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08 févr. 2019, 21:35
 RPG++  L'autre en face de toi  Pv A. Sangblanc 
Là-haut, de l’air frais, mieux qu’une brise…

Cette histoire la hantait depuis la sortie même du cours. Et si par la suite Circéia avait repris ses esprits, elle n’en demeurait pas moins troublée. Obsédée par l’affaire qui devenait une bombe intime.
Madame Field leur avait demandé de chercher en eux un lien avec un proche, une personne à ce point intime qu’elle serait comme une jumelle de cœur. Circéia avait tout de suite pensé à Ivanovna. Mais c’était une erreur car si elles se ressemblaient beaucoup, à un âge de la vie où les visages ne sont pas encore marqués et quand personne ne sait vraiment se maquiller pour estomper, modifier, tromper son monde, sa sœur n’était pas la bonne personne. Une séance d’intenses recherches à la bibliothèque avait donné des résultats… significatifs. Dans un livre d’Esmeralda Destour, intitulé « Les liens entre nos soi », elle avait mot pour mot trouvé ceci.

« …car il en est ainsi du principe de chiralité, permettant à deux âmes sœurs de se connecter entre elles, et peu importe la distance, les écarts d’âge ; il suffit que la racine affective soit proche au point d’en être fusionnelle pour que la connexion semble possible mais…»
(chapitre 4, page XLIII)

Le contenu de l’ouvrage n’était pas égal, loin s’en fallait. Trop de zones d’ombre, voire des analyses infondées, sans preuve définitive, demeuraient. Il fallait bien admettre que tout cela ne tenait pas vraiment la route. Circéia ne croyant que ce qu’elle voyait, partait du principe qu’une solide démonstration valait toujours mieux qu’une série de conjectures enveloppées dans un joli rideau de fumée. On ne se promène pas impunément dans une pièce remplie de cet artifice pour enfants. Et même lorsque l’on tombe littéralement nez à nez avec un inconnu sorti lui aussi avec étonnement de son rêve cotonneux, on se rend compte que la réalité est bien là. Pour elle, le livre presqu’entier ne contenait que fadaises. Mais elle savait aussi ce qu’elle avait éprouvé. Et cette sensation de sable mouvant intérieur renfermant quelque mystère avéré lui courait après. Ces mots  au détour des propos d’Esmeralda Destour lui paraissaient assez véridiques pour que le propos, dans son entièreté, soit à considérer.

Premièrement, Madame Field connaissait elle aussi le principe de chiralité des âmes puisqu’elle avait essayé de le susciter. Après coup, Circéia avait même dû admettre que sa professeure avait peut-être vu juste quand elle lui avait écrit, en commentaire d’une copie, un jour finalement béni, que personne ne savait s’il avait le troisième œil, et donc personne ne pouvait par principe douter du fait d’en être porteur. En tout cas par principe. Il était hors de question que Circéia ait le troisième œil. C’était d’après elle une hypothèse à refuser de toute manière. Mais dans le même temps, elle avait bien vu en elle une autre petite fille, une image chirale. Un miroir symétrique en quelque sorte. Mais il lui avait paru clairement que ce miroir dépassait la simple image. Il s’avérait que, et cela constituait à ses yeux le plus important, cela touchait son essence. Ce qu’elle était. Ou pensait être, ce qui revenait au même non ?

Le plus énervant dans tout cela était que malgré de nombreuses tentatives pour parvenir à « entrer » en contact avec son autre elle, Circéia ne parvenait pas à retrouver ces minutes d’extase trop vite consumées durant ce cours où les élèves avaient dû « éprouver les réalités insondables de l’introspection ». Une fois multipliées les tentatives accompagnées d’ambianceurs, dans toutes les directions possibles, et en combinant tout ce qu’elle pouvait, il ne restait rien d’autre que l’amertume de l’échec. Et le plus souvent un mal de tête lié à l’excès d’encens dans les pots de parfum à vaporiser. Comme il n’était pas question la moindre seconde que Circéia aille demander de l’aide à madame Field, si elle agissait de la sorte elle serait définitivement classée parmi les illuminées de l’école, elle ne pouvait que multiplier les essais empiriques. Mais on ne convoque pas les esprits à notre guise. Il faut… une conjonction de magies dont les origines sont probablement diverses et dont l’occurrence de l’apparition est concomitante. Son hypothèse tenait au fait que l’autre côté devait avoir la même pulsion, au même moment. Autant dire que les chances paraissaient infimes. A moins de passer sa vie à attendre les bras en croix, ou en l’air, ou le long du corps, allez savoir… Deux heures par semaine, et pas une minute de plus. Voilà ce qu’elle s’accorda durant les trois mois suivants. Une petite trentaine d’heures pour méditer, offrir son corps à la magie et tenter ainsi de retrouver cette sensation fugace. Comme dans le même temps, le cygne n’était pas revenu, elle n’avait que ce mystère pour occuper son temps libre. Les recherches sibériennes attendraient. Circéia avait encore à faire avant de rentrer à Wick, tout allait bien, encore, dans son emploi du temps privé.

Ce samedi matin-là, elle en était donc à tenter de rentrer en contact avec sa sphère intime. Mais elle avait beau tout essayer, rien ne venait, désespérément elle sondait en elle, cherchant à reproduire la démarche inaugurée en cours de divination. Mais les choses ne fonctionnent pas toujours selon la mécanique du lancement de sort, il ne suffisait pas de se concentrer, de visualiser et d’agiter vaguement un bout de bois supposément magique. Non, il fallait autre chose, et cette chose-là ne s’appelait pas la chance, la bonne fortune ou le destin. Cet élément portait d’après Circéia le nom le plus beau, celui que tous recherchent et que bien peu atteignent malgré leur prétention. Le pur. Le pur esprit, de pur instinct et pur élan. Comment avait-elle fait pour pénétrer si loin en son être, la première fois ? C’était une chose de se savoir capable d’une action d’éclat. Mais la reproduire, sans compter sur la chance… juste cette magie du premier instant. Pourrais-tu revenir en moi ? Pardon, juste t’exprimer car je sais que tu es là, enfouie, par tes propres désirs l’autre jour…
Dernière modification par Circéia Alekhina le 25 sept. 2019, 16:18, modifié 1 fois.

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...

23 févr. 2019, 20:34
 RPG++  L'autre en face de toi  Pv A. Sangblanc 
Irréel. C’était irréel. Comment était-ce possible que ça soit irréel ? Ça ne le pouvait pas, Alice se le refusait. C’était cruel de lui arracher ce... qu’est-ce que c’était, en réalité ? Un rêve ? Bien sûr que s’en était un, sinon quoi d’autre ?
Et se fut cette question qui l’obséda pendant des semaines durant.
Qu’est-ce que c’était ?
Une perfide manipulation de son esprit ? Une danse imaginaire orchestrée par ses souvenirs ?
Alice n’y croyait. Ça avait été trop réel. Elle avait sentit ses cheveux couler entre ses doigts. Sa voix lui avait lécher les oreilles. C’était réel. C’était forcément réel !

Mais Alice ne trouva aucune réponse à ses questionnements silencieux. Il fallait en parler. Il fallait demander de l’aide.
Tante Pauline. Bien sûr. Qui d’autre pouvait l’aider sur un sujet aussi compliqué que les rêves... ou quoi que ce soit ?
C’est ainsi qu’Alice s’était emparé d’un parchemin, d’une plume et d’encre pour écrire à tante Pauline. C’était une divinatrice, détentrice du Troisième Oeil... du moins, c’est ce qu’elle disait. Peut être voyait-elle au delà des frontières du réel. Peut être voyait-elle le destin des autres dans les petites choses du quotidien, comme une tasse de café ou une trace de pas. Avec sa tante, Alice ne savait jamais ce qui était vrai ou faux. Sa mère ne croyait pas à ses balivernes, à ses yeux Tante Pauline était une illuminée de plus. Mais l’oncle Léon, lui, était persuadé du pouvoir de sa sœur. Et tante Élise aussi. Alice accordait bien plus de crédit à son oncle et sa tante qu’à sa mère. Il fallait leur faire confiance. Et même si sa tante était incapable de lui donner une réponse mystique, elle pourrait au moins l’aiguiller avec ses connaissances.
Bonjour ma tante,

J’espère que vous vous portez bien. J’aimerais vous dire que moi aussi mais je suis torturée.

Il m’est arrivé quelque chose. Quelque chose que je ne peux m’expliquer. Rassurez vous, je vais bien. C’est seulement que je suis dans l’incompréhension, et ne pas comprendre ça finir par me rendre folle.
Il y a quelques semaines, j’ai fait ce qui semble être un rêve. Il était vraiment réel. C’était comme si j’y étais. J’y étais vraiment, j’en suis sûre. J’étais avec une fille. Je connais son nom mais je suis incapable de le dire. Son visage aussi je le connais mais je ne peux pas le décrire. Nous parlions, nous nous complimentions, c’était réel ma Tante. Pouvez vous m’expliquer de quoi il en retourne ? Ce rêve, ou quoi qu’il soit, m’obsède. Je ne pense qu’à ça. Je veux comprendre.

Je vous en prie, aidez moi. J’attends votre hibou avec impatience. Prenez soin de vous.

Alice
La fillette avait attendu deux semaines, deux longues semaines. Et puis, un jour, le hibou revint à Alice, un parchemin accroché à lui. Tante Pauline avait répondu.
Chère Alice.

Quelle fût ma surprise de voir cette missive parvenir jusqu’à mon balcon ; j’imaginât que tes études ainsi que l’espoir de te découvrir assidue aussi bien en dehors de ta demeure qu’à l’intérieur prendraient le dessus sur les songes ayant l’air de te concerner.
En effet, je t’ai vu défier la convenance qui incombe aux purs, lors d’une nuit des plus éclairées, par le biais d’actes grossiers visant une viciée.
Ce n’est pas parce que tes connaissances sont de moindre lignée ou se comportent comme des trolls des cavernes que tu dois embrasser leurs manières , si grand-père était là, il..

Ravi de recevoir de tes nouvelles, toutefois.
Concernant tes songes, sais-tu si ton corps se retrouve au même endroit au réveil que là où tu t’es abandonnée à Morphée ?
Il y a peu de chance que ce soit ça.
Peut-être est-ce une personne qui essaye, par de vils procédés, de te manipuler, afin de te renvoyer une image naturellement bienveillante le jour où vous vous rencontrerez, et ainsi, pouvoir abuser de toi. En ce cas, il te faudrait voir, peut être auprès de tes professeurs, ou auprès de ton père à ton retour de l’école, si quelqu’un pouvait pénétrer ton esprit la nuit durant, afin de savoir si quelqu’un y pénètre aussi.
Sinon, tu peux toujours partir en extrême orient ; avec un peu de patience, et de chance, si celui-ci existe, tu pourrais peut-être entendre parler d’un Baku.
Dans le mythe (Les mythes sortent rarement de nulle part.) celui-ci se nourrit de tes rêves et cauchemars , il pourrait surement réagir à…

Sinon, ce peut être un Djinn, ils peuvent prendre la forme qu’ils souhaitent (végétale ou animale, ou anthropomorphe) et influencer psychiquement les humains, ce qui pourrait d’ailleurs ramener à ce dont je te parlais lors du paragraphe précédent. As-tu acheté une plante verte ou un animal dernièrement ? Et tes proches ? Un cours de botanique, peut-être ? Un légume particulier, dernièrement, au déjeuner ?

À tout hasard, vois-tu un animal durant ces rêves ?
Et ces rêves te dérangent t’ils ? Te sens tu bien à ton réveil ? Dans le doute, je t’envoie une potion de sommeil sans rêves, en espérant que cela fonctionne. Voilà qui fera les pattes et les ailes du hibou !
Tu pourrais aussi demander à un professeur, ou un élève plus grand, s’il était possible de te procurer une potion aiguise-méninge, que tu boirais avant de dormir ; peut-être celle-ci pourrait te permettre de voir plus clairement durant ton rêve. Attention toutefois, trop réfléchir peut aussi empêcher de dormir.

Oh, et sinon, lorsque deux personnes sont particulièrement proches, des « jumelles de cœur », est-il dit, ou des « âmes sœurs », il est possible que certains rêves soient partagés comme tu l’indique, toutefois… Enfin, tu verras bien, cela est annoncé dans un ouvrage récent, et tu sais bien, les gens aujourd’hui, plus de sophistes que de professionnels.

Mais aurais-tu une petite copine ? Si cette autrice dit juste, peut être ton père devra t’il s’asseoir sur sa dot. D’autant que tu es devenue une belle fille, je l’ai encore vu dernièrement, je ne l’ai pas vu, mais je l’ai ressenti en voyant vaguement durant cette parodie de soirée.

En espérant t’avoir apporté une quelconque certitude.

Bien à toi, et au plaisir d’avoir de tes nouvelles.

Pauline.
Ses longs doigts passaient et repassaient sur les plumes nacrées de la chouette. Ses yeux dévoraient le parchemin. Tante Pauline... Alice ne savait comment réagir. Alice ne savait quoi penser. Même sa tante ne savait quoi en penser. Ou alors si, mais elle pensait beaucoup trop. C’était incompréhensible.

Les mots qui noircissaient le parchemin de tante Pauline avaient été lu encore et encore, ils étaient à présent encrés dans les pensés d’Alice. Tous. Ils dansaient dans sa tête, semblaient s’amuser de la fillette.
Elle se torturait l’esprit à essayer de les comprendre, d’en comprendre le sens. De comprendre ce qui lui arrivait. Pourquoi ?
Pourquoi c’était arrivé ?
Pourquoi peinait-elle à en trouver le sens ?
Pourquoi cherchait-elle désespérément un sens à ce qui, irréfutablement, n’en avait pas ?

Ce n’était qu’un rêve, après tout. Un rêve étrange, seulement étrange. Tâché de milles et un questionnements, martellé par une successions de chose... sans queue ni tête. Il y avait cette fille, avec ses longs cheveux noirs et ce visage... ce visage qu’Alice ne pouvait plus se représenter, les traits qui l’avaient jadis composés avait disparu. Il n’y avait plus que cette peau pâle sans forme, et cette crinière noire.
Cette ombre insaisissable. Cette ombre qui la hantait. Qui était-elle ? Certainement pas un « Baku » comme avait l’air d’imaginer tante Pauline, ou un « Djinn ». Un legilimens ? Non, ridicule. Une âme sœur, alors ? Alice n’y croyait pas. Une « petite copine » ? Stupide. C’était stupide. Tante Pauline sombrait vraiment dans la folie, comme le pensait Mère.

Alice avait l’impression de voguer sur un océan d’un calme effrayant, avec pour seule compagnie ses questionnements qui la déchiraient de l’intérieur. Il fallait qu’elle arrête d’y penser. Juste un peu. Juste quelques secondes. Ils la dévoraient. Il fallait fuir, un peu juste un peu.

Ici, c’était parfait.

Sixième année RP - 741B47
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Fondatrice du MERLIN

24 févr. 2019, 20:18
 RPG++  L'autre en face de toi  Pv A. Sangblanc 
    Avertissement :
    Le post qui suit a été placé en deux endroits. L’histoire qu’il raconte est en effet conçue comme un mélange de deux instantanés de la vie de Circéia. Il n’est ni question  de remplir, ni question de gagner du temps, l’idée est bien de créer les conditions d’une fusion, accidentelle mais encore plus…. troublante… pour elle. En outre, il comporte des facettes un peu différentes, adultes, que ne devrait pas renier l’auteure de la deuxième saga.
Plongeons dans les rêves de Circéia.

Elle avait pris l’habitude de venir le soir, en semaine de préférence, dans ce qui devenait de plus en plus sa maison. Circéia aimait particulièrement ce lieu car elle s’y sentait chez elle, presque en elle. Ce matin-là pourtant, elle se réveilla en nage, trempée, rouge d’une humeur qu’elle venait de découvrir. Des mois entiers s’étaient écoulés depuis son dernier contact… des mois… une année peut-être. La revoir dans ces conditions si particulières constituait un tourment. Ce double n’avait pas beaucoup changé, juste grandi, ses traits modifiés par la croissance indiquaient qu’elles se suivaient toujours, le miroir perdurait. Dans un halo, une clairière sans doute peu éloignée du château, elles se tenaient face à face, prêtes pour un duel qui ne dirait pas son nom. Mais Circéia, qui voyait les lèvres de ce double remuer au rythme de mots incessants,  n’entendait rien. Ou plutôt savait par l’esprit ce qui se disait. « Tu oublies ta raison d’être Circé, cet homme te pervertit… ». Et elle ne pouvait répondre, ce pan d’elle qui la narguait se fondait dans les volutes d’une autre clairière, un instant après, elle se trouvait dans ce même lit, en compagnie de quelqu’un dont le visage se dérobait mais elle savait. Lui et elle, enlacés, dans une nervure du destin qui scelle à jamais les cœurs. L’odeur de ses cheveux, une moiteur sur la peau, elle avait conscience de ce qui était en train de se passer et une immense partie d’elle en demandait davantage, mais ne le dirait sous aucun prétexte. Accélérer le temps, savoir jusqu’où elle irait avec lui, il le fallait puisqu’ils l’avaient décidé ensemble. Depuis longtemps elle avait capturé son regard, et connaissait le sens de chacune des pensées de son amant. « Tu le crois, Circé ? Tu l’appelles ainsi mais est-il vraiment ce que tu penses voir en lui ? »

Tirée de ce lit dans lequel elle dormait si profondément, elle rêve toujours mais il a fui en entendant les mots. Elle se retrouve à nouveau seule, le lit l’a suivie dans la clairière, elle éprouve une passion de plus en plus véhémente envers cette autre qui se mêle de choses ne la regardant pas, au pire des moments, au coeur des élans. Elle essaye avec les mains de chasser la vision, rien ne lui permet de prendre le pas sur la voix, elle est en elle, conseillère morbide, sœur siamoise inconsolable de ne pas être là. Le vent souffle et alors revient l’écorce, et les effluves, et les mains, et la bouche. Des vagues, un rocher, une crique, on est en pleine mer et le navire tangue sur un océan déchainé. Circéia veut aller au bout du voyage mais les forces sont grandes empêchant la progression. Arrimé au port, le lit ne quitte pas la salle sur demande. Car elle a demandé à se comprendre, il ne faudrait pas se méprendre quant aux intentions réelles de la magie. On ne va jamais plus loin que nos capacités d’imagination. Et cela, elle ne pouvait pas le moins du monde le construire, le demander, l’obtenir. « Il te touche et tu te laisses faire, Circé, tu vas te perdre ». Pourtant rien de mal dans le ton, l’enfante se questionne. Ne serait-ce pas sa propre conscience qui cherche à se sauver d’une souillure, de ce qu’elle croit être une mise à mort ? Pourquoi craindre la déchéance et la désirer, Circéia vit ce rêve, en comprend la dualité mais pas le scénario. Elle veut plus, elle veut tout. En veut trop car on  ne peut pas grandir et demeurer petite dans un même mouvement. Après, il n’y aura plus rien, juste le souvenir des rires  de Circéia. Elle n’en a pas donné beaucoup  aux autres mais ils ont pourtant existé. Et voici qu’elle désire l’étape suivante, Circéia ALEKHINA. Les bras de l’homme ont mûri, et cette fois elle sait qu’ils n’ont plus de draps qui les sépareraient pour la forme. Peau contre peau, elle croit que le moment approche. Ce n’est que la blancheur revenue encore et encore. « Chasse-le, tu le dois Circé, tu as déjà perdu une fois, il y a longtemps, chasse-le te dis-je ».

- Protego…

Mais dans la nuit, sans baguette, une incantation n’est rien. Elle parle dans son rêve et il est heureux qu’il intervienne ici et pas dans le dortoir. Il ne faut jamais sucer son pouce devant les autres, ce serait leur donner une fausse image de soi, la vraie mais la seule que l’on veut préserver. Que l’on doive.
La chaleur est intense désormais, elle semble regarder derrière elle comme si le spectre la toisait du haut du lit, prise entre son amour et cette elle-même aux cheveux blancs. Ordinairement, le cygne noir est pourtant noir, ce signe-là est blanc comme l’innocence. Elle serait donc là pour en sonner la fin.

- Tu veux quoi ?

C’est une torture, elle se doute de son état, Circéia voudrait au moins le poursuivre tranquillement, ne pas en perdre une miette, pour au moins vivre un peu de cette joie qui la fuie. Pourquoi cette autre l’oblitère-t-elle ?

- J’ai chaud.

Il était vrai que la pièce brûlait, d’une intensité émotionnelle qu’elle ne contrôlait plus depuis des années. Cette violence-là ne s’exprimait jamais devant les autres, Circéia devait la contenir seule. Et cette nuit, elle n’y parvenait plus. Hugo, lui dont elle ne disait presque jamais le nom, prenait une place qui ne pouvait pas se traduire dans les faits. Alors son esprit s’inventait un chemin possible. Et sur la route rôdait l’ange à qui elle avait promis de ne jamais se laisser aller à être une autre qu’elle-même. Sœurs de sang, de pensée, de foi. Le serpent en elles, impossible nudité.
Et la mer reprenait son harcèlement, vague après vague la côte était frappée par les images de corps d’homme jeune. Mais un homme. Penser à moi, penser à la voix au-dessus de Circéia, entre Circé et Circéia est l’entité sensée la protéger. Le rêve commence à tourner en rond, mauvais signe. Le réveil ne devrait pas intervenir dans longtemps. Chaleur, chaleurs, spasmes… Les tours jumelles, comme un échiquier merveilleux. « A quoi bon vivre une vie sans amour ni amitié ? » L’autre a parlé mais cette fois les choses sont directes, le conseil est entendu, comme point de départ du tout. Merveille. Circéia a peut-être perçu les plans, à l’intérieur des plans. La magie parle et il serait inquiétant de ne pas lui donner toute la place…
Une fois le rêve brisé, les draps collent à sa peau, laiteuse. Comme à son habitude, la Serpentard s’habille et ne grignote rien, la salle commune n’est pas loin. Une moiteur démontre qu’il s’est passé une chose qui n’était pas prévue. « A quoi bon vivre… » Là est l’énigme pour Circéia ALEKHINA. Elle n’est plus ALEKHIN, et non plus Circé. Ne l’a jamais été, au moins a-t-elle compris cela. Mais Hugo… lui est bien réel. Qu’il soit là ou pas, il est devenu le fantôme dans la place, et alors se pourrait-il que l’autre ne soit qu’une bonne fée, renaissant à elle pour la protéger ?
Pour le moins déstabilisée, elle essaye de se souvenir de tout. Mais les rêves ont cette force, ils nous marquent éternellement sans pour autant imprimer leur trace dans notre conscience. Nous les gardons à jamais, sans nous en rendre compte.
La nuit avait été agréable mais comme incomplète. Il lui manquait toujours quelque chose, et peut-être davantage qu’elle ne l’aurait ressenti.
Il était trop tard pour passer par la volière mais dès que possible, elle y monterait pour tenter de trouver la clairière, plus familière qu'elle ne lui avait paru juste avant.

HRP : Alice n'a pas choisi ces mots. Ils sont... l'interprétation qu'en fait l'inconscient de Circéia. Aux lecteurs, je donne cette précision, pour comprendre dans de bonnes conditions les mots ici présents.

Passé, présent, futur, pour un instant sont intemporels.

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13 mars 2019, 21:54
 RPG++  L'autre en face de toi  Pv A. Sangblanc 
Navrée pour l'attente, je n'étais pas très inspirée. J'espère que je trouverai plus d'inspiration lors du prochain post.

Le vent frais fouettait son visage rosi par sa course dans les escaliers. Alice l’accueillait comme un ami bienveillant, désireux d’apaiser les tracas de la fillette. C’était bête de fuir l’invisible. Ce n’était pas comme si il pouvait la rattraper si elle ne courait pas assez vite. De toutes façons, il l’a rattraperait. Il l’a rattrapait toujours. Chien qui court après son os. Loup qui traque la brebis égarée. Main sombre qui saisi sa gorge.

« Tu as peur de quelque chose que tu ne vois pas. Pourquoi ? »

Parce qu’Alice ne le voyait pas, justement. Parce qu’elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle voulait comprendre mais sans savoir. Elle avait peur de le découvrir. Devenait-elle folle ? Était-elle comme la tante Pauline ? À quel âge avait-elle été frappée par son mal ? Quinze ans ? Par la crinière de Circée, c’était trop tôt ! Non ! Non. Elle n’était pas folle et ne le deviendrait pas.
Toute chose avait une explication, alors ça aussi. Il suffisait juste de la trouver.

« Pourquoi est-ce que tu t’obstines ? Tout ça, c’est normal. »

Non, ce n’était pas normal. Alice le savait, quelque chose d’étrange s’était passé. Une connexion s’était établie entre elle et ... elle ne savait pas qui, ou quoi. C’était ça, une connexion. Est ce que c’était une créature liée aux rêves, comme semblait le penser tante Pauline ? C'était peut-être ça après tout... mais ce n'était pas rassurant. Ce n'était pas rassurant du tout. Pourtant, à choisir, Alice préférait la créature inconnue à la folie trop connue qui avait rongé sa tante. On pouvait combattre un ennemi nommé, pas un état invisible.
Son visage dans ses mains, Alice respirait à grande bouffée d'air. Ne pas comprendre ce qui lui arrivait, c'était là son plus grand mal. Oh si seulement elle pouvait savoir...

« Laisses toi aller, tout te semblera plus simple.»

Alice prit une inspiration et releva la tête, le regard droit. Elle était là, adossée à la rembarre de la tour. Sa longue chevelure noire se fondait dans la nuit, comme si elle en était sortie. Ses grands yeux noirs fixaient la petite Sangblanc, inexpressifs. C'était étrange de la voir ici... mais Alice, pour une raison qui lui échappait, n'avait pas peur. Elle était là, comme elle aurait pu être ailleurs. Cette ombre qu'elle fuyait sans comprendre pourquoi, elle était là.
Les yeux dans les yeux, les deux fillettes restaient silencieuses. Alice avait oublié à quel point elle était belle, cette autre elle, ce reflet.
Un reflet.
C'était cela. Une image d'elle, seulement différente. Que reflétait-elle ? Une elle plus sombre ? Plus mature ? Non, c'était autre chose qui n'avait rien à voir avec le physique, c’était au-delà . C'était différent, c'était plus profond. C'était... autre chose qu'elle ne pouvait pas expliquer.

« - Est-ce que tu es vraiment là ?

L'autre ne dit aucun mot. Son visage aussi pâle que la lune restait fermé, ses éclats d'obsidienne braqués sur Alice. Peut-être n'y avait-il pas de réponse à cette question. Peut-être était-elle là sans vraiment l'être. Comme la dernière fois. Quoi qu’il en soit, la réponse importait peu Alice. La vraie question était tout autre.

- Est-ce que je suis folle ?

L’autre étira un bref sourire. Qu’est-ce qu’il y avait d’amusant ? La question était légitime ! Peut-être que pour la fille la réponse était évidente, mais pas pour Alice. Elle ne savait rien de cette situation, de cette chose qu’il y avait entre elles. La fille semblait en savoir bien plus. C’était énervant, d’ailleurs. Pourquoi ne lui en disait-elle pas plus ? Qu’est ce que ça lui coûtait ?

« Et moi ? »

Peut-être. Il fallait être fou pour s’immiscer dans les songes des autres, et certainement plus fou encore pour s’imaginer une telle chose. Si seulement Alice pouvait dénouer le vrai du faux, elle pourrait se répondre elle même. Qui était vraiment folle dans cette histoire ?
L’autre s’avança d’un pas léger, comme si elle glissait, comme si elle était aux préludes d’une drôle de danse. Il y en eut quelques autres, jusqu’à ce qu’elle se retrouve devant Alice. De ses longs doigts blancs, elle attrapa une mèche de cheveu d’Alice. Ils semblaient se mêler à sa crinière, comme si ils ne faisaient qu’un.

« Je ne vois aucune folle par ici. Seulement deux sœurs. »

Deux sœurs ? Qu'elle façon singulière de voir les choses. Mais cette explication était agréable aux oreilles d'Alice. Elle était dénuée de vilénie. C'était doux, c'était joli. Oui, c'était une jolie explication.

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16 mars 2019, 17:56
 RPG++  L'autre en face de toi  Pv A. Sangblanc 
Ce soir-là, après avoir soupé comme à son habitude, elle ne le vit pas. Décidée à faire comme si de rien n’était, elle prit une pile de livres dont son bréviaire des ouvertures exotiques. Elle relut tout ce qui concernait l’ouverture Sokolsky. Pion en b4, quelle idée… Mais les variantes étaient au point si on savait la manier et elle s’amusa à imaginer des suites fantasques. N’ayant pas, par choix, été dans son salon privé du cinquième étage, elle ne pouvait tester 1.b4 sur ses adversaires habituels mais peu lui importait. Au bout d’une longue soirée avec son échiquier, elle finit par rendre les armes et s’allonger pour retrouver un peu de cette sérénité qui l’avait fuie depuis le milieu de l’après-midi. Son corps fut satisfait de la potion et bientôt elle dormait, presque comme un enfant.
Mais les enfants font des rêves, et souvent même des cauchemars. La peur du loup, les angoisses, des pièces qui s’allongent et des sols se dérobant sous vos pieds. D’un coup, sortant de la brume, le visage d’une personne qu’elle connait mieux qu’elle ne le croit. Un visage qui lui revient en tête immédiatement. Que veut-elle ? Que fait-elle ici ?

- Tu ne me reconnais pas Circé ? Pourtant tu aimes les cochons…

De quoi parle-t-elle ?

- Des garçons ma fille, des garçons, tu sais… comme celui que tu crois être à toi.

Elle ne croyait rien, n’avait aucune ambition de posséder quiconque mais le rêve s’impose à vous, il faut le laisser vous guider sinon il tourne au cauchemar.

- Je suis la sœur que tu n’as pas. Ivanovna est de pacotille, de l’or de farfadet.

Les images se troublaient, en un mélange de la figure d’Ivanovna et de cette… sœur nocturne. Dans son rêve, Circéia n’avait aucune possibilité d’agir sur le scénario. L’autre tirait les ficelles. Et l’image suivante était un cochon dans le salon de madame Pieddodu. Un cochon avec la tête d’Hugo Rolanbri.

- Circé ? Vois-tu ce que tu as fait de lui ? Pire qu’un âne, et pas même un goret ! Un cochon. Comme tous les autres, je te l’avais dit.

Elle voudrait lui crever les yeux, à moins que cela ne revienne à devenir aveugle… pour ne plus le voir comme il était… ou mutilé… Elle entend des bruits, ceux de l’animal qu’on égorge. Tuer le cochon fait un bruit atroce, ce n’est pas le genre de bestiau se laissant faire. D’ailleurs, qui se laisse faire dans ces circonstances ?

- Toi Circéia… Pas plus tard que cet après-midi… tu l’as attendu, et il t'a assassinée. Sans que tu ne protestes, vas-tu le nier ?

Ma sœur, sa conscience… Circéia entendait une aide acide, elle la subissait mais le propos salvateur se tenait. Pourquoi lui parlait-elle uniquement les jours néfastes ? Quelle disposition d’esprit, de cœur, fallait-il composer pour ouvrir le portail ?

- Mais c’est à toi d’en décider Circéia. Je ne suis que toi.

Cela ne fonctionnait-il pas dans l’autre sens ? Etait-ce une relation « descendante » ? Quelle disposition magique lui permettait d’interagir sans pouvoir répondre ? Où était la phase de visualisation ? Pour répondre, il aurait fallu être éveillée et cela ne se pouvait. N’avoir aucune latitude en la matière relevait du plus frustrant possible.

- Alors dis-moi où il était. J’ai le droit de savoir.

C’est le moment choisi par l’illusion pour s’évanouir. Une fois encore, même en rêve, Circéia avait le sentiment que l’on se jouait d’elle. Et pire que tout, cette émotion la terrassait. Car nul  n’a le droit de se moquer ainsi de l’autre. Lui mentir, taire ce qu’il devrait connaitre.

- Mais la vie est ainsi CircéCircéia… ou qui tu veux être…

Le vois n’était plus la même. Un mélange d’influences dont elle n’aurait su dire la liste. Mais tout ce qui lui faisait mal s’y trouvait rassemblé.
Dans les profondeurs de la nuit, l’âme ALEKHIN comprit. Mais seulement l’âme profonde. A la surface, lisse, rien n’apparaissait de cette…certitude.
Dernière modification par Circéia Alekhina le 25 sept. 2019, 16:18, modifié 1 fois.

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...

25 mars 2019, 00:55
 RPG++  L'autre en face de toi  Pv A. Sangblanc 
« Sœurs... sœurs... sœurs ...»

« - Ne pars pas ! Restes, encore un peu, je t'en prie !

Mais cruelle était l'autre. Elle s'était envolée, elle s'était échappée, elle l'avait laissée avec ses questions. Des minutes. Des heures. Alice ne savait plus. Face à l'autre, le temps lui avait échappé. Il était semblable à des volutes de fumée. Perceptible, mais insaisissable. Présent, mais fugace.
La chambre s'agitait tout autour d'elle, mais Alice, perlée de sueur, restait figée dans son lit à baldaquin. Encore une fois, elle avait oublié qui était l'autre. Une sœur, un reflet, une autre. Une autre qu'elle. Une autre qui était-elle, une autre que seul le physique éloignait.
Seulement une autre.

Une autre qui était sortie de ses pensés lors de la journée. De terribles mots pour des maux plus terribles encore. Ils l'avaient secoués, ils l'avaient martyrisés, ils l'avaient dévorés. Elle était rendue à l'état d’enveloppe vide, endommagée. Elle avait mal, tellement mal. Elle voulait pleurer, hurler, frapper ! Mais tout restait enfermée en elle. Tout ce qui l'animait devait resté muet. Alors, tout se débatait. Tout voulait sortir. Ses pleurs, ses cris, ses coups. Tout devait sortir.
Mais la liberté des sentiments était chose bannie pour la fillette, car telle était son éducation. «Ne rien montrer de soi. Seulement la dignité.» Une éducation devenue loi, une loi devenue chaîne.

Après un dernier «bonne nuit» pour ses camarades de chambrée, Alice tira les rideaux de son lit à baldaquin. Solitude chérie et tant attendue. Derrière sa prison de tissu vert, la fillette se sentait plus libre. C'était paradoxal, elle même en avait conscience. Mais c'était dans cette prison que la petite Sangblanc pouvait retirer ses chaînes qui enserraient son corps. Elle pouvait alors se saisir de son oreiller, y enfoncer sa tête et se laisser submergée par les émotions. Chevaux fous libérés, au grand galop, ils piétinaient tout sur leur passage. Rien ne pouvait plus les arrêtés. Les doigts opalins plongeaient dans son oreiller. Cette cavalcade lui faisait mal mais c'était libérateur, elle le savait, elle en avait conscience. Il fallait se laisser aller, jusqu'à ce que tout s'évade. Jusqu'à ce que les mauvaises choses soient noyés dans ses larmes.

« Tes larmes sont de trop. Il n'en vaut pas la peine.»

Sa main était posée sur l'épaule d'Alice. Sa chaleur se diffusait en elle, réchauffait son corps tout entier. L'autre était là. L'autre était revenue. L'autre ne l'abandonnait pas, elle.
Ses yeux gonflés par les larmes s'étaient ouverts sur la nuit étoilée. Une légère brise vint la faire frissonner. Alice était là, elle aussi. La pierre dans son dos, les dalles sous elle, le hululement d'un hibou... elle était bien là.
L'autre était à côté, sa main toujours posée sur Alice. Ses cheveux noirs tombaient en cascade tout autour d'elle. Son regard, droit, fixait l'obscurité. Elle était digne. Ses yeux à elle n'étaient pas boursoufflés. Sa peau était blanche, et pas rougie par les émotions. Elle n'était pas secouée par les sanglots. Elle était digne.

- Il a été odieux... Il a dit des choses horribles !

C'était un cri. Un cri qui résonnait dans l'immensité de la nuit. Le hululement du rapace s'était tût. Il n'y avait plus que sa voix en écho. Il n'y a avait plus que ses sanglots qui reprenaient de plus belle.

« Ainsi sont les garçons. Toujours odieux. Ils te tortureront toujours, Alice. Car c'est dans leur nature. Ils voudront toujours te détruire, car c'est dans leur nature. Il est comme tous les autres, tu le sauras plus tard.»

Mais Brett était un gentil garçon. Brett avait toujours été aimable avec Alice. Il était tout pour elle. Il était son meilleur ami, celui sur qui elle pouvait toujours compter !

« Pourtant, tu ne lui dis rien. Il ne sait rien de toi. Tu lui caches tout ce qui pourrait lui permettre de te connaitre vraiment. Pourquoi fais-tu cela, Alice ? Pourquoi ? N'est-il pas aimable, gentil garçon ?»

La réponse était limpide : c'était pour se protéger. Inconsciemment, c'était toujours cela. Mais de quoi voulait-elle tant se protéger ? De Brett ? Non, cela n'avait aucun sens.

- Je n'ai pas peur. »

Sa voix assurée, néanmoins secouée par les sanglots passés, fit sourire l'autre. Elle s'éloigna du mur et vint s'asseoir devant Alice.
Elles étaient là, l'une en face de l'autre, sans qu'un seul mot de plus ne sorte d'entre leurs lèvres closes. Elles se regardaient, s'observaient, s'apprivoisaient. Le regard noir de l'autre était intrusif, il semblait capable de lire tout ce qui faisait d'elle ce qu'elle était. Quelle pensée angoissante.

« Tu es un petit animal blessé, Alice. Et comme tous les êtres blessé, tu te protèges. Mais il serait temps de guérir, à présent.»

La main de l'autre vint épousée la joue d'Alice. Elle était là, elle. Au fond d'elle, Alice savait qu'elle l'était toujours. Même lorsque tout était sombre, l'autre l'observait, attendait, et venait pour sécher ses larmes. Conseillère et guérisseuse. Guide et amie.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

28 mars 2019, 19:40
 RPG++  L'autre en face de toi  Pv A. Sangblanc 
Revivre. Il parait que la nuit, on revit les expériences du jour en tentant d’en tirer des leçons, mécanisme inconscient mais utile... Revivre. Plutôt mourir. Ne jamais revivre ce qu’elle a traversé ce samedi maudit. La magie ne peut rien contre les effets du cœur. Quand la simple pensée fait couler le pus de ces yeux laissés dans la noirceur. Une pustule, sans cesse réapprovisionnée de cette abominable douleur.
Au début, elle ne dort pas. Le plus dur a été de ne rien montrer aux autres ; s’allonger comme d’habitude. Elles savaient, pour Hugo et Circéia elles savaient mais n’ont rien dit. A quoi bon risquer un silence de plus de la part de celle ayant pour principe de se taire en toutes circonstances. Elles savaient car le matin de ce jour, Circéia avait pris le temps de soigner sa tenue, des parfums délicats….quand enfin elle s’endort, la première image est une vision d’elle dans cette glace. L’envie de la briser, frapper la vitre, prendre un éclat et se l’enfoncer dans le ventre. Là où elle a le plus mal. L’odeur des capucines qu’elle a plantées hier, un bouquet sort de la plaie, et l’envie de parler russe. Est-ce que l’on se rend compte de la langue qu’on utilise durant nos rêves ? On entend des choses, on se voit, mais les sensations… et si elle en vient à se blesser, saignera-t-elle en couleur ? Une envie folle de disparaitre de la scène, se crever les yeux une bonne fois pour toutes. Même pleurer son sang est une idée insuffisante. Dans la glace brisée, elle se voit et ce qu’elle se dit n’est pas très gentil. Gourde, idiote, naïve, bécasse… même pas des insultes, juste des mots choisis pour s’humilier. Quand il ne reste plus rien, on s’attache à la bile, se vomir revient à expulser son âme par la remontée des boyaux. Cela a toujours été vain mais les êtres reproduisent avec une grande régularité les erreurs ancestrales.

- Je te hais.

Vrai, comme souvent… Une enfant à qui l’on a demandé de grandir en silence. Dans l’ombre des adultes occupés à vivre leurs rêves de gloire. Et puis le néant, les échecs perpétuels, les devoirs échoués, les professeurs insatisfaits, demandant plus encore. Toujours. Elle déteste cette vie et le rêve en est rempli. Mais en contre bas, le pli d’une robe casse l’effet monotone de son image déjà brisée. Un visage transpire de la tapisserie collée au mur. Le même qu’avant, juste un peu moins rond, un visage d’enfant en mutation. Les cheveux dorés, ou bien c’est le rêve qui transforme l’argent en métal précieux. Elle ne parle pas cette fois, observe et parait craindre le mot de trop. Des vapeurs et elle est dans le salon de thé, seule, avec son reflet doré, argenté, elle ne sait plus. N’a jamais su. Les deux se superposent. Un ventre maternel où les émotions sont diluées dans la paix et la douceur de l’éternel été. Ce lieu est donc embryonnaire ; et les effets du rêve révèlent la photo, les effluves invisibles à l’œil nu… les bras ouverts la protègent, l’autre ne dit toujours rien mais cette fois Circéia ne peut plus boire la ciguë qu’elle a pourtant commandée. Prisonnière du lien établi elle ne sait toujours pas comment. Pourquoi ne peut-elle pas être seule au moment de se donner la mort ? C’est pourtant son rêve alors qui est donc autorisée à le lui briser ainsi ? Elle veut la chasser, en russe. Mais plus aucun son ne sort de cette bouche répudiée. Et la suite n’est pas plus réjouissante. C’est insupportable au point qu’elle se réveille, à peine une heure après avoir fermé les yeux. Elle se souvient de tout, de cette blancheur,  des cheveux soyeux qu’elle a sentis, un peu. Et de ce regard qui lui a tout dit. Un mélange de sa sœur de la nuit et de l’enfant des souterrains. Ainsi la nuit serait-elle autre chose qu’un simple danger. Circéia a du mal à y croire mais il le faut bien. Y croire.


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Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...