Janvier 2045
Devant la porte du bureau d'@Irene Field

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5+1+6+4+9 = 2+5 = 7
2+5+9+1+2+3+9+5= 3+6 = 9
9 et 7 sont mes nombres d'expression d'après l'alphabet de Tripoli.

72 est mon nombre préféré. 7+2 = 9
7 est mon chiffre préféré.
Difficile de croire qu'il n'y a que du hasard.

Avec des nombres intimes, des nombres d'expressions, et des nombres de réalisation, et de nombreux calculs je devais pouvoir prédire mon avenir, et celui de mes plantes. Seulement malgré de nombreuses lectures et ce qui me semble être un millier d'essais je n'ai conclu qu'une chose ; l'arithmancie n'est pas faite pour moi.

Alors je me suis dit... "La divination ne se limite pas qu'à cette branche étonnamment rigoureuse et complexe. Je pourrais m'essayer à... la chiromancie, l'acutomancie, l'anémomancie, la brizomancie, la cléromancie, la dendromancie, la graphomancie, l'ichtyomancie, la lithomancie, la myomancie,la nécromancie, l'oculomancie, l'ovomancie, la pétromancie, la pyromancie, la tyromancie..."

Vous saviez qu'il y avait une divination qui consistait en la prédiction de l'avenir à partir du reflet des ongles ? Ou encore de la dissection de carapaces de tortues ? C'est particulier tout de même. Il y a aussi une divination par le vin ! L'idée d'en profiter pour picoler un peu ne m'a pas semblé désagréable, mais il s'est avéré qu'il ne fallait finalement pas le boire.

J'ai survolé un peu toutes les divinations possibles et imaginables dans l'espoir que l'une d'entre elles ne me semble parfaite pour moi. Mais finalement l'Encyclopédie des arts divinatoires est venue à bout de ma résolution de rester autodidacte. J'avais trop de choix, trop de possibilités, trop de matières chacune aussi dure à apprendre. Et au final, n'ayant même pas de troisième œil, je n'allais pas aller loin. Me fier aux mathématiques était une source sure, mais je crains avoir échoué.

Voilà pourquoi donc, je me retrouve devant le bureau de ma collègue, hésitante quant aux mots que je vais utiliser. Dois-je lui demander conseil, ou directement de me prédire l'avenir ? Je n'ai aucune idée de comment cela fonctionne. D'un coup je regrette d'avoir choisir l'étude des moldus comme cours optionnel.

La porte de son bureau n'est pas désagréable à regarder... je pourrais rester là un moment... Et si je redescendais et me postait dans un couloir pour surprendre des élèves ? C'est toujours amusant de les voir sursauter pour un rien.

Bon, je dois me décider. Finalement je serre ma canne et tape la porte du bout de celle-ci. Je pensais qu'elle finirait par prédire ma visite, mais j'en ai marre d'attendre. Dès que le battant s'ouvre j'annonce ; "Irène je suis Naomi, la collègue de Botanique, et je viens pour tes bons conseils."

Oui c'est ce que j'ai trouvé. Mais elle ne peut pas m'en vouloir, je n'aurais jamais eu à dire ça si elle avait choisi de m'en empêcher. Elle savait que j'allais le dire, c'est forcé, elle est voyante. Un professeur de divination a forcément le don. Non ?

Depuis quelques mois, Irene est en proie aux doutes. Doit-elle quitter Poudlard ? Quitter la Grande Bretagne ? Arrêter de psychoter pour rien et retourner à sa vie normale ?
Heureusement, elle a quelque chose pour lui changer les idées, quelque chose de très précieux : des recherches, des contacts. Un but. Et, justement, elle a rencontré tout récemment la tribu indigène Xhosa, en Afrique du Sud, d'où elle est revenue en pleine ébullition. Ses recherches sur les divinations étrangères avançent à grand pas, elle le sent, même si son cerveau lui semble encore plus embrumé après ces rencontres... Tout ce qu'elle pensait savoir est constamment remis en question, et il faut bien avouer que cela lui plait.
Elle a ramené un précieux cadeau de la tribu, encore plus précieux que toutes leurs informations : une racine. La silene capensis, la racine du rêve. Et elle compte bien, non pas l'utiliser – cela n'aurait aucun effet, de toute façon – mais tenter de la faire se reproduire. Pour cela, l'idéal serait d'aller voir sa collègue de botanique – d'ailleurs, elle irait... mais plus tard. Elle repousse inconsciemment le moment d'aller la trouver, sûrement gênée de demander un service à une femme qu'elle ne connait finalement pas. Heureusement, grâce au destin, elle n'aura pas à le faire : c'est sa collègue qui vint à elle.

« Oh, bonjour Naomi, répond Irene, prise de court. Entre, je t'en prie.
Elle ne pense plus qu'à une chose : sa racine qui attend sagement dans une armoire fermée à l'aide de plusieurs sortilèges. Mais, toujours polie, elle prend son mal en patience :
– Comment puis-je t'aider ? »

Ah, elle me permet enfin d'entrer. Je m'exécute, prêtant une attention particulière au décor. J'imagine sa salle de classe comme remplie de boules de cristal, pendules, attrapes rêves et autres trucs étranges. Finalement pas tant que ça, c'est plutôt rangé. Il y a juste des draps pendus de partout, ça doit avoir une utilité mystique.

Heureusement pour les élèves c'est un lieu confortable. Entre les fauteuils et la luminosité on croirait que c'est un cours de sieste. Je me demande comment elle les garde éveillés... Ce doit être une question d'aura. C'est souvent une question d'aura avec tous ces machins de divination.

Par contre, je n'ai que la tête dans la salle et j'ai un petit problème pour le reste du corps. Qui a eu l'idée de mettre une trappe et une échelle ? J'ai l'air de pouvoir monter une échelle avec une canne ? J'ai posé mon pied gauche sur le deuxième barreau mais pour la suite je ne sais pas trop comment faire. Bon la canne c'est plus encombrant qu'autre chose, je la fais passer en haut. Avec mes deux mains j'irais toujours plus haut qu'avec un pied. pour la suite j'opte pour la solution qui va me fournir le plus de courbatures demain ; je me sers de ma jambe douloureuse malgré tout en la posant sur le barreau suivant. J'essaye de m'en servir le moins possible et de tirer sur mes bras et dès que je le peux je me hisse tout entière dans la salle, essoufflée. On me reprendra plus à venir lui rendre visite dans son bureau à celle-là.

Blasée je me remets sur pied et m’assied sur le premier pouf qui vient. "Quelle galère… faudrait songer à faire un accès handicapé."

Maintenant comment elle peut m'aider ? Elle aurait pu m'aider en descendant plutôt que de me laisser monter déjà mais ça je ne peux pas lui reprocher, je ne le lui ai pas demandé. Rapidement me revient en mémoire la raison de ma venue que je lui exprime brièvement ; "Alors voilà, j'essaye de prédire un peu les maladies à venir et les gels, pour mes plantes, mais je suis vraiment pas douée. J'ai essayé l'arithmancie et tout hein, mais tout ce que j'ai vu c'est qu'il allait pleuvoir des limaces sur le monde entier jusqu'à ce que l'humanité entière s'étouffe dans leur bave… Fin ça c'était un rêve plutôt mais ça se divine les rêve."

Elle risque d'avoir des doutes quant à ma sainteté d'esprit si je commence à lui raconter mes rêves, mais bon tant pis. Tout ça, ça me rappelle la professeure de divination qui enseignait de mon temps. Je l’appelais miss météo parce que c'est tout ce qu'elle savait prédire, mais maintenant je me dis que son talent m'aurait été bien utile aujourd'hui. Je sais pas si Irène est plus douée que ça... Sinon tant pis j'abandonnerais.

Irene observe Naomi entrer dans la salle avec visiblement beaucoup de difficulté. Elle comprend son manège lorsqu'elle la voit poser une canne à côté de la trappe. Elle voudrait lui proposer son aide mais sa collègue a l'air déterminée à se débrouiller. Et ce n'est pas polie de souligner le handicap d'une personne, n'est-ce pas Philonoe ? Même si cela part d'une bonne intention...
Ses réflexes sont pourtant ébranlés quand Naomi souligne la difficulté qu'elle a eu à grimper. C'est vrai que si un élève arrivait un jour avec un handicap moteur, elle serait bien embêtée pour l'accueillir dans sa classe. Mais les handicaps moteurs sont très rares chez les jeunes sorciers, du moins lui semble-t-il. Elle n'en a jamais connu.

Heureusement, Naomi enchaîne sur la raison de sa venue et empêche Irene de tergiverser. Ah, donc elle a besoin de la divination pour sa botanique. Ça tombe bien, Irene a justement besoin de la botanique pour sa divination. Si elle l'aide, il n'y a aucune raison pour que Naomi refuse de le lui retourner.

« L'arithmancie n'est pas la technique la plus adaptée pour cela. Pour prédire la météo à court terme, le mieux est la thériomancie, et plus particulièrement... je dirais, l'ailuromancie pour les gels. Avez-vous un chat ? »
Sans chat, ce qu'Irene pouvait expliquer sur l'ailuromancie ne serait d'aucune utilité.

Je crois qu'avoir étudié les différentes manières de prédire l’avenir n'a servi à rien, je suis bien incapable de comprendre de quoi elle me parle. La thériomancie ? Je suis sûre que c'est un truc avec la terre. À tous les coups je vais devoir jouer dans la boue pour prédire le temps du lendemain. "Et c'est quoi ça la théro...théririomancie ?"

Soudain elle me demande si j'ai un chat. Oh pas à moi ma cocotte, je vois bien ce que tu essayes de faire ! Il n'est pas question que je lise dans les entrailles de quoi que ce soit. Ah on les connait les voyants, toujours à découper des pauvres bêtes pour y lire l'avenir. Moi je prédis l'avenir en lisant le journal ça fonctionne bien mieux. Mais attends ils donnent pas la météo dans le journal ? Ils doivent bien avoir des voyants spécialisés dans ce domaine qui la leur donne... Mais ne connaissant pas l'emplacement exact de Poudlard sur une carte je serais de toute manière bien embêtée aussi par cette technique.

J'avoue tout de même "J'ai un boursouflet mais..." si tu touches au moindre de ses poils j'enfonce ma bêche dans ton joli visage "...je suppose que ce n'est en rien l'équivalent d'un chat."

Il n'est pas question que je la laisse diviner avec Alli, pas que je le trouve mignon, il est même particulièrement con, mais un peu de respect quoi. Toucher à mon Boursouflet c'est comme toucher à l'une de mes plantes, ça finis forcément mal pour celui qui a osé s'en prendre à lui.

Ah oui, Irene avait une fois de plus oublié d'expliciter ce dont elle parlait. Cela lui paraissait tellement évident, après toutes ces années d'études, de pratique et de recherches, qu'elle parvenait difficilement à se rappeler que tout le monde n'avait pas suivi le même parcours.

« La thériomancie est une technique de divination praticable sans le don de double vue. Elle étudie les mouvements des animaux. L'ailuromancie est une forme de thériomancie, qui s'intéresse plus particulièrement aux mouvements d'un chat. Cela peut permettre de prévoir la venue de fortes pluies, de gels ou de tempêtes, par exemple.

Mais puisque ni Naomi, ni Irene n'avaient de chat, ça ne servirait à rien. Elle ne savait pas trop si un boursoufflet pouvait être utile à sa collègue... Elle n'avait jamais entendu ou lu à propos de divination avec un boursoufflet, mais elle pourrait toujours se renseigner. Même si elle doutait de trouver quelque chose ; de ce qu'elle avait vu, ces boules de poils n'avaient pas de comportements très variés.

– Étant donné l'anatomie et les habitudes du boursoufflet, je ne suis pas sûre qu'il soit possible de prédire beaucoup de choses avec – contrairement au chat, dont on peut observer les mouvements de la queue, par exemple. Sinon, il est toujours possible d'utiliser une technique divinatoire fonctionnant avec des questions fermées. C'est simple et assez rapide, mais cela risque de faire beaucoup de questions et de tirages... »

Je faillis soupirer de soulagement lorsqu'elle annonça que nous n'aurions rien à découper. Je tiens à ce que mon animal de compagnie reste indemne. Je ne vois pas vraiment comment elle veut lire quoi que ce soit dans les mouvements d'un chat, quand ça dort pas ça chasse et quand ça ne chasse pas ça exprime son mécontentement. Mais bon, si elle me le conseille c'est que d'une manière ou d'une autre cela doit bien fonctionner. Et puis l'avantage c'est qu'on a pas besoin du don de double vue.

Oh les boursouflets bougent beaucoup, ça je peux le dire. Mais si elle dit que ça ne fonctionne pas je lui fais confiance ! Pour ce qui était des questions fermées si c'est long je ne vais pas la déranger plus. "Bon, je n'ai plus qu'à apprendre à lire les signes de la nature je crois ! Merci pour vos conseils..."

Peut-être que je pourrais investir dans un chat. Après-tout ça ne me fera qu'un peu plus de compagnie. Mais leur gros défaut est qu'ils mettent leurs petites pattes n'importe où, y compris dans mes jeunes semis. Ils n'ont aucun scrupule à écraser mes précieuses plantes et pour ça je ne peux pas les supporter. Mais si je le garde dans mon bureau, et que je le laisse se promener dans le château la nuit... Non ce n'est pas sérieux, je n'ai pas besoin de ça. Je n'aurais qu'à mieux couvrir mes plantes pour les protéger de potentiels gels et c'est tout !

Irene sourit, désolée de n'avoir pas pu davantage aider.
« Je peux te montrer comment poser des questions fermées, si tu veux, propose-t-elle tout de même. Avec un pendule, c'est extrêmement simple : s'il oscille verticalement, la réponse est « oui », et horizontalement, c'est un « non ».
Elle se lève et ouvre un tiroir derrière elle.
– Je n'en ai qu'un seul mais je peux te le prêter quelques jours, si tu es pressée, le temps que tu en acquiers un...
Ah, il est là, rangé dans sa boite. Elle sort le pendule et le pose sur son bureau.

Irene n'aime pas particulièrement se séparer de ses biens, mais elle compte donner sa confiance à Naomi pour bien plus encore, alors...
– Au fait, reprend-elle, l'air de rien, j'en profite, puisque tu es là... J'ai récupéré une racine d'une plante que j'aurais aimé faire se reproduire. Malheureusement, je n'y connais pas grand-chose...
Dans l'idéal, elle aimerait que Naomi s'occupe de toute la partie botanique, mais elle se doute que sa collègue n'a pas que ça à faire de cultiver les plantes personnelles de tout Poudlard. Alors, comment la jouer..?
– Je me demandais si tu pouvais me donner quelques conseils. Elle pousse normalement en Afrique du Sud, est-ce qu'il faudrait la mettre sous serre, vu le temps que nous avons ici ? »

Ma collègue me prête un pendule. Je l'en remercie ; "Ah merci... Donc je lui pose des questions et il répond. Pratique !" je souris, un peu sceptique. Je suppose qu'en bougeant correctement mes doigts je lui ferais me dire toutes les réponses qui m'arrangent.

Ma collègue me lance ensuite sur un sujet qui m'intéresse et dans lequel je suis plus à l'aise ; la botanique. Je me renseigne pour avoir plus d'informations ; " De quel genre de plante s'agit-il ? Tu as un bulbe ou simplement des racines ? "

Afrique du sud... c'est un climat qui varie très vite d'un bout à l'autre du pays, du désert au climat méditerranéen en passant pas tout et n'importe quoi ; " Il me faudrait une origine plus précise. Tu connais la région ? Tout ce que je peux te dire c'est qu'il vaut mieux lui trouver une place dans des serres. Mais où la ranges-tu dans ce bureau ? Tu as un jardin secret sur le toit ?" je demande en rigolant à moitié. Après-tout je ne serais pas étonnée qu'elle se soit aménagé une terrasse quelque part pour ses plantes. J'aurais fait pareil si j'avais dû travailler dans un coin aussi reculé du château. Fort heureusement je n'avais pas le triste désagrément de vivre recluse de l'herbe et du soleil.

Irene sourit, soulagée de la réponse de sa collègue. Elle se lève à nouveau et récupère dans un autre rangement la racine qu'elle a soigneusement conservée.

« Je n'ai que la racine, mais le peuple qui me l'a offerte a jeté un sortilège pour la conserver un certain temps. Ah, la voilà...
Elle ne sait pas quel sortilège a été lancé, il ne s'agit pas d'une magie qu'elle connait. Mais la femme l'avait assurée que la racine resterait saine jusqu'au moment où elle serait replantée.

Elle est enroulée dans un tissu qu'Irene pose sur son bureau avant d'en écarter les bords.
– Elle vient de l'est de l'Afrique du Sud, dans le Cap-Oriental. On me l'a offerte dans un village près de Tsomo. Tu penses pouvoir en faire quelque chose ?

La racine est remballée dans son tissu et Irene le pousse vers Naomi en concluant :
– Ce serait merveilleux Naomi. Un grand pas pour mes recherches. »
Et elle le pense. Elle aurait ensuite largement de quoi étudier. Elle pourrait proposer à un de ses contacts voyant de s'essayer à la divination Xhosa, ce qui serait un excellent moyen de déterminer quelle place a l'inné et l'acquis dans les différences de divination selon les peuples et les cultures. À cette seule pensée, Irene sent une grande excitation monter en elle, comme elle n'en avait pas ressentit depuis longtemps.