À cette heure-ci de la journée, il faisait nuit dehors. Ce vendredi soir, Oliver Briggs était assis dans le fauteuil en cuir derrière son bureau noir, à finir de corriger une copie. Sur le bureau, seules les trois bougies fixées sur le chandelier éclairaient la pièce. Si on se trouvait dans le cadre de la porte d’entrée, on pouvait uniquement voir ce qui se trouvait en face de soi, à savoir le professeur Briggs. Le reste était parfaitement confondu dans le noir de cet endroit ténébreux.
Lorsqu’il eut fini de corriger sa dernière copie, il inscrivit un « Piètre » tout en haut du parchemin et déposa le devoir sur sa pile corrigée. Il reboucha son flacon d’encre noir de jais, et posa son élégante plume de corneille à côté. Puis il croisa ses bras, et expira longuement.
Les yeux regardant dans le vide, il repensait au dîner de cette soirée, dans la Grande Salle. Ce heurtoir aux allures dorées, ces tigres imposants qui en étaient sortis, et cette femme. Elle avait eu une certaine audace pour se présenter devant Kristen Loewy, la réputée détentrice de la Baguette de Sureau, et actuelle directrice de Poudlard. S’étant annoncée sous le nom de Dai Hong Dao, cette sorcière d’origine asiatique avait déclaré, devant l’assemblée des élèves, la mort de Biao Xixia. Enfin, c’était plus exactement la jeune Qiong qui l’avait révélée. Mais le comportement de Hong Dao nous autorisait à constater que son principal trait de caractère était l’indifférence. Peu importe le public qu’elle avait devant ses yeux, elle n’avait aucune retenue.

Oliver sortit du tiroir supérieur droit de son bureau un carnet de notes. Il reprit sa plume, rouvrit son pot d’encre noire, la trempa dedans, puis la secoua un peu, et commença à y écrire ces quelques mots sur une nouvelle page.

4 mars 2044, environ minuit,
Une femme est entrée à Poudlard ce soir. Elle se prénomme Dai Hong Dao. Elle a une aura magique indescriptible. Je reste sur mes gardes. Toujours avoir sa baguette sur soi. Garder ses distances. Veiller sur les élèves.

Les phrases que le professeur écrivait se voulaient les plus simples possible. Résumer sur un carnet ses impressions faisait partie de son quotidien. C’était pour lui le seul moyen de ne pas perdre de vue ses pensées, le seul moyen de garder la tête hors de l’eau, le seul moyen de prendre du recul. Et il y tenait plus que tout.