Contes pour ne pas dormir le soir
Une semaine après la rentrée
19h30. Jeanie marchait dans les couloirs du château pendant que certains de ses camarades finissaient tranquillement de manger. La Gryffondor, elle, avait dévoré en un rien de temps son plat. La cuisine de Poudlard lui avait tellement manqué durant ses vacances qu’elle ne pouvait s’empêcher de se ruer sur toute la nourriture qui apparaissait sous ses yeux. Revers de la médaille ; cette gloutonnerie lui causait quelques maux de ventre qui ne la dissuadaient pourtant jamais d’arrêter. Il fallait dire que Trinity Forster et Blaine Catanach n’étaient pas d’excellents cuisiniers, contrairement aux elfes de maison de Poudlard. Alors, la jeune fille en profitait !
Pendant qu’elle se dirigeait vers les escaliers menant à son dortoir, Jeanie songea aux paroles de ses camarades à propos des manteaux noirs qui survolaient le Pré-au-Lard. Même si les élèves se trouvaient dorénavant sur une île, le danger rôdait autour. La nouvelle avait désespéré la blondinette qui pensait pouvoir se réapprovisionner en confiseries et farces et attrapes chez Zonko... Quand est-ce que tout cela rentrerait enfin dans l’ordre ? Jeanie n’avait pas vraiment peur de la situation car elle n’en saisissait pas tout l’enjeu. En revanche, elle était bien embêtée pour ses projets personnels. Impossible de s’échapper de Poudlard pour acheter en douce quelques chocogrenouilles dans un tel contexte. La Deuxième année s’annonçait déjà affreusement ennuyeuse…
En croisant des élèves qui rentraient d’une promenade dans le parc, Jeanie posa machinalement ses yeux sur l’écharpe d’une Serpentard et eut soudain un flash. Elle aussi en avait une, autrefois… avant de l’oublier quelque part ! La Gryffondor s’arrêta en plein milieu d’un escalier peu capricieux, pour une fois, et réfléchit. Elle devait l’avoir oubliée à la tour d’astronomie. La veille, elle y était montée pour dessiner une vue du parc. Quand on la connaissait, ce genre d’occupation contrastait fortement avec les loisirs habituels de Jeanie. En vérité, la petite fille s’était sérieusement mise au dessin après avoir reçu les encouragements de son père – qui espérait secrètement l’amener à passer moins de temps à imaginer ses prochaines bêtises. Ca marchait plutôt bien, en apparence. Pour sa rentrée, Jeanie avait reçu une belle boîte de crayons de couleur qu’elle utilisait à peu près tous les jours, ce qui lui donnait un air bien plus sage que l’année précédente. Mais personne ne se doutait des mauvaises intentions de la jeune fille qui dessinait surtout pour connaître les théâtres de ses futurs délits et inventer un langage codé. Chaque élément du parc était un potentiel point de rendez-vous avec ses prochains acolytes et méritait, par conséquent, un nom inconnu des autres. Jeanie s’amusait alors à dessiner certains lieux en les affublant d’une appellation farfelue qui ne serait comprise que du petit groupe. Les dessins devenaient ainsi la clé de ce langage. Restait à trouver qui ferait partie de l’aventure… Et de quelle aventure il s’agirait… L’imagination ne lui manquait pas, d’habitude, mais la Gryffondor était prise au coeur d’un fâcheux dilemme. Faire toutes les bêtises qu’elle voulait mais être déscolarisée et envoyée chez sa grand-mère ? Ou accomplir une année sage et studieuse pour obtenir le crapaud de ses rêves ? Les parents n’y étaient pas allés par quatre chemins pour tenter de ramener la raison à la crapule de la famille. Après avoir passé sa Première année à obtenir des résultats très moyens voire médiocres et à causer des problèmes à plusieurs de ses camarades, Jeanie s’était sacrément fait remonter les bretelles et avait dû être confrontée à ce chantage ; sois sage, sinon pas de crapaud ! Alors l’adolescente avait passé sa première semaine de cours à songer à tout ce qu’elle pourrait faire, mais surtout à ce qu'elle ne devrait pas faire, durant cette nouvelle année à Poudlard.
Mais tout cela importait peu pour le moment, la blondinette avait une écharpe à chercher. Jeanie prit alors le chemin menant à la tour d’astronomie et monta rapidement les marches, légèrement essoufflée au bout de l’ascension. Arrivée au sommet, elle fureta dans tous les sens en pestant. Elle ne voyait d’écharpe nulle part… et ne put s’empêcher de lâcher un petit juron.
« Nom d’un scroutt à pétard ! »
Insupportablement vôtre, J.
Deuxième année RP en 2044-2045
Deuxième année RP en 2044-2045