La flamme dégagea une chaleur relativement réconfortante pour que Chems se sente se détendre. Mais la couleur froide de celle-ci le laissait quand même méfiant et agité. Encore un truc bizarre à rajouter à la liste...

Le Poufsouffle s’approcha quand même, frissonnant. Aussi étrange la couleur de cette flamme était-elle, elle restait une source de chaleur, chassant le froid mordant en haut de la tour. Recroquevillé à côté du bocal, les genoux prêts de sa poitrine et les bras autours de ses jambes, Chems écoutait à demi la réponse du Serdaigle. Pas d’école de sorcellerie... Poudlard... la discussion lui paraissait irréel. Dire qu’il y a quelques mois, il discutait encore de comment ouvrir la barrière de sa voisine avec ses amis moldus. Chanceux qu’ils étaient d’avoir encore l’occasion d’aller l’enquiquiné quand lui était bloqué ici. Les mots prononcés par l’adolescent n’étaient pas convainquant, pas plus que ce qu’ils voulaient dire. Mais au bout d’un moment à parler avec le Serdaigle, et même si n’avait pas été facile, Chems avait compris une chose : Le garçon en face de lui avait l’air d’avoir autant envie d’être ici que lui. Les brises de vent froid ankylosant de plus en plus ses piques d’émotivité d'un côté, la chaleur créant un baume de consolation, adoucissant sa méfiance de l'autre, un sourire las, complice, finit par étirer un coin de sa lèvre. « Tu dis ça toi, mais on dirait que tu doutes vachement quand même» Un large bâillement interrompit sa propre réponse. Frottant un œil pour effacer la fatigue qui commençait à avoir raison de lui, il termina sa réponse en fixant les mouvements captivants des flammes. Combien il avait fini endormi comme ça devant la cheminée de chez lui…«Comme moi» finit-il à demi voix.

Mine de rien, la signification des paroles de l’adolescent l’avait consolé. En une seul phrase, le garçon l’avait inclus deux fois dans un "nous", marquant verbalement son appartenance au monde des sorciers. Il l’avait bien compris à travers la lettre, il avait refusé de l’admettre face à ses proches, ne comprenant pas comment son père pouvait aussi facilement accepté que son fils soit différent de lui. Être enthousiaste même ! Mais de se l’entendre dire d’une personne dans une situation similaire, qui le connaissait à peine et qui pourtant prenait l’initiative de parler pour eux deux, c’était…confortant. Levant des yeux aspirants à croire vers l'adolescent, Chems s’autorisa à répéter la phrase du Serdaigle, resserrant ses bras autours de ses jambes de peur de se réveiller et de se retrouver encore seul avec ses interrogations.

«On est des sorciers, exhala-t-il la voix fébrile. Alors c’est normal d’être ici pas vrai ?»

Le Serdaigle avait imité son jeune camarade et s'était assis les genoux repliés contre sa poitrine en même temps que lui. Menton posé sur les bras entourant ses jambes, la posture était propice à la réflexion qu'amenait la discussion autant qu'à la conservation de la chaleur fournie par les flammes bleues qui s'agitaient dans le bocal posé entre les deux garçons.

Le Poufsouffle lui souffla une réponse très juste à son "N'en doute pas". Forcément le gamin avait raison. Lui même ne savait pas trop où il en était, le fils de, le frère de... Ça n'était pas toujours facile de jongler quand aussi peu de personne ne l'individualisait. Même ses parents qui le comparait sans cesse à son frère aîné. Comme lui il cherchait sa place. Mais comment expliquer au jeune garçon que ce n'était pas tant sa condition de sorcier le problème, mais plutôt son rôle dans le microcosme de Poudlard puis dans la société qu'il intégrerait pleinement dans deux ans à peine.

Le bâillement du plus jeune fut communicatif et seul l'entraînement lui permit de l'étouffer proprement. La fatigue les gagnait peu à peu. Ils étaient tous les deux là depuis un moment maintenant. Le couvre feu n'allait plus tarder mais Domhall n'y pensait même plus. L'interaction qu'il avait avec le plus jeune lui faisait plus de bien qu'il n'aurait put l'imaginer. Il lui murmura comme en écho: "Comme toi". C'était sorti tout seul, sans qu'il n'ait eu de réelle maîtrise sur ses propos.

Un silence non forcé et plutôt agréable s'installa, il permit à Dom de repenser plus sereinement à tout ce qui venait de se passer. Il se posait bien trop de question n'est-ce pas? Ses pensées dérivèrent à nouveau vers sa famille, son frère et sa sœur. Ceux qui le comprendraient peut être le mieux en dehors de ses amis. Mais le premier était loin et les hiboux peu propices à ce genre d'explication; et la seconde encore trop jeune pour qu'il puisse lui faire part de tout ça. Sauf que contrairement au début de soirée il réfléchissait à quand il pourrait la voir, il ressentait comme un besoin inexplicable de parler avec elle même si la discussion tournerait plus ou moins inévitablement autour des doutes de la plus petite.

Il fut tiré de sa réflexion par la voix fébrile du brun. Il tourna la tête vers lui et capta ses yeux pleins d'espoir. Domhall acquiesça de la tête et lui glissa un sourire qu'il voulait rassurant. Ce n'était pas parce qu'il avait été éduqué pour ne pas montrer ses émotions qu'il n'en ressentait pas ou qu'il ne les montrait jamais. Il était juste pudique tant de caractère que par nécessité. La preuve en était à l'instant même.
- "Exact."

Chems laissa s’échappé une longue expiration. De soulagement peut être ? Il se sentait léger, pour la première fois depuis qu’il avait posé les pieds dans ce château. Les yeux toujours sur le visage souriant de l’adolescent, il se sentait juste…bien. Comme il se sentait chez lui, en Irlande. Comme il se sentait devant la cheminée de sa maison. Comme il se sentait entouré de son frère et son père. Il se sentait chez lui. Et il se laissa aller à croire à la sincérité au fond du regard gris du garçon, à son sourire fin mais qui avait l’air si authentique. Il se sentait bien ici, avec Domhall, rassuré. La même sensation que de retrouver la main d’une personne familière après s'être perdu dans une foule de visage inconnus.

«T'es gonflé de me dire ça alors qu'on se connait pas» Le garçon renifla au souvenir ses propres paroles quelques minutes plus tôt. Il lui avait crié dessus, bousculé par les mots de l’adolescent. Et maintenant, cette main familière était celle de Domhall. Chems regrettait amèrement son propre tempérament maintenant.  Rougissant de honte, il cacha son visage entre ses genoux, se rendant compte qu’il avait posé des barrières devant une personne qui ne cherchait pas le combat et qui avait de surcroit arrangé son désordre de pensées et de réflexion. Trouvant finalement le courage de relever son visage pour refaire face au Serdaigle et affronter toutes les erreurs qu’il avait commise durant toute cette conversation salvatrice, Chems rendit son sourire à Domhall, comme un remerciement silencieux puis baissa les yeux sur la flamme bleue entre eux. 

« Excuse-moi… » murmura-t-il, les mains serrant et desserrant le tissu de sa robe de sorcier d’embarras. « Tu sais…pour avoir crié. C’était pas sympa… »

Partager entre regarder très brièvement la réaction du Serdaigle et revenir fixer obstinément le feu, le Poufsouffle prit son courage à deux mains et redressa les épaules après quelques minutes de ce manège, lâchant définitivement le bocal des yeux pour prendre un ton plus assuré « Je suis Chems, se présenta-t-il finalement, de la même manière que l’avait fait l’adolescent et dont il n’avait pas eu la décence de rendre la présentation. Comme ça maintenant c’est sûr qu’on se connaît ! » se réjouit le garçon en écartant machinalement les bras pour souligner l’évidence, laissant un petit rire nerveux lui échappé. Pour dire la vérité, au début de cette conversation, le Poufsouffle s’était laissé aller à sa méfiance au point de ne pas vouloir avoir vraiment affaire à l’adolescent. Mais bien malgré lui, la patience du Serdaigle l’avait aidé au point qu’il s’en sentait maintenant presque confiant. Sans oublié assurément et définitivement reconnaissant. Finalement, ses bras retombèrent d’eux-mêmes à ses côtés alors qu’il cherchait activement un moyen de remercier Domhall. Mais son embarras persistant lié à son comportement précédent resserra sa gorge au point qu’il se retrouva à ouvrir et fermer la bouche sans savoir quoi dire.

« Je me sentais pas trop à ma place ici, lâcha le garçon au bout de quelques minutes de galère et d’hésitation, se doutant bien que le Serdaigle avait déjà dû le remarquer depuis le début. Mais grâce à toi, ça va beaucoup mieux, donc merci » termina-t-il un grand sourire sincère sur les lèvres. S’il ressentait de la gêne et de l'embarras vis-à-vis des mots crûs qu’il avait balancé injustement au visage de l’adolescent, Chems n’était pas du genre à dissimulé sous vingt couvertures ce qu’il ressentait. Et maintenant, il avait besoin de faire comprendre à Domhall que peu importe ce qu’il avait pu dire avant, il ne l’avait pas fait par pur méchanceté mais plus par confusion. Plus facile à dire qu'à faire...Lâchant ses jambes, il se laissa tomber en arrière dans un autre bâillement, les bras en croix à ses côtés, regardant le ciel sombre éclairé de la lueur de quelques étoiles. Rien de bizarre…Tout est normal. Il était un sorcier donc il avait droit de considéré tout ça comme d’une banalité. Se le répétant inlassablement, il laissa ses yeux se fermer, le calme bienfaiteur apporté par cette conversation apaisant son esprit échauffé. Des souvenirs de son père lui racontant des anecdotes sur le monde de la magie resurgirent brusquement dans son esprit et Chems ne put s’empêcher de pouffer. Il avait pris son temps pour comprendre que la fiction était devenue réalité…

« Tu sais quoi…finalement…je trouve ça plutôt cool d’être un sorcier. »

A l'instar du jeune Poufsouffle, Dom se laissa porter par le calme de l'instant présent, observant une nouvelle fois le ciel. On voyait de moins en moins bien les étoiles, le vent qui les glaçait avant qu'il n'allume la petite flamme avait ramené des nuages qui masquaient maintenant les astres lumineux. Du coin de l’œil, il voyait le garçon la tête cachée dans ses bras et ses genoux, en proie à une réflexion certaine. A moins qu'il ne se soit endormi? Ça lui paraissait peu probable, le couvre feu approchait mais il n'était pas si tard. Les deux garçons tournèrent la tête au même moment et le jaune offrait un sourire sincère et détendu au bleu. Sourire agrémenté d'une lueur sincère dans le yeux et de remerciements. Le plus jeune était clairement gêné de sa réaction ultérieure à laquelle le cinquième année avait répondu en prenant une grande distance pour les préserver l'un et l'autre d'un dérapage. En réponse à tout cela, l'irlandais haussa les épaules. Il voulut ajouter quelque chose mais le garçon le devança en redressant son torse pour être le plus droit possible et finir par se présenter. Dom ne prêta pas attention au petit rire nerveux qui lui échappa par la suite ni au côté théâtral de son mouvement de bras et dit simplement:
- "Enchanté Chems" alors que les bras du sus-nommé retombait mollement le long de son corps et que le Poufsouffle semblait désespérément chercher ses mots.

Dom' l'observa poliment, attendant de voir s'il réussirait à dire ce qu'il voulait. Et s'il était aussi peu loquace que lui cela pouvait lui prendre un certains temps de formuler ça correctement. Le plus âgé hocha la tête à ses explications, il avait bien compris que son mouvement d'humeur n'était pas lié directement à lui:
- "Je vois plutôt bien ce que tu veux dire. Pas toujours évident dans ce grand château..." Lui ce n'était pas tant sa place de sorcier le problème, mais son sentiment de ne pas être vraiment quelqu'un. Il avait ses amis très proches bien entendu mais pour beaucoup il n'était perçu que comme affilié à quelqu'un. Il s'attendait même à ce que certains professeurs viennent lui parler de sa cadette. Une hantise pour lui. Qu'on le laisse respirer par Merlin.

Son voisin se laissa tomber tout allongé, réchauffé par la flamme sans aucun doute. Un rire lui échappa, suivi d'une phrase qui tira un rire franc à l'irlandais:
- "Je n'ai pas de point de comparaison mais je trouve aussi." Son regard tomba sur sa montre, indiquant que s'ils ne se dépêchaient pas, particulièrement Chems qui avait quelques étages à descendre, ils finiraient avec une jolie retenue et certainement quelques points en moins. Il ne voulait pas casser ce moment apaisé mais la voix de la raison retentit en lui et il se sentit obligé de la rendre audible pour son compagnon de soirée
- "Par contre, être élève c'est pas si cool. Il va falloir descendre."

D'abords réjoui d'entendre l'adolescent rire, la phrase qui suivit ce bref moment lui fit froncé légèrement les sourcils au ciel. Pas de point de comparaison ? Domhall n'avait donc jamais vécu à la moldu ? Mais il devait l'être avant de rentrer à Poudlard pourtant. Il devait forcément avoir connu la vie sans magie.

« Tu viens d'ou alors?
D'un endroit qui aurait dû me préparer à tout ça... »

Qu'est ce qu'il voulait dire par là ?  Il avait d'abords naïvement cru que cet endroit particulier aurait pu être une autre école mais à plus y réfléchir... et si Domhall parlait de sa propre maison ? Une maison remplit de magie, avec des bougies flottantes, des tableaux vivants, un entourage de sorciers, peut être même toute une famille de sorcier! Comparé à lui qui n'avait qu'une attache au monde des sorciers sous la forme d'une mère qui n'ouvrait la bouche que pour le réprimandé, lui dire bonjour et bonne nuit dans ses bons jours, c'était une histoire totalement différente. Pensé que ce qu'il avait apprit de la magie venait de la bouche de son père moldu était ironique. Et puis dans sa tête, tout le monde avait vécu une vie "normal" avant l'arrivée de cette lettre d'admission à l'école de magie. Maintenant, Chems réalisait à quel point sa définition de la normalité était obsolète. Comment pouvait-il qualifier une vie normal maintenant ? Depuis le début de l'année, il n'avait pas apprit à connaître les autres enfants de son âge. N'avait pas chercher à s'intéresser à un autre parcours que le sien, trop perturbé par son propre cas pour faire attention à celui des autres. Peut être que s'il avait vraiment fait attention, les mots de l'adolescent ne lui auraient pas paru si étonnant. Peut être que s'il avait été moins fermé d'esprit, il n'aurait pas été dans cet état de confusion en premier lieux... 

Domhall lui avait fait comprendre en une soirée ce qu'il aurait dû réaliser en plusieurs jours. 

Hochant distraitement la tête en réponse à la réflexion du Serdaigle, il se redressa. Il se sentait comme si il venait à peine de débarquer dans le château. Psychologiquement du moins. 

« Ok » 

Avant de correctement se remettre sur ses jambes, les yeux de Chems atterrirent sur le bocal où la flamme azuré dansait toujours. Ses mains se rapprochèrent lentement du verre jusqu'à ce que les paumes du garçon enserrent la surface chaleureuse du bocal. À genoux en face de la petite source de chaleur, Chems prit quelques minutes supplémentaire. Il n'avait pas envie de quitter le haut de la tour. Il voulait rester là, à discuter de tout et de rien avec Domhall en face de cette petit flamme bleue. Mais celle-ci commençait déjà à s'éteindre et il fut bien forcé d'admettre que le Serdaigle avait raison. Résigné, il se releva lentement, emportant avec lui le récipient lumineux et s'approcha de l'adolescent, les yeux baissés, ne quittant pas le bocal et la flamme à l'intérieur, pour lui remettre l'objet en main propre, profitant des quelques minutes de chaleur  qui lui restait avant de devoir quitter cet endroit et le garçon rassurant. 
Sa gorge se resserra. 

« C'est pas vrai... » Ses doigts se resserrèrent sur le verre tandis que ses bras se tendaient pour remettre le bocal où la lumière de la flamme mourrait progressivement. « Moi je te trouve ultra cool. »

Chems sembla perdu dans ses pensées pendant un long moment. De sa bouche ne sortit qu'un simple "ok" après de longues minutes de ce qui semblait être une réflexion particulièrement intense et un hochement de tête évasif. Pendant tout ce temps, l'irlandais ne le quitta pas des yeux. Observant les réactions pour le moins contrastée du jeune Poufsouffle du début de leur conversation. Il était passé par différents états, différents niveaux d'émotions. Ça avait été déconcertant et puis... Le Serdaigle le vit se lever puis, retomber plus ou moins à genou devant le petit bocal où les flammes conçues par la magie dansaient toujours légèrement. Les mains du garçon se refermèrent sur le récipient tout doucement, tout aussi doucement il se leva pour le lui déposer dans les mains qu'il avait tendues devant lui. Cela avait été un automatisme, il n'avait pas vraiment réfléchi à ce qu'il faisait.

Debout devant lui, toujours assis, le gamin le dominait de toute sa hauteur de garçon de onze ans - le grand qu'il était n'en avait plus l'habitude et il lui fallu lever le cou pour le voir - lui adressant la parole avant que le bocal ne change de mains. Domhall sourit face à ce qui lui semblait être un compliment. Non, ce qui était un compliment. Ses yeux quittèrent son compatriote pour voir le petit feu s'éteindre, comme s'il annonçait le besoin impérieux de rejoindre leurs salles communes respectives. Ce qui, s'ils ne voulaient pas se mentir, était très clairement le cas. Le couvre feu était sur le point de passer, les rondes des préfets et professeurs allaient commencer. Sans compter les fantômes et tableaux qui avaient cette fâcheuse tendance à les alerter. Le plus vieux se leva, prenant appui sur le sol de sa main gauche, la droite fourrant dans le même temps l'objet dans une de ses poches:
- "Go raibh maith agat." Lui dit-il dans leur langue maternelle. C'était la formule pour dire merci, ni plus ni moins. "Il faut quand même descendre." Ajouta-t-il en montrant la porte menant à l'escalier avec un signe de tête. "Je te raccompagne à ta salle commune." Ce n'était pas vraiment une question. "Tu as loin à descendre, je m'en voudrait si quelqu'un t'attrapait dans les couloirs après le couvre-feu." Le Serdaigle espérait que sa propostion serait accepté mais il ne savait pas vraiment pourquoi, il en doutait. Les irlandais étaient toujours assez fiers, avec une tendance certaine à refuser une aide bienvenue. Et vu ce qu'avait montré Chems, il y avait des chances qu'il fut de ce bois là. Un pur souche en somme, qui se voulait fort même quand à l'intérieur il ressentait tout le contraire.

Entendre de l’irlandais sortir de la bouche de quelqu’un d’autre que son père était anormalement captivant. Lorsque son père en faisait usage, c’était surtout pour taquiner ses deux fils, parler au téléphone, aux voisins, ou encore lorsqu’il était trop distrait pour y faire attention. Chems n’aurait jamais pu tenir toute une discussion complète, mais il comprenait la plupart des mots du quotidien.

Il sourit à l’adolescent, rentrant rapidement ses mains vides dans les poches de son pantalon pour échapper au froid mordant de l’extérieur. « Je peux descendre tout seul. Je ferais gaffe t’inquiète.» S’ils se faisaient vraiment chopé tous les deux, c’était Chems qui s’en voudrait. « De toute façon, si jamais je croise le vieux Rusard, je cours… c’est pas comme s’il pouvait me rattraper de toute façon » Cela dit, même s’il était confiant par rapport à son endurance, il n’avait jamais testé de quoi était capable le concierge.

Il aurait pu utiliser la proposition du Serdaigle comme d’une excuse pour rester un peu plus en sa compagnie, mais même en admettant qu’il ait pu se sentir oppressé par le fait de se balader dans les couloirs après le couvre-feu (ce qui n’était pas le cas), le raccompagner jusque devant la salle commune voulait dire descendre tout le château seulement pour le remonter tout de suite après.  Si Domhall était aussi fatigué que lui, il ne voulait pas lui infliger ça. S’approchant de la petite porte de bois qu’il avait si violemment ouverte tout à l’heure, Chems se retourna. Par rapport à quand il était arrivé, le ciel s’était beaucoup plus assombrit. Tout le cadre renvoyait au froid et à la solitude : Les pierres glacées, le ciel assombrit par l’apparition de gros nuages qui masquaient de moitié la lumière de la lune, l’immensité du ciel… tout. Mais pour Chems maintenant, le lieu ne lui inspirait rien de tout ça. Au contraire, il sentait encore la chaleur de la flamme bleue sur sa peau, entendait encore l’écho de ses propres craintes se faire étouffer par les mots du Serdaigle alors qu’il réalisait qu’il pouvait lui aussi dire qu’il était chez lui maintenant. À moins de se faire frapper par la foudre, cet endroit respirait autant la quiétude que la plus haute branche d’un des arbres près de chez lui. Chems savait d’ores et déjà qu’il reviendrait ici.

Avant de devoir tourner le dos à l’endroit, il adressa encore une fois un sourire reconnaissant à Domhall. Ça sera assurément bizarre de le voir autre part qu’ici… pour peu qu’il en ait l’occasion. Une pointe d’inquiétude le fit douter. Et s’il ne voyait plus jamais Domhall ? Poudlard n’était pas aussi grande que l’Irlande mais… et si ? Le poufsouffle ne savait même pas en quel année l’adolescent était... Ce pourrait être la dernière fois… «Bon ben…» Il ne put s’empêcher d’extériorisé subtilement ses inquiétudes : « …J’espère qu’on se reverra. »

Domhall avait fait beaucoup. Chems ne savait pas encore comment, mais il trouverait assurément un moyen de rendre la faveur.

« Bye-…huh… S-slán…ouais…Slán leat !» Son irlandais précaire était tellement flagrant. Le garçon s’en gratta l’arrière du cou, un peu embarrassé. Dire que tout son voisinage le parlait couramment, si sa mère n’avait pas déjà quelques petites difficultés avec l’anglais, ça aurait sans doute déjà été la langue courante à la maison depuis longtemps. 

Il y avait bien une phrase pourtant. Celle que Chems maîtrisait le plus. Son frère le lui avait dit dans l’oreille avant qu'il ne monte dans le Poudlard Express. Son père le disait aussi à sa mère parfois…. Lui-même le disait tout les jours en voyant son père ou son frère sortir de la maison. Faire usage de cette langue ici, à Poudlard, n’était pas que captivant…

C’était aussi inexplicablement bouleversant.

«Tabhair aire Domhall » et merci pour tout 

Fin du RP pour moi. Merci beaucoup Ennis d'avoir répondu à cette demande qui me tenait particulièrement à  coeur!  

Les mains enfoncée dans les poches, le plus jeune déclina la proposition du Serdaigle. L'irlandais aurait bien aimé raccompagner Chems. Non pas qu'il soit déçu mais le Poufsouffle avait attisé sa curiosité. Domhall laissa échapper un rire à la mention de Rusard:
- "C'est un fantôme tu sais... C'est que maintenant il n'a plus besoin de courir."

Et Dom' savait à quel point le concierge prenait toujours à cœur de poursuivre les élèves contrevenant aux règles. Et comme maintenant il n'avait plus la restriction des portes et des murs, il avait un sacré avantage. Alors les élèves faisait attention à ce vieux briscard. Alors que Chems se tournait vers la sortie, Dom' haussa les épaules. Il n'allait quand même pas le forcer. Il se dirigea lui aussi vers la porte, alors que le plus petit se tournait comme pour observer une dernière fois le sommet de la tour enveloppé par la nuit. L'irlandais le détailla alors qu'il était plongé dans ses pensées. L'air qu'il arborait montrait à quel point le jaune et noir était serein face à cet endroit. Au moins autant que lui et il le comprenait tellement. La tour d'Astronomie était toujours calme et malgré le vent, il lui était toujours reposant de venir. Il en avait ruminé des pensées, savouré des joies sur cette caisse de bois ou la vieille pierre... Ca lui faisait toujours un bien fou. La plupart du temps il était seul, et puis parfois, comme ce soir, il avait une compagnie. Et quelle compagnie ce soir, ce jeune première année était une belle rencontre.

Domhall rendit son sourire à Chems. Discuter avec lui lui avait fait du bien aussi. Et puis, la reconnaissance du Poufsouffle était agréable. Elle lui donnait une importance qu'il ne s'imaginait pas pouvoir avoir. Même pour un instant aussi court que cette discussion.

- "On se reverra sans aucun doute." Assura le châtain au gamin. Pourdlard n'était pas si grand, ni si peuplé pour qu'il ne se revoit jamais. Surtout qu'il devait être dans la classe d'Ennis. Il n'en était pas certain mais le Poufsouffle ne pouvait être qu'en première année. Un air aussi perdu, un questionnement sur le fait d'être à Poudlard. Toujours debout non loin de la porte, le Serdaigle attendait que son camarade ne descende mais il se retourna une dernière fois, s'adressant à lui en irlandais. Un irlandais hésitant mais plaisant à entendre. Domhall hocha la tête en remerciement et n'eut pas le temps de lui répondre avant qu'il ne s'engouffre dans l'escalier. Il le souffla tou de même avant de prendre le chemin de sa salle commune:

- "Tú freisin. Go luath."

Merci beaucoup à toi pour ce moment RP. Un échange particulièrement intéressant.