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11 mai 2020, 18:00
Volutes de Sens  Privé 
Sans apercevoir la Fin.


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Lundi 6 mars 2045
À l'Aube
TOUR NORD


Fatiguée, épuisée, crevée. Je rêve d'une bonne nuit de sommeil, mais cette faveur ne m’est plus accordée. Les Rêves ne m’appellent plus, ils ont laissé la place aux Cauchemars qui me hantent chaque Nuit. Je sais que c’est Elle qui me les envoie, cette fourbe m’a alpaguée. Elle ne s’est même pas excusée, mais pourquoi le ferait-Elle ? Je sais qu’Elle décide. De tout et depuis toujours, même avant que je Comprenne. Cette auguste présence, indispensable. Insupportable aussi, tout autant que son absence. Elle est irremplaçable et intraitable. Elle vit sa propre Vie. Qui est sûrement plus belle que la mienne au passage. La Nuit est Éternelle.
En cette douce matinée, je suis de mauvaise humeur, la nuit a été longue. Mais les étoiles qui semblent me dire adieu pour me retrouver dans plusieurs heures, sont si... *Attirantes.* J’ai envie de m’envoler, haut, bien plus haut que le sommet de la Tour Nord, afin de les rejoindre. Pour pouvoir regarder de haut les Autres, plutôt que les Astres me narguent. Toujours là pour me faire douter, pour me blesser, me briser. Hélas, elles sont hors de portée.

Loin. Très Loin. Trop Loin.

Elles disparaissent une à une, lentement au début, puis d’un rythme qui semble s'intesifier ensuite. Et puis le Roi arrive. Lui, le Soleil. Explosant de Fierté, dégoulinant de Splendeur, étouffant d'une Véhémence presque bestiale. Il impose sa place aux Nuages qui n'ont d’autres choix que de s’éloigner face à ses rayonnements luxueux. Il transpire la Puissance. Et moi je ne suis qu'une Ombre. Une Ombre parmi les autres, qui se font dans le noir, qui se mouvement dans la Nuit tel un fantôme silencieux. Et pourtant, je crie. Je hurle.


Vas-y, montre que tu sais hurler. Époumone-toi jusqu'à n'en plus pouvoir.


*C'est qui ça ? Y'a quelqu'un ?*
J'sais pas faire.


Oh que si tu sais faire.


Non ! Ta gueule toi !


Jamais.


Oui, jamais elle ne se tait, la Voix. Ce n'est pas la première fois que je l'entends, loin de là, mais c'est la seule fois où je lui ai répondu. Et j'ai détesté, j'aimerais lui faire quitter mon corps, l'exiler à jamais. Qu'elle s'en aille. Qu'elle parte. *Qu'elle dégage !*

Loin. Très Loin. Trop Loin.

Pourquoi les émotions me submergent ? J'ai tant envie de les contrôler, de les cadrer, pour changer. Mais non, il faut toujours qu'elles m'échappent par filaments qui me glissent entre les doigts. Je suis faible. Faible. FAIBLE ! *Beaucoup trop faible !* Encore le même refrain, qui passe en boucle, comme un disque que l'on aurait rayé et qui serait bloqué sur une phrase, un mot. Faible. Faible.
J'observe la pierre qui m'isole du sol. Des remparts s'élevant face au Ciel, et qui m'empêche de Voir. De voir loin.

Loin. Très Loin. Trop Loin.

@Irene Field
Dernière modification par Marie Paulia le 20 avr. 2021, 18:58, modifié 1 fois.

Le cœur vibrant ; la vague se déferla sur elle pour la noyer de ses Notes dégoulinantes et voluptueuses.

28 mai 2020, 17:08
Volutes de Sens  Privé 
La soirée d'hier flotte encore dans mon esprit, comme une musique incessante qui refuse de se laisser distraire.

Cela fait déjà plusieurs mois que je suis tiraillée. Tiraillée entre mon besoin d'être avec mon mari et celui de protéger mon enfant. Mais aussi tiraillée entre mon inquiétude et ma culpabilité. Ma décision m'a affectée, mais elle a aussi – non, elle a surtout affecté celui que j'aime. Combien de temps Hugh a-t-il accepté cette situation sans broncher ?

Hier soir, nous dinions ensemble, juste Hugh et moi. Mais ce qui devait être un repas entre amoureux s'est vite transformé en une mise au point. Il commence à perdre patience – et je ne peux pas l'en blâmer.

Depuis mon retour à Poudlard, je ressasse les paroles de Hugh. J'ai bien compris que derrière son ton calme se cache en réalité un ultimatum, et cela m'a empêché de fermer l’œil. Par bonheur, je n'ai pas eu à subir le réveil bien trop matinal et enjoué de Louis. Il est encore tôt, je n'aurais à le récupérer que dans plusieurs heures. Je doute cependant de pouvoir dormir d'ici-là.

Une balade pourrait me changer les idées. Prendre l'air, ne pas me tourner et me retourner dans mon grand lit, qui me rappelle que Hugh n'y est pas. Mais, à ma grande surprise, moi qui pensais être la seule debout à cette heure, j'aperçois une jeune fille, aussi éveillée que moi.

« Bonjour... je la salue doucement.

Je m'apprête à l'ignorer pour rejoindre le parc mais me résigne : après tout, pour se changer les idées, il est mieux de ne pas rester seul. J'espère simplement que mes yeux ne trahissent pas trop ma fatigue.

Vous êtes bien matinale. Vous êtes venue profiter de la vue ? »

Ça va être une grande, grande, grande journée !

01 nov. 2020, 02:12
Volutes de Sens  Privé 
Extinction désordonnée.


Le fin pantalon qui recouvre mes jambes se soulève légèrement ce qui laisse apparaître mes chevilles nues et caresse délicatement ma peau blanche. La brise souffle doucement sur mon t-shirt pour me laisser une sensation presque agréable, bien qu'elle soit accompagnée de légers frissons. C'est la toute première fois que je monte en haut de cette tour, et cet endroit est plutôt calme, du moins à cette heure-ci. Je songe à y revenir plus souvent lors d'une de mes nombreuses insomnies. C'est différent de la Tour d'Astronomie, où je suis allée il y a quelque temps, où j'ai notamment rencontré l'Autre Fille, et où j'ai vu le *Soleil*. Ici, tout en haut de la Tour Nord, une atmosphère paisible semble s'être imposée et laisse place au Silence. La Vie semble plus Réelle. Mes pensées vagabondes dans le Ciel ensommeillé. Elles ne sont pas vraiment joyeuses ; mais elles peuvent batifoler tranquillement, dotées d'une insouciance nouvelle.
Bien vite, la réalité se rappelle à moi, et la bulle que je m'étais créée implose. Quelqu'un est présent, je le sens. Pendant une fraction de seconde, tout mon être est en suspens ; puis l’Éclat se produit. Mon cœur se brise, mon esprit se perd dans le Néant infini, mon corps entier se déchire, comme si chaque noyau d'atome de mes organes se fissionnait, provoquant indéniablement la réaction nucléaire. Et soudain, toutes mes chairs semblent se remettre en place, dans un douloureux instant. Je me retourne vivement pour découvrir une silhouette assez grande, du moins bien plus que moi. *Adulte* Aucun doute, elle n'est pas élève, et c'est une femme à première vue. *J'la connais pas.* Même si je crois l'avoir déjà aperçue au détour d'un couloir, ou bien dans la Grande Salle. Je n'ai qu'un très obscur souvenir. Ce château regorge tellement de monde qu'il est tout à fait impossible de connaître chaque personne ; et je ne le veux sûrement pas. Je songe au fait que je me trouve en haut de la Tour Nord, tour dans laquelle ont lieu les cours de Divination. Je me souviens vaguement avoir entendu un cinquième année se plaindre des escaliers à gravir afin de se rendre dans la salle dédiée. Peut-être un rapport existe-t-il ? Ou bien aucun lien ne relie les deux phénomènes ; cette personne chercherait aussi la fraîcheur de l'aube ?
La nouvelle arrivante semble surprise, puis affirme que je suis matinale *Nocturne surtout* Je retiens un rire nerveux que je mettrais volontiers sur le compte de la fatigue. Je suis tirée de mes pensées par une question, une interrogation sur la prétendue belle vue. *La belle vue* J'observe attentivement le paysage immense, en tournant lentement la tête, qui s'étend jusqu'à l'horizon. Le Ciel sans fin a de jolies teintes fraîches comme la rosée, le matin commence tout juste à pointer le bout de son nez, doucement. *Elle a raison.* Oui, c'est splendide. Obnubilée par mes songes épineux, je n'avais pas pris la peine de regarder scrupuleusement chaque détail de cet endroit. Pourtant, ce n'est pas rare que j'étudie soigneusement le Monde qui m'entoure, normalement. Mais j'oubliais ; normal ne fait désormais plus partie de mon vocabulaire, éventuellement pour les Autres, et encore.
Sans me poser des milliards de questions comme j'en ai pourtant l'habitude, je parle d'une petite voix, presque somnolente bien que je n'ai pas dormi. Mes mots sont murmurés si bas que je ne suis pas sûre de les avoir prononcés réellement.

- C'est beau, chuchoté-je les yeux fixés sur le seul nuage présent dans les Cieux, je n'étais encore jamais venue.

C'est déjà presque trop pour moi, je ne veux plus rajouter ne serait-ce qu'un Traître mot. Pour une fois, la compagnie de cette adulte est moins pesante qu'une autre personne. Elle paraît dégager une aura... *Particulière ? Étrange.* Qu'est-ce que je suis en train de m'inventer ? Elle n'est sûrement pas différente des Autres. Adulte ou non, ça ne change rien. Absolument rien.
Et puis comme poussée par mon instinct, je relève la tête et plonge mes yeux bleus électriques dans son regard. J'essaye d'y décerner les émotions qui pourraient s'y cacher, bien que je ne devrais même pas lui jeter une quelconque œillade. Surtout lorsque mes propres iris sont plausiblement emplis de tristesse, de douleur, et d'un sentiment d'incertitude qui persiste. Aucune lueur de défi cependant, même si j'avais voulu en avoir une once, cela m'aurait été impossible. J'espère qu'elle ne saura pas apercevoir toutes ces émotions à travers mes deux pupilles. Hormis mes yeux, mon corps est totalement immobile et mon visage est fermé, on pourrait presque croire qu'il est indifférent. Presque.

Have you the Eyes in the Stars,
Or Stars in your Eyes ?

Je réponds enfin ! Je suis tellement navrée pour ce retard innommable et ce post de piètre qualité...

Le cœur vibrant ; la vague se déferla sur elle pour la noyer de ses Notes dégoulinantes et voluptueuses.

09 févr. 2021, 17:49
Volutes de Sens  Privé 
Oui, la vue est... belle. Ça l'a toujours été, beau, lorsqu'on regarde d'aussi haut. C'était ce que je préférais dans la salle commune de Serdaigle : la vue, les fenêtres... Surtout celle derrière la statue de Rowena, à l'automne. Ça me manquait, dans ma petite maison du Chemin de Traverse ; même si j'avoue qu'avec un fils aussi actif que Louis, plus nous nous trouvons près du sol et plus je suis rassurée.
Je m'approche de la fenêtre et je regarde à mon tour, même si je connais déjà ce que je vais voir. Le printemps est proche, ça fait un moment qu'il n'y a plus une once de neige. Mais l'air est encore un peu frais, dehors. Je ferme les yeux (Merlin, je viens tout juste de me lever et j'ai déjà envie de retourner me coucher) et je profite de l'ambiance encore calme du château. Cette élève me semble elle-même bien plus paisible que la plupart des autres enfants. S'ils pouvaient tous être ainsi – à commencer par mon fils –, je me sentirais comme un poisson dans l'eau. Enfin, je m'ennuierais aussi un peu, probablement.

J'inspire doucement avant de rouvrir les yeux. Puis je me détache de la fenêtre et je propose :
« Souhaitez-vous boire quelque chose ? Je pense me faire un thé. Vert. »
D'habitude, le matin, je suis plutôt café ; mais j'ai l'impression que son arôme serait un peu trop... perturbant, ce matin.

Ça va être une grande, grande, grande journée !