Mi-Septembre.

Le froid lui mordait la peau alors qu'il montait les marches de la tour d'astronomie. La nuit était tombée et il n'était pas rentré dans son dortoir comme le couvre feu était censé l'y obliger. Il se demandait un peu si les sorts pouvaient le retrouver dans le château ou s'ils n'allaient pas jusque là. Il tira sur les manches de son pull Iron Man que sa mère lui avait envoyé dès la première semaine parce qu'il l'avait oublié sur son lit juste avant de partir. Sa mère. Elle lui manquait tellement. Elle n'allait pas bien, il le savait, il le voyait dans les lettres qu'elle lui envoyait, même si elle essayait de le cacher derrière de jolis mots qui lui disaient qu'elle essayait d'aller pour le mieux. Elle n'était pas heureuse, elle était triste, très même et lui il l'avait abandonné dans leur petit quartier alors qu'il savait qu'elle ne se levait le mâtin que pour lui. Il l'avait laissé tomber. Il n'avait jamais voulu venir à Poudlard, c'était bizarre. Ce n'était pas chez lui, qu'importe combien de fois on lui disait l'inverse. Il n'était pas un sorcier, il ne savait pas lancer de sorts et les seuls qu'il arrivait à lancer n'était jamais vraiment bons. Ce n'était pas son monde.

Il atteignit le haut de la tour où régnait une obscurité pareille à seule de l'ensemble du château. Il parvenait mal à lancer le sortilège Lumos et avait apprit que cela pouvait endommager sa baguette, alors il arrêtait d'essayer. Cela lui permettait de passer un peu plus inaperçu quand, comme cette fois-ci, il sortait dehors à une heure où il n'en avait pas le droit. Cela le déprimait beaucoup de ne même pas réussir à lancer un sort normalement simple. Il ne se sentait pas à sa place ici. Chez lui il savait faire des choses et même s'il n'avait encore aucune idée de ce qu'il pourrait faire plus tard, il se sentait accepté. Ici, il se sentait sans valeur. A quoi servait un sorcier qui ne savait même pas lancer de sort ? Que faisait-on aux sorciers incompétents ? Les enfermaient-ils quelque part ou les renvoyaient-ils chez eux ? Il espérait de tout cœur que cela serait comme ça. Il se battait, n'avait pas de résultats concluants et pourtant, personne ne le virait. Rentrer chez lui était la seule chose qu'il voulait. Il se sentait faible et beaucoup trop sentimental.

Il s'approcha d'une fenêtre et se pencha sur le bord en essayant de voir par delà les rives de Poudlard en plissant des yeux. Pouvait-il voir ce qui se passait en dehors de Poudlard ? Il prit une longue respiration et se mit à hurler dans la nuit :


Il se demandait si un professeur allait venir pour le punir. Il avait envie de se rouler en boule dans un coin pour pleurer. Il n'avait pas pleuré depuis tellement longtemps qu'il ne s'en souvenait même plus. Il se demandait même s'il savait toujours comment faire. Il ne voulait pas rester ici, c'était pas son monde, il se sentait exclu de cette société qu'il ne comprenait pas. 

Pour la deuxième fois de sa courte existence, Solenn allait braver l'interdit. La rousse n'était pas du genre à sortir après le couvre-feu, surtout depuis que celui-ci avait été fixé à vingt heures trente l'année dernière, après les événements. Mais cette nuit, les pas de Solenn se dirigeaient tout droit vers la mystérieuse Tour d'Astronomie. Contrairement à son habitude, la sorcière marchait le dos légèrement courbé, sur la pointe des pieds. Sa cape noire était peut-être prête à affronter le froid nocturne, Solenn transpirait alors qu'elle montait les nombreux escaliers. La maison Serpentard aimait les cachots humides, mais la quatrième année, elle, était à la recherche du ciel étoilé. 
La jeune fille ne rencontra personne lors de son périple, et arriva alors sur la dernière marche. Un cri retentit, et Solenn sursauta, son cœur faisant mille bonds dans sa poitrine. Qui s'amusait à hurler en pleine nuit ? La voix était trop juvénile pour déterminer s'il s'agissait d'un garçon ou d'une fille, mais cette personne était complètement folle. 
D'après ce que Solenn avait entendu, les punitions étaient beaucoup plus importantes depuis le nouveau couvre-feu. Une envie de s'enfuir en courant la prit soudain, mais elle rencontrerait sûrement quelqu'un. Si l'un des personnages des nombreux tableaux l'avait aperçu et était aller moucharder, il ne fallait pas qu'elle revienne sur ses pas. Tant pis, elle devait affronter l'élève.

L'air frais lui fit un bien fou, tandis que ses cheveux encore courts partaient en arrière dans une danse folle. Un sourire ne put s'empêcher d'apparaître sur son visage pendant une milliseconde. Solenn porta enfin son regard océan sur l'élève en question, et elle put s'apercevoir qu'il s'agissait d'un garçon, visiblement en première année. La française le sermonna alors, d'une voix ni trop faible, ni trop forte :

-C'était vraiment pas malin ça.

Elle repensa alors aux mots du garçon, et eut l'impression de s'entendre parler. Elle aussi, en première année, ne comprenait pas ce qu'elle faisait ici, entouré de sorciers déjà trop doués alors qu'elle n'était pas capable de lancer un petit sort. Elle s'avança donc, et lui demanda :

-Ça va sinon ?

Son regard était devenu celui qu'elle portait sur Amy et Adam. Solenn était toujours prête à aider les autres.

Tellement concentré pour essayer d’apercevoir la terre qu'il ne voyait pas, il n'entendit pas la personne arriver jusqu'à ce qu'elle lui parle. Il arrêta de se pencher par la fenêtre et se remit sur ses pieds, essuyant ses yeux secs avec sa manche pour ne pas que l'autre le voit à moitié pleurer. C'était plus un enfant et pleurer c'était pour les bébés. S'il voulait passer pour quelqu'un de mature ici, il ne devait pas pleurer. Il renifla et se tourna vers la fille. Plus grande que lui et plus âgée, donc une deuxième année minimum mais il pariait plus sur la troisième ou quatrième. C'était une Serpentard mais il ne l'avait encore jamais remarqué, elle ne devait pas être particulièrement visible en salle commune ou dans la Grande Salle, sinon il l'aurait vu tout de suite et se serait rappelé d'elle. 

Il ne savait pas comment ni pourquoi, mais quand elle lui posa cette simple question, il eut envie de tout déballer. De lui parler de sa mère qui n'allait pas bien et qu'il ne savait pas comment aider, de son père qui semblait à côté de la plaque pour ses soucis, du fait qu'il ne voulait pas être ici, qu'il ne s'y sentait pas à sa place et qu'il se sentait minable de ne pas réussir à lancer de sort alors que sa présence ici montrait qu'il aurait dû en être capable. Et il voulait lui dire combien il se sentait seul parce qu'il n'avait pas vraiment noué de lien fort où il n'aurait pas été obliger de plaisanter pour montrer aux gens qu'il existait et où il n'avait pas besoin de casser le nez à quelqu'un pour que les gens ne le prennent pas pour un débile incapable de faire de la magie pourtant simple. Mais il n'ouvrit pas la bouche, il se tint juste devant elle, les bras ballant à côté du corps et une grosse envie de pleurer et de se fondre sous sa couette, ou dans le sol. Juste quelque part où personne ne le verrait être faible.  Il secoua la tête de droite à gauche et laissa échapper une faible négation coupée de sanglots.


Il passa à nouveau ses mains sur ses yeux, essayant en vain d'arrêter les larmes qui commençaient à couler. Il savait même pas pourquoi tout sortait maintenant alors que ça faisait des jours et des jours qu'il retenait tout. Et il savait encore moins pourquoi tout sortait devant cette fille qu'il connaissait pas et qu'il n'avait jamais vu. Ou jamais remarqué. Il savait rien, en fait. Pourquoi il était là, pourquoi il était sorcier, pourquoi ce monde existait et pourquoi il avait dû être obligé d'en faire partie. 

Le garçon se retourna, s'essuyant les yeux. *Ça sert à rien, j'ai très bien vu* pensa-t-elle en souriant mentalement. Les promesses qu'elle s'était faite pour ce début d'année, sa rencontre avec Charlie, tout la rendait positive pour affronter cette nouvelle année, malgré le nouveau ministère qui n'avait pas l'air commode et son habituelle peur de rater ses études. Quelques secondes plus tard, la réponse mouillée du garçon se fit entendre, et Solenn hocha la tête. Elle comprenait facilement. Arriver dans cette école pleine de magiciens et devoir sortir quelque chose d'un bout de bois, loin de sa famille, c'était vraiment de la torture. Et ce fut exactement ce qu'elle sortit au brun :

-Je sais bien ce que sait, d'arriver ici et de devoir devenir un super sorcier. Avec la famille loin, c'est encore plus dur. On est tous passé par là, ça passera vite, tu vas voir.

Sa voix ne portant pas beaucoup, elle s'était approchée pour lui parler. Ce n'était pas totalement vrai d'ailleurs. Elle avait souffert toute sa première année de la distance entre Poudlard et Londres. Heureusement que sa peluche avait été là pour lui permettre d'avoir quelqu'un à câliner le soir. 

Elle s'accouda au rebord, près du première année. Ce dernier n'était pas si petit, mais avait encore tout du petit enfant que ses parents adorent. Elle aperçut même malgré le noir de la nuit son appareil dentaire. Ce garçon était vraiment encore un bébé. Solenn se rappelait de ses larmes en quittant sa mère, sur un siège du Poudlard Express. Cela avait été si dur, et encore aujourd'hui, elle rêvait de pouvoir passer un peu de temps avec elle.

Mais pour remonter le moral au brun, elle lui souffla :

-Tu es à Serpentard en plus, tout le monde est sympa !

Mmmh... Pas vrai non plus. Solenn avait vu quelques élèves, qui semblaient plus contents que jamais pour le nouveau ministère. Et les gens comme ça ne pouvaient pas être sympas de son point de vue. Mais bon, ce n'était pas si grave de mentir un peu pour la bonne cause, non ?

Il essuya à nouveau son nez avec sa manche sans se soucier de l'état dans lequel sans haut serait après ça. Il s'en fichait un peu, en plus, ça serait lavé rapidement. Il savait que ce que l'autre disait n'était pas totalement vrai et qu'elle faisait ça uniquement pour le rassurer un peu. Après tout il avait vu la façon dont certains élèves le traitaient et traitaient les autres, même à Serpentard. Si en temps normal il lui aurait hurlé dessus pour lui dire qu'il n'était pas un bébé à protéger avec de jolis mensonges, ce soir là il n'avait aucune envie de s'énerver et il devait bien avouer qu'entendre ça le rassurait un peu. Il avait un peu moins l'impression d'être tout seul sachant que l'autre fille avait au moins déjà du une fois se sentir comme lui en cet instant. 

-Tu crois ?

Mon dieu, il se serait donné des baffes pour avoir l'air d'un si gros gamin perdu, en temps normal. Mais ce n'était pas en temps normal, il était dans un château, entouré de gens qu'il ne connaissait pas et devait revoir toutes ses croyances pour y inclure un nouveau monde dont il n'avait jamais demandé à faire partie. Et dont il n'aurait jamais voulu faire partie, au final. C'était totalement inédit comme situation, aucun de ses parents ne l'avait vécu et ses amis, ou du moins connaissances, ne ressentaient absolument pas la même chose par rapport à toute cette histoire. Il était perdu et il n'avait personne pour lui tracer un chemin vers la sortie puisque personne n'avait prit la même direction que lui. C'était comme être dans une boite toute noire alors que tout le monde était dehors et que personne ne semblait même voir ou avoir la moindre idée que la boite existait. On lui parlait comme si tout allait bien sans savoir qu'au fond c'était tout l'inverse. 

La pauvre manche se retrouva une nouvelle fois à se frotter contre le nez coulant du garçon. Solenn avait de plus en plus l'impression de se voir en première année, et c'en était déconcertant. Elle qui s'était sentie si seule à cette époque, qui avait tellement essayé de se persuader que tout allait bien. Elle trouvait enfin un garçon qui traversait beaucoup d'émotions semblables. Mais lui au moins, avait le courage d'en parler à quelqu'un. Et c'était une grosse différence avec la Solenn de première année.
La question du garçon lui semblait si simple, si pure qu'elle faillit répondre un "oui" franc sans réfléchir. Mais elle prit quelques secondes en plus pour penser à ce qu'elle voulait dire. Et alors, s'accrochant au rebord et plongeant son regard dans le bleu nuit, elle répondit :

-Oui. Mais c'est vrai que des fois, ça revient. Alors, il suffit de faire ça.

Elle prit une grande inspiration et lança en direction de la Forêt Interdite un immense cri qui troua le silence. Il dura lui sembla-t-elle une éternité. En réalité, elle hurla pendant une bonne dizaine de secondes avant de se taire pour écouter l'écho de sa voix.

-AAAAAAAAAAAAAAAH !

C'était la première fois qu'elle le faisait. Mais qu'est-ce que cela faisait du bien ! Elle se sentait plus libre qu'elle ne l'avait jamais été. Le poids sur ses épaules était plus léger, et, le rose aux joues, elle se tourna vers le garçon.

-Vas-y, essaie !

Et tant pis si on l'avait entendu. Tant pis si elle devait se prendre une punition pour cela. Parce qu'elle en avait toujours rêvé inconsciemment. De hurler. A la face des gens qui lui avait fait du mal, au monde qui devenait de plus en plus noir. De libérer toute sa rage, cette colère qui dormait en elle depuis que son père avait été tué. 

Il observa avec incompréhension la fille s'approcher du vide pour hurler. N'allait-elle pas avoir des ennuis si on la prenait à sortir après le couvre-feu ? Lui s'en fichait pas mal, au mieux, cela le ramènerait juste chez lui et, au pire, il prendrait une colle mais c'était pas important. De toute façon il comptait pas faire ses sept années ici, alors qu'il ai une bonne ou une mauvaise réputation avec les profs ou un mauvais dossier scolaire, il s'en fichait pas mal. Les sorciers comprenaient rien de toute façon, ils comprenaient même pas qu'il fallait expliquer aux gens pourquoi ils étaient là et comment s'en sortir au lieu de les balancer dans un monde qu'ils comprenaient pas en se disant "ça passe ou ça casse". Parce qu'avec lui ça avait totalement cassé et il savait pas comment réparer tout ça, il était même pas sûr que ce soit possible de réparer quoi que ce soit quand ça avait été brisé avant même d'exister. 

Il haussa un sourcil avant de s'approcher de la fille pour se poser à côté d'elle. Il observa quelques longues seconde le ciel remplit d'étoiles et, sans savoir pourquoi, il lui fit confiance pour aller mieux. Et il lui fit confiance pour crier, parce que ça allait le soulager et il le savait, c'était juste qu'il avait jamais voulu le faire parce qu'il voulait pas montrer qu'il allait pas bien, pas bien du tout même. Mais bon, avec cette fille c'était cuit déjà, elle l'avait déjà vu pleurer alors il était plus à ça près. 

Il prit une grande inspiration et se tourna vers le vide, se penchant très légèrement pour hurler. C'était trop aiguë pour un garçon qui voulait être fort et viril, mais ça faisait du bien.
-WHOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !

Il pleurait sans effacer ses larmes, maintenant, parce que ça avait besoin de sortir.

Oh ! Quelles semblaient plus lumineuses les larmes sur ses joues. Les yeux grands ouverts, Solenn observait cet étrange phénomène, sans vraiment le comprendre. Le cri du garçon avait percé le silence, mais maintenant tout était redevenu calme. Non, ce n'était pas vrai. Car l'énergie qui découlait de ces deux cris semblaient les avoir réveillés tous deux. Comme un éclair leur apportant la lumière. Un rire s'échappa de Solenn, tandis qu'elle demandait :

-Alors, ça t'a fait du bien ?

Elle avait donné l'exemple pour lui, mais s'apercevait maintenant qu'elle en avait besoin elle aussi. De relâcher la pression. Tout ce poids sur ces épaules, continuellement. Et chaque jour, un nouveau problème, une nouvelle difficulté que ce soit au niveau scolaire ou autre part. Elle faisait pourtant de son mieux, mais cela ne semblait jamais suffire. Souvent, les soirs où la fatigue se faisait réellement ressentir, la rousse pouvait sentir un découragement la prendre. Ses vicieuses tentacules l'encerclaient, tandis que Solenn essayait tant bien que mal d'oublier sa journée en se plongeant corps et âme dans un roman, ou dans la réalisation d'un dessin. Cet affreux sentiment était vorace, et cela découlait sûrement de sa première année. Combien de fois s'était-elle répétée qu'elle ne valait rien, qu'elle n'était pas une réelle sorcière et que sa présence ici ne servait à rien ? Beaucoup trop de fois. Et en regardant le jeune Serpentard, elle se rendait compte qu'elle n'était pas la seule à partager tout cela, à se demander quelle était sa place, à la chercher continuellement. Se sentant alors légèrement fatiguée, elle s'assit par terre sur le sol froid et humide. 

-Poudlard est un monde cruel. J'y suis depuis quatre ans, j'peux te le dire.

Ses genoux repliés vers sa poitrine, le regard fixe devant elle sans vraiment s'accrocher nulle part, la voix de Solenn n'avait pas été très forte, et contrastait drôlement avec son cri d'il y avait quelques instants.

Désolé pour ce retard inexcusable...

Il n'avait pas trouvé sa place dans ce monde, et il ne se sentait plus à sa place chez les moldus, alors il fallait continuer à chercher. Il n'avait plus envie, crier ne lui avait pas rendu tout ça, mais ça l'avait débarrassé d'un poids infernal sur les épaules, de pouvoir hurler dans le vide comme il aimerait hurler sur tout le monde. Les excès de colère étaient de plus en plus fréquents, à nouveau. Ça oscillait, parfois ça allait, parfois non, mais là il se sentait moins comme une bombe sur le point d'exploser. La fille lui avait donné quelques minutes, heures de plus sur son compte à rebours. C'était pas comme ceux qui étaient là pour lui mais qui ne comprenaient pas vraiment. Elle, elle était dans une situation similaire, il le voyait. Elle ne lui offrait pas du soutient, elle n'essayait pas de lui trouver des solutions parce qu'elle ne les avait pas. Elle lui donnait simplement un moyen de souffler, et peut-être que c'était la seule chose dont il avait vraiment besoin. Pas d'une amie qui essayait de faire de son mieux, mais d'une nana comme elle qui comprenait vraiment, qui vivait.

Il essuie son visage à nouveau, hoquetant quelques secondes avant que les larmes ne se taisent, la respiration gardant tout de même un rythme effréné, comme s'il avait couru un marathon. L'effort donné était le même, en ressenti. Il se sentait vidé, claqué, mais pas comme habituellement, pas comme quand il se demandait pourquoi il n'arrivait à rien faire, mais simplement comme s'il s'était enfin dépensé correctement, comme s'il avait atteint un objectif qu'il aurait dû se fixer bien avant. Il baille avant d'observer l'autre. Sans la quitter des yeux, il vient se glisser à côté d'elle, par terre, enroulé dans ses habits pour ne pas avoir froid. Il est légèrement plus petit qu'elle, alors il pose doucement son front contre son épaule après avoir arrêté de glisser le long du mur. Il souffle doucement avant de sourire, presque indistinctement.

C'était génial, merci Il n'avait pas de sœurs, jamais eu quelqu'un qui aurait pu le faire se sentir en réelle sécurité sans qu'il ne doive offrir quelque chose en échange, et avec elle il se sentait presque bien, alors c'était agréable. Il ne se voilait pas la face : c'était pas parfait, mais il se sentait presque apaisé, sans envie de sauter partout comme à son habitude et sans envie d'hurler comme un taré en frappant chaque personne qui pourrait se trouver sur son chemin. Je voulais pas venir chuchote-t-il Mais maintenant c'est trop tard, de toute façon. Tu veux bien m'aider ? On pourra revenir pour crier si tu veux. Il se souvient de quelque chose, d'assez important compte tenu le fait qu'il avait posé sa tête contre son épaule. Je suis Edwin

Le bâillement du garçon la ft sourire. Elle avait l'impression qu'il était plus léger, moins anxieux, et cela la ravissait. Pourtant, elle ne s'attendait absolument pas à ce qu'il vienne s’asseoir si près de lui. Elle ne bougea pas, imaginant qu'il n'avait pas réfléchi. Mais lorsqu'il posa sa tête contre son épaule, son corps se raidit sans qu'elle ne puisse l'en empêcher. Était-elle devenue en un seul instant une sorte de... "maman" ? Elle n'appréciait pas trop cette idée, mais préféra ne rien dire. Le garçon avait l'air plutôt troublé en ce moment et elle ne voulait pas qu'il le soit plus.

Elle l'écouta donc parler, et malgré elle, sentit son cœur fondre. Le gamin était attendrissant, et lui rappelait trop la Solenn de 1ère année. Elle avait envie de réussir à l'aider, et même d'apprendre à le connaître si cela pouvait servir dans son but.

-Moi c'est Solenn.

Elle fit une légère pause, puis reprit avec un sourire si doux qu'on pouvait l'entendre dans sa voix :

-Je voulais pas venir non plus tu sais... Mais j'ai fait des supers rencontres, et maintenant je sais que je suis une sorcière... C'est pas rien...

A part Violet, sa cousine, les autres rencontres qu'elle avait faites s'étaient mal terminées. Ryan, Cassiopée, Trinity... La rousse n'avait visiblement pas de chance en ce qui concernait les relations sociales.
Mais elle ne voulait pas penser à ça, pas maintenant. Tout ce qu'elle voulait faire était de remonter le moral d'Edwin.

-Et je reviens crier avec toi quand tu veux !

Désolé pour le retard...