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11 déc. 2019, 14:34
 privé  Vous viendrez me voir à la fin du cours.
27 septembre 2044
@Aelle Bristyle


Vous viendrez me voir à la fin du cours.
ou
Ne pas confondre étudier les buissons et faire l'école buissonnière


On était à la fin du mois de Septembre. Naomi commençait à connaitre ses élèves, ou du moins à connaitre leurs prénoms, et peu de choses lui échappaient. Elle avait toujours été très rigoureuse dans son travail et elle ne se contentait jamais d'oublier les détails pour aller à l'essentiel. Pour elle le travail pour être bien fait devait se montrer rigoureux et organisé. Il fallait voir comme les serres étaient propres et bien rangées. Pas un seul grain de terreau ne venait salir l'allée lustrée entre les tables. Les plantes étaient toutes rangées selon des codes qui lui étaient propres et quiconque aurait le malheur de laisser trainer un outil écoperait d'une remontée de bretelle.

La semaine passée, un détail l'avait rendu soucieuse. Une élève, Bristyle, ne s'était pas montré en cours. Naomi avait d'abord pensé à un retard mais pourtant, elle n'était jamais arrivée. Et personne n'avait su lui dire où elle se trouvait. Et une semaine après, en la revoyant, elle ne reçut ni excuses, ni papier attestant qu'elle se trouvait par exemple à l'infirmerie... Il n'était pas question de laisser passer ça. Et c'était dommage car pourtant l'élève n'avait pas eu l'air préoccupante de prime abord. Elle était même calme et sage. Pas une perturbatrice... Mais alors pourquoi ? Dans un château, où on vivait et où l'on était cloîtré, il n'y avait pas trente excuses possibles pour louper les cours. On ne pouvait pas prétendre avoir un rendez-vous avec les parents chez le médicomage. Non il n'y avait que peu de raisons de loup en un cours. Soit l'on était retenu par un adulte ou à l'infirmerie, auquel cas on présentait un mot rédigé par l'adulte en question, soit on séchait...

La professeure hésita longuement avant de dire quoi que ce soit à cette Bristyle. On était au début du cours. L'effrayait maintenant promettait que les heures qui allaient suivre ce moment allaient possiblement paraître très longue à l'élève. Et si elle stressait deux heures à l'idée que sa professeure pouvait lui en vouloir pour quelque chose ? Non il valait mieux la ménager.

Ainsi Naomi laissa couler une première heure. Puis après un long discours sur l'importance du croquis en botanique et la présentation de quelques plantes, elle lança un travail de dessin et prises de notes. Tous devaient choisir une plante de la serre, la crayonner aussi précisément que possible, et donner toutes ces caractéristiques physiques. La professeure laissa les élèves en autonomie, faisant simplement le tour de temps à autre de la serre pour leur dire de faire silence. Elle profita de cette activité pour passer derrière l'élève qu'elle cherchait à alpaguer. Sa canne la rendait facile à entendre, mais elle ne savait pas encore si elle avait été vue. Assez bas pour n'être entendue que de l'élève, elle indiqua ; "Miss Bristyle. Vous viendrez me voir à la fin du cours." Et elle s'en retourna au reste de ses activités.

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

16 déc. 2019, 10:15
 privé  Vous viendrez me voir à la fin du cours.
27 septembre 2044
Cours de Botanique — Poudlard
4ème année


Je tire une feuille de parchemin de mon sac et la dépose devant moi. De ma petite boite en fer je sors un crayon, une plume et de l’encre. Je dépose le tout stratégiquement autour de mon parchemin. J’attends que les élèves se soient installés. Ils se sont tous levés pour se jeter sur les plantes qui foisonnent autour de nous. La plupart ont amené leur feuille avec eux pour dessiner la plante qu’ils auront choisis, mais moi je décide de faire le contraire : aller chercher la plante et la ramener ici où le calme est bien plus présent. Dès que les Autres se penchent sur leur dessin, je me lève et part à la recherche de ma plante.

Ce matin, je suis pensive. En laissant Zikomo tout à l’heure, je sentais bien que j’avais quelque chose dans la tête qui ferait que cette journée serait étrange. Je n’arrête pas de penser à Rosenberg que j’ai vu dimanche dernier, sans savoir pourquoi. Et je pense à Thalia aussi. Thalia qui, malheureusement, n’est pas en cours avec moi. J’ai toujours pensé qu’il était agréable qu’elle soit d’une année inférieure à la mienne : ainsi, je pouvais retrouver ma tranquillité en cours. Et je le pense sincèrement. L’année dernière, je n’éprouvais rien de bien négatif à m’éloigner d’elle pour aller en cours. Mais cette année… Cette année je me dis, parfois, qu’il serait bien que ma voisine de table ne soit pas une Autre.

Je choisis une plante à Pipaillon et, du bout de ma baguette, la ramène sur ma paillasse. J’aurais pu prendre un figuier d’Abyssinie ; grâce à celui que je garde toujours sur ma table de chevet, le devoir en aurait été simplifié, mais je préfère apprendre plutôt que de me simplifier la vie.

Essayant de me soustraire aux bruits alentours, je me penche sur ma plante. La voix me surprend si fort que j’en sursaute ; elle vient de derrière moi et je reconnais instantanément le timbre de la voix de la professeure.

« Miss Bristyle. Vous viendrez me voir à la fin du cours. »

Mon coeur sursaute et je me retourne, surprise. Mais déjà, la femme s'est éloignée. Je la regarde partir, le coeur à l'envers. Pourquoi veut-elle me voir ? Pour un devoir ? Parce que je n'ai pas dit bonjour en rentrant ? Parce que... *J'ai séché !*. Le détail me revient tout à coup : la semaine dernière, je ne suis pas venue en Botanique. Pourquoi ? Parce que je n'en avais pas envie, voilà tout. Même que j'avais passé du temps avec Rosenberg, le gosse insupportable ;  *et j'ai adoré ça* — je grogne intérieurement : et me voilà encore à penser à lui.

Je me remets au travail, mais mon esprit est préoccupé par mon futur entretien avec la professeure. Quel mensonge pourrais-je bien dire ? La réponse me vient instantanément : aucun. Je n’ai aucun intérêt à mentir. Je me fous de me prendre une retenue. De toute manière, me souffle mon vil esprit, Papa et Maman ne voudront sûrement même pas que l’on rentre à Noël. Ils doivent bien se foutre que je reçoive une retenue.

Lorsqu’arrive la fin du cours, je range lentement mes affaires. Mon dessin ne me convient pas, les traits ne sont pas précis, et j’étais si préoccupée à l’idée de devoir parler à l’Autre Adulte que j’en ai oublié la plupart des caractéristiques de la plante. C’est complètement idiot ! En temps normal, j’aurais été capable de parler de cette fichue plante pieds et poings liés.
J’attends que les Autres dégagent de la serre et m’avance vers le bureau de la femme, la main accrochée à la lanière de mon sac. Je me poste à côté d’elle, la bouche fermée et le regard résolument tourné vers la porte. Pendant un instant, je me dis que je devrais me rappeler à elle : « Vous m’aviez dit d’venir à la fin du cours ? » mais finalement, je me tais : ça m’étonnerait qu’elle ait oublié.

02 janv. 2020, 11:32
 privé  Vous viendrez me voir à la fin du cours.
Naomi passa le reste de l'heure à aller d'un élève à un autre, vérifiant que personne n'avait l'idée incongrue de maltraiter ses plantes pour mieux les observer. Ce genre d'exercices étaient des plus amusants pour elle. En effet, les jeunes sorciers n'étaient pas tous des as du crayon, et les voir tenter de faire des croquis les plus fidèles possibles la faisait toujours rire. Certains se débrouillaient très bien, certainement parce qu'ils exerçaient le dessin en dehors des cours. D'autres fournissaient des horreurs. Elle finit par s'arrêter à côté d'une jeune fille dont l'illustration se montrait particulièrement peu convaincante. L'élève, consciente de la médiocrité de sa production, tentait vainement d'ajouter trait sur trait pour rendre son œuvre plus précise.

- Miss Forester, ce n'est pas la beauté que nous recherchons. Allez au plus simple, décomposez les formes. L'important n'est pas de dépeindre chaque nervure de la feuille mais de connaitre sa forme et sa texture. Et je rappelle que vous avez à disposition des livres de votre niveau fonctionnant par clé d'identification dans lesquels vous trouverez les termes précis pour agrémenter votre légende. M'écrire qu'une feuille est une feuille ne suffit pas. Et cette remarque vaut pour tous.

Le silence qui régnait dans les serres laissait penser à l'enseignante que cette remarque profiterait à plus d'un. Elle n'attendait pas un travail digne des beaux-arts mais se concentrait plutôt sur l'aspect scientifique du croquis. Avec le temps elle réussissait à dépeindre parfaitement ce qu'elle voyait sur ses carnets, mais elle avait connu la maladresse du début. Le dessin n'était pas inné, et pour les examens on n’exigeait pas de niveau particulier, seulement de la méthode.

C'est lorsque les étudiants commencèrent à retourner au château que la professeure se souvint avoir convié l'une des adolescentes à la rejoindre. Celle-ci avait obtempéré d'elle-même, sans qu'elle n'eût à le rappeler, et attendait patiemment que s'entame la discussion. 

- Ah, miss Bristyle... Vous vous doutez de ce qui m'a poussé à vous demander de rester.

La professeure soupira et prit appui sur sa canne avant de continuer :

- La semaine dernière, je n'ai reçu aucun mot m'expliquant votre absence à mon cours. Dois-je comprendre que cet éloignement n'était dû à rien qui puisse vous en excuser ?

Naomi avait pris un ton neutre, pas froid ni en colère, principalement parce qu'elle s'en fichait. Si des élèves souhaitaient se priver de ses cours c'est qu'ils ne valaient pas la peine de les recevoir. Mais malgré cette indifférence, elle ne pouvait pas laisser passer ça. Elle ne comptait pas forcément punir Aelle, mais au moins lui mettre un coup de pression. Le tout était qu'elle soit convaincue que recommencer lui coûterait cher. 

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

16 janv. 2020, 17:06
 privé  Vous viendrez me voir à la fin du cours.
Mon coeur fait des embardées dans ma poitrine. Il sursaute, il s’envole. J’ai beau vouloir me persuader du contraire, la conversation qui va suivre m’effraie. Non pas que je regrette d’avoir manqué le cours de botanique la semaine dernière, non… Mais les conséquences de mon acte m’apparaissent tout à coup beaucoup plus effrayantes. Et si Bergsturm allait voir Loewy et lui disait que je n’étais pas assidue ? Je n’en suis plus à croire que la moindre petite erreur puisse me faire expulser du château, mais j’ai toujours cette peur enfantine à l’idée de me retrouver face à la grande sorcière noire — ce qui pourrait arriver si cette femme lui parle de moi. Je préférais affronter mille Bergsturm qu’une seule Loewy.
Je jette un regard à la femme.
C’est la première fois que je me trouve aussi proche d’elle. Son visage inexpressif m’inquiète.

Enfin, elle parle. Je gigote pour échapper à son regard, sans savoir où poser mes yeux. Bien entendu, elle a compris que mon absence n’est pas due à un quelconque contretemps. Mais contrairement à ce que je pensais, elle ne prend pas la voix de la la réprimande. Elle se contente de poser sa question et celle-ci me force à ouvrir la bouche. Vous avez tout compris, allais-je simplement répondre. Mais quelque chose m’en empêche ; peut-être son regard ou les sursauts de mon coeur.

Le fait est que je n’ai rien à dire. Je ne sais même plus pourquoi j’ai séché. Je crois que c’est seulement parce que je le pouvais ; alors je l’ai fait. Un peu comme pour dire : malgré tout votre emploi du temps à la con, moi je fais ce que je veux quand je veux. Alors je ne peux m’excuser, car je ne regrette rien. Mais je ne veux pas non plus me défendre : à quoi cela servirait-il ? Je sais que manquer un cours est mal et je sais que je recommencerais si jamais j’en ai envie. Je me demande si les lettres officielles partent encore de Poudlard. Quelqu’un préviendra-t-il Papa et Maman si je ne vais plus en cours ? Qu’est-ce que cela pourrait-il bien changer puisque je ne peux plus quitter le château ? De toute façon, Papa et Maman n’en n’ont rien à faire.

Je finis par baisser la tête vers mes pieds, haussant légèrement les épaules en guise de réponse. Oui. Non. Peut-être. Qu’elle prenne mon silence comme un assentiment, qu’elle me donne une retenue pour que je puisse m’en aller.
Ma gorge se serre sans que je ne l’y autorise.
Je n’ai pas envie d’être ici. Je n’ai pas envie d’être ailleurs. En fait, je n’aimerais être nul part et l’être en compagnie de Thalia et de Zikomo. Sans mon esprit pour ne pas songer, sans mon coeur pour ne pas pleurer ; seulement nous. Ce serait bien.

Toutes mes excuses pour ce retard. 

21 janv. 2020, 06:49
 privé  Vous viendrez me voir à la fin du cours.
Le silence. C'est tout que l'élève trouve à lui répondre. Naomi ne sut qu'en penser ni comment l'interpréter. Bien sûr cela venait confirmer en douceur qu'Aelle avait loupé le cours en connaissance de causes. Mais que l'élève avait séché, elle s'en doutait déjà. Il n'y avait pas de réponse plus équivoque. Le silence était aussi flou à décrypter qu'un visage vidé de toute expression.

Hausser les épaules n'est pas plus parlant non plus. On peut traduire ce geste de différentes manières sans savoir si on est juste. Ici la botaniste le comprit comme le signe qu'elle était parfaitement consciente de ce qu'elle avait fait, mais qu'elle ne trouvait rien à y redire. Heureusement pour elle, elle avait eu le réflexe de regarder le sol, signe de respect, de peur ou au moins d'inconfort. Pas que l'enseignante appréciait de voir un élève soumettre à elle, mais si le silence avait été accompagné d'un combat de regard droit dans les yeux elle l'aurait pris comme de l'insolence.

Tout ce dont doit rêver l'élève c'est de pouvoir fuir au plus vite. Naomi pense à la possibilité d'une retenue mais le but est qu'elle comprenne sa faute, pas qu'elle décide de s'absenter à une énième heure qui lui aura été imposée.

Sa résolution d'être plus patiente lui revenant en mémoire, Naomi essaya de garder son plus grand calme pour répondre ; " Je ne vous ai pas convoqué pour le plaisir. Si cela ne tenait qu'à moi je vous aurais laissé louper autant de mes cours que vous le vouliez. Après-tout si la botanique ne vous intéresse pas et que vous refusez même de faire acte de présence je ne peux rien faire de plus pour vous. Je pourrais vous donner une retenue, mais je ne donne de retenues qu'aux élèves pour lesquels j'ai espoir de transmettre ma passion. De toute évidence avec vous, je perdrais mon temps."

La professeure s'interrompt. Si elle ne donne pas de retenues que faire ? Il est clair que s'absenter aux cours est très dangereux, ce n'est vraiment pas la période... Le tout serait de donner un petit travail à faire à la bibliothèque et de prévenir toute récidive. Pour y aller en douceur elle s'amusa à poser à nouveau une question à la petite ; "Vous savez au moins ce qui me pose vraiment problème avec le fait que vous ayez loupé mes cours ?"

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

22 janv. 2020, 17:30
 privé  Vous viendrez me voir à la fin du cours.
Je crois qu’il y a un monstre qui me mange le coeur. Puis-je répondre cela à ma professeure ? Tous les jours, il me mange d’une manière différente. Aujourd’hui, il me fait mal sans me faire mal. Je me sens juste profondément absente, profondément détachée. Comme si rien n’avait d’importance. Ce soir pourtant, je sais qu’il me mangera à une autre sauce, le monstre. Alors j’aurais envie de pleurer ou alors… Alors peut-être serais-je en colère au point de haïr Maman et Papa de m’avoir tenu éloigné d’eux. Comment puis-je savoir ? Un jour je veux pleurer, le lendemain je veux crier et le surlendemain encore je ne veux rien faire.
Je crois donc qu’il y a un monstre qui me mange le coeur, Miss, et je ne sais pas comment faire pour m’en débarrasser.

Je prends une courte inspiration pour repousser mes pensées. Et ça marche. Je cligne des yeux, reviens à l’instant présent. Je ne suis qu’une idiote. Je ne dirais rien à cette femme, c’est évident. Je n’ai rien envie de lui dire, ni à elle ni à personne d’autre. Je veux seulement… Je n’en sais rien, mais je sais au moins ce que je ne veux pas.

Je bénis le moment où elle prend la parole ; elle éloigne mes pensées. Son ton, pourtant, est moins agréable que précédemment. J’enferme ma lèvre entre mes dents et la mâchonne, attendant que la tempête passe. C’est lorsque j’entends les mots « si la botanique ne vous intéresse pas » que je lève précipitamment la tête. Je le fais si vite que ma nuque craque. Les yeux grands ouverts, je la regarde parler. J’essaie d’intervenir, mais elle ne m’en laisse pas le temps.
Qu’elle se taise, qu’elle se taise ! implore mon coeur. Nom de Merlin, mais comment peut-elle seulement croire que la botanique ne m’intéresse pas ? Comment peut-elle seulement croire cela de moi ? *Elle m’connaît pas, c’est tout*. Certes. Mais je ne veux pas qu’elle croit cela, je ne veux pas qu’elle se désintéresse de moi, je ne veux pas qu’elle me regarde désormais et qu’elle se dise : cette élève-là ne veut rien alors elle ne vaut rien. Nom de Merlin, je vaux mieux que tous les autres idiots de ma classe, et je suis bien plus capable qu’eux ! Il ne faut pas qu’elle croit le contraire !

Mon coeur a beau s’agiter, mon esprit a beau crier de toutes ses forces, la femme ne s’arrête pas. Et moi, je n’arrive pas à l’arrêter. Mon crie se bloque dans ma gorge et la peur fait enfler ma frustration.
Elle finit par me poser une question.
Une question qui n’a rien à voir avec le reste. On s’en fout que j’ai loupé le cours, ce qui est important pour le moment c’est que vous croyez que je n’aime pas la botanique ! Je la regarde avec tous mes yeux, un peu avec horreur aussi ; je ne sais pas quoi répondre.

« Je… » m’en fous un peu de ce qui vous pose problème. Je soupire. « C’est juste qu’j’suis censé être là, donc vous voulez qu’j’sois là. »

Et c’est une raison idiote, mais je ne devrais pas m’attendre à autre chose venant d’un professeur.
Je prends une grande inspiration. Je ne compte pas m’arrêter là. Il est hors de question que je la laisse se méprendre quant à mes réelles motivations. Il est hors de question que je gâche cette chance d’en apprendre davantage. Et si cette femme pense que je ne veux pas apprendre, elle ne me permettra jamais d’apprendre comme je le souhaite.
Alors je me lance.

« J’aime la botanique ! » L’éclat sort de mon coeur. Je me redresse et ose enfin regarder la femme dans les yeux. « J’l’aime, j’vous assure ! Sinon, Ricke serait pas encore en vie, j’vous assure. C'est un figuier d'Abyssinie et il est en super forme. La botanique, c’est peut-être pas ce que je préfère, c’est pas d’la magie, mais j’aime.... » Ma voix s’amenuise. Je secoue les mains devant moi pour accompagner mon discours. « Euh… Apprendre. Tout apprendre. »

La botanique ne me passionne pas. Ce n’est pas comme la magie, comme l’Infinité de choses que je peux apprendre à faire avec ce flux qui coule dans mon corps. Mais c’est une science logique, certaine et qui laisse place à tant de découvertes. Et j’aime l’apprendre, comme j’aime apprendre tout le reste.

« Tout est bon à apprendre, alors… » Je détourne regard, incapable de supporter plus longtemps l’affrontement de nos yeux. « Dîtes pas que ça m’intéresse pas. » Puis, marmonnant : « Puis j’vous f’rais beaucoup moins perdre votre temps qu’les Autres… »

28 janv. 2020, 18:05
 privé  Vous viendrez me voir à la fin du cours.
Elle est censée être là. Oui c'est un bon argument, difficile à contredire. Jusque-là c'est bien elle me donne de la désinvolture à ne plus savoir quoi en faire. Au moins je n'aurais pas de scrupules à la punir.
Je ne peux m'empêcher de soupirer et de fermer les yeux un instant. Qu'est-ce que j'ai en réserve ? Exposé sur les pâquerettes, dissertation sur les utilités des jonquilles klaxonnantes ou mille lignes de parchemins sur les raisons pour lesquelles la botanique est formidable ?

Soudain elle me coupe dans ma réflexion. Alors autant je supporte que l'on me coupe de temps à autre la parole, mais qu'on me coupe dans mes réflexions, ça je supporte pas. Malpolie ! ... Bon si c'est pour crier son amour de ma matière peut-être que je veux bien relativiser.

La suite de ce qu'elle a dit j'ai pas trop compris. Je crois que s'en est encore une qui donne des noms à ses plantes. Moi je veux bien mais à un moment si il y a une nomenclature en botanique c'est pas pour qu'on m'appelle "Bernard" un Ficus carica abyssinia. Mais ce que je retiens d'avantage c'est qu'elle aime la botanique. J'ai du mal à retenir le sourire qui manque de s'échapper de mes lèvres. Si elle ne ment pas, cette petite va rapidement entrer dans le club restreint de mes chouchous. Mais il me semble presque impossible qu'elle mente, elle a tenu à me regarder dans les yeux pour appuyer son propos...

Ainsi donc en quelques mots la balance s'est penché d'un tout autre côté, et moi qui voulais en finir vite je me retrouve à éprouver soudainement de l'affection pour l'enfant. Je crois qu'elle m'a convaincue de lui donner une retenue. Je vais lui rendre ce service, et bien parce que je suis gentille, mais avant cela il faut tout de même qu'elle comprenne son erreur : "Ce qui m'a posé problème avec le fait que tu ai loupé mon cours, ce n'est pas simplement le fait que tu étais censée y être. Le véritable problème c'est qu'en t'absentant sans prévenir personne tu te mets toi-même en danger."

Ces dangers je ne pouvais les décrire, pas à une élève. Ils devaient bien se douter de ce qui poussait les professeurs à redoubler leur vigilance. Cela faisait un moment qu'on était plus sur de la stabilité de la situation, et que la sécurité semblait relative. Et même à Poudlard, on était pas à l'abri d’un retournement de situation. Le danger pouvait aussi bien venir de l'intérieur que de l’extérieur.

Je lui laissais le temps de digérer mes paroles et ordonnait : "Bien, puisque tu aimes la botanique tu me retrouveras ici ce samedi à 7 heures tapantes. Et si tu manques encore l'un de mes cours sans fournir d'explication, tu en seras complètement congédiée."

Si comme moi à son âge elle aimait vraiment la botanique, elle ne recommencerait plus. Cette menace n'était là que pour faire peur, je ne comptais pas la mettre en application, mais il était important qu'elle ne recommence plus. Pour elle-même.

Le fait de la convier à 7 heures du matin, heure relativement matinale, me fait tout simplement bien rire. J'aime priver les élèves de grasse matinée, et voir des grimaces se former sur leur visage à l'annonce de l'horaire !

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

07 févr. 2020, 15:34
 privé  Vous viendrez me voir à la fin du cours.
Une chose, dans son attitude ou son regard peut-être, me persuade que mon discours a eu l’effet escompté : elle m’a cru. Le contraire aurait difficilement été acceptable, puisque je n’ai menti à aucun instant. Mais si je suis rassurée de voir qu’elle ne remet pas en doute la véracité de mes propos, cela est effacé par ma surprise de l’entendre me tutoyer. Je ne m’attendais tellement pas à cela que j’en oublie presque d’écouter ce qu’elle me raconte. Je parviens difficilement à rester concentrée, mais ne peux m’empêcher de me demander pourquoi, pourquoi nom de Merlin, se permet-elle cette marque de familiarité ? A Poudlard, aucun adulte m’ayant directement adressé la parole ne m’a tutoyé, jamais cela ne s’est pr…
Un souvenir fracture ma pensée.
Soudainement, il s’impose à moi. Il me fait voyager des mois en arrière, quand j’ai rencontré Loewy dans un couloir et que nous avons eu la discussion la plus étrange qu’il m’ait été donné à avoir.
Elle, elle m’a tutoyé.
Loewy.
L’espace de quelques paroles, elle m’a tutoyé, m’a même appelé par mon prénom, avant de me raconter son histoire à elle, me révélant des choses que jamais je n’aurais osé lui demander. Un frisson me parcourt l’échine à ce souvenir. J’ai compris depuis longtemps que l’enfant de son histoire n’était nul autre qu’elle-même, Kristen Loewy. Ce jour-là, la femme m’a fait un présent que j’ai mis du temps à accepter.

Je bats des paupières pour revenir à l’instant présent et installe mon regard légèrement froncé dans celui de la professeure. Et elle ? Va-t'elle me faire un présent semblable à celui de sa supérieure ? J’en doute ; je pense même qu’elle n’a pas grand chose à m’offrir, si ce n’est son savoir lié à la Botanique — ce qui est déjà beaucoup, certes. Mais la seule chose que je veux recevoir d’elle, c’est son pardon. Car c’est là le seul chemin qui me permettra de continuer à participer à ses cours. Et même si je peux apprendre par moi-même, je sais que cela ne sera jamais suffisant ; il me faut un regard extérieur pour comprendre certaines matières et la Botanique en fait partie. Et je ne supporterais jamais plus de me faire exclure de quelque part.

La retenue qu’elle m’annonce finit de me décrisper. Je laisse même m’échapper un soupir de soulagement, inconsciente jusqu’ici que je retenais ma respiration. Elle a accepté d’excuser mon absence de la semaine dernière. Elle m’accepte dans son cours. A la condition que je vienne en retenue samedi, mais cela ne me dérange guère. Au contraire, même. Sauf si elle se décide à me donner des lignes ; il n’y a rien de plus inutile que des lignes, rien de moins intéressant que cette tâche ingrate destinée à endormir l’intelligence. Je me redresse inconscient, affichant sur mon visage un air beaucoup moins fermé que ce que j’affichais jusqu’ici. Pendant un instant, je me sens totalement comblée ; c’est toujours l’effet que me fait le Savoir — au moins, il ne me déçoit jamais, celui-ci. La retenue est une bonne chose, elle m’empêchera de penser à tout le reste, à ce qui m’a justement donné envie de ne pas me rendre en cours de Botanique mardi dernier. 

J’accorde un hochement de tête à la femme pour lui indiquer que j’ai bien mémorisé notre futur rendez-vous et remonte la bretelle de mon sac sur mon épaule. La voix de Papa dans ma tête me chuchote que je ne peux décidément pas partir sans montrer ma gratitude. Mais pour une fois, cela ne me dérange pas puisque je la ressens sincèrement.

« Merci, » soufflé-je en m’éloignant, montrant ainsi mon envie de m’en aller. Après un instant d’hésitation, j’ajoute : « Mais vous savez, j’étais pas en danger. »

Un sourire fugace passe sur mes lèvres en pensant — encore — à Rosenberg ; c’est certain que ce môme n’est pas un danger pour qui que ce soit. Sauf pour lui même, me souviens-je cependant, quand il se décide à ne pas réfléchir avant d'agir, ce qui est d'ailleurs une fort mauvaise habitude pour un Serdaigle.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 18 févr. 2020, 07:33, modifié 1 fois.

18 févr. 2020, 07:05
 privé  Vous viendrez me voir à la fin du cours.
Elle prétend qu'elle n'était pas en danger. Elle n'a donc rien compris du plus gros de mes reproches. Les enfants font rarement preuve de lucidité je devrais avoir l'habitude, mais je sens toujours poindre un peu d'énervement lorsqu'ils ne me comprennent pas. Étais-je pareille à leur âge ? Peut-être en métamorphose remarque... je ne comprenais vraiment pas comment réussir et c'est un miracle que je m'en sois sorti avec un A à mes aspics. Aujourd'hui encore je fais tout pour éviter d'avoir à métamorphoser quoi que ce soit. J'ai trop peur de causer des dégâts.

Quoi qu'il en soit je me sens obligée de lui réexpliquer ce qui m'inquiète avec le fait de la savoir se promener dans le château. Poudlard est certes l'endroit le plus sur qui soit, mais un rebondissement peut survenir à tout moment. Et si un jour quelqu'un réussit à s'infiltrer, soit il fera partie du personnel ou des élèves de Poudlard, soit il sera suffisamment puissant pour passer les barrières magiques de la directrice et nous aurons donc à nous inquiéter. Je suis loin d'être paranoïaque, je suis simplement prudente et j'ai écouté mes cours d'histoire de la magie. Il peut toujours arriver quelque chose.

J'hésite quant aux mots à choisir. Je ne peux pas lui dire la chose comme je la pense. Le but n'est pas de stresser les élèves outre-mesure. Et puisqu'elle s'en va je n'ai pas vraiment le temps d’étayer ma pensée ; " Tu es d'autant plus en danger quand tu n'as pas conscience que tu l'es."

Et j'ajoutais pour raviver le souvenir de la retenue ; "A samedi."

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Le samedi, me souvenant qu'elle appréciait la botanique, je décidais de l'emmener dans une serre un peu plus intéressante pour elle. Ainsi, donc je choisis la serre n°4 où je lui laissais un seau rempli au quart de viscères et petits morceaux de viande. Le but n'était pas non plus que cela soit une partie de plaisir pour elle, mais si elle pouvait en apprendre plus ce serait toujours ça de gagné. Ainsi je lui expliquais quelques petites choses à savoir sur les plantes dangereuses de cette serre et sur celle qu'elle allait devoir nourrir ; le chou mordeur de chine.
Je lui laissais ensuite le champ libre pour nourrir mes protégés, vérifiant qu’elle n'enlevait jamais ses gants et se comportait de manière à rester en sécurité, puisqu'elle semblait avoir une notion assez étrange du danger. Elle ne mit pas plus d'une demi-heure à les nourrir c'est pourquoi je lui donnais par la suite la tâche d'arroser les arbres anti-pesanteur et lui donnait comme travail supplémentaire une dissertation à me faire sur les dangers de la botanique, qu'elle devrait finir en autonomie.

fin du rp pour moi, merci beaucoup

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

20 févr. 2020, 15:14
 privé  Vous viendrez me voir à la fin du cours.
Les mots de la femme m’arrachent mon sourire et me le piétinent. Une brise glacée s’abat sur mon coeur. Il me faut quelques secondes pour comprendre que l’entretien est terminé et qu’il est temps que je m’en aille. Je salue ma professeure d’un signe de tête, troublée, et quitte la salle de classe, le coeur bien plus lourd que lorsque j’y suis entré.

Tout le temps que dure mon cheminement pour rentrer au château, tournent dans ma tête les mots qu’elle m’a si injustement balancés. Tu es plus en danger quand tu n’as pas conscience que tu l’es. Sans savoir pourquoi, je suis incapable de m’en dépêtrer, ni d’eux ni de la sensation glacée qu’ils ont imposée dans mon coeur. Je sais que le monde est en danger, que l’extérieur est violent, que le Conseil des Sorciers a des idées que je suis loin de partager ; cette violence se remarque au sein même du château, à cause des rixes de couloir, des insultes qui fusent, des tensions qui traînent même dans la Salle Commune. Mis à part cela, à part les courriers angoissés de ma famille, les quelques paroles que nous avons échangés à ce propos avec Aodren ou même Thalia, à part le souvenir étrangement douloureux du 2 mai, je ne me sens pas en danger. Je suis, comme les années précédentes, au coeur d’un château inviolable qui est entouré des meilleures défenses imaginables. Je ne suis pas en danger. Je ne le suis pas. Le fait que cette femme me dise le contraire ne me plait pas ; je suis bien forcé de me rappeler de toutes ces fois où le château, des décennies avant, a vu ses protections réduites à néant par le pouvoir d’une quelconque force extérieure. Je ne peux pas m’empêcher d’y penser et j’ai beau essayer de toutes mes forces, les paroles effrayantes de ma professeure refuse de quitter mon esprit. 

- Fin -