Elle savait qu'elle faisait une erreur. Qu'elle n'avait pas le droit de faire ça. Mais c'était plus fort qu'elle. Elle ressentait le besoin d'y aller. Il fallait qu'elle aille voir les étoiles. C'était ses amies. Elle connaissait leur noms, leurs caractéristiques par coeur.
Les astres l'accompagnaient dans les moments les plus difficiles de sa vie. Le jour de l'annonce du divorce de ses parents, Alaska s'était réfugiée dans sa chambre et avait eu des idées sombres. Elle ne voulait plus vivre sans ses deux parents. Mais les étoiles l'avaientt soutenue, l'avaient aidée, étaient à ses côtés. Et Alaska avait compris qu'elle devait être là pour Oslo, sa petite soeur. Le lendemain matin, elle lui avait chuchoté quelques mots à l'oreille : Tout va bien se passer Oslo, ne t'en fait pas. Et si tu as besoin, viens me voir, je serais ton aurore boréale. Je t'aiderai le matin et t'émerveillerait le soir. Alors ça va aller.
Pendant qu'elle montait les marches de la tour d'Astronomie, ses souvenirs lui mettaient la larme à l'oeil. Mais elle se mit sur le qui-vive après avoir entendu un bruit furtif.
Puis elle vit quelqu'un débouler devant elle, un visage familier. Elle se retint de crier puis s'exclama, toute heureuse :

- Mischief ! C'est toi ? Ça va ? Qu'est ce que tu fais là ?

Elle décida qu'elle lui proposerait d'aller voir les étoiles avec elle si il acceptait.

Mischief avait échoué ici après avoir traîné ici et là le 21 novembre, son anniversaire. Il n'avait pas reçu de lettre de ses parents, ça l'avait vachement attristé. Comme si on l'avait oublié. En plus, il se souvenait bien qu'ils envoyaient quand même des lettres à l'anniversaire de Léa, sa sœur, pourquoi pas à lui ? Il était calé dans la salle d'Astronomie, emmitouflé dans une épaisse écharpe de Serdaigle, toujours la même que d'habitude, et il observait ses mains. Au bout d'un moment, il se releva, prêt à descendre, parce que le couvre-feu était passé depuis... Oh là là ! Un coup d'œil à sa montre l'informa qu'il était vraiment tard ! Ce n'était même plus son anniversaire ! Il essuya son pantalon de la poussière qu'il pouvait y avoir, et tomba face à face avec Alaska. Immédiatement, un immense sourire s'étala sur son visage, et il s'écria, en écho à son apostrophe.
ALASKA ! Oui c'est moi !!!! C'est génial, toi aussi tu fais quoi ici ? Moi ça va, ça va toujours d'ailleurs ! Je regardais si je n'avais pas oublié mon sac de cours ici, je ne sais plus où je l'ai mis. 
Dans ses talents incroyables, Mischief savait mentir. D'ailleurs, ça faisait longtemps que plusieurs personnes pensaient qu'il s'appelait réellement Mischief, et qu'il avait une coccinelle qui mangeait les bouts de ses chaussettes, en échange de lui donner des bonnes notes. Pour savoir bien mentir, il faut toujours avoir une deuxième porte de sortie ! Et voilà, son sac était paisiblement en train de dormir dans le dortoir. 
Ça va ? s'enquit-il soudainement, en observant le visage de la Gryffondor. Elle n'avait pas l'air aussi heureuse qu'il le feignait d'être. 

Que c'était bon de le voir. Elle avait oublié toutes ses pensées pas très gaie et s'était concentrée sur ce qu'il disait. Apparemment, il avait oublié son sac et était revenu le chercher.

- Oui oui, ça va, ne t'inquiètes pas. Donc tu avais oublié ton sac. Mais tu l'as retrouvé j'espère ?

Puis elle repensa à ce qu'elle s'était dit tout à l'heure : devait-elle proposer à son ami de venir observer les étoiles avec elle ? Ou devait-elle plutôt le laisser partir et observer seule les astres ?
Elle prit sa décision plutôt rapidement et lui en fit part :

- Euh... Je me demandais... En fait je suis montée ici pour... Tu vas trouver ça ridicule

Il fallait absolument qu'elle se ressaisisse. Pourquoi était-elle aussi gênée ? La jeune sorcière n'avait pas vraiment la réponse. Elle avait sûrement honte qu'il se moque d'elle ou trouve son idée ridicule. Mais, c'était trop tard pour reculer. Elle se décida à finir ce qu'elle disait, d'autant plus que Mischief avait l'air de l'encourager à finir.

- Désolée. Donc je disais... En fait, je me sentais un peu seule et j'avais envie d'aller voir les étoiles. Tu dois trouver ça super bizarre mais j'adore les étoiles. Elles sont toujours là et je les admire. Est-ce que ça te plairait... de venir... avec moi ?

Elle avait eu une dose de courage et s'en surprenait. Mais elle espérait surtout que Mischief accepterait et qu'il ne la trouverait pas trop bizarre.


@Mischief Naondan ?

Mischief eut un frisson soudain, pas qu'il ait froid, seulement une piqûre de rappel : il n'était pas censé être ici. Il frotta lentement sa nuque, en observant Alaska. Des fois, il se demandait pourquoi les gens étaient ses amis. C'est vrai ! Il était tout le temps joyeux, tout le temps heureux, tout le temps souriant... Mais il devait être terriblement ennuyeux... Personne ne devrait vouloir d'un joyeux luron qui semble intouchable, il le savait bien. Des fois, les gens avaient juste besoin de savoir qu'on pouvait être aussi mal qu'eux, à l'intérieur. 
Cependant, ce ne serait pas aujourd'hui, même en ce Jour-Après-Mon-Anniversaire-Tout-Pourri-Et-Complètement-Raté qu'il allait laisser tomber sa mine réjouie et enthousiaste. 
Tu te sentais seule ? Aller voir les étoiles ? Oui ! D'accord, oui oui oui ! Pas de problème, j'adore les étoiles ! Je connais bien toutes les étoiles ! La Grande Casserole, la Ceinture du Centaure, les Chiens, les chats, les oiseaux, les poissons... Fin ils sont tous trop cool, quoi, pas de discrimination dans les étoiles ! 
Il resta quelques instants immobile, avant de s'élancer pour serrer Alaska dans ses bras. Il pourrait donner en excuse de ce câlin impromptu que c'était pour qu'elle ne se sente plus seule, après tout. Même si c'était tout autant pour soulager sa peine personnelle que celle de la jeune fille. 
Sa main tapota gentiment le dos de son amie, avant de remarquer: 
Je n'ai pas retrouvé mon sac, non, mais on s'en moque. J'ai juste dû le laisser quelque part où... Il sera vu par quelqu'un. 
Il haussa simplement des épaules avant de s'éloigner un peu d'Alaska. 
J'te trouve pas super bizarre ! Je pense y'a plein de gens bien plus super-bizarre que toi ! 

Elle était rassurée :

Mischief ne la trouvait pas bizarre, pas du tout même. Alaska se décida alors de l'emmener tout en haut de la tour d'Astronomie. Comme ça, ils seraient bien tous les deux. En plus, les étoiles rayonnaient et les constellations se dessinaient presque parfaitement dans le ciel.

Mais quelque chose semblait le perturber. Lui, très rieur, très joyeux, semblait avoir des moments de faiblesse intense. Il n'avait perdu son sourire que quelques centièmes de secondes mais Alaska avait compris qu'il était tracassé. Elle se dit qu'elle essayerait d'aborder le sujet tout à l'heure, quand ils seront tranquillement posés.

Soudain, Alaska eu une idée : elle demanda à Mischief de l'attendre quelques secondes et se précipita un étage plus bas. Moins de deux minutes plus tard, elle était remontée, les bras chargés de couvertures et de coussins. Elle pensa qu'elle avait de la chance de ne pas être à Serpentard car elle n'aurait pas eu le courage de descendre tous les étages jusqu'aux sous-sols.

La petite sorcière prit son ami par la main et l'emmena sur le toit de la tour. Certes, c'était dangereux, mais Alaska connaissait ses limites et était habituée à escalader les toits pour observer le ciel.

Arrivés sur place, les deux amis déroulèrent les couvertures et les oreillers et, une fois leur petit nid terminé, s'y installèrent en silence.

Ils regardaient les étoiles et vivaient le moment présent, et c'est tout ce qui avait l'air de les importer.

Confortablement installé dans les oreillers, peu rassuré par la hauteur (les serpents ce n'était pas des lézards), le jeune garçon se lança dans un monologue par rapport à la beauté des étoiles, et "oh mais qu'est-ce que c'est loiiiin le ciel, eh, t'imagines un peu si on fabriquait un VAISSEAU SPATIAL ?! Ma sœur étudie chez les moldus pour devenir médicomage vers Beauxbâtons d'ailleurs c'est intéressant...", jusqu'à ce qu'il trouve enfin intéressant de se taire, et de ruminer ses pensées en observant le ciel. Ca se trouvait, elle n'avait même pas écouté ce qu'il disait. C'était peut-être même pas intéresant, d'ailleurs. 
Il se releva doucement, et se tourna vers Alaska, avant de demander, les sourcils froncés, dévisageant sa camarade de couverture :
Eh, d'ailleurs, pourquoi tu es venue ? Enfin, tu avais une raison particulière ? 
Il essuya son nez, peu enthousiaste à l'idée de tomber malade suite à son anniversaire (manière avec les coups de karma qu'il avait...), puis se releva pour se pencher au-dessus du vide, observant le bas. Il n'avait pas le vertige, c'était déjà ça. 
Je me suis toujours demandé s'il y avait un vigile, ici... Genre des professeurs qui feraient la ronde en pleine nuit, tu vois ? Je pense qu'il n'y en a pas. 
Sans plus d'arguments, il se rassit à nouveau. 
Tu penses que les dragons ça monte aux murs comme les lézards ?

Alaska appréciait de plus Mischief. Ils étaient bien tous les deux, là-bas. Mais son ami ne faisait que de parler et cela la troublait un peu. Elle avait des sentiments confus pour lui et hésitait à lui en parler, d'autant plus qu'elle avait entendu parler d'une histoire entre lui et Marie, et cela la rendait jalouse. Quand il parlait de construire un vaisseau et de sa soeur, elle lui répondit doucement :

- Moi aussi j'aimerais bien m'envoler dans l'espace et comprendre ce qui m'entoure. T'imagine, on irait dans un trou noir et on comprendrait que c'est un portail vers... j'sais pas, l'Atlantide ?! Ce serait trop cool !

Ensuite, elle répondit à sa deuxième question :

- Pourquoi je suis venue ici ? C'est long a expliquer.

Elle lui prit la main et commença son histoire.

- Depuis toute petite, j'adore les astres et les étoiles. Et, le jour du divorce de mes parents, je me suis rendue compte que je ne voulais plus vivre sans mes deux parents. Mais j'ai pensé aux étoiles, et à ma petite soeur, et ça m'a aidée. Depuis, quand je me sentais mal, j'allais voir les étoiles. Et, aujourd'hui, j'arrivais pas à dormir car... ma petite soeur me manque et je n'ai personne à qui en parler.

Sur ces mots, elle éclata en larmes. Elle avait honte d'elle mais n'arrivait pas à s'arrêter. Elle pleurait doucement, en silence et serrait la main de Mischief. Comme elle se sentait bête !

- Je suis désolée, tu dois me trouver trop bête maintenant...

Soupira-t-elle entre deux larmes. Elle avait tellement peur de perdre Mischief...

Mischief écouta attentivement la première remarque de la jeune fille, pensivement, puis serra doucement la main d'Alaska en esquissant un léger sourire :
Moi aussi j'aimerais bien disparaître vers l'Atlantide, ou bien... La Comté. Voir des gens simplement heureux, tout ça... 
Il entoura ses jambes avec un bout de la couverture, il ne faisait pas très chaud (c'était d'ailleurs vraiment étonnant, sur le toit d'une tour, pas chaud ?), et écouta attentivement l'histoire de la jeune fille. Il soupira, et s'approcha d'elle pour la serrer dans ses bras, calant quelques secondes son menton sur l'épaule de la Gryffondor, avant de s'éloigner légèrement, et remarquer :
Mais, tu sais, je suis certain qu'il y a plein de gens qui ne demandent qu'à t'écouter leur parler !
Le Serpentard soupira un instant, et reprit, en croisant ses jambes en tailleur. 
Je ne te trouve pas bête ! Je ne trouve personne bête, seulement, certains n'ont pas mon intelligence, c'est tout !
Il étala sur son visage une fausse modestie teintée d'un narcissisme humoristique, puis tira un paquet de mouchoirs à demi-vide de sa poche, et le tendit à Alaska. 
Mais je ne dis pas que tu n'as pas mon intelligence, hein ! C'est de l'humour ! Je ne suis pas siiii intelligent que ça, même si c'est dur à imaginer.
Il lui lança un petit sourire, mi-amusé mi-triste, repensant à ses propres mésaventures qui l'avait amené jusqu'ici.

Alaska se sentait plus que honteuse : elle pleurait devant son ami et le mettait sûrement mal à l'aise malgré elle. Mais le contact de son ami sur son épaule lui faisait du bien. Mischief, comme à son habitude, continuait de parler pour combler le blanc monumental entre eux. Il racontait tout et n'importe quoi et réussit à faire passer Alaska des larmes aux rires en quelques secondes.

- Ah là là mon cher Mischief ! Tu parles encore ? Regarde, là-bas, tu vois ? C'est la grande ourse, la constellation la plus connue ! Tu veux que je te racontes la légende rapidement ?

Alaska n'attendit même pas la réponse de son ami et commença :

- Bon, déjà, je m'excuse d'avance parce que je ne sais pas vraiment raconter les histoires, donc ce sera pas foufou, mais je vais essayer de faire au mieux !

Promit-elle, autant pour lui que pour elle même.

- Il était une fois, une nymphe, du nom de Callisto. Elle eut un enfant avec Zeus, qui s'appelait Arcas. Mais Héra, la femme de Zeus, était très jalouse de cette union et décida de punir Callisto en la transformant en ours. De nombreuses années plus tard, Arcas, qui avait été élevé par la mère d'Hermès, qui s'appelle Maïa, chassait dans la forêt quand il tomba nez à nez avec une ourse, qui était en réalité sa vraie mère. Il hésita à tirer mais le fit quand même et la flèche fut déviée de justesse grâce à Zeus et Hermès. L'ourse, hors de danger, avait alors posé sa patte sur la tête de son fils et celui ci était tombé à genoux, car il avait tout compris. Alors Zeus, ému, avait transformé Arcas en ours, puis avait fixé la mère et le fils dans le ciel, afin qu'ils ne soient jamais oubliés.

C'était une belle histoire, non ?


Alaska se tourna alors vers Mischief. Elle pensa d'abord qu'il avait les yeux fermés, mais elle ne réussissait pas à bien distinguer les formes et les couleurs. Alors, délicatement, elle se pencha vers lui, cala sa tête sur son épaule, tourna la tête vers lui et approcha doucement ses lèvres des siennes.

La Grande Ourse, qu'il avait jusque-là toujours appelé "La Grosse Casserole" comme on le lui avait dit,  avait une histoire qui l'étonnait franchement. Pardon ? Callisto était devenue un ours ? C'était le meilleur mythe du monde, ça ! Lui ce qu'il avait appris quand il était petit, c'était comment son grand-oncle avait perdu une main dans un duel, et, vraiment, c'était peu intéressant par rapport à cette femme qui devenait ours, qui avait un fils petit ours qui n'était pas ours au départ puis qui devenait ours à cause d'un mec qui avait poussé une flèche... Woah ! Incroyable.
La tête posée dans la paume de sa main, ses yeux alternant entre le ciel et Alaska, la bouche à demi-entrouverte dans une expression de béatitude, il suivait l'histoire avec passion. Une fois terminée, il se releva brusquement et s'écria :
WOAH ! Elle est trop trop trop géniale ton histoire ! Pourquoi j'ai pas appris ça moi ? C'est super !!.. Moi aussi je veux apprendre à dévier les flèches, là, ça à l'air trooooop fun ! C'est qui, Hermès ? J'ai l'impression de l'avoir déjà entendu quelque part, comme Zeus, d'ailleurs... C'est pas une affiche qu'on trouve chez le dentiste ? Zeus et... 
Il fronça les sourcils, plissa les yeux, cherchant absolument à retrouver une référence hasardeuse, puis fit une moue contrite.
Non, je sais plus. Mais, EH ! Tu racontes troooop bien les histoires, en fait ! C'était passionnant ! Palpitant ! Pitoyable ! Plénitude, Pléiades, Platebandes, wow quoi ! T'en as d'autres comme ça ?
Mischief essuya son nez, plus joyeux que jamais à l'idée d'entendre un autre mythe avec le médicomage qui déviait les flèches et les ours.
Le garçon s'arrêta de parler, un sourire tranquille aux lèvres, en observant le ciel, lorsqu'il distingua une forme s'approcher lentement de lui. C'était à peu près à cet endroit qu'il situait Alaska, dans sa tête, mais... Il n'en était pas bien sûr, alors il recula légèrement, se penchant en arrière et écarquillant les yeux. Puis, il se rendit compte que c'était bel et bien la Gryffondor, qui posa sa tête sur son épaule. Ah, ça allait, finalement, c'était elle. Ses cheveux chatouillaient son cou, c'était drôle ! Elle commença à tourner sa tête, les chatouilles devenaient insoutenables, et lorsqu'il sentit son souffle contre son visage, il ne put s'empêcher de trembler et d'éclater de rire, avant de se tortiller dans la couverture pour réprimer un frisson. 
D-désolé si tu voulais dormir ! s'écria-t-il en essuyant ses yeux. Seulement, c'était tes cheveux, ils me faisaient des picotements... Ça m'a fait rire !
Il se rassit correctement, puis reprit : 
Promis, je vais essayer de ne pas bouger cette fois !