
Ancien sorcier
SOS d'un blaireau en détresse. Libre
« Ed', faut que tu sortes. Il faut que tu sortes. Il faut que tu sortes... »La jeune sorcière était assise sur son lit jaune à baldaquins, attendant un signe. Lequel, elle n'en savait fichtre rien. Mais elle attendait. Depuis son arrivée à Poudlard, elle n'avait eu l'occasion de parler qu'à quelques uns de ses camarades Poufsouffle un peu fous, sans prendre le temps de s'attarder sur les autres maisons. Il fallait que cela cesse.
Ce n'était pas dans ses habitudes de faire causette avec les autres. Edme Poklan était davantage du genre à gambader dans des endroits un peu mystérieux et à s'inventer mille et unes histoires rocambolesques et imaginaires pour passer le temps. Pas sûr que ce soit une pratique courante dans ce château.
Et puis, Edme avait peur. De la réaction des autres, de son accueil, des regards, tout cela la terrifiait au plus haut point. Il lui fallait de la confiance, du respect et de la fantaisie pour vivre, mais avec les mines renfrognées et ternes qu'elle avait vues pour l'instant, la jeune sorcière avait peur de s'aventurer dans un espace inconnu où les êtres humains ne s'amusent pas. Il était tout de même devenu urgent de rencontrer des gens, c'était dans la nature humaine de discuter et de faire connaissance avec d'autres. Ce fut ainsi qu'Edme sortit enfin. On était samedi, un jour radieusement nuageux s'annonçait, et la matinée était déjà bien écoulée. Mais peu importait la jeune fille : elle avait un but et savait à quoi s'en tenir.
La jeune sorcière sortit donc machinalement de sa salle commune tournesol, et marcha, marcha, se laissant glisser où ses pieds voulaient la conduire. Leur choix se posa sur la Grande Salle. Dans un sens, Edme était bien heureuse d'être arrivée là, car c'était précisément dans cet endroit que tout avait débuté. La répartition, l'accueil chez les Poufsouffle, les repas... ! Il n'en fallut pas plus pour qu'Edme se décide du programme de sa journée : manger.
Les longs bancs et les tables de petit déjeuner étaient encore présents, narguant la jeune rousse de leurs yeux boisés. S'avançant presque mécaniquement jusqu'à l'antre réservée aux blaireaux, elle s'assit ensuite et laissa traîner son regard sur l'ensemble de la salle. La majorité des élèves étaient partis profiter des derniers rayons de soleil avant la fraîcheur de l'hiver, et beaucoup d'autres n'avaient pas pris la peine de se lever de bonne heure. Il n'y avait donc pas grand monde dans la pièce, mais bien assez pour qu'Edme se sente mal-à-l'aise. Elle n'aimait pas se sentir observée ou encerclée, mais elle était consciente que cette facette d'elle devait changer.
Son regard se posa ensuite sur la table plus particulièrement, qui avait été dévalisée totalement. Les elfes n'avaient pas pris la peine de remettre des victuailles dans les bols et récipients, se doutant que les élèves n'allaient plus arriver en nombre important. Dans un des bols présents devant elle, justement, restait une sucrerie, une souris en sucre, seule et démunie. Abandonnée par les siens, reniée, trahie, elle attendait dignement sa dernière heure, la queue cassée par une brute sans vergogne ni pitié. Pauvre petite créature. La fillette la pris dans ses mains enfantines, la caressant comme une mère caresse son enfant, tout en lui chuchotant tendrement :
« On est deux, chère amie. Deux pauvres âmes sans aucun moyen de retourner le temps. Obligées d'errer sans but... Oh, j'oubliais de me présenter : je m'appelle Edme. C'est quoi ton nom, petite souris ? »
Sur le banc des Poufsouffle, il n'y avait que les deux âmes en perte. Du moins, c'était ce qu'elles croyaient.