Ma collègue sort une racine de nulle part. Ou plutôt qu'un placard. Je connais peu de plantes qu'on fasse pousser ainsi, et je ne pense pas qu'Irene s'amuse à cultiver des endives. Mais je comprends rapidement pourquoi elle survit lorsqu'elle m'explique qu'elle a subi un sortilège.

Je comprends rapidement que le sortilège fait partie de ceux qui permettent de garder une plante en vie. Ce sont des sortilèges particuliers, que je n'aime pas utiliser. Car pour moi la magie qui touche à la vie, même si il s'agit de celle des plantes, est sur la corde entre noir et blanc. Rallonger la vie grâce à la magie cela défit la nature. Je dirais même que c'est à l'encontre des lois de Gamp. Mais bon, tant pis. En l’occurrence ma collègue me demande de l'aider à faire vivre cette plante de manière naturelle, je n'ai pas à me soucier du sort qui lui a été jeté.

J'écoutais ma collègue parler et me demandait ce qu'elle avait pu aller faire en Afrique du Sud. Je levais un sourcil en sa direction curieuse de savoir qui avait bien pu lui offrir une telle chose. "Tu permets ?" je demande et n'attend pas de réponse avant de soulever doucement les pans du tissu qui couvre la racine.

Après quelques secondes de réflexion je l'informe ; "Je ne peux rien te promettre, mais je serais intriguée d'essayer de la faire pousser. J'ai des livres sur la flore magique dans le monde, je devrais l'y trouver. Ainsi, si tu acceptes qu'elle pousse loin de ton bureau, j'accepterais avec plaisir de m'en occuper. J'ai déjà une serre aménagée pour les climats chauds, je suis sûre qu'elle s'y plaira..."

Merveilleux. C'est tout bonnement merveilleux. Irene est persuadée que Naomi est sa meilleure chance de faire pousser cette plante. Qui, ici, serait plus adapté qu'un professeur de botanique ? Et ce n'est pas comme si elle avait encore la possibilité de profiter des conseils ou des contacts du ministère de la magie.
Un grand sourire éclaire son visage – un sourire bien loin des convenances de Philonoe, mais Irene s'en fiche. Il s'agit d'une des meilleures nouvelles qu'elle ait reçu depuis bien des mois.

« J'accepte avec grand plaisir, Naomi. Tu as toute ma confiance et toute ma gratitude. Cela représente beaucoup pour moi.
Elle recouvre la plante du tissu et la tend à sa collègue. La patience est une vertu que connait Irene Field, mais là, tout de suite, elle ne peut s'empêcher d'être terriblement empressée que Naomi aille s'occuper de cette racine et que cette dernière donne des résultats exploitables.

– Si cela ne te dérange pas, j'aimerais beaucoup passer l'observer de temps en temps. Uniquement pour voir si cela prends bien.
Elle ne sait pas combien de temps durera la croissance, mais si elle devait être longue, il faudrait trouver un moyen de l'aider à patienter. Et puis, ça pourrait être utile, si elle devait par la suite reproduire l'exploit que ne manquerait pas de réaliser Naomi.

– Quoi qu'il en soit, n'hésite surtout pas si tu as besoin de quelque chose. N'importe quoi. Je te suis extrêmement redevable. »

Puis elle regarde Naomi quitter son bureau, sa précieuse racine dans les mains.