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22 juil. 2019, 23:58
Les mots de trop...  PV : Joanne Taylor 
[PV : Joanne Taylor]
Reprise de ce RP par Joanne en janvier, suite changement de partenaire. Merci Jo !

Samedi 3 septembre 2044 - 22h

-5ème étage, devant la salle de métamorphoses-

La méchanceté n’était pas réservée aux enfants moldus. Gabryel venait d’en faire l’amère expérience.
Il errait dans les couloirs du cinquième étage, la rage au ventre. Il finit par s’adosser contre un mur, assis sur le sol.
Il était déja bien tard et tous ses camarades devaient avoir rejoint la salle commune. Le garçon n’avait pas le coeur à retrouver son dortoir. Il ne voulait pas cacher son mal-être aux yeux des autres en offrant un visage faussement souriant.

Une heure auparavant, il était attablé dans la grande salle, à partager son diner avec sa meilleure amie Emelyne. Il était joyeux et riait de bon coeur aux blagues qu’elle lui racontait. L’Écossais avait enfin trouvé sa place ici, il se sentait accepté et apprécié.
Après le repas, tandis qu’il prenait seul l’air devant la porte de l’école pour tenter d’apercevoir quelques étoiles, deux élèves qu’il ne connaissait pas, des serpentard compte tenu de leurs écussons, s’approchèrent de lui l’air sournois.

- Le blond : « Ah tiens, mais c’est le bbbbbbbbbègue !! »

- Le brun : « Ca va le débile ? »

Les deux têtes à claques éclatèrent de rire en se donnant des coups de coudes dans l’épaule. Le blond attrapa le visage de Gabryel et lui serra les joues avec ses deux doigts, tandis que le brun lui tenait les mains dans le dos. Il se retrouvait bloqué malgré ses tentatives pour se débattre. Les deux nigauds faisaient bien deux têtes de plus que lui.

- Le blond : « Montre ta langue... À quoi ça ressemble une langue de bègue pour parler comme un arriéré ? »

Le brun gloussait, ne lâchant pas son emprise sur Gabryel.

- Le brun : « Allez, bouge pas comme ça, c’est pour notre cours de sciences, on étudie les animaux ! »

De nouveau, des éclats de rires fusèrent. Le jeune Gryffon réussit à se défaire de l’étreinte du brun et se saisit de sa baguette, menaçant les Serpy, les yeux remplis de colère :

- Gabryel : « Espèces de ccccons ! Allez, venez... J’vous attends ! »

Le blond fit un pas en arrière, par prudence. Il n’était jamais bon d’être visé par un sorcier armé, même un apprenti de première année.

- Le brun : « Allez viens on se tire ! C’est vraiment un débile... »

Les deux copains s’éloignèrent, gardant Gabryel à l’oeil jusqu’à rejoindre l’escalier et disparaître. Lorsqu’il les perdit de vue, le rouge et or rangea sa baguette puis, motivé par une colère sourde, donna un coup de poing contre le mur. Sa main se mit à saigner. Il l’enroula dans sa cape et prit lui aussi la direction des escaliers.
C’est ainsi qu’il se retrouva au cinquième étage mais ne se rendit pas devant le tableau de la grosse dame. Il erra au hasard et finit par s’assoir, les nerfs à fleur de peau. Cette mésaventure l’avait ramené quelques années en arrière, lorsque à l’école primaire certains « grands » se plaisaient à l’humilier verbalement. Cela avait bon nombre de fois terminé en bagarres.
Il s’en voulut de n’avoir pu se défendre face à ces deux gaillards qui avaient profité de leur supériorité physique.

L’enfant caressait son poing ensanglanté avec son autre main. Il se sentait mal, trop de souvenirs s’entrechoquaient dans son esprit. Il n’aurait jamais pensé être amené à devoir à nouveau se défendre de son bégaiement ici, à Poudlard. Un sentiment de déception s’était emparé de lui, ce qui était finalement le plus douloureux dans tout ça...

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Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

22 janv. 2020, 20:45
Les mots de trop...  PV : Joanne Taylor 
HRP : non, promis, je n'ai pas 6 mois de retard :cry2:

Elle flânait dans l’école, son école, l’endroit où elle avait été le mieux. Elle aimait l’endroit, l’odeur des murs froids, les couloirs vides de tout bruit d’élève. La tranquillité du soir venu, les enfants couchés dans leurs dortoirs, l’enseignante flânait dans les couloirs de l’école qui l’accueillait à nouveau en son sein. Que dire de plus, si ce n’est un grand merci à celle qui l’avait accepté parmi les siens ? Elle en avait le sourire aux lèvres – qu’elle avait tôt fait de faire disparaître, pour le cas où elle croiserait un élève hors des murs de son dortoir.

D’ailleurs, et à son grand étonnamment, elle eut tôt fait de croiser un élève, au détour d’un étage, à proximité de la salle de métamorphose lui semblait-il. Les souvenirs étaient assez lointains après tout. Un jeune garçon enfreignait le règlement en étant hors de son dortoir à une heure pareille mais quelque chose, dans la position de l’adolescent, interloqua l’enseignante. Alors plutôt que de faire sa grosse voix cinglante, elle choisit la douceur pour s’approcher de lui, et lui rappeler, délicatement, qu’il ne devrait pas être là « Vous savez que vous n’avez rien à faire ici à pareille heure ? ».

En l’observant, la jeune femme pouvait aisément constater la main du garçon, caché dans le tissu de sa cape, alors, elle demanda « Quelque chose ne va pas ? ». Elle restait pourtant à distance raisonnable, debout, jugeant de toute sa hauteur le petit garçon qui semblait infiniment petit de là où elle était. Quel pouvait être les troubles et problèmes du petit sorcier pour qu’il soit ainsi recroquevillé au pied de ce mur ?

02 févr. 2020, 17:05
Les mots de trop...  PV : Joanne Taylor 
Gabryel tentait de se calmer, la tête entre ses genoux, recroquevillé sur le sol. Sa respiration était haletante et son corps tremblait encore sous le coup de la colère. Jamais on ne le laisserait tranquille. Il aurait toujours à subir des moqueries de la part des autres. Était-ce sa faute si les mots ne sortaient pas toujours clairement d’entre ses lèvres. Il avait beau faire des efforts, se concentrer lorsqu’il parlait, c’était plus fort que lui. Il accrochait certaines syllabes et ne parvenait pas à l’empêcher.
Depuis son entrée à Poudlard, personne ne lui avait fait de remarques et il pensait que tout cela était derrière lui. Les sorciers ne semblaient pas se soucier de sa différence, tandis que les enfants moldus lui renvoyaient systématiquement en pleine figure. Ici il se sentait accepté. Mais ce soir, tout redevenait comme avant, et ça ne changerait jamais.

- Vous savez que vous n’avez rien à faire ici à pareille heure ?

La voix résonna à son oreille et le sortit un instant du cocon qu’il avait formé de ses petits bras ensanglantés par son poing douloureux. Il leva ses grands yeux bleus vers la personne qui s’adressait à lui, sans vraiment comprendre ce qu’elle venait de lui dire. Elle était brune et des cheveux noirs encadraient joliment son visage fin. Le regard océan qui l’observait mélangeait curiosité, bienveillance et fermeté.

- Quelque chose ne va pas ?

Il reconnut le professeur Taylor qui administrait l’étude de runes, matière accessible aux élèves plus âgés que lui. Elle venait tout juste de rejoindre l’équipe professorale. Gabryel n’avait encore jamais eu l’occasion de lui parler.

- Ppppppardon Mmmmmadame... Je sssssais qqqque je ne ddddevrai pas être là, mmmmmais...

Il s’interrompit. Foutu bégaiement, c’était pire que tout ce soir. Son coeur battait si vite que ses lèvres ne parvenaient pas à sortir un seul mot correct. Le visage de l’enfant se décomposa de honte. Il baissa à nouveau la tête entre ses jambes.

- Je sssssuis nnnul...

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

04 févr. 2020, 22:11
Les mots de trop...  PV : Joanne Taylor 
Elle était prête à sévir, bien entendu. Un élève présent dans les couloirs après le couvre-feu devait être puni, cela ne faisait aucun doute. Pourtant, quand il se mit à parler, présentant de suite ses excuses à la trentenaire, les jolis principes de cette dernière prirent la fuite. Il lui semblait qu’en tant qu’enseignante, il lui appartenait d’être là pour les élèves qui en avaient besoin et il ne faisait aucun doute qu’il avait besoin d’elle. En tout cas, c’était ce qu’elle avait compris de ce premier échange.

S’accroupissant face au jeune garçon, plongeant son regard dans le sien, elle lui demanda, sans détour « Pourquoi dites-vous que vous êtes nul ? » elle sentait la détresse dans les propos de l’élève et cette détresse lui touchait le cœur, sans savoir pourtant en définir la raison. Cela faisait jouer sa corde sensible, son vécu, son passé peut-être. Cette dévalorisation de soi qu’elle avait, elle aussi, vécu de plein fouet.

Alors elle avait besoin de comprendre, elle interrogea sans l’ombre d’un détour « Quelque chose s’est-il passé ce soir ? », elle voyait les petits poings ensanglantés, les tremblements de ses membres qu’il n’arrivait pas à contrôler, sa respiration, même, qui semblait lui échapper. Et ce regard, ce regard empli de détresse, qui semblait crier au secours à chaque fois qu’il la regardait. Elle ne pouvait y rester insensible tant elle semblait y lire les mésaventures dans la vie du jeune garçon. Mais peut-être se trompait-elle, peut-être cherchait-elle simplement à voir dans les yeux du petit sorcier, le reflet de sa propre enfance.

11 févr. 2020, 00:11
Les mots de trop...  PV : Joanne Taylor 
Pour un instant, son regard plongé dans celui du professeur Taylor, Gabryel sembla apercevoir sa propre souffrance, sa peur du rejet, mais aussi son empathie et sa sensibilité exacerbée. Il se trouva comme agonisant dans l’âme de cette femme penchée sur lui. Il y vit le doute, la recherche insatiable à trouver sa place dans ce monde. Il avait la sensation d’être tiraillé entre le bien et le mal. Il n’avait plus douze ans, il n’avait plus d’âge. Le temps se dérobait sous son corps. Ils étaient un. Débordé par un poids trop lourd de sentiments contradictoires, et encore bien trop jeune pour le supporter en comprendre le sens, l’enfant tourna instinctivement la tête sur le côté, le souffle court, rompant ce fugace et puissant lien.

Pris de vertige, l’Écossais tenta de se relever. Il cherchait ses mots, voulait répondre à la dernière question, troublé et gêné par ce qui venait de se produire. De sa main blessée, il se gratta nerveusement le bout du nez.

- Non... j’ai juste... fffffait une mauvaise rencontre... ma ça va maintenant...

Le sang de son poing coulait maintenant sur sa figure mais il ne s’en rendit pas compte. Il prit conscience qu’il n’avait rien à faire ici aussi tardivement. L’appréhenssion d’une punition prit place sur son visage.

- Je vvvvais retourner à mon dortoir... pardon pour le dérangement Miss...

Il voulut avancer, faire un pas, mais se trouva comme tétanisé. En vérité, il subissait soudainement le contrecoup de sa récente altercation avec les deux élèves. Debout, sans mouvement apparent, la colère l’envahit à nouveau telle une décharge électrique.

- (la machoire serrée) Rien ne change jamais pas vrai ? Même ici...
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 27 févr. 2020, 21:12, modifié 1 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

27 févr. 2020, 14:43
Les mots de trop...  PV : Joanne Taylor 
Il avait fait une mauvaise rencontre, voilà ce qu’il lui disait. Instinctivement, les mâchoires de l’enseignantes se serrèrent, elle n’aimait pas l’éventualité que des rencontres du genre puissent exister à Poudlard. Elle aurait aimé croire, penser, voir, que Poudlard était dénué des comportements humains déviants. Que l’école soit exempte de ce genre de problème. Mais c’était bien vivre dans le déni, les adolescents sont terribles entre eux. Qu’ils soient sorciers ou non d’ailleurs, elle en était persuadée.

Le garçon s’était relevé et semblait décidé à retourner à son dortoir, visiblement pris d’une angoisse relative sur sa présence en dehors de sa salle commune après le couvre-feu. Pourtant, il n’avait pas bougé d’un pouce et indiquait à l’enseignante que les choses ne changeaient jamais, même pas à Poudlard. Elle haussa les épaules. « Il y a parfois des choses qui sont immuables en effet. Mais il n’appartient qu’à vous de faire changer votre environnement »

Elle regardait le jeune garçon et d’une voix qui ne laissait que peu de place à la discussion, elle demanda « Que s’est-il passé ce soir ? ». Elle pensait savoir mais il était toujours mieux, elle le savait, de faire ce qu’il faut pour avoir tous les tenants et aboutissants de ce genre d’histoire. Peut-être qu’ainsi elle pourrait aider le jeune sorcier à aller de l’avant et à ne plus voir le négatif dans cette situation qui semblait aussi sombre que la forêt interdite. Après, elle le renverrait dans son dortoir, voir même l’accompagnerait jusqu’à sa salle commune si besoin, histoire d’être certaine qu’il ne fasse pas d’autres mauvaises rencontres.

13 mars 2020, 09:27
Les mots de trop...  PV : Joanne Taylor 
L’enfant s’adossa à nouveau contre le mur et s’y laissa glisser, comme épuisé. Il regarda longuement son professeur. Elle semblait réellement s’intéresser aux évènements qui avaient conduit à leur rencontre dans un couloir où Le Rouge et Or ne devait pas se trouver à cette heure tardive.

- Ca ffffait rire certains mon... ma... (silence) mes petits problèmes pour parler.

Gabryel se gratta le bout du nez, signe chez lui de nervosité et d’anxiété. C’était la première fois qu’il s’exprimait sur ce sujet depuis son arrivée à Poudlard. Jusqu’ici, lorsqu’un camarade lui faisait remarquer son bégaiement, il ne relevait pas. À quoi bon ? C’était assez flagrant pour ne pas avoir à le confirmer. Et il eut été totalement stupide de le nier. Il restait donc muet sur le sujet. Dans son école précédente, lorsqu’il avait tenté de s’en justifier, cela n’avait eu pour effet qu’empirer les choses, débouchant sur mille questions qui le mettait encore plus mal à l’aise.

- Papa avait dit une fois : « Les mots n’appartiennent à personne, ils viennent quand ils en ont envie. Ils ne se laissent pas dompter si facilement ».

L’Écossais avait énoncé la phrase sans une seule hésitation. C’était sa façon à lui de verbaliser ses difficultés au professeur Taylor.

- Pourtant, je fais de mon mmmmieux vous savez, mais ça ne suffit pas. Normal que ces deux gars se moquent... (à lui-même, baissant la tête) Je ne vois ppppas pourquoi ça changerait ici.
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 13 mars 2020, 22:16, modifié 2 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

13 mars 2020, 12:06
Les mots de trop...  PV : Joanne Taylor 
Les gamins pouvaient être cruels entre eux, Joanne n’en avait jamais douté et sa présence dans ce couloir, face à ce jeune garçon, ne faisait que lui confirmer l’évidence. Elle soupira. Elle aurait aimé vivre dans un climat de paix et d’entente sociale mais elle le savait : c’était impossible. La moindre différence était montrée du doigt, culpabilisant au passage les détenteurs de ces différences. « Je comprends ». Oui, elle comprenait. Même si elle n’avait pas envie d’utiliser ce mot pour définir la situation, il n’y en avait pas d’autre à son sens.

Elle hocha la tête sur les propos retransmis du paternel. « Votre père a raison », qu’elle concède en un sourire sympathique. Elle comprenait ce qu’ils voulaient dire, bien au-delà de leur simple signification. « Vous faites de votre mieux et on vous en veut d’être différent ». Elle s’approcha du jeune garçon, posa sa main sur son épaule pour le forcer à relever les yeux vers elle. « Soyez fier d’avoir l’intelligence d’être différent. Etre différent, c’est avoir le pouvoir de faire changer les choses, de faire bouger les limites. C’est être en marge des autres oui, mais c’est avoir une vision différente, un vécu qui vous apportera bien plus que les moqueries dont les autres élèves se targuent ». Elle aurait aimé ajouter quelque mot sur le fait qu’il ne fallait pas qu’il se laisse démonter, qu’il était aussi en droit de se défendre mais elle le savait : ce n’était pas son rôle d’enseignante que d’attiser les haines et les rancœurs.

13 mars 2020, 23:20
Les mots de trop...  PV : Joanne Taylor 
Être différent... Il l’avait été toute son enfance : Plus chétif que les autres, plus avantagé dans son environnement, et avec des facultés magiques qu’on lui avait demandé de cacher pour ne pas atirer l’attention dessus.

- Vous ne croyez pas que j’ai assez ddddonné niveau différences ? J’ai pas le droit d’être comme tout le monde ?

Bien sûr l’on pouvait voir cela comme une richesse de sortir du lot, mais c’était épuisant à la longue de devoir se justifier sans cesse sur « Pourquoi tu parles comme ça » ou « T’es bizarre quand même, des trucs étranges se passent quand t’es là... ».
Les moldus, comme on les appelait ici, sentaient bien que Gabryel avait quelque chose qui sortait de l’ordinaire, son bégaiement mis à part. Et même si ses parents avaient pour lui un amour sans failles, le quotidien à l’école était souvent pénible, malgré la présence de son meilleur ami Grégoire. Mais au Château, il était seul. Il aurait espéré que son tic de langage ne soit pas montré du doigt avec la méchanceté dont il était coutumier.

- Sorcier... et bègue ! Je les cumule.

Le mot s’était enfuit d’entre ses lèvres pour la première fois. Et comble de l’ironie, il n’avait eu aucune difficulté à l’articuler. L’enfant baissa les yeux.

Il n’avait rien demandé lui. Aussi loin qu’il s’en souvenait, son défaut à prononcer les syllabes était apparu plutôt soudainement, après avoir fêté ses six ans. Il ne parvanait pas à comprendre pourquoi. Il sentait que quelque chose avait déclenché ça, mais il ne se souvenait plus de la cause. Dans son esprit, c’était comme un choc, une émotion forte. Puis les mots s’étaient mis à ne plus sortir de sa bouche avec aisance. Ce n’était pas la conscience d’être sorcier car cela, il l’avait toujours su, c’était sa nature profonde et il s’en était accommodé. Non, c’était autre chose. Un vide, une sensation de manque, de ne pas être complet...

Plongé dans ses pensées, il releva les yeux vers le professeur qui l’observait toujours avec bienveillance.

- Un jour, je risque de ne plus avoir envie de me bbbbattre. Alors je partirai...

Malgré lui, il avait prononcé « partir » comme on dit « mourrir », avec résignation, le regard fixe.
Parfois, Gabryel n’avait plus d’âge.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

22 mars 2020, 20:54
Les mots de trop...  PV : Joanne Taylor 
Cet enfant lui faisait de la peine, elle avait littéralement l’impression de voir son reflet dans la détresse qui semblait vivre dans les traits peinés du garçon. Les derniers mots du jeune sorcier serrèrent le cœur de l’enseignante, elle ne pouvait que comprendre, cette envie d’abandon. Cesser de se battre pouvait avoir l’air d’une reddition alors qu’il s’agissait souvent, trop souvent, d’une libération. D’un lâcher prise qui faisait du bien, qui soulageait, pour un court instant – seulement pour le court temps où la vie lâche prise à son tour et où l’âme s’envole, ailleurs.

Joanne sentait qu’il était déjà loin, mais c’était plus fort qu’elle. Elle voulait le ramener sur terre, lui dire que cela valait la peine de se battre, qu’il valait mieux être différent plutôt qu’ancré dans une norme à laquelle on ne correspondrait jamais. Pourtant, aucun mot n’arrivait à franchir ses lèvres. Rien qu’un silence désœuvré qu’elle ne pouvait pas justifier. Alors les secondes s’égrenèrent ainsi. Longuement. Et puis, quand enfin elle eut trouvé quelque chose de pertinent à dire, elle débuta, simplement « Un jour, vous trouverez la force de vous battre davantage encore, pour aider d’autres personnes différentes ». C’était sorti naturellement, elle n’avait pas eu besoin de chercher longtemps ce qu’elle devait dire, cela lui paraissait naturel. Un jour, lui aussi, il tendrait la main à quelqu’un qui en avait besoin, et ce jour-là, il se féliciterait de ne pas être parti. En tout cas, elle l’espérait très fort.