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07 févr. 2020, 17:15
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
3 janvier 2045,
2ème année,
Tour d'Astronomie, Poudlard

« Dis moi jeune apprentie, les hommes sont-ils capables de voler ? »
~

Les yeux clos, tu aimerais pouvoir affirmer que oui. Tout serait tellement plus facile.
Et pourtant, chaque rafale, chaque coup de vent, te donnent tort. Te font vaciller. Te bousculent. Et diffusent dans ton corps une onde de terreur pure, qui te fige et noue le moindre de tes muscles.
Des tremblements agitent tes jambes. Tes mains sont moites et glissent.
Dessous, quelques centaines de mètres plus bas, tu imagines. Chaque brin d’herbe, agité par ces forces bien trop puissantes pour lui, pion dans un jeu de dés grandeur nature. Chaque goutte d’eau envolée.
Es-tu, toi aussi, une goutte d’eau ? Oubliée, insensible, indifférente, invisible.
Tu te sens seule, affreusement seule. Vide. Tu veux être avec Papa. Mais sans Maë. Le voir, lui parler, le soigner.
Tu veux que Maë te dise. Tu veux savoir.
Mais tu as compris que le remord, la rancœur, qui l’habitent, l’empêcheront de te dire quoi que ce soit. Quand bien même elle le voudrait, sa bouche resterait close et sa Plume, muette.
Elle ne te dira rien. Et tu resteras seule.
Une nouvelle bourrasque te fait chanceler et un frisson court dans ton dos.
Le moindre faux pas, le moindre mouvement brusque, et tu tomberas. Mais souhaites-tu réellement descendre de ton promontoire ? Ne te sens tu pas bien ici ?
Tu as si peur. Et pourtant, tu n’aurais pu imaginer meilleur lieu pour réfléchir.
Le Vent fait voler tes cheveux en tous sens. Tu es ainsi perchée, entre la Terre et les Etoiles, à mi chemin, sans vraiment savoir si tu préfères revenir en arrière ou continuer sur ta Voie.
Tes muscles sont noués par l’adrénaline et le stress.
Un doux mélange d’euphorie et de stress qui se diffuse dans tes veines comme un poison qui te contamine progressivement.
Une sensation qui fait battre ton cœur bien vite.
Une sensation qui te procure un intense sentiment de puissance et de liberté.
Une sensation qui te donne des Ailes.


Ce RP sera libre jusqu'à ce que quelqu'un y réponde. Après quoi, il deviendra privé, entre cette personne et moi.
Dernière modification par Kyana Lewis le 06 août 2020, 15:52, modifié 1 fois.

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ent‘r‘êvée

08 févr. 2020, 22:49
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Le mardi 3 janvier 2045
Avant le couvre-feu, après le dîner
Tour d'Astronomie, Poudlard

2ème année

*C'est stupide* Je me faufile hors de la Grande Salle, sur mon épaule repose mon sac de cours. Le premier de cette nouvelle année, cette stupide nouvelle année. J'y pense lourdement. Aussi lourdement que je me déplace. Aussi lourdement que tient mon récent repas à mon ventre. Ce soir, ma démarche est lente. Ce soir, des cernes tombent sombrement sous mes yeux. Ce soir, j'ai envie de faire un détour avant de retourner dans mon dortoir. Et, ce soir, je sais où j'ai envie d'aller. Mes pieds le savent aussi, et je les regarde sans arrêter de marcher ; le sol est flou tant je le fixe. Je souris faiblement, glauque, sans lever les yeux un seul instant.
*C'est vraiment stupide* je pense entre mes dents serrées. C'est tout juste si je ne grogne pas ; ah ! Si je me rendais compte de mon bizarre ! Et mes pieds ne cessent de me mener. Fort heureusement, ils semblent me mener où je le veux. La nuit est déjà tombée, sur le château, depuis un moment. Je n'avais pas encore quitté le cours de Défense contre les Forces du Mal que le soleil s'était déjà échappé. Échappé de notre vue. Échappé de notre Monde.
*C'est trop stupide* mes dents crissent en s'écrasant les unes contre les autres. Elles s'emmêlent disgracieuses, lourdes, frustrées. Ma mâchoire me fait mal, souvent, au vu de tout le temps que je passe à serrer les dents ; la nuit. Je fais passer une main de la poche de ma robe de sorcier jusque sur l'os qui saille, gonflé, il souffre. Mes pieds me portent, me font voler dans les couloirs, les escaliers, les couloirs.
*Qu'est-ce que c'est stupide* et ça tourne dans ma tête. Ça tourne dans ma tête ; est-ce les escaliers en colimaçon sur lesquels je m'engage à monter ? Est-ce plutôt ces pensées qui ne cesse de me percuter ? Bientôt, je souffle du nez, je serais Là où je vais. Est-ce que cela soulagera les ardeurs de mon Cœur ? Est-ce que cela desserrera ma mâchoire ? A chaque marche que je grimpe, ma queue de cheval sombre se balance dans mon dos. A chaque marche que j'atteins, mon sac glisse un peu plus sur mon épaule. Mais j'y suis bientôt.

*Bordel !* je pousse d'une paume forte la porte qui mène Là. Je pousse d'un coup sûr cette porte qui me sépare de l'air frais que prodigue un mois de Janvier en haut d'une Tour à Poudlard. En haut de la Tour d'Astronomie. Le vent déferle, il se jette sur moi dès que la porte est ouverte. Dès que l'air, l'air qui est libre là-dehors, envahi mes poumons. Il se rue à l'intérieur, fou. La secousse me force à relâcher ma mâchoire, comme si le vent s'était glissé jusqu'entre mes dents. Comme si le vent s'infiltrait dans chaque pore de ma peau.

Mais...
Là...
Elle...

Je l'attrape. *Qu'est-ce que je fais ?* Le vent souffle et me secoue, bouche mes oreilles, fait claquer ma queue de cheval contre mon dos, agite ma robe de sorcier noire. J'ai attrapé, ma main moite s'y est posé, le bras de cette Ombre. Ses cheveux s'agitent autour d'elle, menaçants. Mais je l'ai quand même attrapée.

Attrapée.
Sauvée.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 09 févr. 2020, 18:05, modifié 1 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

08 févr. 2020, 23:11
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Ainsi offertes aux Etoiles, tes pensées te paraissent bien moins lourdes. Bien moins pesantes, sur tes frêles épaules.
Un soupir de soulagement t'échappe. La voilà, cette sensation que tu cherchais. Elle s'est enfin offerte à toi, t'a ouvert les bras. Tu t'y blottis avec plaisir, pleinement satisfaite.
Tu peux maintenant réfléchir calmement. Le vent dans tes cheveux, qui il y a quelques secondes seulement te procurait une peur intense qui faisait bouillir ton sang, te rassure à présent.
Même son sifflement strident ne te dérange plus.
Ta robe noire claque de temps à autres, tandis que, ainsi en hauteur, tu ouvres tes bras et tu souris à la Lune. 
Tu te sens bien, à présent.
Et tu te dis, sereine, que si Maë ne te dit rien, c'est son problème.
Tu oses même penser que si Papa était vraiment malade, il t'aurait prévenue. Si cette histoire était vraie, tu en connaîtrais les moindres détails. 
Même si tu es loin de la Maison, tu es tout de même de la famille. Tu es plus proche de Papa que de n'importe qui. 
Tu saurais.
Mais comme personne n'a jugé bon de t'expliquer, tu décides de cesser de t'effrayer toute seule.
Maë n'a répondu à aucune de tes lettres, tu n'en enverras plus. Tu vivras ta vie seule. Sans t'appuyer sur personne pour te relever. Sans jamais dépendre de qui que ce soit.
Parce que ça fait mal.
Un rire t'échappe. Clair, cristallin, qui se perd dans le Murmure de ton nouvel ami qui joue autour de toi.
Et, brusquement, tout cesse. Tout s'arrête, tout se ferme.
La Musique à tes oreilles ;
La Sensation si douce, si caressante ;
Ton Coeur en accord avec la Lune.
Il n'y a plus rien d'autre que le sentiment qu'il y a un intrus. Quelque chose qui n'est pas censé être là.
Quelque chose.
Ou quelqu'un.
La Secousse se répercute dans tout ton corps, tu étouffes un cri. 
La Peur revient, chassant ton bonheur. Ta Joie et tes Résolutions. Ne reste plus que la certitude que plus rien ne va.
Tu tournes brusquement la tête, chancelant à nouveau.
Une Autre, qui te fixe. De ton regard de glace, tu la fusilles sur place, te dégage brutalement.
Descends de ton promontoire où tu te sentais si bien, te plantes face à elle et lèves légèrement la tête.
Puis Attends.

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ent‘r‘êvée

09 févr. 2020, 20:49
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Le 28 décembre
En fin de journée
Cambridge, Forêt d'Aslan
Devant chez Jane Macbeth


La maison de Jane et ses parents. Sous mes yeux. Les membres de ma famille qui me semblent si loin de moi fourmillent autour de celle-ci. De toutes parts, des baguettes sont levées, des sorts exécutés, des malles fermées, déplacées. On se parle peu. Enfin, je crois. Je me tiens trop loin de l'agitation qui flotte autour de la bâtisse. Je ne saurais dire dans quel état sont tous ces sorciers de ma famille. Mais, ce midi, ils étaient tous si froids et graves. Certains étaient même hors d'eux. Le cris de mon oncle Neville - père de Jane - résonne encore à mon oreille. *J'éradiquerais tous les Moldus, leur Race, et vous devriez tous dédier votre vie à cette cause, venez avec moi à la Citadelle* scindait-il, debout, le poing sur la table. Et alors, en les regardant s'afférer dans la maison de Jane, dans laquelle j'ai passé un temps certain, je ne peux que voir la haine germer, dans un silence de Mort. Cassiopée n'est pas parmi eux ; elle se tient près de moi.

Un halo lumineux dans cette masse obscure attire mon œil. Les cheveux de Jane luisent à la faible lumière du jour qui se couche. Le ciel orange offre à Jane de rayonner. L'indifférence que son visage affiche me frappe, je fronce les sourcils. *Bordel* pensé-je douloureusement. Je sens que Cassiopée se tourne vers moi. Elle pose affectueusement une main chaude - probablement sortie de la poche de son manteau fourré - sur mon épaule. Ce contact me soulage autant qu'il m'attriste. J'enfonce mon nez froid dans l'écharpe que je porte autour de mon cou. C'est pourtant inhabituel chez moi, de porter une écharpe. Mais j'ai pensé qu'une écharpe pourrait m'être utile.

Jane s'approche dangereusement de nous. En arrière-plan, dans l'embrasure de la porte ouverte, fourmille toujours mes parents, mes oncles et tantes. L'instant suivant, Jane est devant moi. Elle plante ses yeux glaciers dans les miens, si bien que je ne m'autorise plus à regarder ailleurs. « A bientôt, Adaline. » me dit-elle, avant d'adresser un sourire à Cassiopée, qui se tient toujours à mes côtés. *J'sais pas* pensé-je alors. Je ne sais pas si je reverrais bientôt Jane. En fait, je ne sais plus rien. Les Moldus savent, et moi je ne sais plus rien. Peut-être ne reverrais-je pas Jane jusqu'à ce qu'elle entre à Poudlard. Mais l'échéance se rapproche. En Septembre prochain, je pourrais côtoyer Jane à Poudlard. Je me demande si avoir Jane à mes côtés me renforcera. *J'sais pas* En Septembre, je saurais. Mais pour le moment, Jane s'en va. Neville emmène Jane et Elizabeth - sa femme, que j'apprécie tant, et que je n'ai pas vu dans les fourmis - à la Citadelle. Il y travaille. Je crois que c'était déjà inacceptable. Et maintenant, il y emmène Jane et Elizabeth. Loin de moi. Mes sourcils sont toujours froncés, et je ne réponds toujours pas à Jane. Je lui adresse un signe de la tête ; résignée. Cassiopée m'a expliqué à quel point il serait dangereux de m'opposer à Neville, ses décisions, ses convictions, le Gouvernement Magique. Alors, je ne dis rien. Et bientôt, le soleil tombe. Jane et ses cheveux blonds ne sont bientôt plus qu'une Ombre que le ciel assombri. Elle se retourne, et repart. Ses cheveux lâchés volent autour d'elle, le vent se lève.

*


En haut de cette Tour

Elle tourne la tête. Puis se retourne. Finalement, elle dégage mon bras. Cette Ombre. Le peu de lumière qui l'éclaire ne me laisse rien voir. Rien entrevoir. Elle est toujours une Ombre. J'ai envie de m'en rapprocher, pour la distinguer. Pour m'en assurer ; m'assurer que ce n'est pas Jane. *Jane* je pense, faible, éreintée. Mon sac finit par glisser et se fracasser contre les pierres au sol, il me menaçait de le faire tout le long de ma montée au Sommet. Le vent souffle toujours et siffle à mes oreilles. Comme ce jour. Ce jour où Jane s'est retournée et qu'elle est devenue Ombre. Ce jour où ses cheveux volaient autour de sa tête. Comme ils le font encore ce soir. Je me perds dans les mèches noires qui ondulent au gré du vent, sous mes billes brunes. « Jane... » je murmure. Il se perd dans le vent, emporte le nom de ma cousine loin de cette Tour. Peut-être l'emmènera-t-il jusqu'à elle, là-bas. L'Ombre ne l'aura probablement pas entendu. Verra-t-elle mes lèvres bouger ? Je suis incapable de le dire, autant que je suis incapable de la voir. *Montre-toi* j'ai envie de lui crier.

J'ouvre les bras. Ça, je sais qu'elle le verra. J'ouvre les bras, désespérément, éperdument ; je m'abandonne. Le vent s'engouffre dans mes manches, se faufile dans ma robe. Tout est si froid. Si froid.

Et Jane est là. Le grain de Folie Éperdue qui passe en moi comme le fait le vent dans mes vêtements me laisse croire un instant à un reflet blond dans les mèches volantes que j'ai sous les yeux. Je m'abandonne à cette Folie. Je le sais, je sais que c'est Folie. *Pure Folie* Mais j'entoure l'Ombre de mes bras, brusquement, je me jette sur elle et l'enlace. Comme je n'oserais même pas le faire avec Jane.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 29 mars 2020, 16:30, modifié 3 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

10 févr. 2020, 22:35
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Elle ne bouge pas, pendant un instant.
Et tu crains que cette Autre ne soit en fait qu'une création de ton esprit. Un remède à ta solitude, quelque chose qui te fasse te sentir mieux, quelque chose qui t'aide à ne plus penser à la Famille.
C'est ainsi que tu les appelleras, à présent. Ne plus les nommer par leurs prénoms. Tu te détacheras un peu plus d'eux.
Ça sera mieux pour tout le monde. Tu espères simplement qu'ils t'oublieront le plus vite possible. Que tu ne seras qu'un pâle souvenir dans leurs esprits, un reflet sans couleurs, une fumée éphémère.
Que tu ne seras plus rien d'autre qu'une lueur, qui ne tardera pas à s'éteindre.
Un éclair dissipe brusquement les nuages dans ta tête. Illuminant tes pensées. Presque aveuglée, ignorant l'Autre-Ombre, tu fixes tes yeux sur tes amies Etoiles et cherches.
Et s'ils t'oubliaient réellement ? Grâce à, par exemple, une potion ?
*Hein ? Attends, qu'est c'que tu racontes Youss ?*
Sans te laisser davantage le temps de réfléchir, l'Autre-Ombre esquisse un mouvement et tu te tournes brutalement vers elle. 
Ses bras ouverts, sa robe qui claque dans le vent, sa queue de cheval ballottée en tous sens, la font ressembler à un ange déchu.
Un ange que la vie aurait vidé, que le destin aurait mutilé. Une créature de lumière devenue une Ombre, un Rêve brisé.
Tu plisses les yeux, et, brusquement, elle t'enlace. Ses bras, ses ailes, s'enroulent autour de toi, sans que tu ne puisses esquisser le moindre mouvement.
Figée, le moindre de tes muscles contracté au maximum, tu es si silencieuse que même ta respiration paraît inexistante.
Et pourtant elle est bien là, entrecoupée, hachée. Tu sens ta gorge obstruée, par quelque chose qui ressemble à un sanglot.
Quelque chose qui vient du plus profond de ta poitrine et dont tu ne sais pas que faire.
*Y s'passe quoi ?*
Tu ne fais aucun mouvement pour te dégager alors que le contact même de l'Ange te dégoûte presque. 
Tu te sens perdue, en fait.
Partagée entre la folle envie de fuir. De sauter, pour être enfin Libre.
Et celle de t'effondrer au sol et de pleurer toutes les larmes de ton corps.
Une autre forme de Liberté, en fait. 
Non, pas une Liberté, une Libération. Pour enfin te sentir pleinement reconstruite.
Pour enfin pouvoir te détacher entièrement de la Famille, des Autres, de tout le monde. De tous ceux qui te font du mal.
Pour enfin pouvoir avancer. Seule, certes. Mais en sécurité.
Tu frémis violemment, chuchotes à la Lune et à l'Ange :

« Toi non plus, tu peux plus voler ? »

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ent‘r‘êvée

10 févr. 2020, 23:29
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Le 30 décembre 2044
Dans l'après-midi
Cambridge, Forêt d'Aslan
Devant chez Jane Macbeth


Depuis que Jane est partie, il y a deux jours, je ne suis pas sortie de chez moi. C'est tout juste si je suis sortie de ma chambre. J'étais sous la couette, avec Lune pour bouillotte, et des livres pour compagnie. Je croulais sous les bouquins. J'ai réussi à en lire trois, en ne descendant que pour manger, et pour quelques autres choses élémentaires. Mais, cette après-midi, alors que je referme le bouquin que je viens de terminer, je suis secouée de toux. Alors, je descends. Lentement, je languis sur chaque marche de l'escalier jusqu'au rez-de-chaussée, la cuisine rustique. *De l'eau, il me faut de l'eau* pense mon Esprit. Lune est sur mes talons, je le remarque quand elle miaule, le nez dans sa gamelle. Je sers Lune et me sers ensuite, d'eau fraîche.

Bientôt, c'est un tout autre sentiment qui me prend, ma toux seulement apaisée. Mon cœur pique. Comme si des doigts enfoncés dans ma poitrine pinçaient mon organe vital. Pour lui faire mal et l'agacer. *Bordel* pensé-je ; je sais. Et ça m'écorche. Devant moi se dresse mon jardin, que je connais si bien. Un rayon de soleil froid - tant nous sommes en hiver - passe sur l'herbe blanchie, et m'appelle dehors. Je grogne mais Lune gratte déjà contre la fenêtre. Peut-être vais-je me servir d'elle comme d'une excuse. Je grogne toujours lorsque je me dirige au pied de l'escalier, et que je saisi la cape d'hiver pendue au porte-manteaux. Je tente de ne pas penser à ce que je suis en train de faire, je me mets plutôt à réfléchir au prochain livre que je vais lire, avant de devoir retourner à Poudlard, et de quitter cette pièce remplie d'ouvrage que cache Cassiopée - dans laquelle j'ai fais des courses. *Qu'est'c'que j'fais* je ne peux m'empêcher de penser, lorsque mon premier pied fait crépiter l'herbe givrée devant la porte-fenêtre. Lune s'élance déjà dans le jardin. J'ai à peine fermé la porte derrière moi que je ne la vois plus. Mais je ne dis rien, je sais qu'elle me retrouvera, qu'elle sait où je vais. Je contourne ma maison pour me retrouver dans l'allée ; la vulgaire allée de gravier qui lie ma maison aux autres maisons - celles des membres de ma famille. Je grimace en y pénétrant, en y mettant un pied chancelant. Mais je finis par m'y engager décidément. Je la traverse jusqu'à pouvoir me planter de la maison de Jane, déchue. La maison me paraît si sombre.

« Une de moins, » murmure Cassiopée derrière mon épaule. Je me retourne, brusque, prise par la surprise qui m'arrache le souffle. *J'l'ai même pas entendue* je me plains. Mes pensées doivent être trop sourdes pour avoir entendu Cassiopée s'avancer jusque derrière moi. Puis je sais toute l'ampleur de ses mots. *Une de moins* Elle parle de l'autre maison, celle qui est en face. Celle qui est vide, elle aussi. Celle qu'habitait autre fois tante Amanda, son horrible mari et ses horribles filles - mes cousines, mais aussi cet adorable et regretté Louis - jeune cousin très affectueux. Ils sont partis, il y a presque un an. En mai, lorsque le Ministre de la Magie a été renversé, Amanda et sa famille étaient à Paris - mon oncle étant français. Les choses étant ce qu'elles sont, et les désirs de mon oncle étant aussi ce qu'ils sont ; ils n'en sont jamais revenus. J'imagine que, maintenant - maintenant que les choses sont si graves que Jane s'en va - ils ne risquent pas de revenir un jour.
La remarque de Cassiopée aurait pu être déplacée. Il était si cynique de dire cela, devant moi, devant la demeure de cette déchue cousine. Mais je sais que c'est pour elle un Aveu. Cassiopée a construit cet endroit, avec sa Magie, pour ses enfants. Voir Amanda partir était un déchirement, j'en suis sûre. Et, en quelques sortes, un échec. Et cette fois, c'est Elizabeth et Jane qui s'en vont - Cassiopée, comme moi, ne portons pas Neville dans notre cœur. Je sais que Cassiopée avait beaucoup d'estime pour Elizabeth. Tout comme moi. Je peux encore sentir son odeur fleurie courir autour de moi, alors qu'elle pose sa main sur ma tête. *Prends soin de toi, Adaline* m'avait-elle dit, en m’enveloppant dans son regard azur.

*


Là-Haut

Ma tête tombe contre la sienne. Mes bras sont agrippés tout autour d'elle. J'ai l'impression de m'y prendre mal. Dans mes doigts se sont coincés des mèches de ses cheveux. Ses cheveux d'Ombre, qui ne glissent même pas dans mes mains, qui s'y accrochent désespérément. Si je me concentrais, ma Folie les ferait crier ; sauve-moi. Mais probablement serait-ce ma propre Folie qui appellerait à l'aide. pendant de longs instants, l'Ombre ne me file pas entre les doigts. D'ailleurs, en écrasant mes bras autour d'elle, j'ai été étonnée qu'elle ai une constance, qu'elle soit faite de chair. D'une chair immobile et froide. D'une chair qui ne se défend pas contre mon agression. Une chair qui n'essaie pas de reprendre ce que je lui prend. *Jane* me chuchote encore ma Folie.

Puis, subitement, dans mes bras, l'Ombre frémit. Bientôt, je prend pleine conscience qu'elle n'est pas une Ombre. C'est comme si elle vibrait. Probablement a-t-elle froid. Je meurs de froid, moi aussi. J'aimerais que pieds bien soit emmitouflés dans ma couette plutôt qu'enfermés dans ces chaussures.

« Toi non plus, tu peux plus voler ? » Je me fige. Mes yeux sont grands ouverts, exorbités, effrayés. Pourtant, ses mots glissent naturellement dans mes oreilles. *Jane !* me crie ma Folie. Je la lâche, j'ai besoin de la regarder. Mais, toujours, rien ne nous éclaire - si ce n'est un quartier de la Lune. Je plante mes yeux dans son Sillage, sur son Ombre, sur Jane.
« Pourquoi t'es partie ? » je demande, sincèrement, poussée seulement par ma Folie, l'illusion que Jane se tient devant moi. *Reviens* « Pourquoi tu voles, et qu'moi j'peux plus ? » je lui demande encore, plus fort.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 29 mars 2020, 16:30, modifié 4 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

11 févr. 2020, 00:05
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Tu ressens tout comme si ici, en Haut, était exacerbé. Comme si tout était grandi, décuplé, comme si tes sensations se retrouvaient intensément plus grandes.
Comme si la place qu'elles prenaient dans ton coeur était immense.
Comme si tout ce que tu pensais était doublé et que tu ne t'en remettrais jamais tant les Echos étaient puissants.
Tu sens tout. 
Le Murmure a repris et joue sa douce musique caressante dans ton oreille. Il te chuchote ses Secrets, mais tu ne peux te permettre de les écouter.
Ce qu'il veut te révéler, tu ne pourras ni le croire ni l'encaisser alors tu fais la sourde oreille.
Tu ignores mais te laisse porter par la mélodie.
Tu sens son froid polaire sur tes bras. Tes manches se sont légèrement remontées, alors tu les imagines se transformer en glace et ça t'arrache un sourire.
Tu es gelée, mais tu n'y penses même pas. Tes frissons sont les cadets de tes soucis. 
Seule compte l'Ange qui est encore accrochée à toi. 
Tes cheveux sont tirés, tu étouffes un petit cri de douleur et retiens ta tête qui manque de partir brutalement en arrière. 

Tes poings, emprisonnés entre les Ailes, se serrent instinctivement, tout comme tes dents.
Tes yeux sont devenus durs, et tu es résolue à agir.
Mais l'Autre-Ombre ne t'en laisse pas l'occasion. Elle te recule, garde son visage en face du tien.
Ce visage dont tu ne connais rien, dont tu ne distingues rien. Une courbe, celle du nez. Deux tâches sombres, les yeux.
Ta seule indication quant à Celle qui est en Face. Avec ses cheveux-qui-volent. 
Tes paupières se ferment, et tu plonge, un instant.
Pour te Rappeler. 
Mais ta conscience te fait refaire surface aussitôt. 
Ne plus jamais se perdre dans le Passé, c'est ce que tu t'es juré. 
Tiens parole. 
Ses Mots coulent comme le sang s'écoule d'une plaie, se déversent sur toi. 
Quelqu'un de rationnel aurait mis ses paroles sur le compte de la fatigue. 
Mais tu t'interdis de penser une telle chose.
Pourquoi ? Tu ne le sais même pas toi même.
Un instinct, peut-être. Une Certitude Inconsciente dont tu ne connais rien d'autre que l'idée.
Ses Mots, comme des dizaines de flèches empoisonnées, se plantent dans ton coeur. 
Une larme, cette petite perle de cristal, si fragile, qui possède pourtant tant de pouvoir, roule sur ta joue, laisse un sillon. Et cette étrange sensation de froid.
Tu clignes lentement des paupières, soupires silencieusement. Pries pour qu'elle ne voie pas ta Larme. Pour qu'elle disparaisse avant que qui que ce soit l'aient remarquée.
Lune, elle s'est rendue compte que tu pleurais ? Et Vent, lui as-tu dit ?
Peuvent-ils te consoler ?
*J'me console toute seule.*
En es-tu sûre ? 
Tu cries brusquement, dans le Secret de ton coeur :

« J'vole plus. J'suis vide ; j'ai plus d'ailes. Rien. »

Mais le chuchotis qui sort de ta bouche n'est pas si différents des autres. La seule chose qui le distingue est cette indéniable touche de tristesse, de désespoir.

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ent‘r‘êvée

15 févr. 2020, 00:39
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Ce même 30 décembre 2044


Rejointe par Cassiopée, je me dois de faire le deuil ; le deuil de Jane dans ma vie, pour l’instant. J’exagère probablement, je retourne bientôt à Poudlard. Et que Jane soit là, ou pas, ne changera rien à cela. Je retournerais dans ce château, vivre ma vie. *Heureusement qu’y’a Lune* pensé-je, en jetant un œil à mes pieds – pour voir si la boule de poils s’y trouve. Elle n’est pas là. Je hausse les épaules, et glisse de nouveau mes billes sombres sur la maison de Jane.

Finalement, je me demande si ce n’est pas à Cassiopée de faire le deuil. Elle aimait passer du temps avec Elizabeth – et probablement avec Jane aussi. C’est à elle qu’elles vont manquer. En plus de ça, Jane me rejoindra à Poudlard, si tenté que l’école soit toujours debout. Je doute.
Cassiopée pose sa main sur mon épaule, elle est lourde, presque insoutenable. Elle est lourde de peine, remplie de tristesse. Je le sens. « Tu viens ? On s’assied, » me dit-elle, avant d’ôter sa main et se diriger vers la maison. Quelques marches réhaussent le perron, c’est là que se dirige Cassiopée. Quelques instants, je la regarde avancer. Ses ballerines vieillottes sont presque couvertes par une jupe violette, en crêpe. Un gros manteau couvre ses épaules.
Finalement, j’avance moi aussi. Je rattrape rapidement Cassiopée – elle est assez lente – mais on fini par s’asseoir toutes les deux sur la marche la plus haute. « Tu sais pourquoi Jane est partie ? » me demande-t-elle alors. *Parce que c’est l’bordel* je pense d’abord. Mais je ne peux pas me donner cet air avec Cassiopée. « Parce que… je commence, douloureusement, Les moldus savent. »

Je sens le regard de Cassiopée sur moi. J’ai compris, je crois. « Je t’ai raconté, ce qu’on dit dans les journaux sorciers. Les moldus ont appris notre existence. Et ils se sentent menacés par notre Magie. Je crois… » sa voix se casse. Je la regarde à mon tour. Son visage exprime toute la douleur qu’elle a à accepter cela. Je n’ai jamais vu son visage se déchirer ainsi. Cela me bouleverse. Alors je fronce les sourcils. Mes yeux brûlent, comme quand j’ai envie de pleurer. Mais ils sont secs, si secs. Je n’ai pas pleuré, tout ce temps. Je n’ai pas pleuré lorsque Poudlard a été secoué par le Bal Cauchemardesque. *J’peux pas pleurer ?* Je me demande, alors que, pourtant, je crois que cela me ferait du bien.
« Je crois qu’on est plus en sécurité. » Et cela lui coûte. Je sais à quel point elle aime les moldus, pourtant. Elle a des amis moldus. Je sais qu’elle ne les a plus vu depuis longtemps, maintenant.


*


Tout Là-Haut

Le vent claque sur nous, deux Ombres Là-Haut, et dans nos oreilles. S’il n’était pas là, Là-Haut, le silence se serrait installé. Parce que mes mots sont déjà partis. Il se sont envolés aussi vite que je les ai prononcés. Mais elle les a entendus, sous mes doigts – accrochés à chacun de ses bras – je la sens se contracter. Alors, je sais qu’elle a entendu. *Est-c’qu’elle vole ?* je me demande, non elle ne vole pas. Jane ne vole pas, Jane est probablement prisonnière dans une cage ; la Citadelle.

Je suis tout près d’Elle, tout prêt de l’Ombre, tout près de Jane. Mais le vent souffle, sinon je l’entendrais probablement respirer. Je n’y vois rien, peut-être que je suis trop prêt. Trop prêt que même ma Folie n’y voit rien. « J’ai plus d'ailes, » je crois l’entendre dire. *Elle vole plus* c’est certain. Merde, je me sens mal. Mon front se met à transpirer ; mais très vite le vent rappelle la sueur à lui, l’aspire, l’enlève de mon front. Mais j’ai chaud. Et je me sens mal. C’est à cause d’Eux, que Jane ne vole plus. C’est à cause d’Eux qu’Elle n’a plus d’ailes.
Etrangement, la Folie me prend encore. « Ils ont pris tes ailes ! » je lui crie, et je la secoue. Mes doigts ont toujours leurs emprises sur ses bras ? Et je permets de la secouer. Pourquoi ? « Bordel ! Ils ont pris les miennes aussi » j’avoue, fermement, faiblement à la fois.

« Pourtant, j’suis comme eux » Et si Elle voyait mon visage, elle verrait tout le dégoût qui l’anime. Toute la peine et la colère mêlées dans le bordel de mon visage.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 29 mars 2020, 16:30, modifié 2 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

21 févr. 2020, 00:24
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Et si elle n'était, en fait, qu'un hallucination ?
Et si ton esprit torturé, désespéré, venait de créer une Inconnue, un Ange ? 
Et si tu l'avais imaginée, simplement imaginée ? 

Comme si ton coeur, ton âme, refusaient de t'abandonner à la Nuit. Comme s'ils ne voulaient pas prendre le risque de te laisser seule. Comme s'ils s'inquiétaient de voir que tu n'étais pas capable de rester là, perchée sur ton parapet. Comme s'ils n'avaient plus confiance en toi.

Tes pensées, malgré l'idée que l'Ange ne soit qu'un effet de ton esprit, tentent de rester ordonnées.
S'accrochant au dernier filament de lucidité qu'on trouve au fond de ton cerveau. La dernière chose qui t'empêche de craquer.
Ce qui t'a toujours permis de tenir, depuis si longtemps.
Une conviction.
*Ne jamais dépendre de personne. Ne jamais montrer ses faiblesses.*
Tes yeux se ferment un court instant, et lorsqu'ils se réouvrent se produit quelque chose que jamais tu n'aurais cru possible. 
Tu ouvres la bouche, ton visage se contracte. Une expression de douleur intense s'exprime sur tes traits, vestige d'un passé que tu pries pour oublier. 
Souvenirs qui affluent.
Les larmes, comme un torrent gelé, violent et incontrôlable, dévalent tes joues, glissent dans ton cou, trempent ton vêtement.
Tu as de plus en plus froid.
Alors, tandis qu'auparavant tu te trouvais tout prêt du rebord, tu te laisse glisser contre lui. Lui fais confiance pour supporter le poids de ton corps affalé dessus et, avec, toutes tes peines et tes regrets qui forment une tonne de tristesse pesant sur tes frêles épaules. 
Tu te laisses donc glisser, de tout ton long. 
Et souffles, lasse de résister :

« Ils en ont rien à foutre de nous. Qu'on soit morts, qu'on ait plus d'famille ou qu'on ait plus d'ailes, ils s'en foutent. »

Puis tu prends un inspiration, tentant de calmer les violents sanglots qui commencent à secouer ta poitrine.
Et tu cries, à la Lune et aux Etoiles, au Vent et à la Nuit, ton désespoir. 

« Putain j'en ai ras le bol de tout ça ! J'en peux plus. J'veux juste qu'on m'foute la paix. J'veux Oublier. »

Et ton cri, ton appel au secours, résonne, longtemps. Dans ton coeur, dans tes os, partout en toi. Et dans l'obscurité de la tour.

• ‘til it seemed
that Sense was breaking through — •

ent‘r‘êvée

24 mars 2020, 17:25
Ouvre tes Ailes  Privé A.MB 
Ce même 30 décembre 2044
Obsédée


Ainsi assise, je m'offre aux aveux de Cassiopée. C'est le genre de moment qui nécessite toute mon attention. Je fais toujours particulièrement attention à ce que veut bien me révéler Cassiopée ; sûrement parce qu'elle est la seule adulte qui me soit et accessible et intelligente. Je sais que c'est le cas. Je n’énumérerais pas chacun des membres de ma famille et leurs caractéristiques mais je déplore cette chose qui est en chacun d'eux, quelque chose qui ressemble à de la paresse intellectuelle. Comme si ils n'avaient pas besoin de savoir entretenir de bonnes conversations, comme si ils n'avaient pas besoin de s'intéresser à la Vie et ses contours intellects, comme si ils leur suffisaient d'être à peu près capable de converser. Je ne suis pas sûre de saisir toutes les raisons de la médiocrité que je ressens – même si c'est d'abord Cassiopée qui me la faite savoir.

Et donc, mes deux mains sont posées sur mes genoux et mon cou est tordu pour regarder Cassiopée. J'aime voir son visage car il est à la fois expressif et pensif, j'aime le regarder souvent. Elle ne me regarde pas. En tout cas lorsqu'elle me fait des confidences ; elle ne me regarde jamais. Peut-être est-ce trop dur pour elle ? En cet instant, c'est sûrement parce que c'est trop dur pour elle. Son visage s'est déjà déchiré – sous mes billes brunes attristées – alors il ne reste plus que les lambeaux de sa défaite sous lesquels luisent toujours son aura magique.

Je suis prête à l'écouter. Elle le sait parce que je vois sa bouche s'ouvrir lentement. *Dis moi* pensé-je, tendrement. Je me surprend à la considérer comme quelque chose de fragile alors que son aura magique m'inonde encore de sa puissance. Je suis si petite. C'est souvent ce que les gens petits font pour se rassurer devant la grandeur d'autres. Je ne pourrais y échapper, tant je suis petite.

« J'aime les moldus. Tu le sais, n'est-ce pas ? Elle marque une pause et j'acquiesce. Le bruit que font mes cheveux lorsque je bouge la tête lui suffit. Mais ils n'ont pas notre Magie. Bien que la Magie tombe parfois sur certains enfants moldus. Les moldus adultes, eux, n'ont rien de notre Magie. Ne les mettons pas tous dans le même sac, j'y tiens. Cependant, les événements récents me poussent à réfléchir : qui de nous a tord ? »

J'écoute, je m'abreuve. Et lorsqu'elle s'arrête, je réalise. *J'en sais rien* mais le sait-elle ?

Elle m'apprend ensuite qu'elle ne le sait pas. Qu'il lui faudra y réfléchir longuement. Elle sait qu'elle doit redoubler d'efforts pour protéger notre hameau et je sais qu'elle a raison – j'aimerais être forte et lui apporter le soutien qu'elle mérite, son âge avancé bien que raisonnable pour une grand-mère risque de lui porter préjudice un jour ; la Vie n'est pas infinie. *Mince* je pense. je ne réalise pas encore à quel point le départ de Jane affecte tout le monde. Pas seulement ma grand-mère. Mais sûrement mes parents aussi...

« Adaline... Je crois que bientôt d'autres suivront Neville. Peut-être que ton père voudra que vous vous installiez là bas vous aussi. »

*


Je la laisse tomber. En fait, elle me glisse des mains, comme un objet glissant échapperait des mains d'un maladroit, comme quelque chose de trop lourd des mains d'un faible, comme une Ombre des mains de Lumière. Elle s'évanouit et l'Ombre s'étend sur le sol. C'est tout comme. Elle doit être assise, là, dans l’obscurité qui entoure de ses remparts la Tour d'Astronomie. Elle est là, dans cette masse noire et dense. *Quelque part*

Et c'est comme si j'acceptais de la laisser partir. J'aurais aimer la tenir dans mes bras et croire qu'elle est Jane. Mais peut-être que ce n'a jamais été rien d'autre qu'une Ombre, une Ombre que mon Esprit Fou a imaginé. *Non !* crié-je, non : je l'ai entendue. Suis-je si atteinte de Folie qu'il m'est impossible de distinguer quoi que ce soit ? Mon cœur brûle, de cette Folie.

Alors il faut que je sache.

Je me penche pour la toucher. Pour m'assurer qu'elle était bien entre mes mains. Difficilement, mon dos s’arque et mes yeux accueillent l'obscurité encore un peu plus. Ma main s'en va pour l'atteindre. *Vite* je pense, pour me donner force et détermination. Mais...

« Ils en ont rien à foutre de nous. Qu'on soit morts, qu'on ait plus d'famille ou qu'on ait plus d'ailes, ils s'en foutent. »

Dit-elle dans un souffle. Que j'entend perceptiblement cependant. Je n'ai plus besoin de l'attraper pour croire en son existence. Enfin, je crois. Mais ce n'est pas tout, je crois saisir des sanglots. *Elle pleure ?* me demandé-je. *'Pas sure* alors j'évite d'y penser.

« Putain j'en ai ras le bol de tout ça ! J'en peux plus. J'veux juste qu'on m'foute la paix. J'veux Oublier. »

Elle crie. Ces mots me tranchent. Mais ils tranchent plus encore les nuages. Il me semble qu'un rayon de Lune se fasse Lumière et éclaire l'Ombre ; elle n'est pas Ombre et n'est pas Jane. Elle est bien en chair. Mais déjà, j'ai l'impression de m'être tellement livrée que la honte ne pourrait pas m'atteindre. C'est comme si j'avais grimpé trop haut sur une échelle. *Elle est réelle* s'inquiète mon Esprit Fou. *Elle n'est pas Jane* s'enquiert mon Esprit Fou. Mais cette fois, il est face à Elle et à l'éclat qui brille dans ses yeux. En fait, pour être honnête avec Elle et moi-même, c'est des milliers d'étincelles qui perlent ses joues bercées par le rayon lunaire.

Cette fois, je tend la main. Je crois que je la pose sur un de ses genoux.

« Plus de famille... Tu n'as plus de famille, Petite Etoile ? » je lui demande.

Parce que ces mots-là plus que les autres me frappent.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 29 mars 2020, 16:30, modifié 2 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année