Lumah était tellement prise dans son imagination qu'elle fut déconcertée de voir la rouquine rire. Mais vite, elle la rejoint et pouffa à son tour. Le rire, c'était contagieux ; comme le fait de la voir enfin adopter une expression plus joyeuse.
Visiblement, personne ne trouvait les cloportes aussi mignons qu'elle les trouvait ; enfin ça l'importait peu. Au moins, elle les aurait pour elle toute seule.

« Moi je trouve ça mignon, c'est drôle quand ils se mettent en boule », affirma-t-elle avec des yeux pétillants, défendant son opinion.

Elle avait un peu peur des choses qui grouillaient, c'était vrai, mais les cloportes faisaient en quelque sorte partie de son enfance, donc elle s'y était attachée.

La petite écoutait attentivement la première année, et fut d'abord étonnée par sa réponse. Mais finalement, elle ne pouvait que l'approuver ; la salle commune était juste magnifico-fantastique, c'était bien vrai ! La première fois qu'elle l'avait vue, elle avait eu l'impression d'être attirée par ce plafond d'étoiles, d'y plonger. Il ressemblait étrangement à la mer, à ses pensées, à son flot de souvenirs. Les bougies l'avaient tout autant impressionnée, et surtout intriguée. Jamais elle n'avait vu autant des ses rêves devenir réalité. Et les longues tables, c'était aussi un des meilleurs souvenirs, une des choses qui la fascinaient toujours autant. Bien qu'elle n'y aille plus.

« J'suis d'accord, la Grande Salle est magnifique ! Je suis toujours autant émerveillée quand je la vois. »

Soudain, Eileen sembla se rappeler de quelque chose, attisant la curiosité de Lumah ; lorsqu'elle posa sa question cependant, la petite ne savait que répondre. Elle lisait beaucoup, et son étagères de livres était si remplie ! De plus, elle avait dévoré la bibliothèque familiale, testant les BDs, les romans épais, d'aventures (ses préférés), d'enquête, fantastiques... Les seuls auquel elle n'avait pas touchés étaient les romances. Loin d'elle, ces ignominies, auxquelles elle ne comprenait strictement rien. Et puis c'était sincèrement dégoûtant pour elle. Ça la gênait plus qu'autre chose.

« Je connais, et j'adore ! Oui, j'en lis beaucoup, c'est un peu mon passe temps, en fait. Un de mes passe-temps, plutôt. », commença la petiote, avant d'ajouter : « Je lis beaucoup de romans d'aventures, et d'enquête ! J'adore les intrigues, et toi ? Sinon, mon éternel favori restera Alice au Pays des Merveilles, je le trouve toujours aussi beau. Et tordu, c'est vrai. »

Finalement, Eileen semblait rassurée, un peu mieux au moins. Cela apaisa Lumah ; elle n'aimait pas voir les gens mal. D'ailleurs, elle doutait qu'il existait seulement des personnes aimant la souffrance... Enfin, elle en avait douté. L'horrible visage de l'Autre, son sourire élargi, et la pression de ses mains son son cou lui revinrent à l'esprit. Instinctivement, Lumah perdit son sourire une demi-seconde, pour le retrouver immédiatement après. Elle posa sa main délicatement contre son front, désormais à peu près guéri, comme si elle avait douté de la réalité. Mais non, cet épisode s'était bien produit.

Un sourire orna son visage. Comme une couronne sur la tête d'une reine, il venait la faire briller de mille feux. Il la reconnaissait, comme la couronne reconnaissait sa reine, lui était familière. Le sourire allait comme un gant à Eileen. Lumah l'observa, fière ; ou simplement heureuse en retour.

C'est ce même sourire qui vint combler sa légère déception, même si en soi celle-ci n'avait rien de très important ; au moins, elle était passionnée par la lecture, et même certaines semblables à celles de Lumah. Et c'était déjà fantastique, suffisant pour la petite. Combien de personnes avait-elle entendu dire qu'ils trouvaient les livres ennuyeux, sans intérêt, combien en avait-elle entendu dire qu'ils préféraient la télé, ou utiliser le terme "nul" pour définir un ouvrage - un terme, qui, de plus, n'était que très peu objectif, et ne menait à rien si ce n'était que blesser la dévoreuse de livres -. Et puis, se dit-elle afin de relativiser, elle pourrait l'ouvrir à de nouvelles lectures, de nouveaux mondes.

« Tu m'en conseillerais certains ? », demanda Lumah, décidant de s'ouvrir à ses propositions. Après tout, elle n'avait presque plus de lectures, actuellement, elle n'était pas contre un coup de pouce.

Ses mots semblaient ne pas avoir eu à être prononcés plus distinctement. Elle n'entendait plus la pluie forte qui les couvrait un instant auparavant. A peine un instant après cette réflexion, Eileen lui proposa de rentrer ; visiblement, elle avait elle aussi comprit que le temps s'était calmé.

« Ça me va ! », approuva-t-elle en lui souriant en retour, tout en se dirigeant vers leur sortie.