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24 mars 2020, 19:35
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Les étoiles forment une voûte d'argent dans le ciel d'encre.
Elles sont belles. Et cette beauté tranquille, ce calme et ce Silence t'émeuvent chaque seconde davantage. 
C'est les seules choses auxquelles tu es encore sensible. Les seules choses qui font redoubler tes sanglots et tes larmes. 
Parce que la Famille, elle a disparu. Elle n'est plus. Plus dans ton esprit, plus dans ton cœur. 
Ton cerveau traumatisé les a rayés, oubliés. Il les a Tués, il les a inhumés, il les a annihilés. 
Leurs noms ne te parlent plus, à présent.
Maë ? Une inconnue. Luke ? Un homme qui ne te rappelle rien. 
Tu ne sais plus qui ils sont et pourtant, tes larmes continuent de couler. Ton regard est fixé sur les Ténèbres de la Nuit, sur le ciel sans nuages, et s'y perd.
Tu ne vois plus que lui, seulement lui. Il enveloppe ton corps entier d'un linceul d'Etoiles, étale ses constellations sur ton visage, éclaire tes joues sillonnées des Flèches-de-Tristesse. 
Tu pries que si un dieu, n'importe lequel, quel qu'il soit et si il existe, te voie et aie pitié. Qu'il agisse. Qu'il fasse n'importe quoi pour te sauver. 
*« Et puis au pire je mourrai. »*
Cette pensée t'arrache un semblant de cri qui te déchire la gorge. Un cri qui en fait ne résonne même pas. Il te semble. 
Peut-être que tes oreilles ne marchent simplement plus. Peut-être que tu n'entends plus rien. Peut-être que ton ouïe, comme tous tes sens qui te semblent si atrophiés, n'est plus.
Tu tu sens comme une bête, prostrée comme tu l'es sur le sol de pierre nue, sur le sol de pierre froide.
Enfermée dans une cage immense - le Monde - dans laquelle tu tourne en rond. 
Ange a disparu. Ange s'est envolée, certainement, lasse de ton désespoir. Ange t'a abandonnée. 
Tu te roules en boule, la tête dans les bras, les genoux repliés sur le torse, pour ne plus avoir à faire face, pour ne plus te battre et enfin avouer ta faiblesse aux Autres. Tu as froid, si froid.
Et tu as l'impression que ton coeur s'est arrêté. Définitivement, irrémédiablement arrêté. 
A la place, tu ressens un battement étrange. Un battement irréel, un battement qui n'existe que dans ce monde infini qu'est ton imagination.
Le Battement de la Nuit. 
Il témoigne, il respire, il transmet. 
Il t'Appelle. 
Et tes pleurs continuent. 
La voix d'Ange qui résonne, tu l'imagines, elle aussi.
Si ton coeur s'est arrêté, ton esprit lui continue de vivre. Et avec lui tous tes rêves, tous tes songes. 
*Petite Etoile* 
Oui, tu as rejoint les constellations, à ton tour.
*Les étoiles, c'est les esprits des gens morts alors ?*
Peut-être.
*Et Ange est venue me chercher pour m'y emmener.*
Tu comprends, à présent.

Ses mots font cesser en partie tes pensées absurde et tu bouges doucement, étonnée de sentir ton corps.
Délirais-tu à cause du froid ?
*J'en sais rien, mais j'ai froid.*
Tu vas tomber malade, immobile comme tu es, couchée contre le sol glacial. Mais tu ne veux pas bouger. 
Les paroles parviennent enfin à ton esprit embrumé, et ta réponse est aussi indistincte que tes pensées l'instant précédent.

« Plus de… de famille ? »

Tu cherches longtemps, un souvenir, n'importe lequel, qui te rappelle de qui il peut s'agir. 
Mais rien ne te vient. Comme si ton cerveau s'était vidé. Alors tu déclares, perplexe : 

« Non. Plus de famille. »

Tu sors ta tête de tes bras, frissonnes. Tu te redresses misérablement en poussant faiblement contre le sol, puis tu tournes la tête vers Ange. 

« T’en as une, toi, Ange ? »

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ent‘r‘êvée

25 mars 2020, 00:17
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Le 31 décembre 2044
Déferlement


Hier, j'ai longuement parlé avec Cassiopée. Nous avons discuté le Monde et ses complexités, en n'omettant pas le contexte actuel. Du côté des moldus comme du nôtre – car le nôtre est sorcier et il faut bien l'avouer : rien ne prévaut sur notre Monde – les peuples sont mal gouvernés. C'est ce que pense Cassiopée et ce que je crois penser moi aussi. Même si je me demande souvent si il est justifié que j'ai un avis tant je suis petite et grande d'insignifiance. Mais chaque Être a le droit de penser, dit aussi Cassiopée.

Aujourd'hui, c'est le dernier jour de cette année. Mais ça ne me fait rien. *Jamais* Depuis toujours ce jour est fêté de la même manière : sans Amanda et sa famille – partis pour la France – mais avec le reste de notre famille – bien plus Miller que Macbeth – chez Cassiopée. C'est toujours chez elle que se tiennent les réunions. Même si Elizabeth aime, aimait, parfois recevoir. C'était inné chez elle tant sa bonté rayonnait et éclaboussait les visages. Je me demande si elle sera toujours aussi rayonnante là où elle vivra – j'imagine la Citadelle comme une forteresse sombre et imprenable un peu à la façon des châteaux du Moyen-Âge que j'ai lu dans quelques livres. Alors quelque part, j'imagine toujours des mines sombres.

Mais aujourd'hui, c'est la mienne qui est sombre.

Je suis penchée sur ma valise, dans laquelle Lune a fini par se coucher. Des piles de vêtements la remplissent déjà. Demain, je repars pour Poudlard. *J'crois qu'j'ai hâte* pensé-je les yeux plongés dans les tissus sombres. Ma garde-robe est peu colorée mais des touches de rouge et de blanc viennent l'éclaircir toutefois. D'ailleurs, je suis habillée d'une robe de sorcier sombre, violette mais loin d'être gaie. Pourtant, lorsque mes yeux glissent sur elle, je ressens de l'affection pour elle. Depuis toujours, je la porte pour les occasions. Et je n'oublie pas que ce soir en est une malgré tout. Le dernier jour de l'année. Je souffle en me redressant. Le soleil est déjà tombé et je peux le constater en passant mon regard à travers la fenêtre. Tout est sombre. Bientôt, je devrais descendre.

Ce moment arrive irrémédiablement, et j'entend bientôt ma mère m'appeler. C'est étrange comme ma mère me paraît étrangère. *Si peu connue* Depuis quand est-ce le cas ? Depuis quand ma mère est-elle une étrangère ? Ai-je été une mauvaise gamine, pour les faire détourner progressivement leur attention de moi ? Je ne pourrais le dire, mais bien que mon cœur soit apaisé je ne peux m'empêcher de me sentir délaissée. Je ne suis encore qu'un enfant, après tout. Pourtant, mes parents ne me portent que peu d'attention et j'ai l'impression de n'avoir pas tissé de lien avec eux. Je sais que nous avons été complices, autrefois, mais je ne saurais me rappeler de la sensation que cela fait. Ils me semblent si loin quand Cassiopée est si prêt.

Alors, je descend. Et nous partons chez Cassiopée sans se dire grand chose.

En entrant, je suis submergée et par la chaleur qui contraste avec la fraîcheur d'une soirée d'hiver venue de l'extérieur et par le bruit qui y règne. La conversation est agitée et je n'ai pas l'habitude de cela. *Bizarre* je pense. *Y'a quelque chose qu'on m'dit pas ?* je me demande.

Mais tous se taisent quand nous entrons dans le grand salon. Car ils sont tous là. Je vois mes cousins. Il y a Nils qui a fait sa rentrée à Poudlard, d'ailleurs j'ai entendu dire qu'il avait été réparti à Poufsouffle. Je ne l'ai jamais croisé, pour le moment. Cela ne saurait tarder. Mais il n'est rien d'important et je suis sûre qu'il en va de même pour lui ; me sourirait-il seulement ? *J'pense pas* Il y a aussi son frère Owen qui m'adresse déjà un sourire. Les personnes qui vivent encore au hameau sont toutes ici. Je soupire.

Nous finissons par nous asseoir, dans le silence lourd installé. *Trop bizarre*

« Bonsoir, commence Cassiopée. Nous parlions de... de vos départs. »

Elle lance cela très froidement. Même si je sais qu'elle ne cherche pas à l'être, c'est seulement qu'elle n'aime pas passer par quatre chemins ; un seul lui suffit.

« C'est le moment d'en discuter oui. Elle se tourne vers moi, ma mère, assise un peu plus haut sur le canapé alors que je suis par terre. Parmi tes oncles et tantes, tous souhaitent déménager. Ce n'est plus sûr ici. Maman ne peut pas tous nous protéger. Nous partons. »

Ses mots me transpercent de leur ardeur.
*Merde*

*


Je sais déjà comment cela s'est terminé, ce soir là. Et alors, cela me frappe : je pleure Jane alors que j'ai perdu bien plus. Pourtant, rien en cet instant ne me fait plus mal que de l'avoir perdue. *Mais j'la retrouverais* Bientôt, l'hiver filera en emportant avec lui printemps puis été. Et finalement viendra septembre, et Jane.

« Plus de… de famille ? »

Ma main est toujours posée sur son genoux. *Petite Etoile* pensé-je affectueusement, une affection que je voue plutôt à Jane en réalité. Mais elle n'est pas là pour le moment. Quelqu'un mérite probablement l'affection qui me prend par bouffée. Ce sera elle, pour ce soir. Je distingue qu'elle est couchée.

« Non. Plus de famille. »

*Oh !* je m'étonne, autant pour l'aveu qu'elle me fait douloureusement que parce que je la vois se redresser. Je frissonne encore. Je l'aurais presque oublié, mais le froid est tranchant. Pourtant je ne suis pas sûre que ce soit lui qui me fasse frissonner. *C'est Elle*

« T’en as une, toi, Ange ? »

Je recule, un peu instinctivement. En équilibre sur mes talons, je tombe. Mes fesses claquent contre le sol. Et cette fois, le froid grimpe dans mon corps et s'infiltre par tous ses pores. *'Fait si froid* grogné-je intérieurement. Est-ce parce que sa question m'a tant frappé que j'essaie de ne pas penser à ce qu'elle entraîne en moi ? L'ouragan de pensées mêlées à des sentiments d'enfant qui s'agite dans ma tête.

*Est-ce que j'ai une famille, moi ?* Les images de mes parents si indifférents qui sont presque flous dans ma tête me viennent. Leurs visages fermés s'effacent déjà dans ma mémoire ; et je sais pourquoi.
Mais bientôt les images Lumineuses de Cassiopée m’apparaissent, l'éclat de ma tante Elizabeth pointe aussi dans mon Esprit Fou. Un sourire tout aussi Fou s'allume sur mon visage. *J'crois que j'en ai une*

« Je crois que oui. Une petite, » j'avoue.

Mais Elle ? N'en a-t-elle aucune ?
*Mince*

« Où elle est, ta famille ? »
Dernière modification par Adaline Macbeth le 29 mars 2020, 16:31, modifié 1 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

26 mars 2020, 00:19
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
La sensation de sa main sur ta jambe est perturbante. Ni chaude, ni froide, simplement étrange. Elle appuie sur ton genou en même temps qu'elle paraît ne peser rien, et tu t'en étonnes.
*C'est normal. Sa main, c'est une main d'ange. C'est pour ça qu'elle est bizarre.*
Quelle pensée l'a-t-elle poussée à accomplir ce geste ? Quelle idée lui a-t-elle bien pu lui passer par la tête pour qu'elle soit prise par un tel élan ? Tu n'en as aucune idée.
Peut-être que tu aimerais le savoir, mais tu n'oses pas demander. Ta compagne d'un Instant est intimidante. Non, elle ne te fait pas peur. Elle t'intrigue et te repousse à la fois, simplement. Tu ne veux pas qu'elle t'emporte dans le ciel, il est trop tôt pour que tu deviennes une étoile.
Tu portes alors lentement ta main à ton cœur, indécise. Bat-il encore ? Es-tu encore vivante ? Ange est-elle réelle ? Va-t-elle oser te transformer en ces choses terribles que sont les Etoiles ? Ces choses qui, comme tu viens de le réaliser, sont d'une cruauté infinie ? Ces choses qui ne sont en fait que des êtres humains que l'on a privés du repos de la Mort ?
Et un instant, l'effroi te saisit. Plus rien ne bouge, dans ton corps. Plus rien ne frappe. Tu n'entends, ne ressens, plus rien.
Tu as si peur.
Tu respires de plus en plus vite, les yeux écarquillés par la peur, le regard figé sur l'encre du ciel.
*Alors en fait, j'suis morte.*
Puis une sorte de sentiment de révolte s'empare de ton être. Il est hors de question que tu Abandonnes, ici, maintenant.
On t'a Brisée bien souvent.
On a essayé de t'avoir trop longtemps.
On a constamment voulu que tu ploies.
Et tu t'es laissée faire.
Bats-toi, Petite Etoile. Ne lâches jamais. Ne te laisses plus emporter par les événements.
Tu réalises brusquement quelque chose. Certes, avant les Autres en avaient contre toi. Certes, avant tu étais à l'écart. Certes, avant, on te rejetait. Mais surtout, avant, tu avais ta Famille.
Et à présent elle est contre toi.
*La Famille. J'm'en souviens, je crois, maintenant.*
Tu l'aimais. Tu l'aimes encore, je crois.
Mais ton esprit l'efface. Parce que tu ne veux plus avoir affaire à elle, parce qu'elle te fait mal. Plus mal que tu n'aurais jamais imaginé.
Puis, comme pour te contredire, comme pour te rassurer, comme pour te révéler que non, tu n'es ni dans un rêve ni dans un cauchemar, simplement la triste réalité, tu ressens quelque chose.
Un infime son, *boum*, qui tape. Qui te détourne du triste chemin sur lequel tu t'engageais, qui te rappelle et te fait revenir sur tes pas.
Ange est une élève. Une Elève-qui-Défie. Elle est vivante.
*Mais... c'est quoi, ses Ailes, alors ?*
Une invention de ton esprit ? Un songe, une prière ?
Tu n'en sais trop rien. Et cette fois-ci, tu Oses. Ta main se tend, comme étrangère au reste de ton corps, frôle les Ailes. Tu la recules violemment lorsque tu les touches, comme effrayée, puis l'approches à nouveau.
Ses paroles te blessent un peu.
*Elle, elle a des gens qui l'aiment.*
Puis tu pestes contre ta pensée. Cette foutue jalousie te perdra, Petite Etoile. Ange a de la chance mais si sa Famille à elle va bien c'est que le problème est ailleurs.
Tu ne veux pas savoir là où il se trouve. Égoïstement, ce soir, tu ne veux pas régler les problèmes des Autres, ni même ceux d'Ange. 
Tu as besoin de parler. Mais la Nuit pèse. La Nuit enferme. La Nuit vole et fait pleurer. 
La Nuit est là, partout, autour de vous, vile et insistante. 
Ange fait partie de la Nuit. Alors essaie ; vas la voir, parle lui : elle t'aidera.

« La Famille… elle veut plus d’moi, alors j’l’oublie. »

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ent‘r‘êvée

28 mars 2020, 11:07
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 


C'est ainsi que j'ai perdu quelque chose que je n'avais jamais vraiment eu. Et mon Esprit Fou et faible, peu fiable, se souvient de ce moment. Il y a trois jours, lorsque je suis montée à bord du Poudlard Express – foutu train rouge – sans adresser un regard à ma mère, sans la prendre de mes bras à l'image des autres enfants qui s'en allaient pour l'école, et surtout sans qu'elle ne cherche à me montrer une quelconque affection. Je me suis rendue compte de l'étrangeté du moment, oui, de la bizarrerie du salut que j'ai adressé avec la main sans aucun plaisir ni sourire. Mais je ne réalise pas bien l'ampleur de l'attitude désinvolte de ma mère.

Cela est sûrement la raison pour laquelle, au moment où j'ai posé mes fesses sur un siège de ce fichu train, j'ai oublié tout ce qui se trouvait sur le quai : ma mère et sa distance, mon père et son absence, et tout ce qui ne serait plus. Mais pour panser la blessure – l'attiser peut-être plus que la panser – j'ai utilisé Jane comme tampon. Alors qu'elle, à contrario de mes parents, je sais que je la reverrais. Ici même, peut-être. *Là-Haut*

Je réalise, et l'air hébété sur mon visage en est sûrement le fidèle témoin, que j'ai été stupide.

Et lorsque la Petite Etoile – qui est toujours bel et bien là, sous ma main – s'en défait : c'est un électrochoc. Ce n'en est pas un tant parce qu'elle me pousse, violente, que parce qu'elle me sort de mes souvenirs. J'aurais pu protester si le visage de Petite Etoile était resté caché. Mais je le vois et je ne veux pas l'ignorer. Il crie de douleur et mon estomac se tord. Je frissonne du froid qui s'est installé à l'intérieur de moi et qui me ronge comme le font les remords.

« La Famille… elle veut plus d’moi, alors j’l’oublie. »

Ma bouche s'entrouvre comme si j'étais idiote. Mais ces mots me frappent. *Mince, pourquoi y'm'frappent autant ?* Si j'en faisais la liste, je pourrais apposer « frappant » à côté de chaque phrase qu'elle m'a dit. Cette étoile n'est pas si petite, elle est grande de douleur. Et ce que cela provoque en moi est à la limite de l'indescriptible. Je ne sais pas si cela me peine plus que cela m'affecte. Comme lorsqu'une odeur rappelle un mauvais souvenir, elle tout entière a l'air d'un mauvais souvenir pour moi. Pourtant, quelque part, j'éprouve une affection infinie pour sa détresse – car c'est bien cela, n'est-ce pas ?

J'ai envie de la faire parler encore. Je respire une grande bouffée de l'air froid.

Mais quelque chose se met à germer dans mon Esprit. C'est la Lune qui me le rappelle. Je jette un œil vers le ciel et les étoiles qu'il abrite, noir et profond, menaçant et froid. Un sourire naît lentement au creux de mes lèvres alors que le silence s'installe, avec ses lourds sabots. *J'crois qu'il est tard* je ne peux m'empêcher de penser. Je ne suis pas du genre à me permettre de contourner les règles. Je sais le couvre-feu qui nous incombe et maintenant qu'il est apparût à mon Esprit il me menace ; il ne faut pas que je lui désobéisse.

Mais j'ai envie de la faire parler.

Mais, désormais, j'ai envie de m'enfuir pour que le couvre-feu ne me menace plus.

*Bordel*

« Raconte-moi, Petite Etoile. Comment ? »

Je lui glisse ces mots comme je le faisais avec Owen, ou encore Millie, lorsque j'avais le devoir de m'en occuper. Doucement, mais assurément. J'oublie qu'elle est comme moi, élève ici. J'oublie qu'elle est peut-être même plus âgée que je le suis – même si il est certain qu'elle est plus grande. *Alors parle*

« Mais fais vite... Le couvre-feu nous guette... » je lui chuchote.

Magic Always Has a Price
6ème année

31 mars 2020, 23:50
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Le vent est froid, si froid. 
Comme pour te confirmer à nouveau que tu es en vie, que tu n'es pas - pas encore - une étoile, il résonne dans tout ton corps, te glace des pieds à la tête. 
Sortir à cette heure-là, maintenant, était une mauvaise idée. Terriblement mauvaise. Tu n'auras aucune excuse, aucune explication à apporter si tu dois aller voir l'Infirmier. 
Alors tu pries une nouvelle fois, mais pour quelque chose de certainement bien plus stupide que les supplications que tu as adressées à Lune tout à l'heure.
*J'veux pas être malade.* 
Le mot résonne dans ton esprit. *Maladie.*
Inlassablement, tu le repousses, tu batailles pour qu'il te foute la paix. 
Mot porteur de cette Vérité que tu veux oublier. Hors de question qu'il vienne polluer ta conscience déjà bien trop noircie de tristesse.
Pourtant, petite voix insidieuse nichée dans le creux de ton cœur, il te murmure. Il te murmure que tout est de ta faute. Que tu dois t'en vouloir atrocement, parce que si Papa va mal c'est parce que tu l'as laissé tomber. 
Il fait remonter, encore et encore, ces terribles souvenirs à ta mémoire et te chuchote que tu es un Monstre. 
Ses murmures mesquins te glacent jusqu'au sang. 
Ces après midis, passées à rire. Ces jeux, ces blagues. Cette joie de rire enfantine et si agréable. 
Curieusement, c'est maintenant que tu y repenses. Maintenant que tout remonte. Que tout t'assaille, te fait crouler, t'envahit. Te fait tomber pour ne plus jamais que tu te relèves. 
Maintenant que tu te laisses effondrer, parce que tu ne tiens plus.
Maintenant que ces putain de pensées viennent te harceler. 
Maintenant que tu as froid. Maintenant que tu pleures. Maintenant que tu te sens si faible.
Maintenant que la Famille est la chose que tu aimerais le plus au monde voir réunie. Assemblée. *Avec Maman ?* - Oui, avec Maman. Maë-d'Avant. Et Papa-pas-malade.
Maintenant, c'est l'Heure des Regrets, et tu ne t'attendais pas à sa visite. 
Tu n'avais pas réalisé que tu tremblais. 
Ainsi recroquevillée sur toi même, tu parais si jeune - si faible. De tes yeux coulent encore le fruit de ta honte, ces saletés de larmes. Celles qui te font encore plus de mal que la raison première de tes sanglots. 
Ange est belle, auréolée par la lumière de Lune. Entourée par les Etoiles, si proche et pourtant terriblement inaccessible. 
De ta bouche sort un râle, un son monstrueux - à l'image du reste de ton Être ? demande la Voix - qui résonne jusqu'au fin fond de ton cœur. 
Tu portes ta main à celui-ci.

« J’ai mal… »

Ton gémissement est à peine audible. Mais il témoigne de l'étendue déserte et défoncée qu'est à présent ton Âme en Ruines, il témoigne de ton Esprit vide et de ton Regard qui n'exprime plus. 
Ce Regard en qui tu as encore foi, en qui tu places tes derniers espoirs. Tu le fous dans celui d'Ange. Violemment, sans douceur, juste pour essayer de lui montrer ta douleur. 
Pour lui prouver à quel point sa présence peut t'être utile.

Sa dernière phrase te fait tiquer. Le Couvre-Feu ? Il...
*j'en ai rien à foutre, de lui.*
En... en quoi est-il si important ? En a-t-elle peur ? Elle, l'Ange de la Nuit ? Elle, qui te semble pourtant si forte ; si puissante ? 
Tu clignes des paupières, le cœur partagé entre deux sentiments auxquels tu ne comprends rien. 
Le Délire. Ton cerveau qui tourne en boucle ses mots, qui les transforme en d'étranges choses. Ces mots qui s'amusent avec ta conscience, qui l'emprisonnent dans leurs violentes ténèbres, la libèrent, l'emprisonnent à nouveau. Qui se jouent d'elle au rythme de tes pensées, qui danse avec les battements de ton Cœur si faible. 


« Je… Dégage si t’as peur. »

Et le Rien. Cette émotion si présente, si enfouie, qui prend tant de place et sur laquelle tu ne parviens à mettre aucun mot. Cette émotion dont tu ne sais même pas que penser.

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ent‘r‘êvée

04 avr. 2020, 17:24
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
« J’ai mal, » dit-elle dans un murmure qui ressemble à l’idée que je me fais de la Mort.

Je frissonne, une énième fois – combien faudra-t-il de fois avant de j’abandonne une quête qui n’est pas mienne et un siège sur lequel je n’ai rien à faire ? – mordue par le froid. Rien d’autre qu’un bon feu comme celui qui est supposé brûlé dans ma salle commune ne me réchauffera. Et Petite Étoile en a sûrement un dans la sienne. *D’ailleurs, qui c’est ?* je tente de voir une couleur ou un blason sur sa robe de sorcier mais rien ne contraste avec l’obscurité qui l’embrasse. Mes yeux inquiets – puisqu’ils ne peuvent être rien d’autre – sont sur elle. Mais ils ne produisent sûrement pas la chaleur qui la sauvera.

Je ne la touche plus mais je la vois trembler. *Le froid* c’est cela qui la fait trembler. Je m’en persuade pour me persuader qu’il suffirait de rentrer. Rentrer m’appelle du tréfonds de mes viscères comme si je ne pouvais m’en soustraire. Son mal me touche pourtant.

« Dégage si t’as peur. »

*Quoi ?* Le glas d’un conflit résonne à travers ses mots.

La Folie qui m’habitait lorsque j’ai pris la Petite Étoile pour Jane semble s’être dissoute. Subsiste en moi seulement quelques réminiscences en une confusion qui n’est même pas douce ; juste confuse.

*Si j’ai peur ?*

J’ai peur. Il s’avère que j’ai souvent peur et même si j’aurais horreur de dire tout haut que je suis une peureuse, je le suis un peu quelque part. Même si les prémices d’un courage sont sûrement nés avec moi et en moi, il y a bien des fois où il ne s’exprime pas. Peut-être n’a-t-il pas assez grandi ? Ne l’ai-je pas assez nourri ? Certainement pas. Jamais je n’ai usé de lui afin de l’entretenir, seules mes pensées maintiennent sa vie à force d’ambition qu’on attribue jamais à un enfant. Peut-être est-ce en cela que je ne suis pas courageuse : en mon état. Non. Pourquoi y aurait-il du courage dans les Autres enfants et pas en moi ?

Mais j’ai de la docilité là où d’autres ont de la vaillance. Pourtant, je crois bien que c’est une sorte de vaillante docile qui m’habite. Trop raisonnable et sage, mais peut-elle vraiment l’être trop ? Je sais quelles sont les règles et leurs raisons – je crois les savoir. Autant que je les approuve je les respecte. Autant que je les comprend je les suis.

Le Temps exerce son flux distordu autour de nous. Comme autour de chaque Être. Et en tapant de ses doigts célestes sur son Sablier, le Temps coule. Et irrémédiablement son effet est Maître.

J’ai bien souvent constaté l’effet du Temps sur moi – puisque je suis ma seule expérience – au hameau ou ici. Le Temps au hameau était toujours clément. Il passait comme je le souhaitais et donnait à ma vie un rythme appréciable ; pour une enfant. J’ai vécu au hameau comme l’enfant que j’étais et suis encore irrémédiablement. Pourtant, ici, le Temps est bien plus joueur. Il passe à sa guise. Ne me laisse pas étudier autant que je le voudrais en faisant sonner des cloches ou en éteignant le jour. Et parfois, j’en veux au Temps de couler ; comme en cet instant je regrette que s’effiloche les dernières minutes de cette soirée.

Ceci mêlé à cela ; Temps à couvre-feu ; vent à glace ; Respect et peur se confondent.

Je n’ai pas peur. Mais j’ai l’intime sentiment de devoir bientôt descendre de la Haute-Tour sur laquelle je statue. Comme si cela était inscrit en moi – d’une encre que l’on efface pas. Les règles s’abattront sur moi et Petite Étoile ne m’y soustraira pas. *Elle peut pas* Mon Âme ne brûle pas du feu de la Rébellion – bien que sensible à l’injustice. Pas envers ce château ni ses Maîtres. Je crois en des choses bien plus grandes que moi, des choses que j’attend de me faire enseigner.

« T’as froid. »

Si j’étais plus âgée mes mots seraient plus un ordre qu’un avertissement.

Mais je suis une foutue enfant.

« On doit rentrer. ‘Faut pas mourir là, hein ? »

Ma voix et mes mots sont filtrés par la seule chose que m’a laissé Jane et la Folie : une affection – qui aura sûrement disparue au petit matin – qui s’exprime par l’inquiétude.

*Viens* supplient mes pensées. *’Partirais sans toi* Je ne peux offrir à Petite Étoile une témérité que je n’ai pas. Affronter le froid pour quel plaisir ? Braver les règles à quel profit ?

Bien que l’affection étrange dirigée vers elle me laisse entendre que rester entendre son histoire serait une récompense – je la considère bien moindre dans de telles conditions – je ne veux pas m’y résoudre. *Viens*

Magic Always Has a Price
6ème année

13 avr. 2020, 01:38
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Le Rien grandit. Tend ses tentacules acérés, t'en entoure et t'en enveloppe. Envahie par lui, tu te laisses entraîner à sa suite.
Flotter dans cet étrange état, semi-inconscient, laissant les sons simples de la nuit te consumer entièrement. Laissant disparaître l'Autre qui est là, près de toi.
Ces acouphènes qui dansent sur la surface mouvante de ton âme sont des reflets. Des images qui remontent lentement, les oiseaux qui t’appellent, les étoiles qui chantent, l’encre des plumes qui rythme et ta voix qui charme.
Ces acouphènes qui t’engourdissent, qui te donnent envie de t’endormir là, entourée de la douceur des ténèbres, calment les battements de ton cœur et apaisent la Colère qui germait.

Une protestation, enfouie au milieu de la marée d’espoirs et de lueurs amusées, tente de se rappeler à toi. Une fierté qui ne veut pas se faire oublier, qui fait tout pour reprendre la place qu’elle a perdue.
Un égo qui voudrait que l’on se souvienne de lui. Un égo qui voudrait s’imposer et avoir ce contrôle qu’il possédait auparavant.

Mais le Rien, impitoyable, le repousse. Et continue de te laisser voguer au gré de ces sons qui te charment et t’attirent.
Tes désirs de rébellion sont transformés en cendre, éparpillés aux quatre vents au plus haut de la colline de ton cœur.

L’envie de dégueuler tous tes mots, de cracher toute ta douleur, de tout balancer à l’Autre pour te sentir soulagée un instant, pèse sur ta conscience comme un avertissement.
Tu devrais lui expliquer. Lui dire pourquoi tu n’as plus aucune famille – plus de passé, plus d’avenir.
Lui parler de ton présent, de la seule chose qu’il te reste. De cette chose qui est bouffée par ces foutus souvenirs, par ces acouphènes qui résonnent dans tes oreilles.
De cette chose qui a failli s’éteindre tout à l’heure et qui essaie de partir depuis longtemps. De cette chose qui ne tient plus qu’à un fil.

Tu devrais exprimer tes peines, tes regrets, tenter de comprendre tes erreurs.
Mais, tout ton être se rebelle contre cette idée. Tu vas bien.
Tu vas parfaitement bien.
Tu te sens bien. Malgré tes larmes qui coulent et inondent le tissu de ta robe, malgré ton cœur qui ne bat presque plus, malgré tes bras saisis de tremblements, malgré les sanglots qui secouent tout ton petit corps.
Tu te sens bien, dans ta tête et dans ton cœur. Tu n’as pas besoin d’aide.

Tu voudrais tout livrer, mais tu n’en as pas besoin. Tu ne veux pas de son aide, tu peux te sortir de cette peine passagère seule.
Tu sais que tu serais capable de reconstruire ton âme ébréchée sans personne. Que les éclats qui l’ont entaillé ne sont que graviers sous ton pas.

Et même si ta détresse est infinie, ta douleur éternelle et que ton désespoir sera toujours présent, tu préfèrerais que l’Autre dégage. Elle a peur, non ? Elle devrait rentrer seule. S’en aller, t’oublier et te laisser là, entourée par le Rien et touchant les étoiles du bout des doigts.

Tu as sombré dans ce puits sans fond et, malgré tes certitudes tu ne saurais en sortir. Même si tu es persuadée que tu te sens bien, jamais tu ne pourrais remonter.

Le froid te fige, te murmure ses douceurs à l’oreille et t’encourage à te laisser aller.
Dormir.
Ne plus penser à rien.
Ne plus avoir mal.
Se sentir bien.
Toujours ce calme.
La Nuit te tient.
La Nuit te parle.
La Nuit t'étreint.
Enfin être dans le noir. Pour Dormir.

Tu fermes les yeux, doucement.
La Nuit te tient.

Et l’Autre se rappelle à toi. Elle ne te laissera pas crever là, Gamine. Elle doit dégager. Elle doit te foutre la paix pour que tu sois enfin à l’abri des regards, pour que tu puisses te laisser porter par tes rêves.
Tu te mens, tu te blâmes, tu te dénigres, mais c’est parfaitement normal, pour ton esprit abîmé. Tu ne mérites plus d’être là. Tu n’existes même pas très bien. Tu n’es plus rien.

Mais pourtant, Ange saisit. Ange évoque la Mort. Ange te fait réaliser la portée de tes pensées. Te fait te rebeller contre toi-même et contre ta soumission.

Tu lui jettes un œil éteint, vide, entrouvres la bouche pour souffler :

« Pour aller où ? J’suis bien là. Au moins… j’peux m’endormir. »

Ta voix est rauque et brisée. Par les larmes et par le froid. Ton corps se recroqueville, pris d’une violente quinte de toux.
Tu sais que tu n’es pas raisonnable, à rester là. Que tomber malade serait ta seule récompense.

Mais la Raison n’est plus rien pour toi qu’un mot parfaitement dénué de sens qui sonne à tes oreilles comme un ordre. Tu ne l’aime pas.

• ‘til it seemed
that Sense was breaking through — •

ent‘r‘êvée

16 avr. 2020, 10:46
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Les longues minutes d’attente qu’elle m’impose s’effilochent douloureusement. Le Temps ne me fait pas de cadeau, ne veut pas paraître moins long. Le vent est toujours aussi implacable et me fouette le visage avec force. La queue de cheval sur ma tête claque, elle me revient en pleine face dans un coup de vent. Je grimace. Cela ne rend l’attente que plus ennuyante. Et mes cheveux sont collés dans ma bouche, mais mes mains sont dans mes poches et sont trop engourdies par le froid pour en sortir. Alors je me traîne une face sur laquelle se sont agrippés mes cheveux. Le vent qui les a mis là ne semble pas vouloir les déloger pour me porter secours.

Rester assise à côté de cette fille fait battre mon cœur d'une étrange façon. Il me crie de ne pas rester là. Tout mon corps me fait de grands signes ; fuis. Je veux fuir, mais mes yeux s'accrochent à la silhouette étrange recroquevillée juste là, à quelques centimètres de moi, et espèrent encore la voir se lever avec conciliation et raison. Mais l'attente est langoureuse. *Trop longue* pensé-je en essayant de lutter pour défaire d'elle mes yeux et m'en aller.
Pas encore. Je ne peux pas encore m'en détacher. Elle tient mes deux billes sombres avec un tour de magie bien connu ; la pitié.

« Pour aller où ? J’suis bien là. Au moins… j’peux m’endormir. » dans un râle.

Je sursaute. Mes sourcils se froncent et mes yeux se détachent d'elle instantanément. Comme la pitié que j'avais pour elle était devenue une sorte de dégoût. Non, le mot est trop fort. Ce n'est pas du dégoût mais ça me rebute. L'entendre dire des choses aussi stupides me rebute. mes yeux n'en ont que faire de la voir se lever, à présent. Désormais, tout ce qu'il veulent c'est se reposer sur un feu de cheminée, comme mes fesses meurent de s'asseoir sur le tapis rouge à ses pieds, comme mes mains brûlent d'envie d'être réchauffées par ses flammes.
*Bordel* grogné-je, *quelle débile*.
Mon visage est toujours marqué de mon indignation – sous la forme des traits distordus qui le décorent – et mes mains fourrés dans mes poche. Mes fesses sont bientôt incapables de ressentir quoi que ce soit tant elles ont traînées par terre. Mes cheveux traînent toujours dans ma bouche.

« Je-B-Argh ! » m'exclamé-je, agacée. Impuissante.

Tout à l'intérieur de moi me crie de me lever. Alors je finis par céder. Et je me lève. Douloureusement mes fesses retrouvent une forme, mes mains quittent mes poches pour m'aider à me mettre sur mes pieds, mes pieds retrouvent le sol et sa constance. Je ne pose pas un seul un instant les yeux sur elle. Cette débile qui a l'air d'une créature difforme. Cette débile qui croît pouvoir s'endormir ici. Cette débile qui m'a traité de peureuse. Cette débile qui m'a dit de dégager. Mais cette débile a des choses à dire, j'en suis sûre. Au fond de mon cœur quelque chose me chuchote que je pourrais rester. Mais crie plus fort – et étouffe le chuchotement – qu'il faut que je me barre. Il le faut.

« J'me casse ! » je lui crie. Comme un adieu effréné.

Le vent m'assène un dernier coup droit. Je m'essouffle dans mon dernier cri avant de faire volte-face. Cette fois, je ne me retournerai pas. Même si un flot de choses que je pourrais lui jeter à la figure entrent dans ma tête et l'inondent. Mais je ne faibli pas et ne cède pas, tout juste si je plie. Les sourcils toujours autant froncés – je vais me faire de vilaines rides à cet endroit – je tire la porte qui me libère et me fera descendre de cette Tour. Puisque je l'ai poussée pour venir, il me faut la tirer. Je la tire de toutes les forces qui habitent encore ma main droite. Faibles, engourdies. *Argh !* je grogne.
Je suis essoufflée par l'effort et l'agacement. Quel temps j'ai perdu à divaguer là-haut. Quels nerfs j'ai usé à écouter une débile. Quel froid je me suis imposé en restant assise. En descendant les marches, je fais claquer mes pieds le plus fort possible contre la pierre ; pour me défouler, pour piétiner cette débile et le flot de pensées qui lui est dédié, pour continuer d'être essoufflée parce que cela me fait du bien autant que ça m'use.

J'arrive en bas, à force de pas bruyants et d'une course rapide dans l'escalier dégringolant. J'essaie de forger une barrière pour empêcher mes pensées de se diriger sur elle, la débile.
Mon ventre se serre autant que mes mains brûlent. Je veux oublier cette connerie et me réfugier dans mon lit.

Fin.


Je te laisse libre de conclure de ton côté. Merci pour ça.

Magic Always Has a Price
6ème année

21 avr. 2020, 15:43
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Tout a disparu. Tout s’est envolé. Plus rien n’existe. Même ton corps n’est plus. Si tu fus un jour vivante, désormais tu n’es plus qu’une carcasse, une vague conscience étourdie de regrets. Tu ne vis plus ; mais tu n’es pas morte. Tu n’es seulement plus rien. Plus de cœur, plus d’esprit, plus d’âme, une simple torpeur lourde et insipide.
Tu ne ressens plus. Et si tu avais encore des souvenirs, le froid qui palpitait sur ta peau serait à présent des leurs. Ta robe ne te démange plus, tes cheveux ont disparu.
Tes paupières sont closes, et tu te laisses bercer par la douce musique du Vent.
Plongée dans le bien-être de ton enfance, dans la chaleur agréable, dans les sons qui ont peuplé tes rêves de gamine, tu n’es plus.
Survolant tel un oiseau les interdits qui ne t’ont jamais empêchée d’accomplir tes rêves, frôlant les cris et les bêtises qui étaient ton quotidien, tu n’es plus.
Embrassant des yeux la tombe terne de Maman, frappant de tes petits poings pleins de colère la poitrine de Papa, tu n’es plus.
Te laissant aller à pleurer contre l’épaule de Maë, tentant tant bien que mal de retrouver le goût de vivre, tu n’es plus.
Saisissant avec espoir, pour la première fois, ton violon, caressant son bois sombre, faisant courir la belle baguette de bois dont tu ne connais pas encore le nom sur les cordes, tu n’es plus.
Ecoutant les cloches des églises résonner, observant d’un œil vide la joie des enfants qui courent et jouent, tu n’es plus.
Murmurant aux étoiles que tu les aimes et au soleil qu’il te fait mal, laissant tes mains effleurer les feuilles douces des arbres, tu n’es plus.
Te disputant avec Maë, regrettant les mots que tu lui as jetés, tu n’es plus.
Frôlant du regard les âmes vides des Autres, écoutant d’une oreille distraite leurs paroles sans saveur, tu n’es plus.
Laissant tes espoirs s’envoler, déplorant la disparition de tes sentiments, tu n’es plus.

Tu
n’es

plus rien.

Enfermée dans les méandres d’un passé qui n’est plus le tien, tu n’es plus.
Contemplant avec dégoût le présent qui s’écrit sous tes pas, tu n’es plus.
Fermant les yeux sur l’avenir qui sinue à l’horizon, tu n’es plus.

Ange est un cri. Ange est un nom. Ange n’a pas de consistance, Ange se contente de vriller tes tympans de ses mots qui te font ployer chaque seconde un peu plus. Ange est une Autre. Une putain d’Autre qui a osé te faire croire qu’elle voulait ton bien.
Tu veux t’assurer que dans mille ans ce présent sera le tien. Que dans mille ans tu auras enfin trouvé le Sens, le Chemin, enfin compris ta destinée.
Tu veux te persuader qu’un jour tu Seras. Un jour tu vivras, un jour tu ne seras plus une Gamine parmi tant d’autres. Un jour tu seras Toi, et ce jour sera le jour de ta mort.
Et qu’un jour la flèche de la raison perforera ton cœur. Elle te ramènera enfin à ton état originel, elle te transformera en ce que tu as toujours rêvé d’être. Une poussière. Une poussière d’étoile.
Les débris d’un rêve brisé, le scintillement d’une conscience qui fut lumineuse et pleine d’espoirs.

Roulée en boule sur le sol de la Tour d’Astronomie, le couvre-feu stagnant près de toi comme une menace, priant ton corps de devenir pierre ou vent, tu n’es plus.
Sans famille. Sans plus aucune cohérence. Et sans pensées. Tu n’es plus.
La porte claque derrière Ange, certainement. Elle se ferme sur une Autre qui t’a fait du mal. Elle la fait disparaître de ta vie comme elle y es apparue ; brusquement.
La vision brouillée par la fièvre qui te fait trembler, ne perdure qu’une seule chose.
Une certitude.
Ouvre tes Ailes.
Et Vole.
Enfin.

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Merci pour ces Mots que tu m'as offerts. Cette Danse était belle.

• ‘til it seemed
that Sense was breaking through — •

ent‘r‘êvée