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21 août 2020, 10:45
L'envers des mots
26 février 2044
Salle d'Histoire de la magie — Poudlard
3ème année



Je n’ai pas tenu ma promesse.
A vrai dire, à l’instant même où j’ai avoué à Kristen Loewy que je n’avais pas lâché l’affaire avec ce sujet-là, j’avais déjà rompu ma promesse, mais aujourd’hui j’ai encore franchi une limite ; ou du moins, je compte bien le faire. Il me semble si lointain ce joli jour de juin où Papa m’a permis de lire l’un de ses bouquins dont il nous interdit l’accès, ce jour où je lui ai promis avec toute la sincérité de mon coeur que jamais, Ô grand jamais, je n’essayerais d’étudier les Arts Sombres sans lui. Ce n’est pas avec gaieté de coeur que je romps ma promesse ; je ne fais que répondre à un besoin, une envie primaire de savoir, d’apprendre, de connaître toujours plus. Je suis certaine que Papa comprendra.

J’ai attendu le vendredi soir avec une terrible impatience, ma passion réveillée par la discussion que nous avons eu avec Loewy ; j’ai encore du mal à croire que j’ai parlé avec elle, que j’ai accepté de la voir et de l’avoir aussi proche de moi. Je n’aime pas m’en souvenir, c’est pour cela que j’ai pris soin de réécrire ses paroles dans mon carnet, pour me rappeler que de l’essentiel. Il est bien plus aisé d’oublier qui a parlé ce jour-là et qui m’a conseillé de continuer à m’exercer. J’ai attendu le vendredi car en fin de journée, les élèves quittent toujours rapidement les salles de cours et les couloirs, avides d’être en week-end. Ils ne laissent donc pas traîner d’oreilles indiscrètes. J’ai besoin d’être seule pour faire ce que je vais faire, seule en compagnie.

Je suis partie à toute allure de mon cours de Soin aux Créatures Magiques. Je n’ai jamais couru aussi vite, remontant le parc à toute vitesse, fendant les couloirs et escaladant les escaliers pour arriver devant la salle d’Histoire de la magie avant que Miss Montmort ne quitte le couloir. Et me voilà, courant à en perdre haleine dans ce couloir quasiment vide du premier étage. Mes poumons sont en feu et mon coeur bat si fort que je crains qu’il ne s’arrête, mais je ne ralentis pas. Je tourne dans un couloir, puis un autre, la main accrochée à mon sac pour éviter de le perdre en chemin.
Et je la vois.
Elle est là, ma Liberté, ma roue de secours.
Miss Montmort dans toute sa splendeur qui quitte sa salle de classe.

« Miss ! gueulé-je en courant derrière elle, évitant un abruti de Gryffondor qui bavasse. Atten… Attendez ! »

Je ne cesse ma course qu’en arrivant devant elle. Je m’appuie contre le mur, rouge, à bout de souffle et peinant à respirer. Mon corps est brûlant de chaleur et ma peau moite de sueur ; je déteste avoir dû courir, j’aurais dû sécher le cours d’Almeida, j’aurais au moins pu relire le discours que j’ai préparé sur un morceau de parchemin. Mais non, me voilà face à Montmort, dégoulinante et misérable. Je me redresse enfin, m’essuyant le front du revers de ma cape et déglutissant douloureusement, bien déterminée à ignorer la douleur criante qui tente de m’arracher les poumons pour m’exprimer de manière mature et sérieuse — il est essentiel que la femme me sache mature et sérieuse.

« S’il-vous-plait, soufflé-je en la regardant fixement. J’peux vous parler d’un truc ? »

05 sept. 2020, 11:20
L'envers des mots
Une nouvelle journée de cours s'achevait. Une longue et épuisante journée de cours. Le dernier élève parti, la première chose que fit Elina fut de boire une fiole de potion anti-migraineuse. L'avantage des cours d'Histoire de la Magie, c'étaient qu'ils avaient généralement le don de calmer les plus récalcitrants et lorsqu'elle sentait une nouvelle migraine approcher, la jeune professeure ne se plaignait pas de ces élèves qui dodelinaient de la tête dans le fond de la classe. Plus par habitude que par réelle nécessité, elle fit le tour de la salle pour redresser une chaise, ramasser un morceau de parchemin froissé, réaligner une table... Suite a quoi elle pris le temps de verrouiller son bureau avant de quitter la salle de classe. Une fois dans le couloir, elle s'apprêtait à verrouiller la salle de classe à son tour et à prendre la direction de ses appartements lorsqu'elle fut interpelée. Quoique l'appel soit un peu trop tonitruant à son goût, elle attendit pour voir arriver devant elle une jeune sorcière aussi essoufflée que si elle avait dû échapper a un troupeau d'éruptifs en colère.

« Commencez par reprendre votre souffle. »

Le regard d'Elina s'arrêta un instant sur le blason épinglé sur l'uniforme de la jeune fille. Poufsouffle. Il s'agissait donc d'une élève qu'elle avait forcément côtoyée en tant qu'élève. Elle chercha quelques instant le nom qui lui échappait avant de mettre le doigt dessus. Elle détestait cette sensation de ralentissement de la réflexion qui accompagnait les migraines même lorsqu'elle n'étaient pas encore installées.

« De quoi vouliez-vous me parler miss Bristyle? »

23 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
¤ Ne sous estimez pas les griffes du blaireau parce que sa fourrure vous semble douce ¤..

11 sept. 2020, 16:50
L'envers des mots
Il est très étrange de faire face à cette femme. J'ai encore des souvenirs d'elle en Salle Commune ou dans les couloirs. Elle était alors comme tous les Autres. Jeune, élève, sérieuse, attentive. Je la voyais parfois travailler, rire avec des amis, se hâter pour aller en cours, se rendre dans la Grande Salle et manger en compagnie des Jaunes. Elle n'était qu'une élève parmi tant d'autres, une élève fantastique, certes, qui a gagné le Tournois des Trois Sorciers, certes, mais une élève tout de même. Si je lui avais fait face il y a deux ou trois ans, je n’aurais pas réagi de la même manière. Mon coeur ne se serait certainement pas emballé et je ne me serais pas retrouvée à court de mots. Parce que c’est ce qu’il m’arrive alors que je plonge dans son regard bleu. Je suis à court de mots, incapable de me rappeler de tout ce que je voulais lui dire (j’ai pourtant passé des heures à m’entraîner devant mon miroir !). J’ouvre la bouche et la referme, comme un strangulot béat, tétanisée.

Sa jeunesse, sa beauté, son charisme, son pouvoir, sa célébrité, mon souvenir d’elle plus jeune — tout m'effraie à cet instant précis. Pourtant, c’est exactement pour cela que je suis allée la voir elle et pas une autre. Parce que Montmort est une Poufsouffle, nous avons cela en commun, et elle est jeune, certainement passionnée. J’étais persuadée qu’elle était plus proche de moi que tous les autres professeurs réunis et que cela serait un avantage pour avoir une réponse positive à ma demande. Mais à présent que je me retrouve devant elle, sous le joug de son regard, je me rends compte que nous n’avons pas grand chose en commun, elle et moi. Ce n’est pas Elina Montmort que j’ai devant moi, mais Miss Montmort, professeure d’Histoire de la Magie. Une adulte. Et comme tous les adultes, c’est certain qu’elle n'accédera jamais à ma demande, qu’elle ne voudra jamais faire cela pour moi, qu’elle ne me fera pas confiance, qu’elle me jugera, qu’elle…

*La ferme !* me soufflent mes pensées. Ce n’est pas le moment de paniquer. Elle va me prendre pour une idiote. Tant bien que mal, je me redresse et cache mes mains tremblantes dans mes poches. Je compte jusqu’à trois dans ma tête et petit à petit parviens à me focaliser sur ce que je veux réellement : qu’elle me prenne pour une personne responsable. Je dois lui faire confiance, même si cela ne doit durer dix minutes, oublier mes craintes. C’est essentiel. Tout d’abord, commencer par suivre les conseils de Papa, même si je trouve que c’est complètement idiot de remercier une personne juste parce qu’elle daigne m’écouter.

« Merci, Miss, soufflé-je d’une voix rauque en obligeant un sourire à étirer mes lèvres. Ce s’ra pas long. »

C’est un mensonge. La dernière fois que j’ai répété mon discours, je me suis chronométrée grâce à l’horloge et huit minutes étaient passées, huit ! Peu importe. Je prends une grande inspiration. Je déteste le début de mon plaidoyer. Il est destiné à couper l’herbe sous le pied de la professeure. Si je mets en avant mes antécédents, elle ne pourra pas s’en servir contre moi. C’est logique.

« Il a pu arriver que j’fasse pas preuve de beaucoup d’maturité, commencé-je lentement en surveillant la réaction de Montmort. J’ai fait des erreurs par le passé, notamment avec le… » Je retiens à grand peine la grimace qui veut s’afficher sur mes traits. Je déteste parler de cela, Merlin ! « Avec Chu-Jung, vous savez… » Bien sûr, qu’elle sait ! Qui ne sait pas ? Je détourne vaguement le regard. *Répète ce que t’as appris, répète ce que t’as appris* ; ainsi, continuais-je d’une voix monocorde : « J’ai pas été à la hauteur des espérances de la Maison, et de Poudlard, et de la délégation chinoise, je le sais. Mais… C’est du passé, affirmé-je avec force en ramenant mes yeux dans les billes bleues de la Professeure. Je suis une élève sérieuse et motivée, mes notes vous le prouveront, j’ai beaucoup de talent, je suis douée, même, et je… Je… Je… » *Merlin* « Je pense que je suis une Poufsouffle méritante. »

Ah, tiens. Voilà un nouveau mensonge. Je n’ai jamais été persuadée et je doute être persuadée un jour d’être une bonne Poufsouffle ou quoi que ce soit du même genre. J’ai l’impression d’être trop différente des Jaunes, d’être à part, d’être anormale, peut-être. Mais ça, Elina Montmort n’a guère besoin de le savoir. Je veux lui montrer mes qualités, pas mes défauts. Et mes qualités sont telles que je le lui ai confié. Il est essentiel qu’elle comprenne que je suis responsable.

Mon discours n’est pas encore terminé. A ce moment-là, je suis censé lui donner tout un tas d’exemples qui lui prouvent que je suis effectivement responsable, sérieuse, bonne élève, gentille et raisonnable. Mais être face à un miroir et face à cette femme, ce n’est pas la même chose. Je sens que je dois m’arrêter là et prendre la température. Voir ce qu’elle pense de tout cela. Si elle est sceptique, je devrais donner plus de force à mes prochains mots. Si elle est confiante, je devrais peut-être axer mon discours sur la sincérité. Le savoir, la connaissance, l’amour de la recherche… Je suis certaine qu’elle peut comprendre tout cela.

21 sept. 2020, 14:33
L'envers des mots
Lorsqu'elle avait repris le poste de professeur d'HdlM tout juste ses Aspics en poche, il avait été très perturbant pour Elina de se trouver à la place de professeur face a des élèves qu'elle avait côtoyée quelques mois plus tôt en salle commune. Elle avait craint d'avoir du mal à s'imposer alors que certains de ses élèves avaient seulement quelques mois de moins qu'elle, mais ses craintes s'étaient trouvées injustifiées. Depuis, plusieurs mois avaient passés et elle se sentait plus à l'aise dans ce rôle qui restait malgré tout toujours un peu perturbant. Ses années en tant que préfète en chef avaient dû aider. L'attitude d'Aelle n'était en tout cas pas celle d'une élève s'adressant à une autre élève. Si Elina avait craint de ne pas avoir l'autorité suffisante pour contenir toute une classe, elle n'avait pas vraiment envisagé l'inverse. C'était étrange d'avoir l'impression d'intimider à ce point des personnes qui l'avaient connues en tant qu'élève. Peut-être bien que le titre faisait tout au final... Ou peut-être que c'était normal dans la mesure où Aelle et elle ne s'étaient jamais vraiment adressé la parole, même lorsqu'elles étaient toute les deux élèves. La jeune Poufsouffle était agité et il lui fallut du temps avant de commencer à parler.

La jeune professeure fut un peu surprise par l'angle d'attaque pour lequel la jeune fille avait opté. Aelle avait causé une véritable tempête à Poudlard lorsqu'elle avait refusé de devenir le binôme de Chu-Jung lors du Tournoi des jeunes chinois. Plus encore a Poufsouffle où les avis divergeant sur sa conduite avaient causé une véritable scission. Ce n'était pas des souvenirs très agréables pour Elina qui avait eu l'impression que les valeurs de sa maison se délitaient, mais a l'époque elle avait déjà un pieds dans l'après. Pouvait-elle blâmer qui que ce soit alors qu'elle n'était déjà plus vraiment avec eux ? Dans tous les cas, Aelle avait payé son erreur de jugement avec son renvoi provisoire de Poudlard. Mais pourquoi ramener cela sur le tapis ? Elina espérait que la discussion ne durerait pas trop ou que sa potion fasse rapidement effet, mais d'un autre côté, elle était curieuse d'entendre où la Poufsouffle voulait en venir en attaquant de la sorte.


« Allez droit au but miss Bristyle »


Elina avait dit cela sans aménité. Aelle n'était certainement pas venue la voir juste pour vanter ses mérites. Il n'y avait aucune raison pour cela car elle n'avait rien à y gagner. Il y avait donc forcément autre chose.

23 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
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24 sept. 2020, 16:46
L'envers des mots
Parler m’a redonné confiance. Le souvenir du discours que j’ai préparé est clair dans mon esprit. Je peux même voir les mots défiler sous mes yeux, joliment et sérieusement rédigés sur ce parchemin caché quelque part dans mon sac. Les prochains arguments que je vais utiliser défilent dans mon esprit. Je sais déjà par lequel je vais commencer. Il faut que j’y aille doucement, pour qu’elle comprenne que ma demande n’est pas un caprice de gamine ou un souhait motivé seulement par la curiosité. Il me faut lui prouver que je ne suis pas qu’une enfant, mais une jeune fille en quête de savoir et de connaissance. C’est essentiel qu’elle le comprenne. Les adultes ont trop souvent tendance à croire que nous sommes tous pareil, nous, adolescents. Motivés par l’envie de nous rire de la vie, de nous amuser et de ne jamais rien faire de sérieux. Moi, je ne suis pas comme cela, je n’ai jamais été comme cela et je doute l’être un jour.

Je suis très contente de moi. J’ai du mal à lire sur le visage de Montmort, mais puisqu’elle ne grimace pas ou ne fait aucune tête étrange, je devine que mes mots ne la dérangent pas, c’est une bonne chose. Je me sens prête à tout ! Je suis heureuse que mon angoisse se calme et de me sentir un peu plus à l’aise. Lorsque la professeure ouvre la bouche, je me grandis légèrement, prête à recevoir ses paroles…

… qui anéantissent toute la confiance que j’avais en moi. *Mais…*. Mon dépit doit très certainement se voir sur mon visage. Sur mes lèvres qui se courbent vers le bas, sur ma bouche qui s’entrouvre, sur mes yeux qui perdent de leur éclat.
Allez droit au but.
Ces paroles me perforent le coeur, foutent le bordel dans mon corps et remontent jusque dans mon esprit pour éparpiller toutes mes pensées. Et la voilà, la voilà l’angoisse, le stress, la perdition qui me fait perdre la mémoire, qui me rend muette, qui me donne l’impression d’être une moins que rien.

Cela ne devait pas se passer comme ça ! Elle devait me dire ce qu’elle pensait de moi, le mieux aurait été qu’elle acquiesce à mes paroles et m’encourage à continuer mon discours. Forte de ses assentiments, j’aurais dû parler pendant quelques minutes pour lui prouver qui je suis avant de lui poser ma question franchement, sans détour, les yeux dans les yeux.
Allez droit au but.
En une phrase prononcée sur un ton tout à fait banal, sans colère, sans agacement, sans ennui, ni même sans intérêt, elle a gâché absolument tout ce que j’avais prévu.

Je papillonne des yeux, détourne légèrement le regard, piétine pour faire disparaître mon mal être. Je feins regarder derrière moi dans le couloir alors qu’aucun bruit n’a attiré mon attention, je remonte la bretelle de mon sac et essaie, en vain, d’ignorer les battements désordonnés de mon coeur. *Je fais quoi ? Je fais quoi ?* paniqué-je intérieurement. Continuer malgré tout ? lui poser ma question ? m’excuser et me barrer ? L’idée est tentante, je pourrais aller voir un autre professeur. Tout à coup, je me demande pourquoi je ne suis pas allée voir Loewy. Après tout, c’est elle qui a créé mon envie d’aller poser ma question à Montmort. La seconde suivante, j’évince la pensée de ma tête : hors de question que j’aille demander quoi que ce soit à la Directrice.

Une étrange résignation s’installe dans mon coeur. Motivée par une certaine colère, je dois bien me l’avouer. Je ne suis pas vraiment heureuse de l’évolution de cette discussion, mais qu'y puis-je ? Je me retourne en direction de Montmort, plonge dans son regard, en oublie mon sourire, ma passion, ma crainte qu’elle me refuse ce que je souhaite. Si elle dit non, je me jure que je lui sors mon discours.

« Vous voudriez bien me faire un mot pour me donner accès à la réserve de la bibliothèque ? »

Elina m’a détraqué mon Aelle !

25 sept. 2020, 20:09
L'envers des mots
Oups... Ne vous en faites pas, Elina a l'habitude. Par contre je ne peux rien pour Aelle... :sweatingbullets:

Alors qu'Aelle semble retrouver contenance, Elina assiste a l'effondrement d'un château de carte lorsqu'elle lui demande d'aller droit au but. Ces circonvolutions étaient-elles donc si importantes pour la jeune fille ? Malheureusement pour elle, la jeune femme n'a pas le cœur à l'écouter tourner autour du pot pour Merlin savait combien de temps ! La professeure assiste au désarrois de la jeune Poufsouffle avec peut-être une pointe de culpabilité au fond du cœur. Culpabilité vite balayée par une vague douloureuse traversant ses tempes. Combien de temps fallait-il a cette potion pour faire effet déjà ? Elle avait l'impression que c'était chaque jour plus long. Est-ce que cette potion aussi finissait pas perdre en efficacité à force d'utilisation ? Si c'était le cas, c'était un problème.

Son attention toujours portée sur Aelle Bristyle, elle attend sans rien dire une réaction de sa part. Elle n'est pas pressée et elle ne craint pas le silence. Au contraire, le silence est si paisible et réconfortant. L'agitation de la Poufsouffle est cependant palpable, empêchant de goûter tout à fait à cette quiétude. Enfin la question tombe. Elle veut un accès à la réserve de la bibliothèque. Une expression de surprise passe sur la visage d'Elina l'un de ses sourcils se figeant en une position interrogative.


« Un accès à la réserve ? Pourquoi avez-vous besoin de ce genre d'autorisation ? Je doute que mes collègues vous donnent des devoirs suffisamment avancés pour le nécessiter. »

Il était surprenant qu'une élève aussi jeune fasse cette demande. Elina avait davantage l'habitude que ce soit des élèves en dernière année qui lui fasse ce genre de demande. Et encore, cela restait exceptionnel... Ses autorisations l'étaient plus encore... exceptionnelles. La jeune Bristyle allait devoir se montrer précise et convaincante car les autorisations d'Elina se limitaient a des ouvrages bien précis. Jamais elle ne donnait l'occasion aux élèves de se promener à leur guise dans la réserve.

23 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
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28 sept. 2020, 17:37
L'envers des mots
Aelle finira par sombrer dans un gouffre de désespoir quand Elina dira non mais elle s'en remettra. Moi, je profite du spectacle !

Si j’ai été assez bête pour croire que cette femme me laisserait parler et présenter mon discours, je ne le suis pas assez pour avoir espéré qu’elle ne me pose pas cette question. Évidemment, qu’elle allait la poser. Il faudrait être complètement naïf pour permettre à n’importe quel élève de pénétrer dans la réserve. Et je commence à me dire… Une toute petite voix au fond de ma tête, qui me serre le coeur et me noue la gorge, me dit que j’ai peut-être été un peu naïve moi aussi de croire que qui que ce soit pourrait avoir assez confiance en moi pour me permettre d’aller dans la réserve.

De toutes mes forces, je repousse ces pensées. Je ne peux pas me démonter devant Miss Montmort, pas maintenant, même si un embryon de rancune commence à faire son nid dans mon coeur. Elle m’a posé une question, elle m’a demandé « pourquoi ? ». Si elle avait voulu refuser ma demande, elle l’aurait fait clairement. Ce qui signifie que j’ai encore de l’espoir. Qu’il y a encore une chance pour qu’elle accepte ma requête.

Cachées dans mes poches, mes mains sont moites. Je frotte mes doigts contre mes paumes pour retrouver un peu de contenance, pour empêcher l’angoisse de s’installer définitivement. Tout à coup, j’ai l’impression de me retrouver devant Maman quand elle me refuse quelque chose. A partir du moment où elle me dit « non » je sais que c’est mort pour toujours. Elle est comme ça, Maman. Et Montmort, comment est-elle ?

« Je n’en ai pas besoin, » asséné-je soudainement. Ma foutue voix est tremblante ! « Je le demande pas pour les devoirs ou pour les cours, à vrai dire… Je sais bien que j’ai tout c’qu’i… ce qu’il me faut dans la bibliothèque et même plus d’ailleurs parce que je peux avoir accès à des ouvrages plus avancés, mais… »

Mais je le veux vraiment, vous comprenez ? Parce qu’il y a des sujets qui me passionnent mais dont on ne parle pas dans les livres qui sont à la disposition de tous les élèves. Parce qu’on cache les livres traitant des sujets dit sensibles, tout simplement parce que quelqu’un quelque part a dit que c’était trop dangereux pour autoriser les gens passionnés à apprendre, juste parce qu’il existe dans le monde des idiots incapables de faire attention à ce qu’ils trouvent dans les bouquins.
Je ne suis pas totalement bête.
Miss Montmort n’est pas Kristen Loewy. C’est une héroïne, il n’y a aucune rumeur qui court sur elle et qui la nomme sorcière noire. Montmort, c’est certainement une femme comme il faut, une femme sans étrange passion, une femme qui suit le chemin que l’on a tracé pour elle, une femme qui ne regarde pas ce qu’il y a à côté, mais qui se contente d’observer ce que l’on met sous son nez. Oh, elle est intelligente, mais je ne suis pas certaine qu’elle soit… aussi ouverte que l'a été Loewy en début de semaine. Pourquoi est-ce que je m’en rends compte maintenant ? Devrais-je me taire ? Parler ? M’enfuir ? Abandonner ? Assumer ?
J’ai déjà la réponse, pourquoi me prends-je la tête maintenant ?

« Certains sujets, continué-je lentement en surveillant Montmort du coin de l’oeil, ne sont disponibles que dans les ouvrages de la réserve, Miss Montmort… Je crois… Je sais que j’ai les capacités et la maturité pour les consulter. J’aimerais en avoir le droit. »

J’aimerais. C’est rare que je demande quelque chose. Si cette femme n’avait été qu’une élève, j’aurais dit « je veux ». Mais actuellement, il est essentiel que je fasse attention à la façon dont je m’exprime.

10 oct. 2020, 14:02
L'envers des mots
Les paroles de la jeune Poufsouffle vinrent confirmer ce que soupçonnait Elina. Ce besoin d'avoir accès à la réserve n'était en rien scolaire. La jeune femme ne pouvait pas prétendre ne pas comprendre la curiosité qui pouvait animer l'élève, mais les grimoires rangés dans la réserve étaient dangereux. Tant par leur contenu que par le caractère un peu particulier de certains d'entre eux. Aelle Bristyle était bien jeune pour s'y confronter. Toujours agitée, la Poufsouffle se débattait visiblement avec ses réflexions intérieures. La voix un peu tremblante, Aelle Bristyle continuait cependant à tenter de se justifier.

Elina garda un instant le silence. Elle détestait devoir réfréner les désirs de connaissance des élèves. Les jeunes sorciers véritablement passionnés étaient si rares... Elle avait cependant consulté suffisamment d'ouvrages de la réserve elle-même pour être convaincue qu'Aelle était trop jeune. Si elle était personnellement réticente à utiliser la magie noire quelque soit sa forme, elle se devait de connaître ce qu'elle affrontait. On ne se confrontait pas aux Lignées en ne connaissant que la magie courante et commune.


« Les connaissances conservées dans la réserve ne nécessitent pas qu'une maturité... au sens de la réflexion miss Bristyle. Il faut également une certaine maturité d'un point de vue magique. Connaître et maîtriser les bases est indispensable avant de vouloir passer a certains sujets. Tant pour votre propre sécurité que pour celle des autres. »

Combien de jeunes sorciers brillants et, semblait-il équilibrés, étaient allés trop loin par soif de connaissance ? Les limites, puisqu'elles n'étaient pas tangibles, finissaient par s'effacer et disparaître. Elle était bien placée pour le savoir car elle sentait que ses propres valeurs changeaient ces dernières années. Son point de vue était en constante évolution et elle se découvrait une dureté qu'elle ignorait jusqu'alors.

« Personne ne donne un simple accès à la réserve aux élèves miss... Les accès donnés ne concernent que des ouvrage spécifiques. »

Si la jeune Poufsouffle voulait apprendre, elle devait savoir quelles étaient ses questions. Sans quoi, tout ça ne serait rien de plus qu'un océan d'informations dans lequel elle se noierais.

23 ans inRP
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25 oct. 2020, 19:39
L'envers des mots
Je suis sincèrement désolée pour ce retard.

Le premier sentiment à me prendre à la gorge lorsque la femme m’offre sa réponse est la frustration. Il y a dans ce château une bibliothèque immense qui contient, en son coeur, une réserve qui abrite des ouvrages exceptionnels, pour certains uniques. Ma scolarité est la chance d’accéder à ces grimoires que j’imagine contenir des secrets de la magie que je n’arrive même pas à imaginer. Et le règlement de cette fichue école stipule qu’il est interdit de pénétrer dans cette pièce. Interdit, tout simplement, sauf si un professeur nous accorde le droit d’y aller — sachant que les professeurs sont des adultes et qu’ils se complaisent à nous interdire tout ce qu’ils nous pensent incapables d’accomplir, ce droit ne nous est pratiquement jamais accordé. Et Merlin, je n’ai aucune envie d’attendre ma sixième ou septième année pour pénétrer dans la réserve ! Enfin, j’ai quinze ans, je suis en quatrième année, j’ai tout de même le droit de décider si j’ai la maturité magique nécessaire pour apprendre ce que je veux, non ? L’idée même que cette femme veuille surveiller ce que je consulte dans la réserve me met en rogne — ce n'est absolument pas ce que je veux, absolument pas ce que je demande.

Cette interdiction qui pèse sur moi me noue les entrailles et me frustre si fort que je pourrais me mettre à crier, ou à pleurer, ou à faire quoi que ce soit pour montrer combien je trouve cela injuste. Mais je me retiens, parce que heureusement, j’ai encore le contrôle de moi-même. Et que Miss Montmort ne m’a pas offert un « non » catégorique ; elle me demande à mi-mot de lui dire quel sujet m’intéresse et quel ouvrage je souhaite consulter. Certes. Cela semble si simple.
Ce qui amène au second sentiment qui m’étouffe.

L’angoisse. Elle m’oblige à détourner les yeux, incapable que je suis de supporter l’autorité naturelle qui semble émaner de la femme qui me fait face. Et encore une fois, bien malgré moi, je ne peux m’empêcher de la comparer à Loewy. Elles sont si différentes. *Bordel*, songé-je, *mais qu’est-ce que je fous là ?*. Je pensais pouvoir faire confiance en Montmort mais je me rends compte que j'en suis incapable, tout comme je suis incapable de ne pas craindre la réaction de cette dernière. Ai-je réellement cru que je pouvais lui dire : « J’ai très envie d’étudier les arts sombres parce que votre employeuse m’a dit pas plus tard qu’en début de semaine “continuez à vous exercer” alors qu’elle avait très bien compris le sujet de notre conversation ; si même Kristen Loewy m’encourage, vous n'avez certainement pas le droit de me refuser l’accès à la réserve, hein ? ». Sauf que si, Elina Montmort peut me le refuser. Je suis peut-être curieuse et prête à tout pour avoir ce que je veux, je ne suis pas folle au point de crier sur tous les toits que je suis particulièrement intéressée par une branche de la magie qui fait flipper la moitié de la Grande-Bretagne — moi-même parfois je me demande pourquoi je veux apprendre, pourquoi je veux savoir, pourquoi je persiste à m’intéresser à ça. *Parce que c’est interdit*, très certainement, mais aussi parce que c’est passionnant de repousser les limites de la magie. C’est fascinant.
Et cela m’est interdit.
Parce que j’ai eu la bêtise d’aller voir Montmort tout simplement parce que l’idée même de faire face à Loewy me tétanise — par crainte, en soit ; par lâcheté.
*J’suis trop bête*.

Le désespoir s’installe dans mon coeur, juste à côté de la rancoeur que je ressens vis-à-vis de Montmort. A elles deux, elles anéantissent toute ma détermination. Je me sens bien bête, à présent. Si je ne suis même pas capable d’assumer ce que je veux réellement, peut-être ne mérité-je pas d’accéder à la réserve ?

« J’vois, » articulé-je difficilement, toujours incapable de regarder la femme. Je crispe les mâchoires, me faisant violence pour prononcer les mots suivants : « Vous pouvez pas m’aider, alors. »

Une petite voix dans ma tête me murmure que si j’étais moins fière et si je faisais un peu plus confiance aux gens qui m’entourent, je pourrais avoir ce que je souhaite si fort. Mais les gens ne méritent pas ma confiance et moi, je n’ai besoin de l’aide de personne. Peut-être devrais-je aller le chercher moi-même, mon savoir. Même si pour cela je dois enfreindre le règlement, ce qui ne m'a jamais réellement mis à l'aise.

Je jette un dernier regard à Miss Montmort, une grimace sur les lèvres pouvant ressembler à s’y méprendre à un sourire.

« Merci, murmuré-je du bout des lèvres, sans aucune sincérité. Bonne fin d’journée. »

07 nov. 2020, 18:52
L'envers des mots
De toute évidence, sa réponse ne plu pas à la Poufsouffle. Ses traits ne pouvaient pas cacher sa contrariété. Pourtant, la jeune professeure ne lui avait pas donné un non catégorique. Ce qu'elle aurait probablement dû faire d'ailleurs... Elle voit Aelle Bristyle hésiter, détourner les yeux. Elle peut presque entendre les rouages de ses pensées. Si la Poufsouffle ne pouvait pas mettre un nom sur ce qu'elle voulait étudier, c'est qu'elle n'y était pas prête, ou qu'elle n'avait pas le cran de réclamer ces connaissances, ce qui, au final revenait probablement au même. Les doutes d'Elina furent rapidement confirmé lorsqu'Aelle battit en retraite.

« A savoir ce que vous voulez ? Non, je ne peux pas le déterminer pour vous. »

Finalement, la jeune fille ne devait pas désirer tant que ça ces connaissances. Elle n'était peut-être bien qu'une de ces élèves qui s'émoustillaient à l'idée de toucher à une magie interdite sans croire un seul instant qu'elle n'était pas interdite sans raison. Elina en venait à se demander si elle n'avait pas juste perdu du temps pour une jeune sorcière à l'égo sur-dimensionné, comme il y en avait dans toutes les classes. Sans bien savoir ce qu'elle attendait de la Poufsouffle, la professeure ne pu s'empêcher de se sentir déçue. Peut-être l'avait-elle pensé un instant différente. Plus mâture comme elle l'avait si bravement affirmé quelques instants plus tôt. Au lieu de quoi, c'était une jeune fille instable et versatile qu'il lui était donné de voir. Tant d'autres raisons de lui refuser des connaissances qu'elle ne pourrait assumer. L'agacement prenait la place de l'intérêt qu'elle avait pu ressentir devant la démarche de la jeune sorcière. Celle-ci enfin partie, Elina pu fermer la porte de la salle d'histoire de la Magie. Elle était attendue ailleurs...

23 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
¤ Ne sous estimez pas les griffes du blaireau parce que sa fourrure vous semble douce ¤..