La journée fut longue mais, je préfère ça. Plus ma journée est longue et compliquée plus j'ai de chance de m'endormir vite. C'est tout ce que je veux. Dormir. Je veux dormir sans être réveillé car son visage mon hante. Mon esprit me torture. Je ne vois qu'elle. Je n'ai que son visage en tête. Je n'en peux plus, j'ai besoin de dormir.

Allongée dans mon lit tout le monde autour de moi dort à point fermé. Alors, pourquoi pas moi ? Je ne mérite pas le sommeil ? Je n'ai pas le droit à un peu de repos ? Je ne veux pas repasser une nuit à pleurer. Je veux dormir c'est tout. Laisse moi tranquille... Ju.. S'il te plait. Je n'en peux plus. Qu'est ce que je dois faire pour ne plus voir ton visage ? Dis le moi, je suis prête à tout. Tu es là dans ma tête, tu ne me laisses pas tranquille, tu ne me laisserais donc jamais en paix ?

Je n'ai plus le choix. J'ai besoin de dormir et si les fantômes de mon passé refuse de me laisser dormir je vais forcer le sommeil. Je ne voulais pas utiliser cette potion mais je n'ai plus le choix. J'espère qu'elle va fonctionner. J'ouvre le tiroir de ma table de chevet et en sort une fiole "Potion somnifère".

Quelques gouttes plus tard je sens mes yeux lourds. Je le sens, je vais m'endormir. Enfin...




- Ju reviens ! L'eau doit être glacé en plus... Vient on rentre en plus, ta mère nous attend et j'ai pas envie qu'elle nous engueule. Encore.

- Arrête un peu d'avoir peur d'elle, après tout, ce n'est pas ta mère mais la mienne non ? Allez viens dans l'eau, elle est pas si froide en plus. Fais comme moi, trempe simplement tes pieds.

- Je trempe les pieds et on rentre c'est promis ? Et puis c'est peut être pas ma mère mais si elle appelle ma mère pour lui dire que j'ai encore fait des conneries je vais pas pouvoir rentrer chez moi !

- Promis après on rentre ! Viens maintenant ! Mets tes chaussures et tes chaussettes à côté des miennes si tu veux.

C'est vrai que l'eau du lac est belle, ça donne envie. Après tout, Juvia est plus veille que moi, elle sait de quoi elle parle. J'enlève mes chaussures puis mes chaussettes. Je m'approche d'elle. Non, je ne dois pas y aller ! Je dois partir ! Non ! Je ne veux pas voir ça ! Je suis pas prête ! A l'aide ! Mes jambes s'affolent et prennent la fuite ! Je quitte le lac ! Je connais ce rêve ! Non je veux pas ! Je veux me réveiller ! Je continue de courir loin, très loin.



Sans même s'en rendre compte la jeune Serpentard avait quitté son dortoir et c'était rendue en haut de la tour d'astronomie. Elle parlait dans son sommeil. Elle criait des choses sans queue ni tête. Sans même s'en rendre compte, elle était au bord, un peu trop au bord. Elle était penchée. Presque à la limite de tomber.



@Adrien Law

Adrien tentait de dormir tant bien que mal. Il se mettait sur le dos et fermait les yeux attendant que par miracle il s'endorme. Il décida de changer de position mais rien n'y faisait. Il avait sans doute trop de choses en tête. Il se posait des questions sur lui-même, les sentiments qu'il pouvait ressentir mais qui était contre-nature à ses yeux. Cela devait s'échapper de sa tête. Il était perdu, son sommeil en pâtissait.

Cela ne servait à rien de rester dans son lit, il savait pertinemment que c'était perdu d'avance. Il fallait qu'il se rafraichisse un peu. Il mit ses chaussures et sortit sa grosse doudoune. C'était décidé, il allait sortir du dortoir en pleine nuit. Ce n'était pas la première fois qu'il avait enfreint les règles et sans doute que ce ne serait pas la dernière fois.

Il fit en sorte d'être le plus discret possible pour ne réveiller aucun des élèves de sa maison. Il manqua de trébucher en se prenant les pieds dans des chaussures. Il se figea et se rassura, personne ne semblait s'être réveillé. Il entendait les respirations de ses camarades. Il les jalousait un peu mais peu importe, il fallait qu'il sorte. Pas après pas il s'approcha de la porte du dortoir des garçons. Il n'était pas évident d'ouvrir cette porte sans faire un bruit. Il parvint à minimiser le son du grincement.

Après être sorti de la salle commune, il emprunta les passages qu'il avait appris à découvrir, notamment par le biais de son ami Gabryel Fleurdelys. Il emprunta les escaliers qu'il monta quatre à quatre pour atteindre le haut de la tour d'astronomie. Il sentait le froid hivernal sur son visage rougissant.

Il aimait passer son temps en haut de cette tour à regarder le paysage. Il s'y sentait bien. Il était seul et cela lui permettait de se centrer sur lui-même. Il avait fait une belle rencontre à cet endroit. Il repensait à ses parents, se demandant s'ils allaient bien. Cela l'inquiétait, il n'avait que très peu de nouvelles mais il voulait garder le sourire malgré tout.

Alors qu'il était dans ses pensées, des cris l'interrompirent dans sa réflexion. Qu'était-ce ? C'est alors qu'il vit arrivé une fille, il ne la reconnaissait pas, il faisait trop sombre. Elle semblait marcher sans réellement comprendre où elle se rendait. Cela en devenait dangereux. Elle se rapprochait du bord dangereusement. Adrien réfléchit aux quelques sorts qu'il connaissait mais il n'en voyait aucun qui lui permettrait de rattraper la jeune fille si elle faisait un pas de plus. Il était pris de panique. Que pouvait-il faire? Il ne savait pas comment agir.

Il cria le plus fort possible et se dirigea vers elle en courant pour tenter d'attraper son bras et la mettre à l'abri de tout accident.

- Attention tu vas tomber, ne va pas par-là !

Il tenait son bras et il la tira vers le milieu de la salle. Il était tout tremblant. Son cœur battait à toute allure.

Avec sa baguette il lança le sortilège Lumos pour voir mieux le visage, il s'agissait de Kelly Fullbuster. Mais qu'avait-elle?

Cela faisait plus d’un an que Dawn n’arrivait plus à dormir, des nuits complètes à rester dans son lit, bouger dans tous les angles pour pouvoir trouver la position parfaite pour s’endormir. Elle avait tout tenté; les livres et recettes de grand-mère qu’elle a pu se procurer dans la bibliothèque, de la méditation, elle avait aussi essayé de demander à sa mère une lettre pour qu’elle lui envoie un somnifère—elle fût grondée pour avoir demander une telle demande. Elle ne pouvait rien faire, nulle ne l’aidera sur ce problème.

Un soir de plus d’insomnie, elle avait remarqué qu’une de ses camardes de chambre s’était levée toute en marmottant quelques mots dans sa barbe. Très confuse mais aussi curieuse, Dawn la suivit discrètement de loin. Elle semblait endormie, mais elle parlait. Plus la fillette marchait, plus elle parlait plus fort, et la petite deuxième année commençait vraiment à s’inquiéter. Elle les avait dirigées vers la tour d’astronomie et n’arrêtait pas de marcher.

Dawn fronça légèrement ses sourcils, Mais qu’est-ce qu’elle fout? pensa-t-elle en la suivant de près.

La fille était arrivée au bord de la tour, et avant même que la jeune Meery puisse faire n’importe quoi, un garçon attrapa la fille dans ses bras en criant fortement.

Dawn décida d’intervenir quand elle se rendit compte de l’état de l’endormi Serpentarde. “Ne cris pas, tu risques de la brusquer et c’est très mauvais pour une somnambule.”

Comment ça je vais tomber ? Ju c'est toi ? Quelqu'un me retient le bras pourtant je ne vois personne. Mon cœur s'emballe. Je ne sais plus ou je suis. Je suis maintenant seule dans une foret sombre. J'ai peur. Je ne veux pas rester ici, quelqu'un m'aide. J'ai peur. Mon cœur continu de s'emballer. Je le sens. Mon pouls s'emballe aussi. Je me sens mal, je veux courir, courir très loin mais j'ai tellement peur que la seule que j'arrive à faire c'est me jeter en boule par terre. Je me bouche les oreilles et crie de toutes mes forces pour le plus rien entendre.

- LAISSE MOI TRANQUILLE !

J'ai l'impression qu'elle me touche, elle essaye de m'emporter avec elle. Mais non, je ne me laisserais pas faire, il est hors de question qu'elle m’entraîne avec elle. Je n'y suis pour rien dans cette histoire. Tout est uniquement de sa faute. Je ne suis pas une mauvaise personne.

J'ai l'impression qu'elle ma laissé tranquille. Je ne l'entends plus, je ne la vois plus. Est ce qu'elle a enfin compris ? Elle a compris que je ne suis pas une meurtrière ? Je n'arrive plus à me souvenir de cet après midi là. Je me souviens m'être approchée d'elle au bord de l'eau et puis plus rien. Le néant. Et si j'avais réellement tué ma cousine ? Après tout, je ne m'en souviens pas mais je l'ai peut être fait. Est ce pour ça qu'elle me hante ? Elle veut que je connaisse la vérité ? Elle veut que je sache qu'elle est morte par ma faute ?

- C'est ça que tu veux ? Que je te dise que tout est de ma faute ! Je ne me souviens pas de cet après midi là alors je t'en conjure laisse moi en paix.

Est ce qu'elle m'a entendu ? J'ai l'impression de ne plus sentir sa présence. Suis-je enfin débarrassée de ce fantôme ? Hantera t elle mes prochaines nuits ? J'ai froid tout d'un coup. Je ne sens plus la couverture sur moi. J'ai l'impression d'être au sol et de sentir le vent. Je ne suis pas dans mon dortoir ? Ou suis-je dans ce cas ? Je ne suis pas seule, j'entends une respiration autre que la mienne. Non, ce n'est pas une respiration mais deux. Mon corps et mon esprit sont en train de reprendre le dessus. Je me réveille doucement bientôt tout ce rêve... Non, cauchemar ne sera plus qu'un lointain souvenir.

Et puis, comme si de rien n'était j'ouvris les yeux.

Alors qu'il venait de crier, une autre personne venait d'arriver en haut de la tour d'astronomie. Il avait envisagé sa soirée autrement, il imaginait passer un moment seul à penser à sa famille et voilà qu'ils se trouvaient à trois. C'était pour le moins inattendu, surtout à cette heure-ci. La seule chose qui le rassurait, c'est que c'était aussi une Serpentard, elle n'avait aucun intérêt à aller faire savoir aux professeurs qu'il n'étaient pas dans le dortoir à cette heure si tardive. En entendant la voix de la nouvelle arrivée, il comprit qu'il s'agissait de Dawn Meery. Ils n'avaient jamais eu l'occasion de discuter juste à deux mais ils s'étaient déjà vus dans la salle commune lors de discussions avec l'ensemble de la Maison Serpentard.

Il n'avait pas vraiment fait attention que son cri aurait pu éveiller d'autres personnes. Il avait eu tellement peur pour Kelly qu'il avait agi au plus vite sans trop réfléchir. Il la trouvait toujours dans des situations particulières. Le mois passé, elle était tombée dans la neige sans réussir à se relever. Cette fois-ci, la chute aurait été fatale. A croire que le destin l'amenait à la sauver à chaque moment où elle était dans une situation risquée.

- Oui pardon tu as raison. J'avoue que j'ai eu un peur, j'ai crié sans vraiment m'en rendre compte. J'avais peur qu'elle saute.

Il était rouge, il se sentait bête de ne pas avoir remarqué qu'elle était en pleine phase de somnambulisme. Il s'en voulait, il espérait ne pas avoir causé des dommages. Bien sûr, il ne voyait pas grand chose quand il est intervenu et puis il fallait agir vite. Il avait fait de son mieux et c'est ce qui se répétait dans sa tête pour se calmer.

Kelly semblait encore dans son rêve. Une fois que Kelly était hors de danger, Adrien s'éloigna. Il ne voulait pas la perturber. Elle voulait qu'on la laisse mais c'était trop risqué. Adrien sentait son cœur battre à toute allure, il était face à une situation qu'il ne connaissait pas. Dans son enfance, il avait connu un enfant somnambule. Il était en colonie de vacances et un des ses camarades avait disparu pendant la nuit. Le lendemain, on l'avait retrouvé couché dans l'herbe, dans un jardin à quelques centaine de mètres du lieu où ils logeaient. Il avait trouvé ça surprenant qu'on puisse autant se déplacer pendant la nuit sans réellement s'en rendre compte.

Adrien ne comprenait pas ce que Kelly disait, il la laissait parler et regardait Dawn avec un regard d'incompréhension. Il écoutait sans la stopper en espérant que ça se calme.

Elle semblait enfin se réveiller, en la voyant ouvrir ses yeux, il passa sa main devant pour être certain qu'elle était à nouveau consciente. Il avait sans doute des idées un peu idiotes mais il ne savait pas ce qu'il fallait faire. Il se tourna vers Dawn.

- Tu te promenais aussi dans Poudlard en pleine nuit?

Il se demandait comment elle était arrivée jusqu'ici.

Il n'y avait de place dans ma tête pour rien d'autre. Téah. Ce n'était pas elle qui était morte, mais une partie de sa personne le serait bientôt si je ne faisais rien. Ça m'obsédait. M'empêchait de dormir. Provoquait chez moi des comportements d'anxiété que je n'avais jusqu'alors alors jamais adopté. Comme me ronger les ongles, me griffer la peau jusqu'à en saigner ou encore tapoter constamment du pied.
Notons que ce n'était pas moi qui était à plaindre. Mais bien ma cousine qui venait tout juste de perdre sa mère. Longuement torturée et finalement assassinée par des Moldus, laissée pour morte dans la rue. Les disparus du 3 Novembre, retrouvés le 10 Janvier. Enveloppes charnelles sans vie. Roses tâchées de sang sur le trottoir.
Cette vision me répugnait, mais moins que d'imaginer Téah en train de pleurer seule dans son lit. Car c'était ce qu'elle devait être entrain de faire. Je me levai d'un ton brusque, sans même tenter d'être discrète pour mes camarades de chambre. Bah, de toutes façons, personne ne m'aimait chez les Serpents. Autant ne pas leur simplifier l'existence.

J'enfilai mes chaussons de nuit, revêtis ma cape d'hiver et clappai la porte du dortoir des Coronelles derrière moi. Je montai les escaliers à toute vitesse afin d'être sûre de ne pas être poursuivie par la moitié des filles des six dortoirs, toutes prêtes à trouver un prétexte pour me faire la peau. Il n'en manquait pourtant pas, j'étais né-moldue et ça suffisait. Enfin, c'était comme ça que j'étais considérée. Seuls mes parents semblaient compter, pas le reste de ma famille.
J'arrivai finalement dans la lueur verdâtre et rassurante du Petit Salon. J'hésitai à allumer un feu pour veiller là-bas, mais la plupart des Serpentards ne respectaient pas le couvre-feu et je ne souhaitais pas être dérangée par des allés-venues intempestifs. Je ne m'attardai donc pas plus longtemps et la traversa. Ensuite, je ne fis que monter, encore et encore, marche après marche. J'étais partie du point le plus bas du château pour arriver au culminant. La tour d'Astronomie.

Le battant de la piteuse porte en bois qui faisait office d'entrée à l'observatoire était entre-ouvert. Je ne serai pas seule si je restais. Je m'apprêtai donc à faire demi-tour sans hésiter, je vérifiai tout de même et vis qu'en effet, deux Serpentards, un garçon et une fille, étaient déjà présents. Ne souhaitant pas franchement tomber nez-à-nez avec un couple de Grands occupés à se bécoter, je redescendis discrètement ces maudites marches. Soudain, un cri glaçant, empli de désespoir, transperça la monotonie du silence de la nuit. Je fis demi-tour sans hésiter, analysa froidement la situation et m'écria, alarmée :

- Ne la brusque pas ! Tu ne vois pas qu'elle est somnambule ?

Il ne fit pas d'histoire quand au ton un peu trop sec que j'avais employé et ça me rassura, je n'avais pas la tête à me disputer ce soir, avoir cette Fille de la Nuit sur les bras était déjà bien assez.
Il reconnut simplement qu'il avait agit sous le coup de l'impulsion. J’acquiesçai, les élans, je connaissais ça. Il me questionna quant à ma présence ici sur le même ton.

- Oui, difficile de trouver sommeil avec tout ce qui se passe pour le moment, je lui répondis simplement. A vrai dire, je ne sais pas vraiment comment je suis arrivée ici. Il suffit de grimper les escaliers, visiblement.

J'observai la grande rousse, toujours en plein délire, semblant nager. Dans ses pensées. Mais aussi au sens propre du terme. Elle faisait de vagues petits moulinets de brasse avec ses mains, inquiétant. Continuant de tourner en rond, elle manquait à chaque instant de passer par dessus la rambarde. Pas très sécurisé, ici, je remarquai. Je fis un pas vers elle, hésitant. Je tergiversais toujours à prendre la Fille bras-dessus bras-dessous avec l'aide du garçon, il semblait bien décidé à l'aider. Ils devaient se connaître à la manière dont il la regardait. Le vent me fouettait le visage et me faisait manger mes cheveux.

- Tu crois qu'on devrait tenter de la ramener dans la Salle commune ? Ça me paraît pas être l'endroit de prédilection pour une somnambule, ici. J'sais pas c'que t'en pense ..

Alors que la réflexion que les tours de Poudlard étaient sûrement entourées de Sortilèges de Protection dans le but d'empêcher ce genre d'accident cheminait doucement dans mon esprit, elle inspira une grande goulée d'air et ouvrit brusquement les yeux.

Edit : Carmen prend la place de Dawn, la joueuse semblant partie du site?

Adrien sentait son cœur battre très fort, Kelly avait l'habitude de se présenter à lui de manière surprenante. La première fois qu'il l'avait rencontrée, elle était la tête la première dans la neige. Cette fois-ci, elle avait manqué de tomber de la tour. Il en apprenait des choses, il ignorait qu'elle était somnambule. A vrai dire, ce n'était peut-être pas le sujet qu'on abordait en premier lieu. S'il avait su, il aurait pu faire des recherches plus approfondies pour éviter de la brusquer en pareille situation.

Carmen avait raison, nous étions dans une période assez compliquée. Tout ce qui se passait pour le moment l'inquiétait beaucoup. Il tentait en vain de ne pas trop y penser mais les nouvelles venaient à lui et il ne pouvait les nier. Le monde pouvait être cruel, il espérait que les choses rentreraient dans l'ordre bien qu'il en doutait. Son optimisme qu'il portait fièrement d'habitude avait un peu disparu ces derniers temps. L'hiver y était sans doute pour quelque chose, il n'aimait pas cette saison. Les journées courtes, le froid, cela ne lui plaisait guère. Il attendait impatiemment que le printemps reprenne de sa superbe.

- Je comprends que ce soit difficile de bien dormir en cette période particulière. J'ai aussi du mal à m'endormir.
Je te confirme, il suffit de monter les escaliers pour venir jusqu'en haut, il n'y a rien de sorcier là-dedansdit-il en riant.

Il essayait de se détendre à nouveau. Il aurait préféré passé sa soirée à regarder les étoiles mais c'était bien de vivre parfois des choses inattendues. Il pourrait revenir une prochaine fois pour profiter de la vue et rêver un peu.

- Nous pourrions la ramener à la salle commune. En plus il fait froid ici, il ne faudrait pas qu'elle tombe malade à cause d'une crise de somnambulisme. Tu prends les jambes et moi je porte le haut de son corps, je connais des passages secrets pour éviter de se faire remarquer dans les couloirs avec ce colis spécial dit-il tout souriant.

Il ne savait pas trop si Kelly était vraiment consciente. Il avait pensé un instant en passant sa main devant ses yeux mais il préférait faire comme si elle était encore dans sa phase de somnambulisme. Après tout, il n'y connaissait rien il ne fallait pas prendre de risques. Adrien attendait que Carmen se mette à porter les jambes de son amie. Il imaginait déjà la descente avec ce corps endormi. Il n'avait pas beaucoup de forces, il craignait ne pas pouvoir tenir jusqu'à leur salle commune. Il avait fallu qu'il soit sur le plus haut point pour ensuite aller vers les cachots, le trajet serait long avec une Kelly sur ses bras fins. Il se disait que ça allait le muscler un peu au moins.

Mes yeux, ils sont lourds.
Comme si j'avais dormi toute la nuit les yeux ouverts.
J'ai froid, je sens un frisson me parcourir le corps.
Je ne suis pas seule, je sens des mains sur mon corps mais je ne comprends pas.

Puis, forçant sur mes yeux mis clos j'entre aperçois Adrien et...
Mes forces me quittent je peine à garder les yeux ouverts.
J'ai l'impression de tomber dans le vide.
De plonger dans les profondeurs de mon âme.
Mon âme souillée,
Je ne veux pas y retourner.
J'ai peur.

Réunissant le peu de force qu'il me reste je me force à ouvrir enfin les yeux.
Devant moi je vois Adrien qui n'a pas l'air rassuré et je vois aussi Carmen. Elle avait l'air plus calme qu'Adrien mais je pouvais malgré tout sentir, voir la panique dans leurs yeux.

- Mais.. Nous ne sommes pas dans les dortoirs. Dis-je complètement perdue et désorientée. Qu'est ce que l'on fait ici ? Je ne comprends pas... Et puis, il fait froid... Je grelottais de froid, ma tenue n'était clairement pas adapté pour se rendre au sommet de la tour d'astronomie.

Pour me réchauffer je paissais mes bras autour de mon corps. Mes joues étaient fraîches, je savais que j'avais pleuré. Mais je n'avais aucun moyen d'en connaitre la raison. Je ne me souvenais de rien. Il m'était impossible de retracer mon parcours jusqu'ici. Je ne me souvenais que d'une chose, avoir bu une potion pour dormir et mettre couchée. Alors comment ai-je pu me retrouver ici, en haut de la tour d'astronomie, sans même m'en rendre compte.

Puis, je regardai mes pieds.
Mes pieds étaient nus.
J'avais donc traversé tout le château pieds nus sans me blesser du moins à peu près car en y regardant de plus près j'avais pu voir quelques coupures sous mes pieds. Mais ça n'avait pas l'air trop grave. Peut être même que je ne serais pas obligée de me rendre à l'infirmerie. Et, replongeant mes yeux dans les yeux de mes compagnons pour attirer les yeux ailleurs que sur mes pieds je me recroquevillai et cachai mes pieds blessés.

Plus désorientée que peureuse, son regard semble être celui d'une biche prise au piège.
Pourtant, la menace n'est pas ici et elle semble tout doucement s'en rendre compte.
En effet, son corps entier témoigne d'un certain soulagement à quitter le sommeil.
Ses drôles de rêves représentent le seul réel danger qu'elle a encouru dernièrement.
A ma connaissance du moins. Le garçon en sait plus que moi, sans aucun doute.
Est-ce vraiment la première fois qu'elle se transformait en Fille de la Nuit ?
Fait-elle partie de ces gens qui s'attirent naturellement toute sorte d'ennui ?
Les aimants à problèmes, comme je les appelle. Ces personnes clean, la plupart du temps ..
Mais dont le sort semble ne pouvoir s'empêcher de s'acharner sur eux, de ce qu'ils disent.
Mon avis à moi, c'est que cette malchance n'est pas innocente. Même s'ils ne s'en rendent pas forcément compte, ils font quelque chose de spécial qui fait que ça tombe toujours sur eux.
Alors il faut les éviter, pour ne pas s'attirer les foudres du Destin. Je m'applique à le faire en général.

Elle commence à parler. Sans filtre. Les courtes phrases qu'elles prononcent semblent provenir tout droit de son esprit. Sans réelle réflexion de sa part, mais compréhensibles. Sûrement du à son déboussolement. Et si ce n'est pas moi, qui donc pourrait lui en tenir rigueur ?
Il y a de quoi se montrer spontané quand on se réveille ailleurs qu'où on s'est couché. *Alors, elle doit pas y être habituée* je songe. Pourtant, un mouvement attire mon regard vers le bas. Elle tire sur les pans de sa robe fine pour cacher ses pieds dénudés. Si elle a retrouver assez de sang froid pour ça, elle n'a pas récupérer suffisamment de dextérité que pour le faire discrètement.
Abîmés. Écorchés. Ensanglantés. Du moins assez pour laisser des traces jusqu'au dortoir, je soupire.
Comment cette soirée va-t-elle finir ? La Grande se révèle bel et bien être un aimant à problème ..
Je ne vais pourtant pas fuir. Est-ce son âge, ma pitié ou ma peur d'être associée à son escapade qui m'y poussent ? Je n'en sais rien, mais c'est décidé. Et si le garçon pense de même, elle sera bien obligée d'accepter notre aide.

- Hum, je suis Carmen et lui c'est .. j'hésite et laisse le garçon terminer, tu .. tu as visiblement décidé de faire une petite promenade. Enfin, je ne sais pas vraiment comment ça s'est passé, il était là avant moi, je tente de me défiler. Tout ce que je peux te dire, c'est que c'était assez flippant. Tu .. tu nageais et .. je frissonne, enfin le principal, c'est que tu n'as pas fait le grand plongeon, je tente avec une pointe d'humour sûrement mal placée.

Je ne sais pas quoi dire de plus, alors je laisse le garçon faire. Il sera sans doute meilleur pour la rassurer que moi. Ce qui n'est pas franchement difficile à faire, vu le peu de tact que j'ai avec les sentiments des gens quand j'ai l'impression qu'ils ne sont pas comme moi. Que je ne les comprends pas. C'est à mon tour de regarder mes pieds.

Désolée pour ce retard, je n'avais pas remarqué que c'était à moi.

Adrien n'aimait pas voir son amie dans un tel état, elle semblait désemparée. Entendre le son de sa voix le rassurait, elle semblait être revenue à son état normal bien qu'elle était totalement perdue. Il s'empressa de venir vers elle pour la serrer contre lui. Il ne voulait pas qu'elle attrape froid, c'est ce que devait faire un ami, en tout cas c'est ce qu'il pensait. Il n'avait pas grand chose en-dessous de sa doudoune, s'il l'enlevait pour lui donner, il mourrait de froid. Cela aurait paru sans doute très chevaleresque mais pas très réfléchi.

Sa camarade, Carmen, semblait ne pas être à l'aise face à la situation. Il n'était guère plus à l'aise mais il tenta de trouver les bons mots sans trop rentrer dans les détails. Il voulait garder le positif, expliquer brièvement ce qu'il venait de se passer.

- Kelly, c'est moi Adrien. Tu as fait un mauvais rêve, ne t'inquiète pas, tout va bien. Tu es saine et sauve, c'est le plus important. Tu as manqué de tomber de la tour, fort heureusement, c'est mieux comme ça. Tu es somnambule, je ne savais pas comment agir pour t'aider au mieux. C'était impossible de rentrer en communication avec toi tant que tu était dans cette crise de somnambulisme.

Adrien ne se voyait pas continuer la discussion dans ce froid mais il ne pouvait s'empêcher de la questionner sur son rêve. Elle avait hurlé contre quelqu'un, ça l'intriguait. Adrien était quelqu'un de très curieux, il essayait tant bien que mal de ne pas trop le montrer mais il lui arrivait des fois où il ne savait pas se retenir, il ne pouvait patienter il fallait qu'il comprenne.

- Ton rêve semblait fort prenant Kelly, tu as crié. Je ne comprenais pas tout. Tu voulais qu'une personne te laisse tranquille. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ce fameux après-midi mais ça avait l'air de quelque chose de fort. Soir rassurée tout va bien, il n'y a personne qui te veut du mal ici.

Il ne posa pas vraiment une question pour lui laisser la liberté d'aborder le sujet ou non. Il était évident qu'il préfèrait la première possibilité mais il ne pouvait pas la forcer. C'était son amie, il n'avait pas pour ambition de la mettre mal à l'aise.

Il regarda quelques instants Carmen qui regardait vers ses pieds, qu'avait-elle? Ce questionnement s'envola vite de son esprit. En regardant vers le bas, il constata que Kelly était pieds nus. Il put apercevoir qu'ils étaient blessés bien que Kelly tentait de les cacher.

- Ho Kelly, tes pieds, tu n'as pas mal? Quand on rentre à la salle commune, je t'apporterai de la pommade pour en mettre sur tes pieds.

Kelly semblait avoir une vie pleine de rebondissements. Cela pouvait stresser un peu Adrien mais au moins sa vie n'était pas trop linéaire en présence de son amie Kelly.