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05 juin 2020, 17:44
Les Étoiles  Privé 
2 juin 2045,
Grande Salle, Poudlard,
Pendant le dîner.


Les cris. Les discussions. Les rires. Tes camarades qui bougent, tout autour de toi. La torpeur qui habite ton esprit. Tes mains qui s’activent seules, pour porter les aliments à ta bouche. Ta mâchoire qui, en un geste automatique, les broie. Ta main gauche crispée autour de ta fourchette. Ta main droite posée à plat sur ta cuisse. Tes épaules relevées, comme pour te protéger. Ton dos, donc chacun des muscles est tendu. Tes yeux mi-clos, aux paupières qui tentent vainement de dissimuler la fatigue qui étreint tout ton être. Le rose de tes lèvres, un peu tâché par endroits par la sauce de ton plat, que tu ne songes même pas à nettoyer. Ton visage terriblement pâle, contraste saisissant avec tes joues rougies par la chaleur ambiante. Tes pieds qui se balancent à quelques centimètres du sol.

Tu ne fixes rien en particulier ; ta vision est couverte d’un voile qui rend le monde trouble. Tu ne penses à cligner des yeux que lorsqu’ils sont parcourus de picotements bien désagréables. La nourriture n’a aucun goût, et tu as l’impression de mâcher de la farine.
Tu as froid, ne manges que par nécessité. Tu préfèrerais te trouver dans ton dortoir, dans ton lit, recroquevillée sous ta couette.

Les nuits d’insomnies sont affreuses. Tu ne les connaissais pas jusqu’ici.
Les cauchemars qui réveillent en sueur au milieu de la nuit, bien sûr.
Les pensées envahissantes qui torturent quelques heures avant de disparaître dans les ténèbres, évidemment.
Les larmes qui inondent le visage chaque soir — larmes de dépit, de frustration, de colère ou même larmes-sans-nom —, toujours.
Ou même les tremblements inarrêtables, amenés par le froid ou la terreur qui parcourt chaque centimètre de la peau.

Et même si le sommeil tardait à venir les Nuits-d’Avant, il finissait toujours par t’emporter. Tu fermais les yeux, et ton esprit s’assoupissait, en une valse répétée des centaines de fois.
Là… Là, c’était différent. Tu te sentais pourtant bien. Pas de tristesse pour étreindre ton cœur, pas de honte pour rougir tes joues, pas même de souvenirs particulièrement violents. Non, rien pour te faire pleurer ou pour repousser davantage la Nuit.
Tu aurais dû t’endormir sans difficulté.

Et pourtant, impossible de sentir l’habituel engourdissement qui s’emparait de tes muscles. Impossible de fermer les yeux sans qu’un flot d’images ou de pensées fugaces et anonymes viennent noircir ta conscience de leurs bourdonnements désagréables.
Une mélodie tournait, dansait sur tes éphémères idées, les enveloppait de son doux linceul, sans que tu parviennes à l’attraper. Délicates notes de piano ou pleurs d’un violon, elle rugissait dans ton esprit ses noires convictions et tu ne pouvais pas la faire taire.
Tu as été absolument incapable de te dérober à leur emprise.

La Nuit te refusait. A moins que ce ne soit l’inverse ?

T’appelait-elle ? Sans doute.
Voulait-elle que tu la rejoignes pour enfin t’endormir entre ses bras vêtus de noirceur ? Tu en étais sûre.
Te priait-elle de la suivre pour atteindre la Toile des Rêves, pour te laisser emporter par ses obscurs desseins ? Les tranquilles pulsations de ton cœur t’affirmaient que oui.
Une brûlure invisible, une certitude inconsciente, une fêlure dans la raison, refusait que Nuit t’entraîne. Elle éveillait plutôt ton imagination, te gardait loin du sommeil que tu désirais tant, te harcelant de ses songes ineffables.

Tu as attendu. Seule face au Temps qui courait, qui laissait tomber ses grains de sable au fur et à mesure de son avancée. Seule face à tes pensées qui en quelques heures se sont faites terriblement agressives.
Seule face à ces ténèbres qui te rejetaient.

Le Nuit te refusait. A moins que ce ne soit l’inverse ?

Quelques larmes ont peut-être coulé, passé minuit. Elles ont fait scintiller tes yeux d’hiver, ont doucement glissé sur tes joues.
Et celles-là, c’étaient des larmes-sans-nom.
Sans-nom, sans-identité, venues avec le temps, la fatigue, entraînées par le silence doucereux qui oppressait le Dortoir.

L’Aube est venue. Elle a paré l’Univers de ses couleurs d’automne, éclairé l’eau du Lac de ses reflets rougeoyants. Assise sur le bord de ton lit, toujours incapable de te saisir de ce sommeil si fuyant, tu as contemplé le Soleil et son éveil.
Le ciel était beau. Vide de tout nuage, seulement illuminé par l’astre dont l’œil était à peine ouvert.
Le Monde silencieux t’a éblouie. T’a arraché un sourire.

La journée t’a paru bien trop longue. Elle s’est déroulée peu à peu, alourdissant tes paupières, te rappelant la nuit passée à danser avec tes pensées. Elle, étrangement, ne paraissait pas réticente à laisser le sommeil t’emporter. Presque comme si elle t’ordonnait de fermer les yeux et de t’assoupir.
Heure après heure, tu t’y es opposée, tentant tant bien que mal d’écouter les explications de tes professeurs.

Tour d’Astronomie, Poudlard,
Sous les Étoiles


Et désormais tu attends.
Alors que ton lit semblait t’appeler lorsque tu es passée devant lui, tu n’es restée que très peu de temps dans ton Dortoir. Seulement une minute, pour te saisir de ta cape, de t’en vêtir.
Et tu es sortie à nouveau.
Alors que ta couverture a failli te faire renoncer, tu as monté les escaliers d’un pas vif.
Alors que chacun de tes muscles gémissait, suppliant, tu t’es arrêtée en bas de la Tour d’Astronomie, les yeux fixés sur l’un des murs.


« J’te dois quelque chose. »


Ta voix résonne toujours dans ton esprit. Le visage d’Arya y apparaît encore clairement, ses cheveux sombres, son regard vert.

« T’as d’jà vu les Etoiles ? »


C'était pendant le repas. Tu te dressais à côté de son banc et tu avais planté l’hiver de tes yeux dans les siens.
Elle a répondu quelque chose qui est déjà sorti de ta mémoire. Il était question d’astronomie, certainement.
Mais elle a accepté. Ce soir, quand la Lune ouvrirait son œil d’argent sur la campagne, elle te rejoindrait. Elle a hoché la tête, elle a cligné des yeux. Et tu t’en es allée.

Tu serres les pans de ta cape contre ton corps frêle, frissonnante. Peu importe la fatigue qui te fait trembler, peu importe la peur qui palpite doucement, peu importe ton impérieux besoin de revoir Petite Ombre. Ce ne sont que des détails futiles, et à présent seule la Nuit compte.
Elle est là, elle t’enlace. Elle te rassure.
Arya va venir contempler la Lune. Tu ne lui seras plus redevable.


Les actions d’Arya ont été écrites par sa Plume.

• ‘til it seemed
that Sense was breaking through — •

ent‘r‘êvée

13 juin 2020, 19:36
Les Étoiles  Privé 
On this wondrous sea
Sailing silently



Les nuits d'Arya n'avaient toujours pas retrouvé leur calme d'antan, mais elle s'y faisait. Elle apprenait à se reposer dans le chaos de ses cauchemars. Ce n'était pas comme si elle avait le choix, de toute manière. Mais elle commençait à comprendre que se retenir de dormir en contemplant le plafond des dortoirs n'était pas la meilleure chose à faire. Ni dormir pendant les cours de métamorphose. Pourtant, quand Kyana lui proposa d'aller voir les étoiles, après le couvre-feu, elle avait accepté, après quelques secondes d'hésitation. Si elle pouvait avoir le choix entre les cauchemars et les Étoiles, sa décision était vite prise. Apprendre à vivre avec ses tourments était une chose, mais y échapper était trop tentant. Elle avait fui ses hantises tant de fois, elle pouvait bien y échapper pour cette nuit-là. Et la Serdaigle avait l'air de tenir à cette rencontre nocturne.

Les deux fillettes s'étaient régulièrement entraînées ensemble au terrain d'entraînement. Enfin, Arya donnait surtout des conseils à Kyana, qui débutait encore en Quidditch, malgré sa rapide intégration au sein de son équipe. Ainsi, elles avaient acquis une certaine complicité, volant en tandem de droit à gauche du terrain, même si elles ne se parlaient pas beaucoup.

Le soir, elle fit mine d'aller au lit, tournée vers le mur en attendant que ses colocataires s'endorment. Une fois que leurs respirations se firent plus lentes et apaisées, elle sortit de son lit et du dortoir à pas de loup. Elle avait gardé son uniforme, mais n'avait pas enfilé ses chaussures pour faire le moins de bruit possible. C'est donc pieds nus qu'elle descendit les escaliers, en silence, se fondant dans les ombres. Elle vérifia que la salle commune était vide, avant de sortir par le tableau de la Grosse Dame et de parcourir les couloirs sur le sol froid.

Quand elle arriva enfin aux pieds de la tour d'astronomie, elle regretta de ne pas avoir au moins enfilé des chaussettes. Ses orteils étaient glacés, malgré la température printanière. Elle vit la frêle silhouette de la Serdaigle, et s'en approcha silencieusement. Pour lui manifester sa présence, elle posa une main sur son épaule, tout en espérant ne pas trop lui faire peur.

Arya avait déjà vu les étoiles, bien sûr. Mais elle avait toujours somnolé durant les cours d'Astronomie, et n'avait donc jamais pris le loisir de bien les observer depuis cette tour. Mais ce soir-là, elle était prête. Prête à découvrir pour de bon ces astres qui veillaient sur le monde alors que tous faisaient confiance à Morphée pour les récupérer en cours de route. Prête à fuir de nouveaux ces cauchemars, à les oublier l'instant de quelques minutes.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

10 juil. 2020, 12:39
Les Étoiles  Privé 
IH

Les étoiles brillaient dans le ciel.
Moi c’étaient mes yeux qui brillaient.
Que s’était il donc passé ce matin.
Quelle chose étrange m’avait piqué soudainement.
Pourquoi étais-je allé la sauver dans les eaux du lac. Elle aurait pu rester là. Quelques instant, rester sous les flots presque noirs. Puis son corps aurait lentement refait surface. Sans la moindre once de vie à l’intérieur. Pourquoi l’ai-je sauvé.
Mes yeux brillent encore. Pas de larmes. Je n’aime pas les larmes.
Un chouette hulule. C’est beau. Le noir de la nuit contraste étrangement avec la lumière apportée par les astres blancs. Même en étant absent le soleil continue d’éclairer la lune.

Le sol est frais. Tout comme l’air ambiant. Normal. Il est tard. Je suis tout en haut. Le froid a envahi l’espace. Le soleil ne réchauffe plus rien.

Je me suis toujours tu dans ces moments ci. Observant avec avidité le spectacle. La ronde des étoiles.

Puis arrive une ombre. Et une silhouette. Elles attendent.
Moi aussi j’attends. Elles font comme moi. Elles contemplent le ciel. C’est une jolie Ombre que voilà. C’est une belle Silhouette que voici. Peut-être que j’irai leur échanger quelques lettres, mots, pour faire une conversation. Et si je n’ose pas, tant pis. Elles partiront avant moi. Sans moi.

Beau tableau que sont ces deux corps entrelacés. Je les envie presque. Mais je n’ai rien à envier. Je repense au Lac et à ce matin. Non, je n’ai rien à envier. J’attends.

Des mots sont échangés. Je n’entends rien.

Que font-elles debout. À ne pas s’assoir. Peut être qu’elles se sentent légères Ombres et Silhouette. Ça serait beau s’il elles s’embrassaient.

Une chouette perce encore la nuit par son langage.

J’attends.

J’attends un baiser sous la lune.
Inspiration musicale : Wim Mertens • Struggle for pleasure

6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds

17 juil. 2020, 16:08
Les Étoiles  Privé 
La Beauté de la Nuit, sans cesse renouvelée, fait briller dans tes yeux une lueur étrange. Malgré le froid et la fatigue qui pèsent sur l’intégralité de ton être, malgré la douleur qui tient chacun de tes muscles, tu te sens bien, au milieu des étoiles. Avec l’étonnante impression de faire partie d’un Tout, de n’être qu’une poussière égarée dans une infinité d’univers inconnus, tu laisses un sourire apparaître sur tes lèvres, danser sur ton visage. Tu te retrouves partout. Dans le bruissement du vent qui joue tout près de ton oreille, dans le scintillement de l’Etoile qui te fixe, dans la pierre de la tour et dans le sifflement des feuilles qui t’appellent. Ici, en haut de ce Promontoire qui semble prier la Lune, tu te laisses envahir de souvenirs, submerger par les émotions qui t’avaient étreinte il y a si longtemps.
Dans ton esprit subsiste l’espoir qu’Arya ressente elle aussi cette sensation, qu’elle aussi aie l’impression, pendant quelques heures, d’être ce Tout qui fait palpiter ton cœur.

Ici, sous l’œil vigilant de Lune, il n’y a plus la terreur de ne pas être assez bien, de ne pas faire comme il faut. Il n’y a plus l’effroi de devoir soutenir le regard des Autres, plus l’éternelle attente de la solitude. Il n’y a que l’instant présent et ce qu’il apporte, il n’y a que la beauté des astres et leur majesté toute particulière, il n’y a qu’Arya et toi qui faites face à l’immensité de la Nuit.
Envolées, ta haine du reste du monde et ton envie de fuir. Disparue, ta peine. Ne reste que cette impression d’être minuscule et la larme qui voudrait venir côtoyer les étoiles au coin de ton œil, que tu refoules pourtant en inspirant le plus profondément possible. Pas maintenant. Elle coulera plus tard. Ce n’est pas l’heure.
Tu jettes un coup d’œil à Arya, hésites à ouvrir la bouche.

*C’est beau la Nuit.* Petite Ombre contemple-t-elle les étoiles, ce soir ? Petite Ombre est-elle en train d’admirer la beauté de la Nuit en songeant à vos rencontres ? Petite Ombre vient-elle de refouler une larme, elle aussi ?
Tu secoues la tête. Petite Ombre n’est pas là. Petite Ombre a vécu la Nuit avec toi, mais ce soir, c’est Arya qui se tient à tes côtés et qui attend de rencontrer l’Univers. C’est à elle que tu dois penser, et non à ton Amie-des-Ténèbres.

Tu contemples son visage en déposant tes mains contre la pierre glaciale. Est-elle vivante, cette pierre ? A-t-elle une volonté qui lui est propre ? Accepte-t-elle de recevoir ces deux paumes pâles, d’être enserrée entre ces doigts fins, ou se rebelle-t-elle contre l’action de l’être qui la malmène ? S’est-elle installée ici pour pouvoir, chaque nuit, contempler les étoiles et s’abreuver de leur savoir ? Pour tomber amoureuse de la Lune et de ses lueurs d’argent ?
Ton sourire s’élargit.
*C’est beau la Nuit.*

Ton bras se tend, ta main s’approche de celle d’Arya. Du bout des doigts, tu effleures sa paume, comme pour la prévenir *j’aime pas ça d’habitude, mais là… là, c’est beau, comme les Etoiles*.
Tu saisis délicatement son poignet, entrelaces tes doigts aux siens. Ton autre bras monte, pour faire face aux étoiles, pour pointer leurs lumières, et tu t’interroges.
*Est-ce que j’lui parle, ou j’dis rien et j’la laisse apprendre la Nuit ?*

Un souffle s’échappe finalement de ta bouche, et tu te figes. Ton murmure Brisera-t-il, comme il l’a fait avec Petite Ombre ?

« J’te présente les Étoiles. »


Tu expires lentement, rassurée. Non, ton murmure a embelli l’obscurité. Il a lustré les cieux et rendu l’univers encore plus vrai qu’auparavant. L’euphorie gagne ton cœur qui bat à un rythme régulier et rassurant. Tu serres un peu plus fort la main de ton amie.

• ‘til it seemed
that Sense was breaking through — •

ent‘r‘êvée

22 août 2020, 18:52
Les Étoiles  Privé 
Isn't it amazing how people can feel like home ?



Tout était calme. C'était comme un monde parallèle, de monter là sans les autres élèves qui bavardaient et gâchaient tout. Sous ses pieds, le sol est froid, pourtant elle a la sensation de flotter. Il fait doux, tout doux, comme du coton. Elle n'avait plus l'impression d'être à Poudlard, elle était dans un autre endroit, plus sombre mais plus tranquille. Là, elle savait qu'elle n'aurait jamais aucun mal à parler – ce qui tombait bien, car, de toute manière, elle avait laissé son carnet et son stylo dans son dortoir.

Elle leva la tête vers le Ciel, ce Ciel dégagé tant attendu, ce Ciel qu'elle avait plutôt l'habitude d'observer dans la Grande Salle. Il se transformait chaque nuit et laissait place à ces petites lueurs blanches appelées les étoiles. Arya aurait aimé être capable de se transformer ainsi également. Être une autre personne, complètement différente, la nuit. Être libre d'être qui elle voulait, juste l'espace de quelques heures. Ses lèvres s’étirèrent d'elles-même, et Arya ne s'en rendit pas immédiatement compte. C'était ce genre de sourire spontané et instinctif, contre lesquels on ne pouvait rien faire, mais qui étaient sincères.

Elle observa les étoiles une par une. Pas toutes à la fois. Elle se disait que chacune méritait un peu d'attention personnelle. Chacune était comme un esprit libre mais coincé parmi d'autres, coincé dans un ensemble. On parlait toujours des étoiles, jamais de l'étoile. Mais elles étaient toutes différentes, malgré les apparences. Toutes particulières à leur manière. Arya aurait voulu toutes les examiner, mais il y en avait trop. Et surtout, elle savait qu'elle ne les voyait pas toutes. Comme dans n'importe groupe, certaines se cachaient, volontairement ou non. Certaines étaient dans l'ombre, trop loin d'elle. Ça la tuait de penser qu'elle ne pourrait jamais toutes les voir.

Soudain, quelque chose la ramena sur Terre. Elle baissa les yeux sur sa main. Dans la pénombre, Kyana s'en était emparé. Elle la laissa faire. En temps normal, elle se serait rapidement dégagée, mais elle savait qu'elle non plus n'était pas très tactile avec les gens en général. Elle lève de nouveau le regard vers le Ciel. Kyana pointait les lueurs blanches du doigt. Aimaient-elles être pointées du doigts ainsi ? Les voyaient-elles comme elles les voyaient ?

Les mots de Kyana résonnèrent dans la Nuit, se fondèrent dans le Ciel. Les étoiles étaient silencieuses. C'était merveilleux. Si nombreuses, et pourtant, elles ne faisaient pas un bruit. C'était certainement la plus belle chose qui lui avait jamais été donné de voir.

Elle se tourna vers Kyana. Elle tenait toujours sa main dans la sienne, et cela lui fit penser à la façon dont elle tenait son balai.

« Elles ne parlent pas. »

C'était la seule chose qu'elle avait envie de dire. La seule chose qu'elle avait envie de retenir. Elle ne cessait de sourire, et ferma les yeux un instant, profitant de leur silence si précieux.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

14 oct. 2020, 04:47
Les Étoiles  Privé 
I love you most
I love you most, I love you more now

IH

Ces deux êtres qui se détachent dans le noir de la nuit. Un clair obscur ravissant.
Ces deux êtres dans le noir de la nuit, ils sont magnifiques.

Et soudain, c’est moi que j’envie.
Je m’envoie d’assister à ce spectacle de toute beauté. Un silence parfait.

Un moment à part.

Une phrase lente englobe alors mon ouïe.
Elle est faible mais dans l’environnement plus faible encore de la nuit je perçois ce qui est dit.

C’est vrai que même en étant présentées, représentées, déformées, imaginées et que sais-je, les étoiles sont magnifiques. Se suffisant à elles mêmes.

Même la nuit assourdit ses bruits pour ne laisser dans l’air que le son de ces deux mains qui se frôlent. Puis viennent se toucher. Délicatesse. Tout n’est que délicatesse.

Puis vient la réponse. Une seconde phrase de cristal dans cette nuit tranquille. Sans trop de rapport évidemment. Mais personne n’a besoin de véritables rapports dans ces moments là. Seules comptent les émotions.
Pourtant, moi je n’étais pas certaine que les étoiles ne parlaient pas. Elle devaient sûrement se demander de temps en temps comment allaient les unes et les autres. Béltegeuse devait sûrement dire, tous les 3 ou 4 milliards d’années lumière, à Arcturus qu’elle se les caillait un peu. Mais ce n’était là qu’une idée folklorique qui me permettait quelques fois de délaisser le présent et de rêver avec les étoiles.

Elles sont belles ces mains entrelacées.

J’attends.
Non pas le baiser comme tout à l’heure. S’il y en a un il se fera la prochaine fois. Ou pas. Mais mon instinct me dit que de tout façon ce soir ne sera que contemplation...

Ce que j’attends, c’est que le temps passe un peu.
Que ces mains restent collées.

J’attends pour quelque chose en fait.
J’attends que le moment se continu...

Elles chantent alors ?
Inspiration musicale : ODESZA • A Moment Apart

6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds

21 nov. 2020, 16:09
Les Étoiles  Privé 
Est-ce que tu comprendras ce qui m’a poussé à te montrer ce ciel d’encre ? Est-ce que tu saisiras la portée de mes mots, est-ce que tu comprendras à quel point ces lueurs si insignifiantes sont chères à mon cœur ?
J’te présente les étoiles, que je t’ai soufflé, comme craignant qu’elles nous entendent. Je ne t’ai pas craché leurs noms à toutes, je ne t’ai pas même montré le W de Cassiopée, cette forme qui s’est gravée sous mes paupières depuis cette nuit de Mai. Oui, je t’ai seulement murmuré mes mots simples, qui ont tant résonné dans mon corps, qui ont tant résonné dans mon âme. Je t’ai juste offert mes mots, je t’ai juste pointé, du bout du doigt, ce qui représente tant pour moi, depuis tant de temps. Je t’ai confié un secret, en te chuchotant ces mots, certaine que personne ne nous entendrait, jamais. Il n’y avait que la Lune qui serait témoin de notre échange, qui garderait la confidence.
Et puis, protégée par les douces ténèbres de la Nuit, même toi, qui étais toute proche, trop proche, ne m’as pas vue m’empêtrer dans mes souvenirs, dans les réminiscences qui me submergeaient. J’aurais voulu garder Petite Ombre à distance, l’espace de ces quelques heures que je voulais t’offrir à toi, et seulement toi, mais je n’y suis pas parvenue. Son visage, sa voix de cristal, ses mots, ses cheveux d’ébène et la pâleur de sa peau, sont revenus me percuter si violemment que j’ai perdu pied, l’espace d’un instant. J’ai tâché de garder l’esprit dans le présent en serrant ta main plus fort, mais rien n’y a fait. Tout est venu s’enfoncer dans mon cœur une nouvelle fois, comme à chaque fois que j’y pense. Tout m’est apparu aussi clairement que si notre rencontre se passait en ce moment.
Cette nuit était belle, raconte-t-elle en laissant sa plume courir sur le papier. Mots rédigés le 5 Juin, vers 21h18. —

L’air froid vient glacer ta peau, la fatigue tétanise tes muscles, et ta tête te lance douloureusement. Pourtant, tu ne te laisses pas emporter par tes maux, mais tu songes plutôt aux mots que tu voudrais arracher de ton corps à coups de plume. Pour faire disparaître la douleur, tu penses à la douceur de la brise sur ton corps figé, à la force que tu sens pulser dans la paume d’Arya, plaquée contre la tienne, à la délicate lueur des étoiles qui promènent sur ton visage leurs yeux d’argent. Tu fais disparaître la peine que tu remplaces par cet ardent sentiment de plénitude qui irradie dans chacune de tes veines.
Oui, ce soir, tu te sens vivante. Aussi vivante que lorsque les lèvres de ton Amie ont effleuré les tiennes, aussi forte que quand vos pas hésitants vous ont menées à travers cette Salle où l’on Vole. Aussi éveillée que durant ces interminables nuits d’insomnies passées à laisser courir ta plume sur tes feuilles de parchemin. Ce soir, avec la voix rendue délicate et légère par la tranquille majesté de la nuit, Arya t’expose des faits évidents qui te font pourtant hocher la tête. Non, les étoiles ne parlent pas, bien sûr que non. Les étoiles ne prononcent pas, les étoiles ne murmurent pas. Les étoiles se contentent de vivre, de faire vivre, d’illuminer les regards un peu perdus comme le tien, de rendre l’espoir, et c’est bien assez. Elles n’ont pas besoin de mots pour s’exprimer, leur lumière suffit amplement ; les mots sont inutiles.
Sur les paupières closes de ta voisine, gravée sur son visage parfaitement apaisé, tu sens le même calme qui habite ton cœur. Elle aussi est envahie de douceur ; tu le sens jusque dans sa façon de se tenir. La tête offerte aux cieux, elle profite simplement de l’instant, comme si elle avait la certitude de vivre le dernier de son existence – pleinement dans le présent, elle vit, elle aussi, et pour cela tu lui es infiniment reconnaissante.
Puis une voix vient troubler le voile qui s’était doucement déposé sur tes yeux. Un son doux, comme une chuintement, qui sort de la bouche de la Nuit elle-même, parvient à tes oreilles. Perturbée un instant, tu fermes à nouveau les paupières pour laisser un nouveau sourire s’épanouir sur tes lèvres. Puis, toujours sans ouvrir les yeux, tu tournes le visage en direction de la Voix, et laisses un filet de voix s’échapper de ta bouche.


« Nan, elles ressentent et elles expriment. Pas b’soin de mots, elles se contentent de briller. »


Tu pinces les lèvres, laisses un vague froncement de sourcils assombrir tes traits.

« Enfin, j’crois. »

• ‘til it seemed
that Sense was breaking through — •

ent‘r‘êvée

22 déc. 2020, 22:31
Les Étoiles  Privé 
Why is it that when the story ends we begin to feel all of it ?



Ici, tout semblait être à sa place. Comme si tout avait été écrit à l'avance. Comme si cet instant était l'apogée de tout ce qui avait été vécu jusque-là. Comme si toutes ces actions qu'elle avait menées l'avaient destiné à se tenir là, ce soir, sous les Étoiles. Habituellement, Arya se serait offusqué de découvrir que tout avait été préparé à l'avance et qu'elle n'avait jamais eu son mot dire, mais si c'était pour se retrouver là, elle voulait bien l'accepter. Ici, elle se sentait invincible, sous la protection des Étoiles. Le ciel était sans limites. Il ne connaissait ni début ni fin. Il existait, tout simplement. Arya souhaitait être ainsi également. Illimitée.

Elle avait peur que les mots ne gâchent cet instant. Qu'ils brisent l'harmonie, la délicate attention du ciel nocturne. Mais non, ils se fondaient parfaitement dans le paysage, emportés par la brise. Comme s'ils étaient des invités privilégiés, comme si Kyana était parvenu à obtenir des cartons d'invitation pour une grande fête silencieuse donnée par les Étoiles.

Scrutant le ciel, la Gryffondor se demanda si elle aurait la chance de voir une étoile filante. Ce n'était pas encore la saison, mais elle avait l'habitude de se poser cette question. En été, elle grimpait à un arbre de son jardin et pouvait y rester une grande partie de la nuit, à surveiller si une météorite ne passerait pas par-là, laissant une poussière de lumière dans son sillage, telle une reine saupoudrant sa somptuosité. Le spectacle immobile était certes déjà magnifique, mais ne savait tenir en place très longtemps à fixer quelque chose de statique. Elle désirait l'animation, l'action.

D'ailleurs, c'était certainement pour cela qu'elle remuait les orteils à toute vitesse, alors que son regard restait braqué vers les Étoiles. Incapable de rester statique, cette enfant.

Une voix. Arya se détacha un quart de seconde du spectacle, se retourna. Elle reconnut la voix, sans difficulté. Un sourire vint germer sur ses lèvres. La voilà, son étoile filante qu'elle attendait tant.

Avec douceur, elle lâcha la main de Kyana, non pas pour s'éloigner d'elle mais pour se glisser au sol. Elle s'assit, puis s'allongea sur le dos, juste sous le ciel étoilé. Sans se dépêtrer de son sourire, elle joignit ses mains sous sa tête, comme si elle était à la plage et non au sommet d'une tour. Tout en continuant de remuer les orteils, elle murmura :

« Merci. »

Elle n'aurait pu rêver plus belle nuit.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046