C'était le quatrième jour des vacances, si on comptait le weekend.
Elicia, ainsi que tout les élèves de Poudlard, avaient appris quelques jours plus tôt qu'ils ne rentreraient pas chez eux pour les vacances de Pâques.
Deux jours après, le dimanche, elle avait reçu un hibou de ses parents, ainsi qu'un panier de chocolats qu'elle avait partagé avec sa cousine là-haut, dans la volière, après leur avoir répondu.
Le lendemain, elle avait fait un match d'entrainement avec l'équipe d'Hel's qu'elle avait récemment rejointe. Ce match avait été un peur dur, mais au moins il l'avait bien entraînée, c'était déjà ça.
La nuit avait été courte, et la rouquine aurait bien aimé dormir plus, mais elle ne voulait pas perdre les habitudes des cours où elle avait cours. Elle s'était donc levée, avait attendue Lumah dans le petit salon des dortoirs des filles, puis elles étaient descendues ensemble prendre leur petit déjeuné.

Encore toute ensommeillée, la jeune Caldin n'avait pas prononcé un mot depuis qu'elle était sortie de la salle commune. Et c'est avec un gros bâillement qu'elle passa la porte de la Grande Salle.
Elle s'assit, comme à son habitude, face aux table des Serdaigle et des Serpentard.

Après quelques minutes, les volatiles entrèrent dans la salle, voletant pour trouver leur destinataire. Ne s'attendant pas à recevoir une réponse de ses parents ce jour là, elle ne fit pas attention aux hiboux et chouettes, jusqu'à ce qu'elle reconnaisse la chouette effraie qu'elle avait envoyé à ses parents deux jours plus tôt, et qui se dirigeait droit vers elle, une enveloppe accrochée à la patte.

Boucle d'Or se tourna vers sa meilleure amie, inquiète.

Une mauvaise nouvelle tu crois ? D'habitude, ils mettent plus de temps à me répondre...

Elle remercia la chouette en lui caressant la tête, et elle s'envola rejoindre la volière.

La petite s'était levée de bon pied ce matin-là ; s'il y avait eu quelconque désagrément durant la nuit, en tout cas, elle ne l'avait pas entendu, parce qu'elle avait dormi comme un loir. Et le loir qu'elle avait été avait rêvée d'un joli ciel bleu, un ciel pur, et d'un horizon heureux, vers lequel s'envolaient une nuée d'oiseaux aux couleurs éblouissantes et colorées. C'était un rêve bien différent de ceux qu'elle faisait auparavant, un rêve parfait. Et elle aurait tout donné pour y retourner, mais ce rêve avait décidé de prendre fin ainsi. Le bonheur ne durait pas, il fallait bien le croire.
Elle était descendue dans l'optique de rejoindre Boucle d'Or avec une motivation tout de même hors du commun, pour quelqu'un que l'on venait de tirer d'un beau songe. Néanmoins les rêves ne se partageaient pas, ou bien n'avaient pas le même effet sur chacun, Élicia en était la preuve vivante. Lorsque la petite la salua, celle-ci ne lui avait répondu que par un faible geste. Pour autant, Lumah était certaine qu'elle ne lui faisait pas la tête, ou alors c'est qu'elle n'avait réellement pas apprécié les cognards du jour précédent - ce qui consistait peut-être une raison tout de même suffisante, tout compte fait. Dans l'esprit de la petite, le fait qu'elle n'ait pas oublié de venir à leur rendez-vous matinal suffisait comme preuve que tout allait bien entre elles. Elles était censées êtres unies, et l'étaient. Alors unies, Lumah calquant ses pas sur ceux d'Élicia par amusementn elles s'en furent pour se ravitailler.

Et puis la petite remarqua qu'elles étaient enfin arrivées à la Grande Salle ; le temps était passé tout à fait autrement. (Élicia bailla souainement et elle le fit à son tour inconsciemment) Mais toujours aucun mot. Dans un certain sens, cela lui permettrait de bien manger, sans préférer une phrase à un morceau de toast. Elle espérait que ce toast qu'elle pourrait manger serait fourni avec trois tranches de bacon, si possible.

Lorsque la blondinette en arrivait à sa troisième boisson et son second toast, les hiboux et chouettes s'engoufrèrent dans la pièce. Curieuse, la petite chercha à savoir si cela avait piqué l'attention de boucle d'Or, et elle avait vu juste : elle s'amusa devant le regard concentré de celle-ci. Mais la raison était différente de celle qu'elle avait imaginé. Puisqu'Élicia observait en fait une chouette, qui venait tout droit vers elle.

Enfin, des mots sortirent de la bouche de la rousse. S'exlamant un « Ah ! » de satisfaction, avant de lui répondre : « Je sais pas... Mais ça m'étonnerai. Ne t'inquiètes pas avant d'avoir lu, ils étaient peut-être juste inspirés, non ? » (tout cela, elle n'arrivait pas vraiment à le penser elle-même, mais il fallait le croire)

Elle s'appuya sur la table et mit ses genoux sur le banc, penchée vers sa meilleure amie. Elle attendait le verdict, elle aussi.

Lumah la rassura. C'était pas forcément une mauvaise nouvelle, et cela ne servait à rien de s'inquiétait avant de voir de quoi il en retournait.

Élicia ouvrit donc délicatement l'enveloppe. Elle prit la lettre qu'il y avait à l'intérieur, et elle la lut.

Bonjour Élicia,

Comment vas-tu ?
Effectivement, Emma ne comprend pas, mais c'est normal à son âge. C'est un peu difficile ces temps-ci tu sais bien.

Nous avions quelque chose à vous annoncer à toi, Raphael (tu lui transmettras le message, d'accord ?) et à Lumah également. [...]

La rouquine s'arrêta de lire, son inquiétude revenant, plus forte. Que faisait Amé dans cette histoire. Elle se tourna donc vers sa meilleure amie.

Ça te concerne aussi apparemment...

Elle posa la lettre à plat sur la table pour que la blondinette puisse lire aussi.

[...] Nous avons parler avec ses parents, pour trouver une solution à ces problèmes, la chasse aux sorciers principalement.
Les parents de Lumah connaissent une maison qui appartenait à leur famille, et qui est abandonnée. Nous allons nous y installer dans quelques jours, et la remettre en état. On aura sûrement fini d'ici la fin de l'année scolaire.
Voilà, on voulait vous annoncer le déménagement.

On vous fait des gros bisous à tout les trois et on vous dit à bientôt,
Les parents

La jeune sorcière se tourna vers Lumah, pour voir sa réaction. Même elle, elle ne savait pas trop quoi en penser.

A son plus grand bonheur, sa meilleure amie semblait avoir été apaisée par ses paroles. Elle n'aurait pas menti en avouant que sa journée était comblée, même. Elle aimait par dessus-tout voir sa meilleure amie porter un sourire, savoir qu'elle était en pleine forme et qu'aucun souci n'avait daigné la tracasser encore.

Mais elle n'allait pas se contenter d'un sourire aujourd'hui, puisque dans les mains d'Élicia se trouvait une lettre tout à fait intrigante, une lettre qu'elles n'auraient pas pensé reçevoir avant bien longtemps ; une lettre de la famille Caldin, qui n'était censée arriver que bien plus tard : d'après elle, ils avaient toujours mis plus de temps à répondre, et cela avait piqué la curiosité de Lumah. Non pas qu'elle se sentait prête à encaisser un autre malheur, juste que le mystère l'avait toujours attirée, voilà tout. Et ça, n'était rien de plus qu'un nouveau boulversement, sans doute. Puisse-t-il être positif.

Ne voulant pas déranger Élicia dans une lecture qui lui était certainement personnelle, Lumah s'attarda sur son repas et dévora ce qui lui passa sous la main ; ce, jusqu'à ce qu'elle entende que la lettre lui était aussi adressée. Alors, elle abandonna toute occupation et se pencha afin de lire à son tour. Que se passait-il pour que les parents de Boucle d'Or s'adressent à elles également ?

Lire un court passage sur cette fameuse chasse aux sorciers lui raviva de mauvais souvenirs, qu'elle tenta tant bien que mal d'enfouir à nouveau pour ne pas perturber sa lecture de pensées parasites. Lumah avait bien fait, puisque l'annonce s'en suivait. Une annonce qui la laissa bouche bée. Elle avait à peu près tout imaginé, sauf un déménagement. Quitter sa maison ? La maison dans laquelle elle avait vécu depuis quelques années déjà, à laquelle elle s'était enfin habituée ? Elle devait avouer appréhender cette idée. Mais celle d'être en sécurité était tant et si bien positive que Lumah ne se refrogna pas.

Voyant que sa meilleure amie tentait elle aussi de décrypter son ressentit, Lumah haussa les épaules. Elle était trop perdue pour lui construire une réponse correcte, et l'information était loin d'avoir été assimilée encore.

Perdues. Elles étaient toutes les deux perdues. Déménager ? Changer de maison ? Ou ça ? Comment ? Pourq...non, ça elles le savaient. Pour se cacher des Moldus. Au moins, sa famille et celle de Lumah étaient en sécuritées...ça, c’était une bonne nouvelle.
Mais l’idée de quitter Londres lui était bizarre. Elle vivait là-bas depuis sa naissance, depuis tellement longtemps...En plus de ça, elle venait de comprendre qu’elle ne reverrait pas sa maison, celle auquelle elle était habituée.
C’est si étrange de déménager ?
Au moins, elle ne perdait pas ses amis. Elle ne perdrait personne à Londres. A part peut être son ancienne amie de primaire, avec qui elle n’avait plus parlé depuis...depuis son dernier jour d’école en fait. Depuis qu’elle s’était mise à l’idée de perdre Lumah qui déménageait justement à ce moment là. Et au final, elle l’avait retrouvée, non sans surprise dans le petit salon des filles de Poufsouffle, le soir de la rentrée.
Mais elle, elle n’avait jamais déménagé. Enfin si, mais elle était bébé, et c’était un petit déménagement, du centre à la banlieue de Londres.

La rouquine pensa aux enfants Moldus. Eux, quand ils déménagent, ils ne revoyent plus leur amis. Elle, elle avait la chance d’être à Poudlard, et le lieu ou elle habitait de changerait rien à son école. Mais alors pourquoi était elle si...perturbée, perdue ?
Elle relu de nouveau la lettre, pour être sûre et surtout, se prouver à elle-même qu’elle ne rêvait pas. Au passage qui mentionnait son frère, elle sortie un peu de ses pensées.

Je ferais mieux d’aller le dire à Raphael...tu m’attends là ?

Puis, sans attendre de réponse, elle se leva et chercha son frère du regard, avant de se diriger vers lui.

Bien sûr, Lumah avait beaucoup voyagé, même fréquemment. Mais là, c'était différent, parce que la raison derrière était celle d'un contexte sombre, d'un monde en quasi-guerre, où un camp chassait l'autre. Enfin, deux camps... Au moins.

C'était fort handicapant pour elles qui étaient restées à Poudlard toute l'année d'avoir toutes les réponses à leurs questions à travers un simple bout de parchemin ; si seulement elles avaient pu revoir leurs parents... Mais là encore, le contexte avait fait que, et les voici qui devaient avaler une nouvelle infiormation, un nouveau choc. Cette situation devenait trop extrême, et les conséquences étrangement démentes. Si seulement au lieu de paniquer chacun de leur côté, les deux pôles s'étaient écoutés, s'ils avaient pu parler au lieu d'immédiatement se condidérer mutuellement comme des ennemis. Mais tous n'avaient pas la même insouciance que Lumah, ni cette innocence dont elle faisait preuve, et ça n'étaient pas des girouettes, qui plus est : lorsqu'ils avaient une idée, ils ne la changeaient pas, ils n'avaient que celle-ci en tête. Ils ne savaient pas calmement élucider un problème, et préféraient éliminer l'inconnu.

Parfois, et ce depuis début septembre, cela fendait le coeur de Lumah de savoir que le monde dans lequel elle vivait n'était pas si rose, de savoir qu'il en existait des irrécupérables, des dénués de la moindre pitié, du moindre grain de bonnes intentions. Mais qu'importe, cela ne constituait après tout qu'un choc parmi tant d'autres, et le cadet de ses soucis, de fait. Il fallait qu'elle apprenne à faire le ménage de toutes ces pensées inutiles qui la faisaient tourner en bourique, d'ailleurs, c'était mauvais pour elle.

Quand Lumah posa son regard sur Elicia, celle-ci fixait toujours attentivement la lettre. Puis, d'un coup, elle se leva, étonnant Lumah qui poussa une exclamation de surprise.

« Oh oui, c'est vrai ! Aucun souci, je t'attends. Je peux encore avaler trois petits-déjeuners de plus, j'ai trop faim, donc ça tombe bien. »

Elle rit.