Oxy réfléchit à la réponse de sa professeur.
"C'est pas Gryffondor le problème madame."
Comment lui expliquer que même si à la base elle voulait aller chez les Poufsouffle comme son frère, dans le fond elle n'avait que faire des différentes maisons. Elle était élève à Poudlard et c'était bien tout ce qui l'intéressait. Concernant les élèves avec lesquels elle partageait sa salle commune ou ses dortoirs, peu lui importait la couleur de leur écusson ou de leur écharpe.
"Les gryffons sont sympa avec moi. Mais la plupart du temps, les autres élèves aussi, quelque soit leur couleur. Je ne crois pas qu'on m'aie reprocher de pas être courageuse, même si en vrai ils auraient pu. Le problème c'est que une fois qu'on met les gens dans les cases, après on... leur reproche d'être dans ces cases ! C'est ça qui n'est pas juste !"
La jeune fille se leva et marcha vers la porte avant de revenir vers la chaise et de recommencer encore et encore, essayant de mettre des mots sur sa pensée.
"A Halloween, des élèves en avaient après ceux qui étaient nés-moldus. Comme s'ils étaient différents ou avaient quelque chose à se reprocher. C'est comme si on mettait des étiquettes sur les autres juste pour pouvoir le faire du mal."
Elle se rassit sur la chaise, ou plutôt se laissa tomber dessus. Elle se sentait perdue, comme si elle venait enfin de comprendre quelque chose et que ça ébranlait sa façon de voir le monde.
"Pourquoi font-ils ça ?" laissa-t-elle sortir dans un souffle.

La petite n'est pas calmée par mes explications. J'essaye pourtant de me montrer diplomatique. C'est l'un des principaux problèmes de certains enfants, ils n'arrivent pas à s'exprimer clairement. Cela s'applique aussi à certains adultes, mais ils sont plus rares. Seulement si je ne la comprends pas je ne peux pas la réconforter.

Ah, on fait du mal aux nés-moldus sous prétexte qu'ils le sont. Cela commence à faire plus de sens. Il est vrai qu'à son âge, il doit paraître absurde de se battre pour si peu. À mon âge on trouve toujours cela idiot, mais on s'y habitue. J'ai envie de répondre qu'ils sont cons mais ça va pas tellement la rassurer. "Je n'ai pas d'explication à te donner, désolée. Je pourrais te dire que c'est le passé qui entretient cette rancœur entre sorciers et moldus, mais je ne pense pas que ce soit cela. Ces gens n'ont pas peur, ils méprisent."

Bravo Naomi, quel talent diplomatique... Avec ça c'est sur, elle est réconfortée. Mais qu'est-ce que je peux lui dire de plus ? Il n'y a pas de réponse à sa question qui ne soit pas horrible. Je ne peux pas lui dire que certains sorciers pensent que leurs origines font d'eux des êtres supérieurs. Ni qu'ils souhaitent que les sorciers n'évoluent qu’être eux, sans rapport avec le monde moldu, comme pour assurer qu'ils soient une race supérieure et isolée génétiquement de ceux qui sont différents. Et je ne peux lui dire non plus que leur idéal à eux ressemble à un régime totalitaire. "Non puis ils sont cons... moi à un moment je peux pas dire les choses autrement."

Ils sont cons.
Cette phrase tournait en boucle dans sa tête. Ils étant nécessairement ceux qui jugeaient. Mais les traiter de la sorte ne faisait-il pas d'elles des "juges" également ? Est-ce qu'elle aussi jugeait sans cesse les personnes qu'elle côtoyait sans même s'en rendre compte ? Les autres étaient-ils conscients de leur comportement ? Qui avait-elle blessé sans jamais s'en apercevoir ?
La jeune Gryffondor était de plus en plus mal à l'aise. Alors que la frustration et la colère avaient chassé sa détresse, elle se sentit à nouveau oppressée. Elle était humaine et certainement aussi "con" que les autres. Elle avait donc fait du mal autour d'elle et ce, sans jamais s'en apercevoir. Ce qui était même bien pire que ceux qui le faisaient volontairement à bien y réfléchir. Elle tenta de visualiser toutes les personnes avec lesquelles elle avait une relation mais, malgré son jeune âge, ça faisait bien trop de monde pour pouvoir découvrir qui elle avait blessé ou non. Serait-elle d'ailleurs capable de savoir ce qu'elle avait fait de mal si personne n'était là pour le lui faire remarquer ? Comment modifier son comportement pour changer cela ? Et était-ce possible ?
réalisant qu'elle était restée un temps incertain les yeux dans le vague, elle s'adressa à nouveau à son professeur :
"Je... je crois que je comprends. Merci Miss."
Puis elle se leva et se dirigea vers la porte pour remonter dans son dortoir et essayer de trouver une solution à cette... nouvelle vérité. Ou mieux encore, écrire à son frère.