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04 juin 2020, 20:06
Et au bout il y aura la mer  +   A.M 
Mardi 12 novembre 2045 - 21h58
Tour d'astronomie
4e année


Vous savez le sifflement du train ?
Et celui d'une abeille près de votre oreille ?
Et le son qui reste longtemps dans ces oreilles, justement, après que quelqu'un ait soufflé dans un sifflet trop proche de vous ?
Ces trois sons mélangés, au volume augmenté. Joyeuse cacophonie pourraient dire certains. Mais c'est juste un enfer. Ils m'accompagnent jours et nuits depuis 12 levers de soleils. Parfois, ils se taisent, pour me laisser en paix. Mais reviennent, vicieux, plus forts que jamais. Plus ennuyant, aussi. Avant, je ne saisissais pas la chance que j'avais de pouvoir entendre nettement, sans sifflements. Depuis que ma tête a rencontré le sol de pierre et que je me suis réveillée, je profite au mieux de ces instants de silence. Je les savoure. Et les trouve trop courts. Car je suis très vite rattrapée parce cette vague de bruit incessant. Qui m'engloutit.

Le bruit de mes pas sur le sol de pierre, qui résonnent entre les murs forts du château, se mêle à cette cacophonie, peu joyeuse. Je ne peux pas dormir, c'est trop désagréable. Trop dérangeant. Ça empêche mes rêves d'arriver. Une barrière à rêves, oui. Les autres soirs, le sifflement était moins important. Ou alors, j'y faisais moins attention, au début. En tout cas, ça ne m'avait encore jamais empêché de dormir.
Mais, à force de tourner, rouler, bouger, essayer, je me suis faite une raison. J'ai préféré sortir. Prendre l'air. Baguette coincée dans la ceinture de mon bas de pyjama -jogging noir. Parchemins, plumes et encre dans la poche du pull que j'ai enfilé. Novembre, il commence à faire froid, surtout la nuit. On va essayer de ne pas finir malade à en crever.

Sans réfléchir, mes pieds prennent le chemin de l'infirmerie. Mais pourquoi faire ? Changer d'oreilles ? De cerveau ? De tête ? Je ne crois pas. En plus, à cette heure-ci, elle doit déjà être fermée. Très inutile, donc, de s'y rendre. A part perdre du temps, qui pourrait être utilisé autrement. Pour que le sifflement se taise et que je puisse aller sombrer dans ce monde de rêves.
Coup d’œil dehors. Le ciel est clair. Quelques nuages, quand même, pour troubler cette limpidité. Mais la Lune est là. Fière, dominante. Lumineuse. Comme un guide. Ou une amie silencieuse.

Sourire qui se matérialise sur mes lèvres sèches. Je sais. Où aller.
Vers le ciel. Là où je peux l'admirer et presque le toucher, sur la pointe des pieds et avec un peu d'imagination. La tour d'Astronomie.

Titubante, par le vacarme dans ma tête, je mets le nez dehors. Oui, il fait frais. Froid. Le petit vent qui se faufile autours de moi, dans mes cheveux. Je m'approche du rebord en pierre. Mes doigts se referment dessus avec force. Je serre. Je veux que ces sons s'arrêtent. Je lève la tête. Pour trouver un peu d'apaisement en l'observation de ces Grandes Dames.
Je cherche des yeux, toujours entourée de ce monde bruyant, pour moi, extrêmement silencieux pour quiconque s'y trouvant. Grimace. Les constellations. *Orion* Mon souffle créé cette fumée blanche qui brouille ma vue. Mes yeux ont froid, cette sensation étrange. Ils sont secs, froids mais veulent pleurer. Je les ferme rapidement, plusieurs fois. Ma tête redescends doucement pour regarder mes mains. Mes doigts sont blancs. Parce que je serre la pierre comme si ma vie en dépendait. Je panique. Je m'essouffle, je le sens. Il faut vraiment que je me calme. Et que ces putains de sons dans ma tête cessent. L'un ne va pas sans l'autre.
Les mains toujours agrippées à la rambarde en pierre, je m’accroupis. Yeux fermés, je me balance d'avant en arrière en soufflant. J'imagine d'ailleurs le souffle blanc qui s'échappe de mes lèvres entrouvertes, qui virevolte, sort gracieusement de la cavité que forme mon corps, et part les rejoindre. Imaginer m'a déjà aidé à refouler les sons loin. Pour qu'ils ne soient plus qu'un léger bourdonnement. Mais, encore une fois, pas ce soir. Ce qui permet à Colère de me posséder un peu plus.

Alors, je me redresse, pleine d'amertume. Cramponnée, encore et toujours, à cette pierre dure. Comme la vie. Inspiration de l'air froid. Ouverture de la bouche. Cri de rage. De colère. De désespoir. De fatigue. D'envie d'oubli. Ma tête est penchée vers le ciel. Comme si je reprochais à cette amie silencieuse de ne pas m'aider. Je sais bien, pourtant, qu'elle ne peut rien pour moi. Absurdité.
@Alison Morrow

J'espère que ce Pas te va

Pourquoi passes-tu autant de temps dans ma tête ? Parce qu'il y fait toujours beau.

06 juin 2020, 21:11
Et au bout il y aura la mer  +   A.M 
Des pas, dans la nuit.
D’abord étouffés, par les tapis des dortoirs.
Puis plus vifs, tapant contre les pierres.
Elle ne se rendit compte qu’elle dormait que lorsqu’elle ouvrit les yeux dans la pénombre du dortoir.

Sa Curiosité bien éveillée, elle rejeta les couvertures loin de son corps encore chaud, laissant le froid mordre sa peau.
Frissonnante, elle se saisit de sa couverture et s’écroula dedans.
Le bout était trop long et pendait sournoisement au sol, la faisant trébucher constamment, mais Curiosité était plus forte que la peur de braver le règlement ou le froid.

*Clac clac clac clac *


Les pas s’éloignaient.
Aveugle dans l’obscurité, elle chercha à tâtons l’entrée du dortoir.
Ses doigts agrippèrent un contour de porte.
Sans bruit, elle l’ouvrit, laissant momentanément son bras nu jaillir à l’air frais, et le ramena glacé contre sa poitrine.
L’hiver menaçait d’être rude.

*Clac clac clac clac*


Presque un murmure à présent.
Lorsque les pierres dures rencontrèrent là plante de ses pieds, elle remarqua qu’elle avait oublié de prendre ses chaussures.
*Ça fait trop d’bruit t’façon.*
Poussant la porte du dortoir, elle se retrouva dans la salle commune. Des braises rougeoyaient dans la cheminée, jetant de brefs reflets sur les murs, qui se coloraient légèrement d’or.

*Clac clac clac clac*


Les pas devinrent un peu plus forts.
Elle sortit dans les couloirs en réprimant le tremblement de ses mains.
Était-ce le froid ou l’excitation de ne pas respecter le règlement ?
Elle crut distinguer une Ombre glissant le long des murs, et longea les pierres dures, en écoutant toujours les claquements de talons sur le sol.
Elle se mit à compter, rêveusement, sautant de taches d’ombres en taches d’ombres dans les couloirs.

Un, deux, trois, quatre. Un, deux, trois, quatre.

*Clac clac clac clac*

*Clac clac clac clac*


Sans qu’elle sache vraiment comment, elle se retrouva aux pieds de la tour d’astronomie.
Les escaliers étroits et les marches irrégulières la mirent sur ses gardes. À chaque instant, elle pouvait trébucher sur une marche, dégringoler les marches et se briser en bas des escaliers.
Raffermissant sa poigne sur sa couverture, elle entreprit de monter les escaliers sur la pointe des pieds.
Sa respiration profonde s’évanouissait après une myriade d’échos se répétant sans fin.
Arrivée sans encombres en haut des marches, elle s’autorisa un soupir.
Puis elle ouvrit la porte.
Et elle tomba dans les étoiles.


***


Ébahie, les yeux emplis de ces paillettes d’argent, elle continuait à contempler le ciel étoilé, pur et majestueux, enroulée dans sa couette battue par les vents.
Elle n’avait vu qu’une seule fois un spectacle aussi beau.
*La Mer.*

Le bleu profond de la Mer d’étoile l’éblouissait.
Chaque astre était une goutte d’écume, les constellations dansaient comme les vagues translucides des fonds marins, la Voie lactée léchait de son écume blanche des nuages paisibles et moutonneux.
Elle était l’homme perdu sur son navire, écoutant les feuilles bruissantes comme les remous s’échouant sur les berges de sable, contemplant la mer en l’attente d’une indication, un mot, un signe, n’importe quoi pouvant lui prouver sa présence.

La Mer dansait, s’étirant dans tout le ciel, immergeant son corps de ses grands bras fins, lui caressant doucement la joue et se mouvant dans les crêtes de vagues arrondies des nuages.
Des récifs de coraux se dessinaient peu à peu, des courants d’argent passaient pour un temps infime sur le fond bleuté, elle cherchait des yeux les dauphins jouant dans les ondes.

Puis elle remarqua une autre.
Elle aussi était perdue au milieu de la Mer. Elle voulait peut-être chercher une réponse dans les étoiles à la manière du navigateur cherchant sa route dans les constellations.
Agrippant la pierre comme une naufragée, elle semblait en transe, se balançant au rythme des roulis d'un navire invisible.

Puis elle se relève, Naufragée. Elle se relève et hurle face à la lune.
*Chant du loup.*
La Louve se maintient face aux étoiles, lui adresse tous les reproches du monde avec cet appel.
Mais la Mer se fiche bien des loups.
La Mer se fiche bien des questions.
La Mer, elle continuer à Danser, lointaine, inaccessible.
Mortelle aussi.

Elle s'approcha doucement de la fille, comme on s'approcherait d'un animal blessé.
Puis, dépliant sa couette, elle la pose sur les épaules de la Louve.
Prenant conscience de l'infinité du Vide sous la Mer, elle se pencha légèrement au-dessus des pierres brutes, laissant le vent faire claquer ses cheveux comme des voiles.
Elle était une Naufragée, elle aussi.
Repoussée par les rêves et les Songes, devant une Mer inconnue et nouvelle, elle cherchait peut-être des repères.
Relevant la tête, rendue muette par le spectacle des remous de nuages, elle laissa ses yeux voguer sur les remous de nuages et de poussières d'étoiles.
Elle ne cherchait pas à briser le Silence.
Quand cela serait fait, la Mer se retirerait, ne laissant du ciel, que des grains de sable argentés dispersés sur une épaisse couche noire et froide.
Elle ne danserait plus, la Mer.
Elle ne parlerait plus, la Mer.
Elle ne vivrait plus, la Mer.




Face aux étoiles qu'elle contemple.
L'Enfant pense à ses rêves couleur encre.
Un pas, et elle se laissera tomber.
Mer, ne la repousse pas.
Elle a encore le droit de rêver.





@Maggy Thompson
Laissons-nous rêver.
Dernière modification par Alison Morrow le 09 juin 2020, 18:31, modifié 3 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

09 juin 2020, 14:22
Et au bout il y aura la mer  +   A.M 
Et la chaleur m'emplit. Je referme la bouche, doucement. Muette de stupeur. Je me surprends à garder encore la tête immergée quelques instants dans les Danses des astres. Parce que je ne sais pas ce qui se passe. D'un côté, je ne veux pas le savoir. Rester dans l'ignorance. Et, même si elles sont muettes, les Lumineuses me réconfortent. Elles me suivent depuis tellement longtemps.
Un poids est apparu sur mes épaules, aussi. Peut-être lui qui me réchauffe. Ou alors la présence que je sens à mes côtés.
Quelqu'un.
Qui respire.
Qui vie.
Qui est.

Puis, je tourne ma tête, délicatement, vers ce que je pense être une Autre à mes côtés. Mes mains toujours cramponnées au la pierre rugueuse. Comme si je risquais de m'envoler. Ou de tomber. Il y a. Une Autre. Qui a l'air toute fragile, toute menue, sous cette grande couette qui nous abrite. Une Autre comme moi. Tourmentée. Qui se penche, au dessus de la rambarde. Alors, je la regarde se pencher. Avec la peur au ventre. Parce que si nous sommes quelque peu semblables, ce soir, je sais que la grandeur du vide peut parfois nous appeler. Un appel sournois. Mais un appel pressant. Que je n'ai jamais pensé à suivre. Cependant, je ne peut pas savoir ce qui se passe sous cette masse de cheveux noirs.

Qui me perdent.

Ils virevoltent. Se mélangent. Redescendent. Volent. Leur noir est beau. Les rayons que l'Amie silencieuse projettent sur nous, sur le Monde, les rendent encore plus envoûtant. Et gracieux. Mes yeux détaillent ce visage penché vers l'horizon. Ce petit nez, ces lèvres fines. Et cette pâleur qui luit dans l'ambiance sombre de la nuit. Est-ce une sorte d'Ange-Gardien, qui vient m'aider, me guider et me réconforter avec la lumière pâle qu'elle propage ?

Non, ce n'est que le hasard. Le hasard de cette rencontre entre Deux. Deux à bout ? Deux bout ? Je médite mes pensées, et tel son reflet dans un miroir, je vrille mon regard sur le ciel, bas. Les nuages clairsemés et les étoiles. Stars de la nuit. Qui accaparent toute l'attention avec leur radieuse luminosité. Peut-être qu'elles sont mal, elles aussi, les étoiles. Parce que, même si, au fond de leur petit être, le malheur prend place, elles ne peuvent cesser d'être vues. D'être belles. Et de rayonner. Une façade, me dira-t-on. Je crois bien que oui. C'est un peu comme nous, en fait, les étoiles. Peut-être que la fille à côté de moi est juste une étoile. Qui rayonne et qui est vue. Mais que les sentiments négatifs ont peu à peu envahit. Belle étoile, un peu cassée.

Je la regarde encore une fois, alors. Attirée par sa lumière. Attirée par son mal-être. Attirée par ce qu'elle est. Curieuse. Mon regard soucieux la parcours encore une fois. Mais l'insistance n'a rien de bon. Alors je détourne ce regard et repars à l’assaut de cette immensité, au dessus de nos têtes. De la découverte.

Et je pense.
Je pense Merci, pour la chaleur. Mais je n'ai pas envie de le dire.
Pas envie d'ouvrir ma bouche. Et j'imagine, avec peut-être trop d'espoir, qu'elle communique aussi, par la pensée, avec moi. Qu'elle m'entend, du moins.
Je pense aussi Merci de m'avoir fait oublié pendant un cours instant les sifflements.
Et surtout, je pense Qui-es-tu petit être torturé ?

Je tends soudain la main. Vers le ciel. Mes yeux ont trouvé. J'essaye de lui montrer quelque chose. Un assemblage d'étoiles et de planètes. Toutes égales. Une constellation. *La Lyre, avec Véga* J'espère qu'elle la voit. Je cherche sur son visage un signe de réussite à cette petite quête.
Cette passion qui m'anime revient toujours à la charge. Avec cette envie de se propager.

Puis je lui montre aussi une de celles que j'ai vu plus tôt. *Orion* Belle et fière.
@Alison Morrow
Rêvons éveillées, alors

Pourquoi passes-tu autant de temps dans ma tête ? Parce qu'il y fait toujours beau.

17 juin 2020, 08:52
Et au bout il y aura la mer  +   A.M 
Elle scrutait les fonds de la mer. A moins que ce ne soient les fonds du ciel?
Le ciel, ça devait être ça.
Penchée au-dessus de la rambarde, le ciel était noir mais la mer claire. Elle pouvait presque distinguer les ténèbres des cieux en-dessous d'elle se refléter dans l'eau au-dessus.
Elle aimait regarder le monde ainsi, en changeant les rôles.
Personne n'a jamais eu l'idée de dire du ciel qu'il est mer, et de dire de terre qu'elle est ciel.
Ce n'était qu'un jeu, de fausser la Vérité.
Ça lui permettait de l'oublier, loin.
Ça faisait du bien.
Jusqu'au réveil.

Tout retombait à sa place, si rapidement qu'elle en avait mal.

Mais le temps n'était pas au réveil.
La mer s'ouvrait face à elles, si calme, pas encore tourmentée par l'orage.
Et alors, ces fonds clairs semblaient être le meilleur refuge du monde.

Elle sait que la fille la regarde, la détaille.
Elle sent les yeux courir sur son corps.
Pas une impression, une...Sensation plutôt.

Puis une main se dresse vers la mer.
Elle caresse les flots, blanche, nimbée de Lune, gracieuse, comme un de ces longs oiseaux effilés qui planent au-dessus de la crête des vagues.
La main-oiseau virevolte, elle pointe les étoiles.
Les leçons sur la tour d'astronomie, les vieux schémas de ses livres et les paroles de sa grand-mère lui reviennent.
*Lyre, Véga, Orion.*

Elle eut un petit sourire et un imperceptible hochement de tête.
Une communication juste à vous s'était établie.
Deux âmes se référant aux étoiles, deux Naufragées trouvant encore le moyen d'adorer et de chérir la Mer.
Peu en étaient capable.
Mais les Poètes le pouvant voyaient soudain le monde sous un nouvel angle.

*C'est bien pour ça qu'on les appelle Poètes.*
T'aimerais être Poète ?
*Peut-être.*

La mer changea d'un coup lorsqu'un nuage assombrit le ciel.
Pendant un moment, tout fut plongé dans le noir.
Pendant un moment, elle eut peur d'avoir perdu la Mer et le secret des Poètes.
Pendant un moment, elle s'imagina seule, perdue, encore, toujours, grelottante face à l'eau.
Pendant un moment, elle pensa que la fille à-côté d'elle n'était qu'un fantôme elle aussi, un fantôme de Marin ou de Sirène.

Un coup de vent plus violent fit valser ses cheveux, limbes noires s'étendant brusquement vers la Mer, agrippant le Nuage, le tirant de côté, dévoilant de nouveau les courants marins.

L'image du nuage capturé dans ses cheveux ne la quittait pas.
Malgré sa raison lui murmurant qu'elle était normale, que les nuages ne dormaient pas dans les cheveux des petites filles, elle ne pouvait s'empêcher de l'imaginer en train de s'infiltrer en elle, dissimulant son étoile intérieure et la cachant sous sa vapeur lourde et noire.
Tout le monde devait avoir une étoile.
Que se passait-il quand la sienne était cachée ? Partie ? Brisée par un nuage ?

Elle cherchait des signes dans les marées au-dessus d'elle, essayant de sentir sa tête effleurée par leurs bras ondulants, chuchotant comme les vagues que son étoile était toujours là.
Dans les Profondeurs, elle cherchait une étoile qui brillerait plus et qu'elle ferait sienne.
Mais la Mer resta muette à ses prières.
La Mer se fiche bien des Mortels.
La Mer est indépendante.
C'était elle qui dépendait de la Mer.

Regardant l'autre, elle mit une main sur son cœur, pour se désigner.
L'idée de parler à présent lui répugnait. Surtout avec le Nuage Noir vivant dans sa poitrine à présent.
Elle sentit sa main se tendre et montrer des constellations, d'un coup, fluide, peut être un peu oiseau, certainement un peu étoile déchue.


L'Aigle.
La Lyre.
L'Indien
Le Serpent
Orion
Nashira de la Constellation du Capricorne.


*A*igle
*L*yre
*I*ndien
*S*erpent
*O*rion
*N*ashira


Si l'autre ne comprenait pas tant pis.
Elle était trop réaliste pour croire à un semblant de communication intérieure et surnaturelle.
Si par contre elle arrivait à déchiffrer les étoiles...

Vous pourrez contempler la Mer.
Vous pourrez rester Silencieuse.
Et vous pourrez parler sans Briser les lames de la voie lactée.

@Maggy Thompson
Je me dois encore de vérifier que l'Indien est bien visible, mais sinon, toutes les constellations peuvent être observées à cette heure.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

05 juil. 2020, 11:16
Et au bout il y aura la mer  +   A.M 
Et un trouble-fête arrive. Il vient doucement recouvrir cette belle Lune et assombrir le ciel.
*Essaye de voir le bon côté des choses, les étoiles sont plus lumineuses*
Alors, je continue, inlassablement, à parcourir le ciel des yeux. Parce que ça ne sert à rien que je sois encore un peu plus négative. Je continue à chercher quelque chose, sans trop savoir quoi. L'apaisement ?

Je m'agrippe de nouveau à la rambarde quand un coup de vent me fait vaciller vers l'avant. Un coup de vent qui me pousse dans le dos. Comme … comme … comme au Bal. Les événements sont trop frais pour que cette sensation ne soit refoulée loin, cachée. Cette sensation qui me fait trembler. Et le sifflement qui ne part toujours pas. Et le sifflement qui envahit ma tête. Les jointures de mes mains deviennent blanches. Je ne tomberai pas. Je ne tomberai plus. Je me rends compte que j'ai peur.
Et cette peur me terrifie.

L'Autre bouge. Et je me raccroche à ses mouvements doux, délicats mais précis. Je me raccroche à elle dans mon imaginaire. Même si j'ai très envie de faire de même dans la réalité. De me tenir à elle pour faire front au vent, aux nuages, et aux pensées noires.

Son cœur. Je hausse un sourcil.
Puis les constellations.
Je devine l'Aigle. La Lyre. *Elle s'y connaît, elle aussi. Elle me comprends* Je me rapproche d'elle, en faisant glisser mes mains sur la pierre. Pour avoir ma tête dans le même axe que la sienne. Pour mieux voir ce qu'elle me montre. Nos visages sont proches, un faible espace laisse la fraîcheur de la nuit nous séparer. L'Indien. Ses mains valsent jusqu'à trois autres endroits. Une constellation qui m'est inconnue, tout d'abord. Puis Orion. Et enfin, son doigt s'arrête et me pointe quelque chose. Une étoile cette fois. De la constellation du Capricorne.
Et là, toute petite, malgré ma taille, je me rends compte que, pour une fois, je suis heurtée aux limites de mon savoir en terme d'astronomie. Moi qui est d'habitude si fière d'apprendre aux Autres, à ma famille, à lire les constellations, je suis ce soir l'élève. Une élève muette. Face à un maître qui garde tout autant la bouche fermée. *Elle ne parlera pas*, je comprends bien vite. Ou alors, les mots ne sortiront pas de sa bouche. Sa voix ne brisera pas le silence. Je ne le connaîtrai pas, son grain de voix. Pas tout de suite. Celui que je suis d'habitude si contente de découvrir ne me manque pas, pourtant, pour le moment.

Je me remémore ce qu'elle vient de me montrer. C'est quelque chose qui la concerne. Sans doute son prénom. C'est ce qu'on fait, non, quand on ne connaît pas quelqu'un ? On lui dit notre prénom.
*Ali-o-*
Je me doute qu'elle ne peut pas s'appeler comme ça. Ce serait très étrange comme prénom. Et puuis, il me manque des lettres. Avec celles que j'ai, aucune idée de nom ne me parvient. Mais, à moins de rompre le silence entre nous -ce qui est la dernière chose que j'ai envie de faire à ce moment là-, Alio fera l'affaire.
Je n'ai pas envie de lui dire qui je suis, pas tout de suite. Telle est ma personne. Il n'y aucune réelle raison. Envie de se cacher. De garder un peu de mystère ?

Je sens son regard sur moi. Je sens qu'elle me fixe. Mais je préfère garder mes yeux rivés sur le ciel que de croiser son regard. Timidité ? Et puis, il faut que je lui réponde.

Je forme un M, du mieux que je peux, avec mes mains, avant de le dessiner dans le ciel pour être sûre qu'elle ait compris.
A la suite, mes doigts dansent sur l'Océan étoilé pour y écrire un E.
Et un R.
Enfin, la recherche de la constellation du Cygne, que je finis par trouver, pour la lui montrer.
Pour compléter mon message, je réutilise l'Indien, fidèle au poste.

Un Merci qui, après avoir été dans mes pensées, est envoyé dans le ciel.
Un Merci laborieux à exprimer, à faire comprendre.
Un Merci qu'elle arrivera à lire, j'espère. Et à comprendre aussi.
Un Merci de me dire qui elle est.
Un Merci d'être là.

Et je reste ainsi, ma tête dans l'alignement de la sienne. Le vent me poussant encore vers l'avant. Mais je ne vacille plus. Mes cheveux courts ne restent pas en place derrière mes oreilles et viennent courir sur mon visage. Apaisée, oui.

Actions d'Alison vues avec sa Plume
A toi Belle Plume d'@Alison Morrow

Pourquoi passes-tu autant de temps dans ma tête ? Parce qu'il y fait toujours beau.

16 juil. 2020, 16:32
Et au bout il y aura la mer  +   A.M 
*M*
Elle a compris.
Elle a compris, la belle autre qui tremble, elle a compris et elle parle.
*E*
Dessin dans les airs de ses doigts auréolés de Lune.
Danse envoûtante qui la captive.
*R*
Mer?
Mer d'étoile.
Une invitation à s'y perdre?
N'interprète pas trop vite, Petite.
*C*
Merc...?
Oh.
Non.
Non non non non non.
Pourquoi?
Pourquoi dis-tu ça, Inconnue de la tour?
*I*
La dernière lettre fatale est tombée.
Elle vole, dans les airs, navigue entre les crêtes écumeuses.
Et elle ne peut plus rien faire.

Trop tard, le mot a été dit, prononcé silencieusement devant l'Astre flamboyant du soir, cet œil magnifique, aveugle certainement, mais aux oreilles ouvertes captant les Mots du Silence.

*Les Mots?*
*Les Maux.*
*Les Maux du Silence.*


Leurs têtes sont alignées, elle le sent.
Comme deux étoiles, brillantes peut-être, perdues certainement, mais deux étoiles qui se sont trouvées.
Deux étoiles d'une constellation Inconnue, cachée au plus profond de la Mer des Cieux, que personne n'aperçoit.
Une constellation incomplète, emplie de vide, comme celui qui les sépare malgré la couverture qui les recouvre.

Elle a arrêté de respiré depuis que les yeux-âbimes de l'Inconnue la fixent.

*Et alors?*

Elle veut quoi comme réponse?
*Elle en attend une, hein?*
Pourquoi elle t'a remerciée? Tu le mérites pas, tu le sais.
*Elle pensait que j'le méritais si elle l'a dit.
Elle te connaît pas Petite. Elle s'est trompée. Ça arrive.
*Mais...*
Tu protestes encore? Tu changeras jamais. Idiote.

Elle semble si calme, Inconnue.
Inconnue.
Ce n'était pas un prénom.
C'était peut-être celui que Silence lui proposait d'offrir à la Fille.

Plus grande qu'elle, certainement.
Elle détailla pendant un instant son visage nimbé de Lune.
Par Merlin, qu'est-ce qu'elle était belle.
Une toute petite lueur brillait au fond de ses yeux, morceau de comète se perdant dans l'infinité de son Ciel.
Son Ciel à Elle.
De Son Univers à Elle.

Elle voulait se l'imaginer, celui de l'Inconnue.
Des fonds pastels, des planètes rondes tournoyantes à l'infini, portées par des animaux étranges, de couleurs vives.
Des étoiles sombres, dans un ciel éclatant de blancheur, des yeux qui rient, des bouches qui pleurent, des oreilles qui parlent, des têtes qui respirent.
Des créatures frêles, pâles ou sombres, brûlant d'un feu crépitant couleur Âme.

Peut-être que sa Galaxie ressemblait à ça.
Un Espace inconnu, dont elle était la seule maîtresse, amante de ses propres étoiles, mère de ses propres planètes.

Mais ce ne sont que des rêves, encore, enfilés à la suite les uns des autres, comme des perles scintillantes sur un fil.
Perforées par l'aiguille pointue ayant permis de les relier.
La réalité était toujours plus moche, plus dénuée de couleurs.
Grisâtre.

Elle détourna les yeux vers la mer ondulant dans le ciel.
Mais les constellations s'étaient retirées.
Les nuages avaient caché les ressacs et les récifs.
La Lune était voilée, comme fragile, troublée par les formes mousseuses.
L'Eau se refermait.

*P*égase.
*O*rion
*U*, tracé dans l'air, de ses petits doigts blancs.

Les étoiles peuvent être capricieuses lorsque l'on souhaite parler à travers elle.
Mais elle n'avait pas la prétention de se croire Interprète de la Mer.
Juste Naufragée partant à la découverte d'un monde nouveau.

Elle s'était figée sur cette dernière lettre.
Doucement, elle reprit le ballet de ses mains, qui formèrent un *R*.
Elle s'adaptait au langage du Silence, reproduisant les gestes de l'Inconnue, tel un miroir un peu brisé déformant les lettres suffisamment pour pouvoir toutes les former.

*Q*
Est-ce qu'elle Lira dans ses gestes?
Lira ses mains?
Lira ces lettres qu'un mouvement brusque effaçait ?
Lire de ses yeux des syllabes évanescentes qu'un souffle brisait?
Mouvants, ces mots. Longs et fastidieux à écrire.
Mais le remède de Silence au Bruit était plus précieux que le Temps.
La nuit était encore longue.
Elle pouvait laisser couler les secondes entre ses doigts-acrobates.

*U*
Cette lettre renversée pouvait avoir la forme d'une vague.
Une vaguelette sur l'océan.
Une vaguelette pure qui s'y noyait.
L'Inconnue la verra-t-elle, alors que tant de Vagues flottent dans les airs?

*O*rion
Que ferait-elle sans les étoiles?
Pourquoi parler avec elles?
Pourquoi ne pas prononcer? Ne pas s'exprimer?
Profite du Silence. Tu l'as tellement attendu, Petite.

*I*ndien

Elle laissa sous-entendu le point d'interrogation.
Le mot enfin complété s'étira.
*C'est drôle, non? Deux étoiles d'une constellation brisée qui complètent des Mots.*
Ne te crois pas Étoile, Petite.
*J'suis pas Étoile. Personne peut l'être.*
Alors?




*J'suis une Éphémère contemplant les Éternelles.*

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

05 août 2020, 17:58
Et au bout il y aura la mer  +   A.M 
J'ai l'impression qu'une éternité se passe entre la fin de la Danse de mes doigts et le moment où les siens rejoignent une nouvelle fois les étoiles.
Je ne sais pas comment interpréter ce silence. Pesant. Je la sens qui me détaille. Réfléchie-t-elle ? Est-elle blessée par mes mots ? Ou plutôt mes signes ? Je n'ai rien fait pourtant. J'ai juste laissé les astres et mon cœur me guider.
Je ne comprends pas ce Silence, oui, mais je sais à quel point les Autres sont différents de moi. Autant que je suis différente d'eux.

Je crois que j'arrête presque de respirer pendant quelques instants. Je me rends compte de ce manque d'air quand la course de ses doigts dans le ciel reprend. J'ai peur, qu'avec mes murmures silencieux, j'ai brisé ce moment. Mais d'un côté, je ne peux pas refréner les mots. Et les signes Ils ont la liberté que j'espère avoir un jour. Alors, je ne peux pas leur en vouloir. Même si j'ai eu peur, oui. Je crois. Peur que ce moment s'arrête et que cette Autre parte, ou se taise à jamais, dans un silence lourd que je n'aime pas. Pas ceux qui laisse le cerveau réfléchir. Pas ceux qui permette à deux Êtres de communiquer silencieusement. Pas ceux là. Ceux qui pèsent sur ta poitrine. Te font suffoquer. Parce que grâce à elle, lorsque ma tête était alignée avec la sienne, pour lire les étoiles comme on lit l'alphabet, Sifflement s'est atténué. Tellement, que j'avais l'impression de réentendre pour de vrai. Correctement. J'étais dans son monde peint par ses doigts. Je n'étais plus dans le mien, avec mes souvenirs et mes bruits incessants. J'étais parmi les étoiles avec elle.

Malgré les nuages perturbateurs et mystérieux, elle recommence à écrire. A m'écrire.
Son mot me tombe dessus comme une masse. Une masse de malheur. Un poids indescriptible. Peut-être même pire que celui du mauvais silence. *Pourquoi*
Je lui retourne la question, dans ma tête. *Pourquoi pourquoi ?* Pourquoi me poser cette question ? Ne se sent-elle pas légitime de recevoir et d'accepter mon Merci ? C'est vrai qu'elle n'a pas entendu mes raisons de ce remerciement silencieux. Mais si je le lui explique, peut-être qu'elle l'acceptera ?

La tâche se complique. Les astres, que je remercie aussi d'un regard pour nous avoir permis de communiquer, ne seront plus suffisants. Je doute que les lettres formées de mes doigts ne soient assez, aussi. Alors, les gestes. Les gestes qui peuvent tellement nous induire en erreur dans notre communication. Mais je dois trouver un moyen de lui répondre. De lui dire pourquoi. Et cela, les chères constellations doivent être épaulées.

Je me tourne d'un quart. Ma hanche se retrouve collée à la pierre. Ma main droite tient toujours fermement la rambarde. Je suis maintenant face à son profil. J'avance ma main vers son cœur et la laisse suspendue deux secondes à quelques centimètre de son centre de vie. Je ne peux pas le sentir pulser mais je l'imagine battre en rythme. Ce qui la faire vivre. *Toi*

Puis, cette main, je la reporte sur moi. *Je*

Je ferme les yeux pour me préparer doucement à ce qui va se passer. Ce n'est rien, en soit. Mais, depuis que je me suis échouée sur le haut de cette tour, je me suis cramponnée, d'une façon ou d'une autre, à cette rambarde. Je ne l'ai pas lâché. Je décrispe mes doigts un à un et retire ma paume meurtrie par les reliefs de la pierre. Grâce à mes des mains libres, je forme une croix. *Plus*

*B*ételgeuse.
*R*égulus
*U*ranus
*I*ndien
*T*aureau

Puis, de mon doigt, je tapote mon oreille et ma tête.
Je reformule mon *Merci* silencieusement. Je ferme les yeux et baisse un peu la tête pendant, quelques rapides secondes. Pour qu'elle comprenne au mieux.

Je fais redescendre mes bras. Déplie mes coudes. Et mes mains retrouvent leur place sur la rambarde. Un peu moins agrippées que tout à l'heure. Je ne veux pas la fixer trop longtemps. Alors, mes yeux parcourent encore rapidement son visage et se reportent sur la Lune. Mes yeux, qui sont gâtés, ce soir. Deux merveilles s'offrent à eux. J'aime trouver la beauté chez les Autres. Pour elle, ce sont surtout ses mains que j'ai observé. Ses petites mains aux longs doigts. Des baguettes magiques qui créent un monde quand ils en parcourent un autre, du bout des ongles. Un monde réel. Merveilleux mais pleins de tourments.
On dirait qu'on a trouvé notre langage à nous. Peut-être. J'aimerai bien.

Plume, toutes mes excuses ne pourront rien pour cet immense retard, mais j'en suis quand même désolée

Pourquoi passes-tu autant de temps dans ma tête ? Parce qu'il y fait toujours beau.

13 août 2020, 11:32
Et au bout il y aura la mer  +   A.M 
Sa main se tend vers elle.
Elle eut un petit mouvement de recul, qu’elle stoppa net en vouant la main comme refoulée par un mur, revenir en sens arrière.
Entraînée comme par une vague, elle se rapprocha un peu, pour mieux contempler le spectacle.

La fille hésitait.
Cela se lisait dans ses yeux clairs.
Puis, lentement, ses doigts lâchèrent la barre.
*Elle va s’envoler.*

La belle allait rejoindre les étoiles, écarter ses ailes blanches duveteuses, s’élever vers le ciel de mer, plonger dans les nébuleuses, mettre la tête sous les vagues claires, sonder les profondeurs sombres, couleur *flotter* parmi les univers, mi-femme mi-poisson, comme une belle sirène grecque rejoignant ses terres d’eau.

Son cœur allait s’arrêter tellement c’était beau.
*Stop. Respire.*
L’air frais emplit d’un coup ses poumons, tandis que les bras s’écartaient, cherchant encore à se stabiliser dans la nuit, les doigts semblant frémir au passage du vent.
Elle s’attendait à ce que l’autre se dresse sur la pointe des pieds, s’élance vers le ciel et reste en suspension un instant, auréolée d’étoiles, puis disparaisse en une poussière d’astéroïde.

*Croix.*
Croix énorme, faites de ces bras qui volaient.
Croix sur les rêves.
Croix sur les vols.
Croix sur les espoirs.
Énorme interdiction qui se dessinait.

Elle reçut le signe comme un uppercut au ventre.
T’as pas l’droit d’rêver.
Tu sais pas rêver.
Retourne dans tes Cauchemars.


Et les mains glaciales ondoient, traçant dans le bleu des mots d’argent.
*B*
Comme Enfant Bizarre.
*Etoile...Qu...C’est quoi ça?!*
Elle est perdue.
Elle ne sait plus.
Un énorme trou de mémoire.
Trou noir.
Et l’astre la nargue, lui souriant de toutes ses dents blanche, ricanant de son ignorance.
Elle frissonna, les yeux écarquillés, mais se reporta sur les dessins.
Combien de lettres avait-elle oublié ?

* I. T. *

B.?. .?.?. I. T.
B...B...Bl...Ba...Bs...Br...?

Puis Elle désigna sa tête, son oreille.
Merci à nouveau, baissa la tête, s’inclina implicitement.

Tous les morceaux étaient entre ses doigts.
Alors pourquoi glissaient-Ils ?
*Foutues étoiles*

Se détournant, elle refît du bout des doigts les gestes précédemment exécutés, en miroir, pour essayer de comprendre.
*Toi. Moi.*
La Grande. Elle.
*Croix*
Pas. Ne pas. Interdit.
De s’envoler.
Vers les étoiles.
Parce qu’on sait pas voler.
On chute.
Du ciel.
A travers les franges écumeuses des nuages.
Et. On. Meurt.
*Mot en B.*
Il y en avait des millions.
Comme les étoiles.
Elle l’abandonna au profit des Auréolées.
*Tête. Oreille.*

Elle était perdue.
Rien ne s’emboitait plus.
Elle haussa les épaules.
Tant pis.

Mais La Croix...
Ne parle pas ? Ne pose plus de question ?
Ne parlons plus ? Ne voyageons plus ?
Nous face au reste du monde ?
Nous face au reste des cieux ?
Ne bougeons plus, restons silencieuses ?

Statues, retenez vos souffles de pierre ?
Mer, tais tes bruissements outremer?
Enfant, oublie nos mains claires ?
Nous, contemplons le moment offert ?

Elle désigna sa poitrine, *moi*, traça un cœur de ses mains, pointa les étoiles.
Elle présenta sa paume, tendue, en un signe pour la laisser parler.

Puis elle reprit sa main.
En fait...Non.
Elle pointa de nouveau les étoiles, celles qui lui avaient fait manquer le mot en B.
Elles étaient belles.
Elles étaient grandes.
Elle étaient *insupportablement suffisantes*

*E*, de ses doigts fin, en écho à celui tracé auparavant.
*G*, valse à nouveau dans les airs, créant la lettre sur ses mains
*O*rion, le fidèle.
*I*ndien chéri, ne t’envole pas encore chasser le cerf. Le jour l’aura avant toi.
*S*erpentaire
*T, E*, origamis de ses os, se dépliant et se courbant pour former les Lisibles.
*S*erpentaire à nouveau.

Égoïstes.
*Vous m’volez mon frère et ma grand-mère.*

Plume, ça tombe bien, tes Pas remplacent toutes les excuses du monde... :cute:

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

23 déc. 2020, 10:59
Et au bout il y aura la mer  +   A.M 
Désillusion. Bien-sûr que non, idiote, on ne peut pas communiquer avec les étoiles. Je le vois à son air meurtri. À son air blessé. À son air incertain. Incompréhension. Je boue de l'intérieur. Je me suis laissée enivrer par leur sublime beauté, les croyant capables de tout. Même de parler. Mais, faire des tirades dignes de Shakespeare juste avec des étoiles et des lettres formées de mes mains ? J'suis vraiment une idiote. Je ne vous en veux pas – trop –, les étoiles. J'ai mis trop d'espoir en vous. Je m'en veux – beaucoup - .
Ce qui me tord le plus le ventre, cette angoisse grandissante, est l’interprétation que l'Autre a pu faire de mes Mots. Je l'observe, sans bouger, sans ouvrir la bouche, répéter mes signes à l'identique. Je pourrais faire sortir les mots de ma gorge, faire vibrer mes cordes vocales, me direz-vous. Mais non. D'un commun accord silencieux nous ne parlons pas. Restons dans cet irréalisme et cet imaginaire de la voix de l'Autre. Car ce serait mentir de dire que je n'ai pas pensé à chaque seconde depuis qu'elle est arrivée à mes côtés la couleur de sa voix. Est-elle bleue claire, légère comme le ciel d'hiver ? Ou alors orange foncé, chaude comme le soleil au couché ? Peut-être qu'elle est verte, finalement, grave et délicate, comme ces grands sapins qui parsèment les forêts. Cette peinture sonore que fait mon esprit est un véritable délice d'inconnu.

Ses bras continuent les mouvements. Mais ce n'est plus le reflet de ce que j'ai réalisé. Alors, mes yeux sont encore plus attentifs. Déceler le sens de ce qu'Alio veut me faire entendre. Lire.
Simple. Court. Fort.
Elle aime les étoiles. Un sourire s'étale sur mon visage. Je l'avais ressenti, bien-sûr. La voir le dire, l'écrire avec les astres, me procure un sentiment que je n'arrive même pas à qualifier. Il m'apaise et adoucie mon corps, et mes tympans. Je décolle une paume de la pierre. Je veux faire de même avec la deuxième, pour lui répondre. Elle me coupe dans mon élan. Elle pointe les étoiles. Ses mains s'agitent. Elles sont directes et fortes. Si les astres étaient proches, juste sous notre nez, elles se seraient pris des coups. De rage. Je crois. Ça n'aurait pas été beau à voir. Ainsi défigurées. Ses fins doigts vont vite. Je me concentre pour déceler le Mot qu'elle m'envoie. Mes yeux alternent entre les étoiles et les arabesques de ses doigts.

*Égoïste*. Coup au cœur. Moi ? Incompréhension. Colère grandissante. Retour des sifflements.
*Égoïstes*. Souffle. Inspire. Expire.

La rage, la colère ne m'est pas destinée. Elle leur est destinée. Et ce n'est pas juste lié à notre incompréhension. Ça me semble plus profond que ça. Un mal-être que je ne peux déceler mais dont toute la noirceur et la force me frappent de plein fouet. Je ne regarde pas l'Autre avec pitié ou compassion. Je sais que je déteste ce type de regard. C'est peut-être pareil pour elle. Non, non, je la regarde avec insistance et avec confiance.

Oui, elles sont égoïstes, je ne peux pas le nier. Elles sont aussi apaisantes et belles. Compréhensibles. Elles sont ce lien entre moi et Mima, où qu'elle soit. Je comprends tous ces sentiments qui peuvent bouillir en Alio. Je les ai ressentis aussi. Mais, avec le temps, ils ont été dépassés par toutes les belles choses auxquelles les étoiles sont liées.

Je secoue la tête, légèrement, de gauche à droite. Puis, je lui signifie que je les aime, moi aussi, ces astres. Mes yeux pétilles tandis que je fais ces signes. Cœur. Ciel.

Puis, mon doigt me pointe. *Moi*
*A*igle
*I*ndien
Danse des mes doigts qui forment un *D*
Puis transitent vers un *E*
Mes doigts s'arrêtent de bouger, sauf un seul. Il la pointe, vers son cœur. *Toi*

Je ne veux pas l'aider si elle ne le souhaite pas. Je veux lui signifier que je suis là, si jamais. En dernier recours, si elle en a envie. Silencieuse et dans l'ombre. Mais un appui.
Le spectacle sur fond bleu nuit est fini. Rideau.
Mes mains retombent le long de mon corps.
Je ne sais pas comment elle peut réagir à cette offre.

Encore trop de temps, Plume d'@Alison Morrow, pardon. Mais merci de tes magnifiques Mots inégalables.

Pourquoi passes-tu autant de temps dans ma tête ? Parce qu'il y fait toujours beau.

07 janv. 2021, 18:11
Et au bout il y aura la mer  +   A.M 
"Nothing could keep us apart
You'd be the one I was meant to find
It's up to you, and it's up to me
No one can say what we get to be
So why don't we rewrite the stars?
Maybe the world could be ours
Tonight"

______________________________


Quand elle avait le soleil en face d'elle, elle aimait bien le regarder.
Le contempler, le laisser lui manger le visage, jouer avec ses cheveux, y faisant apparaître des traînées de bleu.
Elle l'admirait, le regardait de face pour faire rétrécir ses pupilles, et voir de gros halos blanchâtres se dessiner autour des formes.
Tout devenait comme un reflet dans l'eau : brouillé, et flou.
Un mouvement de la tête, et tout était changé, comme si on avait fait s'entrechoquer les éléments.
Parfois, on croyait que la tâche était partie. Puis on clignait des yeux, une fois, puis deux. Et c'était à nouveau le rond noir auréolé de feu immaculé qui renaissait.

Elle imaginait ses yeux comme deux océans surchargés d'algues, avec deux petits points noirs rétrécis comme des pupilles de chat.
Elle aimait s'imaginer que la nuit, si le soleil disparaissait au moment où elle avait décidé de s'enfermer les yeux, c'était pour se réfugier quelque part dans son corps.
Peut-être qu'ainsi, les rayons de soleil suffiraient à lui redonner la chaleur que les bras de ses parents réservaient pour les petits.

Elle était petite, elle aussi, mais pas assez.
Pas assez grande pour comprendre, visiblement, pour être comme eux. Même les petits semblaient mieux y arriver : être comme Eux.
Elle était perdue entre les deux, dans un inconfortable "demi", et elle n'arrivait pas à s'en dépêtrer.

Inconnue sourit, d'un vrai sourire comme elle n'en a pas vu depuis longtemps.
Il se reflète dans la lune, lui aussi. Presque aussi aveuglant que le soleil.
Puis il semble se crisper, comme le soleil avant la nuit.
Et ses yeux commencent à parler.

Elle aurait pu tout dire, avec ces yeux-là.
Ces yeux qui refusent de laisser échapper une seule syllabe sonore devant les étoiles. Peut-être pour les imiter, vous vous êtes lancées dans ce jeu. Muettes toutes les deux, vous essayez de reprendre une à une les étoiles pour les décortiquer, puis les renvoyer dans leurs espaces.
Mais elle se contente de secouer la tête.
Et ses yeux ne flanchent pas.

Inconnue. N'est. Pas. Une. autre.
Une autre lui aurait lancé un regard vexé, ou plein de pitié qui lui aurait valu un soupir énervé, ou la fin de leur entrevue.
Non, Inconnue parle à nouveau et laisse ses mains blanches tracer les mots. Elles semblent s'attarder lentement, comme les halos avec les tâches de soleil.

De toute façon, ce soir, rien ne servait à songer au soleil.
Les étoiles lui offraient la toile sur laquelle elle pouvait peindre les mots qu'elle retenait en boule au fond d'elle depuis le début de l'année.
Elle aurait voulu tous les écrire, les épeler un à un dans le ciel, mais le trop-plein de phrases la submergeait, elle s'emmêlait, et elle ne savait plus comment repartir.

*Moi. Cœur. AIDE. Toi. Cœur.*


*Moi*, je peux t'aider.
*Cœur*, je sais m'en servir.
*AIDE*, t'as vraiment l'air d'en avoir besoin.
*Toi*, ne me déteste pas, je peux m'effacer dans l'Ombre si tu le préfères.
*Cœur*, tu apprendras à te servir du tien un jour.

Sa respiration devint plus saccadée.
Mais elle trouva la force ou quoi que ce soit d'autre pour lui faire hausser les épaules.

Aider. Comment est-ce qu'on peut aider quelqu'un qu'on ne connaît pas? Quelqu'un à qui on vient de décrire les étoiles? À moins qu'elles n'aient décidé de les réécrire?
Hein? Comment ça se réparait, des étoiles brisées? On les laissait chuter et en fin de course, on les regardait se pulvériser en poussières d'étoiles filantes? On les aidait en leur redonnant des ailes et on les regarder s'évaporer? On les oubliait par absence de solutions?

Elle leva des yeux scintillants d'étoiles, et pas seulement à cause des cailloux brillants.
Effaçant ses yeux, elle se replongea dans le ciel.
Elle n'était pas encore prête à répondre.
Seule sa main resta un peu en retrait, sur la pierre, comme si elle avait oublié comment bouger pour se détacher de la pierre froide.

Sa main était immobile, les arêtes de pierres lui rentraient dans la paume, glacée.
Une bonne raison de ne pas craquer. Inconnue... Inconnue ne méritait pas de la voir comme ça.
Les Mots dans le ciel s'étaient effacés. Elle ne les remplaça pas.
Elle aurait voulu dire "oui", mais ce haussement d'épaule n'était que ce qu'elle avait pu produire face à cette aide si désarmante.
D'une gentillesse spontanée et totalement inattendue.

Elle n'avait pas appris à réagir face à ça. Elle n'avait jamais appris à réagir, on lui avait appris à dire "bonjour", "merci", "au revoir", mais pas à composer comme ça.
Un "merci" aurait été trop éloigné de ce qu'elle voulait dire. Trop froid. Trop impersonnel.
*Merlin, les humains ont été assez cons pour inventer qu'un seul mot pour remercier...*

Plume, je crois qu'une infinité de Possibles vient de s'ouvrir.
Maggy peut toujours essayer de prendre la main d'Alison. Je pense qu'elle ne l'enlèvera pas.
Elle peut partir, blessée.
Elle peut reprendre la "parole", tenter de s'expliquer.
Elle peut ne rien faire.
Mais je la laisse faire ses propres choix à travers toi. Il y a tant qui repose sur ses épaules à présent!
J'ai hâte!

--Quant à la musique... Oh, ce n'est pas une histoire d'amour entre les deux gamines. Mais c'est tout aussi puissant.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.