Si il y avait bien une chose, mangeable, qu'Elfie détestait, c'était le chocolat. Pâques approchait, et ce fruit du démon florissait un peu partout. Les tables en étaient couvertes et des petits œufs minables étaient cachés un peu partout dans le château.

N'ayant pas le cœur à la fête, sa surprise fut grande lorsque ce matin, en rejoignant la Grande Salle pour le petit-déjeuner, la rouquine découvrit que les murs de l'endroit avait été décorés avec des rubans, des gros nœuds hideux et des faux œufs colorés. Il n'était pas dans son habitude de critiquer ouvertement, mais elle ne put se mentir à elle-même. Les elfes s'étaient complètement ratés, les couleurs étaient dépareillées et de mauvais goût. Un instant, elle imagina miss Loewy, dans son tutu rose, en train de lancer des Wingardium Leviosa à tout va. Elfie chassa ces pensées d'un revers de la main en riant.

Un peu barbouillée par le décor, elle finit par s’asseoir. Elfie s'était choisie une place à l'écart, loin des discussions agitées, pour ne pas penser au fait qu'elle était incapable de se faire des amis. Elle parlait à beaucoup de gens mais leur relation n'allait jamais plus loin. Désormais, elle en était à se demander si son optimisme ne devenait pas dérisoire. Sans grande conviction, elle croqua dans son pain perdu.

@Mizar Noctis

Désolé pour l'attente
Ce matin, comme tous les autres, depuis que Mizar était arrivé au château, il descendit dans la grande salle vers 7heures, afin de prendre son petit déjeuner.

Quand il entra dans la grande salle une explosion de couleurs vives lui éclaboussa les yeux : des nappes bleus recouvraient les grandes tables, par dessus siégeaient, par endroit, des œufs en chocolat. Sans doute était t'il ensorcelé, à moins que ce ne soit des faux, car sinon ils auraient fondu.
Mizar leva la tête et regarda autour de lui afin de mieux appréhender le décors qui l'entourais. Même si quelques couleurs, selon lui, n'étaient pas très bien choisi, l'ensemble était plutôt bien répartit dans la salle et il trouvait donc cela plutôt joli. Pourtant une chose l'étonnait, ce n'était pas tellement la quantité phénoménale de décoration, mais plus le fait que les décorations soient mis si tôt. En effet Pâques n'était que dans trois jours et même si certains élèves en parlaient déjà, il s'était attendu à ce quelle soient installer seulement la veille.

En levant la tête, il aperçut une fille installer seule à une table. Elle avait l'air exclue. La vue de cette élève, seule, lui fit repenser à ses dernières années de primaire. Comment ça avait été dur et comment la présence  de ses quelques amis, certes peu nombreux, l'avait aidé à surmonter cette difficile épreuve. Il n'avait vraiment pas envie qu'une autre personne souffre comme il avait souffert. Il décida donc d'aller vers cette personne et d'essayer de l'aider.

Quand il fut à sa hauteur il prononça ces mots :
Bonjour, Je m'appelle Mizar et toi comment t'appelle tu ?
J'ai vu que tu étais seule, comme exclue. Qu'est ce qui ne va pas ?

Elfie releva la tête et sourit au nouveau venu. Un sourire las et poli, pour lui souhaiter la bienvenue.

-Oh. Eh bien, toutes ces couleurs, tous ces œufs moches, ça me donne la nausée. Comme si on ne pouvait pas fêter Pâques sans œufs. C'est pas le but du truc, en plus, dit en posant sa fourchette. Et exclue, je ne sais pas si je le suis, mais en tout cas, personne ne daigne vraiment passer du temps avec moi.

Le mot avait un goût amer. L'exclusion. Il tapait là où ça faisait mal. Il tapait dans son petit cœur de fille naïve. Bien sûr, elle ne l'aurait pas formulé ainsi. Si elle était seule, c'était parce que les autres élèves avaient leurs habitudes, leur petit cercle d'amis fermés, et ils n'avaient pas besoin de s'en faire de nouveaux. Elfie le vivait bien. Être exclue, c'était son habitude à elle, bien que cette routine ne soit pas officielle.

Elle jeta un regard à la Salle, où résonnait les échos des voix d'élèves joyeux.

-Ils doivent me fuir parce que je n'aime pas le chocolat, dit-elle en reniflant. Elle sourit à nouveau avant de se mettre à rire de sa propre bêtise.

La rouquine observa Mizar, dans l'espoir étouffé qu'il s'asseye. Un peu de compagnie en cette période de réjouissances ne lui ferait pas de mal.

-Je m'appelle Elfie, mais tu peux m'appeler Elfie.

Quand Mizar entendit ses propos sur la mocheté de la salle commune, il trouva qu'elle y allait un peu fort et il faillit lui répondre sur ce sujet, mais il se dit que ce n'étais absolument pas une bonne idée. Ce ne pouvais être qu'un sujet de dispute pour deux personne qui ne se connaissaient pas encore et puis chacun ses goûts. Comme le disait le proverbe les goûts et les couleurs ça ne se discute pas.
Quand il l'entendit prononcer le mot exclu qu'il avait lui même dit juste avant il eu l'impression de l'avoir blesser.
Je suis désoler de t'avoir blesser en employant le terme exclue. Ce n'était pas mon intention première, tu peux me croire.
Même si ces paroles ne pesait sans doute pas beaucoup, le fait d'entendre un désolé pouvait provoquer un petit réconfort, selon lui.

Quand il entendit que son interlocuteur n'aimait pas le chocolat, une expression d'étonnement se peignit sur son visage. Il était tellement habitué à ce que les personnes aiment cette chose que d'entendre une personne qui partageait son avis sur la question l’étonna. Il était tellement surprit qu'il n'entendit même pas le rire de la jeune fille. 

Mizar tira une chaise de la table et s’assit à côté d'Elfie. Cette conversation allait sans doute être intéressante.
Tu risque d'être surprise, mais moi non plus je n'aime pas le chocolat.
Dit il en s'asseyant.

Plutôt surprise, Elfie considéra le jeune garçon d'un nouvel œil. C'était la première fois qu'elle rencontrait quelqu'un qui partageait son dégoût pour le chocolat. Le détester paraît toujours impensable aux yeux des autres. On faisait tout un monde autour d'un aliment, qui, n'était finalement pas si exceptionnel.

-Ai-je bien entendu ? Tu n'aimes pas le chocolat ? Elfie le vit s'asseoir en face d'elle et lui jeta un regard inquisiteur. C'est plutôt rare d'entendre ça ! ajouta-t-elle.

Non, elle n'avait pas rêvé. Un élève venait de prendre place avec elle. Même si Elfie mangeait toujours seule, les seules fois -qui l'avaient un peu découragée à continuer- où elle avait déjeuné en compagnie d'une autre personne, étaient celles où la rouquine avait forcé les choses. Cela dit, les repas s'étaient mal terminés.

-Quel chocolat hais-tu le plus ?

La rouquine n'allait pas laisser cette occasion s'en aller.

-Moi, c'est celui aux noisettes et le très noir. Elle esquissa une mou de dégoût lorsqu'elle y pensa.

La première fois qu'Elfie avait mangé ce truc, elle devait avoir cinq ans. Sa petite sœur n'était alors encore qu'un nourrisson de huit mois. Debora, sa mère, avait préparé un gâteau au chocolat pour fêter l'anniversaire d'Ellen. Toute innocente qu'elle était, Elfie avait croqué dans un carré de chocolat qui restait sur le plan de travail avant de tout recracher. Elle n'avait jamais pu décrire cette horreur, le goût hyper sucré qui lui était resté dans la bouche. Un haut-le-cœur lui souleva la poitrine.

Quel chocolat hais-tu le plus ?
Quand il entendit ces mots Mizar repensa à la fois où, par curiosité, il avait eu le malheur de goûter du chocolat noir. L’horreur du goût et la façon dont ce dernier l'avait hanté, malgré qu'il ait recraché le morceau quasiment immédiatement après l'avoir mis dans sa bouche. Il eut même du mal à retenir un haut-le-cœur. Décidément lui et le chocolat n'étaient pas fait pour s'entendre.
Le chocolat noir, mais je ne pourrais pas t'en dire plus, car la seule fois où j'en ai pris ça m'a tellement marqué que je n'ai plus jamais pu en reprendre. Dit il avec une moue de dégout.
Je ne comprends pas pourquoi peu de gens reconnaisse le vrai visage du chocolat. Pour moi c'est un fruit du démon et rien d'autre. Si les fabricants rajoutent des tonnes de choses dans le chocolat, c'est peut-être pour masquer son goût immonde et ainsi en vendre plus.
Ce n'était pas dans ses habitudes d'y aller aussi fort sur une chose. De mémoire il ne l'avait même jamais faits, mais pour une fois qu'une personne partageait son avis il n'allait pas se retenir, car il n'avait pas peur de la choquée.
Imagine un monde sans chocolat, ce serait le paradis, tu ne penses pas ?
Je sais ce que je vais faire plus tard. Je vais devenir un grand sorcier et oublietter toutes les personnes de l'existence du chocolat.
A la fin de ses mots il ne put retenir un rire devant l'énormité de ses propos.

Elfie hocha la tête. Le chocolat noir, était, et de loin, un des plus écœurant. Le pire dans tout ça : les producteurs de cette abomination aimaient le rendre amer en rajoutant toujours de cacao pur. C'était un produit apprécié par une grande partie de la population, et qui, à l'instar du café, pouvait être vendu à des prix exorbitants. Une fois, à la télévision, la rouquine avait même vu des chefs renommés qui cuisinaient uniquement avec cette chose.

-Je suis d'accord avec toi, Mizar. On dirait que leur amour les rend complètement aveugles, rit-Elfie.

Bien qu'elle déteste le chocolat, Elfie avait une préférence -si on pouvait l'appeler ainsi. De temps en temps, selon la marque, la jeune fille s'accordait quelques carrés de chocolat au lait. Néanmoins, celui-ci avec un goût spécial, plus doux, qui lui plaisait. Lorsqu'elle se goinfrait de chocogrenouilles pour obtenir les précieuses cartes, la rouquine s'efforçait de penser que ce n'était pas du chocolat, ou bien ce fameux chocolat au lait. C'était une autre façon d'aimer le chocolat. Malheureusement, sa concentration lui faisait parfois défaut et Elfie passait le reste de l'après-midi à vomir le contenu de son estomac dans les toilettes des filles.

-C'est vrai, mais on ne privatise pas le paradis. Imagine les dégâts sur les gens pour qui le chocolat est un péché mignon, ne serait-il pas cruel de leur enlever ce petit plaisir ? objecta Elfie, suite aux propos du jeune garçon. C'est assez égoïste.

Elle le regarda rire un instant avant de se joindre à lui de bon cœur.

désolée pour cette attente

c'est pas grave. Le plus important c'est que tu ais répondu aujourd'hui.
Égoïste, c'est vrai que ses paroles l'était, il ne pouvais pas priver les gens de ce qu'ils aimaient. Il ne pouvait pas non plus forcer les gens à avoir le même avis culinaire que lui. Que serait la vie si tout le monde avait le même avis ? Sans doute quelque chose de plus fade. Mais bon ses paroles avaient permis de bien rigoler.

La rouquine posa une nouvelle fois ses yeux bleus sur Mizar. Comme la jeune fille l'avait laissé entendre, elle n'appréciait pas vraiment le week-end pascal. Outre le chocolat, Elfie ne comprenait pas l'engouement autour de Pâques. Enfant, l'école catholique dans laquelle elle était allée lui avait enseigné qu'il s'agissait avant tout d'une célébration religieuse pour fêter la résurrection du Christ. N'aimant pas le chocolat, que l'on lui distribuait le dimanche, cette version lui avait toujours convenu -puisque c'était l'originale.

-Pâques est pour moi une simple fête religieuse, même si je ne pratique pas. J'imagine que détester le chocolat ne m'a pas aidé à me construire un avis. C'est comme pour Noël, les enfants aiment Noël pour les cadeaux, sans savoir ce qu'il y a derrière pour la grande majorité, expliqua Elfie. L'avis du jeune garçon tenait la route, mais il prenait racine dans les croyances des enfants. Pâques c'est le jour où on chasse les œufs que sont venues cacher les cloches -ou le lapin. Je suis quand même d'accord avec toi. Pâques c'est aussi, quand on est petit, un jour amusant. Je n'ai jamais cherché les œufs, puisque je vivais en ville... Elle se remémora un instant la chaleur du petit appartement, désormais vide, où elle avait grandi. N'ayant pas terminé sa phrase, elle déglutit lentement avant de reprendre. Quand je vivais en ville avec mes parents. Tu veux encore un toast ? ajouta-t-elle, le plat de pain grillé tendu devant elle.

C'est vrai que la fête était d'origine religieuse. C'était un détail qu'il avait tendance à oublié, car il n'avait pas grandi dans un environnement religieux, mais qu'il avait, quand même toujours fêté Pâques. C'était vrai que beaucoup de fête désormais économiques, tel que Pâques ou Noël, plaisait beaucoup aux enfants. C'est vrai que lui avait eu de la chance, il avait grandit dans une maison à la campagne et même si leur terrain était médiocre, comparé à ceux de leurs voisins, il n'en restait pas moins assez grand et pouvait facilement servir de bon terrain de chasse pour les œufs en chocolat, que ses parents remplaçait toujours pour son bon plaisir par des petites babioles.
Quand Mizar entendit Elfie répéter la fin de sa phrase il sut qu'elle avait sans doute traversé quelque chose de difficile, peut-être était ce la perte de ses parent où peut-être étaisse autre chose. Il ne savait pas ce qu'il y avait, mais il était convaincu qu'il y avait quelque chose. Sa curiosité lui brulait la langue, il avait tant envi de demander ce qui c'était passé, mais sa conscience lui dictait de ne pas le faire. S’engageât alors un terrible duel entre sa conscience et un de ses plus gros défaut : la curiosité, finalement celle ci prit le dessus.
"Je veux bien". répondit Mizar avant de se servir.
"Je ne voudrais pas paraître indiscret, mais j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Peut-être que si tu m'en disais plus là dessus je pourrais essayer de t'aider si tu as un problème. Après bien entendu si tu ne veux pas en parler je comprendrais tout à faits. ajouta Mizar.