Amour, relations, embrassades, toutes ces choses qu’elle ne comprenait pas et ont elle ne voulait pas vraiment entre parler près d’elle. Dans sa tête avoir des sentiments pour quelqu’un c’était avoir une faiblesse supplémentaire et puis qu’elle idée de mélanger sa salive avec quelqu’un… C’est vraiment une drôle d’idée.

Aliénor posa son menton dans le creux de sa main en regardant sans grand conviction la professeur. Si elle avait déjà été attirée par un garçon ? Elle n’en savait rien, foutrement rien. Elle ne s’était même jamais posé la question. Elle ne voyait dans les autres que des amis ou des coéquipiers de jeu, ou camarades de classe. Mais rien d’autre. Ces sentiments avaient l’air si complexe à gérer, elle le verra quand elle maitrisera mieux la magie. Peut-être qu’il y a des sorts pour guérir des maux de l’amour ?

-Non jamais, enfin je n’y ai jamais pensé…

Merveilleux ? C’est vrai que ces parents avaient l’air heureux ensemble, mais Aliénor était heureuse comme elle était alors pourquoi chercher autre chose ?

-Mouais, je ne sais pas… C’est juste que tous ces sentiments, les roucoulades et la niaiserie ça me saoul et ça me dégoute. C’est comme si l’amour ça t’aspirait le cerveau avec une paille.

Aliénor mima sa pensée en inspirant entre deux doigts. Toujours très classe cette petite, elle n’a pas sa langue dans sa poche et en plus elle ne réfléchit pas avant de parler. Mais c’est vrai les filles amoureuses tu leur parle du garçon qu’elles aiment elles deviennent rouge avec un sourire niait sur les lèvres et elles deviennent incapable d’articuler 4 mots. Pitoyable… Aliénor souffla un grand coup avant de tourner de nouveau son regard vers Elwing qui visiblement s’amusait bien de ces réactions. Tant mieux, au moins la petite Delphillia était utile à quelqu’un. Elle lui faisait passer ce cours plus vite.

-Oh oui c’est débile un garçon, mais ils sont marrants. Les filles elles sont honnêtes oui, peut-être… Pas toutes si tu veux mon avis. Il y a toujours des gens malhonnêtes si tu veux mon avis.

C’est vrai, on peut tomber sur tout et n’importe quoi, il ne faut pas mettre les gens dans des cases, elle l’avait ben vu avec Brenda. Tout le monde la prend pour une bimbo sans cervelle et elle en joue bien. Mais au fond c’est une fille intelligente avec un goût certain pour la mode, douée en vol et extrêmement loyale et à l’écoute. Mais c’est vrai que des fois, on a envie de taper les gens qui nous entourent alors qu’en fait, ils ne pensent pas de la même façon que nous. Ah si Aliénor pouvait réfléchir à tout ça avant de parler….

  Elwing écoutait Aliénor, riait à ses mimiques...  Le cours lui semblait durer une éternité mais son amie était là pour la rendre plus supportable.  La jeune fille réfléchit à ce qu'elle venait de dire, roucoulades et niaiseries...  Avait-elle été comme ça lorsqu'elle aimait encore Hugo ?  Ce n'était pas son genre de faire toute une affaire pour ça, mais c'était vrai que certaines filles devenaient aussi maladroites qu'insupportables lorqu'elles tombaient amoureuses.  La Poufsouffle se demanda alors si elle avait changé depuis qu'elle avait eu sa première relation avec Juliette.  Etait-elle devenue l'une de ces cruches qui se pavanent au bras de leur copain qu'elles exhibent comme un trésor qui leur appartient ?  Qu'aimait-elle au final ?  Que voulait-elle ?
 
*STOOOOOP !*

  Elwing pensait trop, les milliers de questions qui jaillissaient dans sa tête commençaient à lui donner une migraine qui s'aggravait avec le bruit ambiant et les mots de sa professeur qui n'avaient aucun sens pour elle.

- Ali ?  Tu trouves que j'ai changé depuis que j'ai eu ma première copine ?  Avec ce que tu dis, j'ai l'impression que c'est comme ça pour tout le monde...  Je suis pas devenue débile moi aussi quand même ?

  La Poufsouffle posa un regard interrogateur sur sa camarade, mais ne lui laissa pas le temps de répondre, se sentant obligée de déballer une autre série de questions.

- Tu crois que je suis bizarre ?  Parce que je suis sortie avec une fille, puis avec un garçon...  Je sais plus qui aimer ou quoi...  Je suis un peu perdue en fait...  J'ai l'impression d'être totalement illogique...

Changée ? Et puis pourquoi elle lui posait autant de questions ? Aliénor s’était rapprochée d’Elwing dernièrement avec sa rupture avec Juliette, les réflexions interrompues de la petite Delphillia, Aliénor se sentait bien plus à l’aise avec sa camarade. Peut-être que c’était aussi le cas pour elle et que du coup son avis comptait à ces yeux. Elles étaient en train de battre un record. Aliénor n’avait jamais tenu aussi longtemps sur un sujet de ce genre. Elle s’impressionnait elle-même.

-Je ne crois pas que tu ais changé Elwing… Enfin si, mais comme tout le monde tu grandis.

Et oui elle grandissait, mais en soi se trouver bizarre c’est normal non ? Aliénor aussi se sentait étrange par moments. Rien que pour ça, le fait qu’elle soit comme un babouin stupide avec ces sentiments éprouvant autant l’envie de toucher quelqu’un que de toucher une porte de prison. Mouais c’était peut-être elle qui avait un problème avec ça…Mais elle ne put s’empêcher de lâcher un petit rire devant l’air interrogateur de sa camarade.

-Mais enfin voyons Elwing, tu as le droit d’aimer qui tu veux ! Que ce soit une fille ou un gars, un moche ou une bombe, un lépreux ou un ornithorynque ! Tu fais ce que tu veux bon sang !

Aliénor avait levé un peu la voix ce qui lui valut un regard noir de la part de son professeur. Elle se ratatina sur sa chaise avant de chuchoter à sa voisine.

-T’occupe pas de ce que pense les autres, l’amour c’est personnel et personne peut rien contre ça.

Pourquoi le regard des autres avait tant d’importance ? Elle pouvait faire ce qu’elle voulait non surtout que un sentiment c’est quelque chose d’étrange certes, mais qu’on ne contrôle pas… C’est justement ça qui était bien non ? Enfin de ce qu’elle en voyait en dehors.

  Aliénor eut un rire qui fit hausser le ton de sa voix et qui fut renchéri par le rire d'Elwing.  Leur professeur leur jeta un regard noir et les deux Poufsouffles avisèrent de parler un peu moins fort.  Son amie commençait visiblement à penser qu'elle se souciait du regard des autres.  La jeune fille n'avait rien à faire de l'avis des gens sur ce qu'elle faisait, elle conseillait même à ceux qu'elle aidait d'en faire autant.  La manière de parler franche de sa camarade lui redonnait le sourire, elle pouvait vraiment discuter avec elle et parler de ses problèmes sans se gêner.  Elles ne se connaissaient pas énormément, mais elles avaient le temps de se rapprocher.

- Bien sûr que c'est personnel !  Je le sais bien, et ce qu'en penseront les autres, je m'en fiche pas mal, Juliette était un peu gênée elle, on s'embrassait pas trop, elle aimait pas ça je crois...  Enfin, je crois que ça n'a pas vraiment marché entre nous.  Et puis Hugo, on se voyait pas beaucoup, c'était rien d'exceptionnel, mais il me rendait heureuse.  Mes relations ont toutes commencé si vite, à chaque fois je me suis mise en couple le lendemain de la rencontre, sans vraiment les connaître, et ça marchait bien jusqu'à un moment où tout a dégringolé.  J'ai pas envie de me relancer là-dedans aussi vite mais j'ai l'impression que si quelqu'un me plait, ça va encore aller énormément vite.  J'ai pas envie de me priver, mais l'Amour et moi, on a besoin d'une pause.

  La Poufsouffle reprit son souffle avant de reprendre.

- C'est juste moi qui me trouve bizarre, parce que j'arrive pas à comprendre l'Amour mais je me fourre dedans à chaque fois...  Je doute de comprendre un jour tout de façon...  Enfin, merci de bien vouloir parler avec moi, je sais que ça ne doit pas être très intéressant...

La fillette écrivait passivement ce que pouvait noter son professeur au tableau. D’une oreille distraite elle écoutait sa camarade alors que sa tête s’enfonçait dans son menton suite à sa légère réflexion sur l’amour… Elle n’aurait vraiment jamais pensé que quelqu’un veuille parler d’un tel sujet avec elle. Après tout, elle rejetait les autres quand ils souhaitaient lui prouver leur affection et fuyait quand la discussion devenait trop mielleuse à son goût. Alors là, elle s’étonnait elle-même. Parler d’un sujet duquel on ne comprend reine et auquel on ne s’intéresse pas durant plus de la moitié d’un cours, elle devrait avoir une médaille non ?

Le bruit des plumes qui grattaient et des chuchotements berçaient la fillette qui était maintenant bien loin des préoccupations de ce pauvre homme qui voulait transformer les porcs épics de son jardin en nécessaire à couture. Son regard fixait un point derrière son professeur sans vraiment savoir ce qu’elle regardait.

Elwing continuait à lui parler et Aliénor hochait la tête quand elle affirma se moquer du regard des autres. Elle pouvait bien la croire, elle aussi se fichait bien de ce que pouvait penser les autres d’elle. Sauf ces parents bien sûr et certaines autres personnes représentant l’autorité et ayant une quelconque importance dans sa vie.

-Tout va vite dans la vie…

Elle avait lâché la phrase sans même regarder son amie. Toutes proportions gardées, il était vrai que tout allait vite et que si on voulait tout faire, on ne devait pas perdre de temps. Elle ne se doutait pas qu’elle allait prochainement mettre cet adage en pratique en réalisant tout ce qui lui passait par la tête.

- Mais l'Amour et moi, on a besoin d'une pause.

Aliénor eut un sourire et un léger rire quand sa camarade prononça cette phrase. Une pause ? C’est bien les pauses, ça permet de se recentrer sur ce qui est bon pour nous.

-Oh tu sais je n’y comprends rien non plus, et je n’ai pas envie de me casser la tête à essayer de comprendre…

Elle tourna sa tête vers sa camarde pour lui sourire. Pourquoi elle pensait ne pas être intéressante. Pour le moment, elle était une distraction de choix pour la petite Delphillia et cette discussion, quoi que très lointaine des discutions habituelles de la fillette avait au moins pour effet de lui faire penser à autre chose.

-Tu n’es pas ennuyante Elwing ne dit pas ça.

Elle balaya d’un revers de mains les paroles de la fillette avant d’enrouler une mèche de cheveux autour de son index. Son regard dévia sur le parchemin de sa camarade, elle n’avait pas noté grand-chose…

-Je te passerais mes notes si tu veux, parce que là, tu vas avoir du mal à réviser !

Elle rit doucement avant de reprendre la rédaction des quelques phrases écrites au tableau quand leur professeur estima que le cours allait bientôt finir. Aliénor écrivit vite les dernières phrases alors que les devoirs volaient déjà entre les rangés pour que tout le monde en ai.

-En tout cas merci pour cette discussion Elwing, on se retrouve en salle commune pour que je te donne tout ça ?

Aliénor rangea vite ces affaires avant de se diriger vers la sortie non pas sans un sourire pour sa camarade. Cette nouvelle coupe lui allait vraiment bien.

  Elwing rit avec Aliénor, surtout à cause de ce qu'elle avait dit ensuite.  Elle était drôle avec ses phrases franchement balancées comme ça.   L'Amour ne se comprend pas, il faut juste le laisser venir...  La Poufsouffle sentait qu'elle pouvait maintenant compter sur sa camarade.  Elle ne l'aurait jamais pensé auparavant, mais Ali était une bonne personne, sympathique et à l'écoute.  

  Quand la fin du cours arriva, la jeune fille baissa les yeux sur sa feuille et tourna la tête vers son amie, voyant qu'elle avait constaté la même chose qu'elle.  Elwing eut un sourire jusqu'aux oreilles et tenta un regard complice avec l'autre Poufsouffle.  

- Merci, c'est super cool !  Enfin, je doute réussir un jour en métamorphose... mais merci quand même ha ha.

  La Poufsouffle rangea lentement ses affaires, pour une fois, elle n'était pas pressée de partir.  Elle se leva et mit son sac sur son dos avant de sortir.  Elle avait cours de sortilèges, quelque chose qu'elle appréciait beaucoup plus.  La jeune fille fit un grand signe de la main à Aliénor qui s'éloignait déjà en lui parlant puis lui répondit en parlant assez fort pour qu'elle l'entende.

- Y a pas de quoi !  Ça m'a fait plaisir !  A tout à l'heure Ali, merci encore ! 

  Elwing remarqua le petit sourire qui semblait lui être adressé, elle ne comprit pas trop pourquoi mais cela lui avait fait plaisir.