La rentrée était passée depuis quelques jours déjà, et Myosotis entamait sa deuxième année dans l’école de magie. Une grande mélancolie l’avait remplie depuis son retour à Poudlard. Peut-être à cause de ces tumultueuses vacances… il fallait qu’elle monte en haut, pour se débarrasser de toutes ses pensées noires qui lui serraient la poitrine, les laisser partir et à nouveau respirer.
Le sol était froid. La sensation de ses pieds sur les pierres lui était fort agréable. Cela lui permettait de refroidir son petit corps compressé et oppressé. Elle laissait ses jambes la guider où elles le désiraient. Sa robe de nuit blanche lui carressait la peau et ses cheveux parcouraient ses bras au rythme de ses pas. La brise glacée de cette nuit se faisait de plus en plus présente, signe que son périple allait bientôt prendre fin.

Au tournant d’un couloir, elle découvrit le spectacle captivant de la tour d’astronomie.



Le ciel sombre de ce mois de septembre était illuminé par les étoiles. De simples points lumineux qui pourtant charmaient des millions d’yeux. Nombreuses étaient celles qui avaient décidé de se dévoiler ce soir, pour décorer ce plafond austère qui inspirait néant. Toutes pareils mais différentes, certaines plus grosses et d’autres plus éclatantes, Myosotis se perdait dans les profondeurs de la constellation. Elle était hypnotisée par leur effrayante beauté et les observait inlassablement du haut de la tour d’astronomie. Sa passion était de découvrir de nouveaux visages, de nouveaux paysages, de nouveaux ciels juste pour les observer, les détailler, se questionner sur la beauté du hasard.
Elle avait oublié Poudlard, oublié le temps qui passait et rongeait, oublié la Terre et ses habitants. Son âme était aspirée par le charme des astres, sirènes du ciel, si belles et dangereuses. Ses yeux scrutaient et virevoltaient pendant que son corps suivait le rythme imposé.
Le tourni lui prenait la tête mais elle s’en fichait éperdument. Il n’y avait que les étoiles, elle pouvait voir qu’elles se rapprochaient d’elle, de plus en plus, un pas, deux pas, elle y était presque. Il fallait juste tendre la main, pousser un peu plus loin encore. Trois pas, quatre pas. Pourquoi ses astres semblaient-ils si proche et si loin? Son index allait bientôt toucher un petit point blanc. Un effort encore et elle allait l'avoir. Elle balança son pied gauche pendant que son bras tendu s’agitait dans le vide, dans l’espoir d’attraper une étoile. Elle ne sentait plus l’appui sur une de ses jambes, mais il fallait encore avancer, ne serait-ce que de quelques centimètres, juste pour la beauté des étoiles.

 Pourquoi devait-elle toujours être aussi rêveuse! Elle sortit brusquement de sa bulle, réveillée par un violent bondissement de son coeur. Elle n'avait pas le temps de se poser plus de questions, ni d'éprouver un quelconque sentiment de peur, car déjà, envahie par une intense surprise, elle trébucha du bord de la haut d'astronomie, ses pieds déséquilibrés par sa robe de nuit trop grande pour elle. Maintenant il n'y avait qu'à espérer qu'une étoile vienne la sauver.

Chers lecteurs,
ceci n'est en rien un acte volontaire pour mettre fin à la vie de mon personnage. C'est une chute, un dérapement dû au caractère lunatique de Myosotis. Si vous éprouvez un quelconque sentiment qui pourrait vous être nocif, surtout ne restez pas silencieux. Je ne suis en rien une experte en la matière, mais je sais au moins une chose: exprimez-vous.

  Elwing était heureuse, sa vie avait pris un bon tournant en ce mois d'octobre.  C'était le soir et la Poufsouffle eut besoin de rêve.  Cette envie, elle pouvait la contenter en allant au point le plus haut de Poudlard : la tour d'astronomie.  La jeune fille avait froid, elle n'était pas très couverte, mais cela n'était pas important.  Qui pouvait résister à l'appel des étoiles ? 
  La Poufsouffle monta alors les marches, sentant la légère brise nocturne de plus en plus sur ses bras nus.  Elle portait une simple blouse, ce n'était pas la tenue idéale pour une sortie de nuit.

  Elle approchait du sommet de la tour et entendit des petits bruits de pas presque imperceptibles.  La jeune fille était étonnée de trouver quelqu'un à cette heure mais bon, cela lui ferait de la compagnie !  Elwing avait hâte de voir cette nouvelle tête.  Elle vit alors une fille assez petite cachée derrière une énorme touffe de cheveux noirs qui s'avançait de plus en plus vers le bord.  Elwing la vit alors basculer...

  Dans une certaine urgence, la Poufsouffle courut et tendit la main.  Elle attrapa de justesse la main de la jeune fille.

- Attrape mon autre main !

  Elwing saisit la jeune fille par ses poignets et tira de toutes ses forces pour finalement la remonter.

- C'était moins une !  Je m'appelle Elwing et je pense pouvoir dire que je t'ai sauvé la vie !

Ce sentiment du sol qui se dérobe sous nos pieds, ce sentiment qu’on a lors un mauvais rêve, quand on tombe dans des abîmes inconnus, que notre coeur semble lâcher prise et se réduit jusqu’à disparaître de notre poitrine, quand le vide prend sa place et nous mange de l’intérieur. Quand le temps révèle son infiniment-petit, quand on se demande si les fins sont toujours si rapides, si la nuit se terminera un jour, pour laisser place au jour, si les racines des ténèbres cesseront un jour de ramper. Pourquoi maintenant? Elle n’avait jamais désiré cela, il y avait d’autres choses en ce monde qu’elle voulait ressentir, d’autres choses à voir, à découvrir. Comment était-ce arrivé? Une étoile, elle avait juste voulu attrapé l’étoile, rien de plus. Par ce péché, on la punissait d’une chute sombre, seule et abandonnée, son destin ne tenait qu’à une main, accrochée au rebord d’une pierre.
Tout cela, Myosotis l’avait ressenti en quelques centièmes de seconde. 


Tous ses muscles étaient tendus, et le moindre mouvement brusque la ferait lâcher prise. Y avait-il encore de l’espoir? Une chance qu’une étoile, une lumière vienne la sauver de cette chute inévitable, de la tirer des griffes de la nuit qui l’attirait dans ses ténèbres? Là, en-haut, une main apparut au-dessus de sa tête. Un miracle, cela ne pouvait être qu’un miracle. Elle ne savait pas qui était cette mystérieuse personne qui l’avait sauvé, mais sa reconnaissance était éternelle. La vie lui donnait une autre chance, alors elle l’attrapa et tira de toute ses forces. Elle entendit des paroles, mais elle ne comprenait pas leur sens, ses oreilles entendaient flous. Ses genoux se débattaient dans le vide et se cognaient contre les pierres aiguisées de l’école. Ca piquait mais elle s’en fichait. Enfin des sensations. C’était signe qu’elle appartenait encore à ce monde et c’était sûrement le plus beau trésor qui existait sur Terre.
Enfin, après maintes efforts et débattements, elle mit une jambe sur le rebord de la tour d’astronomie, et lâcha les mains de son ange gardien. La Serpentard se roula par terre, retirant ainsi totalement son corps du vide et resta affalée sur le sol froid de la nuit, pendant que les lointaines étoiles l’observaient du haut du trône de la voie lactée.

- C'était moins une !  Je m'appelle Elwing et je pense pouvoir dire que je t'ai sauvé la vie !

La personne parla. Oui, elle avait raison, elle lui avait sauvé la vie. Ses yeux regardaient fixement le sol et sa respiration n’était pas régulière et soufflante. Un tout plein d’émotions et de pensées l’avaient prise par surprise et elle mit un certain temps à répondre. Lentement elle releva sa tête et braqua ses yeux perçants violets sur la jeune fille. Elle contempla la dénommée Elwing quelques instants. Dans la sombre pénombre, il lui était difficile de discerner les contours qui formait son visage, elle arrivait juste à distinguer la lueur verte qui brillait dans ses yeux. Mais Myosotis avait du mal à se concentrer sur sa vue, car son intérieur bouillonait. Ce traumatisme la rongeait, et sa gorge bloquée n’arrivait pas à sortir le moindre son. Elle resta bêtement à la fixer des yeux sans vraiment la regarder. Puis après des secondes ou des minutes, elle n’en savait rien, la Serpentard se leva, les jambes tremblantes. Elle faillit tomber à plusieurs reprises. Puis, ne pouvant plus retenir ce flot d’émotions qui l’emplissait, elle s’effondra dans les bras de la fillette en sanglots, et ne cessait de répéter :

Merci..! merci… je… si tu savais comme… merci..

  Elwing avait devant elle une jeune fille frêle avec une énorme tignasse noire, au sol.  Elle devait être à Serpentard au vu d'un insigne qu'elle portait et devait être en première année vu sa taille.  Elle tourna la tête vers la Poufsouffle, et des yeux perçants regardèrent son âme, une sensation étrange.  La Serpentard la regarda un moment sans rien dire, Elwing ne comprenait pas trop cette réaction avant de voir que les émotions étaient seulement en train de monter.  Elle avait dû voir la mort de très près, cela ne devait pas être agréable.  
  La jeune fille se leva et manqua de tomber puis finit par s'écrouler.  Elwing la rattrapa de justesse, elle pleurait à chaudes larmes.  La Poufsouffle souleva la petite et la prit dans ses bras.  Elle s'assit, allongea ses jambes et la déposa délicatement dessus, plaçant sa tête sur sa poitrine.  Elwing caressa les cheveux emmêlés de la Serpentard pour la réconforter.

- C'est fini, tu n'as plus rien à craindre.  Je vais prendre soin de toi.  Je me demande bien comment cela a pu arriver…  Tu me le racontes si tu en as envie, quand tu veux, nous ne sommes pas pressées.

  La Poufsouffle essuya quelques larmes des joues de la jeune fille et continua à lui caresser les cheveux.

- Dis-moi, tu t'appelles comment, petite fleur ?

  Elwing écouta la réponse et se mit à chanter une chanson calme qu'on lui chantait le soir de la plus belle voix possible, elle berça en même temps la petite Serpentard.