_{16 SEPTEMBRE 2045 - Table des Serdaigle, côté Poufsouffle, au soir.}

La Grande Salle était assez calme, ce soir-là, lorsque Rogan se laissa tomber sur le banc des Serdaigle. Mais cela ne le dérangeait pas le moins du monde, loin de là, surtout après une longue journée exténuante de cours. Et puis, de quoi il se plaignait, d'abord ? Il eut l'occasion de se reposer en Histoire de la magie, juste après un cours de vol qui lui parut duré une décennie, voire même trois. Le vol était le cours que Rogan aimait le moins, malgré l'ardeur et l'enthousiasme que le professeur Sanders avait quand il enseignait cette matière. Encore ce soir là, et il avait pris l'habitude, Rogan se retrouva seul avec lui-même pour dîner. Dédaignait-il les autres élèves de sa maison ? Pourquoi restait-il si seul, si malheureux de soi-même, bon sang ? Mais l'heure n'était pas au grief, et ses pensées furent chassées en même temps qu'il plantait sa fourchette dans une tarte aux pommes de terre. Le visage perdu fixé sur la torche accrochée au mur à l'autre bout de la salle, il réfléchissait à ce qu'il allait faire après s'être remplit gloutonnement l'estomac. L'idée d'avoir à écrire un parchemin entier sur la crémation des sorcières au 14ème siècle, et notamment sur Gwendoline la Fantasque, lui déplu largement pour qu'il se décide à se lever, somnolent, et à aller enfiler son pyjama.
Les discussions tardives et les ricanements s'estompèrent sous l'effet de surprise d'un croassement inattendu. Rogan, appuyé sur la table de ses deux mains, sa tête surplombant les autres, le regard toujours dans le vide, fronça ses sourcils d'un air interrogateur. Revenant à la réalité, il cru à une plaisanterie d'un élève mais, lorsqu'il eut balayé la salle des yeux, tous levaient la tête vers le plafond magique. Rogan en fit de même. Un corbeau portait en ses serres une boite enveloppée d'un tissu blanc et ficelé. Ses idées d'aller se pieuter dans son confortable lit à baldaquin semblèrent réfutées par l'apparition obscure de l'oiseau et de l'objet.



La voix odieuse s'était enfin tue. Un léger frisson parcouru l'échine du garçon. Il avait refermé sa main sur sa baguette magique enfouie dans la poche de sa cape, un réflexe inhabituel chez lui qui signifiait rien qu'autre un total mal-être. Il n'était plus le seul à s'être levé, d'autres élèves aux visages apeurés avaient porté leur regard affligé vers la boîte obscur.

_{- Une guerre sanguinaire entre les écoles ?} murmura-t-il dans un souffle, nerveusement. Au fond de lui, le fait de n'avoir seulement douze ans le rassurait. Qu'adviendra-t-il des champions qui seront choisis pour cet hécatombe ? Rogan se tourna vers une professeure Montmort aux aguets, le visage impassible.
Le silence qui était tombé semblait avoir figer le temps. Aucun murmure, aucune voix n'osaient le briser.

Une main glissa sur son épaule. Le regard livide et lourd, Rogan se rendit compte qu'il s'était complètement affalé sur la table, frêle et infirme. Une élève de Serdaigle s'était penchée vers lui, l'air inquiet et concerné. Sa voix résonnait en échos dans ses oreilles. ... va bien ? Rogan se redressa mollement mais surement. Il reprit ses esprits, peu à peu. Il se redressa, mollement mais surement. L'atroce événement n'était pas encore terminé, personne n'avait quitté la grande salle. Rogan reconnu la fille assise à côté de lui. Il l'avait vu auparavant, il en était certain. Dans la salle commune, l'année dernière. Elle avait l'air... si triste.

- C'est horrible ! dit-il d'une voix secouée et apeurée, presque d'une manière théâtrale. Rogan analysa amplement le visage de la jeune l'élève. Tu m'as pas l'air inquiète, toi. Pourtant, le château est en danger...

@Magdaleen Roseberg, ça te va ?

Ce soir-ci, Lumah se sentait mieux, ou bien seulement, parce qu'elle avait décidé de faire un trait sur ses pensées sombres ; elles la hantaient parfois durant le sommeil, alors qu'elles ne lui gâchent pas son week-end, quand bien même ça n'était pas son seul temps de repos ! Il était toujours aussi précieux à ses yeux. Et puis, de quoi aurait-elle l'air si elle faisait la moue ? Elle n'allait pas imiter Megan, qui semblait au bord du précipice, sinon l'ambiance aurait été morne. Bon, en fait, elle l'était : et Lumah priait presque pour qu'un idiot - même Edmund, tiens - fasse une quelconque bêtise qui puisse faire rire l'assemblée. La rentrée, c'était pas super, mais pas fait pour déprimer non plus, si ? La fillette se servit une grosse portion de purée ou de chépakoi qui était le plus proche d'elle et le fourra dans sa bouche à peine quelques instants après l'avoir posé dans son assiette. Ventre plein, batteries rechargées, c'était une devise plutôt idiote, mais véridique, en soi.

Puis des exclamations fusèrent de toutes tables. Lumah aurait pu s'estimer satisfaite, mais elle n'arrivait pas à l'être ; et un regard vers ses amies lui révéla qu'elle n'était pas seule à avoir le coeur noué. Ce genre de brouhaha n'était survenu que lors de la mort de Dai Quelquechose, et ça n'était pas ce qu'elle pouvait appeler un chouette évènement.

Agitée comme une girouette, la petite jetait des coups d'oeils autour d'elle à la recherche de la source du problème, une habitude qui lui était venue au fil du temps, une habitude de curieuse, d'ailleurs. Mais la plupart des élèves étaient bien plus grands qu'elle et lui barraient la vue, ce qui constituait un obstacle trop handicapant pour elle, qui ne souhaitait pas se lever. Lassée, la petite s'atacha les cheveux et attaqua sa troisième assiette, jusqu'à ce que Megan l'interpelle. Désormais visée, la fillette fronça les sourcils et elle vit alors une boîte noire non loin, un boîte avec un visage, qui semblair parler - ce qui n'avait aucun sens, même si rien n'en avait.

« Ehhh ? » fit Lumah en entendant une voix féminine lui parvenir, bel et bien émise par la boîte.

Sa curiosité extrême la poussa à tendre une oreille plus attentive quant aux paroles de la voix. celle-ci baragouinait des choses qu'elle ne comprenait pas, d'un Dôme Non à un Défi - cependant, toutes ces belles paroles ne perturbèrent pas autant la petite que ne le fit le rire de la boîte. Si celle-ci sortait tout droit d'une des salles de Poudlard, il fallait absolument qu'ils y fassent le ménage, parce, de son côté, la petite n'aurait jamais pu garder chez elle une boîte avec un rire ausi terrible. Avec un rire tout court, d'ailleurs.

« Je sais pas non plus », dit-elle à la suite d'Élicia, « mais ça a un rire glaçant... Ou elle ? »

Elle aurait juré entendre un nom de femme. Soudain, une idée lui traversa l'esprit :

« Est-ce que... Il pourrait s'agir d'une femme, qui communiquerait avec nous via cette boîte ? Bien sûr, ça n'aurait aucun sens, mais ça serait toujours plus commun qu'une boîte capable de parler de son propre chef. Une femme d'une autre école, peut-être ? », interpréta Lumah avec l'impression de se retrouver face à Oxy, en janvier, à discuter de la disparition de miss O'Sullivan.

Magdaleen faisait délicatement tourner sa baguette entre ses doigts. Comme cela elle êcoutait sans que quelqu’un puisse voir à quel point elle était attentive. Quant elle entendis

C’était étrange, mais la question lui paraissait destinée
- Eh bien .. plutôt un affrontement entre la perle de toutes les écoles de magies confondues ... on va découvrir les écoles illégales dns toutes leur splendeur.

Magdaleen se tourna vers la garçon. Qui n’était pas là. Une milliseconde plus tard, elle constatait qu’il ... *était moi. Non, ce n’est pas moi, mais il a eu la même rêaction* La dame chinoise avait tout changer. Ses certitudes. Son attitude. En cas de danger. *Je dois faire quoi pour lui ? * Elle tendit .. timidement sa main. Et effleura son épaule, espérant qu’il réagisse.

- Tu vas bien ?
Il se redressa, sans vigueur, mais bon il allait mieux. C’était un Serdaigle. Elle l’avait déjà vu dans la salle commune. Salle où elle était seule, sans parler à personne l’année dernière. Il ne restait plus qu’a espérer qu’il ne prenait pas en « pitié ». Elle détestait ses gens là. Non, c’est bon. Tant mieux.

- Poudlard n’est pas en danger. Le 21 décembre ... peut être. Mais on a le temps de se préparer, non ? Ce n’est pas .. la dame chinoise cette boîte. De toute façon ... on peut pas changer les choses. On a posé un ultimatum aux grandes écoles de magie.

Tenant toujours la baguette serrée, elle fit une tentative de sourire

Ce moment viens d’entrer dans le top deux des peur de ma vie, je le crains. Tu pense qu’un jour Poudlard pourrait fermer ?

Un affrontement ... toutes les écoles .... combien d’écoles clandestines se cachaient t’elles dans le monde ? Un horizon de possiblitées ... A ’leudachadh chothroman gun chrìoch
Passionnant..... c’était très intéressant. *Dominion*

@Rogan O’Cathasaigh , j'espère que cela te conviens

Tu retires quelques instants tes yeux de cette boîte.
C'est le regard interrogateur de Deryn que tu voies en premier.
Mais que lui répondre à ça ?
Tu n'en sais pas bien plus qu'elle.
Et tout autour de toi, tous semblent aussi perdue que jamais.

Plus stupéfaite encore lorsque des volutes de fumés noirs apparaissent.
Elles forment, au gré du récit, des personnages et toutes sortes de décors.
Cette histoire te semble d'ailleurs des plus invraisemblables.
*Que-comment ?*
Tu ne sais plus quoi penser.
Certes ton arrivé dans le monde magique t'a apprit bien des chose extraordinaire et que jamais tu n'aurais imaginé mais là. Cette apparition si soudaine. Cette histoire des plus étrange.
Ton cerveau n'est même plus dans la capacité de réfléchir calmement. D'analyser la situation.

- Cassandre ? Rassures moi, tu ne vas pas vomir hein ?

Ces paroles te font détourner le regard du centre de la salle et de l'étrange boîte noir.
Tu voies alors Cassandre, une quatrième année de Poufsouffle et assise à côté de Deryn, respirer bruyamment.
Elle ne semble décidément pas bien.
L'écoute de ces paroles semble bien plus la toucher. Ou différemment du moins.
*Elle comprend p't-être tout elle*
Quoi que tu saisis de plus en plus le sens de ces mots.
Mais pour le moment, il y a plus urgent à tes yeux.
Tu ne souhaites pas encore affronter cette vérité qui se dessine de plus en plus nettement dans ton esprit. C'est au-dessus de tes forces après tous les évènement de l'année passé.

Aussi, lorsque Deryn te demande de mouiller ta serviette pour la Jaune, tu t'empresses de t'exécuter.
Cette dernière est désormais appuyer contre la deuxième année.
Tu te penches alors au dessus de la table pour lui passer la serviette humide sur le visage.
De tout cœur tu espères que ça lui fera le plus grand bien.
Et puis, Deryn ne pourra surement pas supporter le poids de Cassandre trop longtemps non plus.

La tension était palpable dans la grande salle. Si Eileen ne répondit pas à sa question à propos du Dominion, Eridan ne s'en offusqua pas et ne resta pas longtemps ignorant, la voix de la boite reprenant la parole pour expliquer de quoi il s'agissait. De plus en plus raide sur son banc, les yeux rivés sur les dessins produits par la boite, le garçon ne vit pas la sous-directrice de l'école, miss Mormont, se lever et contourner la table des professeurs pour s'approcher, le faisant sursauter lorsqu'elle passa devant lui, coupant son contact visuel avec la boite pendant quelques secondes.

S'en même s'en rendre compte, Eridan retenait sa respiration alors que l'angoisse lui broyait le ventre. Son appréhension éteignait son paroxysme alors que la boite poursuivait son histoire, signalant comme si cela était parfaitement normal que les élèves des 6 écoles avaient combattus à mort. Même la présence de la sous-directrice n'arrivait pas à apaiser le garçon, qui haussa les épaules à la question d'Eileen, ne sachant pas plus qu'elle ce que miss Montmort était censée leur expliquer.

Si Eridan pensait que le discours ne pouvait pas s'agraver, il avait tort... La boite reprit la parole, dessinant une cage où trois enfants étaient retenus prisonnier. Bien qu'il était particulièrement loin du dessin son apparition lui fit faire un mouvement de recul. Plus pâle que jamais, il tourna à nouveau la tête, alors que nonchalant, la boite continuai sur sa lancée annonçant presque joyeusement que le Dominion rouvrait ses portes. Le garçon fronça les sourcils, pas franchement convaincu par les dires de la boite qui assurerait que la vie des participants seraient sauf, surtout alors quelle souriait de la sorte. Ses yeux s'écarquillèrent d'effroi, alors que son esprit reliait la cage qui s'évaporait aux propos énoncés... « Les trois enfants, les trois héritiers... C'est pas possible... » Son souffle n'était qu'un murmure, parlant plus que pour lui que pour quiconque, refusant de croire que ce qui se passait sous ses yeux était réel.

Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, son cerveau tournait à plein régime. Il détourna finalement le regard de la boite qui venait de s'immobiliser, cherchant auprès de ses camarades un soutien pour revenir à la réalité. Ça ne pouvait être qu'un cauchemar. Il se tourna d'ailleurs vers James, son camarade de dortoir qui était assis à sa droite et lui lâcha d'une voix faible, répétant à nouveau, comme pour se convaincre : « c'est pas possible, c'est un cauchemar... »

@James Holling & @Eileen Jones

La fille à côté d'elle lui avait répondu qu'elle non plus n'était pas au courant de l'existence de ce Dominion. Pour l'instant, elle n'avait pas peur. On lui avait dit qu'il se passait des évènements étranges au château, l'autre lui avait même parlé avec dédain des évènements passés l'année précédente. Elle était un peu inquiète mais cela n'était pas visible sur son visage car elle gardait encore son sang froid. Pourquoi s'affoler ? Il y avait encore tous les professeurs à côté et Miss Montmort s'était approchée des élèves. Elle se retourna vers Lily qui venait de lui parler et lui répondit à voix assez basse pour ne pas être entendue par les autres personnes autour d'elle :

- Bonjour Lily, je m'appelle Charlotte. Je suis en première année.

Puis toujours avec une petite intonation pétillante, elle souffla :

- Merci, c'est très gentil de ta part.

En se retournant vers l'urne, elle pensa que la brune à côté d'elle était vraiment gentille, enfin son sourire était rassurant. Cela fit s'envoler quelques unes de ses inquiétudes. Elle n'aimait pas être seule, et cette fille l'avait rejoint. Tout allait bien se passer.

L'urne se mit à expliquer l'histoire du dominion et les élèves proches de la fillette commençaient à se poser des questions et à demander à la voix de l'urne des précisions. Elle buvait littéralement les paroles sortant de l'objet mais plus celle-ci expliquait plus elle pâlissait. Un combat à mort ? Ça existe encore ? D'après ce que l'urne continua d'expliquer, cela ne devait plus exister.

Les fumées l’impressionnaient. Elle était devant une démonstration de magie qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Cela faisait à peine deux semaines qu'elle était au château et déjà elle se retrouvait confrontée à quelque chose de spectaculaire. Elle n'arrivait pas à décoller les yeux de l'urne et de la fumée.

Puis la voix parla de la mort d'héritiers d'un endroit qu'elle de connaissait pas mais certains élèves avaient l'air de connaitre autour d'elle. Elle commença à paniquer un peu. Des élèves de Poudlard allaient devoir se sacrifier dans une épreuve qui n'avait pas eu lieu depuis une éternité et qui était à l'origine mortelle pour sauver d'autres élèves ? Tout était flou dans sa tête, elle était trop jeune pour penser que des enfants pouvaient mourir.

Quand l'urne annonça que les élèves de plus de 14 ans pourraient participer, elle pensa immédiatement à son frère qui aurait le droit de déposer son nom dans l'urne. Elle n'arrivait plus vraiment à réfléchir correctement.
Bien sûr que son frère qui était un pur érudit, n'irait jamais mettre son nom dans l'urne et peut être que les professeurs allaient trouver une solution pour éviter que les élèves aient à participer à ça tout en sauvant les enfants. Mais elle ne pensa pas à tout ça. Elle vit que l'objet s'était déposée au sol en signe de mauvais présage et que la voix s'était tue. Un silence de mort plana sur la Grande Salle.

Très lentement, la petite tourna la tête vers Lily-Rose les yeux pleins de larmes qu'elle retenait à grande peine. Toute sa joie envolée, elle eut alors une réaction d'enfant. Elle glissa sa main dans celle de sa voisine sans s'en rendre compte et demanda d'une voix toute faible :

- Tu crois que des gens vont mourir ?

Table de Gryffondor,
Près de la porte, côté mur, en face d'@Ennis O'Belt et Britanny Huggins, et à côté d'@Olive Greenwood.


George, qui avait laissé son poste de préfet à une camarade pendant un an, préférant se concentrer sur la préparation de ses ASPICS, avait finalement accepté de reprendre du service lorsqu'il avait appris, il y a environ deux mois de cela, que le poste se libérait de nouveau. Ce soir, il était descendu seul pour dîner, et n'avait pas cherché à remonter l'allée entre les tables dans la Grande Salle. Il avait donc marché jusqu'à la table de Gryffondor, qui n'était déjà pas la plus près de la porte, et s'était trouvé une place en bout de table, en face de sa collègue préfète Ennis. Il régnait dans la salle un brouhaha permanent, chacun parlant un peu plus fort que son voisin pour essayer de couvrir le bruit autour de lui et se faire entendre de son interlocuteur. Il y a quelques années cela lui aurait parut insupportable, mais il avait finit par s'y habituer. Plongé dans ses pensées, le septième année n'avait pas remarqué que le vacarme s'était estompé si rapidement pour laisser place à un silence de mort dans la salle. George releva la tête juste au moment où un corbeau fit irruption dans la Grande Salle. Il le vit déposer un paquet blanc sur l'une des tables. Peut être Serdaigle mais il n'en était pas sûr. De là où il était il parvenait à peine à l'apercevoir entre la tête des autres élèves. Une voix s'est soudainement élevée de cette sorte de boîte. Elle parlait du Dominion, ce lieu que seuls les élèves ayant assisté au Tournoi des Trois Sorciers où s'était déroulé la dernière tâche du tournoi, là aussi ou la directrice de Beauxbâtons avait emmené les trois champions après les avoir enlevés juste avant l'épreuve. Georges se souvenait parfaitement de l'inquiétude grandissante qu'il avait pu lire sur le visage de ses professeurs. Il recouvra ses esprits au moment ou cette même voix a commencé à détailler une histoire, visiblement celle de quatre élèves qui ont dû s'affronter à mort dans le fameux Dominion, avant de parler d'un défi.

- ....Un défi qui opposera les douze grandes écoles de magie aux six meilleures écoles non-reconnues par votre Confédération internationale devant un parterre de journalistes venus des quatre coins du globe. La démonstration sera faite devant le monde entier que la reconnaissance des écoles de sorcellerie ne s’est jamais faite sur les compétences magiques de leurs pensionnaires mais sur un raisonnement purement politicien.

Défi, dans lequel soit disant personne ne devrait mourir. Ça, Georges refusait de le croire. C'était impossible. Il savait pertinemment qu'il y aurait des morts, la voix ne disait cela que pour les rassurer. Et elle ne s'arrêtait pas... Elle donnait les conditions d'accès au Tournoi maintenant....

- Tout élève ayant soufflé ses quatorze bougies avant le 1er septembre de cette année pourra prétendre représenter son école. Il lui suffira de déposer son nom dans cette urne noire. Au solstice d’hiver, quatre noms seront éjectés de cette urne dans chacune des dix-huit écoles représentées. Quant à la suite ? … j’ose espérer que nous en reparlerons au solstice d’hiver.

14 ans.... Georges n'en revenait pas. Pourquoi les enfants? Pourquoi pas les adultes? Ils veulent qu'on envoie des jeunes dans une boucherie, car oui, c'est ce que ce serait, il en était convaincu... D'ailleurs, il n'était pas le seul à trouver cela infâme, horrible. Tout autour de lui les discussions reprirent. Il ne pouvait plus se concentrer sur autre chose que sur ce qu'il se disait et son attention fut soudain captée par les paroles d'une jeune gryffonne qui était assise juste à côté de lui. Elle ne devait pas avoir plus de 12 ans, et paraissait effrayée, scandalisée par ce qu'elle venait d'entendre. Elle avait les yeux rougis, très certainement par quelques larmes qui avaient du couler, et refusait de croire qu'une telle chose était possible.

- Impossible que la direction soit d’accord avec ça, ils vont aller libérer les élèves ce sera tout ! disait-elle dans un murmure.

Na sachant pas trop quoi lui dire, mais se sentant en devoir de la rassurer, George lança d'abord un regard vers Ennis, espérant qu'elle le verrait, avant d'ajouter à l'adresse de la jeune gryffonne brune:

- Eh! Ne t'en fais pas, je suis sûr qu'ils trouveront une solution. Ils ne peuvent pas se permettre d'envoyer des élèves si jeunes... dit-il d'une voix qui se voulait rassurante, tout en essayant de se convaincre lui-même.

Le samedi 16 septembre 2045 Dans la soirée Grande Salle – Assise à côté d'Arya 3ème année

Ma tête est posée sur ma main et mon coude sur la table, alors que je picore dans mon assiette en piquant des petites pommes de terre rondes avec ma fourchette. Je baille, entre deux bouchées, et mes yeux menacent de pleurer. Mais je ne suis pas triste, et les gouttes d'eau qui se bousculent sous mes paupières font demi-tour : je souris. J'ai passé une bonne journée et si je suis fatiguée, l'excitation de la journée fait toujours vibrer mon cœur.

À côté de moi est assise ma voisine de chambre, Arya. Elle m'intrigue beaucoup et je jette d'ailleurs des regards furtifs vers elle sans pour autant lui adresser un mot. Lorsque nos regards se croisent, je souris, et retourne à mon assiette.

Le brouhaha de la Grande Salle est intense ce soir, mais ce n'est pas différent des autres soirs je crois. Autour de moi, les conversations vont de bon train : la capitaine de l'équipe de Quiddich est un peu plus loin, assise à la même rangée que moi. De temps en temps, je prête l'oreille mais ne m'intéresse pas plus que ça à ce qui se dit. J'hausse les épaules en terminant mon assiette.

Je finis mon assiette d'une dernière bouchée et ne m'attends à rien. Je m'apprête d'ailleurs à partir, en posant bruyamment – sans le faire exprès – quand la Grande Salle se pare de silence. Je tends l'oreille bien plus que je ne l'ai fait depuis le début du repas, mais ne me retourne pas encore. Le bruit d'un objet qui tombe résonne et brise le lourd silence. Cette fois, je me tords pour regarder derrière moi, en même temps que les autres Gryffons de ma rangée. Le bruit vient du centre, et bientôt je vois une espèce de boîte noire s'élever dans les airs, un peu comme les bougies qui vacillent autour de la boîte.

Je me fige en l'entendant parler.

Sa voix me glace le sang mais je l'écoute attentivement. Je suis aussi effrayée que fascinée mais je peux sentir que cette boîte n'est pas une bonne chose, aussi bien à cause de l'ambiance inquiétante qui se développe dans les rangs que pour sa couleur et le ton de cette voix. Et puis, une boîte qui parle peut-elle annoncer une bonne nouvelle ? Je n'en suis pas sûre et déjà, ses premiers mots ont l'air de me le confirmer.
J'aimerais me tourner vers Miss Montmort quand la professeure est évoquée. Mais mes yeux sont happés par la boîte volante.

Quand la boîte suggère de donner des explications à propos du Dominion – sur lequel je ne sais rien – je me tourne plus franchement vers elle, le cou dressé par la toute attention que je donne à l'objet magique. Mais c'est le récit qui suit qui est le plus intéressant. Mais mes mains deviennent moites et une vague chaleur monte à mes joues. Une légère sensation de malaise m'envahit quand la mort est évoquée.

« Quoi ? » je souffle pour me libérer de ce poids qui commence à appuyer mes épaules, quand la boîte évoque un nouveau défi dans cet endroit.

Mes sourcils se froncent particulièrement au moment où on parle des héritiers de Zhuangyán. Cassiopée m'a parlé de la destruction de l'école magique et la tristesse flotte autour de moi à son évocation. Savoir qu'une des treize écoles de magies a été détruite me rends triste parce que ces lieux magiques sont d'une toute importance et je le sais. Mais c'est aussi vraiment inquiétant – je l'ai lu sur le visage de ma grand-mère.
Mais je me sens égoïstement soulagée quand les conditions de ce nouveau défi sont dévoilées : avoir plus de quatorze ans. Je n'ai que treize ans.

Elle n’aurait peut-être pas dû.
Franchement, ça avait été tout sauf une bonne idée de s’enfuir, lâchement, à une autre table que celle des Rouges.
Peut-être qu’eux auraient été assez courageux pour décrocher une syllabe, ce qui ne semblait pas le cas de la fille à côté de laquelle elle était.
*Mais elle est jolie. *
Elle peut être jolie et cruche.

Le contact d’une main chaude contre la sienne la fit presque sursauter.
La Bleue avait posé sa paume contre le dos de sa main, peut-être espérant puiser du réconfort dans ce geste.
Néanmoins, cela la retourna complètement.
Une grosse boule se forma dans sa gorge, tandis que les souvenirs de Mai affluaient.
Elles aussi, elles s’étaient tenues les mains, pour former une barrière avec la réalité.
Elles aussi, elles avaient voulu affronter la Mort, mais avaient lamentablement échoué.
Elles aussi, elles avaient à peine échangé quelques mots, des phrases creuses de réconfort et des silences qui voulaient en dire beaucoup plus, des millions de fois plus.

C’était comme se repasser une journée en boucle tout en se souvenant de la dernière.
On se levait le matin, on avait une journée normale mais il y avait toujours ce pincement au cœur, cette angoisse palpable dans les couloirs, ces chuchotis qui hérissaient tous les poils de sa peau. Le danger était présent, quoiqu’en disaient les profs.
Le danger s’immisçait partout, quoiqu’en disaient les promesses de sécurité.
Le danger détruisait tout, quoiqu’en disaient les contes pour enfants.
Car rien ne pouvait préparer à la Peur.
Elle l’avait appris en Mai, elle le redécouvrait à présent.
Rien ne préparait à l’angoisse qui empêchait de respirer, à la peur viscérale, animale, qui poussait à fuir ou à tuer.

C’était le début de la tempête.
Pour le moment, la Mer ne faisait que des grosses vagues, dures à contourner, frappant la coquille vide -ou trop pleine de peur- de son corps, le vent murmurait et gagnait en force, les lames s’abattaient sur sa peau, la laissant frissonnante de froid et de terreur.
Après, le vent forcirait.
Après, la Mer gronderait.
Après, les vagues engloutiraient tout.
L’eau de sa vie était sombre. Et personne ne pouvait voir les remous violents se dissimulant dans ses abysses.

La boîte se remit à parler le plus naturellement du monde, bien insensible au tumulte chuchotant de la salle, s’amusant à répondre à quelques questions et apostrophant les professeurs.

Tout s’embrouillait encore plus dans sa tête.
Des sorciers avaient créé le Dominion ? Les fondateurs en faisaient partie ? Quatre élèves choisis ? Des élèves ?! *Mais bordel, c’est dangereux ! Des élèves ?! S’pèce de Malades mentaux !*
La suite acheva de la sonner.
Un combat à mort ? MORT ?

Elle ne pouvait pas dégager sa main pour la plaquer avec l’autre sur ses oreilles. Ce serait blessant, et ce serait abandonner l’autre sans une once de pitié et de remords.
*’Doit être muette*

Pourtant à sa grande surprise, la Bleue commença à parler.

Ce Mot t'fais pas Mal, toi ?

Haussant un surprise, elle jeta un coup d’œil à sa voisine avant de fixer à nouveau la boîte. Beaucoup plus flippante et dangereuse qu’une question.
Retournant la question dans sa tête, elle y réfléchit assez pour oublier pendant un moment l’objet volant.
Elle avait peur, oui.
De tous les putains de mots qui sortaient de ces putains de boîtes.
Est-ce qu’elle avait mal ?
Certainement que la peur s’accompagnait d’une part de douleur.
Haussant les épaules, elle répliqua en chuchotant .

« Tous les mots font mal. D’ailleurs, quand tu rajoutes un R à Mot, ça t’fait Mort. »

Dans un autre contexte elle aurait presque rougi de ces mots.
Là, elle était juste sérieuse, beaucoup trop sérieuse pour son visage qui semblait vieillir de deux ans au moins.
Assombrie par les Mo(r)ts comme une nuit orageuse.

La table se met à trembler, comme elle aussi secouée de ce qu’elle avait osé dire.
La boîte s’était remise à faire des croquis dans les airs, illustrant parfaitement son récit.
Honnêtement? Elle s’attendait presque à voir la grande salle représentée puis d’un coup, pouf, tous les élèves décapités. Et les professeurs ensuite. Et une Miss Loewy agenouillée et suppliant une stupide boîte volante de l’épargner. Et le château réduit en cendre.
Au lieu de cela, Le Bras de fumée traça des visages à ses personnages, mit des formes sur les mots et des contours sur les menaces.
Parfois, un dessin remplace milles mots*
*Parfois, annihiler les boîtes remplace mille morts, alors la ferme.*
Intimidation, tu peux te faire aussi moche que les Mensonges lorsque tu déploies tous tes atours.

Les nouvelles informations l’enfoncèrent un peu plus dans ses questions.
Plusieurs écoles du monde entier dont plusieurs n’étant pas reconnues ? Un défi rapporté par des journalistes, qui dramatiseront immédiatement l’affaire et noieront le strangulot dans des hectolitres de phrases inutiles ? Personne ne mourra si le chantage est respecté? Et si les adultes décidaient de ne pas y prendre part? Allaient ils tous mourir comme Daï ? Et qui avait envoyé cette boîte? Pourquoi ?

La Bleue essaye de se montrer rassurante. N'écoute pas. Ce sont encore des bêtises...
Ça se voyait à ce point sur son visage qu’elle était au bord de l’asphyxie ?
Pourtant, elle fut ramenée brutalement sur terre par ces simples balbutiements pour rassurer.

« Ah ? Tout va bien s’passer selon toi ? »

Son accent irlandais s’était accentué à cause de la peur. Ses mots étaient à demi mâchés, aussi dut elle recommencer trois fois le début de sa phrase suivante pour qu’elle soit intelligible.

« T’as pas été là en M-Mai si tu crois ça. T’as rien vu d-du t-tout. Tu t-t-t’enfermes dans tes illusions. M-Moi, j’étais là. Elle a c-crevé la bouche ouverte, si tu veux t-tout savoir. D’vant y-Tout l’monde. Comme si elle s’en f-f-foutait d’traumatiser la t-terre entière. »

Et pourtant, aucune haine dans cette voix.
Juste des trémolos qui la firent se détester un peu plus.
Ne montre pas tes faiblesses.
Mais c'était trop tard. Les mots étaient déjà sortis, et rien n'aurait pu les convaincre de revenir s'ébruiter en silence dans l'océan de voix.
Pourtant, elle était juste Inquiète.
Une inquiétude mortelle que rien ne pouvait dévier de sa trajectoire.

«T'as quel âge, toi?»

Sans qu'elle s'en rende compte, ses doigts se crispèrent un peu plus sur la main de la Bleue