Merlin, les enfants ne le lâchaient pas ! Sigmund était absolument ravi de toute cette attention, et il lui était très agréable d'avoir de petites têtes à qui faire la conversation dès le matin. Mais, prévoir une sortie scolaire quand l'idée avait creusé son nid dans sa tête seulement cinq minutes auparavant, et quand la faisabilité était encore inconnue, c'était risqué. Surtout qu'il ne voulait pas décevoir ces deux marmots - et particulièrement Ernest envers qui il se sentait quelque peu redevable.

Il était évident que le p'tit gars était tout intimidé, et la bouillie de ses mots s'assortissait drôlement bien au porridge du matin. Ça rendait le Non encore plus difficile : quand tant d'efforts étaient manifestement nécessaire pour formuler une requête, refuser n'était que plus cruel.

Le professeur enfournait fruits et tartines qui lui tombait sous la main et faisait glisser le tout à coup de grands verres de thé. Il était pressé de mettre fin à cet échange qui pourrait le mener au divorce, à l'hypothèque de sa maison et à l'adoption de trois marmots s'il continuait à dire oui à tout sans parvenir à rassembler ses pensées pour retrouver son chapeau de sorcier responsable. Eileen avançait déjà plusieurs arguments en faveur de la proposition d'Ernest. S'il ne savait pas le Serpentard si timide avec sa camarade bleue, il aurait presque pu penser que leur coup était prémédité.

« Nous serions peu nombreux, avec seulement les élèves de la serre N°6, » avança-t-il, incertain. Mais quelque part, il lui semblait que cette idée tenait particulièrement à cœur aux deux enfants. Merlin, que faire ? Ce n'était pas comme s'il n'avait pas déjà dit qu'il s'occuperait des détails. S'avouant vaincu, le professeur de botanique croqua dans une ultime prune qu'il avala presque tout rond avant de se redresser brusquement, poings sur la table. « C'était fabuleux, ce petit déjeuner. Vous êtes d'une compagnie tout à fait agréable, Ernest, Eileen. Terminez bien vos assiettes. On oublie pas le petit Recurvite pour avancer le travail des elfes ! Allez ! Tchao les marmots ! À plus dans l'Magicobus ! » Après avoir lissé les plis de sa cape, il les salua gaiement de la main et trottina vers la table des professeurs pour glisser un mot à l'oreille de Sixtine.

Fin pour moi ! Merci pour ce RP. @Ernest Stevens @Eileen O'Brien, vous gagnez tous les deux 5 PR chacun (à demander dans mon bureau)

Vendredi 2 avril, 19h30

La journée de la veille avait marqué bien des esprits et les farces, pas toutes aussi bonnes les unes que les autres avaient fleuri tout au long de la journée. Sarah regrettait néanmoins le mauvais goût de certains : chaises sciées pour les professeurs ou mot d'annulation des cours. L'enseignante ne voyait là que des façons peu agréables du faire du tort aux autres et peinait à comprendre ce qu'on pouvait y tirer comme amusement. Une farce devait être drôle pour tout le monde et si, sur le coup, certains n'y trouvaient pas leur compte, il convenait de compenser ensuite d'une façon ou d'une autre.

Un peu plus tôt, elle avait trouvé un petit mot glissé sous la porte de son bureau alors qu'elle terminait ses corrections et, c'est avec surprise qu'elle avait lu un petit message des plus attendrissants. Elle avait hésité un peu mais, cette jolie carte ne pouvait rester sans réponse et l'occasion était trop belle de faire un peu de bricolage.

À l'heure du repas, les élèves de la maison Serpentard eurent donc pour certains la surprise de voir passer un petit poisson vert au ventre rebondit au niveau de leur table. Il oscillait parfois étrangement - certains élèves particulièrement attentifs auraient peut-être pu faire le lien avec les froncements de sourcils discrets de la sous-directrice assis un peu plus loin dont les doigts s'agitaient depuis quelques instants - et finit par s'arrêter devant le jeune Ernest Stevens. Alors qu'il tombait sur la table, il se déchira, révélant le contenu de son estomac, une chocogrenouille et un petit message.

Il était mûr et s'est envolé de sa branche. Je n'ai pas réussi à le rattraper.

Cela faisait deux jours qu’Ernest longeait les murs et se faisait discret mais il ne pouvait pas éviter absolument tous les élèves de sa maison indéfiniment ni arrêter de manger. Il avait donc pris place tout au bout de la table des Serpentards, et comme à son habitude, picorait dans les plats le nez plongé dans l’un de ses manuels. C’est qu’avec le temps qu’il avait perdu à se cacher, il craignait de prendre du retard sur ses révisions.

Plongé dans un chapitre qui décrivait les différentes écoles spécialisées en métamorphose, et particulièrement celle de Castelobruxo, l’adolescent ne remarqua pas tout de suite le petit poisson vert qui se frayait un chemin entre les différents mets et préparation culinaires qui trônaient sur la table des héritiers de Salazar. Ce n’est qu’au moment où la petite sculpture de papier tomba sur la page ouverte du livre que le gamin la découvrit non sans un léger sursaut. Elle se déchira sous ses yeux ébahis et il lui fallut quelques secondes pour prendre conscience de la situation.

Le petit brun saisit la chocogrenouille et le petit mot et un léger sourire étira le coin de ses lèvres alors que ses joues s'empourprèrent légèrement de rose. Miss Priddy ne lui en voulait pas pour sa maladresse et en plus, il avait même réussi à faire une blague ! Il n’osa néanmoins pas tourner son regard en direction de la table des professeurs. Il saisit un couteau et découpa méticuleusement les bords de la chocogrenouille pour pouvoir en retirer la carte sans avoir à en sortir le chocolat. Alors qu’il tirait précautionneusement sur le carton pour le sortir, il aperçut un bord légèrement brillant. Son geste se stoppa net et il sentit son cœur s’accélérer. Une carte argent !

Les yeux rivés sur son trésor, il entreprit de sortir entièrement la carte de l’emballage. Il retint sa respiration au moment de vérité et…. N°21 Bertie Crochu… Dommage, il l’avait déjà… L’adolescent sourit néanmoins, c’était quand même une carte un peu rare et peut-être qu'un un de ces jours elle lui permettrait d’obtenir en échange celle qui lui manquait. Ernest glissa la carte dans une poche et la choco dans l’autre. Celle-là, il la garderait pour Eileen.

Il plia consciencieusement les restes du poisson ainsi que le petit mot de Miss Priddy et les glissa entre deux pages de son manuel. Ceux-là non plus, il ne les jetterait pas.