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08 juin 2019, 13:48
 RPG+  La Couleur de nos Ombres
avec @Alice Sangblanc
Le 21 mai 2044
Entre le dîner et le couvre-feu

1ère année
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Poudlard, c'était plus ce que c'était. Il y avait cette chose. En fait, il y avait beaucoup de choses. Rien n'était plus à sa place. Ça faisait presque un mois. Presque un mois que Poudlard était une île. Presque un mois que Poudlard abritait une étrange créature. Presque un mois que le Parc, le Lac, la Tour d'Astronomie, les repas, la vie était différente.

Et c'était effrayant.

Presque un mois que la Peur vivait en tout un chacun. En tout cas, qu'elle vivait en Adaline. Presque un mois qu'Adaline fuyait le parc, la Tour d'Astronomie, le Lac. Elle n'aimait pas cette configuration. Alors qu'elle s'était jusqu'ici toujours demandée si elle était à sa place, cette fois : elle en était sûre. Adaline n'était pas à sa place, et c'était comme si son Esprit n'était plus non plus à sa place. Était-ce à cause de toutes les émotions mêlées à de nombreux sentiments qui assaillaient le cœur d'Adaline avaient cramé l'Esprit d'Adaline, le rendant inutilisable ? Quoi qu'il en soit, les choses changeaient autour d'elle.

Allait-elle devoir changer ?

Pour le moment, Adaline était effrayée. Elle avait Peur. Alors qu'elle venait de passer tout un mois sous l'emprise d'une Colère qui la dépassait, elle avait Peur. Et pourtant, alors que tout un mois durant la Colère l'avait clouée au lit, la Peur la poussait à faire d'étranges choses. Elle n'avait pas encore osé sortir. Elle n'avait pas envie de voir... l'Île. Cette île n'était pas seulement une Île : c'était une Prison. Elle piégeait Adaline dans un tourbillon de sensations désagréables et dans toute gamme de pensées sombres.

Mais, ce soir, alors que le mois de mai frôlait du doigt ses derniers jours, Adaline eut une envie folle. Alors que la Peur l'avait rendue muette, durant le repas, la journée, elle avait subitement envie de parler. Au fond de son Être, Adaline sentait quelque chose bouger. Alors qu'elle venait de remplir son ventre, celui-ci vrombissait. Il vibrait et ce jusqu'au fond de l'Être d'Adaline. Elle ne comprenait pas. Quel était le message ?

Voir.

Les sourcils froncés, elle était retournée dans sa Salle Commune. Elle avait trouvé Lune, lovée dans un fauteuil. Le chaton, en apercevant Adaline au milieu d'une foule de Rouges, s'était redressé et attendait sa maîtresse, sagement assise. Alors que, dans l'Esprit d'Adaline, de claires images et envies se dessinaient, elle passa ses deux mains sous le ventre chaud de Lune. Cette dernière répondit d'un ronronnement.

Adaline et Lune sortirent de la Salle Commune. En général, les élèves rentraient et ne ressortaient pas de leur Salle Commune. Adaline ne l'avait que peu fait, depuis un mois. Mais il restait approximativement une bonne et grosse heure avant le couvre-feu. Et Adaline voyait clairement : elle savait où elle devait aller, la Peur toujours accrochée à son estomac.

« On y est Lune, je vais te montrer... Tout ce qui tourne pas rond ici. »

La Tour d'Astronomie. Malgré ses folles envies, son ventre était pris par la Peur. Elle était enfin arrivée au dessus de cette terrible Tour, son chaton toujours affectueusement installé dans les bras d'Adaline qui l'entourait. Froid. Il faisait froid. Mais il ne faisait pas encore nuit. Est-ce qu'Adaline verrait la créature ?

Elle s'approcha, pour voir le Paysage de désolation qui s'étendait sous ses yeux.

« Regarde, Lune, on est coincées... »

Voix nouée.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 17 déc. 2019, 14:37, modifié 8 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

19 juin 2019, 00:14
 RPG+  La Couleur de nos Ombres
Mots soulignés pour la CDC

« Nous nous reverrons bientôt »

Depuis dix jours, cette phrase tournait en boucle dans l'esprit de la fillette. Elle se répétait, répétait, répétait sans cesse. Elle la hantait, la dévorait toute entière. C'était la dernière chose que son père lui avait dit, la dernière, la toute dernière. Ce n'était pas une promesse, ce n'était rien de plus que les mots d'un père à son enfant. Seulement une banalité. Mais cette banalité, c'était la dernière chose qui lui restait de celui qui comptait le plus pour elle.
Le ciel de la fillette était obscurci, et aucune éclairci ne réussissait à pénétré ces ténèbres. L'orage qui grondait, il menaçait de libérer son fiel à chaque instant. Personne ne pouvait rien faire pour Alice. Personne. Oh, il avait été nombreux à essayer, et tous avait échoué. Meven et ses yeux de lierre avaient fait tout ce qu'il pouvait, lui, son ange-gardien. Même Christopher n'avait pas réussi. Il avait tout fait pour l'extirper de cette bulle de rage, de tristesse et de colère, de ce silence dans lequel elle s'était muée. Il était le seul qui aurait pu réussir et même lui avait échoué. Plus personne ne pouvait rien pour elle. Plus personne.

Alice n'assistait plus à tous les cours, elle n'y arrivait plus, elle ne pouvait plus. La présence des autres étaient trop pour elle. Elle n'était plus qu'une boule d'émotion sur le point d'exploser, une simple réflexion pourrait lui causer du tort, beaucoup de tort. Leurs voix, seulement leurs voix... Alice ne supportait pas ça. Elles sonnaient à ses oreilles comme l'insupportable tintement d'un grelot secoué à répétition. C'était trop pour Alice.
Alors, elle restait dans sa chambre, passant de son lit à baldaquin au canapé collé aux vitres qui donnaient sur les profondeurs du Lac Noir. Si quelqu'un lui demandait de rejoindre les classes, Alice refusait. Si quelqu'un la forçait, Alice se débâtait, hurlait, frappait si il le fallait. Personne ne pouvait rien pour elle. Personne.

Lorsque la fillette quittait sa chambre, c'était pour aller manger. Ce n'était jamais trop, presque rien, de quoi la faire tenir. C'était assez pour ce que la fillette faisait lors de ses journées. Marcher d'un point à un autre, cela ne demandait que peu d'apport nutritionnel.
Alice se sentait faible, Alice se savait faible. Mais elle ne réussissait pas à relever la tête. Elle n'y arrivait pas, elle ne le voulait pas. La paix, c'est tout ce qu'elle voulait. La paix, et l'oubli. Seulement cela.

Le regard d'Alice était terne, vide. Il n'y avait plus aucune once d'orgueil, il n'y avait plus la moindre trace de mépris lorsqu'elle observait les tables des blaireaux ou des lions. Il n'y avait plus rien.
Lorsqu'Alice se leva, son assiette était encore "pleine" de sa salade de tomate. A peine touchée. Les aliments n'avaient plus de goût, l'eau ne l'hydratait plus. Tout n'était que cendre. Tout. Le regard droit mais l’œil terne, Alice quitta la grande salle. Elle n'avait plus envie de rien, seulement de marcher, marcher, marcher. Seulement marcher. Peu importe la destination, il fallait juste se déplacer, oublier, ne penser à rien.

Autour d'Alice, tout se ressemblait. Les robes qu'elles croisaient, les blasons verts trèfle, rouge sang, jaune or ou bleu roi, les sorciers qui les portaient, les mots qu'ils prononçaient. Ils avançaient, se déplaçaient comme des insectes, comme une masse informe. Ils parlaient, parlaient, parlaient.

« Nous nous reverrons bientôt »

Son corps s'arrêta net. Trop, c'était trop. Elle n'en pouvait plus. Elle ne voulait plus de cette douleur qui lancinait son cœur, elle voulait l'arracher à sa poitrine pour ne plus ressentir. Elle voulait son père. Seulement lui. Mais il n'était plus là. Il ne serait plus jamais là.

« Nous nous reverrons bientôt »

Brutalement, ses jambes s'élancèrent en avant, emportant Alice dans une course impulsive, brutale. Il fallait qu'elle s'en aille, qu'elle s'extirpe de tout ça, de tout ce qui la rongeait. C'était une question de survie.

Les murs défilaient autour d'elle, les tableaux n'étaient plus que des couleurs. Elle courrait, courrait vite. Grimpait les escaliers, les nombreux escaliers. Sa respiration était saccadée, ses poumons brulaient, mais son esprit lui, faisait une pause. Une pause qu'il méritait.
Une porte fermée se trouvait sur son passage, elle la poussa et s'engouffra dans ce passage qui s'offrait à elle. Aussitôt, l'air frais empli ses poumons. Le corps d'Alice se tétanisa, sa course ralenti. Ses jambes flanchèrent sous le poids de son corps, et la fillette se trouva bien vite à genou. Elle respirait avec puissance, avec rage. Son corps parlait sans un mot, il relâchait la colère qu'il y avait en elle.
Sa tête était basse, sa crinière blanche retombait tout autour d'elle comme un halo de lumière. Petit à petit, elle partait en avant, jusqu'à ce que son front touche la pierre froide du sol. Elle sentait la chaleur de sa respiration contre ses lèvres, ressentait chacun des tremblements de son corps. Chaque membre lui était douloureux. Tout lui était douloureux, tout. Mais cette violence qui meurtrissait son corps était la bienvenue. Elle avait besoin de cela. Besoin de sentir son corps se déployer.

« Nous nous reverrons bientôt »

Des larmes apparaissaient à ses yeux, des larmes qu'elle ne voulait plus retenir, des larmes qu'elle ne pouvait plus retenir. Les perles salées se mirent à rouler le long de son front pour s'écraser contre le sol de pierre. Et puis, son poing vint le frapper lui aussi. Une fois, puis une autre fois, jusqu'à faire trembler tout son bras. D'autres larmes vinrent rejoindre les premières, d'autres coups vinrent frapper le sol.

« Nous nous reverrons bientôt »

Son poing frappa mollement la pierre, une fois, deux fois. Elle pleurait à présent, pleurait comme ce n'était plus permis. Elle ne réussissait plus à être forte. Elle n'y arrivait plus. Elle ne pouvait plus faire semblant.


Désolée pour la longueur du post et surtout pour mon retard. Comme quoi, avec un peu de temps... l'inspiration vient ^^. A voir ce qu'Adaline va faire, ou ne pas faire. Je vois Alice arrivé à la suite de tes mots, quelques instants après, disons !

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

20 juin 2019, 11:08
 RPG+  La Couleur de nos Ombres
Le Paysage s'étendait devant Lune et Adaline. Il n'arrêtait pas de s'étendre. *Mauvaise herbe* Pensa-t-Elle, alors qu'elle fixait l'Arbre. L'Arbre sur lequel les Autres disaient avoir Vu. Avoir Vu la Chose. On la décrivait noire, sombre, mécanique, entourée d'un voile. En fait, lorsqu'elle les Autres en parlaient, et que leurs voix arrivaient à ses oreilles, l'image de Stanislas Stoyanov apparaissait dans son Esprit. Elle revoyait son arrivée dans la Grande Salle. Ce moment où Adaline s'était sentie si Vulnérable. Elle se savait Faible, elle se savait Faible depuis qu'Elle était entrée à Poudlard, mais Elle s'était su Vulnérable. Et ça impliquait son Esprit, et ça impliquait son Etat Mental.
Et Ça l'avait détruite.
*Merde*

Alors qu'Elle venait des prononcer ces derniers mots, à Lune qu'Elle n'osait même plus Regarder, « on est coincées... » Adaline se laissa comme tomber. Elle posa ses deux genoux par Terre et s'empêcha de Voir. Elle ne voulait pas Voir. Même si sa curiosité était piquée, Voir la détruirait. Si cette Créature montrait son ramage ténébreux, Ça la détruirait. *J'm'en fou* Elle mordit sa lèvre inférieure. Ses dents, à Adaline, étaient blanches et alignées, pour la plupart. Mais Elle n'étaient ni saillantes ni coupantes. Elles étaient presque molles. Aussi, Elle ne parvint même pas à arracher le Morceau de peau sèche qui trônait sur la Lèvre qu'elle mordit.
Mais Elle s'était assise, dos au Paysage qu'Elle n'avait pas réussi à Voir plus de quelques instants. Le dos presque collé contre les pierres de la rambarde. Lune s'était installée, assise, droite, fière, à côté d'Adaline. Et le chaton l'assénait de son regard Lunaire, blanc, calme. Et sa robe de sorcier découvrit ses jambes nues, lorsqu'Elle ramena ses mêmes jambes contre Elle. Effectivement, Adaline s'employait, maintenant que l'air et le vent se réchauffaient, à garder ses jambes nues sous ses Affreuses robes de sorcier. Mais l'Air, ce soir, était froid. Aussi, Elle tenta de les couvrir en tirant sur les coins de sa robe. *Stupide robe*

Un instant à peine après qu'Adaline eut ramené du tissu sur ses jambes découvertes, la Porte de la Tour s'ouvrit. Enfin, elle ne s'ouvrit pas Seulement. Elle claqua contre le mur de pierre de la Tour. Puis elle grinça en retournant à sa place, poussée par le Vent ou par l'Air seulement. Une Fille s'y était engouffrée. Une Fille-aux-cheveux-blancs.
Le souffle court, si ce n'est coupé, Adaline Vit.
Elle ne pensait plus Rien.
Elle Vit la Fille-aux-cheveux-blancs se meurtrir. Poser sa tête sur le sol. Se recroqueviller. Pleurer. Taper sur la pierre dure. Elle était dure, Adaline le savait : elle mettait à mal ses fesses jusqu'à son dos. Mais Adaline Voyait sans Savoir. Elle ne Savait pas ce qu'elle avait à faire. Elle hésitait à se tourner. Elle hésitait à fermer les yeux. Elle hésitait à ouvrir la bouche. *J'dois pas faire de bruits* C'était Décidé. Adaline Savait, maintenant, qu'elle ne devait pas faire de bruits. La Fille-aux-cheveux-blancs n'en faisait pas. Elle ne criait pas. Elle pleurait et tapait, sans Bruits. Il était Coutume de faire de-même.

Alors Adaline regarda, et posa sa tête sur les genoux qu'Elle avait ramené contre Elle, sans Bruits.
Et puis, sans crier gare, le félin qui avait été jusque là assis sagement à ses côtés se déplaça d'un Bond. Il sauta jusqu'à atteindre la Fille-aux-cheveux-blancs, jusqu'à pouvoir voir ses larmes tomber sur la pierre. Jusqu'à pouvoir ressentir le Désespoir qui émanait d'Elle. *Non !*
Le Cœur d'Adaline bondit comme avait bondit Lune, et comme le Cœur de Lune devait bondir devant tant de larmes dégoulinantes et devant tant de Souffrance. La Désespoir émanait de la Fille-aux-cheveux-blancs bien plus qu'il émanait d'Adaline. Elle fronça les sourcils, en relevant la tête.

Adaline avait ouvert la bouche, alors que Lune s'était approchée de la Fille-aux-cheveux-blancs. Elle aurait crié sur son félin si Elle n'avait pas Juré de rester sans Bruits. *Lune, merde* Elle pensa. Mais alors la petite brune, dont les cheveux noirs restaient sagement dans son dos - contrairement à Lune -, se contenta de regarder. Elle regardait Lune faire.

Lune, un chaton qui n'en était presque plus un, inspirait le Calme et la Sérénité. Ses yeux étaient blancs, gris. Ils étaient blancs, ce soir, et ils étaient beaux. Lune les avait d'ailleurs planté sur le visage de la Fille-aux-cheveux-blancs. Elle regardait probablement ses larmes tomber sur le sol. Ses oreilles touffues frissonnaient à chaque fois que la Fille-aux-cheveux-blancs tapait le sol avec ses poings. Et son pelage garni, oscillant entre Crème et Caramel, voletait avec le Vent.
Lune était le Calme.
Aussi, Lune posa sa tête sur celle de la Fille-aux-cheveux-blancs.

Et Adaline en resta bouche-bée.
*Lune*
Dernière modification par Adaline Macbeth le 29 oct. 2019, 14:17, modifié 1 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

02 juil. 2019, 22:58
 RPG+  La Couleur de nos Ombres
Sa gorge brûlait, ses poumons s'embrasaient. Son corps prenait feu, il se consumait tout entier. C'était douloureux... mais Alice accueillait cette sensation comme une vieille amie. Elle la laissait l'étreindre sans chercher à la repousser. Cela lui faisait du bien. Cette rage qui l'empoisonnait depuis plusieurs jours s'écoulaient enfin. Il fallait que tout sorte, il fallait que le poison s'échappe, il y en avait beau coup trop en Alice, trop qu'elle ne puisse supporter davantage
Subissait-elle l'amour trop puissant qu'elle vouait à son père ? Pourquoi est-ce qu'un sentiment aussi beau, aussi pur que l'Amour, était si douloureux ? Le sublime ne devait pas devenir aussi hideux, ce n'était pas normal. Et pourtant, pourtant, on avait souillé cette beauté qui s'échappait de l'amour qu'une fille éprouvait pour son père. Tout était devenu noir, amer, poussiéreux. Tout n'était plus que désespoir.

« Nous nous reverrons bientôt »

La main réconfortante de son père dans ses cheveux, la caresse si délicate de ses doigts de velours. Elle les sentait là, tout contre son cuir chevelu. Il était là sans être là. Il était auprès d'elle. Ses mots, et maintenant sa présence... Était-ce la folie qui guettait l'enfant ? Il s'agissait bien de la suite logique. Se savait-on fou lorsqu'on le devenait ? Avait-on conscience de notre propre instabilité ? Elle le saurait tôt ou tard.
Les doigts de la petite fille vinrent chercher ceux de son père. Ce n'était pas la peau de son père qui frôlait les doigts d'Alice. Non, c'était une fourrure douce et chaude, c'était comme un morceau de nuage. Et c'était contre elle, tout contre elle.
Alice n'osait plus bouger, de peur que ça ne disparaisse. C'était calme, réconfortant. C'était le bienvenue.
Ses pleurs avaient disparu pour laisser la place au silence. Il n'y avait qu'elle et ça, cela suffisait, rien de plus n'était nécessaire. Et puis, finalement, Alice releva la tête. Difficilement, car son corps lui était lourd, si lourd. Ses bras tendu de chaque côté d'elle menaçaient de céder sous le poids qui demeurait sur son dos. C'était celui de la fatigue, de la rage, de la peur, de la mélancolie, celui du désespoir. Mais il fallait se redresser, il le fallait. Pour elle.
Ses longues boucles s'échouaient de chaque côté de son visage, leur extrémités maculait le sol. Les yeux d'Alice, eux, étaient portés sur ce morceau de nuage qui l'avait sortie de sa faiblesse. A genoux sur la pierre froide de la Tour, Alice observait ce petit chat qui était venu à son secours. Il était beau ce petit félin. Il dégageait une sérénité qui embrassait le coeur d'Alice. La présence de ce petit animal lui faisait beaucoup de bien. Du bout des doigts, la Serpentard vint effleurer le poil du chat.

« - Merci, murmura t-elle, la voix enrouée par ses pleurs.

Un mot, un seul, avait réussi à franchir la prison de ses lèvres. Les autres, tout ceux qu'elle aurait pu dire, n'arrivait pas à sortir, ils restaient piégés au fond d'elle. Et de toutes façons, qu'aurait-elle pu dire à ce petit chat ?
Et à qui appartenait ce chat ?
Alice essuya ses yeux rougies de ces deux petits poings, avant de pointer son regard sur la seule personne présente dans la tour.

C'était une jeune fille, comme elle. Son visage arrondi était encadré par une chevelure noire visiblement bien plus courte que la sienne. Elle ne l'avait pas vu, elle n'avait même pas supposée sa présence. Elle s'était effondrée sans réfléchir. Elle n'avait pas voulu réfléchir, et ne l'aurait pas pu de toutes façons. Ces derniers jours, rien ne lui était possible. Réfléchir, mais aussi parler, seulement parler, c'était au dessus de ses forces. Elle ne pouvait voir personne, car l'envie de hurler était trop présente, l'envie de pleurer, de frapper, de secouer... ces envies étaient incontrôlables. Finalement, n'était-ce pas son corps qui réclamait tout cela ? Ne voulait-il pas seulement extérioriser tout ce qu'Alice gardait en elle ? Probable.

Elle regardait la fille, sans un mot. Elle l'avait vu, et Alice s'en moquait. La petite Sangblanc ne ressentait pas de honte : elle s'en moquait. Elle se moquait de tout, de la douleur qui irradiait son poing, de sa gorge brûlée par la course... Alice n'en avait que faire, rien n'était plus douloureux que son cœur.

- C'est ton chat ? »

C'était soudain, chargé des pleurs passés. C'était morne, las, vide. C'était pitoyable, et Alice s'en moquait.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

30 oct. 2019, 11:41
 RPG+  La Couleur de nos Ombres
Lune vient de poser sa tête sur celle de la Fille-aux-cheveux-blancs, que je ne peux m'empêcher de regarder fixement. Tant que sa tête est baissée, que ces yeux dont j'ignore la couleur, la substance, la teneur ne sont pas sur moi, je m'autorise à observer chacune des mèches écarlates qui composent sa crinière lunaire. Cette fille me fait penser à Lune, et je l'imagine avec les mêmes yeux blancs que le félin. Ce si petit et si rassurant félin. D'ailleurs, une angoisse, quelque chose qui, au fond de moi, me tenait, s'est évanoui lorsque Lune a posé sa tête sur celle de l'Autre fille et que celle-ci a arrêté de frapper la pierre. Je crois qu'elle... *Elle pleure* pensé-je. Mais sous mes yeux, Lune fait ce qu'elle sait faire ; elle n'est que tendresse et je ne peux que le Savoir. Je connais Lune depuis un mois environ, et ce ne fut que câlins et amitié. Je crois, même si elle semble m'en vouloir de ne pas l'accompagner dehors, ces derniers temps. Mais Lune reste un chaton, et je ne suis pas sûre qu'elle comprenne à quel point il m'est difficile de sortir.

*Par Merlin !* sursauté-je lorsque la Fille-aux-cheveux-blancs se redresse. Son mouvement est lent et il lui a l'air difficile. Sa tête n'est plus posée sur le sol, non, elle est vissée sur Lune désormais. Qui est toujours fidèle à elle-même, elle profite des caresses mouillées - de ces pleurs probablement - de la Fille-aux-cheveux-blancs avec une douceur qui me réconforte, bizarrement. J'avoue que, quelques fois, lorsque que quelqu'un d'autre que moi caresse Lune et que cette dernière semble apprécier, je sens monter en moins un soupçon de jalousie. Je n'ai pas encore décidé si c'est une bonne chose - je suis sûre que non. Mais, cette fois-ci, Lune m'a l'air plus qu'à l'aise mais je me sens soulagée. Le spectacle de désolation auquel la Fille-aux-cheveux-blancs m'a fait assister a tendu chacun de mes muscles. Ne rien dire, respecter le silence de la Tour, regarder et entendre sa Souffrance. Mais Lune est passée par là, son air affectueux sur les moustaches, et je crois que tout va mieux.
Et puis, je me sens toujours étrangement en sécurité ; la Fille-aux-cheveux-blancs n'a pas encore daigné jeter un œil dans ma direction. Ainsi, quelques instants de silence et de Beauté, j'ai l'impression de ne pas exister. Si bien que je m'autorise à souffler. Comme c'est plaisant de n'être rien.

Mais, irrémédiablement, elle pose les yeux sur moi. La Fille-aux-cheveux-blancs me fixe un instant. Peut-être me détaille-t-elle ? J'en profite moi aussi, qui n'ai à aucun moment détourné le regard de cette Fille, pour l'observer. En fait, j'essaie de voir la couleur de ses yeux. Il fait trop nuit. Le Soleil est couché, mais le ciel n'est pas encore Noir. Cependant, il fait trop nuit pour je distingue autre chose que sa chevelure argentée. *Comment ça s'peut ?* me demandé-je alors, trop happée - dissuadée par l'obscurité de me concentrer sur autre chose - par cette si vive et étrange couleur. Tellement que j'en oublierais presque ses deux yeux vissés sur moi.
De longs autres instants de silence. J'aime ça, le Silence. C'est merveilleusement apaisant de passer mes journées avec un félin qui n'est pas doué de parole. Et puis, Lune ne miaule que très rarement. En fait, c'est seulement lorsqu'elle a faim. A cette Pensée, un sourire se dessine sur mes lèvres.

« C'est ton chat ? » dit-elle alors. Mon sourire s'évanouit. Je ne m'y attendais pas, je ne pensais pas que d'une bouche qui n'exprime que la douleur sortirait des mots. Ces mots. Précisément, ils sont si détachés, vides d'importance. Mon air est probablement béat, j'espère que ce n'est pas ce qu'elle remarque, mes lèvres entre-ouvertes à la Stupidité, mes yeux suppliant de Sens, un nez que j'essaie de ne pas retrousser et des cheveux en pagaille. Le vent ne souffle pas très fort pourtant, maintenant que je suis assise, je me suis Protégée, du Vent, de la Nuit, de la Créature, du Monde.
Même si la Fille-aux-cheveux-blancs me regarde et que je la regarde, j'aperçois Lune continuer de frotter sa tête et son dos contre une main tendue.

« Je... Elle s'appelle Lune. » Je crois que j'ai réussi à doser mon intonation. Mes yeux sont toujours plongés dans les siens, ce que j'en distingue. Ma voix, je l'espère, n'a pas été particulièrement ferme. Juste ce qu'il faut.
Et puis, bizarrement, Lune miaule doucement. Elle est toujours accoutumée des caresses de la Fille-aux-cheveux-blancs - j'ai l'impression que les images de son entrée et de son Effondrement s'effacent dans ma Mémoire - mais elle s'est mise à miauler. Ce fut court, un seul miaulement prolongé. Cette fois, Lune m'oblige à sourire. Je n'ai pas détaché mon regard de celui qui l'accroche. Va-t-elle penser que mon sourire lui est dédié ? Serait-ce si grave ?

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6ème année

15 déc. 2019, 15:37
 RPG+  La Couleur de nos Ombres
Ses doigts enfoncés dans la fourrure de l’animal, Alice inspirait et expirait calmement, son souffle chevrotant. La présence de ce chat, de cette petite Lune, était apaisante. L’immense peine de l’enfant voulait sur son pelage. Comment une si petite créature pouvait arracher toute la douleur, en seulement quelques ronronnements ? A ce jour, personne n’en avait été capable. Ni Meven, ni Christopher, Aliosus, Irisia... personne.

Le miaulement du félin arracha un sourire à Alice. Il était sans joie, ce sourire. Dépourvu de ce bonheur qu’aurait pu habituellement lui provoquer ce simple petit son. C’était une politesse, une habitude, comme on remercie quelqu’un nous tenant la porte. Juste une politesse, piteuse avec ça.

Sans un mot, Alice se releva. Elle était fébrile, fragilisée par cette course et ces pleurs, par sa faiblesse imbécile, par cette douleur qui la meurtrissait jusqu’à l’âme.
Alice prit un temps pour trouver son équilibre, ses jambes tremblantes. Elle tint bon, supportée par une volonté desséchée, mais toujours présente. D’une démarche lente et misérable, elle se rendit jusqu’au muret qui séparait la tour d’astronomie du vide, et s’y accrocha, ses doigts devenus serres.
Le vent frais léchait ses joues humides, et la fillette ne fit aucun geste pour s’en protéger. Ses cheveux battaient tout autour d’elle, quelques mèches fouettaient son visage. Qu’importe, elles lui rappelaient qu’elle était encore vivante, la question pouvait se poser.

Ses yeux d’argent se posèrent sur le grand arbre que les jeunes élèves de Poudlard avaient fait naître. Il surplombait le parc avec la même force tranquille que celle du directeur de Jadugara. Protégeait-il vraiment l’école, où n’était-ce que de la poudre aux yeux, comme toutes les misérables paroles qui avaient été échangées le 2 mai ? Les directeurs n’avaient rien fait pour les prisonniers d’Ursula Parkinson et son immonde gouvernement, rien. Pourquoi diable protéger Poudlard si le monde sorcier britannique se meurt derrière les hauts murs de l’école ? Tous plus puissants les uns que les autres, et incapable de prendre d’assaut Azkaban.

Ses doigts s’étaient serrés sur la pierre, le froid piquerait sa peau. Le temps d’un instant, Alice cru voir du mouvement dans les feuilles. Était-ce le vent, où cette curieuse créature qui y avait été laissé ? Qu’était-ce d’ailleurs ? Meven avait parlé d’un... paon noir. Oui, c’était cela. A quoi servait-il, ce maudit oiseau ? L’heure n’était pas aux démonstrations de pouvoir et de puissance, et pourtant... Alice serrait les dents, sa mâchoire tremblante. Elle avait envie de hurler, de crier à ce maudit volatile toute cette haine qui l’habitait soudainement. Une haine dirigée non pas sur Parkinson, mais sur chacun de ceux qui avaient œuvré à rendre Poudlard plus sûr.

« Il sert à quoi, cet arbre ? » souffla Alice. « Ce n’est pas un arbre qui nous protègera. »

De la haine pure, affaiblie par la peine. Elle était ridicule, et peu importe. Eux aussi l’était. Tout ces qui avait juré d’aider miss Loewy à protéger ses élèves, eux et leurs actions futiles. Leur faux semblant. Leur imbécilité. Tous des menteurs.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
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02 mars 2020, 21:45
 RPG+  La Couleur de nos Ombres
La Fille-aux-cheveux-blancs et ses yeux que je ne distingue pas mieux me quittent dans un mouvement lent. Elle se redresse et je ne fais rien d'autre que la regarder. Bientôt, elle est debout. Et j'ai guetté son ascension sur ses deux jambes avec intérêt, un intérêt étrange. Elle me rappelle trop Lune pour que je me soucie pas d'elle. Si elle était tombée, j'aurais probablement fait tout ce que je pouvais pour la relever. *Qu'est-ce qu'elle fait ?* me demandé-je, comme si sa santé m'importait. Elle m'a l'air si faible. A ses pieds, je sais que Lune s'inquiète aussi. Cette énergie, nous la ressentons toutes les trois.

Bientôt, dans toute la lenteur que je lui imaginais, la Fille-aux-cheveux-blancs s'approche du bord. Ses yeux ne me regardent plus du tout, elle ne me fait pas face du tout. Comme ça, je me sens à l'aise. *Ouf* me permis-je de penser, lorsque la créature argentée m'offre généreusement du répit.

Mes yeux passent de ses cheveux qu'elle me laisse regarder, je crois, à Lune qui se tient à ses pieds. Elle s'est assise, docilement - même si ce n'est rien de ça : je sais que Lune s'inquiète elle aussi. Et effectivement, je ne peux m'empêcher de demeurer inquiète. Même maintenant qu'elle est sur ses pieds et qu'elle n'est pas en train de s'effondrer.
Elle tremble, pourtant. Je crois voir ses jambes trembler. Je ne sais pas si c'est mon imagination, parce que tout est sombre.
Cela me rappelle... Non. J'en suis sortie. *J'veux pas y retourner !* crié-je, dans ma tête. L'obscurité qui m'a attrapé, il y a quelques semaines. dans laquelle je me suis laissée tomber, dans laquelle je me suis enroulée ne peut pas me reprendre. J'en suis sortie. Et je ne peux pas me laisser aller à nouveau à cette faiblesse. Je ne peux pas laisser mes membres s'endolorir, se faire prendre dans ce drap noir.

Heureusement, la Fille-aux-cheveux-blancs se met à parler.

« Il sert à quoi, cet arbre ? Ce n’est pas un arbre qui nous protégera. » Elle a l'air de cracher ses mots à la face de ce Monde.

Mais je la remercie. Effectivement, c'est comme si elle m'avait tiré par le bras. Instinctivement je me lève. Autant pour ne pas me laisser m'engourdir que parce qu'elle me tire à elle, sans le faire vraiment. Alors me voilà sur mes deux pieds, et bientôt, je sens Lune passer contre mes jambes, comme infiltrée sous ma robe de sorcier. Un rire m'échappe, tant ses poils sont doux et chatouilleux. Je tousse pour le cacher, sans y réfléchir. Qu'est-ce que je suis bizarre. J'avance encore, et je me sens toujours aussi à l'aise. Pourtant, je m'approche dangereusement d'elle et d'une conversation. *J'crois* Mais ça ne me fait rien. Et à Lune autant qu'à moi, cette Fille-aux-cheveux-blancs fait du bien.
J'arrive à sa hauteur, dans un dernier pas aérien. Je ne pose pas mes mains sur la rambarde de pierre, préférant les garder nichés dans mes manches. A l'abri.

« P'tetre pas. Mais qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ? » dégeulé-je.

Dans ma voix, la haine que je ressens n'a pas été retranscrite.
Bien moins que celle de la Fille-aux-cheveux-blancs.
Je crois qu'elle en veux à ce Monde.
Mais comment ne pas lui en vouloir ?

Moi aussi, je lui en veux, à ce fichu monde et à ce fichu château. D'ailleurs, j'en veux à tous ses habitants et j'en veux à tous ses professeurs, tous ses élèves, tous ses elfes de maison et tous ses fantômes. J'aimerais disparaître. Je fronce les sourcils et je me mets à pleurer bêtement. Je tente de le lui dissimuler, après tout c'est elle qui pleurait la première, n'est-ce pas elle qu'il s'agit de réconforter ? Mes yeux larmoyants tournent et se dirigent vers Lune qui est toujours en train de la consoler. Elle le fait très bien toute seule, je pense en grognant et en pleurnichant.

« J'me casse. »

J'annonce finalement en dégueulant encore ses mots par dessus la rembarde. Sans un regarde de plus, à l'une ou à l'autre, à elle ou à Lune, je me tire. La porte claque derrière moi et les larmes coulent le long de ma descente infernale.

FIN

Magic Always Has a Price
6ème année