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15 août 2020, 19:21
 ++  Quand la Brise fait vaciller l'Immuable
Une Nuit. La Nuit du Jeudi seize Mars 2044.
avec @Ella Davis


LÀ OÙ LE GAZ EST LIQUIDE, LÀ OÙ LE NÉANT EST SOLIDE.
Dortoirs des Filles, Tour de Gryffondor,
vingt-trois heures cinquante-deux.


Pas envie de dormir. Pas envie de me retrouver avec Moi-même. Envie de Personne.
Mais c’est impossible, de se retrouver avec Personne. Quand on est seul, on est avec soi-même. Et dans mon Enveloppe, je dois rester avec tous les personnages qui vivent dans ma Tête. Et puis la Voix. Parfois tonitruante, parfois sifflante, Elle est toujours Là. Toujours. Tous jours. Tous les jours.

Mais Nuit a fondu sur le Château. Ce n’est plus le jour. Nuit a Tout obscurcit. Comme un Voile qui tombe sur le sol et recouvre l’Herbe. Comme on jette de l’Eau sur le Feu, qui s’éteint aussitôt, ne laissant que des Charbons fumants. Tous se taisent. Il n’y a que Moi et l’Obscurité qui m’obstine.

Et si je profitais de ma Liberté ? Je me sens comme une Détenue dont le Geôlier aurait par hasard laissé la porte de sa Prison ouverte. Une fenêtre sur le Dehors. Tout peut s’ouvrir à moi.

Si ma spéculation se révèle vraie, je ne dormirai plus la Nuit.
Si Ma Nuit est comme le Jour des Autres.
Si je ne peux vivre que la Nuit.
Si en fait, je me confonds avec Elle.

Les Autres. Se sentent-Ils parfois Enfermés par leur propre Corps ? Pourquoi Peur les tient quand Il fait Noir ? Dans quels buts existent-Ils ?

Mais j’arrête d’essayer de Tout théoriser pour aujourd’hui. Question devra encore attendre Réponse. Pour Ce Soir. Pour Cette Nuit.
Je m’extraie de mon lit le plus silencieusement possible. Il ne restera qu’une Mue. La Métamorphose Nocturne de Helen. Secrète, cela va de soi. J’attrape mon bonnet, Réflexe rassurant. C’est difficile de Grandir, Certaines sucent leur pouce, rongent leurs ongles ou dorment avec un Doudou. Moi, j’ai mon bonnet. Mon parapluie dérisoire contre l’angoisse et l’anxiété. J’empoigne mon sac. Mon Instinct me dit qu’il me sera peut-être utile : « Oh, excusez-moi, Madame, Je voulais m’entraîner pour le prochain devoir de Sortilèges, je suis très angoissée… » Parce que c’est finalement un peu risqué, de se promener la Nuit dans Poudlard. Il y a tout ces Adultes qui y déambulent aussi. Ils ne dorment donc jamais ? Ils ressentent le besoin de vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? Si tel est le cas, c’est futile. Et égoïste. Je n’ai pas le Jour, alors laissez Nuit fondre en Moi.


Couloirs,
vingt-trois heures cinquante-six.


Tout Noir. Mais c’est comme si Tout était éclairé. De petites Lanternes d’Espoirs sont disposées à intervalles réguliers. Personne est là. Je lui prends la Main.
Et je cours. Où vais-je ? Où mes Pas me conduisent-ils ?
Aucune idée. Peut-être est-ce Personne qui m’entraîne, qui me fait gravir les escaliers d’une tour que je ne reconnais pas, qu’il m’importe de reconnaître. Mes Enjambées sont de plus en plus grandes. J’ai confiance en mon transparent Bienfaiteur, mon Ami que je suis seule à pouvoir sentir.
Une Porte.
J’ai toujours la main dans Celle de Personne. Il la lève et la pose sur la Poignée, que je refuse de saisir.
*Reste avec moi…* Je sens qu’Il va partir. Qu’il est l’Heure pour Lui. Il a peut-être d’autres affaires à mener, d’autres Personnes à entraîner.
Alors je lâche sa Main et pousse la Porte.
C’est le Sommet de la tour d’Astronomie. Je la reconnaît, à présent. Les Étoiles me font des clins d’œil, les Cratères de la Lune me sourient. Aucun satellite, aucun de ces stupides engins que les Moldus envoient dans le Ciel, sans pour autant en déceler la moitié de Ses Secrets. Alors je m’avance au Centre de cet Espace et m’y allonge. Je ne vais pas ressentir le Froid, je le sais d’avance, Nuit va me border, me protéger. J’ouvre mon sac : il contient mes notes d’Astronomie, ainsi qu’un livre à ce sujet que j’avais emprunté à la bibliothèque à tout hasard. Je souris. Personne a vraiment tout prévu. Je sors les feuilles, tend les bras au-dessus de mon Visage de manière à pouvoir lire mes parchemins et observer l’Univers qui me regarde d’un air bienveillant en même temps.

Je suis une petite Étoile. Une Étoile naissante, et tous les autres Astres vivent autour de Moi, ils s’occupent de Moi, Ils sont heureux de m’accueillir parmi Eux. Le Vide est matériel, Il est soyeux comme l’Eau, Il embaume le Pain frais et le Malt. Je flotte dedans, indifférente à la température, aux choses futiles qui m’entourent, aux Êtres qui ne sont éternels. Je suis Une, une Unité parmi d’Autres, je n’ai pas de Corps, pas d’Âme, je suis un objet quelconque qui rayonne et tournoie dans l’Infini. Je dure, Je durerai pendant des milliards d’années, Je serai toujours la même, indifférente au Temps qui broie. Rien ne peut m’atteindre, Rien ne me fait peur.
J’me sens bien. Jamais je ne me suis sentie aussi bien.

Plume, j’ai écris en ++, mais Toi, fais comme tu le sens.
D'ailleurs, dis-moi si quelque chose ne te convient pas.
J’espère que ce début te plaît ^^
Dernière modification par Helen McKemmish le 24 oct. 2020, 22:14, modifié 2 fois.

N'énucléez pas vos enfants.
deuxième année - anciennement Helen Brown

27 août 2020, 10:33
 ++  Quand la Brise fait vaciller l'Immuable
Mes pas ne me guident pas au hasard dans le château. J’ai un but précis et ne le lâche pas des yeux. Hier, ils sont revenus. Et cette nuit je ne peux dormir. Enfin, je n’ai pas essayé ; je me suis même forcée à garder les yeux ouverts. Car je ne voulais pas m’abandonner au sommeil. Celui-ci aurait fait de moi tout ce qu’il voulait. Il les aurait fait revivre.

J’préfère
Être toute seule
Dans ma tête.


Mes chaussons glissent sur la pierre. Ils me font sentir légère, ils me donnent envie de marcher, courir, et enfin m’envoler tel un oiseau nocturne dans le ciel noir. Ils me donnent envie de tout oublier, sauf qui je suis. Qui était ma grand-mère. Je l’imagine souvent avec ses chaussons rouges, virevolter sous le ciel de la Russie. Depuis que ma mère me les a offert, je les garde précieusement sous mon lit, à l’abris des regards. Je les observe, m’imagine sa vie, qui elle était et pourquoi elle dansait. Comment elle se sentait en dansant. Libre? Complète? Inatteignable. Lorsque je me laisse envahir par la musique, plus rien n’a d’importance. Ni leurs injures, ni leurs coups, ni leurs sourires. Je suis juste moi, je suis en feu, je redeviens la flamme qu’ils avaient essayé d’éteindre. Peut-être qu'elle aussi. Les chaussons rouges sont trop grands pour moi. Mais un jour,

J’danserai
Avec.


Je marche avec détermination. Je veux voir. Je veux savoir si elle voyait le même ciel que moi, tout là-bas, avant de s’éteindre. Si elle s’endormait entre les bras protecteurs de mon grand-père en regardant la grande ourse. Un jour, j’irai en là-bas et je saurai qui ils étaient. Peut-être que cela m’aidera à savoir qui je veux être. Alors je marche encore en direction du ciel, le plus haut possible, jusqu’à cette tour qui s’élève élégamment vers les étoiles. Là où je pourrai voir. Là où ils pourront peut-être me voir, moi.

Les toucher
Du doigt.


Une marche après l’autre, mon souffle s’accélère, mon cœur bat la chamade. Le vent frais qui souffle dans les escaliers en colimaçon fait vibrer chaque partie de mon corps, s'envoler ma chevelure et pétiller mes yeux d’une lueur d’espoir. Et je me rends compte que quand je ne dors pas, je me sens vivante. Plus importante que parmi tous ces gens qui regardent à travers moi. Car je suis toute seule. Et je veux que cette étoile se reflète sur mon visage.

Qu’elle m’apprenne
A briller.


Je chante tout bas. Je m’imagine être avec elle, je saute une marche et effleure la suivante. Un chemin fait de poussière d’étoiles. Un chemin qui m’aide à comprendre. Un chemin qui aboutit, tout en haut de la tour. Mais qui se termine brusquement. J’interromps mon rêve éveillé, me tais, par peur d’être découverte. Car il y a déjà une fille au bord de la tour. Je peux apercevoir dans l'obscurité ses longs cheveux roux onduler en cascade dans son dos. Elle a l’air très concentrée sur ce qu’elle lit, et je fais quelques pas en arrière. Peut-être qu’elle cherche

Un point
Lumineux,
Elle aussi.


Je ne veux pas la déranger, elle est sûrement venue ici pour être seule. Mais d’un autre côté, j’ai tellement envie d’accéder aux étoiles, moi aussi. Elles m’attirent avec une force magnétique, presque dangereuse. Mais je n’ai pas le temps de réfléchir plus longtemps car soudain, des feuilles s’envolent dans ma direction. Je tente tant bien que mal de les atteindre, m’emmêlant les pieds et les mains en sautant. Une sous le coude, l’autre entre la tête et l’épaule, quelques-unes dans mes mains, et je les ai toutes attrapées -bien que je dois lui paraître bien étrange, contorsionnée ainsi. Je lance un regard d’excuse à la fille qui me fait face. Je n'arrive pas bien à interpréter le sien, et plisse les yeux, un peu sur mes gardes.

- Euh… je… tiens, je bafouille en m’approchant d’elle, lui tendant un peu brusquement les feuilles dans mes mains -ce qui manque au passage de faire tomber celle plaquée sous mon bras.

J’crois qu’c’est
A toi.


J'ai essayé d'écrire un post ++ à mon tour, j'espère qu'il te plaira, Plume ^^
Voici la chanson qui m'a inspirée en l'écrivant :cute:
Dernière modification par Ella Davis le 08 sept. 2020, 21:54, modifié 1 fois.

Avatar réalisé par ~ en commun avec ~ l'incroyable Eugène Harlow. "Laissez passer les queen !"

07 sept. 2020, 21:12
 ++  Quand la Brise fait vaciller l'Immuable
La Plume, comme on peut l'appeler, s'assoit. Les mains en suspend au-dessus du clavier, elle contemple la page immaculée face à elle. Elle brûle de noircir cet Espace, qui n'appartient qu'à elle. À vrai dire, elle y pense depuis presque deux semaines déjà. Mais elle a peur. Peur que les Mots ne viennent pas, peur que son texte soit niais, peur qu'en écrivant ceci, elle soit ridicule, peur que parler de soi à la troisième personne soit prétentieux. Mais tant pis, c'est écrit, il suffirait d'appuyer sur une touche pour tout effacer, mais elle ne le fait pas. Allez savoir pourquoi.
Elle caresse du doigt la touche 'saut de ligne' et commence son récit, en ne pensant qu'à Ella et Helen. Parce que c'est Elles qui comptent, pas la Plume, et c'est ça qui est beau.


________________________________________________


GIFLER VAINEMENT LE NÉANT

Et puis, il y a eu la Brise. Il y a eu ma maladresse, aussi. Mes feuilles s'étaient envolées, poussées par le Vent. Poussées vers une Fille.

Ella.
Je sais son nom. Je la reconnaît, mais je ne la connais pas. Je connais juste sa Façade, *et les Façades, faut les briser*. Au marteau, au poing, avec n'importe quoi, comme on voit à la télé. Il y a des gens qui font fortune de cette manière. Ou alors, c'est une Porte déguisée en Mur. Il y en a partout, dans le Château. Il faut *je dois* trouver le moyen de l'ouvrir.
Pourquoi je veux absolument la voir, sans lunettes déformantes ? Je ne le sais pas. Pourtant, c'est parfois bien moche, Dedans. J'ai eu l'occasion de le voir nombre de fois. Mais Elle, Ella, je ne sais pas.

Peut-être parce que tu as l'impression qu'Elle te ressemble ?


Si c'est le cas, je vais être déçue. Dégoûtée, même. Ce doit être bien triste Chez Elle. Qu'est-ce que j'aimerais être imperméable à la Tristesse ! C'truc empoisonne.

Ella.
Un Corps de l et des Ailes de voyelles. Elle n'est qu'Elle, ou Aile, ou Ailes, ou Elles, que sais-je ! Peut-être a-t'Elle volé jusqu'Ici grâce à ses Ailes. Ou tout simplement, grâce à Elle. *à cause* Non, c'est Personne qui la prise par la peau du cou, comme une Chatte avec ses Petits. Sans doute. C'est son Enfant, Elle aussi. Sont-Ils tous recommandables, Ceux que Personne protège de sa visible Transparence ?

Ella.
Un nom volant, filant entre les doigts. Elle aussi. *les prénoms et les Gens, c'est pareil*, j'en suis persuadée. On ne recommande pas ces Gens-là. On ne les comprend pas. On ne veut pas les comprendre. Et moi, je ne recommande pas On. Il ne comprend rien à Rien, Celui-là. Si tu comprends Rien, tu comprends. Le Rien et le Néant, c'est ça l'Univers. *Et Ici ?* Ici, c'est Rien. C'est l'Espace. C'est Là Où l'on ne ressent Rien et Où l'on est sensible à Tout. Où l'on comprend Tout.

Ella.
En tout cas, Elle avait rattrapé toutes mes feuilles, toutes les Constellations, tous les Astres. Moi, je ne sais pas enserrer les Étoiles. Cela m'est impossible. Je ne peux que les effleurer du Regard, Caresse glaçante qui m'endort comme un gaz anesthésiant, ce truc que les Moldus utilisent. Agréablement soporifique *pouvez pas comprendre*

Tu dis « les Moldus », maintenant ?


Apparemment. Ce ne sont pas forcément des gens que j'apprécie réellement, tu sais. Comme les On. Ce sont des On.

Voix.
Tu devrais m'écouter. M'écouter comme moi je t'écoute.
Voix, et si l'on faisait la Paix, au lieu de se faire la Haine ? Voix, que penses-Tu d'Ella ? Voix, je t'écoute. Je n'ai même pas besoin de faire preuve d'Attention pour prendre en considération ce que Tu penses. Dis-moi, Voix.

Nan.


Bon. Tant pis.
Mais je vais pas la laisser Là, Ella. Faut que je l'aide – non, que je le veuille ou non, c'est Elle qui m'a aidée. Je mélange tout, Tout à Rien, les Gens au Tout, les - argh ! Que Ça s'arrête !


┃┃


Vous voyez l'Enfant, aveugles Visiteurs ? Et Toi, Ella, Tu La vois ? Tu vois qu'Elle est dévorée par Curiosité ? Regarde bien. Regardez tous attentivement. Elle est partagée. Tiraillée entre son Envie de Savoir et sa Peur de devenir Nébuleuse. D'exploser et de Tout répandre Dehors. Son Intérieur. Ce serait sa Mort, mais Vous ne le verreriez que trop tard, Elle est à des années-lumière de Vous. Elle veut à tout prix l'éviter, la jeune Âme, d'exploser. C'est ce qu'Elle tente de retenir chaque jour.




- Ah… Merci.

Ma Main se tend vers Elle. Mon Corps veut sentir de nouveau le doux Contact du parchemin. Si rassurant. Plus agréable que retrouver son lit avec une bouillotte en hiver. Mon Nez veut de nouveau humer l'Odeur du papier qui se mêle à Celle de la Nuit.
Et moi, je ne sais pas ce que je veux.
J'ai sans doute Envie de savoir Ce qui L'a amenée Ici, Ella. S'il y a Quelqu'un ou Quelque chose.
Je pose pour la première fois mon Regard sur le sien, y tentant vainement d'y trouver la réponse sans faire usage de ma Voix, qui se mélange dangereusement à Celle dans ma Tête.
Et puis, j'ai l'impression que la Nuit s'est obscurcie depuis qu'Elle est arrivée. Je vois moins bien.
Alors, Curiosité portait son ultime coup fatal.

- Pourquoi T'es Ici ?

D'un ton monotone, sans saveur. Pas agressif ni bienveillant. Un souffle, un fil, de la dentelle qu'il faut prendre soin de ne pas briser.

Le prends pas mal, Ella. Je t'en prie.


Plume, ta Protégée m'a vraiment touchée. Et Elle touche aussi Helen, je crois. Qu'importe, écris, que les Mots continuent de nous caresser et de nous heurter !

N'énucléez pas vos enfants.
deuxième année - anciennement Helen Brown

04 oct. 2020, 21:55
 ++  Quand la Brise fait vaciller l'Immuable
Je scrute la Fille. Pense à la nommer Rivière-Rubis, avant de me souvenir que son prénom est Helen. C'est ses ch'veux. J'sais que les prénoms ne signifient rien ; des fois même ils sont le contraire d'une Ame. Après tout, le mien ne signifie-t-il pas « éclat du soleil » ? J’ai rien d’un soleil. Ou alors je suis un soleil rouge et brun, qui brûle sans propager sa lumière. Qui meurt. Je sonde le fond de son regard. Les yeux disent toujours la vérité, quoi que l'on fasse pour les en empêcher.

Suffit d’savoir
Chercher.


J’ai le sentiment qu'Helen essaie de me faire avaler des mensonges. De s'cacher. Mais je ne peux lui en vouloir car je fais la même chose. Si je les laissais prendre le dessus, mes émotions détruiraient tout sur leur passage. Et elles laisseraient des marques. Peut-être pas très profondes, mais juste assez pour que ça fasse mal. Mon visage a beau être fait de glace devant eux, quand il n’y a plus personne et que la Nuit prend possession de leurs corps, les torrents de lave reviennent. Brûlants, dévastateurs. Tristes, incompris. Ce n'est pas de sa faute si elle coule ; le seul responsable est le volcan. Je ne fais pas exprès de la répandre. Je la retiens de toutes mes forces.

Avant que tout
N'explose.

Être trop blessée. Trop heureuse. Ce qui vit dans mon cœur n'est jamais gris. C'est au contraire une explosion de couleurs trop vives. Mais d'toute façon, il suffira de mettre un filtre noir et blanc pour que les autres n'y voient que du feu. Les autres qui ne veulent pas faire attention. Je crois que celles d'Helen sont pareilles. Est-ce qu’on est pareilles ? J’la connais pas. Pourtant cette nuit, j’ai l’impression que je pourrai décrocher la lune. J’espère que ça ne la dérange pas.

Que j’sois
Là.


Tant de questions que j’aimerais poser, tant de mots muets qui tentent de se frayer un chemin jusqu'à mes lèvres sans jamais en franchir la barrière. T’sais, Helen, mes grands-parents ils sont tout là-haut. Et je peux les voir, même s’ils sont à des milliards de kilomètres. C’est magique, hein? Elle prend les feuilles que je lui tends, et je soutiens son regard scrutateur. Je voudrais qu'elle comprenne que je souhaite partager. M’asseoir, et ne plus penser à rien. Y’a-t-il quelqu’un qui occupe une place importante dans ton ciel, Helen ?
Quand je m’imagine le Rien, tout devient noir, et une sensation de malaise m’envahit. Peut-être que j’ai peur du Rien. Du Néant. C’est impossible que Rien existe. Et l’Infini, il ne peut pas être sans fin. Seulement, lorsque j’en dessine les limites dans mon esprit, je vois toujours quelque chose au-delà.

Rien a
Du sens.


Pourquoi suis-je là, déjà ? Pourquoi j'existe ? Suis-je importante? As-tu la réponse, Helen ? Bien sûr que non ; elle doit avoir onze ans. Douze, à la limite. Mais l'âge non plus ne veut rien dire. Je suis sûre que je suis plus vieille que ça, dans ma tête. A cause d’eux. Grâce à ? Les adultes ont beau se croire plus sages, ils sont aussi paumés que nous. Ils savent juste mieux se le cacher. Se contenter de vivre sans se poser la question. Arrivés à la fin et même bien avant, on se demandera « et après? ». Après, c’est l’Infini. Et il est

Magnifiquement
Mystérieux.


Helen me tire hors de mes pensées. Elle aussi se pose une question. C’est étrange, car la réponse n'a pas l'air de l'intéresser. Elle est distante, lointaine. J’ai soudain peur de m’être trompée. Mais en cherchant une preuve, je m’aperçois que non. Ses yeux, bien que plongés dans la pénombre, tiennent un discours différent de sa voix. Ils se demandent vraiment.

- En fait, j’pense que mes grands-parents sont des étoiles maintenant. Alors je suis venue… leur rendre visite.

Ma voix est maitrisée. J’hausse les épaules, n’osant pas développer. De peur de m’exposer trop à la lumière ? Peut-être. Et la lumière de la lune ne me fait plus peur. Elle est douce et pâle comme la neige. Seulement, si elle veut pas s'ouvrir, je ne peux pas me risquer à le faire la première.

- Toi ?

Mes diamants
Jetés
Dans l'ciel.


Plume, je m'excuse du retard de ce Pas. Manque de temps, peur que cet écrit soit fade. Ta protégée m'a également touchée. Et détrompe-toi, tes premiers Mots n'étaient ni ridicules, ni prétentieux ; ils étaient beaux, comme tous ceux qui ont suivi. Merci de me les avoir partagés.

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18 oct. 2020, 19:06
 ++  Quand la Brise fait vaciller l'Immuable
Après la nuit
Avant le jour
J'irais chercher
Les hautes
Lumières

Fauve


EFFLEURER. JUSTE EFFLEURER.

Les étoiles. Oui, je suis sans doute venue leur rendre visite.
Elles brillent. Elles scintillent, indifférentes à la météo, au temps qui glisse lentement, aux horreurs qu'il y a sur Terre, à tout ce qu'on vit. J'ai l'impression qu'elles sont opposées aux Humains. P't'être qu'elles sont mortes. Peut-être qu'elles ne vivent jamais.
C'est différent, en fait.
Qu'est-ce qui est différent ?

Ah, si seulement je le savais. Je dirais, les trucs-là, dans le ciel, qui nous narguent presque, et puis nous. Nous, on se contente de les regarder, d'un air béat, de dire : Oh, qu'est-ce que c'est beau, tiens, regarde, la grande ours ! Et puis on baille, on va se coucher. Et on ne pense plus à les regarder quand il fait jour. Comme on ne cherche pas le soleil la nuit. Pourquoi ? On peut bien chercher sans jamais trouver, l'un n'empêche pas l'autre.

Oui, ces soirées d'été, que je passais avec Erin. Enveloppées dans des sacs de couchage, la tête dans l'herbe, dans le jardin. La lumière du réverbère de la rue était bien trop forte pour voir quoi que ce soit. Mais on tentait de déceler ces petits points blancs, tout en Haut. On parlait, on riait. C'était bien. Et puis, au bout d'un moment, Erin avait froid, elle voulait se coucher. Alors on s'imprégnait une dernière fois de la lueur orangée au-dessus de notre tête, et on rentrait. Et moi, dans mon lit, je m'endormais en imaginant ces boules enflammées que j'avais déjà vues en image, et que j'aurais aimé pouvoir voir. Je les imaginais se saluer, séparées de quelques mètres qui sont en réalité des années-lumière.
Et puis, maintenant, je suis dans une école de sorcellerie. Et je les vois, ces astres. Je les vois au télescope. C'est magnifique, ça me fait plaisir, bien sûr. Mais ça me fait drôle également. Tu sais, comme quand tu lis les dernières pages d'un livre, et tu es déçu de l'avoir fait après coup. Un voile de mystère retiré bien trop brutalement. Je voulais juste qu'il s'entre-ouvre de temps à autres, au gré des souffles du vent.

Et à présent, je suis ici. Les astres, je les regarde. Ils sont loin, beaucoup trop loin. Et Ella, elle y voit ses grands-parents.

Je ne comprends simplement pas. Je n'y arrive pas. Moi, ce que j'aime dans les étoiles – car je les aime – c'est qu'elles sont lisses et imperméables. Plumes de canard. C'est une myriade infinie, composée de points semblables. Je le crois, je les ai toujours imaginées ainsi. Et Ella, elle les identifie. Elle en connaît combien, parmi ces lumières qui me semblent toutes être les mêmes ? La question me brûle les lèvres. Mais je garde la bouche close. Parce que la présence de cette autre Fille assombrit la nuit. Et on voit mieux les étoiles.

Mais ce noir qui semble enserrer les étoiles, pourquoi on n'y prête pas attention ? C'est beau aussi, le noir. En fait, je crois que c'est du vide. Ou non, c'est du rien. Simplement rien. C'est fou, non ? Nos yeux s’écœurent de voir tout le temps de la matière. Des choses. Alors j'essaie de me concentrer sur le noir pénétrant, ces morceaux de ciel poreux.

Mais j'y arrive pas.

J'ai besoin de savoir. Ella, tu vois quoi, toi ? D'ailleurs, t'en penses quoi ? Et ça te dérange que je sois là ? La famille d'abord, bien sûr.

La famille d'abord. Inutile de chercher Maman, Papa et Erin parmi les lumières. Ce n'est pas ici que je les apercevrai. Mais qu'est-ce qui change, entre sa famille et la mienne ? Qui sont tes grands-parents, Ella ? Ils sont importants pour toi ?

Je ne la connais pas. D'ailleurs, peu importe, je -
Tu voudrais la connaître.


Parce qu'
Elle est aussi
Une
Tâche argentée
-
Entre
Tous les
Rêves
Etoilés
?

Et j'sais plus qui parle, qui je suis, qui Ils sont.
Tout est
Terriblement
Mélangé


- Tu me les montres ?

Qui ? Quoi ?
J'me mords les lèvres. Mon regard fuit. Il cherche probablement quelqu'un, ou quelque chose. Peut-être les grands-parents d'Ella. Mais je ne les verrai sans elle.
J'espère

Qu'elle
Veut

Bien
Me les montrer

?
Pourquoi c'est si difficile de parler ?

Souffle sifflant au travers le silence,
apaisant.


Oh non non, c'était très beau, ce que tu as écrit. Ne t'en fais pas. Jamais.

N'énucléez pas vos enfants.
deuxième année - anciennement Helen Brown

20 janv. 2021, 18:39
 ++  Quand la Brise fait vaciller l'Immuable
Je respire. C'est étrange de penser que chez certains, c’est une chose naturelle. Innée. Ils n'ont pas besoin de se faire la réflexion pour que l’air rentre et sorte à sa guise. Moi, il suffit que je regarde les étoiles et oublie où je suis ne serait-ce que quelques secondes pour que mes poumons me rappellent que j’ai besoin d’air. L'air, c'est la vie. Et j'veux vivre. C'est comme si faire de l'apnée pouvait m'aider à retenir tous les mots qui existent dans mon imagination, les mots qui les dérangent. Qui leur dira qu'une mélodie différente n'est pas forcément bizarre?

Fixer quelqu’un au hasard, droit dans les yeux, lui chanter tout ce qui me passe par la tête. Joliesse, caresse, tristesse... Je pourrais continuer longtemps ainsi. Mes pensées sont emmêlées, mais d'une certaine manière, leur désordre prend tout son sens dans mon esprit.

Comme un
Tourbillon
Poétique.


J’aimerais donner les mots sans compter, les jeter par la fenêtre et les regarder se laisser porter par le vent, telles des lanternes éclairant le chemin des rêves; avec l'espoir, le plus beau de tous, celui qu’ils trouvent une oreille attentive. *C'est permis d'espérer?*
Ils refusaient d'entendre ce que j’avais à dire. Tais-moi, tues-moi et c’est tout. Alors je retiens mon souffle le jour de peur que l'histoire soit interminablement perpétuelle. Car alors sortir la tête de l'eau une seconde fois serait plus dur que de boire la tasse. J'observe Helen à la dérobée, espérant qu'elle sait respirer, elle. Dans la crainte qu'ils aient forgé une forteresse autour de ses poumons.

Notes glissantes,
Fuyantes,
Nous sommes
Des poussières
Bleu nuit.


Il y a des soirs où les murs semblent me coller à la peau et les fenêtres à peine laisser place à la lumière noire. Il y a des soirs où je souhaite de tout mon cœur que ce mur horizontal -ces eaux sombres- si *percutant* s'effondre. Mais ils disent que dehors, c’est l'inconnu, le danger... le vide. Qu'un simple coup de vent me ferait vaciller -personne pour me rattraper. C'est faux.
Cette nuit, je ne ressens pas le besoin de fuir haut. Peut-être car les étoiles sont suffisamment *près*. Il y a Helen, aussi, dont le visage ne reflète aucune émotion. Alors pourquoi ai-je la certitude qu'elle a des choses à dire? Qu'elle retient son souffle de la même manière que retiens le mien? Je baisse le regard sur mes mains : il n'y aura pas de marques rouges sur mes paumes aujourd'hui.

Laisser
La douleur
Dans un coin
Et partir
En volant.


Avec mille précautions, je m’assois. Je préfère imaginer qu’elle n’y voie pas d’inconvénient. Mais soudain le silence se brise. Pourquoi ils disent ça, déjà? Ce n’est pas comme si le silence était un objet -ou une personne-. On ne brise pas des bruits, non. Juste et seulement le silence, car certains le trouvent plombant, dérangeant. Il gratte. *Comme un col-roulé* Je pense qu'il incarne simplement la perfection. Et c'est terrifiant.

Elle voudrait savoir où ils sont. Je ne parviens pas à empêcher le doute de s'insinuer en moi. Après tout, mes certitudes sont trop souvent dues à mon imagination. Je sais que je ne peux pas me faire confiance. Car même après toutes ces années, je suis tout simplement incapable d'apprendre de mes erreurs. Je ferme les yeux et entoure mes genoux de mes bras, en proie à cette méfiance vicieuse qui me coupe du reste du monde. Elle me fait du mal. Respire, respire, respire. Elle te fait du mal. Elle n'est pas réelle. Je relève la tête et esquisse un sourire -un vrai sourire, bien qu'hésitant, car un faux reviendrait à ne pas sourire du tout.

- Si tu sais où est l’Est, oui. J’veux dire… ils sont en Russie. Peut-être que tes cartes le savent, j’ajoute en me tournant vers ses parchemins. On pourrait décider sur quelle étoile ils sont, ce soir. Une avec un joli nom.

C'est vrai, je ne me suis jamais référée à une en particulier; c’est comme une évidence. J’en fixe une, en plein dans la lumière scintillante et je sais que ce sont eux. Ils me bercent. Ils chantent, tout bas. Je respire.

Vraiment
Très
Délicatement.


Un hibou vole vers toi, Plume...

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