Un mercredi plutôt tranquille pour Amy Holloway. Elle venait de finir sa journée aux alentours de seize heures, après avoir passé une bonne heure avec ses Septième année qui commençaient déjà à angoisser pour les ASPICS. Rafael devait donc s'attendre d'ici quelques semaines à recevoir des jeunes adultes en pleine crise de panique car ils pensaient ne rien savoir.
Amy avait du mal à compatir puisqu'elle avait passé ses "ASPICS" les doigts dans le nez. Elle n'avait pas fait de réels efforts de révisions, mais s'était contentée du strict minimum. Heureusement pour elle, ses notes avaient été très hautes. Elle avait par la suite appliqué l'adage du "moins j'en fais, mieux je me porte".

Puisque pour une fois, il faisait à peu près beau en Ecosse, la professeure de Défense contre les Forces du Mal était descendue dans le Parc à la recherche de Naomi Bergsturm. Pourquoi, me diriez-vous ? Et bien parce qu'Amy avait envie de parler à quelqu'un d'autre qu'à son hibou à moitié endormi. Naomi n'était pas forcément hyper bavarde, et avait plutôt tendance à vite détourner son attention sur autre chose - comme lors du bal -, mais Amy l'aimait bien.

Elle savait que Naomi avait également terminé sa journée, alors elle se planta près des serres en espérant voir l'ombre de la professeure transparaître derrière les vitres.

"Naomi ?"

En ayant fini avec les élèves suffisamment tôt, je profitais de la douceur printanière pour observer la santé du parc. Ce rôle était attribué au garde-chasse, mais j'aimais veiller moi-même au confort de la flore de Poudlard. Je n'irais pas jusqu’à tondre le gazon moi-même, mais certaines plantes comme le saule cogneur méritent qu'on veille sur elles régulièrement.

Après une heure d'observation je me redirigeais vers mes serres. Une heure n'aurait pas dû être nécessaire à une personne ordinaire, mais je subissais quelques ralentissements. Utiliser une canne sur une surface aussi irrégulière revenait à naviguer dans une rivière presque asséchée. J'avais dû manquer de tomber deux ou trois fois dans ma volonté constante d'accélérer le pas. Mais je ne regrettais pas la promenade, j'avais eu plaisir à sentir les rayons du soleil réchauffer ma peau, et l'on ne pouvait que profiter de la splendeur de la nature écossaise. Les bourgeons gonflés sur le point d'éclore, brins de vie fragiles qu'un gel pourrait encore abîmer à cette période de l'année, les arbres reprenant des couleurs et teintant le paysage de nuances pastels. Tout était beau.

À ma grande surprise, je vis en arrivant devant les serres qu'Amy, une collègue, se dirigeait elle aussi vers mon lieu de travail. Même de loin, il ne m'était pas compliqué de la reconnaître. Petite et rousse, différentiable des élèves faits sur le même modèle par sa posture. Je l'entendis m’appeler en me pensant dans les serres et trouvait drôle l'idée d'être à l'opposé de la direction dans laquelle elle me cherchait, " C'est bien moi. Quel bon vent t’emmène ?" demandais-je.

La professeure de Défense contre les Forces du Mal fut surprise d'entendre la voix de sa collègue venir non pas des serres où elle pensait la trouver, mais de derrière elle. Amy se retourna et vit Naomi arriver depuis le Parc où elle rentrait - semblait-il - d'une petite promenade. La rousse lui sourit franchement, très contente de voir que sa collègue prenait aussi un peu de temps pour elle. Elle attendit que Naomi arrive à peu près à sa hauteur, afin de ne pas lui crier sa réponse, puis répondit.

"Je me disais que plutôt que m'ennuyer dans mon bureau et ne voir personne, je pouvais venir t'embêter un peu"

Après le bal, Amy en avait voulu à Naomi. Déjà parce qu'elle l'avait laissé comme une vieille chaussette pour aller danser avec Elina alors que c'était Naomi ELLE-MÊME qui l'avait invitée, mais aussi parce que si Amy n'avait pas quitté la salle de bal suite à ça, elle aurait peut-être pu empêcher le désastre qui était survenu à la suite. Néanmoins, cette affaire était derrière elle et la professeure de Défense contre les Forces du Mal n'en voulait plus à sa collègue. Elles avaient eu l'occasion de discuter plusieurs fois, et la rousse considérait Naomi presque comme une amie à présent. Avant que la professeure de Botanique ait le temps de s'offusquer - les tentatives d'humour d'Amy n'étaient pas toujours réussies - elle reprit la parole.

"Sauf si tu dois travailler un peu dans les serres, auquel cas je retournerai m'ennuyer comme un rat mort dans mon bureau avec un thé d'abord, puis une bouteille de vin".

Elle rit légèrement. Naomi et elle avaient un point très commun : l'alcool était l'un de leurs alliés pour toute sorte de situation.

L'Américaine m'accueillit avec un sourire ce qui je l'avoue ne fut pas pour me déplaire. Je lui en offrais un en retour, bref mais sincère. N'étant pas très souriante de nature c'était le genre d'attentions que je daignais rarement faire et j'osais espérer que mon interlocutrice saurait l'apprécier.

M'embêter, mais quelle délicieuse idée. Formulée ainsi elle parait un peu mauvaise, mais je suis pourtant ravie d'avoir un peu de compagnie. Amy est l'une de mes collègues les plus chaleureuses, celle avec qui j'aurais le moins de mal à rire en tous cas. On peut dire que je commence à bien l'apprécier. " Viens, viens, entre !" je l'invite en ouvrant la porte de la première serre. Je commence à la traverser pour rejoindre mon bureau et continue à lui parler : " Quit à boire un thé et du vin autant le faire ici, ce sera loin de me déplaire ! On s'ennuiera comme deux rats morts, mais on aura la conscience tranquille pour boire." je rigole.

J'ouvre ensuite mon bureau. J'utilise une clé, comme à l'ancienne dirons-nous. J'ai veillé à ensorceler les portes pour qu'un Alohomora ne suffise pas à les ouvrir. Elles ne survivraient certainement pas à un bombarda c'est sur, mais c'est déjà une sécurité rassurante.

A peine entrée j'attrape la boule de poils bleue posée sur le bureau qui s'agite déjà. La décoration est sobre, mais je la trouve agréable. Les murs de bois donnent une impression d'être dans un petit chalet, particulièrement bien illuminé grâce au plafond de verre. La forme arrondie rappelle les habitats de ses petites créatures joufflues des livres de mon enfance. Ma mère moldu m'a éduqué avec des références bien à elle, en attendant de savoir si je serais comme mon père. D'ailleurs la lampe verte sur mon bureau en est un autre témoin, ressemblant fortement à celle sur le bureau de mon super héros préféré. Sur le mur gauche un meuble en escalier accueille des plantes en pots, une vingtaine, sélectionnées surtout pour leurs capacités esthétiques et odorantes. J'invite Amy à s'asseoire ; "Tiens vas-y assieds-toi, je te sers quelque chose ?... En soi j'ai toujours du travail dans les serres, mais au bout d'un moment je considère cela comme des heures supplémentaires non payées et ce n'est donc plus comme une obligation. Mes plantes attendront !"

Amy ne s’attendait pas à ce que Naomi lui propose si vite de rentrer. Apparemment l’appel d’une bonne bouteille était suffisamment fort, ce qui enchantait la rousse. Avec la professeure de Botanique, elle était assurée de passer un bon moment. La professeure de Défense contre les forces du Mal attendit tranquillement que sa collègue ouvre la porte de son bureau, puis entra à sa suite. La dernière fois qu’elle était venue, elle ne s’était que peu attardée sur la décoration, car ce n’était pas vraiment ce qui l’intéressait. Cette fois-ci, elle prit le temps de regarder les plantes installées sur une sorte d’escalier, harmonieusement placées de part les couleurs mais qui ensemble avaient un parfum presque enivrant. La rousse ne reprit ses « esprits » que lorsque Naomi lui proposa de s’asseoir.

Elle rit lorsque sa collègue lui parle d’heures supplémentaires

« Les heures supp ne sont pas payées non, t’as vraiment envie de bosser bénévolement ? Elle rigole. Tes plantes ne sont pas à une heure près, et puis au pire tu demandes à un élève de le faire pour toi, tu auras toujours un volontaire ».

« Je vais commencer par un thé, sauf si tu bois autre chose ? »

La professeure de Défense contre les Forces du Mal s’en voulait un peu d’arriver comme ça pour « taper l’incruste ». Elle n’avait même pas songé à ramener des petits gâteaux ou des bonbons de chez Honeydukes. Quelle piètre collègue elle pouvait faire.

« Je suis désolée, je n’ai pas pensé à prendre quelque chose à manger pour accompagner la boisson ».

L'idée de ne pas faire d'heure supplémentaire m'a bien entendu déjà traversé l'esprit. Je sais que je ne suis pas payée pour une partie du travail que je fais, mais j'ai fini par réaliser que cela ne me posait pas problème. Reléguer quelques tâches ingrates aux élèves ne me déplaît pas, mais je préfère m'occuper moi-même de mes plantes. J'aurais trop peur en les confiant uniquement aux gamins qu'ils ne s'en occupent pas comme je le voudrais. Et il faut le dire, jouer dans les serres, entretenir leurs habitantes, c'est une activité de laquelle je ne peux plus me passer. Avoir accès à toutes ces espèces et pouvoir expérimenter ce que je souhaite sur elles, c'est une opportunité que je n'aurais peut-être pas deux fois. J'essaye de l’expliquer à Amy brièvement : " Oh les élèves ils sont de bonne volonté, mais ils feraient n'importe quoi. Et la botanique c'est quelque chose que j'aime, que j'aime vraiment. Alors je ne compte plus les heures... Ah mais assied toi ! "

Je lui montre du bout du doigt la chaise que je révèle habituellement aux élèves et vais m'asseoir sur la mienne. Ma collègue me rappelle qu'il est l'heure du goûter. J'ai un petit temps d’hésitation avant de sortir ma baguette. Je murmure quelques accio" et la grande armoire s'entrouvre ainsi que quelques tiroirs du bureau desquels sortent aléatoirement une théière, deux tasses, des feuilles ou fleurs séchées de jasmin et de thé, une bouteille de whisky pur feu, des patacitrouilles, des crapauds à la menthe, et une bonne dizaine de chocogrenouilles. Le tout vient se poser en désordre sur la table avec plus ou moins de fracas. J'aimerais ne pas avoir à prononcer le sort à chaque fois mais les informulés c'est pas mon truc.

Je prépare le thé en expliquant : "Désolé je n'ai que ça à manger... accio cruche... Les patacitrouilles et les crapauds sont à moi, les chocogrenouilles je les ai confisqués à un élève qui s'amusait à les ouvrir en cours."

Profitant que je sois occupée, Alli est sorti de ma poche pour retourner sur la table et observer la nouvelle arrivante. "Désolée, elle est un peu encombrante. Tu n'as pas peur des boursouflets au moins ?"

La professeure de Défense contre les Forces du Mal suit l’ordre non dicté de sa collègue et s’assoit sur la chaise qu’elle lui montre du doigt. Elle la regarde, fascinée par le fait que Naomi prononce à chaque fois le sortilège d’Attraction pour apporter leur goûter-apéro sur le bureau. Il était donc plutôt vrai que les professeurs qui n’enseignaient pas de matière avec des sorts étaient peut-être un peu moins habiles que ceux qui enseignaient les matières « pratiques ». Lorsque sa collègue annonça qu’elle n’avait que peu à manger, Amy ricana. Le bureau était suffisamment garni pour une professeure qui ne mangeait quasiment rien.

« Pas de problème, personnellement ça me suffit ! »

Une petite boule tout bleue était sortie de la poche de la professeure et s’était tournée vers Amy, qui approcha sa tête pour la scruter un peu avant de se redresser. Elle répondit rapidement à sa collègue.

« Non non, je les trouve très mignons ! Avec Pax qui est un peu pénible et jaloux, je ne peux pas prendre d’autres animaux, donc je me contente de mon hibou. Pendant un temps je gardais le boursouflet d’une élève quand elle jouait au Quidditch, il scrutait tout le match et ne bougeait pas d’un poil, si je puis dire ».

Amy prit un sachet de thé et le posa dans sa tasse, puis se servit de l’eau chaude. Elle aurait préféré un café, mais comme elle s’était déjà pointée dans l’antre de Naomi comme un cheveu sur la soupe, il ne fallait pas trop en demander non plus. La rousse souffla sur sa tasse avant de reprendre la parole.

« Tu penses qu’Edward serait parti sans nous prévenir ? Je trouve ça étrange qu’on ait aucune information. Non pas que ça me dérange de donner quelques cours d’Etude des Moldus¹, mais je trouve que cette situation n’augure rien de bon ».

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¹Amy est de sang dit « pur » par ses parents biologiques. Néanmoins, elle a été adoptée par un couple composé d’une mère moldue et d’un père sorcier. Par conséquent, et comme indiqué dans la chronologie, elle donne des cours d’Etude des Moldus en l’absence de Mr Penwyn.

Elle ne fait pas la difficile, ce qui m'arrange bien. Je laisse le thé infuser et me prend une patacitrouille. Je ne suis pas une grande fan de chocogrenouille. J'ai toujours préféré les parfums originaux, et les aliments immobiles.

Amy m'assure qu'Alli ne la dérange pas. Je jurerais que la petite bête comprend ce qu'elle dit puisqu'elle ne traîne pas pour s'approcher encore jusqu'à être dans un équilibre précaire sur le rebord de la table. Alors que la boursouflette, dans un faux pas, glisse pour tomber sur les genoux de ma collègue, je réponds à celle-ci : "Ah j'ai connu ça, les animaux possessifs... Mon ancien boursouflet était complètement jaloux de ma compagne. Mais ce sont des animaux particulièrement amusants ! Cela ne m'étonnerait même pas si il avait regardé le match en ayant conscience que sa maîtresse jouait, ils sont très curieux de ce que font leurs propriétaires."

Soudain la conversation prend un tout autre tournant lorsqu'elle évoque la disparition de sir Penwyn. Je n'ai aucune idée de ce qui a pu causer un départ aussi mystérieux mais comme Amy, je ne pense pas que ça puisse être une bonne chose : " Je ne connais pas le bonhomme, mais il devait bien avoir des amis parmi vous, des gens à qui il parlait régulièrement. Si même à ceux-là il n'a rien dit, alors je ne pense pas qu'il ai prévu son départ... Je ne serais pas étonnée qu'il ai des problèmes familiaux urgents ou quelque chose comme ça. Un décès dans sa famille peut-être ?"

Amy rit lorsque Naomi lui raconte les frasques de son Boursouflet avec son ancienne compagne. Les animaux de compagnie étant plutôt possessifs, cela ne l’étonne pas du tout. Elle sourit en repensant à la fois où Scott avait failli faire un arrêt cardiaque lorsque Pax l’avait pincé pour donner une lettre à Amy qui était dans la salle de bains. Son sourire se fane lorsque Naomi commente ce que la professeure de Défense contre les Forces du Mal a dit précédemment. Elle n’avait pas songé à une absence précipitée, et du peu qu’elle connaissait le professeur d’Etude des Moldus, cela n’avait pas trop l’air d’être son genre. Elle répond d’un ton peu convaincu.

« Tu as sans doute raison. On en saura plus à son retour ! »

La rousse retire le sachet de thé de sa tasse et le pose sur le bord de la soucoupe. Le thé trop infusé, très peu pour elle. Le thé tout court, d’ailleurs. Néanmoins elle ne rajoute rien et porte la tasse à ses lèvres pour en boire un peu. Le petit Boursouflet était déjà tombé sur les genoux de la professeure de Défense contre les Forces du Mal mais ne s’était pas enfui. Amy repose sa tasse et récupère la boule bleue pour la placer sur son épaule gauche. Les deux nouvelles « compères » regardent Naomi en même temps.

« Et sinon, t’en penses quoi de la situation ? Tu te positionnes comment par rapport au gouvernement ? »

Ce genre de conversation n’était pas des plus plaisantes, mais quitte à trouver un sujet de conversation avant de passer à l’alcool…

Désolée du retard !