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15 août 2019, 23:32
Conversation stellaire  Privé   A.L 
27 mai 2044, après le couvre-feu



Avec @Azaël Liderick



Pas convaincue.

Les pierres de l'école défilaient sous son regard. La tête baissée, les bras croisés, elle marchait en silence aux côtés d'Azaël.
Elle les comptait intérieurement, ça l'occupait assez et ça l'empêchait de ressasser tout le reste : la colère, le chagrin, l'incompréhension. Son ami ne parlait pas et c'était bien comme ça. Le silence, voilà tout ce dont elle avait besoin. Le silence et l'accord tacite qu'ils avaient passé de ne jamais se montrer intrusif quand ce n'était pas le moment. Ils n'avaient de toute façon pas besoin de se parler pour se comprendre. Un regard, un geste anodin, cela était suffisant. Elle se sentait capable de deviner son malaise derrière un haussement de sourcil discret, ou encore la colère derrière un visage d'apparence calme.

567, 568, 569 ... 70, 571...

Ça n'avait pas été facile, au départ. Pas à cause de la dispute, plutôt de ce qui avait suivi et qui défiait toute logique. Azaël était un garçon mystérieux qui semblait marcher à côté de l'existence, derrière un voile transparent, incapable parfois d'émettre la moindre miette de compassion.
Mais elle avait surpris la déchirure dans le voile. La faille.
Et contre toute attente, elle s'y était engouffrée.

Aucun regret.

Les pas d'Azaël martelaient le sol à un bon rythme.
Panthéa redressa les yeux sur lui, scruta en coin son regard énigmatique fixé sur le couloir devant eux. A quoi pouvait-il bien penser ?

Parler aux étoiles. Les animaux, oui. Les plantes, passe encore. Mais les étoiles ? N'étaient-elles pas, de toute façon, bien trop loin pour réellement nous entendre ? L'idée était foncièrement métaphorique, sans nul doute. On ne s'adressait pas vraiment aux étoiles, seulement, on se tournait vers le ciel en espérant que nos paroles seraient plus facilement portées vers des contrées lointaines, inconnues, insoupçonnées. Certains avaient un dieu, d'autres seulement les astres. Panthéa n'avait ni l'un ni l'autre, uniquement des rêves. Des songes dans lesquels elle revoyait son père lui raconter des anecdotes sur l'école et sur sa propre jeunesse avant de rire aux éclats et de lui frotter le haut du crâne avec affection. Il prenait ensuite la porte, se retournait vers elle en lui disant qu'il reviendrait très vite et qu'il lui écrirait tous les jours.

Menteur.
Ses entrailles se tordirent et elle resserra un peu plus les bras contre elle, le dos voûté face à la douleur d'une promesse qu'on n'avait jamais tenue.

Ils atteignirent finalement l'escalier qui menait à la tour d'astronomie. Un courant d'air frais, agréable, dévalait doucement les marches et caressait les murs, annonciateur de ce qui les attendait une fois là-haut.
Ils gravirent les marches l'un derrière l'autre en jetant parfois des regards derrière eux pour s'assurer qu'ils n'étaient pas suivis. Satané couvre-feu.

La trappe s'ouvrit dans un grincement menaçant puis ils se hissèrent sur le toit.
Monsieur Briggs installait toujours des télescopes et une petite table avec une lanterne allumée lors de leurs excursions nocturnes. Ce soir-là, seule la lanterne était encore là, éteinte.

On n'entendait que le hululement lointain des chouettes et le vent qui sifflait en faisant grincer les volets des étages inférieurs.

Panthéa tourna le visage vers Azaël et se détendit un peu. L'atmosphère était particulièrement paisible.


"Comment je dois faire ?", lui demanda-t-elle en rangeant une longue mèche de cheveux derrière son oreille.
Existait-il un mode d'emploi pour parler aux étoiles ?

Théana : there's alchemy between us

"Ecureuil" au sein de M.E.R.L.I.N
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19 août 2019, 21:37
Conversation stellaire  Privé   A.L 
C'est bizarre, de marcher dans le château la nuit. Il n'y a personne si ce n'est vous. Vos ombres se perdent dans celles du château, les bruits de vos pas discrets résonnent plus que nécessaire et semblent pourtant s'étouffer dans les épaisses pierres des murs de Poudlard. Il y a une étrange sensation d'infiniment petit que tu ne ressens pas lorsque les couloirs sont emplis d'élèves bruyants et agités. Mais tu apprécies ce calme, ce retour à la simplicité. C'est comme si vous pouviez vous camoufler, vous fondre dans le décor lunaire. Seules les remarques de quelques tableaux encore éveillés viennent gâcher le silence que tu apprécies tant. Panthéa est à côté de toi. Tu ne sais pas trop quoi lui dire. Mais t'aimes qu'elle soit là, à côté.

Bientôt les escaliers menant à la tour d'astronomie s'ouvrent devant vous. Tes jambes s'activent, comme par automatisme. Et tu finis par arriver au sommet, Panthéa sur tes talons. Personne ne vous a suivi, et ça te rassure. Tu n'as pas envie d'apporter davantage de problème à ton amie, elle en a déjà suffisamment à gérer avec la mort de son père. Tu lances un regard à la lanterne éteinte, et décides de ne pas y toucher. Vous verrez mieux les étoiles si aucune lumière parasite ne vient les troubler. Tu lances un regard à ta camarade, comme pour t'assurer qu'elle est toujours partante. Et la question qu'elle te pose te rassure quant au plan pour lequel tu l'as amenée ici. Tu espères réellement que ton idée lui sera profitable. Tu t'assois tranquillement au sol, les yeux levés vers le ciel et tapotes l'espace à côté de toi.

- Commence par t'installer, tu dois être à l'aise.

Parler aux étoiles prend du temps, alors mieux vaut faire en sorte d'être confortablement installés. Tu n'as pas pris de couverture, tu regrettes un peu. Pour le moment, la nuit semble douce, et le petit vent qui vient te caresser le visage est simplement agréable. Mais tu as peur que le froid finisse par arriver si vous restez trop longtemps sans bouger. Heureusement que ta robe de sorcier est un peu épaisse. Tu n'as pas quitté le ciel du regard en lui disant de s'asseoir. Mais à présent, c'est bien sur elle que tes yeux sont posés. Parce que tu sais que tu vas devoir lui expliquer quelque chose d'inexplicable. Tu n'as jamais parlé de ça à personne. Parce que tu sais que c'est bizarre. Les gens normaux ne parlent pas aux étoiles. Et pourtant, c'est les seules à toujours écouter, quoi qu'il arrive.

- Et il suffit de les regarder. Elles écoutent les pensées qu'on veut leur envoyer. Elles... Savent.

Tu ne sais pas vraiment mettre de mots là-dessus. Tu ne leur as jamais parlé de vive voix, tu t'es toujours contenté de les observer. Et elles t'ont apaisé. Comme si le fait de partager tes pensées avec elles les rendait moins lourdes à porter. Tu esquisses un sourire un peu gêné envers Panthéa.

- C'est compliqué à expliquer... Mais simple à mettre en oeuvre. T'as même pas besoin de te concentrer. Tu verras, ça vient tout seul.

Ou alors ce n'est que pour toi que ça fonctionne. Mais peut-être que Panthéa t'est plus semblable que tu ne le penses. Tu insistes légèrement du regard, pour l'inciter à essayer réellement. Après tout, ce n'est pas comme si elle avait quelque chose à perdre.

19 août 2019, 22:42
Conversation stellaire  Privé   A.L 
Il l'apaisait.
Ce qui était particulièrement étrange et étonnant quand on connaissait le "naturel" violent du jeune garçon. Mais Panthéa n'était pas surprise : il s'était confié, et elle avait compris. Elle avait perçu ses difficultés et ses peines derrière le masque froid et taciturne. Depuis, elle ne l'avait pas trouvé changé : elle l'avait trouvé lui-même.
Et elle acceptait aussi de ne pas tout savoir de lui. Ainsi, chaque rencontre promettait de nouvelles découvertes.

En cet instant cependant, Panthéa comprit qu'il s'ouvrait de nouveau. En lui proposant son aide, Azaël l'avait de nouveau invitée à connaître un peu plus son monde, sa petite bulle d'intimité. Il avait entrouvert la porte, jamais bavard et pourtant si limpide. Pour peu que l'on se taisait et qu'on prenait le temps d'écouter ses silences, on s'apercevait de la tempête qu'était sa vie.

Le geste qu'il fit pour l'encourager à prendre place à ses côtés lui arracha un sourire. Il n'appréciait pas la proximité, elle en conclut donc à une superbe exception. Sans attendre, donc, elle s'assit à son tour, ni trop loin ni trop près, de sorte de ne pas le déranger. Il avait le regard tendu vers le ciel et les astres : elle l'imita.

Azaël sembla profiter du fait qu'elle ne le regardait pas pour enfin lui donner la notice. Les étoiles savaient, comme si elles entendaient les pensées même lorsqu'on ne les disait pas à voix haute. La nouvelle la soulagea, elle appréhendait de devoir monologuer tandis que son ami regardait la scène.
Azaël lui confia que l'opération était en fait bien plus simple à mettre en oeuvre qu'à expliquer, aussi ses explications furent-elles très brèves. Panthéa se retrouva rapidement laissée à elle-même, confrontée à ce nouvel exercice qui lui était parfaitement inconnu.

Fallait-il tout de même s'adresser aux étoiles sous forme d'un discours pensé ? Ou pouvait-on laissé libre court à son esprit, comme on le faisait habituellement, sans rien ajouter ? Fallait-il utiliser une formule de politesse pour qu'elles tendent un peu plus une oreille attentive ?

Son regard se fixa sur une étoile qui semblait plus éclatante que les autres.
Et soudain, ce n'était plus elle qui regardait le ciel, mais le ciel qui la contemplait.
Elle se sentit minuscule, impressionnée face à l'immensité de l'univers qui se dévoilait devant ses yeux, émue par la chance qu'elle avait d'assister au spectacle uniquement accompagnée de son ami. Elle prit une profonde inspiration et crut comprendre ce qu'Azaël tentait de lui dire sans y parvenir : il s'agissait d'une bouteille à la mer, d'un message codé lancé dans l'inconnu.

Il s'agissait d'une gigantesque marque d'espoir.
Une insoupçonnable source d'apaisement.

Alors Panthéa, le menton toujours légèrement dressé vers les astres, ferma les yeux et mit de l'ordre dans ses pensées :


**... Papa.**

L'émotion prit soudain le dessus face à sa volonté et elle se laissa abattre, incapable de penser correctement, saisie d'un frisson incontrôlable et les larmes aux yeux.

"J-J'arrive pas. J'aimerais juste que ce soit pas vrai, qu'il soit encore là.", dit-elle sans oser regarder Azaël, honteuse de ne même pas réussir à regarder le ciel sans trembler.

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"Ecureuil" au sein de M.E.R.L.I.N
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21 août 2019, 20:46
Conversation stellaire  Privé   A.L 
Une fois tes maigres explications données, tu reportes ton attention sur le ciel étoilé. Tu n'as pas l'intention de la fixer toute la soirée pour voir si elle parvient à communiquer avec les étoiles, ce n'est jamais évident de se sentir observé. Et t'as bien envie d'avoir ta propre discussion avec elles. Depuis que t'es à Poudlard, tu les vois bien moins qu'avant. Ce n'est pas la première fois que tu violes le couvre-feu pour venir ici, mais tu ne le fais pas si régulièrement non plus, par peur de te faire prendre. Tu as déjà assez d'ennuis comme ça sans avoir besoin d'en rajouter. Alors quitte à être ici... Autant en profiter toi aussi. D'autant plus que la présence de Panthéa à tes côtés à cet étrange effet apaisant sur toi. Non seulement elle ne te dérange pas, mais c'est comme si elle ajoutait quelque chose, uniquement en étant là.

Tu ne saurais pas dire quoi, encore moins décrire cette sensation qui t'est inconnue jusqu'à présent. Mais c'est un fait indéniable. Les yeux rivés sur les astres de la nuit, tu te surprends à te demander ce que tu ferais, toi, si l'un de tes parents venaient à mourir. Tu ne parviens pas à savoir si tu serais triste ou soulagé. Ou peut-être un peu des deux. Cela fait sans doute de toi quelqu'un de sans coeur, mais tu préfères ne pas trop y penser. Parce qu'on ne peut pas savoir jusqu'à ce que ça arrive. Tu revois ton père. Ton père, manteau noir. Comme celui qui a tué le père de Panthéa. Est-ce que cela fait de lui quelqu'un de méchant ? A-t-il lui-même déjà tué ? Peut-être même était-il présent, ce jour-là... Non, tu refuses d'y croire. Après tout, il travaille à la Brigade d'exécution des peines, il n'y a aucune raison pour qu'il soit ainsi intervenu sur le terrain, pas vrai ?

De toute façon, il n'aurait pas laissé faire une telle chose. Ton père n'est pas un assassin. Tu n'es pas le fils d'un tueur, d'un méchant. Tu n'as pas ça dans tes gènes. Tu n'es pas un monstre. Enfin... Pas tout le temps. Au fil de tes pensées, tu te rends compte que, finalement, tu ne parles pas réellement aux étoiles. Elles t'aident juste à penser calmement, à mettre de l'ordre dans tout ce qui peut te passer par la tête. Mais elles n'apportent jamais aucune réponse. Uniquement une oreille attentive. Mais n'est-ce pas là ce dont tout le monde a besoin ? Simplement d'être écouté ? C'est ce moment que choisit ton amie pour briser le silence de la nuit. Tu tournes la tête vers elle, pour apercevoir l'humidité dans ses yeux, et la tristesse imprégnée sur ses traits. Tu te mordilles légèrement les lèvres à ses paroles.

Que répondre à ça ? Il ne reviendra jamais. Peu importe ce qu'elle désire, il ne sera plus jamais là pour elle. Tu ne peux même pas lui dire que ça va aller, parce que tu n'en sais rien. Elle doit simplement accepter sa mort, et seul le temps pourra jouer en sa faveur. Tu retiens un soupir. Elle ne parvient pas à se confier aux étoiles comme tu le fais. Elle n'est pas comme toi. Mais tu as quand même quelque chose à lui offrir. Parce que si elle refuse de parler aux étoiles... Peut-être parviendra-t-elle à le faire avec toi ? C'est sans doute présomptueux, mais ça vaut la peine d'essayer. Pour Panthéa.

- Il était comment, ton père ?

Si elle veut parler, t'es là. Si elle ne veut pas, tu comprendras. Tu veux simplement qu'elle sache que toi, tu ne l'abandonneras pas.

22 août 2019, 16:19
Conversation stellaire  Privé   A.L 
La question d'Azaël mit instantanément fin à ses sanglots.

Les deux amis n'avaient jamais osé entrer dans le vif de leur vie privée. Malgré la complicité qu'elle pressentait à son égard, Panthéa n'avait jamais su lui poser les questions qui lui traversaient parfois l'esprit : qui étaient ses parents ? que faisaient-ils dans la vie ? Où avait-t-il grandi ? Des questions qu'elle avait pourtant posées mille et mille fois encore depuis qu'elle fréquentait l'école et un nombre incalculable d'autres enfants de son âge. Jusque-là d'ailleurs, Panthéa n'avait jamais rencontré la moindre difficulté pour poser ce genre de questions : elle demandait, tout simplement.

Mais rien ne lui semblait simple avec Azaël. Rien ne lui semblait compliqué non plus, en fait, elle n'arrivait pas à définir leur relation. Sans doute le jeune garçon constituait-il une véritable source de mystères pour elle alors même qu'elle avait souvent le sentiment de le comprendre parfaitement, avec une lucidité qu'elle n'avait pas avec ses autres camarades. Alors, pourquoi n'osait-elle pas faire pareil avec lui ?
Elle semblait pouvoir deviner ce qu'il ressentait, et parfois, il la surprenait quand même. Une parole, une question, une remarque, un rien parvenait à la déstabiliser parce qu'elle ne savait pas à quoi s'attendre. Azaël parlait peu, mais tout ce qu'il disait retentissait avec une incroyable sincérité. Pas de politesse, pas de fioritures.
Parce qu'il ne s'était jamais conduit comme les autres.
Parce qu'elle n'avait jamais rencontré quelqu'un comme lui.

Lentement, ses deux mains quittèrent ses yeux et essuyèrent grossièrement ses joues rouges. Elle se laissa quelques secondes pour réfléchir à la question qu'on ne lui avait encore jamais posée.
Comment il était, son papa ?


"Il ... Il était un sorcier comme nous. Il a étudié à Poufsouffle." Une pause. Etait-ce vraiment le sens de la question ? "Quand j'étais petite il n'arrêtait pas de me parler de l'école, pour lui c'était super que je sois une sorcière, ça lui faisait très très plaisir. C'est lui qui m'a emmenée acheter mes affaires."

Mais comment était-il ?
"... Mon papa était gentil. On pouvait tout lui dire parce qu'il ne nous grondait pas trop, et il ne se mettait pas en colère. En plus il est super amoureux de ma maman." Nouvelle pause, elle se corrigea, employa le passé plutôt que le présent. Ses yeux se baissèrent sur ses paumes ouvertes. "Parfois il est ... il était triste pour mon frère parce qu'il n'a pas de pouvoir magique, mais il l'aimait pareil que maman et moi. Enfin ..."

Son ventre se tordit de nouveau. L'indicible vérité. Une rage sourde qu'elle ne s'expliquait pas et qui fit trembler ses mains contre sa robe.
"Il disait qu'il nous aimait mais il est parti pour faire son travail, parce qu'il pensait que c'était très important de résister contre le Nouveau Conseil des Sorciers. Et ... Alors qu'il aurait pu rester et continuer d'écrire ! Juste écrire, sans aller dans la rue, sans ..."

Elle foudroya les étoiles du regard : "Il a préféré ça plutôt que nous alors qu'il avait dit qu'il serait toujours là ! Il a menti ! Ça ne ment pas, les parents !"

La colère céda face au chagrin qui s'empara de nouveau d'elle. Elle tourna un regard désespéré vers Azaël et lui souffla : "Pourquoi il a menti comme ça ? Il ... il est parti et maintenant c'est trop tard."

Un hoquet secoua tout son corps comme un spasme, puis elle poussa un profond soupire : "Il est parti et il m'a abandonnée."

Théana : there's alchemy between us

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24 août 2019, 18:13
Conversation stellaire  Privé   A.L 
T'as posé la question pour qu'elle puisse parler si elle voulait. Mais aussi pour en savoir plus. Pour savoir pourquoi la mort de son père la rend si triste alors que toi t'es persuadé que si le tien viendrait à disparaître, tu ne le serais pas autant. Depuis que t'es à Poudlard, t'as bien compris que tout le monde n'a pas le même genre de relation que toi avec ses parents. Mais tu ne sais pas vraiment à quoi ça correspond. Alors pour comprendre Panthéa, tu dois en savoir plus. Tu attends tranquillement qu'elle t'explique les choses. Elle commence par quelques banalités qui n'ont pas vraiment d'importance. Mais peut être que ça lui fait du bien, de simplement dire les choses. Et au fur et à mesure qu'elle parle, tu commences à saisir son chagrin. Parce que son papa, c'était quelqu'un de bien.

En fait, t'as comme l'impression que c'est tout l'inverse du tien quand elle en parle. T'es un peu jaloux sur le coup. Et puis tu te rappelles qu'elle vient de le perdre et qu'elle est plus triste que jamais, alors ça passe aussi vite que c'est venu. N'empêche, t'aimerais bien pouvoir dire que ton père t'aime beaucoup. Tu sais simplement que ce serait un énorme mensonge, alors il en est hors de question. C'est à cause de son courage et de son métier que le père de ton amie est mort. Toi, le tien, il a préféré embrasser le nouveau régime avec grand plaisir, comme s'il attendait l'avènement du Conseil Sorcier depuis des années. Il n'a de cesse de répéter que les choses sont enfin telles qu'elles devraient être, et que c'est inadmissible que Poudlard ne soit pas d'accord. C'est à se demander ce que Stolas et toi faites encore dans l'école.

Elle dit que son père a menti, qu'il l'a abandonnée. Sauf qu'il n'a pas choisi de mourir, il a simplement choisi de se battre. Tu trouves que ce sont deux choses différentes, même si le combat était perdu d'avance. C'est presque un héros, son père. Il a eu le courage que de nombreux sorciers n'ont pas, et n'auront probablement jamais. Il s'est levé quand tous ont préféré poser genou à terre. Oui, t'es d'accord avec le fait que les Né-Moldus ont autant le droit d'être sorciers que les autres. Comme oncle Dagon le dit toujours : la provenance des pouvoirs importe peu tant qu'ils sont maîtrisés. Enfin, il le dit pas devant ton père. Sinon il n'aurait plus jamais le droit de venir à la maison. Et toi, t'aimes trop ton oncle Dagon pour cafter.

Retour à Panthéa. Elle en veut à son père, par-delà sa mort. C'est dommage. Son père était gentil, elle devrait se rappeler des bonnes choses, pas de celles qui la mettent en colère. C'est pour ça qu'elle est toujours triste.

- Je crois... Qu'il n'a pas menti. Il vous aimait pour de vrai. Et il aurait préféré être encore là. Il savait simplement que tu serais assez forte pour surmonter ça. Alors que les autres sorciers sont trop faibles pour lutter contre le Conseil. Son choix était sûrement... Logique.

Oui, c'est le mot. Logique. Toi, ça te parle. Pour faire quelque chose, il faut toujours peser le pour et le contre, voir ce qui l'emporte. Le père de Panthéa n'a sûrement pas choisi à la légère. Il devait être intelligent. Tu hausses les épaules.

- Au moins, il s'est battu. Moi, le mien, il a préféré rejoindre le Conseil. Et faire de Stolas et moi des Sangs-Purs par la même occasion.

Au moins c'est dit. C'est lâché. Ton père fait partie de ceux qui voulaient voir le sien mort. Et t'es rentré dans le groupe super fermé des grands méchants affichés. C'est génial, pas vrai ? T'es super doué pour remonter le moral des gens. A croire que t'as fait ça toute ta vie.

03 sept. 2019, 19:15
Conversation stellaire  Privé   A.L 
Le choc fut terrible. Comme un coup de tonnerre, mais sans le bruit ni la lumière. Juste le silence que l'éclair laisse derrière lui, ainsi que l'hébétement qui nous saisit lorsqu'on s'aperçoit qu'il est tombé tout prêt. Panthéa avait le sentiment qu'il venait de lui transpercer le corps de part en part.

Le père d'Azaël, au Conseil ? Ce n'était pas concevable. A bien y réfléchir cependant, Panthéa s'aperçut qu'elle ne connaissait rien de la famille de son ami, à part les difficultés des relations entre ses membres. Elle savait qu'Azaël était en conflit permanent avec son frère, et elle avait deviné une certaine distance avec son père, une sorte de rancoeur aussi, mais rien qui n'avait laissé paraître une quelconque appartenance politique. Ils n'en avaient jamais parlé.
Elle fut à la fois bouleversée et désemparée, mais le ton qu'avait adopté son camarade en lui avouant les choix de son géniteur la fit réaliser qu'Azaël ne partageait pas les mêmes convictions que lui. Il semblait presque admiratif des actes du père de Panthéa et dépité à l'idée que le sien ait rejoint les rangs de l'oppresseur - car la fillette ne pouvait imaginer une autre dénomination pour le Conseil, envers qui elle vouait le début d'une haine viscérale. Cette première réflexion la soulagea un peu, mais le choc était là, et elle eut bien du mal à retrouver un ton habituel pendant le reste de la conversation.


"Il euh ... Il a rejoint le Conseil ? Comme dans ... travailler pour lui, ou juste le soutenir de loin ?"

La différence était fondamentale. Soutenir les idées politiques de quelqu'un, passe encore. Chacun ses opinions, comme disaient ses parents, et personne n'est obligé de parler à tout le monde ni de penser exactement la même chose, sans quoi le monde perdrait de sa saveur et de sa complexité. Mais se battre aux côtés des membres du Conseil ? Ceux qui avaient ordonné puis accompli le meurtre de son père ? La pensée fut suffisante pour lui donner une forte nausée, et elle fut forcée de placer sa main devant sa bouche pour ne pas vomir sur-le-champ.
Que ferait-elle, si elle apprenait que le père d'Azaël était de ceux qui contrôlaient tout, à présent ? Elle ne pourrait jamais en vouloir à son ami, cela n'aurait aucun sens. Mais pourrait-elle vraiment continuer à l'apprécier s'il lui disait que son père était un acteur du gouvernement actuel ? Elle frissonna. C'était un cauchemar.

Elle regarda les pierres qui formaient le créneau de la tour, les yeux caves.


"Je n'ai pas le sang pur, moi.", murmura-t-elle tristement.
Oh, voilà ce qui lui faisait sans doute aussi mal que le reste. Elle n'était pas comme lui. Cette annonce là ne l'avait pas hébétée mais elle lui avait brisé le coeur. A force d'entendre et de suivre les conversations de certains de ses camarades, Panthéa avait une idée bien nette de ce que ce statut de sang signifiait : il y avait les sorciers "légitimes", issus d'une longue lignée de sorciers comme eux, souvent doués et puissants. Et il y avait les autres, le reste, les "sang-mêlés". Ceux qui n'avaient qu'un seul de leurs parents qui avait des pouvoirs.
Et sa mère n'en possédait pas.
Panthéa réalisa qu'elle était la seule sorcière de sa famille, désormais.
Au moins, elle n'était pas issue de parents moldus. La différence aurait été bien pire. Le constat était triste.


"Est-ce que ça veut dire qu'il ne veut pas que tu traînes avec des sorciers comme moi ?", demanda-t-elle, les larmes aux yeux, sans lui accorder de regard.

Lui faudrait-il perdre son père et son meilleur ami dans le même temps ?

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06 sept. 2019, 13:26
Conversation stellaire  Privé   A.L 
Tu t'en veux un peu de lui avoir dit ça comme ça. Parce que tu vois bien que ça lui fait un choc, et elle n'avait franchement pas besoin de ça, surtout pas en ce moment. T'étais censé lui remonter le moral, et tout ce que tu fais, c'est lui plomber encore plus. Mais tu dois bien avouer que t'avais peur qu'elle finisse par l'apprendre par quelqu'un d'autre, et qu'elle ne te fasse plus jamais confiance. Or, Panthéa est ta seule amie. La seule que tu n'aies jamais eue. Tu ne veux surtout pas la perdre, et encore moins à cause de ton père. Cependant, tu te doutes que la réponse que tu vas apporter à sa question risque de ne pas être exactement celle attendue. Tu regardes le bout de tes chaussures, légèrement gêné.

- Il est manteau noir à la brigade d'exécution des peines...

Elle porte la main devant sa bouche en un drôle de mouvement, comme si elle s'apprêtait à vomir. Et toi, tu ne fais rien. Rien du tout, parce que tout ça te dépasse totalement. Tu ne sais pas comment tu dois réagir, s'il y a quelque chose à dire dans une situation comme celle-ci. T'es pas sûr qu'il existe une carte d'excuse "Mon papa fait partie de ceux qui ont tué le tien, mais on peut rester amis". Tu ne précises pas, que toi, toutes ces histoires de politiques, et de Conseil des Sorciers, tu t'en fiches. Parce que ça te paraît évident, mais en fait, tu ne sais plus très bien si ça t'importe ou pas. Être Sang-Pur, t'aimes bien, même si t'as rien demandé. En revanche, tu détestes le Conseil pour ce qu'il a fait au père de Panthéa. Ils ne peuvent pas avoir raison s'ils rendent ton amie aussi triste. Et toi, au milieu de tout ça, tu ne sais plus quoi penser. Avant, ça ne te regardait pas. Et maintenant... T'es juste un gamin de douze ans qui se rend compte que le monde n'est ni tout noir ni tout blanc, mais bien teinté de nuances de gris, sans savoir lesquelles il préfère réellement.

Panthéa annonce alors qu'elle n'a pas le sang pur. Tu relèves les yeux vers elle, ne comprenant pas pourquoi elle te dit ça. Tu ne vois aucune importance dans cette information. Panthéa est Panthéa, peu importe son sang. Jamais ça ne changera quoi que ce soit à tes yeux. Tu ne comprends pas où elle veut en venir. Et c'est seulement à la suite de ses propos que tu fais enfin le lien. Tu hausses cependant les épaules, répondant avec la simplicité sincère qui te caractérise à chaque fois qu'elle est à tes côtés.

- Je sais pas trop. Je sais qu'il n'aime pas les Né-Moldus, mais je crois que les Sang-Mêlés ça va. De toute façon je m'en fiche de ce qu'il pense. T'es mon amie, et je t'ai promis que je voudrais toujours te parler. Je tiens toujours mes promesses.

Tu lui adresses un léger sourire, un peu gêné. T'as toujours du mal à expliquer ce que tu ressens, alors tu vas directement vers les choses logiques et concrètes, c'est plus facile ainsi. Il n'empêche, si l'un de vous devrait avoir peur que l'autre ne lui parle plus, c'est bien toi. Après tout, tu fais partie d'une famille qui n'est pas super sympathique.

- Mais si toi tu ne veux plus... Enfin... Je suis pas mes parents, mais je comprendrais si tu veux plus me voir.

06 sept. 2019, 18:25
Conversation stellaire  Privé   A.L 
Manteau Noir.
Brigade d'exécution des peines.

Rideau. Panthéa ne vit plus rien, n'entendit plus rien non plus. Toutes les étoiles s'éteignirent et le vent cessa sa complainte. L'aveu la plongea dans le même état que l'annonce de la mort de son père, quelques semaines plus tôt, dans le bureau de la directrice. Elle se sentit happée dans une crevasse sans fond, de celles que l'on ne trouvait que dans les profondeurs de l'océan, ténébreuses et abyssales. Glacées. Sa respiration même en fut coupée, comme si la phrase d'Azaël avait été une épée plantée dans son coeur. Panthéa aurait préféré qu'il lui envoie son poing en pleine figure, le même que celui de leur première rencontre. Elle en aurait moins souffert. Elle s'en serait remise.
Ce n'était pas possible. C'était parfaitement inintelligible.
Comment en étaient-ils arrivés là ? Comment un simple changement de gouvernement, si lointain pour eux, avait-il pu les impacter à ce point ? Comment des gens qu'elle ne connaissait pas avaient-ils pu ruiner sa vie et celle de sa famille en un laps de temps si court ?

Il avait suffi d'une parole, puis d'un geste. L'ordre de tuer, puis le sortilège. Et il lui incombait désormais d'encaisser toutes les conséquences à la place des autres. Son univers s'était effondré et elle n'avait rien pu faire pour briser l'engrenage.

A sa question sur la potentielle rupture de leur amitié, Azaël lui réitéra la promesse qu'ils s'étaient faite des mois avant la catastrophe, au détour d'un couloir. Une seconde rencontre qui avait scellé une amitié solide, basée sur la confiance et l'entraide.
Mais il reconnaissait l'horreur de la situation et le dilemme de Panthéa.

La voix d'Azaël lui parvenait très claire, limpide, comme si elle seule pouvait percer l'épouvantable voile qui la coupait du monde. Il était le seul à la tirer de la noyade lorsqu'elle s'étouffait dans son trop-plein d'émotions. Il était si lucide qu'il lui proposait même d'en finir maintenant si telle était sa décision.

Une proposition logique.
La seule qui faisait sens.


La fillette sentit le poids du destin sur ses épaules.
Elle n'avait rien pu faire pour sauver son père. Rien pu faire pour consoler sa mère et son frère lorsque la nouvelle avait pulvérisé l'équilibre familial. Elle ne pouvait rien faire non plus pour lutter directement contre le gouvernement et sa politique inhumaine. Elle ne pouvait pas se venger de ceux qui avaient exécuté l'ordre qui lui avait enlevé son père.
Mais elle pouvait sauver leur amitié.

Elle pouvait conserver le seul lien qui comptait encore plus que tous les autres.


"Non", lâcha-t-elle après ce qui lui sembla une éternité.

Elle déposa sa main sur celle d'Azaël, en resserrant légèrement ses doigts entre les siens. Un geste qu'elle n'aurait jamais osé faire s'il ne s'était pas montré si proche quelques heures auparavant. Mais elle avait besoin de ça pour lui prouver sa sincérité, autant que pour le sentir près d'elle. Tangible.
Une ancre dans le désastre qu'était devenu sa vie.


"Je ne veux pas que l'on ne soit plus amis", reprit-elle, résignée. "Moi aussi je t'ai fait cette promesse, et je n'ai qu'une parole. Et ... et je ..."

Une hésitation. Un soupire.

"Je veux qu'on reste amis, toujours. On s'en fout de leurs histoires, c'est pas les nôtres.", ajouta-t-elle en le regardant finalement.

Théana : there's alchemy between us

"Ecureuil" au sein de M.E.R.L.I.N
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06 sept. 2019, 23:13
Conversation stellaire  Privé   A.L 
C'est le silence qui te répond d'abord. Un silence long, pesant, qui laisse le temps à une petite boule d'angoisse de naître au creux de ton ventre. Panthéa pourrait ne plus jamais vouloir te parler. Elle pourrait faire une croix sur toi, parce que ton père est méchant, et que tu finiras forcément par le devenir toi aussi. C'est dans tes gènes après tout. Tout comme le fait de combattre le Conseil des Sorciers est dans les siens. Tu t'apprêtes à t'excuser, et à te lever pour la laisser tranquille. Pour ne plus avoir à lui imposer ta présence qui ne fait que remonter de mauvais souvenirs en elle. Et pourtant, sa voix finit par briser le silence d'un mot, un simple mot qui résonne dans la nuit. Non. Elle refuse que votre amitié prenne fin.

Et comme pour t'assurer de sa sincérité, sa main vient se poser sur la tienne. Tu sens la chaleur de sa paume lorsque ses doigts s'entremêlent aux tiens. Tu sens la force de sa conviction quant à votre amitié qui durera, envers et contre tous. Ton coeur semble battre plus rapidement dans ta poitrine tandis qu'une vague de chaleur monte en toi, faisant rougir tes joues et le bout de tes oreilles. Tu les sens qui chauffent bizarrement. T'espères que ça ne se voit pas trop dans l'obscurité de la tour d'astronomie, parce que tu serais bien incapable d'expliquer ce qui t'arrive. Elle dit qu'elle t'a promis, elle aussi. Que vous serez amis pour toujours, et que le reste ne vous regarde pas. Une profonde bouffé de gratitude te serre la gorge.

Vos regards se croisent, et tu te contentes de lui sourire doucement, comme rassuré que les choses se passent ainsi. Tu te défais de sa main, juste le temps de la reprendre. De coller vos paumes l'une à l'autre tandis que vos doigts s'emmêlent de nouveau. Pour sceller ce nouveau pacte qui vous lie désormais. Un peu gêné, tu ne parviens qu'à laisser échapper quelques mots.

- Tant mieux. J'ai pas envie de te perdre.

Une nouvelle vérité qui se doit d'être dite. Parce que c'est ce que tu penses. Tu ne veux pas perdre ta seule amie. Celle qui a su voir autre chose en toi que le garçon qui frappe les autres à tour de bras pour être sûr qu'on ne l'approche pas. Tu t'efforces de devenir meilleur, pour être digne de son amitié. Elle est celle qui t'a offert une lumière à suivre dans la nuit. Alors tu veux être là pour la rallumer lorsqu'elle s'éteint. Tu finis par détourner le regard, pour lever une nouvelle fois les yeux vers le ciel étoilé. Vous avez de la chance, ce soir, les étoiles ne sont pas cachées derrière des nuages, elles brillent, veillent sur vous. Elles sont les témoins de vos promesses. T'espères que, si son père est parmi elles, il comprendra que t'es prêt à la protéger, quoi qu'il arrive. Que tu ne la laisseras jamais seule. Qu'il peut partir en paix.