C'était déjà le deuxième jour que vous étiez arrivés au château et tu avais assez peu dormie la veille. Déjà le deuxième jour et déjà le week-end ! Enfin, c'était l'occasion de retrouver tes amis et ton petit copain, mais également de discuter des vacances scolaires, même si tu avais déjà bien commencé cela la veille dans les dortoirs.

Frémissant légèrement alors que le froid envahissait ton corps, tu gagnas rapidement le hall d'entrée afin de te faufiler à l'extérieur du château. Aizon était perché sur ton épaule et il s'agrippait fermement à toi avec ses petites griffes.

Tu resserras autour de ta poitrine l'épais châle dont tu t'étais couverte pour l'occasion tout en avançant d'un pas rapide vers les serres de botanique.

La serre de la maison était bien triste désormais, sans toutes ses plantes, le trésor de tes parents… Tu n'avais qu'une hâte, les retrouver à présent !

Le rouge aux joues, tu arrivas finalement dans la serre ou le professeur Bergsturm avait précédemment entreposé les végétaux, dont de tes parents à Poudlard.

Tu pénétras dans la maison de verre sans te poser trop de questions, puis, tu t'arrêtas soudainement… Interdites…

Il y avait bel et bien des plantes ici … Mais beaucoup moins qu'habituellement et surtout …. Aucunes qui n'étaient de celles que tu connaissais… Tu ne comprenais pas alors, immédiatement, tu demandas :

"Il … Il y a quelqu'un ?"

Peut-être que l'on pourrait te renseigner sur cette … Absence …

La rentrée venait d'avoir lieu, et avait entraîné beaucoup de changements dans les habitudes du professeur. Il n'était pas encore habitué à la présence des enfants, et certainement pas en un aussi grand nombre. Il avait déjà eu l'occasion d'enseigner la Botanique, mais à de petits groupes en Irlande, jamais à toute une école.

Le professeur profitait alors du premier week-end de la rentrée pour finir l'installation des serres. Il n'avait pas encore eu le temps de finir le tri parmi les plantes restées durant l'été, ni d'y placer les plantes qu'il avait apportées. Il lui restait aussi l'inventaire des accessoires à faire, il restait quelques sac de terreau et de bouse de dragons dans la remise, mais il était fort probable que cela ne fût point assez pour tenir l'hiver.

Le professeur déplaçait les pots de la serre n°3 quand il entendit une voix venir de la serre voisine. Elle n'était pas difficile à entendre, et ceux malgré la surdité du professeur, il fallait dire qu'il n'y avait personne d'autre et qu'il y régnait une ambiance calme et silencieuse.

Le vieil homme se releva alors, doucement pour ne pas s'abimer le dos, et s'approcha de là où provenait la voix. Il aperçut une jeune fille, qui portait sur son épaule un boursouflet... Qu'avaient-ils donc tous à avoir des boursouflets? Le professeur craignait une nouvelle allergie. Il s'approcha et dit :

"Bonjour Miss, pourriez-vous laisser votre animal de compagnie à l'entrée des serres, s'il-vous-plaît?"

La voix du professeur était plutôt neutre, sans animosité mais sans grande douceur non plus. Il questionna ensuite l'adolescente sur sa présence :

"Vous désirez quelque chose?"

Tu te retournas immédiatement dès que la voix du professeur parvint à tes oreilles. D'abord surprise, puis vite gênée, mais aussi désireuse d'avoir des questions, tu t'empressas de lui répondre :

"Oh oui pardon professeur …"

C'était quoi son nom déjà ? La directrice avait fait les présentations hier, mais le nom du professeur de botanique était assez compliqué à retenir … Tu rougis à cette simple pensée alors que tu déposais immédiatement Aizon à l'extérieur de la serre en lui faisant un signe de la main pour lui indiquer d'aller se promener dans le jardin.

Immédiatement alors, tu revins vers le nouveau professeur. Ton visage était marqué par la surprise, et aussi un mélange d'inquiétude et de gêne :

"Je suis désolée de vous déranger de si bon matin professeur Fe…. Professeur Fear… Monsieur !" Finis-tu par conclure.

Tu lanças un nouveau regard circulaire à la serre avant d'oser demander :

"Je … J'avais pour habitude de venir tous les week-ends ici quand le professeur Bergsturm était encore là… Pour m'occuper des plantes de mes parents…"

Tu frissonnas et une nouvelle fois, ton regard se fit circulaire :

"Mais … Elles ne sont plus là… Vous pouvez me dire si elles ont été déplacées ou… ou autre chose ?"

Tu avais un peu peur t'entendre la véritable raison de l'absence de la centaine de spécimens qu'ils avaient légués à l'école. La plupart étaient… Très rares et tu savais ce qu'ils représentaient aux yeux de tes parents…

"Je … Je suis désolée, j'espère que ma présence ne vous dérange pas, mais je… J'ai vraiment besoin de les voir… Est-ce que la Rafflesia est entrée en floraison ? Comment se porte le Cocon du Brésil ?"

Tant de questions qui ne nécessitait qu'une chose pourtant…

La jeune fille ne discuta pas la demande du professeur et s'en alla placer dehors son boursouflet. Elle revint ensuite et entama la discussion, commençant par bégayer sur le nom du professeur. Il savait que son nom était compliqué et qu'elle pût avoir du mal à le prononcer, mais il trouva dommage qu'elle ne prît pas la peine de bien l'apprendre avant de s'entretenir avec lui. Quoiqu'il en était, il ne fit aucune remarque et attendit patiemment sa question.

La poufsouffle semblait un peu gênée, comme si elle avait le pressentiment que sa présence dérangeait. La question fut un peu longue mais le professeur comprit bien de quoi il s'agissait. Il avait bien évidemment remarqué la présence de ces plantes exotiques, qu'il ne connaissait pas forcément, de par leur rareté. Certaines n'avaient malheureusement pas survécu à leur environnement et aux chaleurs de l'été, les elfes de maison avaient pourtant essayé de s'en occuper au mieux, mais ils n'avaient ni les mains ni les connaissances d'un botaniste, et ne pouvaient donc savoir quel traitement nécessitaient ces plantes peu communes.

"Il y avait bien de nombreuses espèces exotiques quand je suis arrivé. J'en ai déplacé certaines dans mon bureau pour les étudier, elles sont peu connues et intéressantes, j'ignorais qu'il s'agissait des vôtres étant donné qu'elles avaient été notées à la propriété de Poudlard.
Certaines plantes ont dû quitter les serres hélas, car elles n'ont pas survécu à l'été. Les plantes rares le sont car elles ont besoin de traitement spécifiques, et l'absence d'un botaniste ne leur a pas été très... salvateur."

Il savait que la nouvelle ne plairait pas forcément à la jeune fille, mais il ajouta une note positive tout de même :

"Quant à la Rafflesia et le Tetrastigma qui l'accompagnait, ils sont toujours là, je les ai déplacés dans la serre numéro une. La Rafflesia a bien éclos, si vous voulez je peux vous accompagner jusque là pour que vous la voyez de vos propres yeux."

On ne peut pas dire que ce que tu appris te fis très plaisir. Au contraire même ! C'est un peu surprise que tu regardas le nouveau professeur de botanique sans vraiment comprendre ce qu'il était en train de dire.

"Oh !" fut la seule exclamation qui s'échappa de tes lèvres à cet instant.

Tu tournas rapidement la tête vers la droite, puis vers la gauche, telle une girouette ballotée par les vents afin d'observer la serre. Rougissant alors légèrement, tu avouas, pour déculpabiliser le professeur :

"Ce n'était plus mes plantes… Mes parents en avaient fait don à Poudlard afin de les préserver…"

Un échec visiblement à voir le ménage qui avait été fait dans cette serre. Tu hésitas un petit moment avant de regarder une nouvelle fois le professeur droit dans les yeux :

"Je pensais vraiment que le professeur Bergtsurm allait en prendre soin …"

Visiblement, ce n'était pas le cas vue qu'elle avait préféré abandonner toutes ses plantes si rares et si précieuses. Tu grimaças légèrement, ne pouvant retenir plus longtemps de ne pas réagir à la douleur que tu éprouvais au fond de ton cœur. Un soupir t'échappa finalement :

"Je crois … Que je ne devrais rien dire à mes parents… Je pense qu'ils ne vont pas être très contents …"

Ils seraient surtout attristés par la nouvelle, heureusement, le professeur de botanique semblait avoir malgré tout, une bonne nouvelle et un sourire t'échappa légèrement :

"Oh oui ! J'aimerai bien la voir !"

Tu savais que l'expérience n'allait pas être des plus agréables à cause de l'odeur extrême qui allait se dégager de la fleur, mais ce n'était vraiment pas un souci pour toi. Tu avais déjà vu ce type de plante, plus jeune, lorsque tu avais eu l'occasion de voyager en Thaïlande avec tes parents.

Tu sortis alors un mouchoir de ta proche afin de pouvoir le plaquer contre ton visage pour éviter ce moment assez dérangeant. Cela serait un peu handicapant pour pouvoir l'examiner, mais c'était toujours mieux que rien. Tu enviais un peu les moldus avec leurs masques, comme ils t'arrivaient parfois d'en apercevoir.

L'élève parut surprise, et un peu déçue d'apprendre la nouvelle. Après tout, c'était une réaction tout à fait normale que le professeur comprit. Elle sembla remettre la faute sur la professeure qui lui avait précédé. Archibald ne connaissait pas très bien Naomi Bergsturm, seulement de nom et de réputation, mais il savait que la plupart des botanistes étaient des passionnés, et que la mort de plantes aussi rares l'aurait tout autant peinée.

"Je ne pense pas que Noami Bergsturm soit coupable de cela. Si elle a abandonné son poste et que les plantes appartenaient à Poudlard, comme vous le dîtes, il en est de la responsabilité de l'école. Et rares sont les personnes habilitées à s'occuper de telles plantes. Ne blâmez personne."

Le professeur emmena ensuite Cassandre en direction de la serre 1, où se trouvait la Rafflesia. Il l'avait placée dans un coin de la serre, entourée d'un grillage pour en dissuader l'approche. Il fallait dire que la clôture n'était pas vraiment utile, l'odeur pestilentielle de la fleur suffisait à faire reculer toute personne s'y approchant.

"La voici! Dit-il."

Il voyait la jeune fille avec un mouchoir sur le nez. Il l'imita en sortant un tissu qu'il plaqua sur son visage, afin d'éviter d'avoir des nausées. Il s'approcha un peu plus près de la plante, pour l'observer avec la Poufsouffle.

"Elle m'a l'air de s'y plaire. Dit-il la voix un peu étouffée par le mouchoir devant la bouche. J'essaie de voir si elle n'a pas des propriétés magiques, et à quoi peut servir les pustules blanches qu'elle a sur ses pétales. Tes parents savent peut-être quelque chose que j'ignore à son propos?"

Il avait beau dire que le professeur Bergsturm n'y était pour rien, tu ne pouvais cependant pas t'empêcher d'éprouver une certaine colère à son égard. Si elle aimait vraiment les plantes, elle aurait pu faire en sorte de prendre soin de celles qui lui avait été confié et ceux, malgré son départ de l'école.
Tu gardas cependant tes pensées pour toi-même, car ce n'était pas le moment de te placer dans une situation handicapante vis-à-vis du nouveau professeur. Tu n'avais pas forcément envie de lui faire mauvaise impression, surtout que c'était la première fois que tu étais confrontée à lui.

Faisant fis de tes pensées, tu laissas le professeur te conduire directement dans la serre portant le numéro 1. Cette dernière aussi semblait avoir subi un ménage et un remaniement assez important. Tu apprécias l'effort du botaniste en lui montrant un visage plutôt avenant avant de te diriger vers la plante disposée dans un coin et entourée de grillage. Tu observas alors cette dernière avec un certain baume au cœur. Elle avait bien évoluée depuis la dernière fois que tu l'avais vue. Cela te faisait très plaisir et tu le démontras vite avec une exclamation d'émerveillement :

"Elle est entrée en floraison !"

Tu sautillas légèrement sur place tout en te penchant par-dessus le grillage pour essayer de la voir un peu mieux avant de déclarer d'un air satisfait :

"C'est super ce que vous avez fait professeur !"

Tu dessinas avec ta main l'environnement qui se tenait autour de la fleur :

"Quand mes parents ont trouvé cette graine, je me souviens que nous étions dans une grande forêt. Il y avait plusieurs autres fleurs comme ça à côté ! L'environnement était très humide … et l'odeur … Immonde !"

Des conditions extrêmes dont tu gardais un profond souvenir. Tu observas l'une des pustules dont le professeur t'avait parlé avant de soucier la tête négativement :

"Si mon père a trouvé quelques choses… Il ne m'en a jamais parlé…"

Tu tournas alors les yeux vers le vieillard :

"Si vous voulez, je pourrai vous faire entrer en contact avec lui ! Il adore parler des plantes ! C'est sa grande passion !"

Tu roulas des yeux en disant cela, comme une girouette sur son axe. Et oui, la botanique était une passion familiale chez les Mcwood, mais le paternel restait le maître incontesté en la matière.

"Il est très déçu que nous n'ayons pas pu partir cette année encore … Cela fait deux ans qu'ils renoncent à ses explorations annuelles à cause de la situation… Ça l'attriste beaucoup !"

La poufsouffle semblait se plaire dans la serre, en constatant le nouvel aménagement. Il fallait dire qu'il y avait eu beaucoup de changements, cela devait être surprenant. A l'approche de l'immense fleur rouge, Cassandre sautilla de joie, visiblement ravie de voir la plante en floraison. Elle était impressionnante, grande comme aucune autre plante de la serre.

Le professeur n'était pas habitué aux compliments. Il n'avait d'ailleurs pas coutume d'emmener d'autres personnes visiter ses serres, lui qui travaillait en solitaire depuis des années. S'ouvrir aux autres personnes et exposer ainsi ses travaux étaient la grande nouveauté de son nouvel emploi. C'est alors, avec un excès d'humilité, qu'il répondit :

"Oh, vous savez. Je ne sais pas si j'en suis pour grand' chose. Je ne suis pas un spécialiste des plantes tropicales."

L'adolescente commença alors à raconter quelques brides de l'expédition qu'elle avait vécue avec son père. Un certain botaniste amateur, passionné des plantes tout comme lui, à la différence près que, lui, allait sur le terrain bien plus que le professeur.

"C'est vrai que le contexte actuel ne facilite pas les excursions à l'étranger. Ça ne facilite rien d'ailleurs... En tout cas, je serais ravi de m'entretenir avec votre père. Chaque expérience vaut le coût d'être entendue, surtout celle d'une personne qui se rend sur les lieux de pousse des plantes!"

Le sourire aux lèvres, tu regardais la rafflesia avec un certain émerveillement, au point que tu osas même demander au professeur :

"Puis-je passer derrière la barrière pour observer sa base de plus prêt professeur ?"

Tu avais hâte de voir si la fleur était en train de développer de nouveaux boutons et tu avais vraiment du mal à contenir ton excitation par rapport à cela. Frétillant sur place, tu profitas quand même de l'attente de la réponse de l'adulte pour lui dire :

"Si vous n'aviez pas su vous en occupez ! Elle serait morte ! La rafflesia est quand même assez sensible ! Je suis vraiment contente qu'elle soit toujours en vie !"

T'accroupissant pour observer la plante géante à travers la barrière, tu tentas d'estimer son poids. Elle était grosse, mais pas aussi énorme que celle que tu avais pu observer à Bornéo avec tes parents. Pourtant :

"Je suis certaine que papa sera ravie de vous rencontrer ! Comme il travaille à l'hôpital de campagne, pas loin d'ici, peut être que vous aurez l'occasion de vous croiser un jour à Pré au Lard ! En tout cas, je lui dirais de prendre contact avec vous ! Il a toujours tellement hâte de parler de plantes !"

Rougissant subitement alors qu'une pensée te traverser l'esprit, tu demandas alors subitement au professeur :

"Oh j'y pense ! Vous pourriez peut-être me donner des conseils sur un livre ou un cadeau à faire à mon père pour son anniversaire ! J'ai toujours beaucoup de mal à trouver quoi lui offrir qui puisse lui plaire !"

Puis, te rendant soudainement compte que c'était peut-être un peu trop personnel, tu ajoutas en te dandinant sur place :

"Enfin, si cela ne vous gênes pas trop bien sûr !"

L'adolescente semblait vraiment ravie, elle demanda alors au professeur si elle pouvait passer au-delà de la clôture pour observer la plante de plus près. En attendant sa réponse, elle continua de parler, s'accroupissant pour mieux la voir à travers le grillage. Elle ne semblait pas tenir en place, ce qui amusait intérieurement le professeur. Lorsqu'un moment de silence permit au vieil homme de lui répondre, il dit alors, avec un calme qui lui était propre :

"Bien sûr!"

Le professeur sortit alors sa baguette pour ouvrir la barrière. Il en profita pour pointer l'élève et lui lança un sortilège de Têtenbulle, qui eut pour effet d'englober son nez et sa bouche d'une bulle protectrice.

"Ce sera mieux ainsi, vous n'aurez plus besoin de votre écharpe pour vous protéger des odeurs."

Il appliqua les sort à son visage également et emmena la jeune fille auprès de la Rafflesia.

"Je serais ravi de rencontrer votre père. Ajouta le professeur. Il m'a l'air d'une personne très intéressante, et je n'ai aucun doute sur le fait que nous ayons beaucoup de choses à nous raconter. J'ai probablement eu le même parcours que lui, s'il travaille à l'hôpital de campagne. J'ai commencé ma carrière de botaniste comme Médicomage à Sainte-Mangouste, à l'époque où elle existait encore."

Arrivés en face de la plante, le professeur s'accroupit pour s'en approcher et l'observer.

"Il y a de nombreux ouvrages qui devraient intéresser votre père. Je pourrais vous montrer ma bibliothèque personnelle, dans mon bureau, un autre jour, cela pourrait vous donner des idées!"