Ada venait de sortir du cour d'Astronomie. Elle avait plusieurs fois observé le ciel et les planètes, et elle s'était longuement évadée dans ses pensées. Elle était passée dans son dortoir puis était remontée en haut de la tour, rien de mieux qu'un brin d'air frais. Pendant le cours il y avait les autres élèves et elle préférait largement observée les étoiles seule. Par chance, un télescope était resté en haut de la tour, elle entreprit donc de le régler puis observa les étoiles que le ciel nocturne abritait. Certaines était plus difficile à voir, comme si elle ne voulait pas être découverte. Ada se dit que ces étoiles lui ressemblait un peu, au fond.

 Elle sortit son livre et chercha Vénus, la planète qu'elle avait étudié pendant son cours. Ce qui la fascinait c'était la capacité qu'avait les astres à être tous différents et inaccessible. Elle sortit son nez du télescope et s'adossa au rebord de la tour. Elle se tordit le coup pour observer les étoiles sans les regarder à travers un objet. Soudain des fines larmes s'écoulèrent de ses joues, elle était ému. Par le ciel nocturne, et ses premiers jours à Poudlard. Par ses premières paroles qu'elle avait échangé avec certain élèves et surtout parce qu'elle se sentait enfin à sa place.

 Ada aimait la nuit, bien plus que le jour, elle avait toujours eu l'impression qu'elle la protégeait des regards extérieurs, des coups, des insultes, de tout. La nuit se refermait sur son corps et ça lui procurait une sensation inexplicable. Elle se sentait parfois frêle et la nuit lui permettait d'oublier ce sentiment de vulnérabilité. A l'abri dans la nuit et la tour, personne ne viendrait troublé son réconfort. Quand elle aperçut un manteau posé sur le rebord de la tour, et des petits pas se rapprocher

Lucy marchait en direction de la tour d'Astronomie. Elle en revenait tout juste, puisqu'elle venait d'y avoir cours, mais comme cela lui arrivait souvent, car elle était d'une grande maladresse et une petite étourdie, elle avait oublié ses affaires. Elle monta les marches de l'escalier lentement, essoufflée. *Ils devraient installer des ascenseurs !*, pensa-t-elle nerveusement en souvenir de ces dispositifs moldus qu'elle utilisait parfois avant avec sa mère. Mais elle avait lu l'Histoire de Poudlard, et elle savait que ce genre de chose ne fonctionnait pas ici. Il allait falloir qu'elle s'habitue aux innombrables escaliers de l'école.

Elle était bientôt arrivée. Elle prit une grande inspiration, ferma les yeux, et relâcha tout doucement l'air qu'elle avait inspiré. Depuis qu'elle était enfant, elle avait toujours adoré regarder les étoiles, mais l'immensité de ce ciel qui paraissait sans fin l'effrayait parfois. Et la tour d'Astronomie ! C'était si haut ! Elle avait le vertige et elle avait toujours l'impression qu'elle allait tomber d'un moment à l'autre. C'était donc toujours avec une joie mêlée d'angoisse qu'elle observait les étoiles du haut de cette tour. Elle ne put s'empêcher de réprimer un sourire nerveux.*Je suis vraiment une empotée !*. Heureusement, il n'y aurait personne à cette heure-là à la tour pour s'en rendre compte.

Une brise fraîche lui caressa le visage. Elle était arrivée. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres. Quand bien même la hauteur l'effrayait, elle aimait tant sentir le vent dans ses cheveux. C'était un endroit merveilleux et bien plus appréciable lorsqu'on y était seule. Mais à l'instant même où elle eut cette pensée, elle aperçut une autre jeune fille. De dos, elle ne parvint pas à la reconnaître. La jeune fille semblait légèrement plus grande qu'elle mais à en juger par sa silhouette frêle, elle n'était guère plus âgée. Elle s'apprêtait à rebrousser chemin quand elle vit sa cape posée non loin de l'autre enfant. Elle s'approcha silencieusement, prit une inspiration et déclara dans un murmure timide :

« Excuse-moi... si... si je te dérange... ne fais pas attention à... à moi, j'ai juste oublié mes af... affaires ». Elle mordilla sa lèvre inférieure et tordit nerveusement ses doigts, tout en maudissant intérieurement son bégaiement. Elle allait vite prendre ses affaires et déguerpir en courant. Mais lorsque la jeune fille se retourna à ses propos, elle la reconnut : il s'agissait d'une première année, de sa maison, avec qui elle venait d'assister au cours. Des larmes coulaient sur ses joues. Elle ouvrit de grands yeux, honteuse d'avoir surprise une camarade en train de pleurer. Son cœur se serra dans sa poitrine ; la jeune fille ne semblait pas triste, au contraire, mais pour une raison qu'elle ignorait, ses larmes touchèrent la petite Lucy qui, bien que timide, ne put refréner son insatiable curiosité.

« Tu... tu pleures... ? Est-ce que tu... vas bien ? » Elle avait parlé d'une voie toute timide, à peine audible, et formula le vœu de ne pas être entendue, honteuse de déranger sa camarade.

Dès qu'elle avait vu arriver cette fille Ada s'était toute tendue, mais n'avait pas réussit à contenir ses larmes. Elle avait donc laisser une jeune fille inconnue découvrir ces émotions et son intimité. C'était de sa faute, elle aurait dû les essuyer et partir, mais non. Elle été resté statique, comme paralysée. Elle finit par tourner vivement la tête et découvrir le visage de l'intruse. Elle la reconnut soudain, c'était... Ada ne se souvenait pas son nom mais l'avait vu en cours d'Astronomie juste avant. Elle était timide et rougissait vite. La première année lui posa une question avec douceur :  « Tu... tu pleures... ? Est-ce que tu... vas bien ? » 
Froide depuis toute petite la blondinette ne refoula pas son tempérament pour répondre à la brunette : - Qu'est-ce que tu fais là? Tu veux quoi en faite? Va... 
Ada stoppa ses paroles méchantes et glacial pour mieux observer la fillette. Elle paraissait très gênée et sincèrement inquiète. Malheureusement il en fallait plus à l'iceberg qu'était Ada, pour être affectueuse. Elle continue ses paroles, un peu moins brusquement néanmoins : - Tu es en première année, dans ma classe... C'était fais exprès d'arriver à CE moment là? Ou tu veux te sentir aimé en me  réconfortant?
Ada culpabilisa un peu, elle ne voulait pas être blessante mais elle n'arrivait pas à se détacher de son caractère dure et glacial. Elle ne contrôlait pas ses paroles mais son regard un peu plus. Depuis le début de ses dires elle avait un regard froid, qui paraissait limite méchant. Pour contrecarrer ses paroles elle essaya d'avoir un regard plus doux. Elle n'y était pour rien cette gamine, elle voulait... Elle voulait quoi déjà? La surprise d'être découvert entrain de pleurer avait fais oublier à l'Aiglonne le motif de l'arrivé de sa camarade. Elle jeta un coup d'oeil et vu la veste de.. C'est bon, son nom lui revenait! Elle l'avait entendu quand leurs professeur d'Astronomie avait fait l'appel. C'était Lucy. Elle aperçu donc la veste de la jeune Lucy égaré et croisa ses bras autour de sa taille en continuant d'observer avec un peu plus de douceur Lucy. Ses traits du visage ne se détendirent pas pour autant, mais elle ne voulait plus débiter de paroles de peur de recommencer à être froide.

Lucy gardait ses grands yeux noirs braqués sur sa camarade, indécise. Etait-ce une erreur de lui avoir adressé la parole ? Elle sentit son cœur se serrer dans sa poitrine et elle déglutit difficilement. Sa jeune camarade, dont elle ne parvenait à se souvenir du nom, prit soudain la parole :

« - Qu'est-ce que tu fais là ? Tu veux quoi en fait ? Va... ». La jeune fille s’interrompit. Ses yeux semblaient lancer des éclairs, et elle parlait d’une voix froide et sèche. Lucy fut prise de tremblements. Elle reprit : « Tu es en première année, dans ma classe... C'était fait exprès d'arriver à CE moment-là ? Ou tu veux te sentir aimée en me réconfortant ? »

Lucy sentit ses yeux se remplir de larmes. Elle était tellement choquée qu’elle ne parvenait plus à effectuer le moindre mouvement. La jeune fille avait toujours été choyée et aimée, jamais personne ne lui avait parlé sur ce ton, à part quelques enfants qui se moquaient d’elle quand elle était dans une école moldue. Mais à cette époque, leurs propos ne l’atteignaient pas de la même façon, car elle se savait différente. Elle savait que sa véritable place était ailleurs. Mais ici, à Poudlard, alors qu’elle n’aspirait qu’à se faire des amis et à s’épanouir enfin, les enjeux n’étaient pas les mêmes. Qu’avait-elle dit de mal ? Elle finissait toujours par se mêler des affaires des autres ! Elle ne put refréner ses larmes, tout en maudissant sa faiblesse.

Le regard de sa camarade semblait adouci mais peu importait, puisqu’elle ne parvenait plus à la regarder dans les yeux. Elle réalisa soudain qu’elle avait très froid. La nuit était tombée depuis longtemps et une brise glacée traversait sa maigre couche de vêtements. Elle n’avait toujours pas récupéré sa cape. Sa camarade qui lui faisait face lui semblait être un obstacle insurmontable. Ses jambes tremblaient, de froid ou de peur, elle n’en savait rien. Néanmoins, la petite Lucy sembla soudain se ressaisir. Mais qu’était-elle en train de faire ? Il était hors de question qu’elle se laisse marcher sur les pieds ! Maman lui disait toujours qu’elle manquait de confiance en elle et qu’elle devait apprendre à s’affirmer. Et ce qu’elle souhaitait plus que tout au monde, c’était bien de rendre sa maman fière ! Elle redressa le menton, planta son regard noir dans celui de sa camarade et rétorqua d’une voix qui se voulait froide, bien que tremblante :

« Je souhaitais juste savoir si… si tu a…allais bien. Mais à en juger par ta réa…ction, je crois que tu ne… ne souhaites pas d’aide. Je te souhaite une… une excellente soirée. »

Elle rougit violemment. Elle avait voulu se montrer froide et calme mais son bégaiement lui faisait perdre en crédibilité. Néanmoins, la jeune fille tourna fièrement les talons et s’éloigna d’un pas vif. Dans les escaliers, elle s’arrêta soudainement. La cape !

Zut... Ada avait été très froide et ça s'était répercuté sur la jeune Lucy. Ada vit les yeux de l'intruse s'embuer de larmes. Elle était si innocente, elle ne devait pas avoir l'habitude d'être traité ainsi. Elle paraissait juste fragile et que chacune des piques d'Ada allait percer sa fine carapace. Dès que l'Aiglonne regardait Lucy elle ressentait une espèce de culpabilité mêlé à de la douceur pure, comme une pâtisserie belle et légère qui fond sur la langue à chaque contact. Lucy paraissait douce, légère et frêle. Elle lui semblait si harmonieuse et elle l'imaginait rayonnante au quotidien, tout le contraire de la personnalité d'Ada en faite. 

Ada avait essayé d'adoucir son regard mais ça n'avait pas l'air d'avoir marché. La jeune fille semblait frissonner de froid et ces jambes tremblaient. C'était le froid qui lui faisait cet effet ou c'était son comportement sibérien qui l'avait traumatisée? Ada avait parfois blesser certaine personnes mais jamais à ce point, et souvent c'était avec des gens de sa connaissance qui savait qu'en dessous de sa carapace de glace elle cachait un mal-être et qu'elle pouvait être très gentille avec ses plus proches amis. Mais blesser une camarade de son âge et qui avait seulement essayé d'être affectueuse, ça ne lui avait jamais été arrivé. Soudain la jeune tremblotante se repris et leva le menton en planta son regard dans celui d'Ada. Cette dernière leva un sourcil en guise de dédain et lui adressa un sourire mêler de moquerie et de douceur. Contradiction improbable mais possible avec Ada. Lorsque Lucy lui adressa la parole Ada fut surprise et sursauta légèrement :

« Je souhaitais juste savoir si… si tu a…allais bien. Mais à en juger par ta réa…ction, je crois que tu ne… ne souhaites pas d’aide. Je te souhaite une… une excellente soirée. »

Puis elle tourna les talons et s'apprêta à s'en aller mais se figea. Sur le coup Ada ne comprit pas pourquoi elle n'avait pas déguerpi et s'était arrêtée, quand elle aperçut le manteau de Lucy sur le rebord de la tour. Ada hésitait quelques secondes, prit le manteau de Lucy pour le lui rendre et marchait vite vers les escaliers puis lui adressa la parole, sans méchanceté ni froideur cette fois-ci, mais de manière plus douce et mélancolique :

« Tiens, tu l'a oublié, c'est pour ça que tu es venue n'est-ce pas? Pas pour venir jouer les curieuses... Pardon... Je n'ai pas été agréable avec toi... Je... suis... pas très chaleureuse avec les inconnues... Je suis un peu difficile à vivre... » 

Elle passa un bras sur l'autre et quelques fines larmes s'écoulèrent de ses yeux verts. Elle se sentait mal dans sa peau et la seule manière pour elle d'y remédier était de se créer une carapace de glace. Mais là elle n'y arrivait plus, au fond, elle ressemblait peut-être un peu à cette Lucy. 

Lucy s’était figée dans les escaliers. Comment avait-elle pu oublier sa cape ? La rencontre avec sa camarade de maison l’avait perturbée. Indécise, elle hésitait entre remonter la chercher ou retourner au dortoir. Mais, chose rare : Lucy était énervée. Ce que beaucoup ignoraient ; c’était que le petit visage rond furibond de Lucy était d’un rouge encore plus vif que lorsqu’elle était gênée. Et, oh non ! Il ne fallait pas que cela se sache. Elle était affreuse, avec ses yeux noirs réduits à deux petits billes et ses narines frémissantes. Finalement, elle s’apprêtait à prendre la direction du dortoir quand elle entendit des pas pressés dans les escaliers. Encore cette face de véracrasse, marmonna-t-elle avec un grognement. Elle se retourna brusquement, prête à faire face au Kraken. Sa camarade s’arrêta devant elle, essoufflée, sa cape au bras.

« Tiens, tu l'as oubliée, c'est pour ça que tu es venue, n'est-ce pas? Pas pour venir jouer les curieuses... Pardon... Je n'ai pas été agréable avec toi... Je... suis... pas très chaleureuse avec les inconnues... Je suis un peu difficile à vivre... »  dit-elle d’une voix douce où l’on devinait un soupçon de mélancolie.

La colère de Lucy s’évanouit comme neige au soleil. Elle la regarda, hébétée, honteuse de sa réaction excessive. Puis, pour une raison totalement inconnue, la petite blonde se mit à pleurer. Oh, non, c’était de sa faute ! Elle avait été froide avec elle et maintenant, sa camarade était triste. Lucy n’avait pas l’habitude de s’énerver contre les autres, elle en ressentit une grande culpabilité. Mais comment devait-elle réagir ? Sa camarade ; elle réalisa à cette pensée qu’elle ne se souvenait toujours pas de son prénom, réagissait avec des cris lorsqu’on tentait la douceur avec elle, et des larmes lorsqu’on faisait preuve de froideur. Où était le juste milieu ? Que dire, que faire ? Les propos de la petite blonde tournaient en boucle dans la tête de Lucy dont le cerveau était en ébullition. Et pourquoi pas essayer d’afficher une parfaite neutralité ?

« Je te re…remercie. » Ah, le bégaiement. Elle rougit et récupéra sa cape, qu’elle rabattit sur ses épaules. « Tu n’as pas à t’excuser… j’ai.. moi aussi, été froi… froide avec toi. Je… ne t’en veux pas… Pardonne-moi aussi… d’avoir été froide av…avec toi. Tu vas bien ? Est-ce que ce sont tes… tes parents qui te manquent ? »

Lucy avait ravalé sa fierté pour essayer d’être gentille avec sa camarade qu’elle n’appréciait pas beaucoup pour l’instant. Elle était néanmoins touchée par ses larmes et ne pouvait donc s’empêcher –encore, de s’inquiéter pour la petite blonde. Son regard s’adoucit. Ses yeux la piquaient ; elle peinait elle aussi à retenir ses larmes. Elle était trop sensible ! Dès que quelqu’un se sentait mal, elle ne pouvait s’empêcher de partager cette peine. A sa grande surprise, elle prit l’initiative de tapoter gentiment l’épaule de sa jeune camarade, d’une main tremblante et hésitante.

Dès qu'Ada lui avait tendue la cape, qui était la cause de toute cette rencontre, elle s'était mise à rougir, honteuse d'avoir pu verser des larmes devant la première année. Mais aussi d'avoir eu, que quelques minutes l'apparence d'une vraie petite fille sincèrement peinée. L'Aiglonne n'avait jamais voulu exposer ses problèmes ou sa vie privée avec elle. Ou même ses larmes, tout ça c'était mieux de les cacher sous sa froideur. Mais en cette nuit, fatiguée, Ada avait abandonné la froideur quelques secondes pour tenter d'être moins dure. Son interlocutrice lui faisait de la peine avec ses bégaiements et ses manières de jeune fille de 11 ans. Elle lui semblait totalement à l'opposé d'elle-même, mais dans la tour d'Astronomie, elle lui ressemblait un peu. 

« Je te re…remercie. » 
 Encore ce petit bégaiement enfantin sortit de sa bouche, il collait à sa personnalité, songea Ada. Ce détail la fit sourire l'espace d'un instant, puis elle vit la Serdaigle mettre sa cape et se rappela brusquement :
  *foutu cape, tout ça à cause d'elle. 

Puis Lucy reprit et ses mots furent doux et compréhensif :

« Tu n’as pas à t’excuser… j’ai.. moi aussi, été froi… froide avec toi. Je… ne t’en veux pas… Pardonne-moi aussi… d’avoir été froide av…avec toi. Tu vas bien ? Est-ce que ce sont tes… tes parents qui te manquent ? »

Ada ne savait plus quoi dire. Elle s'essuya brusquement les yeux et les joues et mit son sac sur son épaule gauche. Le regard plus déterminé, elle tremblait très légèrement, malgré tout ses efforts pour les cacher, ses tremblements pouvait se voir si on y prêtait attention. Ada détestait qu'on parle de ses parents, seul son père fut présent pour elle. Alors ce n'était pas "tes parents" mais "ton père". Bien sûr tout ça Lucy n'en savait rien, mais elle avait détruit la magie en posant cette question. Ada voulait le lui reprocher mais ça aurait été illogique et stupide. Entendre une personne extérieure posé une question toute bête à propos de ses parents c'était particulier et d'un certain côté dur pour Ada. 
Tout d'un coup elle sentit qu'elle allait craquer à coup de nouvelles larmes, mais elle refusa de paraître une fois de plus faible au yeux de Lucy. Donc elle soupira un bon coup puis annonça sans émotion : 

- Ma mère ne me manque pas. Je ne veux plus jamais la revoir. Mon père... je l'aime, mais il ne me manque pas particulièrement.

Malgré cette réponse froide et détachée, on pouvait toujours voir dans ses yeux une naissance de larmes, qu'elle refoulait péniblement. Maintenant que la jeune première année avait récupéré cette fameuse cape, qu'allait t-il se passer? Finirait-elle sur ça? Ada se posa plusieurs questions pour s'empêcher de penser à ses parents.

Sa cape récupérée, Lucy n’avait plus aucune raison de s’attarder davantage à la tour d’Astronomie. Il était déjà tard et elle aurait dû être dans son dortoir depuis longtemps. Mais sa rencontre imprévue avec sa jeune camarade bouleversait ses plans. Lucy eut l’impression d’avoir fait une grosse bêtise. Elle lui avait posé une question en toute innocence, et elle ne s’attendait pas du tout à une telle réaction de la part de la jeune fille. Sa camarade tremblait légèrement et elle semblait très perturbée par ses propos ; on pouvait lire sur son visage tout un tas d’émotions. Lucy sentit sa gorge se serrer. Qu’avait-elle dit, qu’avait-elle fait ?!  Elle tordit nerveusement ses doigts et guetta la réaction de sa camarade, anxieuse.

« Ma mère ne me manque pas. Je ne veux plus jamais la revoir. Mon père... je l'aime, mais il ne me manque pas particulièrement. » dit finalement Ada. Lucy se mordit les lèvres et inspira profondément pour se calmer. Ne pas pleurer, ne pas pleurer. Elle s’en voulait d’avoir fait de la peine à la jeune fille, d’avoir ravivé des souvenirs douloureux. Comment pouvait-elle se rattraper ? Que pouvait-elle dire pour arranger la situation ?

«  Je suis désolée de t’avoir posé ce…cette question… je ne voulais pas te faire de la peine » bredouilla Lucy, toute rouge. Elle ressentit un élan de compassion pour la fillette. Peu de temps avant, elle s’était fait la réflexion qu’elle ne l’aimait pas beaucoup, mais à bien y réfléchir, sa jeune camarade ne semblait pas si différente d’elle, dans le sens où elle semblait un peu perdue et qu’elle cachait ses peines. Lucy fit alors quelque chose d’étonnant : sans même prendre le temps de réfléchir, de peser les pour et les contre, de chercher à savoir si son geste déplairait ou non à sa camarade, elle fit un pas dans sa direction, ouvrit grand ses bras et y accueillit la petite blondinette. Elle la serra fort contre elle et versa quelques larmes. L’étreinte fut courte, les deux jeunes filles se séparèrent rapidement.

« Au fait, je m’appelle Lucy… » dit-elle pour combler le silence qui s’était installé. Toute rouge, elle ne savait plus du tout comment réagir. Elle se justifia donc par l’heure tardive pour proposer à sa camarade de retourner aux dortoirs. Elles y retournèrent en silence. La journée était terminée, et les prémices d’une nouvelle histoire marquaient ce jour ; mais tout restait incertain. Comment la relation entre les deux fillettes allait-elle évoluer ?


Ce RP est terminé pour moi. Merci pour cet échange !