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05 janv. 2014, 21:52
 PV : Le Journal de la Curiosité  - Partie 1





Andranik Alsander. Vous rappelez-vous de ce nom ? Beaucoup l'ont oublié, ce nom, j'en suis sûr. Fut une époque où tous le connaissaient, pourtant. Alors qu'est-il devenu ce jeune adolescent trop arrogant qui n'écoutait que ce que lui murmurait son ego ? C'est vrai qu'il se faisait discret, ces derniers mois, on ne le croisait plus dans les couloirs du château, il ne faisait plus parler de lui, il n'était plus qu'un ersatz de souvenir pour la plupart d'entre nous.

Mis à part le directeur, peut-être, personne ne semblait savoir ce qu'il était devenu. J'avais beau interroger mes camarades, mes professeurs, personne ne semblait se souvenir de lui. Même les Poufsouffle ne savaient rien à ce sujet. A vrai dire, à part moi, personne ne s'en souciait.

Dix mois passèrent sans qu'il ne donne le moindre signe de vie. Une chose était sûre : ces mois, il ne les avait pas passés qu'à Poudlard. Mais alors où d'autre ?

J'ai pris la décision de consigner mes aventures, mes recherches et plus généralement les banalités de ma vie à Poudlard dans ce journal... J'espère pouvoir y raconter des choses intéressantes et, sait-on jamais, découvrir ce qu'il est advenu d'Andranik Alsander.



J'écris pour la première fois dans ce carnet, soit trois jours après son achat. Il semblerait qu'il m'ait porté chance : mon enquête, à peine débutée, avance déjà ! Laissez-moi vous expliquer.

Je me rendais à la bibliothèque – comme il faut toujours s'y rendre pour trouver des pistes – lorsque je surpris une conversation. Dissimulée au creux d'une sorte de renfoncement voûte – comment ça s'appelle déjà ? - ah ! Un alcôve. J'aime bien ce mot. Bref, qu'importe l'architecture de Poudlard, j'étais donc nichée dans un alcôve, dans un couloir du premier étage, tapie dans l'obscurité, écoutant bien malgré moi la discussion qui se tenait. Un garçon – pas n'importe lequel, attendez la suite – pointait sa baguette sur son interlocuteur. Se voulait-il menaçant ? Je ne sais pas trop, je n'entendais pas tout de ce qui se disait devant moi, et avouons-le je ne le voyais que de dos. Mais le fait est ! J'apercevais une touche de jaune sur sa cape noire. Mon esprit de journaliste faisait des déductions plus rapides que leurs ombres et le scénario s'était construit en un rien de temps : du jaune = un poufsouffle, une discussion secrète tenue à l'abri des regards = du mystère, Poufsouffle + mystère = Andranik Alsander. Se pouvait-il ? Lui qui avait disparu de la circulation ? De retour au château ?

(Note : en écrivant, depuis le fauteuil de ma salle commune, blottie près de la cheminée, sachez que le récit de cette histoire me procure encore des frissons d'excitation – et de peur aussi.) Pour vous dire l'état dans lequel j'étais au moment précis où, m'approchant un peu, encore un peu plus, je m’apercevais avec effervescence qu'une mèche de cheveux blonds dépassait de la capuche du garçon. Oui, bien sûr qu'il portait une capuche, ceci allait de soi : toute conversation secrète, tenue un vendredi soir dans un couloir désert, nécessitait qu'au moins un des deux membres ait le visage masqué. Par une capuche ! Une capuche rajoute toujours du mystère. Pour ceux qui n'auraient pas compris, comme toi cher Journal, sache que dans mon esprit perspicace et gorgé d'imagination s'était établi la relation suivante : cheveux blonds + capuches = Andranik Alsander. Oh oui. Cette fois c'était certain ! C'était lui. Mais que se disaient-ils, cornegidouille ? Je n'arrivais pas à discerner leurs paroles, mon alcôve – ce mot sonne si bien – était trop éloigné de leur entretien ! J'étais certaine qu'un énorme scoop allait jaillir, comme un Crache-Limaces jaillirait d'une baguette de Serpentard, entraînant avec lui un flot de limaces de ragots en tous genres. Ouh que j'avais hâte de rejoindre ma salle commune pour vous faire part, pour te faire part à toi Journal inanimé qui ne connait pas sa chance d'être ainsi utilisé, tout ce que j'avais vécu ce soir-là. Tout allait pour le mieux, je continuais d'écouter – bien malgré moi, rappelons-le – l'échange qui s'animait petit à petit : le ton semblait monter (tant mieux pour moi, mon oreille arrêterait alors de frotter la roche rugueuse du mur en pierres pour amplifier mes sens) et les deux locuteurs semblaient s'expliquer avec plus de hargne. Du moins, c'est ce que je me disais, voyant la tentative un peu sotte d'Andranik Alsander – ne doutons plus de son identité - qui brandissait sa baguette face à lui, l'air remonté. Tentative sotte, puisqu'elle - sa baguette - lui fut aussitôt arrachée des mains. Sans le moindre effort, une main pâle et féminine s'en empara et la rangea dans ce que je devinai être sa cape. Osant jeter un œil indiscret pour apercevoir le visage de cette étrange sorcière, je découvris avec stupéfaction le bout d'une canne en bois.

AH ! Je regagnai ma cachette. Quelle vision ! Mon esprit déductif frappait encore ! Andranik, un élève si attirant mystérieux, se disputait avec Canne + Mystère = Kristen Loewy ! La professeure de DCFM ! Que lui était-il passé par la tête pour oser brandir sa baguette sur miss Loewy ? Un garçon d'à peine treize ans, irrité à tel point d'en oublier le respect, « menaçait » une prof de Poudlard ? C'était complètement fou ! Complètement insensé ! Complètement excitant. Il me semblait que la vie monotone que je menais au château explosait dans un grand feu d'artifice composé d'une conversation secrète, de menaces, de révélations interdites et d'un couvre-feu non respecté... particulièrement excitant ! Toujours nichée dans mon alcôve, j'entendais Andranik balbutier :


« Ma baguette ! Rendez-moi ma baguette ! »

Puis reprenant son calme, bien que tiraillé par la colère – je pouvais le ressentir depuis ma cachette – il reprit, plus bas :

« Si … pouvoir salir mon nom, sous prétexte... prof ... vous vous mettez le doigt dans l'oeil ! »

Heureusement pour moi, cette dernière partie s'était montrée parfaitement audible. Et la suite du dialogue est encore plus riche en émotions ! Après une telle insolence, miss Loewy sembla perdre patience et le fit taire, avant de répondre :