ends

06 mai 2020, 10:14
Échec à la reine  PV 
Les yeux bleutés de Jodie fixaient les yeux verts qui lui faisaient face. Sa tête était penchée vers la droite, dans un signe d'intérêt. Elle écoutait avec attention ce que lui racontait la joueuse d'échecs, défendant son attrait pour la version moldue. Répondant silencieusement à ses dires, Jodie pensait que dans une version comme dans l'autre, le contrôle sur les pièces était total : elles n'avaient en aucun cas la liberté de décider sur quelle case elles se déplaceraient, seule la personne derrière ayant ce pouvoir. Néanmoins, elle comprenait son point de vue. Elle-même trouvait que les échecs étaient une question de stratégie et de réflexion avant tout, et ne pouvait donc que reconnaître que leur férocité n'était pas nécessaire. Mais malgré tout, si elle acceptait cette vision des choses, elle restait campée sur ses positions, réaffirmant intérieurement que les échecs sorciers ne montraient qu'explicitement ce qui se tramait entre les pièces lors d'une partie. Et puis, de manière plus ou moins consciente, cette préférence était fortement influencée par le fait que Jodie venait d'une famille composée uniquement de sorciers. De sang-mêlés, certes, mais de sa génération jusqu'à celle de ses arrières grands-parents, tous possédaient des pouvoirs. Si elle avait des amis moldus et avait baigné dans leur univers en allant à l'école, elle lui avait toujours préféré son alternative magique.

Elle se contenta donc simplement d'acquiescer à ce dernier argument, tournant son regard vers la plume qu'elle tenait toujours entre ses doigts. Se rendant finalement compte que celle-ci gouttait sur son parchemin, elle la remit dans le pot d'encre et releva la tête en entendant son interlocutrice lui demander son nom.

« Jodie. J'suis en première année à Serdaigle. »

Ne portant pas son uniforme sur elle et seulement un large pull vert sapin, elle ne jugeait pas ce détail entièrement dénué de sens. Elle ne pensa pas à lui retourner la question, plus intéressée par ses derniers propos que par son identité. Elle écarta donc seulement son devoir en le faisant glisser sur la table, posa son coude sur celle-ci, et laissa son menton reposer dans sa paume.

« Je comprends ce que tu dis. Mais malgré tout, je préfère quand même la version sorcière, fit-elle dans un haussement d'épaules. »

Jodie ne développa pas plus, n'ayant pas pour but de convaincre la jeune fille. Si elle voulait bien exposer son point de vue, elle se moquait de persuader les autres, du moment qu'eux-mêmes ne le cherchaient pas. Elle n'était pas plus intéressée que cela par le fait de débattre – notamment parce que dans la plupart des cas, les opinions de chacun ne l'intéressaient pas, même si cet instant précis faisait partie des cas restants. Elle laissa donc seulement son regard dévier vers le plateau de jeu, encore en place, sans rebondir particulièrement sur les paroles de sa camarade.

« Et puis je n'ai pas trop l'habitude de la version moldue. Jusqu'à présent, j'avais seulement vu des parties sorcières. »

Ses yeux glissèrent de pièce en pièce, observateurs.

« Je n'ai même jamais joué aux échecs, d'ailleurs. C'est peut-être pour ça que je n'ai pas la même vision que toi. »

Première année RP (2044-2045)

28 mai 2020, 18:29
Échec à la reine  PV 
Une Bleue et Bronze. *J'aurais dû m'en dout...*. Je m'arrête. Fixant avec une insistance à peine feinte les feuilles qui se trouvent devant Jodie, j'oscille finement entre préjugés sur la maison Serdaigle et insensibilité à ses propos. Sans que je ne m'en rende compte, ma jalousie refait surface, dûe à ma Répartition *ratée* qui m'envoya deux mois plus tôt à Gryffondor. N'étais-je pas faite pour être une Aiglonne ?
Cette Fille a tout pour elle. L'affirmation sonne désormais comme une évidence en moi. *De beaux cheveux, une Maison honorable, et...* À court d'arguments, je pose mes yeux sur l'en-tête du parchemin imbibé de gouttelettes sombres. Et je lis « Potions » .

Jalousie grimpe, Jalousie galope et moi je ne peux lui courir après.

*Pourquoi elle travaille les Potions ?*. Mon âme frémit, et tout mon corps avec, sûrement. *Ça lui va pas, c'est, oh, c'est idiot !*. Je suis prise d'une folle envie de lui déchirer sa feuille et de m'en aller à pas lents. *Y'a que moi qui...*. Les mots bloquent dans ma gorge.

Je n'entends plus Jalousie, mes Pensées causent plus fort encore.

Et la vision vertigineuse des lignes, longues lignes de parchemin montrant que la Fille maîtrise la matière ne me rend pas la voix. *Foutue Fille ! Elle a pas l'droit d'aimer...*. Je bute, j'aimerais éclaircir mes idées mais son babillage les brouille. *Elle fait exprès, elle... Pas l'droit d'aimer comme moi !*.

Jalousie s'aventure si loin dans le moi qu'elle occulte les premières paroles de la *blonde*.

Le plaisir que j'éprouvais *j'sais même plus pour quoi* s'est évanoui l'espace d'un temps infini. Je me rattrape au réel lorsque les mots moldu, sorcière viennent cogner mon esprit. *De quoi ell’ m'parle, déjà ?* je m'empêtre. Deux versions du jeu. Le sujet a été abordé il y a quelques minutes, n'est-ce pas ? J'en suis certaine. Ou peut-être qu'à ces instants, je prévoyais déjà la redondance des Mots, et mes pupilles distraites se sont abandonnées à l'imprévisible. Elles voulaient s'échapper de l'Emprise de la Fille. Elles savaient déjà tout.
Je ne veux plus chercher à continuer la Fausse-Conversation. *‘n'en a jamais été une, toute façon*. Renfrognée, je suis. Mes yeux s'égarent, ils fuient la Fille insignifiante — qui occupe une sacrée place dans ma tête, pourtant. Elle est trop, trop tout, trop elle. L'Elle de trop ne me plaît pas.

Elle inspecte le plateau. Avec envie, on dirait. *M'a pris les Potions, mais elle aura pas les échecs*. J'avance mes mains pour entourer le set de jeu, doigts crispés autour de chaque petite pièce, pour enfin ramener le tout vers moi dans un accès de possessivité.

« A-Alors compte pas sur moi pour t'apprendre ! »

Je me précipite pour resserrer le jeu et ses pions contre mon cœur. Mes mouvements secs et irréguliers sont comme détachés, détachés de mon corps. C'est comme si mes pensées précédaient mes actes. La scène pourrait passer pour de la panique, mais ce n'en est pas. Je suis parfaitement calme, il s'agit de cette Fille qui interfère dans mes sentiments. *Jodie, Jo, Jal, Jalou’die, Jalou’sie, Je*. Mauvaises ondes. Je dois m'en éloigner, au plus vite, ou je cèderai sous le poids de ses excès. Je dois me lever ; je le fais, bancale, instable sur mes deux pieds. Et puis je fuis en emportant mon amour-propre aux couleurs Rouge et Or.

Jalousie a gagné.

Je m'arrête ici, un grand merci à toi !

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