Elle ria timidement de sa remarque sur les Magicobus. Panthéa n'en avait jamais emprunté mais avait entendu beaucoup de rumeurs à leur sujet qui l'avaient rendue à la fois curieuse et méfiante. Non, vraiment, elle saurait se contenter des trains et des taxis. Elle fit non de la tête quand il lui demanda si elle n'avait jamais volé :

"Jamais. Mais ce n'est rien, je pense au contraire que c'est mieux comme ça, sinon je pourrais provoquer des accidents.", répondit-elle dans un sourire.

Les traits du visage du jeune garçon s'alourdirent soudain, comme s'il était affligé d'une grande tristesse. Elle sentit son coeur se serrer de compassion. Son chagrin devait être particulièrement vif pour qu'il passe aussi rapidement du sourire à la mélancolie. Il lui révéla alors que les amis de son ancienne école lui manquaient beaucoup, et qu'il lui avait été très difficile de justifier son départ auprès d'eux sans pouvoir prétexter un déménagement. Elle opina tristement et ressentit un nouvel élan de sympathie pour son camarade qu'elle trouvait, au demeurant, très sympathique et bienveillant. L'idée qu'il puisse souffrir la toucha sincèrement.

"Ils ... Ils me manquent beaucoup aussi." C'était tout ce qu'elle pouvait dire sans avoir envie de pleurer. Sa séparation avec Rose, sa meilleure amie, avait été un moment si dur à vivre pour elle qu'elle en cauchemardait encore parfois, elle comprenait donc tout à fait ce que pouvait ressentir Ethan en évoquant ses anciens amis de la sorte. Mais ce qui lui faisait le plus mal, c'était l'absence de son frère et le refus catégorique de ce dernier de répondre aux lettres de sa soeur. Elle préféra changer le tour de la discussion, soucieuse de la tristesse d'Ethan en même temps que de la sienne.

"T-ta maman est moldue ?", demanda-t-elle alors dans un nouveau sourire. "La mienne aussi ! Et ... et mon frère aussi. Elle est enseignante en histoire et en géographie à l'école de la ville. Que fait la tienne ?"
Ethan semblait avoir un point commun avec elle. Elle voulut y voir un point d'ancrage possible dans cette école où tout lui semblait si étranger et, parfois, si hostile.

Les amis de sa petite interlocutrice lui manquaient aussi. C'était donc une de ces sorcières ouvertes sur le monde moldu. C'était toujours beaucoup plus simple pour Ethan de s'entendre avec des personnes ouvertes que fermées. Tôt ou tard arrivait ce genre de discussion, ou du moins ce genre de confrontation. Les opinions de ces sorciers fermés au monde moldu étaient dans ce moments là de gros boulets qu'il était impossible à déplacer. Il fallait de tout pour faire un monde, mais il se passerait tout de même de ce genre de comportement.

Il se sentit alors extrêmement bête et confus quand Panthéa lui annonça que sa maman enseignait l'histoire et la géographie. Et dire qu'il venant de critiquer ce cours à qui mieux mieux. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle avait été ouverte d'esprit car jamais il n'aurait pu deviner à ses réactions que c'était le cas.

- Oooh, ta maman est enseignante en histoire? Héhé, tu m'as bien eu! dit-il en riant jaune et en ouvrant de grands yeux de surprise. J'espère que je ne t'ai pas froissée...

Il se gratta l'arrière de la tête en signe de gêne et ne sut plus trop où regarder. Heureusement, elle lui offrait gracieusement une porte de sortie en lui demandant ce que faisait sa maman.

- Ma maman est moldue, oui. Elle tient une petite boutique de prêt à porter. Elle vend même des robes de sorcier! Ton papa est sorcier alors? Il fait quoi?

Sa camarade avait une famille presque similaire à la sienne: une maman moldue, un papa sorcier et une fratrie qui ne viendrait pas à Poudlard et avec qui on ne parvenait pas à communiquer par hibou. Sa sympathie envers elle augmenta d'un cran.

Elle adressa un grand sourire à Ethan devant la gêne que l'annonce de la profession de sa mère avait l'air de provoquer chez lui. Bien sûr qu'elle n'était pas froissée, on ne pouvait pas tout aimer, et il n'était jamais question de prendre quoi que ce soit pour une attaque personnelle, aux yeux de la fillette. En outre, l'embarras sincère dont il faisait montre constituait la preuve, selon elle, qu'il n'avait jamais eu pour intention d'être blessant. Il lui avait confié ses goûts, et il n'avait jamais été question de lui en tenir rigueur. Elle faillit éclater de rire en s'apercevant de la bourde qu'elle n'avait, elle-même, pas vue venir, mais elle se retint.

Sa mère était donc bien moldue aussi. La coïncidence était bienheureuse au sein de cette école dont certains élèves rejetaient absolument tout ce qui venait des Moldus.
Elle était prête à répondre sans hésitation avant de se rappeler des consignes de son père quant à l'aveu de profession : "Prend garde à qui tu t'adresses, certains ne te verront plus d'un très bon oeil s'ils apprennent qui je suis ou ce que je fais." Elle considéra de nouveau son interlocuteur pendant quelques secondes. Ethan ne semblait pas être un élève dont il fallait craindre les réactions, bien au contraire. La teneur de leur petite discussion l'avait plutôt confortée dans la relative confiance qu'elle lui accordait, ce qui la poussa à prendre le risque. Panthéa répondit alors, d'une petite voix mal assurée :

"M-mon père est journaliste. P-pour la p-presse des Sorciers mais aussi ... celle des Moldus. Il euhm ..." Elle hésita, mais maintenant qu'elle connaissait les origines de son camarade, la révélation ne lui semblait pas dangereuse outre-mesure. "I-Il écrit des articles sur les... sur les liens possibles entre les Sorciers et les Moldus. I-Il pense qu'on devrait pas toujours vivre séparés."

Par peur de sa réaction, elle préféra immédiatement lui demander : "C-ce doit être génial, une maman couturière. Et toi ton papa, il fait quoi ?"

Pendant que Panthéa réfléchissait et semblait mener un combat intérieur, Ethan avait dévié son regard vers les dessins qu'avait fait sa camarade. Il y en avait un particulièrement qui l'intriguait. Lorsque sa camarade reprit la parole, son bégaiement était au comble, ce qui signifiait qu'il lui en coutait de révéler ces informations. Ethan trouvait que c'était plus cool que son père soit journaliste dans les deux mondes. Par contre, tout garçon qu'il était, il ne voyait pas très bien en quoi c'était si chouette d'avoir une maman couturière, mais il garda cette réflexion pour lui. Elle lui demanda enfin ce que faisait son père.

- Mon papa, il travaille dans les protections du monde magique, comme par exemple s'assurer que les sorts qui nous cachent sont toujours en ordre. Il m'a déjà dit qu'il était triste qu'un travail comme le sien existait mais qu'il était nécessaire parce que la race humaine n'aime pas vivre mélangée avec ceux qui leur sont différents. Il me cite toujours comme exemple les sorciers de sang-pur qui n'acceptent pas facilement, voire pas du tout, les sorciers né-moldus.

Ethan avait fidèlement répété les paroles de son père. Il les avait déjà entendues maintes fois au cours de sa jeunesse. Il savait que son père était sincère qui estimait que son job était un mal nécessaire pour que tout se passe au mieux. Pour preuve qu'il aurait préféré qu'il n'existe pas, il s'était marié avec une moldue. Le Poufsouffle ajouta son analyse personnelle en haussant les épaules.

- Du coup moi j'pense que la race humaine est débile. Dis, que représente ce gros dessin là? demanda-t-il en passant du coq à l'âne, ne pouvait plus retarder de satisfaire sa curiosité.

Elle avait arqué un sourcil, perplexe. Les Humains, "débiles" ? Elle fut étonnée d'entendre son camarade, à qui elle prêtait une ouverture sans faille due à ses origines, parler des Moldus avec autant de critique. En se rappelant le début de la conversation sur l'histoire et l'enseignement de la matière en général, elle songea qu'Ethan avait peut-être tendance à tirer des conclusions hâtives dans l'espoir de se débarrasser rapidement de sujets qui ne lui plaisaient pas. Panthéa choisit de ne pas en prendre ombrage, après tout, elle ne connaissait pas grand chose de lui, sans doute avait-il de bonnes raisons de penser de la sorte.
Le travail du père d'Ethan l'avait cependant immédiatement fascinée. Son père avait mentionné le rôle capital des sorts de dissimulation pour leur monde, mais elle n'avait alors jamais cru rencontrer, même indirectement, quelqu'un dont c'était le métier ! Elle avait écouté le jeune garçon parler de son père avec beaucoup d'attention, et avait surtout retenu que son père n'était pas très heureux de devoir ainsi cacher son monde au reste de l'humanité. Panthéa pensa que leurs deux pères s'entendraient probablement très bien s'ils se rencontraient.

La question qu'il lui posa finalement la sortit de ses réflexions. Elle dirigea son regard vers le dessin qu'il pointait et constata qu'il s'agissait de la tâche à partir de laquelle tout le reste de son dessin s'étirait, et qui l'avait tant frustrée au moment de son apparition sur la page. Elle émit de nouveau un léger rire :

"Oh, ça ! C-C'est ... C'est une grosse goutte d'encre, et j'étais si énervée quand elle tombée sur ma feuille que j'ai dessiné tout autour ... Mais ce n'est qu'une grosse tâche !"

Ils rirent ensemble jusqu'à ce que la cloche retentisse dans tout le château. Les prochains cours de la journée allaient commencer. Ils n'avaient pas vu le temps passer !
Ils coururent ensemble dans les couloirs de Poudlard jusqu'au moment où ils durent se séparer. Panthéa voulut lui demander rapidement s'il était d'accord pour se revoir bientôt, mais elle n'osa rien dire, d'autant plus qu'il avait déjà disparu !

Fin du rp, merci infiniment de ta venue o/