@Unna Bright

Unna n’était pas particulièrement enchantée d’aller en cours d’astronomie ce soir-là. Ce n’était pas une matière qu’elle appréciait particulièrement même si elle se débrouillait plutôt bien. Elle était plutôt fatiguée de sa semaine et de son début d’année en général. Elle avait tout fait pour réussir en cours et ça avait fonctionné. Mais après ce début d’année épuisant, elle était pressée d’être en vacances.

En montant les interminables marches de la haute tour, elle pensa à Steve, ce garçon avec qui le professeur Briggs l’avait mise en binôme. Quelle idée il avait eu de la mettre en groupe avec un garçon qu’elle ne connaissait absolument pas et qui n’était même pas de sa maison ! Steve semblait aussi timide que Unna et leur conversation se résumait le plus souvent à un silence. Heureusement, ils avaient dû travailler sur un devoir ensemble et ça leur avait permis de discuter d’étoiles. Tout s’était alors détendu entre eux. La jeune aiglonne avait découvert à quel point Steve était gentil et attentionné. Elle sentait bien qu’il faisait de son mieux pour que tout se passe bien.

Avec ses cheveux bruns et ses beaux yeux verts, Unna devait bien se rendre à l’évidence ; son coeur battait un peu plus vite en sa présence. Même si elle n’en avait parlé à aucun de ses amis, et qu’elle n’osait même pas se l’avouer à elle-même, quelque chose l’attirait chez Steve. Elle croyait déceler une certaine tristesse dans ses yeux par moments, mais peut-être avait-elle rêvé.

Plus elle s’approchait du haut de la tour et plus son pouls s’accélérait. Et même si elle se disait le contraire, ce n’était pas que le léger exercice physique que constituait la montée des marches qui était en cause. Elle entra en classe, il était là évidemment, comme tout les vendredis. Elle s’assit seule à une table, non loin de lui.

Les minutes défilaient mais elle n’arrivait pas à se concentrer sur le cours. Contrairement à ses habitudes, elle laissait son esprit divaguer et passait un temps conséquent à empêcher son regard de se déporter vers Steve.

Je me suis moi aussi abonné

M . Briggs sortit Unna de sa rêverie en décidant de mettre les élèves par deux pour travailler. Elle se retrouva avec une fille brune de Serdaigle qu’elle connaissait peu. Elle fut un peu déçue de ne pas être avec Steve, elle aurait aimé avoir une occasion de parler avec lui et peut-être de le connaître un peu plus. Finalement, elle ne savait presque rien de lui. Elle ne savait même pas d’où il venait et s’il avait des frères ou des sœurs. Ils ne se voyaient pas du tout entre les cours. Après tout, ils vivaient dans des parties opposées du château : Unna dans sa tour et Steve dans les cachots. Elle se demandait s’ils étaient très différents. Elle savait déjà qu’ils étaient plutôt timide tous les deux. Unna sursauta quand sa camarade l’appela doucement. Elle s’excusa, et essaya de se concentrer sur son travail. Elle qui d’habitude était très réactive et participative, elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait ce soir.

Plus tard pendant le cours, le professeur alla voir Steve qui avait apparemment du mal à se concentrer également. Elle se demandait pourquoi. Cette fois, elle autorisa son regard à se poser quelques instants sur le jeune serpent. Il choisit justement ce moment pour se retourner vers elle, et croisa son regard à peine un instant avant de faire volte-face précipitamment. Les joues de Unna virèrent au rose soutenu. Elle ne pouvait pas s’empêcher de rougir, à la moindre émotion, elle changeait de couleur. Elle ne pouvait rien cacher. C’était très gênant, mais heureusement personne n’eut l’air de le remarquer. Le cours pris fin et Unna commença à ranger tranquillement ses affaires. Elle n’aimait pas tellement la cohue et attendait souvent que tout le monde soit sorti avant de sortir elle-même. Il n’y avait donc presque plus personne quand elle dit bonsoir au professeur et qu’elle passa la porte de la classe.

Steve était tellement concentré sur Unna qu’il ne vit pas le professeur arriver vers lui. Il lui demanda ce qu’il s’était passé tout à l’heure. Steve lui répondit un peu précipitamment tout en regardant Unna qui avait disparut dans les escaliers :
« Non ce n’est rien Monsieur, je suis juste un peu fatigué. »
M. Briggs lui dit alors quelque chose comme : « Il est normal qu’à cette heure là tu commences à être fatigué » ou quelque chose du genre, mais Steve n’écoutait pas. Il avait trouvé comment demander à Unna de venir avec lui au bal.

Il sortit quasiment en courant de la tour en lâchant un bref : « Au revoir. » à M. Briggs et descendit les marchés quatre à quatre. Il entendait encore les pas de la jeune demoiselle dans les escaliers. Quand il arriva, il lui prit la main, la regarda dans les yeux et lui déposa le mot qu’il avait préparé à la va vite avant de sortir de la tour : « Rejoins-moi dans 1 heure en haut de la tour d’astronomie, signé Steve »

Il espérait qu’elle serait compréhensive, referma sa main et lui dit :
« À tout à l’heure »

Il partit au pas de course, le baume au cœur, en direction des cachots pour se changer avant d’aller la retrouver, en espérant qu’elle y soit.

Lorsque Unna passa les portes de la classe, Steve était encore en train de parler avec le professeur. Peut-être qu’ils se croiseraient quand il sortirait. Elle commença à descendre tranquillement les marches et se demanda ce qu’elle allait pouvoir faire ce week-end. Sûrement pas de devoirs. Sans doute déjà faire la grasse-matinée et puis se promener dans le parc et autour du lac, aller courir un peu, lire un bon roman, et passer un peu de temps avec son frère. Oui, voilà un programme digne de ce nom.

Elle arrivait presque en bas des escaliers, c’est alors qu’elle entendit des pas précipités derrière elle. Elle se retourna, c’était Steve qui avait descendu les marches en courant. Il prit sa main et plongea ses yeux verts émeraude dans ceux d’Unna qui se figea complètement, plus rien ne bougeait en elle, même pas sa respiration. Malgré sa timidité, elle soutint son regard. Elle ne comprit pas pourquoi il lui dit "À tout à l’heure". Il partit aussi vite qu’il était arrivé. Le cœur de Unna faisait des bonds impressionnant dans sa poitrine. Jamais elle n’aurait pu s’attendre à une telle situation. Elle s’assit sur une marche et porta sa main à son cœur pour se calmer. À ce moment-là, elle sentit qu’il y avait quelque chose dans sa paume, un morceau de papier. Elle l’ouvrit et lu : « Rejoins-moi dans 1 heure en haut de la tour d’astronomie, signé Steve ».

La jeune aiglonne dû relire son mot plusieurs fois. Mille pensées se bousculaient dans son esprit. Pourquoi voulait-il la voir ? En haut de la tour d’astronomie qui plus est ? Ils en venaient. Et il était déjà tard, elle ne voulait surtout pas enfreindre le règlement. Elle ne savait même plus à quelle heure était le couvre-feu. En plus, ils seraient seuls tous les deux… Allez Unna, calme-toi. Il ne serait que 23h, ce n’était pas si tard après tout, et elle pourrait toujours dire qu’elle avait oublié son livre en cours si elle rencontrait un professeur. La curiosité d’Unna l’emportait petit à petit dans sa tête. Elle voulait vraiment savoir ce qu’il avait à lui dire et passer un peu de temps avec lui.

Elle se dirigea vers la tour des Serdaigle, prit une douche et décida de se changer et de mettre une tenue moldue (après tout c’était le début du week-end) : sa jupe patineuse bleue et un chemisier blanc.

Unna sortit de la salle de bain du dortoir et allait s’éclipser pour rejoindre la tour d’astronomie lorsqu’une de ses camarades de dortoir lui lança :
- Unna, qu’est-ce que tu fais toute pomponnée comme ça ? On dirait que tu vas sortir faire les boutiques en ville ! Pourquoi tu n’es pas en pyjama ?
Unna ne la connaissait pas très bien et n’osa pas lui dire pourquoi elle n’allait pas se coucher. D'ailleurs, c'est sans doute ce qu’elle aurait été en train de faire en temps normal.

- Je ne suis pas fatiguée et j’avais juste envie de changer un peu de ma robe de sorcière pour une fois. Je vais lire un peu dans la salle commune.
Ce n’était pas la première fois qu’elle lisait sur le petit canapé à des heures tardives. Elle avait souvent du mal à s’endormir et c’est d’ailleurs comme ça qu’elle avait rencontré son amie Emma.

- Lire... Mais tu n’as pas de livre... dit-elle d’un air dubitatif.
Il ne manquait plus que ça. Unna était déjà bien assez stressée par sa rencontre avec Steve pour devoir encore réfléchir à une excuse.
- Tu as raison, mais je pensais en choisir un nouveau dans le petit salon. À tout à l’heure, si tu ne dors pas encore.

Et Unna partit à toute vitesse pour éviter de subir un autre interrogatoire. C’était la première fois qu’elle sortait hors de son dortoir à une heure pareille. C’était à la fois excitant et un peu effrayant. Le château était plongé dans un silence immobile. Il était vivant différemment, comme si une douce respiration s’en échappait. Unna trouvait ce sentiment très agréable, comme si elle partageait un secret avec lui. Elle monta les marches d’un pas léger. Les battements de son cœur s’accéléraient un peu plus à chaque pas. Arrivée en haut, elle prit une grand inspiration et s'avança dans la pièce.

Steve entendit Unna avant de la voir. Son cœur fit une embardée. Ses joues devinrent rouges comme des tomates. Son souffle se fit précipité et son rythme cardiaque augmenta si fortement que des médecins auraient pu devenir fou.

Steve pensa alors une seule chose, une chose à la fois belle et à la fois angoissante : il était amoureux d’Unna.

Elle passa la porte de la tour vêtue d’un chemisier blanc et d’une jupe bleue très jolie. Steve commença à rassembler ses idées pour essayer d’être le moins long et le plus compréhensible possible :

« Unna... Comment t’expliquer... commença-t-il. Déjà, je suis désolé de t’avoir fait braver le règlement de l’école, mais c’est pour la bonne cause, affirma-t-il, un sourire gêné au coin des lèvres. Ensuite... comment te le dire... Voilà ! La premiere fois que je t’ai vue, tu m’as, comme qui dirait, taper dans l’œil. Ensuite, M. Briggs nous a mis ensemble, et j’ai commencé à te découvrir, même si tout ce que je sais, c’est que tu est plutôt douée en astronomie, rigola-t-il. C’est pour cela que je voudrais savoir si... tu serais d’accord pour être ma cavalière au bal d´Halloween ? Ne te sens pas obligée de répondre tout de suite ! C’est juste une proposition... »

Steve paraissait tout gêné de sa prise de parole.

Il était là, de dos, la tête légèrement relevée, en train de regarder les étoiles. Il se tourna face à elle en l’entendant arriver et se mit à lui parler assez vite, ce qui évita qu’un silence gênant ne s’installe. Il s’excusa de lui avoir fait enfreindre le règlement. Unna pensa que c’était plutôt une bonne chose, il n’avait pas l’air d’être un habitué des balades nocturnes. Elle se dit qu’il ne lui en avait pas fallu beaucoup pour déroger à ses principes et aux engagements qu’elles s’était fixés avant d’entrer à Poudlard – dont, ne jamais faire quoi que ce soit qui pourrait lui valoir une punition. Elle avait été bien trop curieuse et au fond, le léger frisson que lui donnait le sentiment de faire quelque chose d’interdit était plutôt agréable. Elle espérait ne pas trop y prendre goût.

Elle fût assez surprise de sa remarque, tapé dans l’œil… Je crois que jamais elle n’aurait osé utiliser elle-même cette expression mais elle se sentit plutôt flattée malgré tout. Puis, il lui fit une demande à laquelle elle ne s’attendait absolument pas : « C’est pour cela que je voudrais savoir si... tu serais d’accord pour être ma cavalière au bal d´Halloween ? ». Le bal d’Halloween ? Unna n’y avait que très peu pensé. Elle ne se doutait pas que quelqu’un voudrait l’y inviter. Elle pensait tout simplement y aller avec ses amis, comme beaucoup de premières années. Elle fût très touchée par sa demande qui la laissa sans voix un moment. Elle était trop gênée pour profiter pleinement de cet instant sous les étoiles mais elle y repenserait souvent par la suite en se disant que ça avait vraiment été une demande romantique. Elle ne savait pas si un son allait réussir à sortir de sa bouche mais elle réussit malgré tout à activer ses cordes vocales :

- Oh, Steve, merci, c’est vrai qu’on ne se connaît pas encore beaucoup, mais je serais très heureuse d’aller au bal avec toi, répondit-elle en lui souriant.

- Tu sais, je me dis que maintenant qu’on est là, j’aimerais en profiter pour passer un petit moment à regarder les étoiles.

C’était une nuit très douce, l’été indien n’en finissait plus, Unna pris une chaise et s’assit pour contempler la voûte céleste en ce moment magique.