Inscription
Connexion

24 mai 2020, 11:11
Le Déluge puis le Silence
Elle change. De position. À nouveau.
Le mouvement réchauffe nos muscle. Science élémentaire, apprise quand j’étais plus jeune. Mais ce que la science ne m’avait pas dit, c’est qu’à certains moments, le froid nous engloutissait comme un monstre, un trou noir aveuglant. Où même la chaleur de nos gestes ne peut venir nous réconforter. Elle a froid ça se voit. Ça se voit tellement que moi, étendu de tout mon long sur ce sol désagréable je peux le ressentir ; son froid.

Sauf que moi. Je ne ressens plus rien. Comme une anesthésie. Maman aurait appelé ça d’une façon plus jolie, plus romantique, savante. Mais je n’ai que ça. J’en rigolerai presque. Ce rire fou qu’ont les méchants. Ce rire à glacer le sang car tu ne le comprends jamais. Je n’ai mal qu’à un endroit. Je devrais avoir froid, très froid.

Je regarde à nouveau l’autre. L’autre qui a déjà posé un nouveau mot dans la poussière et la boue. Que nos doigts sont sales, dégoûtants.

Si j’ai froid. Moi ? Froid ? Ma mâchoire est prise dans un soubresaut grotesque, je ne suis pas gelé. C’est ce rire effrayant qui me prend. Un rictus dégueulasse orne ma figure. Je n’ai pas froid non. C’est pire. Parce que je n’ai rien.

Ma tête tremble. J’essaie de me concentrer à nouveau. Comment vais-je sortir de cette torpeur abominable. Mes doigts tracent tout seuls.

THAT S THE PROBLEM


Maman aurait utilisé un autre mot. Cénesthésie est joli. Elle l’aurait prit. Mais Maman minimise toujours tout, pour me rassurer, pour se rassurer. Mais moi j’ai peur. Peur que tremblant dans cette endroit lugubre, personne ne vienne à mon secours.

6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds

20 juin 2020, 16:50
Le Déluge puis le Silence
Il te fixe, toujours allongé sur le sol couvert de terre mouillée. Il paraît épuisé, rien que de lever le doigt pour tracer dans la terre des lettres déformées doit être une épreuve insurmontable. Mais il semble résister, sans doute contre l’envie de s’éteindre. Sans doute contre le froid, aussi. Comme toi. Voilà d’ailleurs que ce froid un moment oublié, revient sans prévenir avec une force apocalyptique. Tout ton corps auparavant calme se met à trembler comme si je ne sais quel démon tentait de s’échapper de ton être. Cela devait être bien misérable à voir. Voilà que tu te recroquevilles sur toi-même moi pour que la tempête s’apaise. Tu laisses passer quelques minutes, sans bouger, le temps que ton corps arrive à se contrôler de nouveau, que tes dents arrêtent de claquer avec fureur. *J’vais attraper la crève, c’est sur.* Tu regardes le sol devant lui, où de nouvelles lettres viennent d’apparaître sous ses doigts. Ses doigts dégueulasses, pleins de terre et abîmés à force de gratter le sol. Tu retournes tes mains, regardes tes paumes et tes ongles aussi immonde que ceux de Roman. Tu retiens une grimace de dégoût et détournes le regard.

Si tu l’avais voulu, tu aurais pu lui répondre de vive voix, maintenant que le froid semblait s’être apaisé. Mais tu t’étais pris au jeu, ce Roi du Silence involontaire laissait une douce atmosphère dans la serre, et rendait ce moment encore plus atypique. C’était beau, cet échange entre deux êtres incapables de parole, comme revenu au temps de la Préhistoire, inscrivant leurs pensées sur les murs des grandes grottes sombres.
Tu n’avais pas envie de partir, craignant le Dehors où la pluie ne cessait plus depuis quelques minutes déjà. Tu ne voulais pas le laisser seul non plus, Roman, cet être étrange. Et puis discuter avec lui paraissait doux, loin des hurlements des Autres. Dans un Silence lumineux et emprunt de nostalgie.


ARE YOU LIKE THE OTHERS ?

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

24 juil. 2020, 10:16
Le Déluge puis le Silence
Il faut savoir trouver la beauté de l’instant présent disait Maman. Je lève les yeux. À part cette autre là la pièce n’avait rien de beau. Elle portait d’ailleurs si bien son nom. Serre. Elle me serrait. Me retranchait dans mes derniers espoirs.
Garde la tête haute dans les moments durs disait Papa. Ironie. Ma tête gisait au sol. Sans aucune force dans mon cou pitoyable pour la relever.
De bons conseils que voilà. J’allais avancer loin.

Je détourne mes pensée de Papa et de Maman. Ils ne m’aident pas.
L’autre semble presque avoir retrouvé la sérénité. Tandis que moi je tremble au sol. Suis-je à ce point différent ?
Je sais que je ne sombrerai pas à nouveau. C’est dommage. J’aurai voulu moi finir au sol, me convulsionner quelques fois. Pour oublier ce qui se trame dans ma tête.
Puis je vois sa question.
Je souris. Rire sadique sans aucun son.
Je sais déjà ce que je vais répondre. Pas besoin d’être un génie.

EVIDENCE.


Je souris encore plus. Évidemment que je suis comme les Autres.

WE'RE JUST OTHERS TO OTHERS.


Parce que ceux qui ne sont pas moi sont les Autres. Et pour les Autres, je suis un Autre.
Je rigole pour de vrai cette fois-ci. Rire tout aussi mauvais. Le mot s’est formé dans mon esprit.

Je souligne Others.

WE'RE JUST OTHERS TO OTHERS.


Et en dessous je réécris la phrase. Laissant un grand trou pour Others

WE'RE JUST _______ TO OTHERS.


Je la regarde une dernière fois. Verra-t-elle où je veux en venir ?
Non évidemment. Je ne suis qu’un Autre à ses yeux. Je ne suis qu’un être trop compliqué.

WE'RE JUST THROES TO OTHERS.


Other, Throes.
Joli anagramme Ashley non ?

Et le rire continue. Éclatant dans la serre. Glaçant mon propre sang.
Le rire d’Ashley va vite disparaître. Le mien n’est pas contagieux.
Qui suis-je devenu...
Que suis-je devenu...

6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds

22 août 2020, 12:05
Le Déluge puis le Silence
Il commence par sourire. Tu bouges légèrement la tête, l'interroges du regard. Qu'il y a t'il de si drôle, tout d'un coup ? Puis il gratte du bout du doigt. Une évidence ? Tu ne comprenais pas ce qu'il voulait dire par là, et en lui jetant de nouveau un regard, tu découvres un sourire plus grand encore. Il te ferait presque peur. Efface. Recommence.

Tes yeux s'agrandissent devant la phrase. *Non, c'est pas vrai.* Tu secoues la tête de droite à gauche, presque avec précipitation. Il souligne le mot. Et il réécrit. Et tu regardes, impuissante. Il tourne ses yeux vers toi et cela te glace le sang. Le dernier mot apparaît sur le sol et il éclate de rire. Un rire ignoble.

Tu le regardes toujours, terrorisée. Tu n'oses plus faire le moindre mouvement, de peur qu'il ne te saute à la gorge, comme dans les films d'horreur. Tu as bien vu qu'il n'était pas comme les Autres, lui non plus. Mais il n'est pas comme toi. Il est encore plus différent, plus bizarre, plus dérangeant. *Il est fou.* Et ça te fait peur. Une peur bleue, qui te rend encore plus blanche et tremblante.

Tu ne sais comment, mais tes doigts se dirigent d'eux-mêmes vers le sol. Efface. Recommence. Et à peine fini, tu te recroquevilles contre le mur, les jambes de nouveau repliées contre toi. Dehors, enfin, la pluie semble se calmer.


YOU ARE COMPLETLY CRAZY




Navrée pour le retard.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

07 nov. 2020, 15:15
Le Déluge puis le Silence
Et soudainement je me calme.
Soudainement car je passe du pire au moins pire. Sans que cela n’aille bien mieux.
Je me retrouve sur le dos. Mon ventre se soulevant de plus en plus doucement. Mon front est couvert de terre à moitié boueuse. Tout en moi respire une sorte de saleté.
Mais je me calme doucement.

Puis je vois sa phrase.
Elle... elle a raison. Je deviens fou. Fou à cause de quelques gouttes d’eau.
Et j’ai peur aussi. Peur de ce que je peux devenir si je retombe dans cette folie ravageuse.

Alors j’écris mot par mot. Écrivant puis effaçant.


I

AM

SORRY


Elle ne verra les larmes qui coulent de mes yeux que si elle est observatrice. Or les gens qui nous révulsent on les évite comme la peste, on ne prend pas garde à ce qu’ils sont, pourraient être. Suis-je révulsant ? Et puis... qui suis-je pour elle ?

Je reprends mes esprits de mieux en mieux, commencé à sortir de cette torpeur au moins à moitié.
Tiens, que fera-t-elle pour répondre à ça ? Comment me verra-t-elle ? Insuffler en elle un léger doute, car moi ce qui me tourmente ce n’est pas qu’un léger doute.

WHAT DO YOU SEE IN ME ?


Je lui laisse le temps de lire. De laisser le suspens se créer. Et alors, à l’apogée du moment, j’écris la suite.

BOY ?
GIRL ?


Et enfin pour rigoler un peu ; car nous n’avons pas rigolé depuis tout à l’heure, hein Ashley ; je rajoute un dernier petit quelque chose...

TO BE OR NOT TO BE, THAT IS THE QUESTION


Suis-je encore fou ou bien ai-je retrouvé ma conscience ?
Qu’importe.
Maman a dit : profite de l’instant : Il faut savoir trouver la beauté de l’instant présent disait Maman.

Mais sa réponse m’intéresse. Maintenant que Mama et Papa sont au courant, comment les autres me voient-ils ? Qui suis-je aux yeux de mes inconnus...
C’est un trop grand retard qu’est celui-ci... je m’en excuse...
Ensemble Orchestral de Paris • Les quatre saison : L’été (puis L’hiver)

6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds

26 nov. 2020, 21:08
Le Déluge puis le Silence
Et tout se calme. Comme la tempête au dehors qui lentement cesse de hurler à âme qui vive son existence. Les nuages noirs sont toujours là pourtant, tu sens cette atmosphère imprégnée d'électricité alors que la Terre reste dans la pénombre, attendant le moindre rayon de soleil. Des gouttes taclent encore contre les carreaux de la serre, créant une musique apaisante à tes oreilles. Peu à peu, la peur n'est plus, l'autre semble encore une fois faire le mort, sans doute pour ne pas t'effrayer d'avantage. Il a de la boue partout, un regard vide, pourtant il trouve encore la force d'écrire sur le sol.
Tant de moment passé ici, à tellement écrire sur le sol que tu t'en es rappé le bout des doigts, tu as même fini par oublier comment parler. Ecrire n'est plus un jeu à présent, mais un principe, peut-être même le seul moyen pour communiquer avec cette sorte de limace humaine qui se dandine en face de toi.
Sa question te trouble et tu le regardes en fronçant les sourcils d'un air interrogateur. Pourquoi en aurait-il quelque chose à faire de ton avis, et surtout de ce que tu penses de lui ? *Qu'est-ce que je vois en toi ?*



HUMAN




Tu le regardes de nouveau, le décortiques des pieds à la tête. Il n’est définitivement pas comme les autres, à un petit truc en plus qui ne te permet pas de le placer dans une case.
Et à présent, que faire ? À vrai dire, tu le savais très bien, il était venu le moment et même s’il était cruel de le laisser de la sorte dans un tel endroit, tu ne pouvais faire autrement. Alors tu te penches une dernière fois vers le sol. Efface et recommence.



SORRY

I HAVE TO GO




Tu te lèves, les jambes tremblantes d’être trop restée assise. Tu ne lui jettes même pas un regard, le laisse au milieu de sa boue et ses humeurs alors que tu pointes le bout du nez vers le ciel. Enfin dehors.
La pluie est douce, alors que tu retournes tranquillement au château. Ton visage affiche de nouveau ton air habituellement dur, mais à l’intérieur tout se secoue alors qu’une nouvelle émotion te prends intégralement.
Qui était donc ce Roman, au final ? Sûrement encore un être complètement paumé dans ce monde trop grand.


Fin pour moi ! Merci beaucoup pour cet échange, au plaisir d’écrire de nouveau avec toi ! ^^

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

29 nov. 2020, 01:00
Le Déluge puis le Silence
Je ne sais pas quoi penser. Je ne sais pas quoi penser de cette réponse. Human. Évidemment. Tout le monde est humain. Ou bien sa réponse veut-elle signifier qu’elle ne voit ni l’un ni l’autre. Je la comprends sans la comprendre. Comment interpréter ce qu’elle a écrit ? On dirait qu’elle a posé ça ici sans trop faire attention à la façon donc je pouvais le lire. Que faire ? Que penser ? Qu’écrire à nouveau face à ça ? Et alors que mes yeux vrillent à la recherche d’une énième accroche dans la réalité sa main vient effacer ce mot effroyable. Mon cœur manque un battement, vais-je lire une réponse acceptable pour mon cerveau ?

Première désillusion. C’est une excuse.

Deuxième désillusion. C’est une excuse car elle doit partir.

Troisième désillusion. C’est une excuse car elle doit... car elle part sans un seul regard.

Je veux crier un non. Ma bouche s’ouvre. Mais ma langue est sèche. Aucun son, même rauque, ne sort de ma gorge abîmée.
Elle ne m’a pas regardé mais moi je la suis des yeux. Longtemps, jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Comme un mirage flou.
Un mirage flou qui se gravera dans ma mémoire comme un disque rayé.

Quatrième désillusion. Je suis et je resterai seul...
Même elle n’est pas restée. Elle avait peut-être ses raisons mais elle n’est pas restée. Je suis quelqu’un que l’on voit. Que l’on inspecte. Et puis c’est finit. L’objet d’étude est délaissé.

Je reste là. Allongé au sol. Reprenant mon souffle. Réorganisant mon esprit. Refaisant un état des lieux.


”Quel piteux tableaux que je fais là. Vivement la fin. Où je mourrai en silence.”
Merci à toi pour ce moment qui m’a permis de rencontrer Ashley et de découvrir cet aspect de Leta...
Tom Odell • Long Way Down (Deluxe)

6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds