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01 mai 2019, 15:44
Una mattina  PV 
La première chose qui heurta Lyn tandis qu'elle faisait l'étalage de ses capacités faciales, ce fut le rire d'Emy. Ce devait bien être la première fois que l'aiglonne entendait la voix de sa camarade, ou du moins un son clair s'échappant de sa bouche. Ça avait quelque chose de surprenant et touchant, que ce soit Emy qui rompe le silence, et de cette manière. Puis, bien sûr, ce n'était pas pour déplaire à Lyn : lorsque l'on arrive à faire réagir son public comme ça, c'est qu'on ne s'est pas foiré. Tiens, d'ailleurs, la petite Poufsouffle fit mine d'applaudir. Comme si la petite italienne reprenait le spectacle qu'elle avait donné peu auparavant, lorsque les deux comparses étaient encore devant le heurtoir de Serdaigle. Elle fit un salut, se baissant presque jusqu'en bas, le tout accompagné de mouvements de bras en moulinet. Ça faisait vraiment plaisir de voir Emy sourire comme ça, et Lyn le lui rendit bien.

La Serdaigle avait oublié le dessin, étant désormais passée à autre chose. Enfin, pas complètement oublié, mais elle ne s'attarda pas dessus, tout simplement ; ça n'était pas d'une importance capitale. Jusqu'à preuve du contraire.
Et puis, de toute façon, elle eut autre chose sur quoi se concentrer, car sa cadette écrivit un truc en vitesse sur le petit carnet. Lyn lut rapidement le message, et se mordit la lèvre inférieure. Non, bien sûr que non, elle n'avait pas zappé Solwen. Disons que... presque, okay. Elle avait pensé à laisser un mot quand même. Puis ça ne faisait pas si longtemps qu'elle était là-haut, si ? Lyn regarda sa montre, commençant elle aussi à s'inquiéter – dix heures trente-quatre – c'était passable. Il ne fallait pas qu'elle traîne trop non plus, Emy avait raison.
C'était dommage de ne pas pouvoir passer plus de temps avec la petite dessinatrice, mais d'un autre côté, la séance était terminée pour ce matin, et s'était achevée sur une touche de bonne humeur, très bonne même. Après tout, c'était Emy elle-même qui conseillait à l'aiglonne de se diriger vers la grande salle. Toutes les bonnes choses avaient une fin, et celle-ci n'était pas trop décevante.

La Troisième année griffonna donc quelques mots en vitesse à la suite de ceux d'Emy ; son coup de poignet était encore plus nerveux que d'habitude, et cela se ressentait, à voir l'écriture nébuleuse, complètement irrégulière. "Tu as raison, je file. Merci pour ce moment :-)". Finalement, c'est presque sur cette espèce de smiley qu'elle s'appliqua le plus. Après quoi, elle remit le carnet entre les mains de sa propriétaire, lui adressa un large sourire, un petit "au revoir", demi-tour et puis s'en alla.
Dans les escaliers, elle repensa, amusée, à cet instant passé dans le silence presque complet, avec seulement des sortes de bruitages, entre bruit des pas et griffonnage de papier. C'était assez reposant. Surtout pour une fillette qui avait l'habitude de vivre dans l'agitation. Lyn eut une pensée pour son frère Esteban. Le connaissant, au bout de deux minutes il aurait pété un câble et aurait bougé dans tous les sens, courant, sautant, peut-être même hurlant. Un vrai petit singe, metteur d'ambiance, mais adorable comme tout, quand on n'avait plus à le côtoyer quotidiennement.

Arrivée dans la grande salle, la Troisième année laissa là ses pensées sur le zouave qui la rejoindrait d'ici deux ans, et tourna tout son esprit vers la recherche de son amie. Ce ne fut pas bien long, elle s'était positionnée en bout de table, un peu comme d'habitude en fait. Ne jamais trop se mêler aux autres. Lyn leva les yeux au plafond et eut un sourire, puis marcha d'un pas nonchalant vers sa comparse. À la suite de quoi, elle s'assit assez brutalement juste à côté, manquant de faire tomber une cuillère qui se trouvait au bord. Quelle idée de laisser traîner les couverts en équilibre, aussi ! Après avoir laissé échapper un petit "Ouups" et s'être dépatouillée pour ne rien faire vraiment chuter, l'italienne se tourna finalement vers Solwen, un sourire un peu gêné sur le visage. D'habitude, elle n'était pas aussi maladroite, voilà ce que c'était de trop se précipiter.
– Désolée, je t'ai pas trop fait attendre ?
De descendre tous ces escaliers, ça lui avait creusé l'estomac. Et il n'était déjà pas bien rempli lorsqu'elle s'était levée. C'est donc tout naturellement que son bras opéra un mouvement de translation vers la corbeille à pains au chocolat. Un peu de douceur en plus pour continuer cette belle matinée.

“C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” - Le Petit Prince, St Exupéry

27 juin 2019, 20:41
Una mattina  PV 

Emy, Douze ans


Dès qu'elle termina de lire mes mots, Lyn se mordit la lèvre et vérifia sa montre, probablement pour regarder depuis combien de temps nous étions ici et évaluer depuis combien de temps elle laissait potentiellement Solwen toute seule en bas. Elle reprit ensuite mon crayon, et écrivit quelques mots non loin des miens, puis me mis mon carnet dans les mains. Je ne regardai pas tout de suite ce qu'elle avait tracé, préférant l'observer s'éloigner, tout en lui faisant un petit au revoir de la main en réponse au sien. 

Quand elle eut disparu dans les escaliers, j'observai enfin les mots qu'elle m'avait destinés, tracés de son écriture rendue tremblante par le besoin de faire vite. "Tu as raison, je file. Merci pour ce moment" Elle avait même ajouté un petit smiley derrière sa phrase. Trop mignon. *Je t'en prie* J'avais également passé un très bon moment en sa compagnie, et je lui en étais reconnaissante. De quoi éclairer ce début de week-end. 

N'ayant plus vraiment l'envie de dessiner à cause du vide qu'elle avait laissé, et encore moins de descendre retrouver mes chers "camarades", je restai un long moment les yeux dans le vide, un sourire aux lèvres, à me dire que si le monde entier était empli de gens comme Lyn, on aurait quand même moins de problèmes. 





Solwen, Treize ans


Le temps de retourner au château et prendre une douche, je n'avais trouvé une place dans la Grande Salle qu'une petite dizaine de minutes seulement avant l'arrivée de Lyn. Coup de chance, malgré le nombre d'élèves présents, j'avais quand même pu m'asseoir en bout de table, légèrement à l'écart de leurs bavardages. Positionnée en tailleur sur le banc, je pianotais sur ma cuisse en attendant l'arrivée de mon amie, me demandant si ça allait avec Emy, si elles s'entendaient vraiment bien, ce qu'elles pouvaient avoir trouvé d'intéressant à faire un samedi matin, et surtout si mon amie d'enfance allait bien... On ne s'était que très peu vues depuis notre discussion neuf mois plus tôt. J'étais passé la voir quelques fois chez elle pendant les grandes vacances, mais nous avions perdu notre complicité qui nous faisait certaines fois nous comprendre d'un seul coup d’œil. J'essayais de me dire que ça reviendrait sûrement avec le temps, mais j'avais peur que ce soit faux, que ça ne revienne jamais parce que c'était tout simplement trop tard. 

Lyn me tira de mes pensées en s’asseyant à mes côtés. Je levai la tête vers elle, juste assez vite pour la voir galérer à rattraper la petite cuillère qu'elle venait vraisemblablement de faire basculer. J'étouffai un rire dans ma main, puis souris devant son air gêné. Vu le nombre de fois où moi je faisais ce genre de maladresses devant elle, elle n'aurait pas du être embarrassée, ça pouvait arriver à tout le monde. Elle s'excusa ensuite de son retard, me demandant si elle ne m'avait pas trop fait attendre.

- Non non ne t'inquiète pas, je ne suis là que depuis quelques minutes.

A peine l'avais-je rassurée que déjà, en bonne chocovore qu'elle est, elle tendit la main vers les pains au chocolat. Réprimant un nouveau sourire devant sa prévisibilité, j'attrapai un croissant. Ok, Lyn n'était pas la seule à avoir ses petites habitudes matinales.


"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince