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29 janv. 2019, 14:47
When you wish upon a star ...
When you wish upon a star

Makes no difference who you are

When you wish upon a star your dreams come true


Qui ne se souvient pas de ce générique, prélude à de parfois superbes histoires animées sur grand ou petit écran?

Tous jeunes, Josh et moi étions des fans inconditionnels de ces dessins animés où le gentil l'emportait toujours à la fin, même avec des moyens douteux, et maman nous mettait parfois en boucle le dvd de Fantasia dans lequel, devant nos yeux émerveillés, des balais prenaient vie sous la houlette de l'apprenti sorcier et s'acquittaient de la tâche ingrate du nettoyage de l'antre de leur maître.

Puis elle faisait la même chose à la maison, et la théière volait jusqu'à la table, les assiettes s'empilaient au sortir de l'évier ... le fer à repasser faisait son va et vient incessant dans son coin et nous procurait des draps frais et propres et qui sentaient bon la lavande du jardin.

"when you wish upon a star" ...

Assis là, seul, dans le froid et la nuit de la tour d'observation, les yeux embués en regardant la nuit claire et étoilée, toutes ces peines remontent à la surface comme un corps mal lesté.

Combien de fois Josh et moi n'avons-nous pas contemplé cette même voûte céleste à travers les fenêtres du toit, allongés dans nos lits, à imaginer les formes des constellations, ou à faire un voeu lorsqu'une étoile filante passait?

"When you wish upon a star your dreams come true" ...

Nos rêves deviennent réalité? Vraiment?

Je ne pense pas, non.

Je ne pense pas avoir jamais formulé le voeu de devenir enfant unique, Josh, même lorsque tu étais la personne que je détestais le plus au monde (pour avoir marqué l'essai de la victoire de l'équipe adverse, ou m'avoir fait un croche-pied pile poil devant les copains pour que je m'étale de tout mon long ...) ... des broutilles, tout ça ... des histoires de gosses, d'autant plus que je te rendais la pareille plus souvent qu'à mon tour.

Je ne pense pas avoir jamais rêvé d'entendre maman pleurer à chaudes larmes la mort de son fiston, recroquevillée dans son fauteuil près de la cheminée, toute faible et fragile, alors que papa et oncle Jethro tentaient de la réconforter, leurs visages ruisselant de larmes silencieuses.

Je n'ai jamais souhaité devoir affronter les visages compatissants, les mines contrites, les murmures derrière mon dos qui cessaient dès que je me retournais ... toutes ces attentions pour l'enfant restant, le jumeau unique, qui me faisaient remarquer si besoin était à quel point tu me manquais.

Je ne t'ai pas haï quand tu me mettais la tête dans la boue lors de nos jeux ou que tu me faisais boire la tasse lorsque nous nous baignions dans la petite baie de Gelliswick, quand tu voulais plaire à la petite Sarah May en même temps que moi ou que tu faisais passer pour moi quand tu avais fait une bêtise ... mais je pense que tu ne peux pas t'imaginer à quel point je peux t'en vouloir terriblement maintenant d'être parti comme ça, en me laissant seul.

Oui, tu ne peux imaginer à quel point cette solitude me pèse.

Le fait de ne plus te savoir là à mes côtés, prêts à en découdre ensemble pour un rien, juste un regard de travers ou une broutille ... juste pour cette solidarité mélée d'un goût prononcé pour la castagne ...
On était unique, à deux, Josh ... seul, je me sens dépourvu, nu et amoindri.

"when you wish upon a star your dreams come true" ...

Les étoiles ne réalisent pas les voeux, non.

Les astres s'en foutent de nos petites vies misérables de mortels: ils perpétuent leurs cycles immuables, géants inaccessibles qui continueront leurs lentes rotations pendant des millions de générations après nous.

Et une nouvelle révolution prend fin, un cycle s'achève, une nouvelle année est passée, mais la douleur persiste.

Il faut du temps pour qu'enfin elle s'estompe, parait-il ... mais combien?
Combien de temps avant de ne plus ressentir ce manque? Ce vide?
Combien de cycles d'un système solaire entier avant d'être "guéri"?

J'en ai marre, j'ai froid et ces étoiles là-haut me narguent toujours de leur oeil vide.

"j'vous fous mon pied dans l'uranus" ...

Merdre, j'ai parlé tout haut.
Je regarde autour de moi si personne n'est là et aurait pu entendre le genre de blague qui n'aurait fait rire que Josh et moi ... non, personne apparemment.

Tant mieux ... je me hâte de redescendre pour retrouver la chaleur de la salle commune.

Ils sont ouf, les Poufsouffles, quand tu pouffes moi je souffle,
C'est l'hiver on s'emmitoufle, avec bonnet, écharpe et moufles.