Ma main tendue rencontre la sienne.
C'est une sensation étrange que de se présenter à quelqu'un qui vit à nos côtés depuis bientôt trois ans. Enfin, parfois, dans mes moments de doute, j'ai l'impression d'errer ici depuis toujours, et à d'autres, j'ai l'impression d'avoir posé mes valises hier. Je ne sais pas trop ce qui fait la différence.
Mais là, maintenant, bien que j'enchaîne les bourdes depuis ce matin, je me sens à ma place. Comme si la main de ce garçon dans la mienne faisait disparaître le sentiment que j'ai. Celui que je suis une ombre transparente.
Alors je souris. Un grand sourire lumineux, mais qui s'assombrit quand je remarque la grimace qui s'installe sur son visage. Bad. Il se présente et me confirme son prénom. Bad. Est-ce que j'ai dit une bêtise ? Je n'en sais rien. Mais je n'ai pas le temps de me poser d'autres questions que je suis rassurée par son rire et ce sourire franc qu'il affiche de nouveau. Je l'aime bien Bad, il a vraiment l'air gentil. Je me surprend à sourire en l'écoutant parler. C'est rare que j'ai cette sensation, que les gens me sourit, ou juste qu'ils me voient...

Alors, quand il m'annonce qu'il reprend le sort, c'est avec les joues rouges que je rejoins ma place près des coussins et que j'attend. Pas longtemps. Il a l'air sûr de lui. Il me fixe, mais son regard est comme absent, il est hyper concentré et du coup, je me concentre sur lui. J'essaie de savoir comment il pense. Je suis tellement perdue dans mes pensées que j'entend à peine l'incantation. C'est le claquement sec des cordes autour de mes genoux qui me ramène. La sensation est bizarre, ça fait comme un coup de fouet mais c'est pas douloureux...
Ma surprise, et mes entraves me font perdre l'équilibre et je m'étale dans les coussins.
Mais mon coude droit, percute le sol violemment entre deux étoffes duveteuse et une douleur aiguë se répand dans tout mon bras, jusqu'à mon épaule. Comme une onde, une vibration.
Je me retiens de grimacer, car je ne veux pas que Bad croit qu'il m'a fait mal. En plus, il à vraiment l'air content d'avoir réussi sont sort et je ne veux pas lui gâcher son plaisir. J'en ai déjà assez fait pour ce matin. Il me propose sa main après m'avoir libérée et je lui tend donc ma main gauche pour me relever, en lui souriant.

Mon bras droit tremble, sous l'effet du choc. Mon écriture ressemble à un affreux gribouillage mais c'est pas grave.
Là c'est mon tour. Je croise le regard de Bad et je lui fais signe de prendre ma place. Je reste un moment à réfléchir, sans bouger. J'essaie de reprendre les étapes du sortilège dans ma tête, mais mon bras me lance, et en plus, je sens que Miss Holloway n'est pas loin, à m'observer.
Je prend ma baguette, et je la pointe vers Bad. Je sens le regard de Miss Holloway, derrière moi. Ma main tremble avec ma baguette. Sans trop réfléchir, je plonge mes yeux dans le regard vert de Bad, et d'une petite voix, je lance le sort.
"Brachialigo !"
De minuscules cordelettes s'enroulent mollement autour du torse de Bad, mais retombent aussitôt.
"Et merde !"
Instinctivement, je baisse les yeux en sentant la boule dans ma gorge monter. Alors pour empêcher qu'elle ne se transforme en larmes, je mord ma lèvre. Fort. Et je garde mes yeux baissés, pour ne pas croiser les siens.

Mais les mains de Miss Holloway, qui se posent sur moi pour corriger ma position, et ses mots m'obligent à relever la tête.
"Canalisez vos émotions. Concentrez-vous, c'est le plus important et ne pensez qu'à la réussite de votre sort et à rien d'autre. D'accord ?"
D'un léger signe de tête, je lui indique que j'ai compris, et elle s'éloigne.
Alors, je regarde à nouveau Bad et je respire profondément. Je me concentre sur ma respiration. J'essaie de visualiser les grosses cordes qui retiennent les bateaux au port de Rosscarbery. Et je canalise mes émotions, comme Miss Holloway l'a dit.
Je me concentre sur la sensation de prison et d'étouffement que je ressens ici, comme si, ces mêmes cordes enserraient mon corps et mon cœur.
Et une nouvelle fois, je lance le sort.

Lorsque je vois la grosse corde beige effilochée entourer le corps de Bad, je souris. Un grand sourire lumineux qui se transforme en un rire léger. Ça fait du bien de rire !
"Hummmm... Je suis désolé, je connais pas le sort pour te libérer ! J'espère que les cordes sont confortables !"
J'essaie de garder mon sérieux face à ma blague, mais je ris de plus belle, en me cachant derrière mes mains pour atténuer le bruit.
Après quelques instants, et après avoir repris ma respiration, je libère Bad en lançant Finite.
Pour la première fois depuis longtemps, je me sens bien.

Dialogues validés par Miss Holloway

C’était maintenant à Gabriella de lancer les sortilèges. Bad ressentit une pointe d’inquiétude à l’idée de ne pas savoir comment la jeune fille allait se débrouiller. Il devait faire lui faire confiance mais l’état d’esprit et de forme de la Serdaigle faisait naître en lui un mauvais pressentiment. J’espère qu’elle va réussir. J’espère qu’elle va réussir, se dit Bad en allant se placer entre les gros coussins. Il ne pouvait s’empêcher de s’imaginer entièrement enrouler dans les cordes ne pouvant plus respirer telle une momie entourée de bandelettes.

L’instant fut bref mais réel. Ce moment où Bad croisa le regard de Gaby. Ce qu’il y lit ne laissait aucune place au doute. Elle va se louper …, pressentit Bad avec conviction. Pas manqué. Alors que d’une faible voix, Gabriella lança son sortilège, quelques minces cordelettes apparurent autour du corps du garçon lui fouettant doucement le cou. La blonde laissa apparaître sa déception. Un sentiment que Bad avait connu quelques minutes plus tôt et qu’il comprenait aisément. Heureusement, Miss Holloway vint à la rescousse de Gaby lui adressant de précieux conseils d'un ton bienveillant.

Bad s’apprêtait à retourner vers les parchemins pour prendre des notes quand il vit la jeune fille pointer la baguette sur lui. Apparemment, elle n’allait pas attendre pour réessayer. Peut-être profitait-elle d’avoir en tête les recommandations de la professeure pour ne pas perdre le rythme. Bad se tut ne souhaitant pas davantage perturber sa partenaire. Il attendit. La frustration était grande de ne pas pouvoir se défendre. Une envie de lancer un Protego le démangeait mais il devait se résoudre à accepter l’attaque sans broncher.

Cette fois, une grosse corde entoura le corps du garçon. Bad sentit une puissante étreinte l’empêcher de bouger les bras. Elle avait réussi ! Malgré la posture inconfortable, le garçon laissa échapper des félicitations.

« Bien joué, Gaby ! »

Il était presque davantage content de la réussite de la jeune fille que de la sienne. Après son début de cours catastrophique, elle avait su prendre sur elle et faire preuve de résilience. Cette grosse corde en était la preuve. Gaby semblait soulagée et libérée. Elle se mit à rire évacuant les sentiments négatifs de ce cours. Elle était libérée mais Bad lui ne l’était pas. Il comprit pourquoi quand la blonde lui fit croire ne pas connaître le sortilège permettant de mettre fin au sortilège. Une bouffée de chaleur emplit Bad qui s’imaginait déjà devoir sauter à pieds joints vers Miss Holloway pour lui demander de le libérer. Heureusement, la blague fut de courte durée et Gaby le libéra, fière de sa facétie.

Bad prit avec humour la plaisanterie et décida de surenchérir.

« Il fallait commencer par lancer Incarcerem. Du coup, je vais devoir noter que tu t’es trompé dans ton sortilège. Dommage, hein ? »

Il essaya de masquer son sourire pour garder une expression neutre et faire croire au sérieux de ses paroles.

Finalement, le cours de défense contre les forces du Mal se finit sans heurt et les deux élèves réussirent leurs différents sortilèges. Après avoir récupéré leurs devoirs, ils remontèrent dans leur salle commune pour débriefer de cours attachant.

RP TERMINÉ